LES
FAMILLES D'OITRE-MER
DE Dl CANGE.
PUBLIEES
PAR M. E.-G. RE Y,
MKMIIIIK DK 1.1 SOCIIJTK IMPlillI AI.F. DESWn
IQI AIRES DE FRINCE. ETC. ETC.
.»i
PARIS.
IMPRIMERIE IMPERIALE.
M DCCC LXl.X.
7 ; :^
"j)
PREFACE.
Si la publication des Assises du royaume de Jérusaleii) el celle
de plusieurs carlulaires, tels que ceux de Tordre de rilôpital de
Saint-Jean et du Saint-Sépulcre, ont répandu beaucoup de bunière
sur l'état intérieur des principautés de Syrie durant les croisades,
il reste encore de nombreuses lacunes que d'beureuses décou-
vertes permettront peut-être un jour de combler. Nous ne saurions
donc nous dissimuler tout ce qu'il y a encore à faire pour l'étude
de cette époque si féconde en grands événements.
L'histoire des familles composant la société franco-orientale,
qui pendant plus de trois siècles habita les colonies chrétiennes
de Terre Sainte, est si intimement liée à la nôtre, qu'elle devient
un des sujets les plus intéressants sur lesquels puissent se |)0)t('r
les investigations el les recherches. Parmi ces familles, les unes
conservèrent alors les noms qu'elles portaient en Europe; les autres
latinisèrent en les adoptant ceux des liefs qu'elles possédèrent imi
Orient : ce dernier point est surtout remarquable pour les familles
établies en Chypre.
C'est leur histoire, ainsi que celle des gramis dignitaires de ces
principautés que Du Cange s'était proposé d'écrire en complé-
tant le livre d'il ÏAgnages iToutre-mer, à l'aide de tous les docu-
„ l'HEFACE.
iiiciils liisU)ii(|ii('s (111110 aullionlicil'' inconlestable qu'il avait pu
r('iniir.
MalluMirousement son travail demeura inachevé. Déposé depuis
dans la collection des nianiiscrils de la Bibliothèque impériale, il
y demeura lon.o;lemps oublié, (le fut seulement à Tépoque où M. de
Mas-Lai rie commença ses savants travaux sur le royaume de
Chypre (|ue cette œuvre inédite fut appréciée à sa juste valeur.
Sur la proposition du Comité des documents écrits de THistoire
de France, la publication du manuscrit des Familles d'outre-mer
de Du Cange fut décidée au mois de décembre 18^9.
Le Comité voulant que ce livre fût à la hauteur des progrès faits
par la science depuis la mort de Tillustre érudit, il fut résolu que
l'ouvrage serait continué et complété au moyen de notes et d'ad-
ditions.
Un arrêté de M. de Parieu, alors Ministre de l'instruction publi-
que et des cultes, confia l'édition à MM. de Mas-Latrie et Taranne.
Plus tard, le premier n'ayant pu participer aux travaux prépara-
toires de cette publication, M. Taranne, bibliothécaire à la Maza-
rine. en resta seul chargé par une décision du 6 juin i854.
Quand une mort prématurée vint enlever M. Taranne à la
science, le travail complémentaire du volume de Du Cange était
loin d'être terminé, et les chapitres additionnels indiqués par l'au-
teur lui-même restaient entièrement à faire. De plus, l'annotation
de la plupart des autres avait besoin d'être revue. Par suite de
cet événement, le projet de publication fut ajourné et le travail
demeura en cet état aux mains de la famille Taranne jusqu à la
(in de 1860.
A cette époque, je rentrais en France, après avoir rempli en
Syrie et en Chypre une mission que j'avais reçue du Ministère
de l'instruction publique, et je commençais à préparer la publi-
cation de mes études sur l'architecture militaire des croisades.
PRÉFACE. ai
Ce sujot touchait de si près à celui de Du Gange et les recherches
nécessaires pour l'un pouvaient si facilement être menées de IVonl
pour l'autre, que M. de Mas-Latrie me conseilla d'entre[)ren(hv
l'achèvement du travail Interrompu par la mort de M. Taranne.
Ayant donc alors été chargé par Son Exe. le Ministre de l'instruc-
tion publique de la publication de l'histoire des P'amilles d'outre-
mer, je crois devoir indiquer la part de mon prédécesseur el hi
mienne dans la préparation de cet ouvrage.
Lorsque le manuscrit de M. Taranne me fut remis, je dus j)n!-
céder à une révision complète des parties déjà annotées.
Les rois de Jérusalem et de Chypre sont demeurés tels que les
avait laissés mon devancier.
Pour les rois d'Arménie et les autres chapitres concernant ce
pays, j'ai du refaire en entier le travail avec le concours de
M. Edouard Dulaurier, membre de l'Institut, à la bienveillance
duquel je tiens à rendre ici un juste hommage.
Plusieurs familles importantes furent également à re[)rendre,
entre autres, celles des seigneurs de Saône, du Toron et de
Montfort, de Tyr, de Giblet, etc.
Aux familles données par Du Cange j'ai cru utile d'ajouter celle
de Brie, ainsi que toutes celles qui composent les feuilles 76 el 77.
Les chapitres que j'ai consacrés aux grands officiers d'Arménie
et à ceux des principautés d'Antioche et de Tripoli sont de même
venus compléter cette première partie du travail, où j ai dû, en
outre, combler un grand nombre de lacunes el de desiderata
laissés en blanc pai' mon prédécesseur.
Quant à la seconde partie, comprenant la Syrie Sainte et les
"ordres militaires, l'annotation des patriarches, des archevêques
et des évéques était assez avancée, mais les autres chapitres se
boi*naient au texte de Du Cange.
Pour ce qui concei'ne les grands maîtres de l'ordre du Temple.
,v PFIÉFACK.
il ii"\ :i\;iit ipio lo lexlo de Du Canj^fc, et quant aux chevaliers teu-
l<itii(|ues, tous les documents consistaient alors en une simple men-
lidii indiquant ce chapitre comme h faire.
La iK'ccssité de ne pas nous écarter du plan adopte' par Du (Jange
cl (le resjjocter intép^ralenient son manuscrit, ainsi que 1 obliga-
tion de rédiger les notes et les additions de manière à ce qu'elles
se )'a|)prochassent le plus possible du texte primitif, nous a ame-
iK's successivement, mon prédécesseur et moi, à adopter pour les
parlies (pic nous avons ajoutées le style bref et la rédaction un
peu sommaire du manuscrit que nous ne nous sommes pas crus
autorisés à modifier, [)as plus pour la forme que pour le fond.
.le ne terminerai |»as cette Préface sans remercier hautement
M. Huillard-Bréholles. chef de section aux Archives de l'Em-
pire, membre du Comité, délégué comme commissaire de cette
publication, dont le concours si amical m"a permis de mener à
bonne fin la tâche délicate qui m'était confiée.
Je tiens également à témoigner ici ma reconnaissance à mon
confrère et ami, M. Paul Riant, qui pour le chapitre des cheva-
liers teutoniques a bien voulu mettre à ma disposition une partie
des précieux documents qu'il a réunis sur cet ordre célèbre.
G. REV.
LES
FAMILLES D'OUTRE -MER
DIVISION
DU ROYAUME DE HIÉRUSALEM.
Comme j'entrepreiis de décrire icy les suites, l'histoire et les généa-
logies des roys de Hiérusalem, comme aussi des princes et des grands
seigneurs qui ont possédé divers Estais en ce royaume, ou qui s'y sont
habituez, il semble nécessaire, avant (jue d'entrer d'abord dans mon
sujet, de donner un léger crayon de ces nouvelles conquestes, ahn
qu'ayant représenté les provinces et les places qui ont servi comme de
théâtre à leur valeur, je puisse donner quelque ordre à tout cet ou-
vrage, en réduisant chaque seigneurie particulière sous les générales.
C'a esté une maxime et une politi(jue pratiquées de tout temps par
ceux qui ont entrepris de grandes conquestes, d'en faire part aux com-
pagnons de leurs fortunes, et aux soldats qui les avoient suivis dans
leurs expéditions militaires; et véritablement il estoit juste qu'ayant
partagé avec eux les périls et les fatigues qui accompagnent ordinaire-
ment les guerres, les uns et les autres recueillissent le fruit des vic-
toires et des avantages ausquels ils avoient contribué par leurs armes ;
ce qui s'est observé particulièrement dans les entreprises qui ont esté
faites par ceux qui estoient en quelque manière égaux en dignité et
en condition. Car, comme ils ne cédoient les uns aux autres que dans
la subordination du commandement, il estoit de l'équité ([u ils parta-
2 I-ES FAMILLES D'OUTRE-MER.
geassent ensemble avec une espèce d'égalité les places et les provinces
cojHiuises. D'aiitiT pari, (;oinme l'indépeiidance cause ordinairement
Fanarchie et la confusion, jette la division entre les princes égaux en
dignité et en naissance, et donne les moyens à leurs ennemis communs
de les attaquer avec plus de succès, les conquérans se sont choisi des
souverains; et, comme ils se sont soumis volontairement aux hommages
et aux services militaires envers eux, ainsy les souverains de leur costé
se sont obligez de secouiir de leurs forces leurs vassaux, lorsqu ils
sei-oient atta(|uez par leurs ennemis.
C'est ce qui s'est pratiqué dans la conqucste du royaume de Hiéru-
salem et dans celle de l'empire de Gonstantinople par les François.
Les auteurs' remarquent que celle du royaume de Hiérusalem fut
entreprise par divers princes et seigneurs particuliers qui, s' estant faits
chefs de quelque nombre de trouppes, conspirèrent Ions à une mesme
lin. qui estoil de délivrer la terre sainte des mains des infidèles; mais
l'expérience de quelques divisions qui survinrent entre eux dans les
commencemens leur fit connoistre qu'ils ne pourroient pas subsister
longtemps dans ces terres éloignées s'ils ne se choisissoient un général
à (pii ils dussent obéir tous : c'est ce qui les porta, après la prise de la
ville de Hiérusalem, d'élire Godefroy de Bouillon pour souverain, s'es-
lans obligez de le servir [lui] et ses successeurs, dans leurs guerres, et
de leur faire hommage, à cause des terres qui leur échurent en pai-
tage, comme l'on avoit coutume d'en user en France.
Par ce partage le royaume de Hiérusalem fut divisé en quatre prin-
fipautez ou baronnies, sç.avoir, la seigneurie de Hiérusalem, le comté
de TiupoLY, la principauté d'ÂMiocHE, et le comté d'ÉDESSE-. Les pos-
sesseurs de ces quatre baronnies avoient droit d'avoir un connétable.
' Willelnius Tyrensis. I. XVI. c. x\ix. J. dlbelin . t. l,c. i,p. ai. ■•■2. imIII. IVu-
— Jncobiis (le Vitiiaco. L 1. c. xx\, \\\i gnot.
pt seq. — Mnriiius Samitus, Sccretn filr- ' Assisesdc Jénis. l. I . c. colmx. p. ài-j.
Hum, I. 111. pari. 7. c. 1. — Gesta Liido- /11 9, et not. è, p. 6 18. — Mariniis SanuUis.
viri VU , c. wii. — Assises de Jèrusnleiii . Secvetn JidvUiim . i. 111. part. 7. c. 1. p. 170.
préface, p. 'iCi" . éilil. Lalibf. — î.irro de 176.
DIVISION DU ROYAUME DE JÉRUSAEEM. 3
un niavéclial, et cotte prérogative qu'ils ne pouvoieiit estre jugez de
leurs corps, de leurs fiefs et de leur honneur, c'est-à-dire en clioses
qui regardoient leui's baronnies, que par leurs pairs, ausquels aucuns
ajoutent le connétable et le maréchal du royaume.
La baronnie de Hiérusaleni i'ut laissée au roy comme la principale,
d'où elle est appelée ordinairement par Albert d'Âix et Guillaume de
Tvr, Regnmii, >-cle royaume', n Elle commençoit à un petit ruisseau qui
est entre Gibelet et Barut, villes maritimes de la Pliénicie, et linissoit au
désert, qui est au delà de Darun, du côté de l'Egypte ^ Elle compre-
noit les villes de Hiérusaleni, de Naples, d'Acre et de Tyr, et quelques
autres places, bourgs et villages, qui appartenoient immédiatement an
roy, comme de son domaine. Outre cela le roy y avoit plusieurs sei-
gneurs qui lui estoient vassaux, scavoir : quatre barons principaux, qui
estoient les comtes de Japhe et d'Ascalon, desquels dépendoient les
seigneurs de Rame, de Mirabel et d'Ibelin; les princes de Galilée; les
seigneurs de Sajette, desquels les seigneurs de Césarée et de Bethsan.
ou Bessan, relevoient; et les seigneurs de Crac et de Montréal l Tous
ces seigneurs avoient cour, coins, c'est-à-dire droit de uîonnoye et jus-
tice, qui est ce que l'on appeloit hante coi(r'\ Les seigneurs de Rame,
d'Ibelin, de Bessan, de Saint-Abraham, de Blanchegarde, d'Ârsur, du
Chasteaupèlerin, de Cayphas, de Caimont, de Scandélion, de Sur,
de Thoron, de Belinas, de Barut, et quelques autres, qui tous estoient
dans l'étendue de la baronnie de Hiérusaleni, avoient encore les mesnies
privilèges^
Les comtes de Japhe dévoient, à cause de Japhe, vingt-cinq cheva-
liers, et autant à cause d'Ascalon; quarante à cause de Rame et de
Mirabel, et dix à cause d'Ibelin''.
' Albcrtus Aqiiensis, 1. XII, c. sxx. — ' Albertus Aqiiensis, 1. XTI, c. xsx.
Will. Tyr. 1. XIV. c. VIII. ' Assises de Jénisalem , Labbe, t. II,
- Marin. Sanut. 1. III, pari. 7, CI, p. 176. p. i>â'i-ô%o. -- Assises de Jérusalem, Livre
' Assises de Jérusalem, Livre de Jean do Jean d'Ibelin, t. I, c. cci.xxi. cclxxm .
d'Ibelin, t. l, c. cclxix, p. 417, 4i8 et note. p. h-i-i.-k-i-], édit. Beugnot.
* Assis, ihid. c. ccLxx, p. 4 19.
û LES FAMILLES D'OIJTRE-MER.
Los princes do Galilé(3 devoieiil cent chevaliers, snivoir, soixaiile à
cause (le la lorro on deçà dn Jourdain . ot (|uarante pour collo qui est
au delà.
Les seigneurs de Sajclle dovoienl, à cause de Sajctte et de Heaulorl,
soixante chevaliers; à cause- de Gésarée, vingt-cinq, et quinze à cause
de Bcthsan.
Les seigneurs du Crac dévoient, à cause du Crac et de Montréal,
(luarante chevaliers, et vingt à cause de Saint-Abraham.
La seigneurie du comte Joscelin, c'est-à-dire de Joscelin 111, comte
d'Édesse, dont le père avoit esté dépossédé de son comté par les infi-
dèles, devoit vingt-quatre chevaliers, tant à cause des chasteaux du Roy
et de JMontfort que pour d'autres seigneuries.
L'évesque de Saint-Georges de Lidde devoit dix chevaliers; l'arche-
vescpie de Nazaret, six; le Thoron, quinze; le Maron, trois, et ainsy
du reste.
La cité de Hiérusalem, à cause des vassaux qui en dépendoient im-
nukliatement, devoit quarante-trois chevaliers; la ville do Naples,
vingt-cinq; la cité d'Acre, soixante-douze, et celle de Sur, vingt-huit.
Les églises et les bourgeois des villes dévoient encore certain nombre
de sergeans ou de gens de pied , que le livre des Assises l'ait monter, en
la baronnie de Hiérusalem, à 5,076, comme celuy des chevaliers à
870', ne s'accordant pas avec Sanudo-, qui ne compte que 5i8 che-
valiers et 6,776 sergeans.
La seconde baronnie du royaume de Hiérusalem estpit le comté
de Tripoly, qui commençoit au ruisseau d'entre Gibelet et Barut, et
(inissoit à un autre qui est entre Maraclée et Valenie, villes mari-
times, et qui coule au-dessous du chasteau de Margat^
La troisième baronnie estoit la principauté d'Antioche, qui compre-
noit toute cette étendue de pays qui est depuis le ruisseau dont je
' Ces nombres viirient selon les ninnus- ^ Sanut. 1. III, pari. 7. ca]). 1.
crits, elles additions ne sont presque jamais ' Jacohus de Vilriaeo, Histor. Uierosul.
exaetes. (Voir Assises de Jérusalem, l. I. cap. x\x-\xxiv.
p. h-i'}.-h-?.-]. édit. BeiiiTnof.)
DIVISION DU ROYAUME DE JERUSALEM. 5
viens de parler, et qui coule sous Margnt, à la ville de Tliaisc t-n (li-
licie, du costé de l'occident.
La quatrième estoit le comté d'Edesse ou de Rolias, situé au pays
des Mèdes, qui commençoit à la forest de Marrins ou Marliit, et s'é-
tendoit du côté de l'orient au delà de l'Euplirate, et contenoit plu-
sieurs villes et chasteaux.
Toutes ces baronnies avoieiit send^lahienient leurs vassaux qui dé-
voient le service militaire, comme je viens de remarquer de celle de
Hiérusalem. Et ordinairement les barons ne se contentoient |)as dallf--
trouver le rov, dans les occasions de guerre, avec le seul nombre des
chevaliers et des sergeans qu'ils estoient obligez de luv l'ournir '. mais
chacun s'efforçoit de luv en conduire un plus grand, selon la puissaiicr
de leurs facultez et la f(U"ce de leurs seigneuries.
' Saniil. ). III . [jail 7. r,. 1,
LES ROYS [)K HÎKRUSALEM.
GoDEFROY, diu' de la basse Lunaine, seigneur du chasteau de Bouil-
lon, en suite de la prise de la ville de Hiérusalem jiar les clirestiens le
vendredy i S"" jour de juillet, l'an 1099, en fut élu seigneur et prince
huit jours après'. Il refusa le titre de roy, qui lui lut déféré par les ba-
rons d'un consentement universel, n'ayant pas voulu porter la couronne
royale en un lieu où le Sauveur du monde avoit esté couronné d'épines,
quoyque Orderic Vital et quelques autres disent le contraire'-.
[Ekkeliard, auteur conlemporain, appelle Godefroi duc : '-anno \ic. miIi
Godefrido duce lerosolyiiiitanani ecclesiam defensanle '... 'i Enfin, ce ipii sendilr
prouver d'une manière j)éremptoire que Godefroi n'avait pas pris le titn- de roi,
c'est qu'il n'est pas compté parmi les rois de .Jérusalem. Baudouin 1". Bau-
douin II, Foulques, etc. s'intitulent toujours dans l(>nrs diplômes*. 1", 2'.
3' roi des Latins de Jérusalem, et, quand ils parlent du foudaleur de ce
royaume, ils ne l'appellent que le duc Godefroi. Mais ce duc n'en étail pas
moins regardé connue le souverain du royaume de Jérusalem. Tancrède. prince
' .Allieitus Aquensis. I. \l. c. \^\m. — siiilc tie Cimiaimis. p./iyu. :]7i . éilit. tOyu. i
Tuklebodus , I. V. — Du Cliesne. 1. IV, — Assises de Jmis. Lahhc . \. I, |i. 'ni-'j.—
p. 819. — Fulcheriiis Camotensis, et alii. La Thauniassière, c. cclxxxi. p. 180; étlil
— Assises de Jérus. Liore de Jean illbclii) , Beugnot, t. 1 , c. i , p. a 2 ; C. ccLXxni , p. !i>^-i
t. Il . c. 1 . p. 9 1 . édit. Beugnot. — La Clef des et 07,1.
assises de la hante conr, prolofjiie, p. 675. ' Ordericus Vitaiis. I. X p. -jif-'i.
Will. Tyr. I. IX. c. n. — Fulcher. I. I. ' Ekkehardus. De sacra expedilione lero
c. x\ni.édit. Bongars. — Guihert. Novigent. sobjmitaua , apud Mactène, Aiiiplissiinn (jd-
I. VII. c. XXII. — Gesia Francorum e.vpiigiiaii- leclio . (. \ . col. 59à b, il.
livm Jérusalem. 1. I.c. xx.xv, p. 579, apud ' Cartul. S. Sepulc. — Codice dijdomai.
Bonp-ars. (Voii' Nol. ad Annam Comnea . à l:i ])assiiu
8 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
de Galil(5e, dans un acte de looi ', le qualilie de «prince sérénissime de lout
rOrienI;» el dll que son frère Baudouin lui succéda «au royaume d'Asie, r]
il .;sU)il (ils (i'EusUiclie, 1^ du nom, comte de Bologne, et de Ide,
lille de Godefroy II, duc de la bas.sc Lorraine, et petit-fils d'Eustachc ^^
comte de Bologne, (jui espousa Mahaut, fdle de Lambert, comte de
Louvain '\ Il mourut sans alliance le i 8" jour d'aoust l'an 1 1 oo , ayant
gouverne cet Estât un an un mois et deux jours, et fut inhumé en la
ville de Hiérusalem, en l'église du Saint-Sépulchre, sous le mont du
Calvaire, où Nostre-Seigneur souffrit la passion, et où ses successeurs
furent depuis inhumez. On lui dressa celte épitaphe, qui se voit en la
chapelle du saint mont de Calvaire ^ :
HIC lACET liNCLlTVS DV.\ GODEFRIDVS
DE BVLLON; QVI TOTAM ISTAM TERRAM
ACQVISIVIT CVLTVl CHBISTIANO; CVIVS
AMMA REG^ET CVJl CHRISTO. AMEN.
Ou cette autre, qui est rapportée par Reineccius* :
FKANCORVM GENTIS, SION LOCA SANCTA PETECTIS,
MIRIFICVM SYDVS DVX HIC RECVBAT GODEFRIDVS
.«GYPTI TERROR, ARABVM FVGA, PERSUJIS ERROR;
REX LICET ELECTVS, REX NOLVIT INTITVLARI,
NEC DIADEMARI, SED SVB CHRISTO FAMVLARI.
HVIVS ERAT CVRA, SVA SION REDDERE IVRA,
CATHOLICEIJVE SEQVl PIA DOGMATA IVRIS ET EQVl,
TOTVM SCHISMA TERl CIRCA SE IVSQVE FOVERI;
ET SIC CVM SVPERIS POTVIT DIADEMA MERERI,
MIUTI.E SPECVLVM, POPVLI VIGOR, ANCHORA CLERI.
HVIG VIRTVTE PARI FRATER DATVR ASSOCIARI,
BALDVIN INSIGNIS, GENTILIBVS ET FERVS IGRIS.
' Sebastien Paoli, Codice diplomal. t. I, Carnot. I. I, cap. ull. edil. Rongars. c. xxii;
p. 900, n° i56. et alii. — I)e viris illnslr. diœces. Tarvanens.
' Guibert. 1. Vit. c. :^\ii. — Gesta Fran- apud Martène, Ampl. Coll. I. V, col. SSg e.
corum expvgnant. Jerus. 1. I, c. xxxv. — ' Vr. Quaresin. Eliicid. I. VIII. — Jean
Will. Tyr. 1. IX, c. xxui; 1. XI, c. xii. — Znallanlo, Viaggio di Gierusakmme, p. i8(j .
Albert. Aquens. I.VII, c. xxi.^ — Lupus pio- 187.
tospatb. Cliron. apud Muratoii, Itulkamm ' lieineriis Reinecciiis. /-(c Af/Zu .«nccti /(/.s-
mum scriptores, t. V, col. ig. — Fiilcber. lor. loi. 3G8 v°.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 9
[Godelï-oi de Bouillon' avait établi, pour la police de son nouveau royaume,
deux cours de justice : la haute cour, pour les seigneurs, présidée par le roi;
la basse cour, pour les bourgeois, présidée par un vicomte. 11 avait fait aussi
rédiger un code de lois ou de coutumes qui est devenu célèbre sous le nom
d'/lsswp.s (le Jérusalem; mais cette première rédaction fut modifiée peu à peu
jusqu'à celle qui fut e.xécutée par Jean d'Ibelin, vers le milieu du xiii' siècle,
et qui est restée le texte définitif, du moins pour les assises de la haute
cour.]
Baudouin, comte d'Édesse, fui appelé à la succession du royaume
de Hiérusalem après la moii. du duc Godefroy, son frère, el en fut
couronné roy solemnellement en l'église de Bethléem par Daimbert,
patriarche de Hiérusalem, le jour de Noël'-, et non pas le jour de la
Pentecoste, comme écrit un auteur ^ Tan i loi *; ayant esté le pre-
mier qui prit ce titre, comme il tesmoigne liiy-mesme en ses patentes,
et n'ayant pas voulu recevoir la couronne en la ville de Hiérusalem
pour la mesme raison qui avoit porté son frère à la refuser ^
Il mourut le i G'' jour du mois de mars, l'an 1 1 19-, selon noslre fa-
çon de compter, en un lieu appelé Laris^ au retour de la guerre qu'il
lit dans l'Egypte, après avoir régné dix-huit ans et trois mois'*. Son
corps fut apporté en la ville de Hiérusalem le jour de Pasques flories,
et fut inhumé auprès de son frère'' sous le Calvaire, au lieu appelé
' Assises de Jcnis. édit. Deugnot, t. I,
préface, p. xiv, xv. — Line de Jean d'Ibe-
lin, c. I, H, p. 23, 23. — Ihsl. litlér. de la
France, t. XXI, p. iSg.
' Will. Tyr. 1. X, c. ix. — Albert. Aquens.
I. VII , c. xLiii. — Fulclier. Cnrnot. 1. II , c. v ;
édil. Rongars, c. xxiv. — Ekkebard. apud
Martène, A7npl. Coll. t. V, col. 5a5 d, e.
' Conrad. Usperg.
' Lan 1)00, selon notre manière de
compter. ( L'Art de vérifier les dates : les Rois
de Jérusalem.) Guillaume de Tyr semble
commencer l'année à Noël.
' Will. Tyr. 1. II. c. xii. — Jacobus de
Vili-iaco, Hislor. Ilicrosol. c. xciii. — Al-
bert. Aquens. 1. VII, c. \liii.
' En i 1 i8. (L'Art de vérifier les dates.)
'' Ville maritime, située dans le désert,
entre TÉgyple et la Syrie (aujourd'hui El-
Aiiscb).
' Albert. Aq. I. Xll . c. \\\n\. — Fulclier.
Garnot. I. II, c. l\ii; édit. Rongars, c. xliv.
— Hislor. Hierosul. part. 2. p. (5i3. apud
Rongars. — Will. Tyr. I. XI, cap. ult. —
Willelmus Malinesb. Gestn regiiiii Aiin-lorum .
1. IV, p. i5o. — Sanut. I. III, part. li,
c. vu, p. 361.
' Ilist. Hierosol. part. 2, p. Ci 3.
10 LES FAMILLES D'OUTHE-MER.
Colgolha. où cello ôiiilaplic liiy fut dressée, (|ui est rapporté»^ par
rauteni- du Lij>iia{;e (l'oulic-incr ' (!t autres-:
RKX BALDEWINUS, JUDAS ALTEU MACHABEUS,
SPES PATRIE, VIGOR ECCLESl.E, VIRTUS UTRIUSQUE :
OUEM KORMIDABANT, OUI OONA, TRIBUTA FEREBAN'T
CEDAR ET .EGYPTUS, DAN AC IIOMICIDA DAMASCUS,
PROU DOLOR! IN MODICO CLAUDITUB HOC TUMULO^
Il fut marié trois l'ois, la première avec une dame nouimée par Al-
bert d"Aix* (iochvere, par Giiillauiue, archevesque de Tyr^ (iutiieve, et
par Orderic VitaF' [et Guillaume do .luiniéges ■], Godehilde. Elle estoit
lille de Haoul, 1^ du nom, sei{;ueur de Tpény et de Gonclies, porte-
enseigne de Normandie, et d'Élisabetli , lille de Simon, comte de
MontforI, et petite fille de Roger, seigneur de Toëny, qui tiroit son
extraction de Malaliulce. oncle de Rollo, premiei' duc de Normandie.
Klle avoit espousé premièrement Robert de Beaumont, comte de
Meulant\ du(]uel ayant esté séparée, elle fut conjointe avec Bau-
douin, (prpllo accompagna eu son voyage de la terre sainte, où elle
' Lignages d'oulrc-mer, édit. Beugnot.
I. H. r. I, p. 'i /il.
' Zwallarilo. Vingg- etc. p. 186. 187.
— Assises de Ji'riis. Livre de J. d'Ihelin .
I. I. C. CCLXXIII , p. h-2^.
' Cette épilaphe et celle de GodelVoi nyaiil
été rapportées par les divers voyageui's avec
quelques différences dans la disposition des
lignes, la forme des lettres, l'orthographe
et même la nature de certains mots , nous
avons cru devoir les reproduire telles que les
,1 données Du Gange , mais non , comme lui .
en caractères d inscription, puisque nous
ne pouvons établir quelle leçon est la re-
présentation lidèle des épitaphes originales ,
maintenant détruites. (Voir Gotovic. Itinerar.
Hierosolym. p. 1 88 , 1 89. — Fabricius , Scdu-
liiris lii.r Ernngelii , p. .^-2 1 seq. et Chateau-
briand, Itinéiaiie , 3' partie, t. II, p. igô.
c. XWII.
1, c. WMI:
édit. Ladvocat. — Archives des missions scien-
tifiques, i8.T0. t. 1, p. 107, Rapport de
M. de Mas-Latrie 1
' .Albertus Aquensis. I. 111
' Willelmus Tyrensis. I.
I.X,c.i.
' Oïdericus Vitalis, (. Il, I. V. c. xui,
p. kui-lioli. 57(3; t. 111. I. Vlll. c. \iv,
p. S'ig, 85o. G89.
' VVillelmus Gemetic. I. V, c. .\; 1. VII.
c. 111.
' Selon Guillaume de Jumiéges (I. Vlll.
c. \u), c'est à Robert de Ncubourg, neveu
de Robert , comte de Meulan , que Godehilde
fut mariée en jjremières noces. M. Le Pré-
vost adopte cette opinion. L'Art de ven-
fier les dates a suivi, comme Du Gange, celle
d'Orderic Vital. (Ordericus Vitalis. I. II.
p. io4 , note '1. I
LKS HOIS DE JERUSALEM.
11
mourut, avant que les nostres arrivassent à Antioche. des grandes fa-
tigues du voyage, en la ville de Marèse, où elle lut inhumée. Albert
d'Aix' et Guillaume de Tyr^Tont estimée Angloise d'origine, peut-estre
parce qu'elle estoit sujette du roy d'Angleterre, à qui la Normandie
appartenoit. Baudouin estant devenu ensuite comte d'Edesse, Taplinuz,
l'un des principaux seigneurs d'x'\rménie, luy donna en mariage sa
fille, dont le nom n'est pas exprimé dans les auteurs' [Sébastien Paoli*
la nomme Arda, sans citer aucune autorité], avec soixante mille bezans
de dot, outre toutes les forteresses qu'il possédoit, dont il l'institua son
héritier. Il la quitta vers l'an i io5, et l'obligea de s'enfermer au mo-
nastère de Sainte-Anne de Hiérusalem et d'y prendre l'habit de reli-
gieuse. Les raisons (pii le portèrent à ce divorce sont rapportées par
Guibert^ et par l'archevesque de Tyr'\ qm semblent l'en blasmer. Le
dernier écrit ([u'eile s'évada de co monastère sous prétexte d'aller vi-
siter ses parens à Constantinople, où elle s'abandonna à tous venans,
sans aucun respect de sa dignité royale.
Quelque temps après, sça voir l'an i i i /i \ il espousa en troisièmes
noces Adèle, nièce [ou fille] deBonitace, marquis de Montferrat -, pour
lors veuve de Roger, comte de Sicile, qui lu) apporta de grands tré-
sors, en veue desquels il contracta cette alliance contre toutes les
formes, sa femme estant encore vivante". Il la quitta pareillement in-
continent après, Arnoul, patriarche de Hiérusalem, l'ayant obligé à s'en
' Albertus Aquensis, I. III. c. xxvii.
" VVilielmus Tyrensis. loc. citât.
' Aibeitus Aquensis, 1. III. c. xxxi; 1. V.
c. xviii. — Wiilelnius Tyrensis. 1. X. c. i.
— Ordericus Vitalis. I. XI, p. 83 1. —
Fulcherius, I. I, c. xxiii; c. xxi, édit. Bon-
gars. (Voir Les Rois d'Arménie.)
* Coclice dipl. t. I, p. 346, 355.
' Guibertus Novig. 1. VII, c. XLiir. —
Assises de Jériis. t. II, p. i8-2.
' WiilelniusTyr. 1. XI. c. i.
' VVilielmus Malmesb. 1. 1 V, p. 1 5o. — Al-
bertus .4quensis , i. XII , c. xin. — Fulcherius
Carnotensis, 1. II. e. xli\;c. xl. éd. Bongars.
— • Hist. Hierosol. part, a . p. 6 1 o. 6 1 1 . —
Willelinus Tyr. I. XI, c. xxi. — Ordeiicus
Vitalis, I. XII, p. 88i; 1. XIII. p. 898. —
Albericus, ann. iii3. — Sanutus, 1. III
part. i5 , c. XX. — Chron. magn. Belg.\). 1 h\/..
' L'Art de vérifier les dates : Chronol. des
marquis de Montferrat. — Ekkehardus, An-
pliss. Collect. t. V, col. 533 b.
' Du Gange . Les Familles normandes, ms
fol. 287. (Voir plus loin dans ce volume.;
— Albertus Aquensis, I. XH. c. xxiv.
Willelmus Tyr. I. XI, c. xv.
12 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
séparer, en suite de Tordre qu'il en avoit receu du pape : ce qu'il fit
solemnellement en l'église de Sainte-Croix d'Acre. Quelques-uns' écri-
vent qu'il la (juitta, sous prétexte qu'elle avoit les pai'lies propres à la
génération rongées d'un chancre. Elle se retira en Sicile, l'an 1117, et
mourut Tannée suivante inconfinent après son mari-, et fut inhumée
en l'église cathédrale de Pacte' où se voit son épitaphe.
Il ne laissa point (Teid'ans de ses trois femmes*, quoyque Orderic
Vital ^ luy (hinne une Tdle, qu'il confond avec la fille de Baudouin II.
[Baudouin 1" esl ([ualifié dans ccrlains actes de roi de Babylone et d'Asie''.
Kn 1100, il s'empara d'Assur et de Césarée; en 1101, i\ possédait, outre
Jérusalem et ces deux villes, Bethléem, Joppé, Nicopolis ou Emmaùs, le mont
Thabor, Hébron, Tibériade. 11 y ajouta Acre et Accaron, peu avant son troi-
sième mariap-e avec Adclo, d, vers le même temps, rendit Ascalon tribnt.-iire
des chrétiens; mais, à ce qu'il paraît, cet assujettissement ne fut que tempo-
raire. Libéral envers l'Église \ il confirma et augmenta les privilèges du Snint-
Sépulcre et de Tordre naissant des Hospitaliers. A Téglise du Saint-Sauveur,
sur le mont Thabor, il fit don de trente-trois casaux, dont plusieurs étaient
encore au jîonvoir des Turcs.]
Baudouin, I^ du nom, comte (TÉdesse, surnommé de Bourg \ parce
(pi'il estoit seigneur de ce lieu, en Bethelois^ et d'Aiguillon ou Acu-
/e(/.s, et par Bomuald '^ archevesque de Salerne, de Riibaia, sans que
j'en sache la raison, fils de Hugues, comte de Bethel et de Mélissende de
' VVillelmus Malraesb. — Albericus. éd. Rongars, p. ô.*?;. — Assis, de Jénts. éd.
' Fulcheriiis Carnotensis , 1. II, c. iviii; Beugnot. Anonyme cité, t. II. p. i8i-i«i.
c. XLiv, éd. Rongars. — Willelmus Tyr. — Willelnius Tyr. 1. XI, c. xii. (Voir, plus
I. XII, c. V. loin. Les Comtes de Japhe et d' Ascalon.)
' Rocch. Pirnis, iii Episcopatu Pnctensi , ' Carlul. S. %»/c. n° a;), p. 5/i , 5.5.—
p. 3f)o. Codice diplom. l. I , n° i , p. i ; n° 2 , p. a , 'à.
' Willelmus Malmesb. — Albericus. ' Titres inss.
' Ordericus Vitalis, I. XI, p. 83o. ' Assis, de Jérus. p. ZigS, Livre de Jean
" Cartul. S. Sepulc. n° 36, p. 71 . — Co- dTbelin , t. I, c. cclxxiii, p. 29. — Willel-
dice diplom. t. I, n° i56, p. 201. — Ekke- mus Tyr. I. XII, c. i.
bardus, Ampl. Coll. t. V, col. SaS e, ôag e, '" Rorauaidus, arch. Salernit. Chrun. apud
532, 533. — GuibertusNovig. l.VII.c.xLr, Muratori, Italie, rer. scripl. t. \\\. col. i8-j.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 13
Montlhéry', lut élu roy de Hicrusalem, le jour niesme de la mort du
roy Baudouin I"', duquel il esloit proche parent \cogiialH.s], si nous en
croyons l'auteur de l'Histoire des comtes d'Anjou^ [germamis, selon Gui-
bert de Nogent^ consangumeus , dans Guillaume de Tyr']. 11 l'ut ensuite
couronné solemnellement par Arnoul, patriarche de Hiérusalem. le
jour de Pasques, selon Albert d'Aix^ ou, selon Guillaume de Tyr«, le
2<^ jour d'avril, l'an 1119; et derechef en l'église de Bethléem, le jour
de Noël, l'an 1 lao '. Eustache«, comte de Bologne, avoii esté mandé
par quelques barons, pour venir recueillir la succession à la coui-onne
qui lui estoit écheue par la moit de Baudouin, son frère ^ et mesnje d
estoit venu jusque en la Fouille; mais, ayant aiquis ([ue Baudouin 11
avoit esté élu, il s'en retourna en son pays, de ci'ainte de trord)ler le
succez des armes des clirestiens.
Le roy Baudouin mourut en la vdie de Hiéi'usalem, le lâ, selon
Orderic Vital ", ou, selon Guillaume de Tyr, le 9. 1' " jour d'aousl, l'an
ii3i^'-, s'estant fait porter, durant sa maladie, dans la maison du pa-
triarche, qui estoit voisine de l'église de la Sainle-Bésurrection, ou du
Saint-Sépulcre, où il se fit donner l'habit de chanoine régulier. Il liil
inhumé sous le mont de Calvaire, vis-à-vis de Golgotlia. cl réjjna
douze ans quatre mois dix-huit jours.
Il avoit espousé Marfie, fille d'un grand baron d'Arménie, iionuné
' Guibertus Xovig. 1. Vil, c. \xxv. —
Willelimis Tyr. 1. XII, c. 11. m.
^ Gesta consul. Andfgav. apiul d'Aciiery,
Spicil. t. X, p. .507.
' Guibertus Novig. I. Vil, r. x\>lvi.
' Willelnius Tyr. 1. XII, ci.
' Alberlus Aquensi.s, 1. XII, c. xxx. —
FuicheriusCarnotensis, I, III, c. i; c. xliv Ins.
éd. Bongars.
' Willelnius Tyr. 1. XII, c, iv.
' Will. Tyr. 1. XII, c. \ii. — Fulcher.
Carnot. 1. III, c. vu; c. xui, éd. Bongars.
' Du Gange avait mis Estienne; ce qui
était probablement un lapsus calami , puisque
les auteurs qu il elle à la marge le noniiiieiit
Eustache. C'était Euslacbe lit. (Voir aussi
L'Art (h vérifier les dates : Les (irrites de
Boulogne. )
' VVillelmus Tyr, 1. XII. 0. m. — Sanu-
tus, I. III. part. (5. c. ix.
'° Ordericns Vitalis, 1. XII, p. ««9.
" (juillauine de Tyr, au cbapilre xxvni
dii livre XIII. dit qu'il mourut le si août:
au cbapitre 11, I, XI\ . le 11' jour des ca-
lendes de septembre; ce qui serait le a a août,
'^ Sanulus, 1. 111, part. 6. c. xiv. — As-
sis, de J drus. t. I . c. cklxxiii, p. 629, U^3.
— Maltlueu Paris, ami, ii.3i.
U LKS F A. Mil, LE S D'OUTlili-MKll.
(iavéras par Albert tl'Aix ', et [)iii' daulres- Gabriel, qui estoit seigneur
de IVIeletin ou de Mélilène, ville capitale de la seconde Arménie, et,
quoyque Arménien de nation, snivoil la créance de l'Eglise grecque.
Il en eut qnaliT. filles, scavoir Mélissende, Alix, llodierne ou Odiart,
et .luëte ou Joye\ Mélissende fut mariée, du vivant de son père, à
Fouques, comte d'Anjou. (|ui succéda à son beau-père, au royaume
de Hiéiusalem. Alix espousa Boémond II, prince d'Antioche; Hodierne
fui conjointe |)ar mariage avec Raymond II, comte de Tripoli; et Joye\
(pi'il (Mit de sa femme depuis qu'il fut parvenu à la couronne, fut
abbesse du monastère de Saint-Lazare de Bétbanie^
Galbert" écrit que, durant la prison de Baudouin' [qui dura de
février i i -[iS au 29 août 1 1 au , c'est-à-dire dix-huit mois], les barons,
qui n'estoient pas satisfaits de son gouvernement et qui le liaïssoient, à
cause de son avarice, envoièreut oflrir la couronne à Charles de Dane-
marc, comte de Flandres, mais qu'il ne la voulut pas accepter.
[Comme son prédécesseur, Baudouin II accorda des privilèges aux églises,
surtout à celle du Saint-Sépulcre *, à laquelle il fit plusieurs dons de casaux
et de villains. Par égard pour le patriarche de Jérusalem, et sur sa demande.
' Aibertus Aqinnisis, i. Vil, c. \x\ii,
ÏXVIII, xxix.
' VVilielmus Tyr. I. X, c. \xi\; 1. XI,
c. Il; 1. XII. c. IV. — Jacobiis lie Mliiaco,
I. I, c. LXXiv. — Lijjnnges â'ouirc-mer, t. Il,
C. i,p. kh-2. — Ordeiicus Vitaiis, 1. XI.
' Wiilelmus Tyr. 1. XII, c. iv.
• Wiilelmus Tyr. 1. Xlll, c. .xti; 1. XV.
c. XXVI ; 1. XVIII, c. xxvil; 1. XXI, c. ii. —
Lignages d'oulre-mer. t. 11. c. i, p. hh'i.
'■■ Wiilelmus Tyr. 1. Xll. c. xvii; I. XIII,
c. XV.
'' rialbertus, in ViUi Cnroli , comit. Flnndr.
n" (). Bollaml. -2 mars, |). i8i. — llistor.
(le Fronce, t.. XIII, p. 35o a, b. note b.
' L'objet de Du Gange n'était pas de ra-
conter, même sommairement, les actions
des rois de Jérusalem ni les événements de
leur règne; il ne voulait que dresser un ta-
bleau exact et aussi complet que possible de
leur généalogie et de leurs alliances. Il se
contente donc de mentionner ici . par un
seul mot. la captivité de Baudouin 11. dont
il suppose l'histoire connue d'ailleurs. Nous
ne devons pas non plus prétendre à com-
bler toutes les lacunes de ce genre que l'on
rencontrera dans cet ouvrage. Qu'il nous
sutTise de renvoyer, pour les détails de ce
fait et de plusieurs autres assez importants,
au principal historien des croisades (Wiilel-
mus Tyrensis. 1. XII, c. xvii-xxi), et d'in-
diquer quelques actes qui auront pour but
de faire mieux connaître l'esprit religeux ou
les vues politiques des rois de Jérusalem.
' Carlul. S. Seimlc. n° 3o, p. 5G, 67;
n- 63, 64. p. 8o-83; n° 65, p. 83-85.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 15
il exenipla du droit d'eiilréc, aux porlos de Jërusaloui, tous les marcliands.
chrélieus ou sarrasins, qui y apportaient du lAi', de l'or^je, des fèves, des
lentilles et des pois. Par le luêiue motif, et probablement aussi en vue d'en-
courager le commerce, il accorda certaines franchises au port d'Acre, pur
exemple, l'exemption de tout droit d'entrée pour les draps et les étoffes cou-
pées et cousues en forme de vêtements, et pour tout autre objet de marchan-
dise n'excédant pas /lo besanfs', etc. Un des diplômes de Baudouin II est daté
de son palais de Tyr-. Cette ville avait été prise par les chrétiens en ii-?.h,
la seconde année de la captivité du roi. Par un acte du 2 mai t iqS, dalé
d'Acre', il accorda des privilèges à la république de Venise*.]
FoiQUES, comte d'Anjou, de Tours et du Mans, succéda à Bau-
douin II, loy de Hiéiusalein -'. II estoit lils de Fouques, surnommé Re-
chin, comte d'Anjou el de Tours, et de Bertrade de Montfort, et avoit
espousc en premières noces Guiburge ou Kremburge, fille unique
d'HcIie, comte du Mans, de laquelle il eut, entre autres enfans''.
Geofiioy [Plantagenet], comte d'Anjou, ([u'il maria, en l'an 11 -27, à
Maliaut, fille unique d'Henry, 1''' du nom, roy d'Angletei're". (le mariage
achevé *, Fouques, estant veuf de sa femme et presque sexagénaii'e ', fut
' Cartul. S. Sepulc. 11° 46, p. 85, 8(5.
• Cartul. S. Sepittc. n° 3o, \i. 37.
' Brevis narratio belli sacri, apud Mar-
tène, Ampl. Coll. t. V. coL 539. (Voir, plus
loin , Les Seigneurs de Ti/r. )
' Fontes renim Aiistrlacariiin , f. Xil . 11° 6 1 ,
p. 90, 94.
' VVilielimis Tyreiisis. i. XIV, c. i. —
Gonradus Usperg. ami. 1 107.
' Willelmus Maliiif^sb. Hist. Nov. \. I,
apud Saviie, p. 175. — Citron. S. Albini,
anii. 1 126 . 1 199. — Labbe, t. 1, p. 277. —
Onlericus Vilalis, 1. \II, p. 889. — Willei-
nms Tyr. I. XIII, c. xxiv. — Robertns de
Monte, ann. 1197.
' Les trois autres enfants que Foulques
eut de sa première femme sont : Hélie , pré-
tendant au comté du Maine ; Malhilde , épouse
de Guillaume, lils de Henri I". roi d Vn-
g-leterre, puis religieuse à Fontevrault; Si-
bylle, femme de Thierri d'Alsace, comte de
Flandre, morte en Syrie, dans l'exercice des
bonnes œuvres. ( Sébastien Paoli . Codice
diploin. t. I. p. 371, 3 6 -2. — L'Art de vérif.
les dates : les Comtes, vice-ducs d'Anjou. )
' Chron. S. Albini, ann. 1128. — Wil-
lelmus Tyr. I. XIV. c. i, 11. — Joannes Mo-
nach. Majoi'. Mon. I. I , tlist. Gan/inl. |i. ■> 1 .
' C'est une erreur de Guillaume de Tyi-.
Bertrade, mère de Foulques, n'avait pas été
mariée à Foulques le liecliin avant 1 aiinéc
1089; leui' (ils n était né que vers 1091 ou
1092; il n'avait donc, en 1129, que trente-
sept ou trente-huit ans au plus. 1 L'Art de ré-
rij. les dates : Les Rois de Jérusalem. — His-
tor. de France. I.XVI. iiifrod. p. '10.)
jD LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
inaiidé [»ar le roy Baudouin, l'année suivante, à dessein de iny faire
épouser Mélissende, sa fille; ensuite de quoy il vint en la tene sainte,
et arriva en la ville d'Acre' avec une belle suite, vers le printemps de
l'an 1 l'-îg, et là, suivant les traitez qui avoient esté arrestez aupara-
vant, il espousa solenuiellenient. peu avant la Pentecoste, la princesse
Mélissende. Quelques auteurs 2 écrivent que Baudouin envoya en
France, pour chercher un gendre à sa lillc, de l'avis des principaux du
royaume, et que Fouques fut choisy par le conseil du roy Louys, des
évesques et des grands seigneurs. Tant y a que Baudouin, attendant la
succession du royaume, qui devoit appartenir à Fouques après sa mort,
luy donna la jouissance des villes de Tyr et d'Acre. Guillaume de Tyr'
dit (|u'il refusa d'accepter la couronne du royaume de Hiérusalem du
vivant de son beau-père, qui la lui oflVit; cependant il y a lieu de croire
qu'entre les conditions de son mariage avec la fdle de Baudouin, il fui
convenu que, dès l'instant du traité qui en fut passé en France, il
prendroit le litre de roy, veu (pi'd se voit un titre de luy*, sans date,
passé à Angers, avec les chanoines de Saint-Lô de la même ville, où il
prend la qualité de roy de Hiérusalem et de comte d'Anjou. Mais il est
constant (ju'il ne fut couronné avec sa femme qu'après le décez du roy,
en l'église du Saint- Sépulcre de Hiérusalem par les mains du pa-
triarche Guillaume, le 1/1'= jour de septembre, auquel échet la feste de
l'exaltation de Sainte-Croix, l'an 1 i3i.
Il mourut de la chute de son cheval, poursuivant un lièvre à la
chasse ^ en la plaine d'Acre, le iS*^ jour de novembre, l'an 1 1 62 ^ ayant
régné onze ans deux mois vingt-trois jours. Il fut inhumé en la niesme
église du Saint-Sépulchre, sous le mont de Calvaire, entrant à droite,
' CliroH. S. Alhini, iinn. 1 128. ' WiUelmus Tyr. i. XV, c. ult. — Ma-
°- Joannes Monachus, 1. 1, p. 21. — ibicii Paris, ann. iiùa. — Robertus de
Gesta constihim Andegavenshim , apud d"A- Monte, iii3. — Nicol. Trivett. ann. iiâ3.
chery. Spicil. t. X, p. .^00, 5oG. apud d'Actiery, Spkll. t. VIII. — Assises
c. II.
Willelnnis Tyr. I. XIII, c. xxiv; 1. XIV, de Jérusalem, t. I, p. 6-29; l. II. p. 196 et
note h.
' Du Cange n'indique pas où il a vu ce ' Il mourut en 11 44. {L'Art de vérif.
tlti-o. les diiles : Les Ruis de Jérusuleiii.)
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 17
vers la porte, avec ses prédécesseurs K La reyne Mélisseiide, sa femme,
après avoir gouverné prudemment le royaume, qui luy appartenoit de
son clief, l'espace de trente années, tant du vivant de son mary, (pie
sons le jeune Baudouin, son fils, décéda le 1 1 de septembre, l'an 1161,
ayant eu deux enfans de son mary, Baudouin et Amaury, cpii furent
successivement roys de Hiérusalem. Saint Bernard luy a écrit quelques
lettres^.
[Foulques, qui n'était roi que par sa femme, déclare dans les actes ^ où il
lait quel([ue donation, soit au Saint-Sépulcre, soit à l'ordre de l'Hôpital, qu'il
agit du consentement de la reine Mélissende. son épouse, et même de son fds
Baudouin, lequel, en effet, tenait de sa mère ses droits à la couronne. Par
un molif analogue*, tandis qu'il était baile de la principauté d'Antioclie et tu-
teur de la jeune princesse Constance, il ne confirma au Saint-Sépulcre la pos-
session de certaines terres, situées dans le territoire d'Antioclie. qu'après avoir
pris conseil du paliiarclie, des évoques, des barons de cette principauté et des
bourgeois de la ville, dont plusieurs furent témoins de l'acte. J
Baudouin, lll^du nom, estoit âgé de treize ans lorsque son père mou-
rut et lorsqu'il vint à la couronne de Hiérusalem'', hujuelle il reçut,
avec sa mère, par les mains du patriarcbe Guillaume, en l'église du
Sainl-Sépulchre, le dimanche qui suivit le décez de son père.
"Guillaume de Tyr'^ s'est étendu fort au long sur les belles (jualitez
de ce prince, qui donna des mai'ques de sa générosité et de sa pru-
dence dans le cours de sa vie, qu'il finit en la ville de Barut^ à l'âge
' VVillelmus Tyi-. I. XVI. c. iii;l. WIII, ' Willelmus Tyiensis, I. X\. c. xwii ;
C. XXVII, XXXII. I. XVI, c. 1, III.
- Sancti Beniiinli /i/jM?. 206, 289,876; " Willelmus Tyrensis, 1. XVI, c. i et
ou 356 et 355 , éd. Mabillon ,1690, col. ) 96, seq.
.^ g 3.^, ' Willelmus Tyrensis, 1. XVIII, c. wxiv.
' Cartul. S. Sepulc. n' 3i, p. 67, 58; — Du Cliesne, Histoire de France, t. IV.
n°" 32, 33, p. 58, Qi. — Assises de Jerus. p. ()9'i. — Episl. Amalrici régis ad regem
t. Il, p. /199, A93. — Codicediplomat. t. I, Lndovicum VIL [Recueil des Historiens de
„o ,' ., 18. France, t. XVI, p. 36, 87. ) — Cinnamus,
" Cartnl. S. Sepulc. n" 86, p. 166, 167. 1. V, c. xvu.
— Assises de Jériis. t. II, p. igi.
i8 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
fie trente-trois ans, en l'an i iGo, selon nostre façon de compter, le
1 0"= jour de février, non sans soupçon d'avoir esté empoisonné, ayant
régné vingt ans trois mois moins deux jours. Son corps fut porté en
la vHle de Hiérusalem, et y fut inhumé en l'église du Saint-Sépulchre,
avec ses prédécesseurs. Il espousa, au mois de septembre. Tan 1 158.
Théodora, fdle d'isaac Comnène Sebastocrator, et nièce de l'empe-
reur Manuel ', pour lors âgée de treize ans, de laquelle il n'eut point
(I enians".
[Baudouin 111 coalirma plusieurs fois^ et pres(|ue toujours avec l'assen-
liinent de sa mère Mélissende et de son frère Amauri. toutes les conces-
sions faites précédemment au Saint -Sépulcre et à Tordre de l'Hôpital. On
peut croire que c'est lui qui fit le serment'' d'accorder loi, justice et paix à
J'Rtrlise fie Jérusalem et au peuj)Ie à lui soumis, et de confirmer toutes les
donations faites aux patriarches et aux évêfjues par les empereurs, les rois et
les princes.
A l'exemple de Baudouin I", il donna aux Hospitaliers de Jérusalem (i i 6o,
2 0 novembre) cinquante tentes de Bédouins fpn ne lui étaient pas soumis^.
11 est à reniar([uer que. dans un acte'' où Baudouin III confirme la vente
d'un terrain faite au Saint-Sépulcre par Hugues fl'Ibelin, le i 4 janvier i i55.
on voit, parmi les témoins, des barons du roi et des hommes du roi formant
deux classes distinctes: mais les actes de Hugues, qui fait cette vente, et d'A-
mauri , frère du roi . qui l'approuve , quoique conçus tous deux dans les mêmes
termes et reproduisant les noms des mêmes témoins , ne présentent pas cette
distinction.
Nous remarquerons aussi un accord '' de Baudouin III avec Rainald le Fau-
connier, qui autorise le roi à détourner du fleuve Belus, près d'Acre, autant
de cours d'eau qu'il voudra pour l'exploitation d'un plant de cannes à sucre .
' Voir la Généalogie des Comnènes, dans 53. r>lt e( siiiv. — Codin lUjil. t. 1 . n" -ik .
1)11 Gange, FamiUw Auguslœ Byzanttnœ, 3o, .Sa , 34 et .suiv.
p. i83. — Codicc ilij>l. t. I, n° 5o, p. 5i. ' Cartul. S. Scinde. n° laa, p. 225.
' Assises (le Jénis. Labbe. t. I, p. igS; '' Codice illpl. t. 1, ii° 36. ]). 37.
La Thaumassière , c. cclxxxi , p. 1 87 : édit. ' Cartul. S. Sepule. n° ôG . p. 11 ■?. ; n° 69 ,
Beugnot,t. I, c. ccLxxni, p. iag. p. ii9;n° (y?., p. 1-26.
' Cartul. S. Sejnilc. n"' 33 . Si . 5 1 . 62 , ' Codice dlplom. l. I , n" 5o . p. ûo . 5 ) .
LES ROIS DE JERUSALEM. 19
à condition ([ue, tous ses frais couverts, le roi accordera à Rainald le cinquième
de son gain, et, sur tous les moulins d'Acre, les mêmes droits que ce dernier
avait déjà sur ceux du fleuve Belus. Ce diplôme fut donné par le roi, tandis
qu'il assiégeait' Blaliasent (Bethasem?), avec l'assentiment de sa femme Tliéo-
dora et de son frère Amauri, comte d'Ascalon.
Plusieurs autres documents attestent que la culture des cannes à sucre était
pratiquée en Syrie au temps des croisades. Hugues de Césarée (an i 166) se
réserve ^ la faculté de conduire de l'eau d'une certaine fontaine au canal des
buffles , ad caniuimellns fnciendns . Baudouin IV accorde ^ ( 1 1 8 2 ) à la maison des
Hospitaliers d'Acre un (pihitarium de sucre par an, pour le soulagement des
malades. Les cannes à sucre sont encore mentionnées dans un accord *, entre
les Hospitaliers et les Templiers, fait à Acre en 12G2; ce qui n'a rien d'éton-
nant, puisqu'elles étaient un produit du sol dans le royaume de Jérusalem,
comme on le voit par le chapitre ccxlii des Assises de la cour des bourgeois,
article i 5 , et par les observations de plusieurs historiens des premiers temps
des croisades^.
11 paraît que la culture n'en fut abandonnée (ju'après la prise d'Acre par
les Turcs; mais on la retrouve florissante en Chypre sous les Lusijjnan. Lne
mlinité de documents'' nous prouvent que le sucre était poui- ce pa\s im des
objets de commerce les plus lucratifs. ]
Amalric ou Amaurï, comte de Japhe et d'Ascaion, frèi'e et successeur
de Baudouin 111, estoit âgé de vingt-sept ans lorsqu'il arriva à la cou-
ronne \ laquelle il reçut solemnellement en l'église du Saint-Sépuichre,
parles mains du patriarche Araalric ^ le 1 8*^ jour de février, l'an 1 1 63 .
selon nostre façon de compter, et la tint dix ans ciiuj mois moins sept
jours, estant décédé d'une fièvre en la ville de Hiérusalem, le i l'^jour
' WillelmusTyrensis, 1. XIII, c. xxv. ihid. p. 270. — JacoLus de Vitriaco, 1. I,
' Cartul. S. Scpulc. n° i55, p. -277. c. lui; ibid. p. 1076.
' Codice dipl. t. I, 11° 907, p. aig. ' DeMas-Latvie, Histoire de Chypre, t. U.
' Codice dipl. t. I.n° lia, p. 178. p. 96. 378. io3, àili. igg, 5oo, 629;
^ Assises de Jénis. t. Il, p. 17^, et note t. 111, p. 88-90, 176, 218-221, etc.
e. — Codice dipl. t. I, p. 5oi. — Ftilcbe- ' Cartul. S. Sepulc. n" /18, Ag, p. 88,
rius Carnotensis . c. x\ , apud Bongars. gi.elc.
p. 4oi . — Alberlus Aquensis, I. V, c. xxsi; ' Willelraus Tyrensis, I. XIX , c. i.
3.
20 LES FAMILLES D•OUTR^;-^!E^.
(le juillet, l'ail i 17.3, âgé de trente-huit ans. H fut iiiliumé avec ses
prédécesseurs.
[Guillaume de Tyr' dit qu'il mourut en 1178, dans la douzième année de
son règne; mais 1 178 n'en serait que la onzième. Nous avons dans Paoii'-'
deux diplômes de ce prince, 18 avril et fin de juin 117/1. Ce dernier chifTre
cadrerait mieux avec le compte de ses années de règne. La date de ces deux
diplômes est-elle fausse ? Y a-t-il altération dans le chiflVe de l'année et de
l'indiction vu, (jui correspond à l'année 117/1, °" Guillaume de Tyr s'est-U
trompé sur l'année de la mort d'un roi dans l'intimité duquel il vivait, étant
le précepteur de son fils? C'est ce que nous ne prendrons pas sur nous de
décider.]
11 fut marié deux fois : la première, en Tan 1 167, avec Agnès de
Courtenay, nommée par cjueli{ues-uns^ Béatrix, fille de Joscelin 11,
comte d'Édesse, pour lors veuve de Renaud de Mares, de laquelle il
eut*, vers l'an 1 1 G 1 , Baudouin IV, roi de Hiérusalem, et Sibylle, qui
fut donnée en mariage par son frère à Guillaume Longue-Espée, mar-
quis de Monlferral, duquel elle eut Baudouin V, roi de Hiérusalem;
puis, en secondes noces ^ elle se remaria avec Guy de Lusignan, fils de
Hugues le Brun, qui fut aussi roi de Hiérusalem à cause de cette al-
liance. Ce premier mariage du roy Amaury fut contracté contre les
formes, Amaury ayant enlevé cette princesse à Hugues d'Ibelin, qui
l'a voit fiancée, et qui la reprit depuis, et nonobstant l'opposition que
le patriarche Foucher y fil, à cause qu'ils estoient parens au ([uatrième
degré '^. C'est pourquoi Amaury venant à la couronne après le décez de
son frère, le patriarche Amalric refusa de le couronner qu'il ne l'eust
' WillelniiisTyrensis,i. XX, c. XXXIII. — tor. lUei-osohjm. p. 1170, apiid lîongars.
Assises de Jénis. Labbe, t. I, p. 698; La " Willoliniis Tyrensis. I. XVIII , c. \iix;
Thaumassière, c. cclxxxi, p. 187; édit. 1. XXI, c. xm. — Amoldus Liibec. I. 111.
Beugnol, t. I, c. ccLxxni, p. 629. c. xxiii. — Roger de Hoveden, p. 5i5. —
' Coilice âipl t. I, n°' aoo, 201, p. aiS. Jacobiis de Vitriaco. 1. 1, c. xciii.
26/1. ' Willelmus Tyrensis, 1. XXI 1, c. 1.
' Huliertus de Monte, ann. 1157. — '' Willeinuis TjTensis, 1. XIX, c. iv. —
Willelmus Tyrensis, I. XIX, c. iv. — His- Lignages d'uutre-mer, c. i.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 21
quittée; ce (jiril tut obligé de l'aire. Cecy a esté touclié par Guillaume
de Tyr' en termes couverts. Ce uiariage ayant esté dissous à condition
que les enfans qui on estoient issus seroient réputés légitimes \ Agnès
reprit Hugues, seigneur d'Iholin.
Le roy Amaury espousa, en l'an ll67^ Marie Comnène, fdle de
Jean Comnène, petile-fdle d'Andronique Comnène Sebastocrator, qui
estoit frère aisné de l'empereur Manuel, et eut d'elle Isabelle', mariée
premièrement à Huml'roy, seigueur de Toron, puis à Conrad de Mont-
ferrat, à liein-y, coiute de Cbampagne , et à Amaury de Lusignan; et
une autre fille [Alix]', «pii mourut en jeunesse. La reyne Marie, estant
veuve du roy Amaury '% elle se remaria avecBalian, seigneur d'Ibelin.
[domme comte de Joppé et d'Ascalon , aussi bien que comme roi, Amaury
confirma aux divers établissements religieux'', à l'église du Saint- Sépulcre
entre autres et à l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, tous les dons, tous les
privilèges accordés par ses prédécesseurs, et leur en concéda de nouveaux : ce
qui lui lut conunun avec les autres rois de Jérusalem. Mais on peut remarquer
un acte du i i octobre ii68\ par lequel il donne aux Hospitaliers la ville
de Belbeis ou Péluse, en Egypte, avec des terres et des hommes sur le terri-
toire de cette ville, juscpi'à concurrence d'un revenu annuel de 100,000 be-
sants; plus Bo.ooo besanis assignés sur dix villes de l'Egypte, Babylone (le
Caire), Tanis, Damlelle, Alexandrie, etc. Les 1 00,000 besants furent portés
à i5o,ooo par un diplôme de l'année suivante. Il ne lui en aurait pas coûté
davantage de leur abaiulonner tout le royaume de Noradin, où déjà d ne pos-
sédait plus rien. C'est ainsi (pi'll ii'ur céda, en 1 170 , ileux châti'aux rumés
' Willeliiius Tyreiisis, \. XIX, c. i, iv. ' Hisl. Hierosol. p. i 170. «[lud Borigars.
- ContinualeurdeGuin.ileTyr, 1. XXIII, —Lignages d'outrc-mer. c. iii;é(lil. Beu-
c. III. — Historiens des Croisades, t. II, p. 5. gnot, t. H, p. kh^.
' Willelnuis Tyrensis, 1. XX, c. 1, xxiv. ' Lignages d'outre-mer, c. vi. — Labbe .
— Hist. translat. brachii s. Philippi, 11° ^1. p. 871, 43o.
— Robertus de Monte , ann. 1 1 G7. — Cinna- ' Cartul. S. Sepulc. n"' 58, 60, 6 1 , p. 1 1 5,
mus, 1. V, c. XVII, p. 187, i38. — Généu- 120, laS; n" i/i4, p. a6-2-268. — As-
logiedesComnhies, FamiliœBijzanl.T^.i%->.. sises de Jénis. t. II. n° 89, p. 3-2 4. —
P. Papebi-och. l. I maii. p. 16. Codice diplom. t. I, n° Sa, p. 3/i ; n" 197,
" VVilldmus Tyrensis. 1. XXI, c. xiii. — p. 261, etc.
Jacobus de Vitiia'co. I. 1 . c. xciii. ' Codice dipl. l. I , n" ^17, 48 , p. '.8. 4y .
22 F.RS FAMIIJ.ES D'OllTUE-MEH.
par un trenibloinent (Je terro, ol d'autres droits dans le coudé de Tripoli, dont
il (5tait le procurateur, et où il agissait comme souverain pendant la captivité
du comte Uaymond IP.
Un dilTérend du roi Amaury avec Gérard, seigneur de Sidon ou de Sajette,
son vassal , changea la loi constitutive de l'hommage pour les vassaux ^. Gérard
avait dépossédé un homme de son fief sans en donner connaissance à la cour
du souverain. Amaury [loursuivit son droit par la guerre; et l'accord se fit au
moyen d'une assise ou loi, ordonnant (jue désormais les hommes d'un vassal
du roi feraient hommage au roi directement : prérogative jusqu'alors réservée
aux hommes liges ou vassaux immédiats de la couronne. ]
Baudouin, IV'' du nom \ succéda à son père, ayant à peine atteint lage
de treize ans, et fut couronné solemnellement, dans l'église du Saint-
Sépulchre, par le patriarche Amalric, le 1 5"^ jour de juillet. Tan 1173.
11 fut surnommé le Mesel, ou le Lépreux, parce qu'il fut atteint de la
lèpre [dès son enfance, comme l'atteste Guillaume de Tyr*, qui avait
été son instituteur]; nonobstant laquelle maladie il ne laissa pas d'agir
et de faire de belles actions contre les infidèles, sur lesquels H remporta
des victoires signalées. A la fin néantmoins il fut obligé de se démettre
du p-ouvernement^; et, avant fait couronner le jeune Baudouin son ne-
veu, fils de sa sœur Sibylle, qui n'avoit pas encore cinq ans, i\ donna
la régence du royaume, premièrement à Lusignan^ comte de Japhe
et d'Ascalon, qui avoit espousé sa sœur après la mort du marquis, et, la
luy ayant ostée sur quelques démeslez [et surtout pour cause d'inca-
pacité'], il la donna à Raymond, comte de Tripoly. 11 décéda quelque
' Codice dipl. 1. 1 . Il" 5 1 , p. 5 1 . 5a. 5o 1 . ' Roger de Hoveden , p. 63 1 . — Willel-
5o2. mus Tyrensis, 1. XXII, c. xxix. — Assises
' Assises de Jénis. l. 1, c. cxL. p. Qi6, rfe/eVî/s. éd. Beugnot, t. I,c.cclxxui, p./iacj.
notes a, h. — Lim-e de Jacques d'ibelin, ' Mathieu Paris, ann. iiBi. — Arnol-
c. ni,p. i55 et note c; p. /i56-i!)8. et note dus Lubec. I. III.c. xxiii. — Willeimus Ty-
a. — Livre de Philippe de Navarre, c. xl, rensis. 1. XXII. c. .xxv. .xxix. — Jacobus de
p. 617; c. xLii. p. 5i8; c. L. p. 595, Vitriaco. 1. 1. c. ,\cin.
.',26. ' Continuateur de Guill.de Tyi'. I. \.\IiI,
' Willeimus Tyrensis, 1. XXI, c. 11. ci, 11. — Histor. occident, des Croisiides .
' Willeimus Tyrensis. 1. XXI. c. 1. l. M |). i-'i.
LES ROIS DE JÉl'.USALEM. 23
temps après, sçavuir l'an 118/1, ou rannoe suivante, selon le Moine
d'Auxerre', sans avoir esté marié, ayant régné onze ans.
[Entre autres concessions, ce prince confirma (1 i^G)- à l'Hôpital de Jéru-
salem les donations de son père sur les terres d'Egypte, quand on les aurait
conquises, et y ajouta 3 0,0 00 besants de rente annuelle, à prendre sur le ter-
ritoire de Belbeis, si toutefois on pouvait les en retirer. Ces clauses condition-
nelles, sans lesquelles la donation était nulle et dérisoire, n'étaient pas énon-
cées dans les actes de ce genre donnés par les rois précédents. Ils ne doutaient
pas, en effet, que tout ne cédât bientôt à leurs armes, ou que l'ordre célèbre
auquel ils faisaient ces concessions ne trouvât en lui-même toutes les ressources
nécessaires pour rendre la donation valable et réelle , et pour remplir les in-
tentions du donateur. Mais il semble que la confiance abandonne ce rui ma-
lade, qui n'avait, il est vrai, (pie trop de sujets de pressentir la décadence ra-
pide et la chute jiroclunne du royaume de Jérusalem.]
Baudouin, V'= du nom, lils de Guillaume, mai-(|iiis de Monllenat, et
de Sibylle^, l'ut couronné le 20 de novembre, l'an 1 i83, du vivant
de son oncle, (|ui luy fil rendre les hommages par les barons du
royaume, et, en mourant, le mit sous le gouvernement du comte de
Tripoly.
[Le Continuateur de Guillaume dp Tyr* place le cuuronnemcul de Bau-
douin V après que le roi Baudouin IV eut fait accepter lu biiilie ou r(''pence
du royaume à Baymond de Tripoli; Guillaume de Tyr dit qu'il eut lieu aupa-
ravant. Le petit prince, à son couronnement, fut porté par Balian d'Ibelin,
pour qu'il ne parut pas plus petit que les chevaliers. A la mort de Baudouin IV,
il fut conduit à Acre, sous la garde du comte Joscelin, son grand-onde ma-
ternel; car le comte de Tripoli avait refusé la garde du jeune prince, pour
n'être pas responsable des accidents qui pourraient survenir''.]
' MonacliiisAltissiodor. p.88,<inn. 1 185. sades , t. li. ]>. j-i^^. — Assises de Jénis. t. I,
" Codice dipl. t. I. n" (Jo, (). Go. P- ''^y-
' Willelmus Tyreiisis , I. XXII, c. xxi.x. * Coiiliiuialeur. loc. citai, etc. iv, p. 7;
p. io4o, loûi. — Contimialeur de Guiil. c. vi, p. 9,10; c xvu, p. aS.
de Tyr, I. XXHl, c. v. — Uistuv. des Crut- '' Contimialeur, i. XXIIl, c. iv, p. 6.
■M LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
Il décéda [dans la ville d'Acre]' r;iii i 186, âgé de sept ans, ou de
neuf, selon Arnoul de Lubeck' et (Inillaiime de Neubourj]^, non sans
soupçon d'avoir esté empoisonné par le comte [de Tripoli] son tuteur,
qui aspiroit à la couronne. Mais le patriarche et les barons l'adjugèrent
à la mère du roy, qui estoit pour lors mariée à Guy de Lusignan, (jui
fut aussy couronné roy*. Baudouin fut inhumé avec ses prédécesseurs,
où cette épitaphe lui fut dressée^ :
SEPTIMUS IN TUMULO PUER ISTO REX TUMULATUS
EST BALDEWINUS, REGUiM DE SANGUINE NATUS,
' QUEM TCLIT E MUNDO SORS PRIME CONDITIONIS,
UT PARADYSIACE LOCA POSSIDEAT REGIONIS '.
Guy DE Lusignan, (ils puisné de Hugues, seigneur de Lusignan [ou
Lesignan), Vlll'' du nom, comte de la Marche, ayant esté banny
d'Angleterre '' pour avoir tué Patrice, comte de Sarisbery, en l'an 1 1 ()8 ,
entreprit le voyage de la terre sainte, et vint se mettre au service de
Baudouin le Lépreux \ qui luy donna en mariage Sibylle, sa sœur,
pour lors veuve du marquis de Montferrat. Cette alliance luy apporta
la couronne du royaume de Hiérusalem. [Il] en fut solemnellement
invest\ ^ et fut couronné roy vers la my-septembre, l'an 1186, sans
prendre le consentement du comte de Tripoly, à qui la régence du
' llisl.lllcrosnl. p. 1 170. a|)ud Bongars.
— lîofjiM- (le ttovodrn , p. 6?ili.
'" Ariioldus Liibec. 1. IH, c \xiii.
' WilleliuusNeuhrig.l. 111 . c.\\].(llisloi-.
de France, t. XVIII , p. 8.)
' Miilliieu Paris, p. ()8 , ann. i i K().
' J. (lotovic. Itiiicrariuin Ihcrosoli/iitit.
p. .89.
* Cette épitaphe est rajiportée par Du
Gange en caractères d'inscriplioii et eu éeri-
lure oi'diuaire. Nous In doniuius suus celte
dernière forme seulement, pour les mêmes
motifs f|ue nous avons exposés plus haut,
p. 10, note 3, à l'occasion des épilaphes
de Godefroi et de Baudouin 1 '. Gelle-ci est
tirée des mêmes relations, quoique Du Gange
ne cite ici auciuie autorité.
' Roger de iloveden, p. .^l'i.nn 11C8.
— Willeluius Ncuhrig. I. 111. c. xvi.
• Willelmus Tyr. 1. XXil, c. i. — Nie.
Trivett. ann. 1181.
" llisl. iiis. (li's guerres saintes. — Gon-
tiiiuateur de Ihistoii'e de Guill de Tyr en
français. — Martène, Anij}l. Coll. t. V,
col. Sg'i. — Mathieu Taris, p. 100. ann.
1186. — Arnoldus Lidjec. I. 111, c. ,\\in,
.\.\iv, XXV. XXVI, XXVII. — Jacobus de Vi-
liiaco, 1. I, c. xcm, xciv, xcv.
LES ROIS UE JÉHUSALEM. 25
royaume avoit esté donnée par le roy Baudouin IV, jusqu'à ce que le
jeune roy eiisl atteint i'age de quinze ans', soit qu'il vécust ou non.
[Malgré le vice de la construction de la phrase, on comprend que ces der-
niers mois doivent s'entendre de Baudouin IV. Gui fut élu roi de Jérusalem"^,
seulement après que sa femme Sibylle eut été reconnue et sacrée reine par
les chefs du clergé, le grand maître du Temple et ses chevaliers, Renaud de
Châtillon, seigneur de Montréal, et d'autres amis, qui avaient fait fermer les
portes de Jérusalem, pour que personne ne pût entrer ni sortir [lendant l'aij-
sence des grands barons du royaume, qui se seraient opposés à l'élection.
Gui fut couronné à la mi-septembre-^. Baudouin de Rame prédit alors qu'il
ne serait pas roi un an.]
Ce qui donna matière à une grande division entre ces princes ', la-
quelle causa par la suite la ruine totale de la terre sainte. Car Saladin,
ayant eu avis du mécontentement du comte, qui d'abord feignit une
réconciliation avec le nouveau roi, s'allia avec luy et entra avec de
puissantes troupes dans les terres des chrestiens^; et, ayant déliait le
roy Guy, qu'il fit prisonnier, et toute l'armée chrestienne°, le h de juillet,
l'an 1187, il s'empara des villes d'Acre, de Barut, de Sajette, de
Gibelet, d'Ascalon et des principales places de la principauté d'Antioche,
et enfin de la ville de Hiérusalem'', lacpielle il prit le 2'' jour d'octobre
' Arnoldus Luijec. 1. 111, c. xxiu.
" Radulphus Goggeshale, De E,ipiiiiiwl.
terrœ sanctœ, apud Ampliss. Collcct. t. \,
col. 5^7. — Continuateur Je Guill. de Tyi',
I. XXIII, c. xvn, p. 26-29.
" Continuateur, etc. ibid. c. wui.p. 3o.
' Continuateur de Guill. de Tyr, iliid.
f. XXIV, p. 35.
■^ Willelmus Neubrig. I. III, c. xvi, xvn,
xviii. — Marinus Sanutus. j. III, part. f).
c. VI. — Monachus S. Mariani Altissiodor.
ann. 1 187, fol. 89 et v°. — Mathieu Paris,
an 1187. — Roger de Hoveden. — • Al-
bericus. — Ariioldus Lubec. — Expediliu
Asiulica Frcderici. — Continuât, de Guill.
do Tyr, i. XXIII, c. xxix, p. i5.
' Continuateur, etc. 1. XXIII, c. xl, xli.
p. Gû-dih; c. XLiv, XLV, p. 66-08. (Voir
Les Comtes de Joplie et d'Ascalon.)
' Continuateur, etc. c. LV-Lxi,p. 82-9/1.
— Art de vérifier les dates : Les Rois de Jéru-
salem. — Marinus Sanutus. — Monaclins
S. Mariani, loc. cit. fol. 90. ■ — Appeudi.c ad
chron. Marcianensc , p. 902. — Abulfarag.
p. 278. — .\vnoldus Lubec. I. III, c. xxvii.
— Radulphus Coggesb. Ampliss. Coll. t. V,
col. 567-572. — Reinaud. Extraits des his-
toriens arabes ; p. 200-209.
26 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
après quatorze jours de siège [le 3 oclobre, selon Coggesliale], ou,
selon d'autres, le 28 de septcndjre de la mesuie année, après avoir
esté possédée par les nostres l'espace de quatre-vingt-huit ans. Un
auteur de ce temps-là' semble attribuer la prise de Hiérusalem, ou
pliitost les succez de Saladin, non-seulement à la perfidie du comte de
Ti-ipoly, mais encore à celle d'Isaac, empereur de Constantinople.
|Tliierri, grand précepteur de l'ordre du Temple, dans une lettre au roi
Henri II d'Angleterre (1188, janvier)-, lui fait connaître l'état du royaume
après la prise de Jérusalem, et la résistance qu'opposent encore à Saladin
(]racli de Montréal; Sapliet, appartenant à l'ordre du Temple; Cracli, ap-
partenant à l'ordre de l'Hôpital; Margat, Chaslelblanc; la terre de Tripoli et
la terre d'Antioclie.
Enfin Saladin, dit-il, a été forcé de lever le siège de Tyr, défendue par
Conrad, marquis de Moniferrat.
(lui, devenu libre, le k septembre 1187 ^, s'était rendu à Tyr; mais, n'y
ayant pas été reçu par le marquis Conrad de Moniferrat, il alla avec peu de
monde former le siège d'Acre, quoiqu'il eût promis, par serment, à Saladin
de ne jamais porter les armes contre lui; il prétendait remplir sa promesse en
faisant porter son épée par son cbeval.
Ce siège entrepris avec si peu de moyens, où les assiégés étaient quatre lois
plus nombreux que les assiégeants*, réveilla l'ardeur belliqueuse de la che-
valerie en Europe et stimula sou émulation. Le camp des chrétiens devant
Acre fut, comme on sait, le rendez-vous de tous les guerriers de la troisième
croisade. La prise de cette ville importante (1191) prolongea d'un siècle
l'existence d'un royaume chrétien en Syrie. C'est une obligation que la chré-
tienté eut à Gui, ce prince si peu ca[)able d'ailleurs, mais dont elle se montra,
même alors, peu reconnaissante, puisqu'on le dépouilla de la royauté de .lé-
rusalem en faveur de Conrad de Moutferral, célèbre, il est vrai, par la défense
de Tyr, mais qui avait abandonné le siège d'Acre lors de son nun-iage avec la
' Appcndiœndchron.Marcianense,\).^o3. Syi a. — Continuateur de Cniilt de Tyr,
' Roger dç Uoveden, Annal, p. 645. — 1. XXIV, 11, p. 121; c. xni-xv, p. 1 2/1-1 iC
Codice diplom. t. I , n° 36 , p. 3 1 5 , 3 1 6. — et suiv. xx , p. 1 3 1 .
Histor. de France, l. XVll, p. i8-J. ' Continuateur, etc. 1. XXIV. c. xiv.
Radulpli. Cogjjeshal. foc. f(V. cnl. 573 e. p. isS.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 27
princesse Isabelle', et avait néglige d'envoyer aux assiégeants les vivres et les
secours qu'il leur avait promis, en les laissant dans une situation des plus
critiques.]
H survint incontinent après une autre division dans l'Estat d ou-
tre-mer 2; car, la rcyne Sibylle estant décédée sans enfans de ce mariage,
Conrad, marquis de Montferrat, qui avoit espousé Isabelle, sa sœur,
prétendit à la couronne. Le roy Guy^ eut d'elle [Sibylle] quatre fdles,
qui moururent du vivant de leur mère, laquelle décéda aussy bien
quelles durant le siège d'Acre, l'an 1189 [ou plutôt vers juillet
1190]. Roger de Hoveden '' ne parle que de deux fdles, comme
aussy Conrad, abbé d'Usperg^ [et le Continuateur de Guillaume de
Tyr»].
Conrad de Montferrat, fds de Guillaume III, marquis de Montt'erral
[et non de Boniface, comme il est dit dans la continuation de Guil-
laume de Tyr''], et frère puisné de Guillaume Longue Espée, qui avoit
espousé Sibylle de Hiérusalem^ estant arrivé, incontinent après la mal-
heureuse deflaite de Guy °, en la ville de Tyr, la défendit généreusement
contre les attaques de Saladin, et en obtint la seigneurie, qui luv fut
contestée par le roy Guy '°. Cette division s'accrut incontinent après
par le mariage de Conrad avec Isabelle ", sœur consanguine de la reyne
Sibylle, laquelle il enleva à Hnmfroy, seigneur de Toron, son légitime
espoux, la princesse consentant à cet enlèvement, sous prétexte de
' Radulpli. Coggesh. i/«j!(/Ms. Coll.l.\. " Continualeiir, elc. I. XXIII, c. xliv,
col. 574 d, 576 d. 74-7'J-
'' Jacobus de Vitrinco,!. I, \cviii. " \ oh- Les Seigneurs de Tyr. — Radulfus
' Hist. Uierosol. p. 1 1 70 , 1 1 7 1 . de Dieeto, apud Twisden, 1. II . col. Gia.
* Roger de Hovcden, p. G79, 085. " Radulfus de Dicclo. ihid. col. 667. —
^ Conradus Usperg. Acta Innocenta lll , p. 30. Inuoceut III,
' Continuateur, elc. 1. XXV, c. x , p. 1 5 1 . Epist. xvi , 1 5 1 . — Hist. HierosoL p. 1171.
^ Continuateur, etc. 1. XXIII, c. X, p. i4 . 1170. — Arnoldus Lubec. 1. V, c. ni. —
lo; c. XLiv, p. 00. fiadulph. Coggeshal. AmpHss. Collect. t. V,
' Codice diphm. l. I, p. .3C7, 368. — coi. 5766, 876 a. — Continuateur de Guii-
L'An de vérifier les dates : Les Marquis de laume de ïvr, 1. XXV, c. xi, xii, p. i5i-
Montferrat. — Ughelli. Archiep. Pisaii. î5/i.
4.
28 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
iiiillilé de son mariage, à cause du défaut de consentement. [Isabcile
cédait surtout aux obsessions de sa mère, Marie Comnène II, qui haïs-
sait son gendi-e llumfroy de Toron, autant qu'elle en était liaïe, et fa-
voi-isait les prétentions de Conrad'.] Mais Pliilippe-Augnste, roy de
France, et lîicliard, roy d'Angleterre, qui estoient venus en la terre
sainte pour réparer les pertes des clirestiens, nioiennèrent un accord
entre ces princes, l'an 1 191, le 2 8<^ jour de juillet 2, par lequel il fut
convenu que Guy jouiroit de la dignité de roy sa vie durant ^ sans que,
quoyqu'ii se remariast, ses enfans pussent rien prétendre au royaume,
([ui aj)partiendroit à Conrad et à sa femme et à leurs héritiers, après le
décez de Guy ; cependant que les revenus seroient partagez entre eux;
que Conrad posséderoit les villes de Tyr, de Sajette, de Barut, et la
moitié d'Acre, dont il feroit hommage au roy, avec les services accou-
tumez. Mais ces différends ne furent pas tellement appaisez, qu'il n'y
eust eu encoi'e quelques mauvaises suites, si la mort de Conrad ne
fust survenue, ayant esté tué par deux assassins envoyez par le Vieil
de la Montagne, au sortir d'un repas qu'il avoit fait avec l'évesque de
Beauvais [Philippe de Dreux], le ?.8'= jour d'avril, l'an 1 192*.
[Ce fut, (lit-on \ une vengeance du prince des Assassins, parce que, sur le
conseil de Bernard du Temple, son bailli à Tyr, Conrad avait fait piller des
bartpies de marchands de cette peuplade. Selon la plupart des historiens,
le meurtre de Conrad eut lieu h; 37 avril; selon L'Art de vérifier les dates,
le a 9 avril.]
' Continuateur ilo Guili. de Tjr, 1. XXV, ris. — Willelnms Neubrig. 1. IV, c. xxiv. —
r. II, p. 1 5 1-1 5.3. Roger de Hoveden, ann. 119-?, \>- 71''- —
' Roger de Hoveden, p. 697. — Joaiin. Hislor.de Fr. t. XVII, p. 548.— Rronipton.
Rromplon,p. i-io8. p. laiS. i-345. 1266. iqSq. laliS. —
' On voit un acte du 3i janvier 1191, Acia Iniwccutii III, p. 3(î. — Godefridus
par lequel Gui donne aux Hospitaliei's d'Acre monach. ann. 1191, 1193. — Arnoldus Lu-
une rue de cette ville, en mémoire de feu la bec. 1. III , c. \xxvn. — Monaehus S. Mariani ,
reine Sibylle, sa femme; il y prend encore fol. gS v°. — Jacobus de Vitriaco, i. I, c. c.
le titi-e de buitième roi des Latins dans la — Radulfus de Diceto. ann. 1192- — Xi-
\]\p.iieiémsn\em.{CoilicediploM. 1. 1, n''79, celas, Isaac. I. II. note 1.
|,. 85 , 8C. ) ' Continuateur de GuilI. de Tyr, I. XXVI ,
' Voir Lrs Uoi.s de Chypre. — Matbieu Pa- c. xiii , p. 192, 198 et note b.
LES ROIS DE JERUSALEM. 29
Conrad , abbé cVUsperg' , dit qu'on parloil diversement de la cause
de sa mort, les uns l'attribuant au roy d'Angleterre, les autres à
Humfroy de Toron -. Cet auteur lui donne un fort bel éloge. Il laissa
une fille nommée Marie, de laquelle il sera parlé dans la suite.
Henry, comte de Champagne, qui estoit arrivé en la terre sainte
durant le siège d'Acre ^ [et qui avait été mis à la tète de l'armée * avant
l'arrivée de Richard et de Philippe-Auguste], espousa, le 5"= jour de may,
l'an 1 192 , la veuve du marquis, sept jours, et non pas trois, comme
dit Sanudo^ après sa mort, par les intrigues et à la persuasion de
Richard, roy d'Angleterre, son oncle, et des Templiers ^
[Raoul de Diceto'' dit que le meurtre eut lieu le h des calendes de mai
(98 avril), et le mariage le 3 des noues de mai (5 mai) suivant. Selon le Con-
tinuateur de Gudlaume de Tyr\ Richard fit épouser à Henri, le jeudi , In veuve
de Conrad, tué le mardi précédent; ce qui le fit soupçonner de n'avoir pas
été étranger à l'assassinat du marquis. Il parait du moins que le comte Henri
resta en bonne relation avec le prince des Assassins. A son retour d'Arménie'-',
où il avait été médiateur d'un accord entre Livon et Roéinond III d'Anlioche
(1197), il visita le Vieux de la Montagne, qui lui fit connaître, dit-on, par un
exemple terrible , jusqu'où allaient le dévouement de ses hommes pour sa per-
sonne, e( leur soumission à ses ordres.]
Par cette alliance [avec Isabelle], il devint seigneur d'Acre et de T\r,
et, après la mort du roy Guy, arrivée en l'an 1 196, de tout le royaume
de Hiérusalem. Mais il ne voulut pas s'en iaire couronner roy '" parce
' Gonradus Uspergensis. Rigorcl, ami. 1 199. Hist.de France, t. XV II
•■' Codice diplomat. t. I , p. 869. p. 'i-;.— Citron. Marcianense, i. lll , p. 877 ;
' Hist. Ilkros. p. 1169, 1 170. Hislor. de France, t. XVIII , p. 557 c, d.
' Radulplius Coggesh. Iw/^/. Coll. t. V, ' Radulfus deDicelo, loco citalo.
col. 575 e. ' Continuateur. etc. i. XXVI, c. XIV, p. nj5.
Sanutus. \. lit, part. 10, e. \ii. " Continuateur, etc. I. XXVI. c. xwnt.
5 c
Radulfus de Diceto, p. 667; Eisl. de p. il G.
France, t. XVII, p. 643. — Mathieu Paris, '" Jacobus de Vitriaco. — Continuateur
p. ii().— Jacobus de Vitriaco, I. I, c. r..— de Guili. de Tyr, 1. XXVI , c. xxi, p. -208.
;îO LES FAMILLES D'OUTRE-MEP,.
(juil [se] proposait toujours de retourner en France. Et comme, quelques
années après, ii faisoit des préparatifs pour cet efîet, la mort le surprit,
sestant laissé tomber du haut de la fenestrc du chasteau d'Acre, où ii
prenoit l'air, ou, selon d'autres, où d urinoit, dans les fossez de la ville,
s'estant écrasé la teste; ce qui arriva en Tan i 197 '• [Isabelle, qui l'avoit
espousé presque malgré elle tcsmoigna de sa mort la plus vive dou-
leur-.] Il eut de son niariaoe avec Isabelle trois filles^: Marie, qui
décéda sans alliance. Fan 1209; Alix, mariée premièrement avec Hu-
jrues, roy de Cypre, puis avec Boémond, prince d'Antiodie, et en troi-
sièmes nosces* avec Raoul, frèi'e du comte de Soissons^ et Philippe,
(pii fut alliée avec Érard de Brienne, seigneur de Rameru, qui disputa
lonjjtemps le comté de Champagne au droit de sa femme. L'estat de la
naissance de ces fdles fut disputé devant le pape Honorius III, au sujet
du comté de Champagne, dont elles se prétendoient héritières «.
Amairy de Lusignan, frère puisné de Guy, roy de Hiérusalem, auquel
il succéda au royaume de Cypre en l'an 1 19^ ', devint aussy roy de
Hiérusalem par le mariage qu'il contracta avec la reync Isabelle*,
l'an 1 198, à la prière des barons [des Templiers et des Hospitaliers],
qui dépesclièrent vers luy l'archevesque de Tyr.
gord.
(loiiliiiLiat. elc. I. WVI. p. ?. iG. — Ri-
M;illi. Paris.— Ullio de S. Blasio,
c. xLii. apud Uistis. p. -m. — Albericus,
ann. 1 197. — Roger de tloveden. p. 77a ;
Hist. (le Friincc, I. WII. p. 584: t. WllI,
p. 760. — Conradus Usperg. — Ariioldiis
Luljec. 1. V, c. II. — Sanutus. — Monaclius
S. Mariani. — Cliron. Andrense, p. 998.
999. — D'Achery, Spicil. t. IX. p. 619.
Chron. Sclav. inler Scriptoi-es rcrum Sept.
p. a85. — Coiitiiiualeur de (iuill. de Tyr.
I. XXVII. c. iiK p. 220.
' Continuai, de Guill. de Tyr, I. XWII.
c. IV, p. 221 .
Sanutus, 1. 111. part. u.c. n.
* Sanutus, i. 111, pari. n. c. iv. xvi:
part. 1 2 , c. I. — Lignages d'oulrc-mcr, c. n ;
édit. Beugnot. t. II, p. ^^7.
^ Jean II de Nesie, dit le Bon et le
Bègue. (L'Art de vérifier les dates.) Voir plus
loin : Alix , reine de Jérusalem.
' Voir Coiiipihil. Décret, lit. V, e. 1. — Dé-
cret. Gregor. 1. II, tit. X, c. m. — Honoriilll
Epist. Ilistor. de France, t. XIX, p. 63i-
633. G49-G5i, G75, 676, 688-690. 710,
711. 735.736. 789.
' \ oir Les Bois de Chypre.
' Sanutus , 1. III , part. 1 0 , c. vin. — Ja-
cobus de Vitriaco. 1. 1 , c. c. — Innocent III .
Epist. 1. I, p. 287. 328.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 31
[Les barons s'étaient déterminés en sa faveur, de préférence à Raoul de Ta-
barie, qui prétendait à la main d'Isabelle, parce qu'il leur paraissait, plus que
tout autre, capable de défendre et de protéger le royaume de Jérusalem. Ils
ne voulaient plus d'un souverain pauvre et sans ressources pécuniaires', tel
qu'avait été le comte de Cbampagne, qui vivait au jour le jour, et souvent le
matin ne savait pas ce que lui et sa maison mangeraient dans la journée. Par
ce mariage, Isabelle eut pour la première fois le titre de reine.]
Le patriarche de Hiérusalem, qui d'abord avoit apporté quelque
opposition à ce mariage, sous prétexte de parenté, s'en estant dé-
parti, les couronna solcmneliement en la ville de Barut-, en pré-
sence de l'arclievesque de Mayence, chancelier de l'empereur Henry
[VI]. 11 tint ce royaume jusques à sa mort, arrivée Tan 1206.
Il eut de la reyne sa [seconde] femme un fils nommé Amaury [ou
Amarin], auquel les barons donnèrent pour tuteur Jean d'ibelin, sei-
gneur de Barut, frère utérin de la reyne Isabelle. Mais il décéda du
vivant de sa mère [avant son père, selon Robert d'Auxerre et le Con-
tinuateui- de Robert du Mont; après, selon Sanudo et le Continuateur de
Guillaume de Tyr; ce qui est plus probable, puisque les baions lui
nomment un tuteur]^. Quelques-uns ont mis en avant qu'il mourut
de poison^ ou de sortilège. Il laissa encore [de la reine Isabelle] deux
fdles : Isabelle [ou plutôt Sibylle], qui espousa Léon, I'^'' du nom, roy
d'Arménie^; et Mélissende. femme de Boémond, surnommé le Borgne,
prince d'Antioclie et comte de Tripoly. La reyne Isabelle survécut son
' Continuateur du Cuill. de Tyr, 1. XXVII , Roberli de Monte ; Hist. de France, t. XVIIl .
c. V, 1). aaa, aaS. p.S'iad. — Lignages d'oiilre-incr, c.iu;édi(.
- Rog-er de Hoveden, p. 77.3; Hislor. de Beugnot, t. II, p. Idtk, àlt5. — Continua-
France, t. XVII, p. 585. teur de Guillaume do Tyr. 1. XXX, c. xi,
' Sanulus.l. III, part. 1 i.c. II. — Mona- p. 3o5.
chus Aitissiodor. fol 101; Hislor. de France , " Il cavalière Loredano , De' re' Liisign. "'
t. XVllI. p. 272 c. — Acia Innocenta III 1. I, p. a'i ; trad. fr. t. I, p. 97.
;jayjff, p.yS. — Anonym. continuât, append. ' Codice diplom. l. I, p. .370.
'■' Le tllre de col ouvra(;e est : Historié de' re' Lnsignani puhlicala da llenrico GilAet cavalier, liln-i undeci , iii
Bologna, 1647, in-i°. — Traduite en français, 1732, avol.in-12. — Le véritable auteur est François Lorédan.
n est souvent inexact dans les commencements de son histoire. (Voir, entre autres exemples, ce qu'il dit des
premiers maris de la reine Isabelle.)
:52 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
inary et son fils de peu de temps, estant décédée [vers] l'an 1208'.
\près sa mort, les barons du royaume de Hiérusalem, avec le pa-
triarche et les prélats -, avisèrent ensemble pour choisir un prince qui
j)ust gouverner et detl'endre cet Estât attaqué par tant d'ennemis, et qui
pust, par un mariage avec Marie, fille de Conrad, marquis de Mont-
terral [surnommée pour cette raison la marquise^ légitime héritière du
royaume, en prendre possession à juste titre ^. Pour y parvenir, ils
envoyèrent [en 1208, selon Sanudo ", ce qui l'ait supposer la reine
Isabelle morte peu auparavant], l'evesque d'Acre et Aymar, prince
de Césarée, vers Philippe, roy de France, qui leur présenta Jean de
Brienne comme lun des plus vaillans chevaliers de son royaume,
frère puisné de Gautier III, comte de Brienne en Champagne.
[Gautier 111 est appelé Gautier 11 dans la généalogie de la maison de
Brienne ^ 11 épousa Albicie, fdle aînée de Tancrède,roi de vSicile, et fut père
de Gautier 111, ou IV, le Grand, comte de JafTa*^, qui épousa Marie de Chypre,
fille du roi Hugues I", et mourut en 1 9/1/1. Jean n'était pas comte de Brienne",
mais il tenait le comté pour son neveu Gautier. Au dire de ([uelques personnes,
le choix que Philippe-Auguste fit de ce seigneur aurait été déterminé par des
motifs moins honorables pour fous les deux.]
.Iean de Bbie»e partit de France avec un grand nombre de croisez,
et arriva [non] en la ville d'Acre [mais au port de Cayphas, à k lieues
au sud d'Acre], le jour [ou plutôt la veille] de l'Exaltation de la Sainte-
(iroix [10 septembre], l'an 1 2 1 0 **. Le lendemain [ilx septembre] ^ il
épousa Marie de Montlerrat, reyne de Hiérusalem: et le dimanche
■ Continuateur. etc. i. XXX, c.xi. p. 3o5. ' Marin. Sanutus, i. 10. jinrt. 1 1. c. iv.
' Marin. Sanutus, LUI, part n, c. ui etiv. — Continuât, etc. i. XXX, c. xin, p. 3o6
' Continuât, etc. 1. XXX, c. xi, p. 3o5; et note/, p, 807; c. xiv, p. 3o8.
c. XII, p. 3o5. 5o(J: c. XIV, p. 3o8; 1. XXX, ' Monachus S. Mariani. 1209; Histor. de
c. VIII. p. 3-20. Fronce, t. XVIII. p. 276. — Sanutus. 1. II!.
' Sanutus. /. c. c. m, p. 2o5. jiart. 11. c. iv. v. — Codice diplom. t. 1.
' Du Cange, Histoire de Conslniiiiiiuplc p. /i3S.
.■ious les empereurs français , p. 317. ' Continuât, etc. i. XXX, e. \m, xmi.
Voir Les Comtes de Japhe et d'Asciihn. \i. 3 1 o et note d; 1. XXXI .ci. p. 3 1 1 . 3 1 ■' .
LES nOlS DE JERUSALEM. 33
après la feste de saint Michel [3 oclohre], l'un et laulie luienl cou-
ronnez solemnellemenl en la ville de Tyr [et trois jours ' après ils
rentrèrent dans Acre].
[Selon leConlinualeur de Guillaume de Tyr-, Jean de Brienae aborda au port
de Caypha un mercredi, veille de la Sainte-Croix , en septembre, en l'an i 20M.
C'est donc le 1 3 septembre. Mais on ne trouvi: le 1 3 septembre tombant un mer-
credi que pour les années 1200, 1206, 1-217, dont aucune ne peut s accorder
avec les autres notes chronologiques relatives à ce fait. On voit plus loin ^ que les
deux époux furent couroiuiés à Tyr le dimanche 1 " octobre 1 2 0 8 ; or le 1 " octobre
ne tombe un dimanche que dans ces mêmes années 1200, 120 (>, 1217, etc. De
toute façon il y a erreur, soit dans le jour de la semaine, soit dans le chifTre de
l'année , et probablement dans tous les deux. Une lettre d'Innocent 111 à Philqjpe-
Auguste", pour l'exhorter à seconder de tout son pourvoir Jean de Brieinie , époux
désigné de la reine de Jérusalem, est datée du 9 des calendes de mai (28 avril),
1 2'année du pontificat, c'est-à-dire en Tan 1209. Cette lettre, on le voit, est an-
térieure au mariage, qui, par consé(pient,n'a |iu avoir lieu, au [dus tôt, (|ue le
ik septembre de cette même année. Mais les dé[)utés étaient partis en 1 208^,
pour demander un roi à Philijipe-Auguste. Lorsque Jean de Brienne eut été
choisi ^ il promit de se renthc à la terre sainte . dans deux ans , époque où devait
expirer la trêve faite avec Saphadin. C'est donc, (i'a])rès ce récit, en 1210 (ju'eu-
rent lieu son arrivée et son mariage, comme l'uidique Sanudo''. D'autre pari,
deux lettres d'Innocent Ul , du 9 janvier 1210, adressées au patriarche et au roi
de Jérusalem, et dans iesipiclles il parle de la mort de la reine Marie comme d'un
événement récent, nous prouvent que cette princesse mourut en 1212. Et le
Continuateur de Guillaume de Tyr- nous apprend (pi'elle ne vécut que deux ans
après son mariage. Ce qui en fixe encore répo(pie à l'année 1210. Il ne peut pas
non plus avoir été célébré plus tard, puisqu'un diplôme de Jean de Brienne et de
la reine Marie, sa fenuiie^, en faveur du Saint-Sépulcre, est daté du 1" juillet
' Conliimat. etc. i. XXXI, c. 11, p. 3i3. — Continuât, etc. 1. \XX, c. \iv. p. 3o8.--
= Continuât, etc. 1. XXX, c. ivii.p. 3io. Tiilemont, Vie de saint Louis, t. 1, p. 264.
' Continuât, etc. 1. XXXI. c. 1. p. 3i 1. ' Sanulus, i. III, c. v, p. 206. — Inno-
3 1 .3 . cent. III , Regisl. epistol. I. XXV, epist. 210.
* Histor.deFraiice,l.\[\.]>.hiiJ,oi'j. 2 1 1 : c^it. Baiuze, t. Il, p. 708.
' Sanutus, 1. III. part. 1 1. c. 111, p. 2o5. ' Continuât, etc. 1. XXXI. c. vin, p. 32o.
' Sanutus. 1. III. (.art. 11. c. iv, p. 200. ' Cm-ttil. ,S. 6V/«//c. n" 1 45, p. 268. 269.
.•V. LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
12 11. (-0 mariage est donc au plus tôt de i aog et au plus tard de 1 9 i o , mais
plus vraiseinl)lal)loaicnt de celte dernière année '.]
Sanuflo- écrit ([iie c(>tle reyne mourut en l'an 1219, durant le siège
de Damietlo, et que sa mort fut suivie de celle de son fds, à Tage de
quatre ans, qui survint quinze jours après. Ce qui est contraii-e à ce
que portent les épistres du paj)e Innocent III ^ qui nous apprenneni
qu'elle mourut en l'an 1212 [deux ans après son mariage], et qu'elle
ne laissa (pi'une fille, qui fut Isabelle [appelée Yolande par quelques
auteurs'], que son père accorda en mariage ^ en présence du pape
Honorius III , en l'an 1 2 2 3 , à l'empereur Frédéric II , pour estre accora-
ply lorsque la princesse auroit atteint l'age de quatorze ans, n'en
ayant alors que dix ou onze.
[Marin Sanudo n'a rien dit de la mort de la reine Marie de Montlerrat.
Dans le passage cité et critiqué par Du Gange, U parle évidemment de la se-
conde femme de Jean de Brienne, princesse d'Arménie , dont il va être ques-
tion dans l'alinéa suivant, morte, en effet, pendant l'occupation de Damiette,
(taao). Il est vrai que Sanudo n'avait pas mentionné ce second mariage de
.lean de Brienne; mais d n'y avait pas lieu de s'y tromper, ce semble, puisque
ce même auteur ajoute que le roi Jean se préparait à revendiquer, au nom de
sa femme, le trône d'Arménie, vacant par ia mort du roi Livon, lorsqu'elle-
mème mourut, et que, quinze jours après, son fds, âgé de quatre ans, mourut
aussi. Ce fils n'était donc pas le fds de Marie de Montferrat, comme l'a cru
Le Nain de Tillemonl".]
Ce roy, dans une lettre qu'il écrivit à Gervais, abbé de Prémonstré'',
lui donne avis de son mariage avec la fille du roy d'Arménie, par le
' Tiliemont, Vin de saiiit Louis, t. L nald. laao , n" 3, 4. — Godef'ridus niona-
p, 2(j4. chus, anii. laaS. — Continuateur de (Juill.
' Sanutus, I. III, part. 11, c. ix. de Tyr, 1. XXXI, c. ix, p. 820; I. X,XXII ,
■ Innocentius III £/)/*?. 1. III, ao8, 909. c. xix, p. 355, 356.
— Continuât, etc. 1. XXXI, c. vni, p. 3-10; ' Tiliemont, Vie de saint Louis, t. 1.
^dit. Bosquet, p. 48i, 1x8-2. p. aG6.
Codice diplom. t. I, p. 38o. ' Ilugon. Stivag. Sacrœ aiiliquitatis mo-
' Sanutus, 1. m, part. 11,0. X.— Vlberi- numenla, t. 1. p. 36, 07. Epist. Gervasii
eus. ann. 1 a-io.— Conradus Usperg. — Ray- Prœnionstr. 36 et 37.
LES ROIS DE JÉIÎUSALEM. 35
conseil de tous ses barons, dans l'espérance que cette alliance devoit
estre beaucoup utile à la terre sainte; et Gervais l'en congratule par une
autre lettre. Cette reyne ne peut avoir esté autre qu'Isabelle, fdle de
Hupin, roy d'Arménie, qui vivoit alois. Cependant nous ne lisons pas
qu'il soit parlé de ce mariage dans aucun auteur; ce qui peut laire [)ré-
sumer que ce mariage n'eut aucun effet dans la suite dn tenqjs, iu)n
plus que celui de ceste princesse avec le fds du roy de Hongrie.
[Le mariage de Jean de Brienne, veuf de Marie, avec une princesse d'Armé-
nie, estaltesté par les deux lettres que cite Du Gange, par deux diplômes de
Léon ou Livon, roi d'Arménie', qui parlent de l'alliance de sa fille avec le
roi de Jérusalem; enfin par le Continuateur de Guillaume de Tyr-, cpii la
nomme Estefenie , princesse évidemment distincte d'Isabelle , qui succéda à son
père Livon , et non pas Rupin , comme le disait Du Gange. En i -j a o •*, Jean de
Brienne, chef de l'armée des croisés, apprenant la mort de Livon, saisit cette
occasion de quitter Damiette, alors au pouvoir des chrétiens'', parce (pie le
légat Pelage prétendait diriger seul toutes les opérations, et alla l'aire valoir
ses droits sur le royaume d'Arménie. Lorsqu'il se disposait à y mener sa
femme, elle mourut, et, quinze jours après, il perdit un fils (pi'il avait eu
d'elle, âgé de quatre ans^: c'est celui dont parle Marin Sanudo''. Une variante
porte qu'il en avait une fille ^, et qu'ayant appris que sa mère voulait l'empoi-
sonner par jalousie contre cette enfant, dont Jean de Brienne tirait ses droits
au trône d'Arménie, il frappa sa femme de ses éperons si violemment qu'elle
en mourut. Cette version ne dit pas ce que devint l'enfant. L'alliance de Jean de
Brienne avec le roi d'Arménie est donc un fait hors de doute , quoique L'Art de
vérifier les dates^ n'en ait rien dit. Jean de Brienne retourna à Damiette, et,
par suite de l'impéritie du légat, fut contraint de rendre cette vdle (1221) que
les chrétiens avaient gardée trois ans'.]
' CW/ce (/»p/oHi. t. I . n" gg. 100 , p. 10/1 , ' Oliveiius. ///«Z. Umiiial. iipuJ Eccurd.
io5. (. II, col. i h-}.h.
■ Continuateur, etc. t. XXXI, c. IX, p. 3i!0. ' Sanutus, I. III. part. 1 1, c. i\, p. aog.
" Continualeui-, etc.l.XXXII,c.i,p.329. 3/i2,343.
" Continuateur, etc. I. XXXII, c. xv, xvi. ' Martène. Ampli-'is. Coll. t. V, col. 038.
p. 3i8, 3^9. — Etienne de Lusignan , Ge- ' L'Artdevérif. le^ dates: Les Rois de Jér.
néalogie des rois d'Arménie, fol. 3o. ( \'oy. * Continuateur, etc. 1. XXXH. c. \vi.
plus bas Les Rois d'Arménie.) p. 35o. 35).
;j(i LES FAMILLES D'OUTRE- MER.
Tiiiil y a ([ue le roy Jean estant venu en France' pour chercher
des secours du roy Philippes [après avoir établi à sa place, pour
«Tarder le pays, le connétable Eiules de Montbeliard^], il passa de là en
Ks|)aoiie, où il éiiousa Béreiigère, sœur du roy de Castille et nièce de
Blanche, reyne de France, mère du loy saint Louys^ : de laquelle al-
liance il eut plusieurs enfans ([ui furent surnomme/, d'Acre, à cause
(pic leur pèi'e csloit vulgairement reconnu sous le tilre de roy d'Acre.
Frédéric 11, empereur, envoya l'archevesque de Capoue en la terre
sainte pour amener la princesse Isabelle, qui lui avoit esté accordée en
mariage", laquelle fut couronnée solemnellement en la ville de Tyr par
raiTheves(jue Simon, et de là elle fut conduite par son père en la ville
de Brandis, en la Fouille-', où le mariage fut accomply. L'empereur
ensuite, dès le jour même du mariage °, fit instance vers son beau-père
pour lui faire lascher la possession du royaume , contre la parole qu'Her-
m.;n, grand maistre des Allemans, qui avait esté médiateur en ce ma-
riage, luy avoit portée de sa part, qu'on luy en laisseroit la jouissance
sa vie durant. Jean de Brienne ayant esté obligé de quitter le royaume
à l'empereur ^ il se retira en France, mal satisfait de son gendre, avec
lequel il fut, depuis ce temps-là, en mauvaise intelligence. De là, Fré-
déiic dépesclia en la terre sainte l'évesque de Melphe, pour recevon-
les hommages, y laissant néantmoins Hugues [ou plutôt Eudesj de
Montbéliard en qualité de baile ou de régent\ laquelle il avoit tenue
auparavant sous le roy Jean^ et auquel il lit succéder (M1 cette dignité
Thomas, comte de Calan.
' Willelmiis l;i'ilo, I. XII, p. a5o, -jôi ; ' Loredano, I. 1, i>. -i^^: Inidiu-tioii f'ivui-
V. 563 et ait?,, 663; Histor. de France, çaise, l. I. p. 6o.
t. WII, I). a8o. ûSi. •.>.8a. " Continuateur de GuilL de Tyr. 1. \XXII ,
^ Continuat.etc.l. XXXIl.c.xix,)). 355. c. xv. p. 357. 358, 369. — Raynaldtis.
'■' Vita Ludovici VIII régis Fr. {Histur. de ann. 1 aaO, 11° 1 1 ; ann. 1 aay, n" 1 , a.
France , I. XVII , p. 3o3 , c. ) — Marinus Sa- ' Sanutus , loc. cit.
luitu.s, I. III. part. I I. c. X. ' Continuât, etc. 1. XXXII. c. xx, p. 35y.,
' Henricus Slero, Aimnl.imu. i?a3. — " Continuateur, etc. I. XXXII, c. xxiv.
SaiMilus, I. m. c N. [>■ :î6'i et note .y.. — Ass.dc .1er. t. II. p. 3(,y.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 37
ICe Thomas, comte de Calan, (jui aurait remplacé Eudes de iMoiilbi'iiard
comme baile du royaume de Jérusalem, est appelé parSanudo', et dans les do-
cuments relatifs à la successibilité au trône et à la régence 2, le comte Thomas,
sans aucun surnom. Loredano^ et les traducteurs français le nomment Tomaso.
Thomas, avec des points à la suite du mot, qui tiennent la place du surnom ou
de la (jualification. C'est assurément le même (|ue Thomas de Lacerne, men-
tionné par Du Gange un peu plus loin, c'est-à-dire Thomas d'Aquin, comte
d'Acerra. ou de Lacherne, comme l'appelle le Continualeur de Guillaume de
Tyr* et luw l'on voit, précisément à la même époque, étahli par Fn'dénc 11
pour être son lieutenant au royaume de Jérusalem.
C'est donc par suite d'une confusion que Du Cange Tappelh" comte de Calan,
nom qui paraît être une altération de celui de Celano. Il y eut bien à la même
époque un autre Thomas, comte de Celano, qui. s'étant révolté contre Fré-
déric II. fut dépouillé de ses biens. C'est celui-là qui est nonnné comte de Cha-
lan par le Continuateur de Guillaume de Tyr^ et qui, en 1 229, fut , avec Jean
de Brienne, capitaine des troupes du pape contre l'enqjereur. Quant à Tliomas
d'Aquin , comte d'Acerra , il ne reçut et ne porlajamais le titre de comte deCelano. |
Cependant rimpératrice Isabelle estant décédée en couche" l'an 1 -j a 8,
d'un fils nommé Conrad, qui fui depuis empereur et roy de Hiérusa-
lem, l'empereur Frédéric partit pour la terre sainte, non obstant les
delTenses du pape Grégoire \\\ parce qu'il estoit exconnnunié, et vint
au royaume de Cypi'e, d'où il passa en la ville d'Acre, puis il envoya*
Ralian, seigneur de Tyr [ou idutôl Balian, seigneur de Sajette,], et
Tliomas, comte de Lacerne, vers Melec-E(|uemel, sultan des Turcs''
' Mariiuis Sanutus, I. III, [nirl. 1 1 , c. \ , ' Heiiricus Slei'o. anii. i3q8. — Sanii-
p. .211. tus , loc. cit. — Conliiiiialeur, etc. 1. XXXIII .
' Assis. deJérus. t. Il, c. n, p. 399. c. i, p. 3(56 et notes a, h, c. — Assis, de
' Historié de' re' Lusigimni , [>. 38; Ira- Jérus. t. II, p. 399.
fiuclion française, t. I, p. k'à. ' Sanutus, \. III, c. \i . \ii. — Grego-
' Continuateur de Guill. de Tyr, I. XXXII . ru IX Epist. I. III , -3 h . 3'i , apud Raynald.
c. \xxiv, p. 363, 364 et note d; \. XXXIII, ann. 1^29, n" 3.
,. I p. 36y. _ Codice diphm. t. I, n° 3. ' ContinuateurdeGuiil.deTyr,!. XXXIII,
p. , ,9._DeMas-Lalrie,/ïïs(o/rc(/eC%pre, c. iv, vi, p. 870, 37-2. (Voir Les Seigneurs
t. H, p. 16 el noies. de Tyr.)
'■ Continuateur, etc. 1. XXXIII, c. vu, ' Malek el-Kainei, sultan d'Egypte. (i'Jw
p. 378; c. .\n, p. 378, 379. de vérifier les dates.)
38 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
[pour lui demander la remise des saints lieux]; et ayant fait alliance,
sous certaines conditions, avec luy, il vint en la ville de Hiérusalem , qui
luy fut livrée, où il prit, en l'église du Saint-Sépulcre, la couronne de
dessus Tautel et se la mit sur la teste, pas un prélat n'ayant osé faire les
cérémonies accoutumées en ces occasions, à cause qu'il estoit excom-
munié '. De là, il retourna à Acre, d'où il passa, par l'isle de Cypre, à
Brandis, où il arriva en l'an 1-229. Api'ès le départ de l'empereur.
Alix, reyne de Cypre, mère du roy Henry, vint à Acre, et demanda le
royaume de Hiéru«alem, comme petite-fdle du roy Amaury, de par
sa fdle^ Les barons luy firent response qu'ils ne pouvoient pourvoir à
sa demande, parce que l'empereur avoit un baile ou régent qui, en son
nom et en qualité de tuteur de son fds Conrad, gouvernoit le royaume.
Ils avisèrent néantmoins de dépesclier des ambassadeurs vers l'empe-
reur, pour le prier de leur envoier Cbni'ad, qui prenoit alors le titi'e
d'héritier du royaume de Hiérusalem, en dedans l'an, lequel passé
ils aviseroient à se donner un roy. L'empereur leur dit qu'il en useroil
pour le mieux, et leur envoya Richard, fds d'Oger [JiHiun AugeriK
ou, en un seul mot, Filaugemun, Felingher, Fihmgieri], maréchal de
l'empire, qui continua les persécutions et les malversations de son
maistre. Enfin les barons, lassez de ce genre de gouvernement, et piquez
de ce que l'on enfreignoit journellement leurs privilèges [s'allièrent
d'abord contre Frédéric avec Henri, roi de Cliypre\ puis enfin] recon-
nurent, en l'an t -iho ,
Alix, veuve du roy de Cypre, pour reyne de Hiérusalem , sauf néant-
moins le droit de l'héritier Conrad ^ Alix s'estoit pour lors remariée avec
' Raynaidus, ann. 15-29, c. sv, xvi. — ' Continuateur, etc. p. 3G7, note 4. — De
Matliieu Paris, 1 0-29. p. -2 ko, ^Jij. — Con- Mas-Latrie, lllsloire de Chjpre . t. II, p. 16.
radus Usperg. ceci. A. — Gio. Villani. 1. VI, note 2.
c. xvni. — De Mas-Latrie. Hist. de Chypre, ' Continuât, etc. 1. XXXIII. c. xl, p. 4o6.
t. III. p. (3-36. 629. — Continuateur, etc. ^ Continuât, etc. 1. XXXIII . c. l, p. i-20.
i. XXXIII, c. vni. p. 376, 370. — Assis. deJérus.\..\\,\i.ko\,ho-2.— Do-
' Sanutus. 1. III. c. xui. — Continuât. ciimeiils sur In successibilité . etc. t. I , c. a,
I. XXXIII. c. \ni. p. 38o. p. 3i-2. note.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. 39
Raoul, que Sanudo dit' avoir esté frère d'un comte (ju'il uoiiinie contes
Asasotiis; mais il faut lire en cet endroit Snessioiiis. Ce Raoul estoit
seigneur de Conivres et frère de Jean 11, comte de Soissons, comme
nous apprenons de Baudouin d'Avesnes^ et, après hiy, de l'auteur
du lignage de Coucy, qui parh; de ce seigneur, en ces termes : rrCis
«Raoul fut moult vaillant homs, et, pour la bonté de ly, le print à
rrmary la reine de Cypre; mais il n'ot nul hoir de ly^n Raoul lit plu-
sieurs instances envers les barons pour avoir le gouvernement du
royaume, qui appartenoit de droit à sa feumie, et la délivrance de la
ville de Tyr, qui avoit esté enlevée [ly/io], [)ar le seigneur de Barut'
[Balian d'ibelin], au [frère du] régent [Ytier Filangieri]. Mais, voyant
qu'il n estoit pas en grande considération parmy les barons ^, et que les
parens de la reyne faisoient tout, il la quitta et s'en retourna en Fi'ance
avec le roy de Navarre, le comte de Bretagne, et autres croisez", où il
espousa, après le décez de la reyne Alix, ari'ivé en l'an la/iG, la fille
de Jean de Hangest, de laquelle il laissa une seule lille, héritière de la
terre de Cœuvres.
[Un autre lignage de (loncy, du xv' siècle \ dont le manuscrit de Duchesne
paraît être un extrait, dit que Raoul de Soissons eut par sa femme la bailie
du royaume de Chypre et du royaume de Jérusalem. Il liif , en efl'et, gouver-
neur, plutôt que baile, du royaume de Jérusalem, au nom de sa femme; mais
sans aucune autorité, comme l'alllrment les témoignages contemporains. Quant
au royaume de Chypre, il n'en pouvait avoir la hailie, pui.sque le roi Henri I"
était majeur, âgé de vingt-trois ans en 12/10, lorsque Alix, sa mère, épousa
Raoul de Soissons. Le lignage dit aussi que ce seigneur, après la moit de la
' Marinus Sanutus.l. III, part. 1 1, c. XVI, ^ Continuât. I. XXX III, c. l, p. iao,
p. 21O. c. Li[i, p. ia3. — Assis, de Jérus. t. II,
- Chronique de Flandres, c. x.x. — Hisl. p. /loo, /loi. — Uisl. litlér. de la France,
de Béthunc, \. IV, c. m. t. XXHI, p. 699.
' Lignage de Concy, mss. de Du Cliesne , ° Saiiutus , 1. III , part. 1 1 , c. \vi , part. 1 •:>. ,
48, fol. .il v". — Bald. de Avenis. apud c. 1. ■ — Jordan, apud Raynaid. aim. laitj,
d'Achery, Spicil. 1. Vil , p. 607. n° ,5 1 , t. XXI , p. 365 , édit. Lucques , 1 y'iy.
" Continuât. 1. XXXIII, c. lu, lui, l\ , ' lîiblioth. inipér. inss. de dom Grenier,
p. 62a, 4a3, 4a6, 627. <■ n°C,p. 4f). ,
40
LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
reine fie Chypre, épousa la fiHe de Jean de Hangest; mais il se tait sur son
ri^tour pr/'eipité en France, tandis que la reine sa feuiine restait en Syrie.
Cependant (lai/i) les karisniiens avaient pris Jérusalem, qui, dès ce mo-
nic^il . lut à jamais perdue pour les chrétiens'.]
Henry, roi de Cypre, après la inorl de sa mère, prit le titre de roy
de Hiérusalem, et envoya en celte tjualité un baile ou régent en la ville
d'Acre'^. Mais c'estoit toujours saul le droit de l'héritier Conrad, lequel
ayant esté élu roy des Romains, du vivant de son père, prenoit ce
titre : Conradus dont. Aupisli Iinp. Frcderici filins, Dei gratia rex electus,
sempcr Aiiguslus, liœres et dounnus regni H ierosobjmitani^ . Et niesnie
l'empereur Frédéric eut cjuelque dessein de laisser le royaume de Hié-
rusalem à son fils Henry, qu'il avoit eu de son mariage avec Isabelle
d'Angleterre*, si la disposition qu'il en fit, au rapport de Mathieu Paris.
est véritable. Néantmoins, le pape Innocent IV ^ qui estoit en division
avec Frédéric, fa\orisa le roy de Cypre en cette occasion , ayant exhorté
les barons du royaume [de Jérusalem] de luy obéir, et l'ayant relevé
du serment de fidélité «ju'il avoit fait à l'empereur [i-^iy, 5 mars]'.
Henry mourutlan i253" [cl Conrad, fils de Frédéric, en laB/i].
Hugues, II*" du nom, roy de Cypre, prit, comme son père, le titre
de lov de Hiéiusalem**, et, comme il esloit lort jeune lorsque son père
mourut'', la reyne Plaisance, sa mèi'e, tint le bail et la régence des
deux rovaumes, et laissa celle du l'ovaume de Hiérusalem à Jean
d'Ibelin. seigneur d'Arsui'.
■ Mathieu Paris, ann. laii. — Codice
diploin. I. I. p. 3 ai. Sai. n° i/i. — Conti-
nuât, de Guill. de Tyr. i. XXXtIl . c. Lvi ,
p. isS, elc.
" Sanutus. loc. cit. — .ioi-dan. hc. cit.
n" S?. . p. 3GG.
' Carlul. (le Mnnosfjtic. — (mUco diplom.
t. 1 . 11° 1 1 1 , p. 1 iS.
' Walliiru Paris, aiiii. i-jSi.
' Innocentius IV. I. IV. Ep. car. ep. hh\
I. \ . ep. 1, apud Raynald. anii. i •ih'j. n° .55 :
1 •j'iG, n° Sa.
De Mas-Latrie , Histoire de Chypre , t. Il .
p. 63, Gi.
■ Mariiius Saïuitus, I. III, jiart. i j . c. i\
p. a -2 0.
' Assis, de Jérus. t. IL p. ioi. ioa.
" SaiiLilus. I. III. part, la . c. v. vi . \ii.
LES ROIS DE JÉRUSALEM. il
[A la mort du roi Henri (i953)'. les barons du royaume de Jérusalem
nommèrent baile du royaume Jean d'ibelin, seigneur d'Arsur-, troisième lils
de Jean dlbelin le vieux, sire de Barutli. Son cousin, Jean d'ibelin, seigneur
de Japbe et d'Ascalon, le remplaça dans cette dignité [i-iblx), qu'il lui rendit
en 1956^. En 1257 seulement, la reine Plaisance vint à Acre avec son fils, ci
là requit et obtint la bailie du rojaume. Lorsqu'elle s'en retourna à Tripoli .
l'année suivante, elle laissa la bailie au seigneur d'Arsur*.]
Qui mourut en l'an la58^ auquel succéda GcolVoy de Sergines,
sénéchal du royaume, qui extermina tous les malfaiteurs par la ri-
gueur de sa justice"^. Cependant la reyne Plaisance estant décédée en
l'an 1261, Henry d'Antioche, avec Isabelle sa femme, lille dn roy
Hugues \", vint quelque temps après à Acre, pour demander le baU du
royaume de Hiérusalem, duquel il estoit le plus apparent héritier, à
ca*use de sa femme, ce qui lui fut accordé''; mais, parce qu'il n'avoil
pas amené avec soy l'héritier, les barons refusèrent de luy l'aiie hom-
mage; ce qui fut cause qu'Isabelle retourna en Cypre, laissant son
mari à Acre, en qualité de baile. Gela se passa en l'an i-jlUi. Henr\
tint cette dignité tant que sa femme vécut^ Estant décédée [en cette
même année 126/j], il y eut une grande contestation entre Hugues,
son fils, d'une part, et Gantier, comte de Brienne, fils de Marie, sœur
aisnée d'Isabelle, d'autre : ceiny-cy soutenant qu'il devoit eslre préféré,
dans le bail du royaume de Hiérusalem, à Hugues, parce qud estoil
fils de l'aisnée; l'autre prétendant qu'il luy devoit appartenir, parce
qu'il estoit le plus âgé. Les raisons et les plaidoyers de l'un et île
l'autre sont rappoilez dans les Assises de Hiérusalem'-'. Enfin, l'atTairc»
' Assis, (le Jérus. t. H. p. Aoi ; Sitccessi- ' Conliniiat. I. XXXIV. c. in, p. àli!i.
bililé, etc. c. n. ' Continuai. 1. XXXIV, c. iv, p. khq.
- Voir plus loin les {rénéalog-ies de la fa- " Assises de Jérusalem, p. 5i5, édil. de
mille des Ibelin. Lahlie, c. xn et suiv. édit. Beugnot. l. II.
' Continuât, de Gnill. deTyr, 1. XXXIV. append p. 4oi, c. m et suiv. — Continuai,
c. II. p. A/11 ; c. m, p. 4/13. I. XXXIV, c. IV. p. lifiS.
' Gonlinuat. i.XXXIV.ch. ui.p. 443. — ° Celte discussion, publiée par Labbe
Saiiulus, 1. III , part. 1 a , c. v, p. aao , aa 1 . ( Ibré/jé roijal de rnlliimce ch-oiwloijitiue , ele.
' Continuât. 1. XXXIV, c. m. p. 443. I. I, p. 5i4 cl suiv. 0. \ii et suiv. de la
0
!r2 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
jiyaiit esté lucurcmcul discutée en ht liante cour de ce royaume, le
lijiil lui adju'jé à IIu;>ues, et, à l'inslanl , Geol'roy de Sergines, se dé-
pouillaul de la qualit»'' de baile, il alla, le premier, faire liommage à
Hugues, et fut suivi des autres barons et des bourgeois'. Le jeune roy
mourut en lan i 267, et eut pour successeur le même
HuGii;s III. roy de C\pre^, lequel vint en la terre sainte, et se fil
couroimer l'oy de Hiérusalem. en la ville de Tyr, par l'évesque deLidde,
commis à cet etl'et par le patriarche, le 2/1'' jour de septembre. Tan
[('a- royaume l'Iait alors pi'esijiii' réduit à rien, par les pertes successives
d'Ascalon en 12/17, d'Azol, de (Jésarée, de Sapliel, etc. en 1266'. On peut
voir, sur i'élal des affaires à cette époque^. In lettre du patriarche de Jérusa-
lem, des grands maîtres de l'Hôpital, du Temple, de l'ordre Teutonicpie, de
Geoffroy de Sargines, sénéchal du royaume, à Thihaud V, comte de Cham-
pagne. Quelques années plus tard, Beybars Bendoqdâry, soudan d'Egypte, par
une trêve conclue, le 2-2 avril 1272, avec Hugues HI , ne lui garantissait que
la plaine d'Acre et le chemin de Nazareth''. Et cependant ce débris de royaume
était encore un objet d'ambition et un sujet de discorde entre des princes chré-
tiens et les membres d'une même famille.]
Marii;, fille de Boémond IV, prince d'Antiocbe, s'opposa au couron-
neinent de Hugues, soutenant «pielle lui devoit estre |)référée. comme
■2' partie tles Assises de Jérusalem) par I^a et ixile i. — Codive dlplojiKtt. t. I. p. 188,
Tliaumassière (p. 19.5 et suiv. c. ccxciii et 189, n" 168.
suivants de son texte des Assises), a été ' Continuât. I. XXXIII. c. l\i, p. ti'.ili,
lejetée par le dernier éditeur des Assises 6.i5. — Martène, Thenatir. miecdot. t. Il,
dans un appendice, sous le titre de Docu- col. h-î-2\ epist. ioa. — Codice diplomat.
i/ienls relatifs à la siiccessibilité ait trône et t. I. n° 4.3. p. S-aS, 556.
à In réfrénée, c. m et suiv. t. 11. p. '101 ' Du Gange. Ohserv. sur Joinrille . p. 63,
et suiv. (ji. — Codice diploiiial. t. 1. u' 60. p. SaG,
Assis, de Jénis. t. 11, c. 11, p. '11 5. ° Continuai. I. \XXI\ , c. \v, p. 'i()9. —
• Marinus Sanutus. 1. III. part. 1-1. c. i\. Mariuus Sanutus, I. III. pari, i •? . c. 11,
Continuât, I. XXXIV. c. \ii , p. à^)-j, p. -ja^.
LES ROIS DE JÉItlJSALEM. 'iS
seule héritière iégiliine de ce royaume, d'autant qu'elle esloit lille <!<•
Mélissende, qui estoit fille d'Amaury de Lusignan. roy de Hiérusaleiii,
et de la reyne Isabelle, où le roy Hugues 111 ne pouvoit rien prétendre
à raison de la parenté, l'alliance en vertu de laquelle les roys de Cyprr
l'avoient tenu estant finie en la personne de Hugues 11, décédé sans
enfans, qui estoit issu de la reyne Alix, fille de la reyne Isabelle'. L."
roy Hugues se deftendoit par des raisons de droit et de l'usage du
royaume, qui se voient aux Assises de Hiérusalem , dont la principab'
estoit que, par cet usage, celuy qui veut demander une succession ou
héritage, le doit faire de par celuy qui en a esté ensaisiné le dernier.
s'il est du lignage ; et ainsy Hugues estant le plus prochain héritier du
roy Hugues 11, qui avoit esté saisy le dernier du royaume de Hiérusa-
lem, il devoitseul lui succéder. Enfin, sur ce que le patriarche tesinoi-
gna vouloir couronner le roy de Gypre, elle en appela au Saint-Siége,
nonobstant lequel appel , le patriarche passa outre. Sur ce diiïérend, le
pape Grégoire X commit, en l'an 1272, l'arclievesque de INazareth et
les évesques de Bethléem et de Belinas, pour informer des droits des
parties, et pour les citer, en la cour de Rome, devant Sa Sainteté, qui
y rendroit son jugement-. L'alïaire a^aiit traisné en longueur, Marie
vint en France, au concile (|ui se tenoit à Lyon l'an i 27(1 , pour y de-
mander justice. Le roy de Gypre y envoya aussy des ambassadeurs;
et, sur leurs contestations, l'évesque d'Albe, cardinal, fut commis par
le concile pour décider ces dilïérens. Le roy de Gypre soutint (ju ils ne
dévoient pas estre jugez par la cour romaine, mais par les barons du
royaume; ce que iVlarie accepta. Mais durant le procez^ dont elle ciai-
gnoit l'événement à cause <le la puissance du roy de Gypre, elle céda,
en l'an 1^77, en présence des cardinaux, des prélats et de la plus
' Assises (le Jérus. p. 687 et seq. édit. Raynald. ann. 127-3 . 11° 18, 19. 20. —
Labbe. c. xxiii-x.xvi; édit. Beugnot, t. Il, Bzov. ann. 1276, 11" 10. — Jordan, ajuid
p. /iiS-iiç). - Assis, t. I, p. 27.5, note h. Haynald. ann. 1277, n° 17, t. XXll, p. il S;
— Sanutus. I. 111. part. 12. c. \in, x\. — André Dundul. Jacoh. Coulai-, c. i\.
Continnal. I. XXXIV. c. xvu. p. 40i. ' Continuât, de Nangis, ann. 1278; ou
-' Sanutus. I. 111. pari. 12 , c. xiii. x\ . — plutôt la Glii'onique elle-même.
0.
ItU LES RAMILLES DOllTRE-MER.
frraiule partie de la cour romaine , lous ies droits (ju'elle a voit au royaume
de Hiérusalem, comme en estant légitime JK-ritière, à Cliarles 1" du
nom, roy de Sicile', moyennant une pension annuelle de quatre mille
livres tournois sur son comté d'Anjou, dont il fut dressé un acte au-
thentique, autorisé des sceaux des cardinaux et des prélats'-^.
Chables, roy de Sicile, ayant esté sais) du royaume de Hiérusalem
par cette donation, non-seulement il commença à ]H-endre le titre de
roy de ce royaume et à apposeï' à ses patentes la date du temps qu'il en
entra en possession, mais encore il envoya des trouppes sous la conduite
de Roger de Saint-Severin , comte de Marsique^ [dont Lorédan" lait deux
personnages différents], à qui il donna la ([ualité de baile ou de régent
de ce royaume; lequel arriva, avec six galères, le 7'' jour de juin, l'an
I 9,77, à Acre-', qui lui l'ut l'endue [sans l'ésistance, grâce à ses intelli-
gences avec les Templiers] par Balian, seigneur d'Arsur, qui l'avoit
enlevée à l'empereur Frédéric*^; reçut les hommages des barons [qui
avaient d'abord consulté Hugues III sur ce qu'ils devaient faire, et n'en
' Descripl. rict. obi. per Carohim l. ( //(6'-
Inr. (le France, t. V. p. 85o.)
- Marinus Saïuiliis. L III, paît. la. c. \v,
n. ■?.■>.•]. — Continuateur de Gnill. de Tyr,
I. XXXIV, e. xxi\, \xx, p. '175, '17(3 et
note h. — De Mas-Latrie, Hisl. de Cliijjirr.
t. Il, p. (SB-Hç) i.')0. — Job. Iperiiis, Clir.
S. Bciliiti. Tlies. aiiecd. l. IH, coi. 7;Vi e.
. ' Raynald. ann. 1-278,0° 66. — Sanut.
1. 111. part. la. c. xvi,p. 927. a 28. — Geslii
Philip})! in, reg.Fraiir.p. 009. — DuChesne,
I. V, et Histor. de France, t. XX, p. rnd d.
' Loredauo, I. lit, p. 168; traduction
française, t. I. p. 186, 187.
' Continuai. 1. XXXIV, c. x\.\ni, p. '17H.
/i7(). — Cliron. de Pv. Jordan. — De Mas-
Lalrie. lli-fl. tic Clii/pre. 1. II. [i. 80. 81,
i3o, i3i. — Joli. Iperius, Clir. S. Bcriiiii.
Thés, aiiecd. t. 111. col. 7.55 a. d: 7.16 a.
'' Il y a ici probablement quelque confu-
sion dans les noms et dans les faits. On n'a
vu ni quand ni ]iar qui Acre fut enlevée au
parti lie l'empereur, et occupée par les offi-
ciers du roi de Chypre Henri L"; mais ce ne
peut être, au plus tard, que vers l'an 1 9,47,
lorsque le pape délia ce prince du serment
de fidélité à l'empereur. Or, à cette époque.
Ralian dlbelin . sire d'Arsur, devait être
bien jeune encore, puisqu'il fut armé che-
valier, dans la ville d'Acre, par saint Louis,
en 1254. (Coiitm. de Guill. deTyr. 1. XXXIV.
c. II, p. i'ii. — Marinus Sanutus, 1. III.
part. f!. c. IV. p. 220.) Mais Tyr avait
été enlevée aux impériaux (12/10) par
Balian III dlbelin, sire de Baruth, oncle
de Balian. sire d'Arsur. C'est peut-être la
resseiiiblaiiee des noms <jui aura été cause
de l'erreur.
LES ROIS DE JERUSALEM. ^lo
avaient point reçu de réponse], et niesnie du prince d'Antioche, et
établit un séneschal , un coiniestable , un niaresclial , un vicomte et autres
officiers. La guerre s'excita ensuite entre les deux roys, que !e pape
Nicolas tascha d'apaiser, sans effet. Le roy de Gypre vint la niesme an-
née à Tyr, avec 700 chevaliers et d'antres trouppes, à dessein de faiic
une entreprise sur la ville d'Acre, dans laquelle il avoit intelligence;
mais, n'ayant pas réussi, il s'en retourna en Gypre \ Depuis, il passa
encore une fois en la terre sainte, et vint à Barut au mois de janvier,
l'an 1 28.3 ; et, au mois de septembre suivant, il vint à Tyr, où il mourut
le 26"= jour de mars, l'an 128/i'^.
Le roy Gharles avoit rappelé quelque temps auparavant le comte de
Saint-Severin, après la révolte de la Sicile, et luy avoit substitué un
autre baile ou régent. Ge comte prend ces titres en des lettres du 18 de
septembre 1278 ^ : ce Roger de Saint-Severin, par la grâce de Dieu,
ff comte de Marsique et général vicaire et baile au royaume de Hiérusa-
rrlem, de par le roy di; Iliérusalem *. n
Hkm\y [11], lils du roy Hugues IIP, ayant succédé à Jean son frère
aux royaumes de Hiérusalem et de Gypre, vint en l'an 1 28(i , avec une
belle aimée navale, à Acre, où il fut reçu sans difficulté par les barons ^
ayant obligé Hugues de Pélichin, qui tenoit le cliasteau pour le ro\
Gharles, où il avoit fait entrer toutes les trouppes de France, et ceux
qui t(Mini(>iit le party du roy de Sicile, de le rendre après cinq jours
' Di' Mas-Latrie, Hixl. dv Cliijim'. Cliroii. pilai de Jérusalem, se sont entremis connjie
de frère JonJan. t. IL p. i3i. arbitres pour terminer ses dillerends avec
- Sanuins. 1. IH. c. mx p. -i-jg. frère Pol, évoque de Tripoli. Nous croyons
' Cartitl. (le Mmiosqiie. bien que cet acte est celui que Du Gange
'' Nous trouvons ces mêmes qualilications avait vu dans le cartulaire de Manosque.
données à lîoger de Saint-Severin dans un ' Nicol. de Triveto, ann. 1-387. — ^''"
acte du même jour ( Cndice diplomut. t. I. nutus, I. III, c. xix, p. -i-sg.
n° 1.55. p. 19S, 199, SSf)). [>ar lequel ' Assises de Jmis. t. II. p. :'>5-] ; Briiix e!
Boémond VU, prince d'Antiocbe, comte de ordonnances des rois de (Ihupro . n° 1. — De
Tripoli, déclare que Roger de Saint-Severin Mas-Latrie. Uist. de Chypre, t. II. p. i3i;
et Nicolas de Lorgne, grand maître de THô- I. III , (). Oy 1 -C70.
46 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
fie siège [29 juillet?]. Ensuite de quoy le roy Henry fut couronné so-
Iciiineliement roy de Hiérusaiem en la ville de Tyr ', ou en celle d'Acre,
connue écrivent Walsin^'hani - et le Continuateur de Guillaume de Nan-
tis'', le jour de l'Assoniplion de Nostre-Danie; et parce que le comte
d'Artois, qui estoit régent du royaume de Naples, crut que les clieva-
lieis dn Temple et de l'Hospital avoient trempé dans les desseins du
i(i\ de (lypre, il fit saisir tous leurs revenus dans l'étendue du royaume
dont il avoit le gouvernement. Le roy Henry, après avoir établi Philippe
il'lhelin, son oncle, baile ou régent du royaume, retourna en Gypre la
veille de la feste de saint André. Mais il jouit peu de temps du fruit de
ce succez''; car Melec-Messor, sultan de Babylone, entra en la teri'e
sainte avec une armée de 60,000 clievaux et de 160,000 piétons;
prit piemièrement les villes de Tripoli et de Laodicée, en l'an 1287
et 1 288, puis, en lan 1 29 1 '\ il vint mettre le siège devant Acre [alors
partagée entre dix-sept juridictions diflerentes, et par conséquent sans
uiiilé dans son gouvernement et dans ses moyens de défense''], qu'il
emporta [le 18 mai]; comme il lit encore les villes de Tyr, de Barul.
de Sajette . de Tortose et autres, qui furent, pour la plupart, aban-
données par les clirestiens, qui se retirèrent au i-oyanme de Gypre. Ce
prince estoit venu au secours de la ville d'Acre, sur l'avis des grands
apprests des Sarrazins, el s\ enfeima [le h mai] avec 3oo chevaliers.
[200 chevaliers et 000 hommes de pied, selon Sanudo,] aus(|uels se
Ldri'ihiiio, I. I\ . |). iHi; Irailuclioii
française , t. ! . |i. 199.
' Thomas Walsiiigh. aiui. 1288.
(jonliiiuat. [ou plutôt Chronique] de
(iuillaume de Nangis. nnn. 1^87. — Nicol.
(le Trivet . loc. cil.
' Marinus Saniitus, I. 111, part. fa.
c. \x. .\\i. \Mi. — Thomas ^\alsing■h.
ann. 1 29a.
' D'après Marin Sanudo hii-mèine. 1. 111 .
pari. la. c. \\i. Melec-Messor (Maiek ei-
Mansour ) mourut en 1 290 . lorsqn il s avan-
çait pom- assir-Mcr la villi' d Acre, (ie fut soji
lilb Serai ^kalil-.isclnal 1 (jm s en empara
sur les chrétiens, en 1291. le 18 mai. —
On sait que nos auteurs du xui'et mv' siècle
appellent sultans de Babylone les sultans
d'Éfjvptc. du nom de la ville de Babylone.
que l'on croit avoir été sur reni|)lacenienl
du Vieux-Caire. (Danville. Géographie un-
cienne, c. 19'!. graml in-fol. — Histor. de
France, t. X\ . p. 89. aia. note. etc. )
Elienne de Lu.si[;nan . Ilist. de Cyprc .
M. ilîS V'. !?>[).— Lored. 1. IV. p. i8f..
uSj : Iradiicliiin Irançaise. t. I. p. ao(J,
007,
LES ROIS DE JERUSALEM. Ul
joignirent la plupaii des trouppes chrétiennes (pii rusloiciit dans la
terre sainte^ [mais il se retira peu honorablement, le i5 mai, en
voyant l'état désespéré des affaires]. Depuis ce temps-là, le roy Henry
ordonna ([uà l'avenir les roys de Cypre prendroient la couronne Au
royaume de Hiérusalem en la ville de Famagouste, et celle de Cypre
en la ville de Nicossie ^ : ce qui fut observé jusques h la prise de Fa-
magouste par les Génois. Car alors les roys de Cypre prirent les deux
couronnes dans Nicossie. Ils continuèrent aussy de donner les dignité/,
et les titres des charges de ce royaume aux grands de leur cour; mesme
conservèrent les noms des plus illustres seigneuries, qu'ils affectèi'ent
à certains fiefs, dont ils revestirent les principaux seigneurs^.
[Henri 11 ne (!éses|)éra pas de voir se rétablir à son prolil le rouiiinie de
Jérusalem dont il avait conquis le titre. 11 existe de ce prince un mémoire* en-
voyé au pape Clément V, en i3i i-i3i2, sur les mojens de recon(|uérir la
terre sainte et d'anéantir la puissance des sultans d'Egypte. A la même épocpie.
selon le texte de Baluze •'. mais probablement avant l'arreslalion des Templiers,
le grand maître de l'ordre avait donné à ce pape des conseils [lour le même
objet. En i3i i-i3i-j, des mémoires furent également adressées à (llémenf V
par Guillaume Nogaret '', chancelier, et Benoît Zacharia. amiral du roi de
France, sur le projet d'une nouvelle croisade, (l'est encore dans le même but
(|ue Marin Sanudo composa son traité Secretii Jidelium. etc. de i3o() à i32i,
et qu'un anonyme, avocat du roi dans les causes ecclésiasli(pics au duché de
Guyenne, adressa au roi d'Angleterre Edouard I" un curieux uM'uioire De revu-
perntione Terne Sanctw . qui se lit à la lin du recueil de Bongars, p. 3i6-36i.
Tous ces conseils, tous ces expédients, proposés comme infaillibles pour le re-
couvrement de la terre sainte , n'aboutirent à rien , pas même à l'entreprise d'une
nouvelle croisade. ]
en.
' Hisl. e.vciiUi Acmnis, iiis. n[iu(l Martène, p. liSO . note û. — Et.du Lusijjiiiin , Hist.ijéi
Ampliss. Collecl. t. V, col. ylib c. d; 770 b, ik l'isle de Cypre, c. wiu. |). 79 et suiv.
c. — Reiiiaud , E.Th-nilx des histnv. arabes, ' De Mas-Lnirie, Uisl. de Clii/pre, t. II.
p. 570-873. p. 1 18-1 -20.
" Etienne de Lusignan , Gcncfl/og/e* ; Le*' * Baluze. Viue paimnnn Aeeuion. t. Il,
Roisde Hiérus. (o\. i3v°. — Hist. génér. de coi. 17G-180.
Cypre, fol. 187. ' De Mas-Lalrie. Ilisl. de Chypre, L II,
' De Mas-Latiie. Hisl. di> Chypre, 1. III. p. 1-28, 129.
',8 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
Le roy de Hiérusalem avoit cour, coiiij] ou droit de monnoye et jus-
tice, qui estoit la liaute cour; et il la pou voit tenir en tous les lieux
(le son royaume, où bon lui sembloit'.
[Le roi (le .lériisalcin. dit .Icaii d'ibelin^, ne tient son royaume que de
Dieu. Il doit êlr{> couronné à Jérusalem, en l'église du Saint-Sépulcre, si cette
ville est entre les mains des chrétiens; sinon, à Tyr, par le patriarche; s'il
n\ a ])as de j)atriarche, par l'archevêque de Tyr, primat des archevêques du
royaume; à son défaut, par l'archevêque de Césarée; et, à défaut de ce der-
nier, par l'archevêque de Nazareth.
On peut lire, dans le chapitre suivant du même Jean d'ibelin ^ la cérémonie
du couronnement du roi, avec la fornude de son serment au patriarche. Ce ser-
ment se retrouve encore ailleurs '. le même pour le fond, mais assez différent
par la forme : tel est celui (jui fut prononcé |(ar Ainieri, roi de Chypre et de
Jérusalem '•'.
L'existence du royaume de Jérusalem se termine à la prise d'Acre; mais le
nom survécut longtemps à la réalité. Les rois de Chypre se regardèrent toujours
connue rois de JéTusalem. En même temps, les empereurs, comme successeurs
de Frédéric 11 cl de Conrad; les rois de Sicile, comme successeurs de Frédéric II
et de Charles d'Anjou, aucjuel Marie d'Antioche avait cédé ses droits, pre-
naient également ce titre, l^lus tard, les ducs de Savoie, par suite de la cession
des droits de Charlotte, reine de Chypre et Venise, par le fait même de la pos-
session de cette île. s'intitulèrent aussi rois de Jérusalem. Parmi ces divers
prétendants au titre, à la couronne et à la possession du royaume de Jérusa-
lem, et une foule d'autres énumérés par le père Etienne de Lusignan, dans un
ouvrage spécial sur ce sujet '% les ducs de Savoie, rois de Sardaigne. paraissent
avoir eu les prétentions les mieux fondées \ connue héritiers légitimes des rois de
Chvpre, qui avaient été les successeurs naturels des anciens rois de Jérusalem.]
' Assises (Iv .hrusnlem, \>. 55 1 ; édition ' Assis, de Jcriis. t. L [>. iS/i; Livre de
Laijbe. L 1, p. A 19, c. cclxx. et édition Jncques d'Iiielin.
Reiionol. ' Caiiiil. S. Sepitlc. n° i54, p. 275, 27G.
p. 39
Assises (le Jérusalem, L 1. c. M. <■ Les droits . miloritez el prérogatives que
jirctcndeiil au roijuume de Hiérusalem les
■' Assises de ] crus. t. I. c. mi. p. ny'-U: princes et seigneurs, etc. 1 586 . w-h".
c. rci.vi, ji. '107.
Ibid.
LES ROYS DE CYPRE.
Je ne prétens pas écrire l'histoire entière de Tisie de Cypre, ny (pii
furent ceux à qui elle a obéi preniièrenieat : je me contente seule-
ment de remarquer que, depuis qu'elle lut enlevée aux Ptolémées
d'Egypte par les Romains, elle demeura toujours en leur domination ,
jusques au règne du grand Constantin : auquel temps Galoccère, qui
en estoit gouverneur, s'estant révolté, s'en lit jirodamer roy; mais
H fut déliait par Dalmace César, ([ui le lit biuslei' vif en la ville <le
Tarse'.
Les Sarrazins et les Arabes, ayant commencé à faire des courses
dans les terres de l'empire, se jetèrent sur l'isle de Cypre, qu'ils
conquirent, sous la conduite de Mégavie, ou Muliavie, lils d'Abuba-
char, général des armées du calyphe Othman-, l'an 7 de l'empire
d'Héracléonas l II la ruina de telle manièie ([u'il en chassa les habi-
. tans* et la laissa toute déserte, en sorte ([ue Jean, l'archevesque de
cette isle, s'estant retiré à Constantinople, l'empereur Justinien Rhi-
notmète luy donna la ville de Cyzique pour y exercer les fonctions de
métropolitain, et fit ordonner au synode qui fut tenu in Trullo'-', l'an
' Cedreniis, p. 296. — Etienne de Lu- el non dVlnibècre. ([>eljeau. Ili-st. du âJh.s-
signan. Histoire de Ci/pre , 107, 108. Empire. I. XII. |). d-hj. — L'Art de vérifier
" Elmaein, c. IV. — Theophanes, p. a8.5. les dates.)
— Cedren. p. k3i. — Constantin. De The- " Constantin. De Admiiiislraiido imperio .
matibus, I. I, p. i6. (Banduri, t. I, p. 17.) c. xxii. xi.vii, xLviii. ( l'andiiri, t. I, p. 7/1.
■'' Héracléonas n'avait régné que six mois. lay. 100.)
C'est en 648, la septième année du règne de '' S//ho(/«.v Tndlituw, c. wxix , aj)iid Cons-
Constant II, que Chypre fut enlevée aux eni- tantin. De Administnitulo imperiu. ( Banduri ,
pereurs par Moavias. fils d'Aljou Soffiant. t. 1. p. i3o.)
50 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
707', (|u'à ravoiiir ccluy qui soroit archevesquo do Cyziquc, le seruil
aussi (le Cypro. Sept, ans après, cri ompcrciir la repeupla; ce (ju'il fil
(In couseiiteiueuL du calyplie, qui donna ordre que tous les liahitans
(pii avoient esté dispei'sez dans la Syrie lussent renvoyez en Cypre. Mais
«lopuis, ensuite des guerres survenues entre les Arabes et les Grecs,
sous l'empereur Niccphore [ancien Logotliète], général, le calyplie
\aron la l'uina entièrement, y renversa les églises et en chassa encore
une lois les liabilans, qu'il disjiersa en divei's endroits de ses Estais :
ce (pii arriva vers l'an 807 -. L'empereur Basile le Macédonien, ([ui
régna <[uel(|ue temps après, la repeupla derechef, et luy donna le titre
de province de l'emiiire^, y ayant envoyé x\lexandre pour en prendre
le gouvernement, qui le tint l'espace de sept ans, à la fin desquels les
Sarrazins s'en rendirent maistres pour la troisième fois; et ils la conser-
vèrent tant (jue l'empereur Nicéphore Phocas s'en empara sur eux,
I an 9()(), en ayant chassé tous les habitans sarrazins, et l'ayant re-
peuplée de chrétiens.
Cette isle demeui-a en cet estât, sous l'empire des Grecs, jusques
sous le règne d'Andronique le Tyran, qu'ls.wc Commène, de la famille
duquel j'ay parlé ailleurs", durant les divisions de 1 empire, s'en em-
para, et, assisté des foices de Sicile, s'y maintint longtemps, s'y faisant
appeler empereur. Ce seigneur conniiandoit à cette isle^, lorsque Ri-
cliai'd , roy d'Angleterre , alla en la terre sainte, avec toute son armée na-
vale, dont une partie (ut attaquée de la tem])este et jetée sur les costes
de Cypre. Isaac, en ayant eu avis'', fit marcher ses troupes contre les
Anglois, les battit et en fit beaucoup de prisoiniiers, quil maltraita
iidnimainement, ayant, suivant quelques auteurs, usé du droit receu
' Ce concile fut toiiii on liga. sous le ' Dans les l'otniliw Auguslw Uijzantmn' .
pieniier règne de JusUnien tl. (Faliricius, p. iSi.
/)')/)//(;//(. gjwc. t. XI, p. 670 , '171 . — -Fleury, ^ Conliuualeur de (luillanme de Tyi-,
Hisl. ecdcs. 1. XI>, n" 5 1 . — Lebeau , Uist. 1. XXV, c. wii. — llist. accid. des Croisades .
du Has-Eiiipiro , l. XIII. p. 18-J-184, elc. ) t. II, p. i5(). — Martène , Ampliss. Collecl.
" Cedienus. p 678. t. V, col. 632 d.
■ Cons'antin. De Tlicmalilius . I. 1. |). '17. ° Continuateur deliuill. di> T\t, I. \XV,
(R.induri. t. I. p. 17.) c. xi\-xxn, p. i(Ji-i(k|.
LES ROIS DE CHYPRE. 51
en ce temps-là dans toutes les costes de la nier, qui peinielloil au sei-
{jneur de s'emparer des persoiuies qui avoient fait naufrage et de tous
leurs biens. La nouvelle en estant venue à Richard, il lit voile du costé
de Cypre, à dessein de tirer vengeance de cette déloyauté; et, y estani
descendu avec ses troupes, il la réduisit entièrement sous son jion-
voir, le premier jour de juin , veille de la Pentecoste, ou, selon quel-
ques autres écrivains, au mois de juillet l'an 1191, s'estant saisi de la
personne d'Isaac et de sa fille, qui eurent la fortune que j'ay décrite
ailleurs ^ Cette conqueste se fit en l'espace de deux mois'^; un autre
auteur^ dit en moins de quinze jours.
Richard estant ainsy devenu possesseur de Cypre, avant sou dépari
pour la terre sainte, en laissa le gouvernement à Richard de Cam-
ville et à Robert de Tourncliem '', ou, selon d'autres, aux chevaliers
du Temple ^ Les barons et les nobles du pays le vinrent trouvei' eu
mesme temps, et luy accordèrent la moitié de leurs biens, à condition
cju'il les laisseroit dans les libertez et les privdéges dont ils avoient
jouy sous l'empire de Manuel''. Estant arrivé en la terre sainte, il \
trouva les affaires fort brouillées, à cause du diflerent (pii estoit entre
Conrad, manpiis de Montferrat, et Guy de Luzignan, au sujet dn
royaume de Hiérusaleni que l'un et l'autre prétendoient. Le ro\ de
France favorisoit le marquis, à la persuasion duquel il demanda à
i'Anglois la moitié de lisle de Cypre", suivant les conventions qui
avoient esté faites entre eux, par lesquelles ils éloient demeurez d'ac-
cord de partager également leurs conquestes. Mais, comme les traitez
ne regardoient que celles cjui se dévoient faire sur les infidèles, le roy
Philippe s'en désista. Pendant ce temps-là, Robert de Tournehem\ qui
' \oiv SteminaComneiiiciDii {FamiliieAug. ^ Sanulus, I. 111 , part. io,c. iv. jj. 198.
Byzantinœ ^ \i. i84.) ' Rronipton. p. laoo.
■ Willelmus Armorie. Philipj). I. IV. ' Rromptou , j). 1202. — Wilielinus
p. i38. Neubrig. I.IV, c.xxi. — Innocentiiis 111 , 1. 1.
Nicol. deTi'ivetto, ann. 1191. epist. i35.
' Rroniplon.p. 1200. * Du Caiigc. Hi.st. By.uut. p. iSh.
52 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
estoit resté seul gouverneur de Tisle à cause que Richard de CaniviUe
esloit mort au siéjje d'Acre, dcfllt un pareul d'Isaac qui s'esloit fait
proclaniei' empereur, et le fit attacher ù un gibet. Durant les divisions
de ce royaume, la mort du marquis estant survenue, le roy Richard
fil espouser sa veuve à Henry, comte de Cliampagne, son neveu, au
droit de laipu-lle ce comte devint roy de Hiérusalein '; et, afin de dé-
dommager le roy Guy, qui avoit des prétentions, il luy donna lislc de
Cypre, dont il se réserva riiomniage. Un autre auteur'^ dit qu'il la
donna au comte et à Guy conjointement. De fait, nous apprenons des
Actes du pape Innocent 111 ^ que l'empereur de Constantinople s'adressa
à Sa Sainteté pour faire en sorte que le roy Henry lui restituast cette
isle, ([ue le ro;^ Richard avoit erdevée aux Grecs. Peut-estre que l'hom-
mage en fut cédé par l'Anglois à Henry. Roger de Hoveden* dit que
l'isle de Cypre ne fut donnée à Guy (jue pour en jouir sa vie durant.
Rigord^ écrit (pi'auparavant «pu' de la donner à Guy, il l'avoit vendue
aux chevaliers du Temple pour la somme de vingt-cinq mille marcs d'ar-
gent, et que, le traité ayant esté résolu et rompu, il la revendit à Guy.
Sanudo*^ dit (pi'après l'avoir prise il en laissa le gouvernement à ces
chevaliei's. Mais il est plus probable que Guy la posséda par la libé-
ralité de ce roy, qui luy fit (piitter, par cette donation, ses prétentions
sur le royaume de Hiérusalem en faveur du comte de Champagne, son
neveu.
[Nous voyous, par le récit (hi Continuateur de Guillaume de T)r^ ce qu'il
faut penser de la prétendue libéralité du roi Richard à l'égard de Gui de Lusi-
gnan. Du reste, relativement à l'occupation de l'île de Chypre par Richard et
à la manière dont ce prince la céda aux Templiers, puis à Gui de Lusignan,
nous n'avons pas cru devoir relever et noter ici toutes les variantes, souvent
contradictoires, qui résuhent des diverses copies manuscrites de la coiituuia-
Matliieu Paris, ann. ) 191. p. 1 1<>. — ' Roger de Hoveden, p. yiO.
Willelmus Neulirig. I. IV, c. xxix. — Ar- ' Wirrovd. mm. 11 gi. — Ligiwif es il'uutn-
iioldus Lulicc. I. m. c. xxxvii. mer, c. 11.
- Bropipton. p. laSo. ' Snnuliis.l. III, pari. 10. c. iv.
' Geslu hiuncciilii III. p. 4(). ' L. XX\ 1 , c. Xl, xii, p. 191. iÇ^-2.
LES ROIS DE CHYPRE. 58
tion de Guillaume de Tyr. On peut les voir réunies dans le tome II des Histu-
riens occidentaux des Croisades, pages i Bg-i 69 , 1 89-1 99 ; et dans les preuves
deYHtstoirede Chypre par M. de Mas-Latrie, t. Il, p. i-aS, et t. III, p. .^gi-
595-]
Guy de Luzignan, roy de Hiérusalem, ayant, esté fait seigneur de Tisle
de Cypre, partit aussytost de la terre sainte pour en aller prendre
possession, et emmena avec soy grand nombre de familles de ces pro-
vinces, qui vinrent s'habituer dans celte isle, ausquelles il distribua les
fiefs, pour estre régis et gouvernez suivant les usages et les statuts du
royaume de Hiérusalem, qud voulut y estre observez'. Il érigea les
grandes dignitez, et donna celle de connestable à son frère Amaury;
bastit la ville de Limissa et l'église cathédrale de Nicossie, dédiée à
sainte Sophie; et enfin, après avoir possédé Cypre environ trois ans,
il mourut âgé de soixante-cinq ans, l'an 1 19^, selon Sanudo-, et non
pas 1196, comme écrit Eslienne de Luzignan^ Guy ne prit, de son
vivant, autre litre que celuy de roy de Hiérusalem et seigneur de
Cypre ".
AiMERY DK LuziGNAN, counestable de Hiérusalem et de Cypre, succéda
à son frère en la seigneurie de Cypre [au défaut de Geolfroi, comte
de Joppé, son frère aine, ([ui, appelé à la souveraineté de Chypre par
les dernières volontés de Guy et par Tassentiment des seigneurs, refusa
obstinément de se rendre à leurs désirs'']. Désirant s'en faire couronner
roy, il envoya Renier de Gibeiet en ambassade vers l'empereur Fré-
' Etienne (le Lusignaii , f//s«oîVe c/e Q//«-e , ' Continualeur île (iuillniiine de Tyr,
i. I, p. 1-23. — Loredano, 1. I, p. 6. 7, et I. XXVI, c. xii, p. 19-2 et note b; c. sxi,
suiv. la traduct. française, 1. 1 . |>. 7 et suiv. p. -203 et -208 . -2 1 1 . — De Mas-Latrie , Hist.
— Continuât, de Guill.deTyr,!. XXVI, c. MI. ik Chiijire . t. II, p. 3 et note 9, p. i-i
p. 191, iga, et variant, p. 1S8-190. fil !î3 ; t, III, p. Sgo , 696 et note .j.
' Sanut.l.IU, part. 10, c. VIII. — Benoit de Péterboroug {Historiens de
' Et. de Lusi^. ///«f. f/eC(//)re,foi. ISO v°. France, t. XVII, p. T^'io b). — Cod. di-
" De Mas-Latrie, ///.sro(VcrfeC/i(//»v', t. II. phmia. t. I, p. 870: tableaux gént^alogi-
p. 1 1 et note 2 ; t. Hl, p. 663. ques.
b!t LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
délie 11 [ou plutôt Henri VI], pour en obtenir de luy le titre'. L'em-
pereur, qui avoil receu une niesme prière de la part de Léon, prince
d'Arménie, leur envoya Conrad, archevesrpie de Mayence, son chan-
celier, ({ui, au so;iir de Sicile, vint abordei' en l'isle de Cypre, assisté
du comte Âdolplie et d'autres grands seigneurs allemans, et y cou-
ronna solemnellement Ainiery en l'église du Dôme de Nicossie[i 196]-;
et de là il |iassa en Arménie, où il couronna le j'ov Léon. Incontinent
après, la mort de Henry, comte de Champagne, estant survenue, et le
roy Aimery estant veuf de sa femme Eschive, fdle de Baudouin dlhelin,
seigneur de Rame, les barons du royaume de Hiérusaleni dépeschèrent
vers luy pour le prier de vouloir espouser la reyne Isabelle, veuve du
comte, et de recevoir par mesme moyen le gouvernement du royaume^:
ce qu'il accepta en l'an 1 198, ayant espousé la reine et ayant ensuite
esté couronné roy de Hiérnsalem. L'auteur des Assises de ce royaume*
écril qu'Amaury. df pauvre varlel el geulilliomuie, s'éleva à la supresme
qualité de roy de deux royaumes par sa propre vertu, ayant passé
auparavant par toutes les dignitez du royaume de Hiérusalem, depuis
celle de chambellan jusques à celle de connestable, et ([u'il gouverna
ses Estats tant qu'il vécut avec beaucoup de prudence, observant les
assises et les usages^, dont il avoit une parfaite connoissance''. Il mourut
[d'indigestion, après avoir mangé des dorades''], l'an 1206, âgé de
soixante ans, ayant laissé de la revue Isabelle, qui lui survécut, deux
' Anioldus Luljec. I. V, c. 11. — lllii.
\Viltebi'. iib Oldiniljorg. p. lia.
' liOiodaiio, 1. 1 , p. 1 7 ; traduct. Irançaise,
I. i. p. 19. — Continuateur de Guill. deTyr.
1. XXVI, c. XXIV, p. aia; c. xxvii. p. ai 5.
■ Saiiut. 1. m, part, lo, c. viii, p. aoi.
— Roger de Hoveden, p. 778.
' Assises de Jérusalem , p. ^98, 696. —
Labbe, Abrège roijal; édit. Beugnol. I. 1.
e. ccLxxiii , p. 409 , i3o. — De Mas-Latrie.
Hisinire lie Clii/pre. t. 1 . p. a 3.
' Assises lie Jérus. t. I, p. oOg. .570 cl
note a.
' 11 y aurait encore d autres observations
intéressantes à faire sur le caractère et sur
les actes d'Aimeri de Lusignan, comme con-
nétable du royaume de Jérusalem , seigneur
puis roi de Cbypre, enlin roi de Jérusalem.
Mais pour les détails de la vie de ce prince,
comme de tous les autres Lusignan rois de
Chypre, ses successeurs, nous nous con-
tenterons de renvoyer en général à l'IIisloire
lie Clii/pre, par .\1. de Mas-Latrie.
' .Marin. Sanut. 1. lit. part. 11. c. m.
p. aoS. — Continuai, de Guill. de Tyr,
1. XXX . e. n. p. 3o5.
LES ROIS DE CHYPRE. T)»
filles dont, j'ay parlé ailleurs*. Quant à ceux qui naquirent du premier
lit, il y eut trois fils et trois filles^ Les fils furent Hus;ues, qui lui
succckla; Guy et Jean, (pii décédèrent jeunes. Le Ligiiaoe (VmUre-mo-
ne lait mention que dn premier. Les filles lurent Bourgoigne, qui
espousa Gauthier de Montbéliard\ qui eut de cette alliance une fille
nommée Escliive, mariée à Girard, neveu d'Eustorge, archevesque de
Nicossie; Helvis, conjointe avec Rupin d'Arménie, prince d'Antioche,
qui l'enleva à Eudes de Dampierre, qui l'avoitespousée en légitime ma-
riage* ; et x\gnès, décédée en jeunesse. Le moine des Vaux de Sernay ■'
fait mention d'une fille du duc de Cypre qui, ayant esté alliée à Ray-
mond VI, comte de Tolose, fut par luy répudiée; ce qui peut estre
rapporté à quelqu'une des filles d'Aimery.
[L'existence d'une iille d'Aiiiicri mariée au comte de Toulouse, Haiinond VI,
était un point resté obscur jusqu'ici. Dom \'nissète'^, se fondant sur le texte
du Continuateur de Guillaume de Tyr. donm'' ])ar Martène\ dit <|ue Rai-
mond VI épousa Bourgogne, tille du roi Aimeri. L'Art de rérijicr ks dates ^
suit l'opinion de dom Vaissète. Cependant le texte de Martène ne nonuue pas
ici Bourgogne, et dit seulement qu'une dame, iille du roi de Chypre (qu'il
ne nomme pas non plus), fut prise pour femme par le comte de Saint-Gdles
(Raimond VI), et que ce seigneur la répudia peu après pour épouser la sœur
du roi d'Aragon; f[ue cette dame épousa ensuite un chevalier parent du lomte
de Flandre Baudoin, qui passa en Chypre et recpiit du roi Aimeri le royaume
au nom de sa femme. Sa re(piéte fut repoussée avec mépris, et le roi lui en-
joignit avec menaces de (piiller l'île au plus vite. Or le texte de Martène ne
dit pas que ce fût à son beau-père que le chevalier flamand adressât cette
n'ilamalion. Elle eût été, en ce cas, le comble de l'absurdité, puisque Aimeri
tenait le royaume de Chypre de son chef, couune héritier de son frère Gui,
' Xoiv Les Rois (le Jénisniem. ^ Monachus [Petnis| Vnilium Sarnaii,
' Loredario, 1. I, [i. \i^'^\ tiaduction c. iv. (Hist. de Fi\ t. XIX. p. 9, c. note.)
française, I. I, p. ao. — Marin. Sanut. ^ Histoire du Languedoc, t. Ili, p. 85.
1. m. [)ai'[. 1 1. c. IV. p. aoi). — Continuât. 86, ioq, io3, 548, SAg, note x.
do Gnili. de Tyr, I. XXX, c. xv, p. 3o8. ' Ampliss. Coll. t. V. col. 609 a, b, c.
Conliniial. etc. 1. XXVI, c. xxi, p. -loS. ' Les Rois de Clii/pre : — Les Comtes de
' Innocentius III , 1. iV, epist. io5. Toulouse.
5f, LES FAMILLES DOIITRE-MER.
ot (|iio sa fille, en supposant même (pi'elle eût été son héritière unique, n'avait
rien à v prétendre qu'après sa mort. Pierre fies Vau\-cle-Gernay ' dit que Rai-
mond VI avait épousé successivement Béatrice, sœur du vicomte de Béziers:
une tille du duc de Chypre, ipi'il ne nomme pas; Jeanne, soeur du roi d'An-
idelerre: Éléonorc. sœur du roi d'Aragon. Les éditeurs du XLV volume des
llislorie)i.i (le France ont pensé aussi, d'après Vaissète, qu'il .s'agissait ici
d'une fille du roi Aimeri; et nous voyons que Du Gange avait avancé la même
opinion.
Cependant Sanudo- avait «lit (pie la fille de l'empereur de Chypre, pri.se
autrefois par Richard, se maria à un chevalier de Flandre, (pii réclama en
son nom le royaume de Chypre; et Du Cange lui-même a rappelé ce fait dans
ses Familles byzantines'.
Or nous savons que la dame mariée à Raimond \ I de Toulouse était la
même que celle qui épousa depuis un chevalier flamand, et que cette princesse
était fille d'Isaac, ancien roi, duc ou empereur de Chypre. Mais la Continuation
puhliée par Martène était inconnue à Du Cange, qui paraît n'avoir que peu
consulté les copies manuscrites des diverses continuations de Guillaume de Tyr.
Enfin le texte de la Continuation, qui forme le IP volume des Histoneiix
onklentaux des Croisades lève toutes les difficultés*, en établissant nettement
que ce chevalier flamand, nommé Baudoin, parent du comte Baudoin, empe-
reur de Constantinople, renconira à Marseille une dame, fille de l'empereur
de Chypre, autrefois emmenée caj)tive par le roi Richard. Devenue libre après
la mort du roi d'Angleterre, elle s'était rendue à Marseille; là le comte de
Saint-Gilles (Raimond VI. comte de Toulou.se) l'avait épousée, puis répudiée
(pielque temps ajjrès. De retour à Marseille, elle épousa en secondes noces le
chevalier flamand ipii réclama en son nom le royaume de Chypre, etc.
Ainsi tout s'explique : il n'y a plus ni obscurité, ni contradiction, ni invrai-
semblance, dans les divers mariages d'une fille d'un roi de Chypre, ni dans les
revendications poursuivies en son nom. Quanta Bourgogne, fille du roi Aimeri.
il paraît certain cpi'elle n'épousa jamais le comte Raimond VI. et qu'elle n'eut
d'autre mari (jue Gautier de Montbéliard ^J
' Hisi. Albigctts. c. IV. [Uisloriens ilf * Continuât, (le Giiill. de Tyr. I. XXVIII .
France, t. XIX, p. 9 et notée.) c. \. p. a5G, -iSy.
- Livre 111. part. 11. c. i. p. -lo-i. ' Lalibe. Lignages d'mlve-mer, p. 358.
■ FnmiL ÀKgiist. Uijumt. p. l8i. i-2."). — Cudic. diplom. t. I. p. 072 : ^otkei
LES ROIS DE CHYPRE. 57
Hugues, fils d'Aimery, estoit fort jeune lorsque son père mourut'.
C'est pourquoy les estais avisèrent de luy donner pour tuteur et régent
du royaume, Gautier de Montbéliard, son beau-frère, qui le gou-
verna en cette qualité avec peu de conduite 2, ayant fait plusieurs et
indues exactions sur les peuples, qui luy attirèrent non-seulement leui'
haine, mais encore l'aversion de Hugues, qui, estant devenu majeur,
le cita devant la cour des pairs \ arresta tous ses biens, et l'obligea de
se retirer à Acre*; dont Gautier se plaignit au pape Innocent 111, qui
'donna commission, en l'an 1211, au patriarche de Hiérusalem, pour
apaiser ce différente L'année suivante, il eut quelques démeslez avec
Jean de Brienne , roy de Hiérusalem , comme on apprend des épistres
du niesme pape®.
Hugues se trouva avec le roy de Hongrie, le duc d'Autriche et autres
princes chrestiens, en la ville d'Acre l'an 1217, lorsqu'ils se prépa-
rèrent pour le siège de Damiette^ Mais le roy de Hongrie abandonna
laschement cette entreprise et attira à son party le roy Hugues avec le-
quel il se retira en la ville de Tripoly, où le roy de Cypre mourut
quelque temps après [peu de jours après le maiiage de sa sœur Mé-
lissende avec Boémond IV le Borgne, prince d'Antioche], l'an 1218',
ayant à peine atteint l'âge de trente ans. Son corps fut inhumé en
l'église de Tripoli, et depuis fut porté en Cypre en l'église de Saint-
Jean de l'Hospital de Nicossie.
généalogiques. — Du Gange, Obset-i'ations même, se réfugia à Acre, au lieu de rendre
sur Villehardoin , p. aSa. ses comptes.
' Samit. 1. III, part. 1 1, c. ni, p. aoo.— ' Innocentius III, 1. XIV, epist. loi.
Continuât, de Guill. de Tyr, 1. XXVI, c. xxi. " Innocentius III, 1. XV, epist. 206.
p. ao8;l. XXX, c. xu, p. 3o5. — Assises ' Sanulus, 1. III, c. vi. — Continuai.
de Jérusalem, t. H. p. iaS. I. XXXI, c. x, p. 3aa, 3a3.
' Loredano, 1. l, p. aS; Irad. fr. t. I. ' Sanut. 1. III, c. vu, p. ao8. — Gode-
p. 98. — Sanut. L III, part. 1 1, c. v,p.aoC. fridus Mon. ann. laiy, p. a86. — Jordan.
■' Assises de Jériis. t. I , p. /igfi , note 1 . apud Raynald. t. XX , p. 436 ; 1 a 1 8 , n° 1 8.
'' Selon le Continuateur de Guillaume de — Continuât. 1. XWI, c. xni, p. 3a 5;
Tyr(l. XXXI, c. v, p. 3i5, 3i6) et Lorédan i. XXXII, c. xxi, p. 36o. — Loredano, 1. 1,
(1. I, p. a8; traduction française, t. I, p. 33, 34; traduction française, t. I,
p. 3o-3a), c'est Gautier qui, de lui- p. 38. ig.
8
58 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
Ilavoil, espoiisi",(lès l'an 1208, Alix, fille de Henry, comte de Cham-
pagne et d'Isabelle, reyne de Hiérusalem [comme il avait été convenu
dès Tannée 1196 entre le comte Henri de Champagne et Aimeri,
alors connétable du royaume de Jérusalem; et] suivant les conventions
qui en avoient esté dressées l'année pi-écédente [1207] entre Jean
d'Ibelin, bade ou régent du royaume de Hiérusalem, son frère Philippe
d'Ibelin et Guillaume de Dampierre d'une part, et Garnier de Legny
chevalier de la part de la comtesse de Champagne, en présence de
C[larembaud],archevesquede Tyr'. Ce Gudlaume de Dampierre avoit
eu dessein de l'espouser dès l'an i2o5-; mais il en fut empesclié par
le pape Innocent IH^, à cause de la parenté qui estoil entre eux,
comme l'on apprend d'une bulle de ce pape, adressée à cet effet à lar-
chevesque de Sens et à l'évesque de Cliaalons. Il se maria depuis avec
Marguerite, qui fut comtesse de Flandres.
[Celte bulle, (|ui serait en effet de l'an i2o5, iS août, c'est-à-dire de la
8' année du pontificat d'Innocent 111 , si elle était de ce pape , est d'Honorius III ,
la S' année de son pontificat, c'est-à-dire laaS, même date du mois. En
effet la princesse Alix y est traitée de reine de Chypre : >or elle n'épousa le roi
de Chypre, Hugues I", qu'en 1208; donc cette bulle ne peut être que d'une
date postérieure à son veuvage , qui eut lieu en 1918. D'ailleurs , en 1 2 0 5 , Alix
avait à peine onze ou douze ans, étant née au plus tôt en 1 198, peut-être en
119/1, puisque Henri de Champagne, son père, n'épousa ht reine Isabelle
qu'en 1 1 «ja, et qu'Alix ne l'ut pas l'aînée de ses filles, s'd faut en croire L'ir?
de vérifier les dates ^, qui nomme une princesse Marie, morte enfant, comme
étant née avant elle. Baluze et les éditeurs du tome XIX des Historiens de
France ont publié cette lettre comme étant d'Honorius. Le Cartulaire même
' Sanut. 1. III, c. IV, p. 2o5. — Cartii- do Guill. de Tyr, I. XXVI. c. xxi, p. 209:
iaire de Champagne de M. de Thou. I. XXX, c. x\. p. 809.
n° 80. (Ribliotlièque impériale, fonds latin. " Carlul.deChampagnedelaBibl.duRoy,
ms. 5999, fol. 61 v°.) — Paclum Matrimo- fol. oo. (Bil)i. iuip. anc. lus. lat. 5998 .i. 1
nii, etc. (Martène Thesmir. Anecdoct. t. 1 . Epist. Innocentii 111; Baluze, apjiend.
col. 806, 807.) — Innocentius 111 papa. t. 11, p. 852. — Histor.de France, t. XIX ,
Epist. — De Baluze, t. Il — De Mas-Lalrie . p. 735.
Hist. de Chypre, t. H, p. 34. — Continuât. '' Comtes de Champagi
ne.
LES ROIS DE CHYPRE. 59
de Champagne, cite par Du Gange, la donne sous le nom d'Honorius. D'après
ce document, le mariage d'Alix avec Boémond V ne serait pas antérieur à
l'année laaS; et par conséquent Guillaume de Dampierre n'aurait épousé
Marguerite de Flandre cpi'en cette même année au plus tôt, quoicpie les Dates '
mettent cette alliance en i a i 8.]
Le roi Hugues laissa de cette alliance Henry, qui lui succéda, et
deux filles, dont Tune, nommée Marie, espousa Gautier IV, comte de
Brienne; l'autre, appelée Isabelle, fut donnée en mariage à Henry,
fils puisné de Boémond IV, prince d'Antioche, cjui en eut Hugues lîl,
roy de Cypre, et Marguerite, femme de Jean de MonUbrt, seigneur de
Tyr-. La reyne Alix, après le décez de son mary, reprit une seconde
alliance avec Boémond V, prince d'Antioche, l'an i 222^; et, ce mariage
ayant esté dissous l'an laSS'*, elle se remaria, deux ans après, avec
Baoul, seigneur de Cœuvre, frère du comte de Soissons, comme j'ay
remarqué ailleurs^.
Henry, surnommé le Gros, fils du roy Hugues et de la reyne Alix,
navoit que neuf mois lorsque son père décéda •". D'abord il y eut quel-
ques bruits et quelques difficultez sur le gouvernement, tant que le
jeune prince eust atteint son âge. Ce qui obligea le pape Honorius III ',
non-seulement de prendre le soin de ce royaume en le mettant sous la
protection du Saint-Siège, mais encore donnant ordre à Pelage, évesque
d'AIbe, légat apostolique, et au grand maistre des Templiers, de veiller
à sa conservation. D'antre part la reyne Alix, mère du roy, donna la
' Comtes de Flandre. " Assises de Jérusalem, p. 543; Labbc.
■ Continuai, de Guill. de Tyr, 1. XXXH. édil. Beiignot, t. II. p. hw. — Sanul.
c. XXI. p. 3Co. — Etienne de Lusignan. 1. 111. part. 11, c. vu, p. 308. — Jordan.
Généalogie des roijs de Ci/pre. foi. 10 v° et 16. apud Raynald. 1218, n°iS, t. XX, p. iSôb.
— Labbe, Lign. d'outre-mer. p. 869. iaS. — Contin. de Guillaume de Tyr, I. XXXII,
Continuât, etc. 1. XXXII, c. XXI, p. 36i; c. xxi.p. 36o. — De Mas-Latrie , f/wto/re rfc
I. XXXIII, c. xni, p. 38o. CJnjiyre, t. II, p. 33 , note a.
^ Conlinuat.etc.I.XXXIII,c.xLi,p. /108; ' Honorius III. £)«'«/. I. li. 1267, 1270.
c. L, p. iao. — De Mas-Latrie, Histoire de Cluiprc . t. Il,
^ Voir Le* Rois de Jérusalem. p. /17; t. III, p. 610, 611.
60 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
conduite de toutes les ailaires du royaume à ses deux oncles Jean et
Philippe d'll)elin, qui firent couroiuier le jeune Henry par Eustorge.
archevesque de Nicossie, n'estant encore âgé que de sept ans, du con-
sentement de sa mèi'e et de la haute cour'. PhHippe d'Ibelin, baile
de Cypre, estant décédé l'an 1228 2, le gouvernement demeura au
seigneur de Barut, son frère, contre lequel la reyne eut quehjues
différents, et mesme ayant esté obligé de se retirer en la ville de Tri-
poli, elle voulut déposséder le seigneur de Barut et luy substituer Ga-
merin Barlas; mais il ne put estre receu par la haute cour en cette
qualité.
[D'après le Continuateur de Guillaume de Tyr ^ c'est peu après son
mariage avec Boémond V (laû-!) que la reine Alix voulut déposséder, non le
seigneur de Baruth. mais Philippe d'Iheiin. son h-ère, de la régence du royaume
de Giiypre, pour lui subslituer Camerin ou Aimeri Barlais. Mais Philippe ré-
sista, p( tous les seigneurs s'accordèrent pour le maintenir dans ses fonctions,
hors un seul, Baudouin de Belesme, qui déclara ne reconnaître d'autre baile
du royaume que la reine mère. A ces mots, tous les partisans des Ibelin lui
coururent sus et le laissèrent pour mort. Le récit de Lorédan ^ est un peu dif-
férent, et suppose que Philippe d'Ibelin avait quitté la régence, mais qu'il ne
vonhit point souffrir Camerin Barlais pour successeur.]
Ensuite quelques barons de Cyj)re, qui favorisoient la l'eyne, appe-
lèrent l'empereur Frédéric, «pii passoit en la terre sainte pour recueillir
la couionne du royaume de Hiérusalem. (jui luy estoit échue du chef
de sa femme ^ Frédéric estant entré en Cypre, le seigneur de Barut le
vint trouver avec le jeune roy^ L'empeieur les traita d'abord humai-
nement, puis, faisant éclater son dessein, fit arrester l'un et l'autre. Il
forma ensuite diverses contestations contre le seigneur de Barut, luy
' Loredaiio, 1.1. p. 3i; traduction li-aii- Mann. Sanut. 1. 111. c. \i, p. an.
çaise, t. I. p. 39. -213. — Mathieu, Paris, ann. i-i-îi). — Joi-
" Sanut. I. III, c. .\i, p. -211. dan. n|i. Raynaid. i-Jag. 11° 3i, t. XXI,
' Continuât, de Guill. de Tyr. I. .XXXIl. p. ;).
c. x.\i.p. 3()0-363. ' ' Continuât, etc. I. XXXIII. '■. i-m.
" Lored. I. 1. p. 63; Irad. f'r. t. 1. p. /19. p. 3(16-3r)().
LES ROIS DE CHYPRE. 61
rlispulaiit la seigneurie de Barut et la (jualité de baile de Cypre. Mais
par l'entremise de quelques grands il l'ut convenu que, pour le premier
point, il serait décidé par les barons du royaume de Hiérusalem, et.
pour le second par ceux de Cypre. Cependant Frédéric, avant de passer
en la terre sainte, donna le gouvernement de Cypre à cinq seigneurs,
sçavoir : à Camerin Barlas. Almeric de Bessan, Caain Le Boux, Guil-
laume de Bivet et Hugues de Gibelet, tant que le roy fust majeur'. \
laissant des trouppes alemandes poui- garder les places.
[Le Continuateur de Guillaume de Tyr '^ présente ces derniers faits fout au-
trement. C'est au moment de partir d'Acre pour l'Italie (1229), et non avant
de passer dans la terre sainte, que l'empereur Frédéric céda à ces cinq sei-
gneurs le gouvernement ou la bailie de Chypre, qu'il avait droit de tenir pondant
trois ans, juscpi'à la majorité du roi. Il le leur vendit pour dix mille man.s
d'argent, qu'ils devaient remettre à Balian de Sajette et à Garnier l'Alemant.
ses baillis au royaume de Jérusalem.]
Les allaires demeurèrent en cet estât jusques en l'an laSa, que le
seigneur de Barut, avec des troupes, entra dans l'isle de Cypre 3. se
joignit avec le roy, qui estoit en la garde des cinq barons, et se rendit
maistre de l'isle. L'empereur ayant envoyé contre luy Hicliard, mares-
chal de l'empire, il le deffit entièrement. Il y eut divers sièges de places,
où plusieurs grands seigneurs perdirent la vie.
[Ce récit est confus et obscur: voici l'ordre des faits tel qu'il résulte du Con-
tinuateur de Guillaume de ïyr * :
Richard Filangieri, maréchal de l'empereur Frédéric II, envoyé par ce
prince en Chypre et en Svrio pour y soutenir ses prétentions à la bailie de
Chypre contre le sire de Baruth, Jean d'Ibelin, enleva à ce seigneur sa terre,
et assiégea son château de Baruth (laSi). Jean d'Ibelin détermina le roi
Henri'', et une partie des seigneurs cypriotes, à se joindre à lui contre Ri-
chard. Taudis (pi'il étail à Acre, occupé à souhner le peuple coiilrc l'autorité
' Furuie sciuvi.'iit employé par I auleui- Gotlel'ritlus iiiuii. aiin. i-2oi.
pour ; jusqu'à ce fjtie le roifùl mrijeur. * ('.(iiilinuat. deGuill. dfi Tyr. I. XXXllI .
■ Continuateui' de (juillauiiie de Tyr. e. xxi\-\\vi, j). oSy-Siji.
1. XXXIII, c. IX, p. 375. 'Continuât. etc.l.XXXlIl.c.xxvHi. p. ;'>94.
a'2 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
(|p Ricliard cl de l'empereur \ Richard surprit son armée à Casal-Imhert et la
mil en déroute (i aSa , 3 mai) 2, puis envahit l'île de Chypre, qu'il soumit tout
entière, excepté les châteaux de Dieu-d'Amour et de Buiïavent (laSa)^ Ce-
|),.n.lan( U- sire de Barutli ranima les Cypriotes et le roi lui-même, découragés
par ces revers, en leur prêtant de rar;;ent. produit de la vente de deux
ca^au\ par ses deux neveux, Jean de Césarée et Jean d'ibelin*, et en levant
.le nouvelles troupes, avec les.pielles il rentra en Chypre, reprit avec le roi
la plupart des villes; battit Richard à Agridi, le iD juin 1 aSa; reprit Cérines
après un an de siège (i 2 33), et força les Impériaux de quitter l'île et de se
retirer pour la plupart en Arménie ^.]
Henry devint ensuite seigneur du royaume de Hiérnsalem^ qui luy
échut par le décez de sa nièi'e arrivé en l'an 12/16.
[Par un acte de 1 2/17. il céda à son neveu, Jean de Brienne, fds de sa sœur
Marie et de Gautier de Brienne , tous ses droits sur les comtés de Brie et de
Champagne''.]
Deux ans après [la nior! de sa mère], le roy saint Louys estant des-
cendu en Tisle de Cypre pour passer en la terre sainte, non-seulement
Hem'y le recueillit et luy rendit tous les honneurs possibles, mais encore
pi'il la croix avec la plupart des barons et des prélats de Cypre, à des-
sein de l'accompagner en son entreprise d'Afrique»: ce qn'il fit, s'estant
trouvé avec luy au siège de Damiette. Il vint encore au secours du même
roy en l'an i'j5!i'' lorsqu'il entreprit avec le sultan de Babylone d'aller
attaquer le sultan d'Hala])(>'«. Il mourut la mesnie année, ou selon le
cavalier Loredan, le 8"= jour de juin de l'année suivante. [Loredan"
' Continuai, de Guill. de Tyr, I. XXXIII , ' Labbe , Alliance clironolog. t. II , p. 65G.
c. XXIX, xxxni, 11. 3q.S. ' Guillaume de Nangis, In sanctum Ludo-
^ M. ibid. c. XXX, XXXI, p. Sgô-SgS. vicum, p. 867, 368, 356; édit. Diichesne.
' U. thid. c. xxxni, p. 399. — Vincentius Bellov. 1. XXXII, c. xcvni.
* M. ibid. c. X.XX11, p. 398, 399.— Cod. " Mathieu Paris, ann. laSa, p. 564.
diplom. t. I , n° 1 4 , p. 39-3. '" Sanut. 1. 111 , part. 1 a , c. iv. — Conli-
' Contimiat.etc.l. XXXIII, c.xxxiv-xxxvi, nuat. de Guill. de Tyr, 1. XXXIV, c. 11,
1). hno-lio-i. — Loredano , 1. II, 10-2-1 08 ; [,. 4/41.
traduction française, t. I, p. 119-1-37. " Loredano. I. II, p. i3-3; traduction
" Sanut. 1. 111. part. 1-2, c. i. française, t. I, p. i5i.
LES UOIS DE CHYPRE. fWi
dit le 8 janvier.] L'empereur Frédéric avoit eu dessein, lorsquii esloU
niaislre de Cypre, de luy faire espouser la fille de Guillaume Longue-
Espée, comte de Sarisbéry, bastard de Henri II, roy d'Angleterre. Mais,
outre que le roy avoit de l'aversion pour ce mariage ', elle vint à décéder
presque au mesme temps en la ville de Cérines. Incontinent après . sça-
voir en l'an ia38 [ou i'^37]'^ il espousa Esthiennette ou Stépllani(^
sœur d'Aitlion 1", roy d'Arménie. Elle semble estre nommée Emeliiic
dans Guillaume de Nangis^. Cette reyne estant décédée, il s'allia en se-
condes noces avec Plaisance, fdle de Boémond V, prince d'Antioclie*.
Ce second mariage se fit en l'an i95o, au mois de septembre, duquel
il laissa un seul fils, qui luy succédai Plaisance se remaria depuis au
seigneur d'Arsur.
Hugues, IP du nom, fils du roy Henry, reçut la couronne de Cypie,
si nous en croions Loredan'^; ce qu'il y a lieu de révo(pier eu doute.
vu que Sanudo '' écrit en termes exprès qu'il mourut avec la qualité
d'héritier de ce royaume'. La reyne Plaisance, sa mère, gouverna
l'Estat durant la minorité de son fils, avec le titre de régente et de
baile. Elle prit en cette qualité le party des Vénitiens et des Pisans, eu
la querelle qu'ils eurent, en l'an i-^Sy, contre les Génois, en la terre
sainte, et amena, à cet elfet, son fils à Acre. Ce qu'elle lit à la per-
suasion du prince d'Antioche, son frère, du comte de Japlie et du
maistic du Temple'. Cette reyne estant décédée l'an 1-361 . Hugues de
' Loredano, I. II, p. 1 i3; tniJuction ' Sniiul. I. III, part. 1 •■. , c. lu. — Coii-
française, t. I, p. iSa. tinuat. de Guiil. de Tyr, I. XXXIV. c. 1.
'• Sanut. I. III, part. 11, c. \i\. — Spi- p. h'dy.
«feg-. t. VII, p. 217. ' Loredano. i. H. (>. 100; Iraduelioi]
' GmWAhT^^angisJnsanctimLudovicum, française, t. I, p. i5i.
p. 348. ' Sanuto. I. Kl, part, i-! , c. \ . vi.
" Vincentius Bellovac. 1. XXXIl, c. xcii. ' Etienne de Lusignan . Géimil. des ivi/x
— Continuateur de Guillaume de Tyr. de Cypre , îq\. 17.
I. \XXni, c. \Li. p. A08. — De Mas- " Sanut. 1. III. c. vi, vu, vni. - Cond-
Latrie. Histoire de Chypre, t. II. p. 61. nuat. 1. XXXIV. c. m. p. 'l'i:!.- - Um. de
note 1. Jerus. l. II, p. /loi, ios.
U LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
Lusi;;iiaii, fils de Henry d'Antioche et d'Isabelle, fille de Hugues I", roi
de Cypre, fui fait baile et régent du royaume de Cypre ' [malgré les
|)r(Hen(ious de sa mère Isabelle et de son cousin Hugues de Brienne-];
et. en cette qualité, il conduisit, en l'an i 265, une belle armée navale à
Acre, contre Rendocbar, ayant en sa compagnie cent trente chevaliers,
sans les autres gens de clieval; auquel temps la chevalerie de la milice
de Cy])re estoit en grande réputation. Il conduisit encore des troupes,
("Il !"an 1 266, vers Tabarie, où, ayant esté rencontré des Turcs, il reçut
(pielque échec et fut delîiiit par eux. L'année suivante, le jeune roy
Hugues décéda au mois de novembre, âgé de quatorze ans, et eut pour
successeur le mesme Hugues, régent du royaume, son cousin^. Il fut
inhumé en l'église des dominicains de Nicossie, où estoit la sépulture
(h's Ibelin, que le monastère reconnoist pour fondateurs*. Il fut ac-
cordé en mariage à Isabelle, fille aisnée de Jean dlbelin^, seigneur de
Barut, et d'Alix d'Atliènes; d'autres écrivent qu'il l'espousa; mais ce
mariage ne fut pas consommé à cause du bas âge du prince.
Hugues, 111'= du nom, fut couronné roy de Cypre^ par Guillaume,
patriarche de Hiérusalem, et prit le nom de Lusignan, à cause de sa
mère, que ses successeurs conservèrent depuis. Il fut aussy couronné
roy de Hiérusalem, ayant succédé aux droits de ce royaume à Hu-
gues II, comme j'ay remarqué ailleurs". Ce titre néantmoins luy fut
contesté par Marie, fille de Boémond IV, prince d'Antioche, laquelle
' Sanut. I. III. c. VI. p. Qai. — Conli- ' Etienne de Lusignan, Généalogie des
nuat. I. XXXIV, c. iv. p. 4i6. — Assis, de j-oys de Cypre, fol. 27, v°.
■Unis. l. II, p. iao. ' Lignages d' outre-mer ; Labbe, p. 3Go.
" Mais la baitie du royaume de Jérusa- Sys, h-2% et 43o.
leni fut adjugée à Isabelle, et Hugues ne " Sanut. 1. III. parL la, c. viii, p. aaS.
l'eut cpi'apiès la mort de sa mère. {Assis. — Continuât, de (juill. de Tyr, 1. XXXIV.
de .lénis. t. II, p. ioa.) e. \. p. 'liVj. — Assis, de JénisaJem. t. Il,
^ Loredano, I. III, p. i5i, i55; Ira- c. xii. p. 5i5.
duction française, t. I, p. 17a, 178. — " \ on- Les lîois de Jérusalem, p. à-i. —
Continuai. deGuill. de Tyr. 1. XXXIV, c. x, Assis, de Jvrus. t. 11, c. xui. xvii. p. -'ii5.
p. 65C. — \ssis. de Jérus. t. II. p. 4i5. /ik).
LES ROIS DE CHYPRE. G5
céda ses droits à Charles ^■^ roy de Sicile, ce qui donna occasion à
une grande guerre entre les deux roys, dans la terre sainte. Durant
lequel temps il fit diverses expéditions contre les infidèles'; et entin,
après avoir acquis beaucoup de réputation durant le cours de sa vie.
à cause de sa valeur, (jui lui fit donner le surnom de Grand, il mou-
rut en la ville de Tyr, le 26^ jour de mars. Tan 1286. Son corps
fut apporté en Cypre, et fut inliumé en une abbaye de Tordre de
Prémontré, qu'il avoit construite et fondée près de Cérines. Il avoit
espousé Isabelle d'Ibelin, fille de Guy d'Ibelin, connestable de Cypre,
et de Piiilippe de Barlais-, de laquelle il eut six fils et quatre filles,
sçavoir : Jean^ qui luy succéda au royaume de Cypre; Boémond.
prince de Galilée, dont la mort, arrivée en l'an 1288, causa celle de
son père\ par le desplaisir qu'il en conçut; Henry, l'oy de Cypre:
Amaury ou Amalric, seigneui' de Tyr; Guy, connestable du royaume
de Cypre, et Aimery, que Loredan ^ nomme Camerin, (jui succéda
en la dignité de connestable de Cypre, après le décez de Guy, son
frère, avenu en l'an i3o3 [et qui. lui-même, mourut en prison, l'an
1 3 1 1 ^J. Les filles furent Marie, qui espousa, en Tan 1 3 1 5, Jac([ues 11 ,
roy d'Aragon % après la mort du(juel elle retourna en Chipre'^;
Marguerite, femme de Toros, roy d'Arménie; Alix, mariée à Ba-
liaii d'Ibelin, prince de Galilée, et Helvis, laquelle mourut sans al-
liance, au mesme joui' cpie son frère Boémond, si nous en croions
Loredan'^ »
Siiiinl, 1. m, part. i-î. c. Il, xiv, xix. ' Raraon Montaner, e, a«o. — Biicbon,
' Lignages d'onlre-mer, Lahbe, p. 36o, l. II, p. 876, ^77. — Sniita, arin. i3iA.
/,.io. — Sanut. I. III, c. xix, p. 39(). i3i5. — Hier.Blanca. — Loretlano. p. 16G.
' Etienne de Lusignan. Chronograjjîa, etc. — Constanzo, I. IX, part. 1.
tableaux généalog. lin du volume. — Lign. ' Nous conservons ici cette forme , qui .
d'outre-mer, c.ii. Labbe, p.3Co, 36i, 4-26. dans une correction de troisième main, pa-
* Sanut. 1. III, c. XIX, p. 3-29. raît avoir échappé à Du Gange. Mais partout
' Loredano. 1. IV, p. ao5, qoG ; traduc- ailleurs il emploie la forme Cijpre , quand il
lion française . t. I.p. 927. — De Mas-Latrie. parle en son nom.
///s(o//c (/e C/i///>re, t. II. p. 1 3 (j et note 7. '' Loiedano. I. 111, p. 1G7; traduction
° Loredano. I. V, p. o8u: traduction française, t. I.p. i85. 1 86 ; I. VI, p. 3o5;
française, I. 1. |i. 809. traduction française, [i. 337.
9
(i6 LES FAMILLES D'OUTRE-MEU.
[Selon Etienne de Lusignan', Chelvis épousa le roi d'Arménie Théodore,
c'est-à-dire Thoros 111 ; mais cette alliance aurait eu lieu après le retour du
roi Henri II dans son royaume (i3io), et Thoros III mourut en 1299.
Peut-être l'aut-il ajouter aux princesses filles de Hugues III une cinquième
(ille appelée Lucie'-, inconnue d'ailleurs, mais nommée dans un acte du roi
Hugues IV (1 33o, 3 1 janvier), où ce princ(! déclare avoir acheté ime maison à
la princesse Lucie, sa tante.]
La reyne Isabelle décéda Tan i?}:i-j. [Hugues III avait une sœur
nommée Marguerite, qui épousa Jean de Montlort, seigneur de Tyv
et du Torons]
Jean, ayant succédé à son père en ses Estats, fut couronné soiein-
neilement roy de Gypre en la ville de Nicossie, le 1 1' jour de may.
l'an 1284*. n mourut l'année suivante, le 20 de may, sans avoir pris
alliance, et l'ut inhumé en l'église de Saint-Dimitri de Nicossie. Quel-
ques auteurs^ ont écrit qu'il fut empoisonné par ses frères.
Henri, 11*= du nom, parvint à la couronne de Cypre après le décez
de son frère. Les comraencemens de son règne furent peu heureux,
toute la terre sainte estant retournée en la puissance des infidèles,
nonobstant tous ses efforts et l'alliance (|u'il fit, à cet effet, avec les
Tartares.
[Un moment, en l'année i3oo, si l'on en croit Lorédan '', par suite dune
grande victoire de Gasan, roi des Tartares (Casan-Khan, empereur des
Mongols), sur Malek en-Naser (Naser-Mohammed), sultan d'Egypte, toutes les
villes de Syrie rentrèrent sous l'ohéissance des chrétiens, et les chevaliers du
Temple et de l'Hôpital revinrent à Jérusalem, où se rendit aussi, en qualité
de gouverneur et accompagné de 3oo cavaliers, Amaury, frère du roi, prmce
' Histoire de Chypre, fol. liS. ' Sanut. I. III, c. .\ix.
- De Mas-Latrie, Histoire de Chypre, ' Loredano, I. 111, |). 178; traduction
t. II, p. i63. française, t. I, p. 198.
' De Mas -Latrie, Histoire de Chypre, ' Loredano, 1. IV, p. 202 , aoS ; traduc-
t. II. p. 73 noie 3. lion française, t. 1. p. aa-'i, 226.
LES ROIS DE CHYPRE. 67
(le Tyr et connétable du royaume de Jérusalem'. Mais bientôt le départ de
Casan, obligé d'aller comprimer des soulèvements dans son royaume, et sa
mort, qui suivit de près, firent retomber la Syrie sous la domination tlu sul-
tan d Egypte. Sanuto-, rappelant le même l'ait, ne parle pas de Jérusalem, et
dit seulement cpie le prince Amauri se rendit, avec 200 cavaliers, à Tortose,
où arrivèrent, le même jour, les grands maîtres des Hospitaliers et des Tem-
pliers. ]
La piiispart des clirestiens de ces provinces s'Iiabituèrent en Cypre.
11 donna la ville de Limisso aux chevaliers du Temple et de THospi-
tal, qui la fortifièrent^. Il n'eut pas plus de bonlieur dans la suite; car
[à l'occasion des ravages des Génois, à Piscopia, sur les terres de Gui
d'Ibelin*, qui servirent de prétexte à ses ennemis pour le décrier
comme incapable] les barons de Cypre se soulevèrent contre luy, en
l'an i3o6^; et, ayant formé leur conspiration, le 26" jour d'avril, en
la maison de Hugues de Presteron, ils donnèrent le gouvernement de
l'Estat et la conduite de toutes les affaires à Amalric, prince de Tyr
[frère du roi], qui [en vertu de deux accords faits avec le roi, i3o6,
mai, 1807, juin'''] se saisit aussitost des trésors et des finances, fit faire
les bans et les cris publics en son nom, et obligea les peuples de luy
faire hommage. Henry, auquel ils avoient résolu de laisser, et à la
reyne, quelques revenus, seulement pour subsister, tasclia de rallier
ses amis, ce qui ébranla d'abord le prince, qui fut es termes de re-
mettre sa qualité de baile et de régent; ce qu'il auroit fait, si les con-
jurez ne l'eussent menacé de la conférer à un autre, au cas ([u'il s'en
démist. Cependant le roy tascha de se deffendre dans la ville de Nicossie,
dans le palais du séneschal son oncle, ayant pris les armes; mais,
comme il fut abandonné, en cette occasion, de la pluspart de ses
' Et. deLusignan, Hist. de Cypre, fol. 1 Zio. note 6. — Loredano , I. IV, p. 206 ; traduc-
'- Marin. Sanut. 1. III, part. i3, c. x, tion fiançaise, t. I, p. a-iS, ann. i3o4.
P- a^<. a^'2- ' Marin. SaniU. 1. 111, part. i3, c. n,
' Loredano, I. IV, p. 200; traduction p. 262.
française, t. I, p. 22 1. » De Mas -Latrie, Histoire de Chypre,
* Beugnot, Assis, de Jérus. t. 1, p. 363. t. II, p. 101, 102, 110, 111.
08 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
I»arnns. il tomba en la puissance de son frère, qui, après l'avoir tenu
resserré (piclcpio temps, l'envoya en Arménie, ])oiir y cstre gardé, le
premier jour de février, l'an i3og; et envoya en exil les principaux
seigneurs (pii lenoient le party du roy. Oyssin, pour lors roy d'Ar-
ménie, dont Amalric avoit espousé la sœur nommée Isabelle, le fit
resserrer dans le cbasteau de Land)ron. Le roy Henry, incontinent après
avoir esté airesté, s'estoil plaint au ])ape Clément V, de cette enlre-
jirise de son frère <pii, s'estant arrogé tout le ])ouvoir, ne luy avoil
laissé que le seul nom de roy. Le prince, d'autre costé, tascba de se
justifier envers Sa Sainteté', luy représentant que le roy estant sujet à
de grandes indispositions, peu propre au gouvernement, et qui sa-
donnoit à ses plaisirs, il avoit esté choisy par les barons et le peuple
et de son consentement, ])our prendre le timon de l'Estat. Le pape,
prévoyant bien (|ue cette division civile pourroit apporter du cliange-
ment aux all'aires de la Chrestienté, envoya Nicolas, arclievesque de
Tlièbes, et Raymond des Pins, cbanoine de Bazas, son cbapelain, pour
essayer de la terminei".
L'année suivante [i3io, mai's ou avi'il. un nouvel accord lut mé-
nagé par le nonce apostoliijue Raymond de Pins et le roi d'Arménie ^
enti-e le roi et le régent. Ce traité confirmait les deux précédents et
ajoutait 1 0,000 besants de revenu aniun^l aux 200,000 (pii avaient
été précédemment accordés au roi pour ses dépenses. Peu après, le
5 juin de la même année,] le pi-inc.> [i-égent] fut assassiné en sa
cllambre^ comme il reposoit, par Simon de Mont-Olympe [ou Monto-
lif], son plus intime amy, (jni, pour se sauver, se jeta dans la mer,
où il perdit la vie.
Amalric ou Aimery*, connestalile de Cypre, frère du roy, fut ensuite
' Clément V, 1. lit, ep. cnr. 8, apinl p. a/i3. — I^oredano. 1. V, p. aô-i ; Uatliic-
Raynald. i3o8, n° 87. tion française, t. I. p. 279. — Phitippe de
' De Mas-Latrie, Histoire de Chypre , t. Il . 'Slakièrcs^Soitifeân vieil iiclei-in. — DeMas-La-
p. 1 1 1 . — Extrait de ta Cliroiiique d'Araadi. trie . llist. de Chypre, t. II , p. 1 1 G et note a .
a-
r. \\i\.
Ploi. de Luca, Histor. eccl. 1. XXIV, " C'ëtait celui que I.orédan nomme (
Samit. 1. 111. part. i3. c. ri, nieriii. L'Art de vérifier /cv dulea ne fait pas
J.liS liOlS 1)K CIIVI'KK. 69
déclaré j'oiivenieiir du royaiiiiu', mais la pluspail des barons, à qui il
nagréoil pas, résolurent de rappeler le roy ' et élurent pour leur chef
Agne [ou Ague] de Bessan, avec Robert de Moinegaid et Renaud San-
son, qui reçurent les serniens au imin (bi roy. Puis ils envoyèrent en
Arménie pour l'aire l'escliaiige de sa personne avec la veuve du prince
Amalric.
[Le h août i3io, un accord tu( arrêté. |par le lépat el le nonce du Saint-
Siège-, entre les rois de Chypre et d'Arménie, et au nom de la princesse de
Tyr, veuve d'Aniauri , sur les conditions du relonr du roi en (lli) pre.]
Ce (pii ayant esté exécuté, Henry relonrna eu Cypre, où il arriva
le 26'' jour d'aousl; et, pour recomioislre les obligations cpiil avoit a
Agne de Bessan, il luy continua la qualité de lieutenant du royaume \
et le lit capitaine de Famagouste. H eut ensuite de grands démeslez
avec les Génois, qui durèrent longtemps, sans que le pape Jean XXII
ayt pu les pacifier. 11 eut aussy quelque cpierelle avec Balian d'ibelin.
prince de Galilée et de Tyr, son beau-frère, en Tan 101 8="; et non-
obstant la division qui estoit entre luy et Léon IV, roy d'Arménie, il ne
laissa pas de le secourir puissamment en la guerre (|u'il eut, en 1 an
1829, contre le sultan d'I^^gypte, luy ayant envoyé des troupes consi-
dérables, sous la conduite de Hugues Beduin; ce ((ui luy attira les
armes de ce prince en ses Estats. 11 eut aussy à démesler avec les che-
valiers hospitaliers, en Tan l323^ En l'année suivante, il mourut de
mort subite, le samedi, dernier jour de mars, âgé de ciinpiante-trois
ans'^. Aucuns écrivent (pi'il mourut de mal caduc, ampiel il estoit
mention de ce iirince. et le confond avec lion française, 1. 1, [J. -iiS^. -jSf). — De Mas-
Gui, moit en i3o3, auquel Ainieri avait Latrie, Histoire de CJujjtre . t. 11. p. ii3.
succédé , en qualité de connétable de Chypre. 1 1 5. — L\traits d'Amadi.
' Loredano. I. V, p. 2.V1 et sniv. tra- ' Raynald. 1817, 3.'); i3i8, 17; i3i<).
duction française, t. I. p. nHo et suiv. 10; iSao, 69; 1897, 5i ; i3a8,35.
— De Mas-Latrie. Histoire de Chi/pre , I. II . ' Raynald. i3i8, 17; i3q2, 46; i3-2o.
p. 11-3, I i3. — Eslraits de la Chronique i-î.
d'Amadi. '' Wadd. i3:2 3.iS.
^ LorcdiUio. I. V. [). -iGo, atio; traduc- " Assis, de Jériis. p. .Vi-c l.alijje. Aliregt
70 LES FAMILLES DOUTIlE-MEli.
sujet; ce qui nempesclia pas quil nayl ré<;iié tout le cours de sa vie
avec beaucou]) de prudence et de conduite.
[C'est ce (jue prouvent les lois et les règlements (pi'ii fil pour l'iulininis-
tration et la police de son royaume, et où il se montre législateur éclairé et
prévoyant '. Dans VAhiriré dcx assises de la cour des Bourgeois''-, où l'on rappelle
quelcpies-uns de ses actes, il est appelé «le bon roi Henri, jj Et, en effet, Lo-
rédan raconte^ <[u'à sa mort les larmes et les cris du peuple attestèrent à la
lois el l'amour des sujets et la lionlé du |)riuce.]
.lean Agapite, gentilhomme de naissance, favory de la reyne Cons-
tance, lut accusé de l'avoir empoisonné^. Son corps fut inhumé en
l'église de Saint-François de Nicossie, près de l'autel. Il avoit espousé,
dès l'an i3i8^ Constance, nommée par aucuns Eléonore, fille de Fré-
déric d'Aragon, roy de Sicile, de laquelle il n'eut point d'enfans. Les
écrivains espagnols disent qu'il ne la toucha pas''. Après le décez de
Henry, elle lut recherchée en mariage par [plusieurs princes, enire
autres par] Pierre, comte de Ribagorce\ frère du roi d'Aragon ; et, la
dispense ayant esté refusée par le pape, elle espousa Léon IV, roy d'Ar-
ménie.
HuGuiis, IV"^ du nom, roy de Cypre et de Hiérusalem, succéda, en ces
deux royaumes, au roy Henry, son oncle, qui estoit mort sans enfans.
11 estoit fils de Guy de Lusignan, connestahle de Cypre, ou plustost de
Hiérusalem, qui décéda l'an i3o3, et d'Eschive d'Ibelin\ fille et héri-
tière de Jean d'ibelin, seigneur de Barut, et d'Alix d'Athènes. [On
roi/ff /; édit. Beug'not, t. XVllI, p. iig. -- ' liOreilano. \. VI, p. 3o4. .3o5; Ira-
Loreilano, 1. V, p. 290, -291; traduclion duction fiaiiçaisc, t. I,p. i3(i.
française, t. I.p. '.]\ii. ^ Loredano, 1. V, p. 287; traduction
' lieiijjnot, Asxises de Jérusalein : Bans française, t. I, p. 017.
et Ordonnances des rois de Cli^[)ro, l. II. " De Mns-Lalrie, Histoire ilc Chypre.
p. 3.57, 3G3, 3G8, 371. l. 111, p. 718.
' Id. ihid. Abrégé des Assis, etc. t. Il . ' De Mas -Latrie, Histoire de Chypre.
p. -iUl), ^53, 3i5 et note c , Sac . 3a 2. p. 709-720 , et 712 , n. 1.
' Loredano, I. V, p. 291, 292; tradnc- Lignages d'outre-mer , c. vi. — -Labbe,
tion franc, t. 1, p. 322. 826. t. I.p. 072, 373, /43o.
LES ROIS DV: CIlVlMiE. 71
parlera incessamment de sa sœur Isabelle.] D'abord que le roj lleniy
lui mort', il se présenta devant la haute cour et demanda, par messire
Bartliélemy de Montolif, chevalier, d'estre saisy de ces royaumes et
d'estre préféi-é aux sœurs du roy [Alix et Helvis], <[ui esloient encore
vivantes; attendu que les masles, suivant les Assises, estoient prél'érés
aux temelles : ce qui luy fut accordé, parle lieutenant du séneschal [au
nom de la haute cour du royaume], le second jour d'avril suivant. H
fut ensuite couronné-, avec la reyne sa femme, en 1 éjjlise de Sainle-
Sopliie de Nicossie, où il reçut la couronne du royaume de Cypre dos
mains de Jean, archevesque de Nicossie; puis reçut celle du royaume
de Hiérusalem, en léjjlise de Famagouste, de Mathieu, éves(|ue de
Barut. Je ne trouve rien de ses actions, sinon qu'il se joignit, ou du
moins contribua de ses galères, à la ligue ([ui hit entreprise, par les
princes chrestiens, contre les Turcs, l'an i3A5^.
[Le pape Clément Vi, par un bref du 8 août i343, avait décidé que le
roi de Cliypre devait fournir quatre vaisseaux*.
L'an i35o, ii août, Hugues IV conclut un traité d'alliance contre les
Turcs avec l'ordre des chevaliers de Rhodes et la républiquede Venise^. Ce
traité fut renouvelé le ao mars 1857; mais le roi ne participait ([u'à regret à
cette ligue*', qui, d'ailleurs, ne produisit aucun résultat sérieux. J
Philippe de Maisières\ chancelier de Cypre, et après luy le cavaber
Loredan^ escrivent que, se voyant âgé, il se démit de son royaume,
l'an 1 36o , en faveui' de Pierre son fils, et se retira en une abbaye (ju'il
avoit bastie à Castel-Stravile , et que, l'année suivante, il mourut, ayant
régné trente-six ans et vécu soixante-quatre.
' Ass. de Jérus. p. bhi, \jahhe. Abrégé ^ De Mas-Latrie, Histoire de Chypre,
royal, t. I ; éd. Beiignot, t. ! , préface, p. 3, t. Il, p. 917-219.
4 ; l. 11,]). 4 19-69 2. " (Jod. diplomal. t. Il, p. 98 «t 9A.
" Loredano, I. V, p. 293-295; trnduc- n" 76.
lion française, t. 1, p. 325-3a7. ' Pliil. de Maseriis, Vila S. Pétri Tlwi/u .
' Du Cange, Hist. de Constantinople sous c. vai.
les e/npereurs français, f. iùb. ' Loredano, I. VI, p. 33g; traduction
' Cod. diplom. t. II, p. 87. n° 69. française, l. I, p. 87/1. 'djb.
72 LES FAMILLES DOUTr.E-MER.
I II paraîl, d'après les iiKiniinionts les plus aiillii'ii(ii|iic.s. i|iic le roi Hugues IV
avait, dès son vivaul, invesli de l'autorité royale son fils Pierre, comte de Tri-
poli '; mais il n'avait point alKli(|ué, encore moins s'était-ii retiré dans un mo-
nastère. L'association de Pierre à la couronne avait eu lieu en novembre i358;
et Hufjues IV mourut ranni''i> suivante, i35(). le lo octobre.]
Son corps fut iiilinmé eu réglLsc de Sainl-Doniiiiiciiie de Nicos.sie ,
vers la poile du cloi.stre. 11 avoit espousé, du vivant de son onde, dès
l'ail i3i(), Alix d'Ibelin, fille de Guy [ou Baliau] dlbelin, et petite-
tille de Balian dlbelin, séneschal de Cypre'-. 11 en eut plusieurs enfans.
sçavoir : Guy de Lusigiiau, fils aisné, lequel d maria, en 1 an l328^ à
Marie de Bourbon, fille de Louys, l'^'"' du nom, duc de Bourbon, et de
Marie de Hainaut. [Les négociations pour ce mariajje avaient commencé
en 1828*. Le contrat, dressé le 29 novembre de cette même année,
ne fut ratifié par le roi ([ue le ik janvier i33o.] Du([uel mariage na-
quit un fils unique, Hugues de Lusignan, prince de Galilée [dont il
sera r[uestion plus bas. Les autres enfants de Hugues IV furent] Pierre,
comte de Tripoly, puis roy de Cypre; Jean de Lusignan, [fait] prince
d'Antioche, [et] connestable de Cypre [par son père', au moment oîi
celui-ci fil couronner roi de Cbvpre Pierre, son fils aîné]; Jacques
de Lusignan, séiieschal^ depuis connestable et roy de Cypre; Tliomas
ou Tliomacin de Lusignan. ipii se noya, le i5 de novembre [i36o].
dans la fontaine d'un jardin, avec sa sceur Isabelle', laquelle avoit
' BeMss-Lalne JUstoire (le Chypre, l.l\. " Loredano, I. VI. p. 345; Irad. franc,
p. aa4 et n. 2; p. aaS-a-ay. t. I, p. 38i. — Assises de Jérus. p. 46o.
- Loredano. 1. V, p. a88; Irad. franc. Labbe, Abrégé, etc. édit. Beugnot. t. I.
r. I. p. 3 18. p. 6, préface.
Conlinuator Nang-ii, ann. iSat). t. II . ' Cet accident, marqué à l'année iSôg
|,. ,,)8-iio. — Histoire de Constantinople , par Lorédan (1. VI, p. 336; traduction
I. V. c. vin. n° 11, p. atjg. ayo. — Titres française, t. 1 , p. 371, 37a). avait eu lieu
de la chambre des comptes de Paris. — en i34o. comme nous l'apprend un lué-
I)e Mas-Latrie, t. II, p. iGa-16/1. moire du prince Fernand de Majorque,
' De Mas-Latrie. Hist. de Chypre, t. II. publié par M. de Mas-Latrie (t. II. p. 190).
p. lio-iia, li/i-iig, i58-i63. En elfet, le prince et la princesse qui se
' De Mas-Latrie. Hist. de Chypre, t. H. noyèrent si malheureusement étaient deux
p. a9,.5; extrait de la Chronique d'Amadi. jeunes enfants, nu dire même de Lorédan:
LES ROIS DE CHYPUE. 73
espoiisé, en l'an 1826, Eudes de Dampierre, coniiestal)le de Hiéni-
salem, run des plus puissans et des plus riches seigneurs du loyaume
[celle Isabelle, qui avait épousé le connétable en 1826, était non la
jeune fille morte en 10/10, mais la sœur même du roi, fille, comme lui,
de Gui de Lusignan, mort en i3o3. C'est ce que prouvent Lusignan.
dans sa Ghorograpliie de l'île de Chypre et dans les Tableaux généalo-
giques de sa famille ' , et les formules des lettres adressées par le roi
Hugues IV à sa sœur Isabelle la connélablesse-, et à Eudes de Dam-
pierre, son beau-frère, connétable de Jérusalem]; Cive ou Eschive,
mariée à Fernand de Majorque, vicomte d'Omelas. J'ai veu des lettres-^
de Sance, reyne de Hiérusalem et de Sicile, données à Naples, le 1 5 de
mars l'an 1 3 38 , par lesquelles cette reyne donne à Fernand de Majoi-que ,
vicomte d'Omelas, frère du roy de Major(iue, qui avoit espousé depuis
peu Scive, fille du roy de Cypre, et qu'elle avoit élevé en sa maison,
une somme de 5o,ooo florins d'or, pour emploier en l'achat dune
terre. Quelques autres mémoires de la Chambre des comptes de Paris
portent que Hugues, roy de Cypre, doima 3o,ooo besans d'or pour
dot à sa fille Eschive, (pii avoit espousé Fernand, infant de Majorque,
et les assigna sur un casai près de Nicossie, 1 an i3/io.
[Lorédan* dit que Hugues IV donna une Irès-riclie dot à sa fille Cive ou
Eschive en la mariant à Ferrand, roi de Majonjue. Le père Et. Lusignan''
dit aussi que le mari d'Eschive était le roi de Majorque. On voit que ces deux
auteurs se trompent. Ferrand ou Fernand était le frère du roi de Majorque
Jacques II, fils de Fernand de Majonpie. prince d'Achaïe, et d'Isabelle d'I-
belin*^, mariée depuis à Hugues d'Ibelin, comte de Joppi'. Il paraît (|ue la dot
ce qui peut s'accorder avec la date de 1 36 0. " Loiedano, 1. VI. p. .'!uiS: liad. franc.
mais non avec celle de 1309, terme du t. I.p. 34 1.
règne et de la vie de Hugues IV. ' Etienne de l.usignjn. Généalogie des
' Etienne de Lusignan, Chorograffia dell' roijs de Ci/pre , fol. i[)\°; Chorograffia , dell'
isola di Cipro,\>.-j'j; 2° tableau gciiciilogifiiie. isola di C/qn-o . p. 77; a' lahlran gcnculo-
- Assises de Jénis. t. II. ]). 383, 386. giqiie.
Formules de lettres, n" 2.5. " Du Cange. Hisl. de Coiisltnitiuople sous
' Cf. De Mns-Lalrie. Ilist. de Chypre. les empereuis franc. 1. \ll. 11° 18. p. aSo.
t. Il, p. lit). Généalogie des Ibeiias.
7/1 LES FAMILLES DOUTRE-MEK.
fui très-inoxaclemenl payée, si même elle le fui jamais; ce (|ui fut peut-être
la preuiière origine des graves dissentiments qui s'élevèrent entre le beau-père
et le gendre. Une lettre du pape Benoît XII ', adressée au roi Hugues IV, nous
les avait déjà fait connaître vaguement; mais un nouveau document', publié
par M. de Mas-Latrie ^, nous donne des détails très-circonstanciés, sinon sur les
causes, du moins sur les eft'ets de celte mésintelligence, (jui se manifesta dès
les premiers jours qui suivirent le mariage. C'est un mémoire original, écrit
probablement sous la dictée du prince Fernand, vers la fin de i3/i2, et adressé
par lui à son frère, le roi de Majorque, où il énumère les contrariétés, les per-
sécutions, les avanies de toute espèce (pie lui fait endurer son beau-père de-
j)uis deux ans. Le prince enfin quitta l'île en fugitif, et à l'insu du roi, en
i3/i3. Sa femme, retenue en Gliypre par son père, mourut en i3(i3*. ]
Marie, l'emme de Gautier de Dampiene, frère de Eudes, tut la der-
nière fille du roy Hugues-'. Une épistre du pape Grégoire XI, de Tau
1372 '', nous apprend que la femme du roy Hugues, mère du roy Pierre .
pour lors décédé, estoit remariée avec le frère d'Othon, duc de Bruns-
vvic, qui espousa Jeanne, reyne de Naples. Ce frère d'Othon semble
estreceluy que le cavalier Loredan' nomme Pliilippes, et qu'il qualifie
mal comte de Bresinic, au lieu de duc de Brunswic. Quelques généalo-
gistes* ont écrit ipie le père dOtlion , qui fut Henry, surnommé le Mei-
' Rayiialit. Annal, eccles. i.^ii. n" /lA,
t. X\V, p. Jijg.
" Nous avons découvert ce document,
en t86a, dans le carton L des archives de
la bibliotlièque Sainte-Geneviève, à Paris,
dont nous explorions alors les manast'cils ,
|)ar ordre de M. le ministre de l'instruction
publique (M. Villemain), pour lui signaler
ce que nous y trouverions de documents
inédits relatifs à l'histoire de France. Cet
acte est confondu avec des papiers de toute
nature, entre autres l'original du certificat
donné, par la reine Christine, en faveur du
i-atholicisme de Descartes . sur la demande
lies amis de ce philosophe, 3i) août idl'iy;
plusieui's originaux de lettres patentes de
Henri 111 el du duc d'Alençon, nommant
des députés pour conclure le mariage du
prince avec la reine Elisabeth, etc.
' De Mas-Latrie , Histoire de Chypre, t. II ,
|). l(S-i-20"î.
' De Mas-Latrie, zftiii. t. II,p.2o3,nole-2.
' Etienne de Lusignan , Géncal. ilex roys
(IrCi/pre, fol. i() v°; Cliorogrqffia , etc. 3° ta-
bleau généalogique.
° Greg. XI pap. Ep. secr. I. 11. fol. /i ;
apud Wadding, ann. 1872, ai).
' Loredano, 1. VII, p. Syâ; trail. franc,
t. I, p. 4i a.
' Siiinle-Mai'the, t. I! de la ■>. ril. p. ij.'ii).
LES BOIS Db; GHVI'HE. 75
veilleux', duc de Brunswic en Grubenaguen, espousa en premières
noces Hélène, fille de Waldemar, électeur de Brandebourg, dont il
eut Othon; et qu'en secondes il fut conjoint avec Marie, reyne de
Cypre, dont il eut deux fils morts sans postérité. Mais cette épistre
dont je viens de parler découvre l'erreur de ces auteurs. Ce duc de
Brunswic fit sa résidence au royaume de Cypre, et y eut divers emplois
sous le règne de Pierre l", roy de Cypre, dès l'an i3()6. Il eut une
fille nommée Hélène, Chelvis ou Héloïse, qui espousa Jaques de Lusi-
gnan, connestable, et depuis roy de Cypre ^.
[ Hugues IV avait établi une bonne police dans tout son royaume ''. Plu-
sieurs ordonnances prouvent son zèle pour la justice*; et, afin de perpétuel-
les bonnes traditions dans la décision des afTaires judiciaires et contentieuses .
il fît construire une maison à voûte destinée à garder les registres de la Cour
des bourgeois ^. ]
Pierre, comte de Tripoli, fils puisné du roy Hugues IV, fut préféré,
en la succession du royaume de Cypre, à Hugues de Lusignan, prince
de Galilée, son neveu", quoyque celui-ci fust fils unique de Guy de Lu-
signan, fils aisné du roy, décédé de son vivant, avant 1867 ; en laquelle
année Marie de Bourbon, sa veuve, reprit une seconde alliance avec
Robert de Sicile, empereur titulaire de Contantinople : ce qui se fit,
attendu que l'on prétendoit que la représentation n'avoit point de lieu
au royaume de Cypre. J'ai veu des lettres de ce prince données à To-
lose, l'an i358'', 011 il prend qualité de chevalier, fih de l' aisné fils du
roy de Cypre; son sceau a un escu fasse avec un lyon, brisé d'une bande
' Henri le Merveilleux, duc de Bruns- p. a3i,etnote/i. — Assises de Jérus. t. \\ .
wick-Grubenhan-en , fut l'aïeul et non le père p. 'dm , 87.3 , n° 39.
d Otton de Brunswick , fjiiatiiènie mari de ' Assises de Jérus. Bans et Ordonn. des
ieannedeî^aples. {L'Aride vérijier les dates : rois de Chypre . t. 11, p. SyS-SyS.
Ducs de Bniiiswicl-GrvbenlKigen.) ^ Assises, etc. tAl, c. xix, p. a5o , note 6.
'" Loredano, I. VIII, p. /186; trad. franc. ° Du Gange, Histoire de Conslmilinople ,
t. II. p. 78. — De Mas-Latrie, Hist. de 1. VIII, n°' 11, ai, p. 269, 289, 3o8.
C/iî/ywc, t. II. p. Sga et note 5. ' De Mas-Latrie. Histoire de Chypre,
^ ïteWas-hairie . Histoire de Chypre , l. [\ . t. II, p. 223, 22 i.
7fi LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
qui semble parsemée de fleurs de lys, laquelle peut-estre il avoil prise
à cause de sa mère. 11 mourut vers l'an iSSG, sans postérité, et fut
inhumé en l'église des Frères prescheurs de Nicossie, comme j'apprends
d'un acle do l'an i 3()f) , qui est en la Chambre des comptes de Paris. Ceux
qui ont écrit que Guy eut d'autres enfans se sont asseurément mespris.
estant constant (pie, s'il en eust eu, ils auroient esté héritiers de leur
mère, qui, par son testament de l'an 1887 ', institua Louys, duc de
Bourbon, son neveu, son héritier universel en tous ses biens. Dans un
mémoire dressé en la mesme année, qui est en la 30"= liasse des titres
de Bourbon, en la Chambre des comptes de Paris, il est porté que le
prince Hugues décéda en Cypre; et frère Jean de Paris, carme de Ni-
cossie, son confesseur, y déclare «qu'avant son décez il ordonna Mon-
'• sieur de Boui'bon son héritier principal, et que le seigneur de Cypre
rr s'est depuis emparé des casaux du prince par défaut d'Iiéritier, lesquels
ravalent pai' an cinquante mille besans, sans le droit du royaume de
tr Cypre, lequel on tenoit luy appartenir, ti
Il y a un autre acte- au mesme endroit, passé à Rome le a o"" jour de
may, l'an i368, indiction 6, par lequel Marie de Bourbon, impératrice
de Constantinoplo, traite, en présence de Hugues, prince de Galilée, son
fils, avec Philippes d Ibelin, seigneur d'Azot; .lacques de Nores, turcoplier
de Cypre; Simon de Tinory, niareschal de Hiérusalem; Pierre Marcel,
chambellan du royaume, et Jean Nostri, chambellan du roy, chevaliers
et ambassadeurs de Pierre, pour le payement de son douaire de cinq
mille florins de Florence annuels, à cause de son premier mariage avec
Guy, fds aisné du roy Hugues, que le roy Pierre s'oblige de faire payer
à Venise. Les termes de cet acte sont remarquables : rr Domino Petro,
rr Dei gratia Hiérusalem et Cypri regnorum régi, fdio dicti Hugonis, et
rr heredi ac légitime in dictis regnis causa maris primogeniturœ, qua pra>-
rrcellens repertus extitit a migratione dicti domini Guidonis usque ad
rr obitum domini régis Hugonis, etc.'n Pierre, ayant esté couronné roy
' De Mas-Latrie, Hist. de Chypre, t. II, Histoire de Chypre, t. Il, p. 289 -ayi.
p. ioy, et note i , io8, 609. ' Ces mots ne se trouvent pas dans l'ex-
' Voyez cet acte dans M. de Mas-Latrie, trait de l'acte donné par M. de Mas-I,atrie.
LES ROIS DE CHVl'liE. 77
de Cypre dès ie vivant de son père, se lit couronner roy de Hiérusa-
lem à Famagouste', après sa mort, par Pierre Thomas, évesque de
Caraxe, nonce du pape-. Il ne fut pas d'abord [maître] paisible du
royaume; car le prince Hugues, son neveu, prétendit que la couronne
de Cypre luy devoit appartenir, et le fit appeler devant le pape IniKi-
cent VI. Pierre y envoya le comte de Rohas, maréchal de Cypre, et
Thomas de Montolif, auditeur; et enfin, après plusieurs contestations,
le prince se déporta de ses prétentions, moyennant riiirpianle mille
besans de revenu [cuuj mille ducats, selon Lorédan^]. Lorédan, qui
ie qualifie mal prince d'Antioche, dit qu'il traita de son mariage durant
son retour en Cypre, sans dire avec qui*. En tout cas il n'est ])as pro-
bable que Hugues ait esté marié. Incontinent après, le roy Pierre trouva
des occasions de signaler sa valeur et l'inclination particulière qu'd
avoit à faire la guerre aux infidèles. Car, d'abord sur l'avis qu'il eut
que ie roy d'Arménie estoit attaqué puissamment par eux, il luy en-
voya un secours considérable; puis, avec une armée navale, assisté
des chevaliers de Rhodes et des Catelans, il alla mettre le siège devant
Satalie, et, l'ayant prise, il en donna le gouvernement à Jacques de
Nores^ Enfin, après avoir obligé tous les petits princes de la Cilicie à
iuy payer tribut, et fait une entreprise sur ia ville de Smyrne, laquelle
il prit et démantela, il retourna glorieux en Cypre, l'an 1862. Non
content d'avoir fait ces progrez sur les Turcs, il prit résolution d'enga-
ger avec luy les princes clirestiens dans une ligue contre ces infidèles" .
A cet eft'et [ii écrivit d'abord de Nicosie\ le i5 juin i36t2. à la sei-
gneurie de Florence, et, le i5 septembre suivant, à Nicolas Accaiuoii.
grand sénéchal du royaume de Sicile, les engageant à seconder ses
armements pour le recouvrement du saint sépulcre; puis, s'étant em-
' Pliiiippus de Maseriis, Vita S. Pétri '' Lorédan dit positivement en cet endroit
Thomac. c. vni. — Loredano, 1. VII. que c'était avec ia fille du comte de Rochas.
]). 35 1, 35-2; trad. fr. t. 1, p. 386, 387. ' Ptiilippus de Maseriis. Viln S. Pftvi
— De Mas-Latrie. Hist. de Chypre, t. II, Thomac. c. ix.
p. aai-aay. ' Philippus de Maseriis, Vita, etc.
- De Mas-Latrie, ihid. t. II, p. a-aS. ' De Mas-Latrie. Hist. de (jhypre. t. II.
' Loredano. I. VII, p. Soa. p. .236. 9.39.
78 LÈS FAMILLES D OUTUL-MEU.
I)arqué le f>/i octobre de la iiieiiic année pour passer en Europe], il
\in( à niiodes, delà à Venise, où les Vénitiens luy offrirent des vais-
seaux; puis à Gènes, et de là à Avi[jnon, où il arriva au mois de
février l'an l'ôû'S, et où il conféra avec le pape Urbain V. Il y trouva
Jean, roy de France, qui, sur l'exhortation du pape, et à la persuasion
du roy deCypre,prit solcninellement la croix le jour du vendredy saint,
avec Talerand, cardinal de Périgord, ([ui fut nommé légat par le pape
pour cette entreprise: les comtes d"Eu, de Dammartin et de Taucar-
ville, et autres grands seigneurs de France'. De là le roy Pierre alla
trouver l'empereur Charles IV, puis retourna aux duchez de Juilliers
et de Brabant, et au comté de Flandres, où il conféra avec les ducs
de Juilliers et de Brabant. le comte de Flandres et le roy de Dane-
march, qui estoit venu visiter le comte; et, après avoir conféré encore
une fois avec le roy Jean, il passa à Londres, où il vit les roys d'An-
gleterre et dEseosse. Estant retourné en France, il alla visiter le duc
de Guienne, pendant lequel temps le décez du roy Jean ari'iva, qui
fit évanouir tous ces grands projets. L'histoire remarque qu'il assista à
ses obsèques avec les princes du sang de France. 11 passa encore en
Allemagne, en Pologne et en Hongrie; employa un an entier en tous
ces voyages : mais, voyant que toutes ses peines estoient inutiles et ses
espérances perdues, il retourna en Gypre avec plusieurs troupes de
France et d'Angleterre. Quelques-uns escrivent que le pape, avant son
retour, le créa sénateur et gouverneur de Rome, et qu'il réduisit les
Romains qui s'estoient bandez contre Sa Sainteté; mais il est plus
probable que ce fut au second voyage qu'il fit à Rome.
Tant y a qu'estant arrivé en Cypre, il équipa une armée navale,
laquelle, avec celle des chevaliers hospitaliers de Rhodes, faisoit cent
soixante-cinq voiles; et, ayant laissé le gouvernement du royaume
au prince d'Antioclie, son frère, il alla mettre le siège devant Alexan-
drie, en Egypte, prit la partie de la ville qui estoit en deçà du bras de
' Froissart, t. t,c. ccxvii, ccxviii. ccxxi. \'ll(i irlimiiV. p. 1/47, 1/18, i55. — De Mas-
Malliieu Villani, 1. XI, c. xxxiv, xci. — Latrie. Hist. de Clnjiire, t. It. p. aSy-aiÔ.
LES liois ni<; CHvi'PJv 70
mer qui la sépare, et, sur le bruit de l'arrivée du sultan avec un jniis-
sant secours, la ruina, la brusla et la démantela, et en emporta un si
grand butin que tous ceux qui se trouvèrent à cette entreprise t'ureiil
riches'. Jacques, frère du roy, s'y signala entre autres, et reçut à cette
occasion l'ordre de la chevalerie ^ La prise d'Alexandrie se fit en un
vendi-edy, le lô*" ou, selon d'autres, le 11*= jour d'octobre, l'an 1305.
L'année suivante, s'estant joint avec les Vénitiens, les Génois et ceux
de Rhodes, il alla mettre le siège devant la ville de Tripoly, en Syrie,
la prit, la pdla et la démolit. 11 fit de mesme de Tortose et de plusieurs
autres places de ces costes-là. Estant retourné en Cypre, il prit réso-
lution d'aller trouver le pape une seconde fois. Ayant laissé le gouver-
nement du royaume au prince d'AntiocIie, son frère, il vint avec son
fils unique, qu'il avoit créé comte de Tripoly, à Rhodes, d'où il passa à
Naples, et de là à Ronie\ où il arriva au mois de mars, l'an i368, et y
termina les difl'érends qui estoient entre le pape Urbain et Barnabe
Visconti, seigneur de Milan. Estant retourné incontinent après en Cypre.
il s'éleva une grande conjuration des barons du l'oyaume contre luy.
fomentée par ses frères, qui la prétextèrent sur l'inobservance des
usages du royaume, mais effectivement à cause de ses amours déré-
glées, s'adressant aux pei'sonnes de condition, et aussy à cause de sa
trop grande sévérité contre les barons, ce qui ternit beaucoup la gloire
de ses belles actions. Enfin les conjurez l'assassinèrent inhumainement
en son palais, le 16*" jour de janvier, l'an 1869*, selon nostre façon
de compter les années^ Froissarl, racontant la mort de ce prince, en
' Thoiii. VValsingh. Eduaril III, aiiii. ' I V/« Urlmiti ]', p. 170, col. 38 1. é<lil.
1.365. — Vita Urbani V, p. i55, col. 871, lîniiizi'.
372 , édit. Baluze. — Froissart, t. III , c. xxi. ' Assises de Jérus. p. 45G. Lalibe , AOrégé
— Chr. de Flandr. c. \c\\. — Sabell.dec.il. io^h/, etc. édit. Beugnot, t. I. p. 5. pré-
I IV. — Ilenr. de Knighton, nnn. i,363. face. — L'Art de vérifier les dates: Rois de
— l'hii. de Maser. c. xv, xvi. — De Mas- Chypre. — De Mas-I.atrie. Ilisl. de Chjiprc .
Latrie. Ilist. de Chypre, t. II, p. 973--38o ; t. Il, p. -ii!. 3i6.
extraits de Guill. de Machaut. ' L'an i368, selon le texte des Assises.
' Loredano. I. Vil. |). 372 ; trad. franc. Mais il faut qu'il y ait ici une erreurde chil-
t. II, p. io(). fre. à moins que le rédacteur de ce préani-
80 LES FAMILLES DOUTHE-MER.
donne l'éloge, f[ui mérite d'estre inséré en cet endroit', a Se le noble
T roy de Gypre, Pierre de Lusignan, qui fut si vaillant homme et de si
f haute entreprise, et qui conquit la grande cité d'Alexandrie et de
ff Satalie, eust longuement veccu, il eusl tant donné à i'aire aux Soudans
rrel aux Turcs que, depuis le temps de Godefroy de Bouillon, ils
T n'eurent autant d'allaires comme ils eussent eu; et bien le savoient les
"Turcs et les Tartres et les mécréans qui connoissoient les prouesses
" et les hautes emprises de luy, et pour ce , pour le destruire, ils marchan-
fc dèrent à son frère Jacques de l'occire et meurtrir, et fit occire le gentil
" roy, son frère, gisant en son lit. n Puis il ajoute que Philippes, chevalier,
seigneur de Mesières, en Picardie, son chancelier, luy fit dresser cette
insci'i])tion, au chapitre des Gélestins de Paris: (f Pierre de Lusignan,
rrquhiziènie roy latin de Hiérusalem après Godefroy de Bouillon, et
"l'oy de Gypre, par sa grande prouesse et haute emprise, prit par
'f bataille et à ses fraiz les citez d'Alexandrie, en Egypte; Triple, en
rcSurie; Layas, en Arménie; Satalie, en Turquie, et plusieurs autres
rc citez et chasteaux, sui' les ennemis de la foy de Jésus-Ghrist. Anima
"ejxts requiescal inpace.n Gilles de Roye' remarque pareillement que
.lacques, son frère, fut le principal auteur de sa mort^. Son corps fut
inhumé aux Jacobins de INicossie. Un auteur grec*, qui vivoit de son
temps, écrit qu'il sçavoit parfaitement la pliilosophie, et qu'il aimoit
la conversation des personnes savantes, en ayant attiré plusieurs en sa
bille n'ait suivi le calcul français , qui com-
mençait l'année à Pâques; ce qui est difficile
à croire, car, en Ctiypre. on suivait ordi-
nairement le calcul romain, qui commençait
Tannée au i" janvier, ou à la Noël précé-
dente(de Mas-Latrie, Hist. deChijpre, t. H,
préface, p. xx, xxi). Quant à la date de
l'année i368, pour époque réelle de la
mort de Pierre I", elle est contredite par les
autorités que M. de Mas-Latrie a réunies,
t. II, p. ail et 3ii-345. Le meurtre eut
lieu le mercredi malin, 17 janvier 1869.
' Froissart, t. III, c. xxi.
" /Egidius de Roya, ann. i.SgS. p. 68,
apud Swertiuni.
^ M. de Mas-Latrie croit, d'après les au-
torités les plus rapprochées de l'événement ,
que non -seulement les frères du roi ne
lurent pas les auteurs du meurtre, mais
même cpi'ils furent étrangers au complot.
(Histoire de Chi/pfe . t. II, p. 3 4 a -.345,
note sur les extraits relatifs au meurtre de
Pierre I".)
'' Agathangelus , apud Allatinm . De (ieor-
ffiis dialnb. p. 343, à la suite do George
Acropolite; byzantine, i65i, Paris, in-fol.
LES ROIS DE CHYPRE. 81
cour'. Il lui marié deux fois, la première avec Escliive de Montforl.
lille de Rupin de Monllort. Ce mariage se fit en l'an iS/ta^, pour Tac-
complissement duquel le pape Clément VI donna le pouvoir à Elie,
arclievesque de Nicossie, promu au patriarcat de Hiéiiisalem, dac-
corder les dispenses à cause de la parenté qui estoil enlie eux. Nous
ne lisons pas s'il y eut des enfans de ce mariage, ny si Marie, qui
espousa Jacques de Lusignan, comte de Tripoly, fils de Jean, prmce
d'Antioclie, en estoit issue. Tant y a que Pierre se remaria en secondes
noces, l'an iSBg, à Eléonore^ (quelques titres la nomment encore
Constance), fille de Pierre d'Aragon, comte de Ribagorce, frère de
Jacques II, roy d'Aragon, qui, après le décez de Jeanne de Foix, sa
femme, se fit religieux de l'ordre de Saint-François. Il laissa d'elle
Pierre de Lusignan, qui luy succéda; Jacques de Lusignan, qui fut
aussy roy de Cypre\ et Marguerite de Lusignan, que sa mère donna
en mariage à Charles Visconti, seigneur de Parme ^, du bourg de Saint-
Donin et de Crème, fils puisné de Barnabe Visconti, duc de Milan, et de
Béatrix de la Scale. Il y a divers titres en la ciiambre des comptes de
Paris qui concernent ce mariage, entre lesquels est une procuration
de Pierre, roy de Cypre, et de la reyne sa mère, qui y est nommée
Clémence, pour traiter cette alliance, en date du 1-2'' jour d'avril l'an
] 876, indiction ik. Et par un autre acte de lamesme année, il paroist
que Charles Visconti l'espousa par parolles de présent, avec une dot de
Ao mille ducats, et la clause expresse que Pierre, son frère, décédant
sans héritiers raasles, elle et ses enfans masles luy succéderoient au
royaume de Cypre et à sa mère Eléonore. Les dispenses furent données
par le pape Urbain pour ce mariage, à cause que le roy Pierre, père
' Voir un récit des actions de Pierre I". ' Ceci est une singulière inadvertance
roi de Chypre, d'après le poète Guillaume échappée à la plume de Du Gange. Il a dit
de Machaut , dans une dissertation du comte ailleurs et plusieurs fois, comme tous les
de Caykis. ( Mémoires de l'Acad. des inscript. historiens , que le piince Jacques , qui
t. XX, p. 4i5-/i3g.) parvint à la couronne, était le frère de
- Wadd. 1 3/1 a, 4. Pierre I".
^ Loredano, 1. VI, p. .338; trad. franc. * Sansovino, Nell. Fam. di Visconti.
t. I,p. 373. — Wadd. i358, 2; 1373, 6.
8^
LES FAMILLES D'OUTP.E-MER.
<!(' M;ir;;norito, avoil toiiu sur les fonts de haplosnie Charles Visconli.
Il y a iir-aiilinoiiis lien «le douter si ce mariage se fit et s'il fut coii-
soiiimé'; d'autant (|ue Valeutine, fille de Jean Galéas, duc de Milan,
et d'Isafiellede France, fut depuis accordée au mesme Charles, en pré-
sence de Fi-auçois, évesque dePavie, au cas qu'on pust obtenir dispense
(hi pape, par traité fait à Pavie le 10'= jour de may, l'an i38o. En
eil'et les dispenses furent données parle pape Urbain YI; mais, par luie
anti'c bulle, la première fut déclarée subrepticc, attendu que Charles
avoit esponsé, par paroles de présent, Marguerite de Cypre, quoyqu'il
eust soutenu que ce mariage estoit nul. Le pajie Clément [VII] refusa
encore depuis la dispense, de sorte que les docteurs donnèrent avis à
^ alentine qu'elle pouvoit se marier à un autre; ce (pi'elle lit, ayant
pousé, en l'an 1 386, Louys, duc d'Orléans. La reyne Éléonore se l'ctira
Aragon vers l'an i38o"-, et mourut à Barcelonne, le 26"^ joui- [de]
cembre l'an 1/117, à la façon de compter d'Vragon, où l'on corn-
es
eu
d<
meiiçoit les années à Noël, et fut inhumée en l'église des frères mineurs
de Barcelonne, où est son épitaphe en vers, qui se lit en la chronique
d'Es])agne' <le Michel de Carbonel '.
PiEiu'.E, II'' du nom, comte de Tripoli, surnommé le Gras, succéda
à son père au rovaume de Cypre-', et d'autant qu'il estoit fort jeune,
Jean, prince d'Antioche, son onch;, se fit déclarer par la haute coui-.
' Il est certain que ce mariage n'eut pas
lieu. Marguerite n'était pas encore mariée
on i 383 , comme on le voit par une lettre
lie Pierre IV d'Aragon au pape, du 18 mai
de cette même année ; et elle épousa , vers
i385, son cousin germain, Jacques de
Lusignan , comte do Tripoli , fds de Jean .
prince d'Antiocbc, frère de Pierre l", qui
avait été connétable de Chypre et régent
ilii rovaume. (De Mas-I^ati'ie, llisloire de
C.hijprc, t. m, p. 770, et note i, p. 771.
— Et. de Lusignan, Cliovogra'pltia dcll' isola
ili Cipro, n' tableau généalogique. Ce der-
nier donne à cette princesse le nom de .1/«-
rictlc.
' Loredano, 1. \ Ht. p. ôo(J ; trad. franc
I. Il, p. 99. — Wadding, i83o, 07.
' Page -2 1 h.
* Voir différentes pièces concernant la
l'eine Eléonore, veuve de Pierre I", dans
de Mas-Latrie. (Histoire de Chypre, l. Ili,
p. 7G1-7G3, 766, 767-77^, 778, 791,
79-5-7f)''-70'^' 797' 799 ■)
' Assises de Ji'rus. p. 456, Labbe; édit.
lîengnot, t. I, p. 3, préface. — De Mas-
Latrie, llisl. de Chi/pre, t. Il, p. 3-'i2.
LES ROIS DE CIIVrP.E. S3
[asscnihléo le jour inèiue de la mort du roi], baile el réjfoul du royaume,
tant qu'il auroit altoiiit Tage de majorité, comme se prétendant son
princi])al liéritier; ce qui se fit à lexclusion de la reync Eléonore, à
qui la régence appartenoit de droit.
Le jeune roy ayant atteint lage de quatorze ans en lan iSyi', il
fut couronné roy de Cypre à Nicossie, et de Hiérusalem à Famagouste.
Aux cérémonies de ces couronnemens, il s'éleva une grande querelle
entre le baile de Venise et le podestat de Gènes, pour la ])réséance,
qui fut adjirgée aux Vénitiens par les intrigues du prince d'Antioclu',
qui les favorisoit; et, sur les mécontentemens que les Génois en témoi-
gnèrent, et sur ce qu'au festin cjui se fit ensuite ils estoient venus avec
dessein de disputer cette préséance par la force, il les fit maltrailei-
indignement". Les Génois, sur cette nouvelle, firent équiper une
ai'uiée navale de cin([uante vaisseaux et de quatorze mille hommes,
sous la conduite de Pierre Frégosse, fière du duc, pour tirer vengeance
de cet aflVont. Le pape Grégoire XI. sur l'avis qu'il eut de cet arme-
ment, prévoyant que cette division ])onrroit causer la ruine de celte
isle, qui avoit servi jusques-là de rempart à toute la clirestienté, fit ses
elforts d'en arrester les mauvaises suites par ses soins, employant à cet
elfet le roy de France, et ])ar ses andjassadeurs (ju'il envoya à Gènes''.
D'autre part, le jeune roy et ses oncles, dans la crainte de cet orage,
firent alliance avec les Turcs, auscpiels ils restituèrent Satalie, à la
charge de quelque tribut. Les Génois estant arrivez, le roy se retira de
ÎNicossie à Cérines pour plus grande seureté, et la reyne demeura à Fa-
magouste, qu'elle rendit lascliement au Génois, croiant par là se venger
des assassins de son mary. Les Génois se servirent encore d'elle pour
se rendre maistres de la personne du roy, qu'ils attirèrent en cette
])lace sous des prétextes apparens de bienveillance. Mais cestoit effec-
tivement pour y surprendre les oncles du roy, qui, se doutant bien de
' Loredano, 1. VIII, p. i3o ; Irad. franc. de DiomèdeStraniLaldi. — Loredaiio.l. \ Ut.
t. II, p. 9. p. lido et suiv. trad. fr. l. II. p. 10 el suiv.
^ Dogiioni.- — Foglietla,l.VIII. — DeMas- ^ Gieg. \I. an. 3. fol. aSo, apud \\ad-
Lalrie, t. II, p. 351-357. E\(r. de ta Chron. ding. 1073.
8/1 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
Iciii ruse, soiifcniiriviil dans les l'iiiUM'esses. Sfi voyant Iruslrezde leur
pspéranrc, ils coniinciicèi'enl à uialli'aitcr le roy, et niesme leur général
fiit rcnVoiileric de liiy donner un soufflet. La reyne, jiiquée de cette
action et désirant délivrer son fds de cette captivité, fit son accommo-
dement avec les barons du royaume, et traitta la paix entre eux et les
Génois, au mois de mars l'an iSyB'. En suite de la quelle les princes,
oncles du roy, estant venus trouver la reyne, elle fit assassiner le prince
dAnlioclie, principal auteur de la mort de son mary, après qu'il lut
entré dans .sa cliambre. Le sénesclial s'évada sur la nouvelle de cette
moi't, et les Génois, ne se trouvant pas en seureté à JNicossie, à cause
de la reyne, se retirèrent à Famagouste, d'où ils ne voulurent pas
•Mumener leurs troupes, que les deux enfans du prince d'Antioclie
eussent esté donnés en otages. Le sénesclial qui prévoioit que ces divi-
sions causeroient la ruine du royaume, s'offrit de se donner luy-mesme.
avec sa femme, en otage; ce qui fut exécuté. Mais les Génois, au lieu
de tenir leur ])arole, se fortifièrent dans Famagouste, et emmenèrent
le sénesclial el sa femme à Genes^, où ils le resseri'èrent estroitement,
sur la nouvelle (piils eurent que le roy, après leur départ, avoit assiégé
Fagamouste par mer et par terre. Ils envoyèrent une armée navale
pour secourii- les assiégez; mais le roy Pierre leur alla à la rencontre,
et les délit; et comme il fut retourné victorieux en Gypre, la maladie
le surprit peu de temps après, dont il mourut le 17'' jour d'octobre l'an
i382, âgé de vingt-six ans, ayant institué par son testament son héri-
tière au royaume, Marie, sa sœur [ou Marguerite], femme de Jacques
de Lusignan, comte de Trijioli. Il fut inhumé en l'église de Saint-
Dominique de Nicossie.
Il avoit espousé peu auparavant Valence ou Valentine de Milan, lille
de Barnabe Yisconti, seigneur de Milan. Le traité île ce mariage fut
passé le 2''jour d'avrd, l'an 1876, iiidiction 1 /j ^ et fut ratifié à Nicossie
en présence de Jean de Brie, turcoplier du royaume; de Jean Gorab
Wadfling. i375,35. ' Tilr. oiisj. ~ De Mas-Latrie, t. II.
Froissart, 1. III, c. \xi. |). 070-870.
LES ROIS HE CHYPRE. 85
auditeur; de Philippes Prévost, bailly de la secrète l'oyale; de Jean
Beduin l'ancien, et de Thomas Barec, chevaliers. Et le mariage se fit
par paroles de présent, le ()^ jour de mars, l'an 1878, indiction 1. 11
n en laissa point d'enfans.
[La Chronique de Regijio ' dit que Pierre 11 avait laissi'' une fdle en has
âge; mais que, comme les femmes ne régnent pas en Chypre, les grands du
royaume avaient appelé au trône le prince Jacques, oncle du feu roi. Cepen-
dant l'autorité de cette senh^ chronitpie ne peut prévaloir sur tous les au-
tres documents qni attestent que Pierre 11 ne laissa point d'enlanls. Il est vrai
(|ne la Clircuiique de Strand)aldi '^ parle d'nne fille du roi Pierre, à (pii sein-
hierait appartenir le trône : mais les conseillers qui défendent ses droits pro-
posent en même temps de la marier à un nohle personnage du pays. 11 ne
peut donc s'agir ici d'une enfant en has âge. Cette princesse est ('videnuiient
la iille du roi Pierre 1", Marie, à qui son frère avait voulu laisser l'héritage
de sa couronne. Nous avons vu précédemment qu'elle ne hit mariée (|ue vers
i385, deux ou trois ans après l'avènement de Jacques I". J
Jacques de Llsignan, séneschal, et depuis eonnestahle de Cjpre, tils
puisné du roy Hugues IV, fut élu roy de Cypre par les barons du
royaume^, sans avoir égard à la disposition du l'oy Pierre II, ([ui avoit
déclaré ses héritiers Marie, sa sœur, et le comte de Tripoly, son nuu y.
Loredan se méprend, écrivant' que le père du comte, (|ui lut le prince
d'Antioche, consentit à l'élection, veu cpi'il estoit moit dès l'an i?>j^),
comme j'ay remarqué ailleurs*. Et d'autant que Jacques estoit prison-
nier à Gènes, on élut |»our lieutenant général du royaume Jean de
Brie, avec douze chevaliers de la haute cour, tant (pi il seroit arrivé.
A Tellet de quoy on envoya des ambassadeurs pour traiter de sa li-
berté ^, qui y fut arrestée sous certaines conditions, dont lime lut que
' Muratori, Scriplor. rrr llalic. t. XVIII, Roya, ami. iSgS. — Froissait, I. III, c. xxi.
col. 90, a, b. ' Voir Les Princes d'Aidloclie , et ci-des-
' De Mas-Lalrié. Hislnire de Chypre, sus, p. 84.
t. II, p. 893. ' LoiedaiiO, I. IX. \). 5i4, .5i.5: trait.
' Bapt. Fulijos. I. VI. c. II. — /Egidius de franc, t. II. p. 108, loy.
86 LES FAMILLES D OUTRE-MER.
Famaj;ouslc (It'iiioureroil ('iiî;ajj(''c aux (îénois, avec deux lieues à Ten-
viroii, et les (hircs^ on ijahclles, |)oiii' la soiiiiiie de deux cent iniile
bezaiis, cl (jue le rov paveroil coniplaiil nuire cela liull cent mille
bezans, |iour lesquels il laissa Jean, son fils aisné, ([uehiuc temps en
ota[>e-. J.e roy Jaques estant reloui'iié en Cypre, l'an 108/1, il fut cou-
ronné roy de Cypre en la ville de Nicossie, et deux [jours'] après roy
de Iliérnsalem, en la mcsme ville, à cause que Faniafrouste estoit au
jjouvoir des Génois. Il se lit aussy couronner roy d'Arinénic après le
décez de Léon V, roy d'Arménie, arrivé [à Paris], en l'an i3(j3 [le
■j(j novembre] '. Deux ans après, il envoya Jean de Lusignan, seijjneur
de Barut, son neveu, en France pour traiter une alliance avec le roy
(jliarlesVI, (juifutarrestée à Paris en la maison du chancelier de Corbie-'.
le 7"^ jour de janvier, l'an iSgy (iSgS), entre Guillaume, vicomte de
Meluii, député par le roy de France, et le sei[jneur de Barut. dont la
procuration fut expédiée à Nicossie, le 16'' jour d'aoust, l'an iScjB, en
présence des barons et des hommes liges qui composoient la liante cour
du roy, lesquels y sont nommez.
Il mourut le qo* jour de septembre, l'an 1898, âgé de 6/1 ans, et
fut inhumé en l'église de Saint-Dominique de Nicossie. Les historiens
parlent diversement des femmes de ce prince *". Car Loredan en un
endroit, en l'an iS']k\ donne pour femme au conneslable de Cypre,
laquelle dignité Jaques lenoit alors, Élène, fille du duc de Brunswic,
qui avoii espousé la veuve du roi Hugues IV. [Lorédan fappelle, en
cet endroit même, Clevis et Cliclvis.^ Estienne de Lusignan nomme la
' Data, ou (latio, dans le sens de tribut. (De Mas-Lalrie, t. Il, p. 896 ); Lorc^dan. en
(Voir Du Gange, Glossar. mediœ et infim. j386 (I. IX, p. 519; Irad. (V. t. II, p. 1 13).
lal'mil. voce Data, I , t. II , col. 1 3 1 0.) " De Mas-Latrie , t. II , p, 386 , et note 1 .
- Do Mas-Latrie, t. II, p. 396; Cliron. de ' Trésor du roi, layette Cijpre , lit. IX.
Stranibaldi. — De Mas-Latrie, t. II. p. 438,^29, /i38-
Ce mot manijunil dans le texte de Du
/ii
'iH\.
Gange; nous l'avons rétabli d'après Etienne ' De Mas-Latrie, t. II, p. 39-2 et note 5.
Lusignan. p. 1 5a \°. L'Art de vérifier les dates — Voir plus haut, p. 76.
porte qu'il ne reçut la couronne de Jéru- ' Loredano, I. Mil. p. /186; trad. franc,
salcm qu'en 1893; Sfrninbaldi, en 1889 t. 11, p. 78.
!,ES UOIS DE CHYPRE. 87
femme de ce prince Cive ou E.scliive dlbelin'; et ajoute qu'il espousa
en secondes noces yVgnès de Bavière, fdle d'Estienne, duc de Bavière'-.
Tant y a que Loredan remarque qu'il eut cinq iils et quatre filles':
sçavoii' : Janus, ([ui luy succéda au royaume de Cypre; Guy, mort au
berceau ; Henry, prince de Galilée, qui eut postérité [et duquel descendit
le père Etienne de Lusignan, l'historien de son pays et de sa famille'] ;
Hunucs, archevesque de Nicossie, qui fut fait cardinal du titre de Sainl-
André, par le pape Martin V, l'an 1Û26, et mourut l'an ihk-j''; et
Philippes, connestahle de Gy])re. Ses fdles furent Marie, (jue son ])èr<-
donna en mariage à Ladislas. roy de Naples, avec quatre-vingt mille
ducats de dot;
[Celle princesse, accompagnée de son oncle, le seigneur de Lotrccli ou di'
la Mecclia, frère de l'ancien roi de Chypre °, Jacques 1"'', s'était rendue à Na-
ples, où elle épousa, le 1 2 février i/toa, le roi Ladislas.
' Hkt. de (^ijpre, p. i.T-i, 1).
- Et. de Lusig-nan ne parle nulle part
il'un second mariage du loi Jacques avec
Agnès de Bavière; ni dans son Histoire gé-
nérale de l'isle et royaume de Cypre, ni dans
sa Chorogrojjla dell' isola Ui Cipro, ni dans
sa Géiiciilorrie des roijs de Cyprc. Lorédan na
dit rien non plus de ce second mariage.
' Eorédan. aux anne'es 1387 -1889
(I. IX, p. 5-2o-5a3 , et trad. fr. t. II, p. 1 1 6-
1 iG), noranie quelques eid'ants du roi Jac-
ques I", mais il n'en donne pas l'i'numrration
conqilète. Celte énumération se trouve dans
Lusignan (Généalogie des roijs de Cypre,
(bl. a 9 ; cl ChorograJJia , etc. -l' tableau généa-
logique, à la lui du vol.). On y trouve six fils
et quatre fdles. Aux fils nommés dans le texte
de Du Gange, il ajoute Gui, connétable de
Jérusalem et Eudes, sénéchal do Chypre,
mort dans une bataille en Tiie de Gorse: il
omet Gui, mort au berceau. Les quatre filles
sont les mêmes. Cette liste cependant est en-
core inconqilèle, s'il est vrai qu'en 109Ô le
roi Jacques présente au voyageur Oger, sei-
gneur d'Anglui-e, qui était venu lui rendre
visite, une partie dosa famille, c'est-à-dire
quatre de ses fds, et cinq de ses fdles. (De
Mas-Latrie, t. II, p. -'i3a et notes 3, -'1. )
' Lusignan, Généal. des roys de Cypre.
fol. •2-2 v". — Hist. du royaume de Cypre.
fol. 1.5/1 v°.
^ De Mas-Latrie, t. II. [i. ûi8-.5-ji,
5a3-5a6, etc. t. III, p. 73 note 3. —
L'Art de rérificr les dates : Ihis de Chypre,
Jac(]ues I". — Monstrelel , t. II. fol. 3o v°.
qui le nomme (iilies. — Loredano. I. 1\.
j). oia; I. X, p. .jSo; Irai!, frane. t. II.
p. 137, 177.
' De Mas-Latrie, t. II, p. /iG5.
' On ne sait quel était ce frère des rois
Pierre!" et Jacques I", qui leur avait survécu.
(De Mas-Latrie, t. Il, p. /i6.5 et note 3. 1
Peut-êtreélait-ce un filsnatureldeHugues]^ .
Il semble s'être ll\é à la cour de Ladislas:
88 LES FAMILLES DOIJTRE-MER.
Ati 1 " mai \ h i h , ce jinnce i'(''clariiail le iiayciiu'iU de la dot jtromise à sa
IV'iiiiiic '. Li' V sr|)li'iiil)i'c (le la inriiii' année, la reine mourut, par suite des
droMues (luClle |ii'ejiail pour devenii' enceiiitr' -. |
Isahel, iiiai'it'u' à Pierre de Lusi<[nan, comte de Tripoli [son cousin,
fils di' Jacques, comte de Tripoli^, et de Mariette, fille de Pierre I"];
Agnès, décédée à l'âge de seize ans, et Give ou Escliive, morte sans al-
liance.
[Il l'aut y joindi'e probablement une autre Agnès, (jui fut élue en i45i ab-
besse de Wunstorpen, en Wcstphalie '', et qui mourut en i/i5c) à Venasca près
de Salures, en Piémont, où elle avait accompagné sa nièce Anne, mariée au
comte de Genève.]
Jennes ou .Iams de Lusignan succéda à son pèie au royaume de
Cypre, estant pour lors âgé de vingt-quatre ans^ et reçut la couronne,
en l'église de Sainte-Sophie de Nicossie par les mains de lévesque de
Tortose. 11 lut ainsy nommé, à cause cjii il prit naissance à Gênes du-
rant la prison de son père ". D'abord pour premier de ses exploits, il
mit le siège devant la ville de Fainagouste par mer et par terre. La nou-
velle en estant venue aux Génois qui estoient en ce temps-là sous la pro-
tection et la seigneurie du roy de France, le maréchal de Boucicaut,
qui estoit leur gouverneur, dépescha aussytost l'Hermite de la Faye
pour aller trouver le roy Janus et se plaindre de la rupture de la paix ".
Cependant ayant équipé une flotte de huit galères, il partit le 3'^ jour
quand ce prince maria sa sœur Jeanne au ' De Mas-Latrie, t. Il, p. /i3a note 4, et
duc d'Autriche, le seigneur de la Meccha fut I. III. p. i8 et note i.
un des soixante notables personnages qui ser- " Pins II. Ania, c. xcvn. De Bello Cy-
virent d'escorte à la princesse. ( Giornati na- prio.
jijo/iirtnîjapud Muratorijt. XXI, col. 1069b.) '' Etienne de Lusignan, Ilist. ilii royaume
' De Mas-Latrie, t. II, p. 477-681. de Cypre, fol. i54. — De Mas-Latrie, t. IL
■ De Mas-Latrie, t. IL p. 466. p. SgS; Chron. de Strambaldi.
' Etienne de Lusignan , GeHeafog'. (te roî's ' Hist. du maréchal de 6owcî'cfl!/(^ a'part.
de Cypre , fol. 22 v°; — des comtes de Tripoly, c. ii et les chapitres suivants. — Coll. Peti-
fol. 45 v°; — Chorognijfia , etc. -i' et 3' ta- toi et Monmerqué, i" série, t. VII, p. 26
bleau généalogique. — Loredano, I. W. et suiv. — De Mas-Latrie, t. II, p. 466-
p. fi-îo; Irad. l'rnnç. t. II. p. 1 i4. 477.
LES ROIS DE CHYPRE. 89
d'avril, Tan i4o3, et fit voile vers Rhodes, à dessein d'y attendre la
response du roy, qui tesmoigna vouloir persister en son entreprise. Le
mareschal estant résolu d'aller en Cypre, Philibert de Naillac, grand
maistre de Rhodes, alla trouver le roy, et fit tant que la paix se con-
clut'; laquelle fut ratifiée ensuite par le mareschal 2, qui [après avoir
saccagé Lescandelous ', en Turquie, tandis que l'afl'aire se traitait] vint
visiter le roy à Nicossie. Ce fut au retour de ce voyage que Boucicaut
alla faire une course sur les costes de la terre sainte, prit et pilla les
villes de Botron*, de Barut, de Laodicée, de Tripoly et autres. Le roy
de Cypre luy donna deux galères pour l'accompagner en cette expé-
dition.
[Ce qui ne i'erapéclia pas, après le départ de Boucicaut (1 4o8), de recom-
mencer les hostilités contre les Génois et de renouveler ses entreprises sur
Famagouste. Mais enfin une paix plus durable fut conclue avec Gênes, le
9 décembre 1 4 1 o ^.]
Continuant toujours d'ailleurs ses courses sur les infidèles, et faisant
des prisonniers sur eux; ce qui, joint aux entreprises du roy Pierre
sur Alexandrie, porta Melec-Ella [Al Malek-el-aclirat-Barse Bay], sultan
d'Egypte à prendre résolution de se venger des Cypriotes. A cet elfet d
fit équiper une armée navale de cinquante-trois vaisseaux, laquelle
arriva en Cypre au mois d'aoust, l'an 1 /laG, ou, selon d'autres, l'année
précédente ''. Le roy leva ce ({u'il put de troupes pour s'opposer à cet
orage, et eut assez de cœur pour aller combattre les Sarrazins. Mais
comme ses forces estoient inégales, il perdit la bataille [de Chierokitia,
le 7 juillet 1/126] et fut fait prisonnier. Le prince de Galilée [Henri
de Lusignan], frère du roy, chef de l'armée, et grand nombre de ba-
' Codice diplom. t. II, p. 107, io8.n°85 " Livre desfaicls, etc. c. xix-xxm.
et p. ^68. ' De Mas-Latrie, t. IL p. 495-/198.
' Livre (ksfaicts du maréchal de Bouci- ' Wailding, là-iG. 9. — PliiJeLf. Epist.
caut, 2° paît. t. VII, c.xiv.p. 3G-38. i.VIII. — Monstrelet, Il voL c. xxsvi, foL 3o,
' Livre desfaicls du maréchal de Bouci- 3i. — De Mas-Latrie, t. II, p. 5oG-5i4,
caut, '2° part. t. VII, c. xv-xvii. .533-543.
90 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
l'ons perdirent la vie en cette occasion. Les Sarrazins, après avoir pillé
et ravagé toute l'isle, s'en retournèrent en Egypte et y emmenèrent le
roy. où il dcMieiira jns(pies en l'an i 697, qu'il fut délivré, moyennant
une rançon de deux cent mille bezans, ([uc Jean Podocatero\ seigneur
cypriote, paya de ses deniers, ayant vendu tout son bien pour faire
celte somme; et à la charge de reconnoislre le sultan pour seigneur
supérieur et de luy payer certains tributs tous les ans.
[Après que l'on se fut accordé sur le prix de la ranron du roi, et rjue le
payement en eut été à peu près assuré , le sultan le tira de sa prison le 1 5 août
1/136; mais .fanus ne rentra en Chypre que le 12 mai 1^27, dix mois après
la perte de sa lihcrté^.
On croirait, à lire la phrase de Du Gange, qui est la traduction de celle de
Lorédan ^, que le seigneur Podocatero paya à lui seul toute la rançon du roi.
Mais Etienne de Lusignan* et Monstrelet^ lui associent dans cette œuvre géné-
reuse Bénédict Pernessin, citoyen de Gênes. D'autres documents d'ailleurs'^
nous apprennent que, leur noble dévouement n'ayant pas suffi pour com[)léter
la somme convenue, il fallut quêter dans diflérentes provinces des Etats chré-
tiens. Le pape Martin V avait accordé des indulgences à tous ceux qui vou-
draient contribuer à la délivrance du roi Janus. Le chevalier Jacques d'Al-
lemagne, au nom de l'ordre des Hospitaliers, emprunta pour la rançon
1 5,000 ducats à la républicpie de Venise. Le diocèse d'Elne (Roussillon)
paya la somme de 226 liv. 1/1 sous 6 deniers de Barcelone, comme on le
voit par une reconnaissance de ladite somme, du 5 mars i/i3i (i/i3a) et
du 3 septembre 1 432 , donnée par-devant notaire par le collecteur des sommes
à percevoir pour le même objets]
Le roy, estant de retour en son royaume, y vécut avec beaucoup
d'incommoditez causées par cette irruption, et enfui mourut le
' Loredano, 1. IX, p. 568; trad. franc. ' Etienne de Lusignan. Hisl. de Cypre,
t. II, p. 1C6. — Etienne de Lusignan, Hist. fol. i55 et v°.
de Cypre, foi. i5.5 et v'. " Monstrelel, loc. cit.
■ Monslrelet, t. II, fol. 3i. — De Mas- ' Jauna, HIst. de Chypre, t. II, p. 907.
Latrie, t. II, p. .'Ji3. — Loredano, I. IX, —De Mas-Lalrie, t. II, p. Siy. 5i8.
p. 568; trad. franc, t. II, p. lOo. ' GhampoWion, Mélmigesliislorifiiws.i.lW
' Loredano, loc. cit. n" xi, p. 3i5.
LES ROIS DE CHYPRE. 91
ig'^jour de juin, Tan i/iSa. Il fut inhumé en l'église de Saint-Domi-
nique de Nicossie, avec cette épitaplie, qui contient son éloge ' :.
EPITAPHIUM GIANI REGIS SERENISSIMI CYPRI,
M CCCC XXXll, DIE XXIX MENSIS JDNII, CUJUS ANIMA REQUIESCAT liN PAGE.
HIC SITUS EST JANUS, QUI CYPRUM REXIT AM/ENAM,
TBAJANO SIMILIS INTEGRITATE FUIT.
CiESAR ERAT RELU), SUPER.\NS GR.WITATE CATONEM.
NOBILIRUS FUERAT PORTUS ET AURA VIRIS.
UT DEUS IN TERRIS, DECIMO CARISSIMUS ANNO
VIXIT, ET I?v POPULIS GRATIOR IPSE DEO.
SANCTIOR HIS CUINCTIS ET SANGUIME GLARIOR EXTAT :
UMBIU POLUM CELEBRAT, DETINET OSSA LAPIS.
Il avoit espousé Charlotte de Bourbon, lille puisnée de Jean de
Bourbon , comte de la Marche , et de Catherine , comtesse de Vendosme-.
Les espousailles s'en firent par procureur au chasteau de Melun, le
2^ jour du mois d'aoust, l'an 1/109, ^ ^^ solemnité des quelles toute
la cour de France assista. Elle arriva en Cypre l'an i/ii 1, au port de
Céi'ines, où elle fut recueillie par le roy, qui la conduisit à Nicossie,
où se firent les cérémonies de la bénédiction. Il eut de cette alliance
trois fils, dont le premier fut étouffé au berceau par sa nourrice';
l'autre, nommé Jean, succéda au royaume de Cypre; le troisième fut
Jaccjues qui, suivant Estienne de Lusignan*, fut séneschal de Cypre. Il
eut encore deux filles, dontl'aisnée, Anne de Lusignan, mal nommée
Agnès par Loredan ^, fut recherchée en mariage par le seigneur de
Césarée et le comte de Japiie, qui tenoient les premiers rangs dans la
cour de C)q3re°. Elle fut ensuite accordée à Amé de Savoye, fils aisné
' Loredano, I. I\, p. 671. * Etienne de Lusignan, Généalogie des
' Jtonstrelet. vol. I, c. lxiv, fol. 89; édit. rois de Chijpre, fol. 28 v°.
de P. Lluiillier, 1572. — De Mas-Latrie, ' Ijoredano, 1. X, p. 676, 676; trad.
t. Il, p. 6f('i , igS. — Etienne de Lusignan, franc, t. II, p. 170,171.
Géncalog. des rois de Ci/prc, fol. ■2'î v". — Lo- "" Elienne de Lusignan , Généalog. des rois
redano, l.IX, p. ois , 5/i3 ; trad. franc: t. II, de Cypre, fol. 28 v°. — De Mas-Latrie, t. II.
p. 1 30, 107. p. 525-627, 629 et note 7; t. 111. p. 4 . 10,
' Loredano. 1. IX, p. 566; trad. franc. 11,12-15,17-23,805-807. — Guicbenon .
t. II, p. lii. Hist. généalog. etc. t. I, p. 698, 621.
92 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
d'AnK' VIII, j)i'omicr duc de Savoye, par traité du g'^jour daoust, l'an
1 63 1 ; mais, co prince estant décédé peu de temps après, elle espousa,
en l'an i^Sa, Louys de Savoye, comte de Genève, depuis duc de Sa-
voye, frère d'Anié. Gnichenon ' en a donné les traitez en son Histoire
généalogique de la maison de Savoye, où elle est qualifiée fille aisnée
du roy. L'autre, nommée Marie, fut accordée à Philippe de Bourbon,
seigneur de Beaujeu, fils puisné de Charles I", duc de Bourbon, qui
mourut avant les noces "^ Janus eut encore un fils naturel nommé
Phœbus^, et qui est peut-estre ce Phœbus de Lusignan, qui en l'an i iSs
se disoit seigneur de Sajette, et qui fut envoyé ambassadeur en France
avec Hugues Pocodatore, docteur en loix, par Jean II, roy de Cypre,
pour obtenir du roy Charles VII une subvention qui hiy avoit esté
accordée par le pape au sujet de la guerre qu'il avoit avec les Turcs,
comme j'apprens de quelques lettres de la Chambre des comptes de
Paris. Il laissa un fils nommé Hugues de Lusignan, qui fut marié deux
fois*; la première avec une fille de la maison de Babin, puis avec
Isabeau Placoton. Il eut, de la première, Isabeau, femme de Werwic de
Zimblet, baron de Macrasique; de la seconde, vint Lucrèce de Lusi-
gnan, qui espousa Olivier de Flatres et en eut Hugues et Olivier de
Flatres, qui mourui'ent à la prise de l'isle, l'an 1670, et une fille
mariée à Hercules Palol, décédé en la mesure occasion.
Jean, II" du nom. roy de Cypre, naquit l'an iii3^ [le 16 mai
ikih, selon Strambaldi], et fut couronné roy des trois royaumes, en
l'église de Sainte-Sophie de Nicossie, par Salomon, évesque de Tor-
tose. Sa mère, qui estoit une dame ornée de belles qualitez, gouverna
quelque temps l'Estat, et jusques à sa mort, arrivée le iS"" jour de dé-
cembre, lan iliùh'^'. 11 fut obligé, comme son père, de recounoistre le
' Guichenon, Hisi. généalogique, etc. t.W. ' Etienne de Lusignan, loc. cil. — De
p. 364, 365. Mas-Latrie, t. III, p. 267.
- Sainte - Marthe. — Etienne de Lusi- ^ Loredano, i. X, p. Sya; trad. franc,
gnan, loc. cil. t.II.p. 168. — De Mas-Latrie, t. II, p. 629.
' Etienne de Lusignan, /oc. e/?. et fol. ai; ' Loredano, i. X , p. 576; trad. franc.
Chorogrqffia, 3" tableau généalogique. t. II, p. 171.
LES ROIS DE CHYPRE. 93
sultan pour seigneur, et de luy continuer le tribut. Il prit ensuite ré-
solution de se marier; et, ayant jeté les yeux sur Ayniée de Montferrat.
fille de Jean- Jaques Paléolo'jue, marquis de Montferrat (Loredan '
[ainsi que les historiens Amadi et Stranibaldi-] la nomme Médée, au
lieu d'Amédée; d'autres, Isabelle^), il re.spousa par procureur, à Pii-
paille, le aS*^ jour de décembre, l'an 1^37*. Hugues de Lusignan,
cardinal de Cypre , espousa la princesse au nom du roy.
[Mais, difTérentes causes ayant relardé le départ d'Aimée ^, elle ne s'embar-
qua à Venise pour se rendre en Chypre que le 27 mai ihào. Le mariage eut
lieu le 3 juillet suivant.]
Laquelle estant décédée [le i3 septembre liio], deux mois après
quelle fut arrivée en Cypre, par l'intempérie de lair'^, ou, comme
aucuns estiment, de poison, il prit une seconde alliance avec une dame
de la mesme famille, ({ui fut Hélène Paléologue', fille unique de Théo-
dore Paléologue, despote de Selyvrée, second fils de l'empereur Ma-
nuel. Aucuns la font fille d'André, despote, neveu de Théodore, contre
la vérité. Car Spandugino\ Volaterran^ et autres, la font fille de Théo-
dore. Phranzès'", qui en fait mention, la qualifie fille du frère de l'em-
pereur Constantin. [Le mariage fut célébré à Sainte-Sophie de Nicosie,
le 3 février ihk'i, nouveau style".] Celte dame, d'abord qu'elle eut
espousé le roy, comme elle estoit artificieuse et de grande conduite,
s'empara de l'esprit de son mary, quiavoil esté nourryparmy les femmes
et dans l'oysiveté, et estoit fort peu propre aux affaires, et fit en sorte
qu'il luy abandonna le gouvernement. Ce fut alors qu'elle renversa
Loi'oJano, loc. cit. ' Loredano, loc. cit. — De Mas -Latrie,
" De Mas-Latrie, t. III, p. 79, 80. loc. cit.
Nous n'avons pas trouvé dans quels au- ' Vkis II. Asia, c. xcvii. De bello Cyjn-io.
leurs cette princesse est appelée Isabelle. Ce — Gobelin. Comment. PU H, \. VII , p. 1 7(1.
nom était celui d'une sœur d'Aimée. — Du Cange, Famil. /Uig. Bijzant. p. aiS.
' Giiichenon, Histoire gciicalogique , etc. — Dogliani.
t. I, p. /i8/i, 1245. — Du Cange, Famil. ' Spandug. p. 189.
Aug. BijzdiU. p. a5-3. " Volât. 1. IX.
' De Mas-Latrie, t. III, p. 79 et note 1, '° Phi-anz. 1. III, c. v.
p. 80 et note -2. "De Mas-Latrie, t. III. p. 80.
94 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
ICsIal (le la iclifjion romaiiu'', v iiilroduisaut la grecque, dont elle
cstoit iiilcclée, cliangeaiil (oiis Irs prélals lalins dans les églises, au
lieu des(juels elle mil des prestres grecs. Elle estoit gouvernée, d'ail-
leurs, par une sienne nourrice, el celle-cy par son fds [Thomas],
qu'elle fit élever à la dignité de chambellan du roy.
Cependant le roy, désirant reprendre Famagouste'\ y mit le siège
en l'an 16/11; mais les Génois l'ohligèrent à se désister de ses préten-
tions et de faire paix avec'eux. A[)rès la mort de sa première femme,
il s'estoit pris d'une dame nommée Marie, de Patras, de l'archipelage ,
a laquelle la reyne Hélène, par jalousie, fit couper le nez [selon Lu-
signan^, elle le lui coupa elle-même avec les dents], d'où elle fut nom-
mée Coiiionutena, c'est-à-dire sans nez*, et en eut un fils nommé Jacques,
qui naquit en l'an i/iSG-'. En la mesme année, Hélène accoucha d'une
fille, qui fut nommée Charlotte. Cette princesse, estant encore toute
jeune, fut mariée à Jean île Portugal, duc de Coymbre, petit-fils de
Jean, 1"' du nom, roy de Portugal; lequel, estant arrivé en Gypre,
non-seulement fut fait et créé prince d'Antioche , mais encore le roy
luy abandonna le gouvernement des alTaires'^.
Le prince réforma d'abord les abus qui s'estoient glissez dans la re-
ligion , laquelle il rétablit en sou ancien estât , et gagna , par sa conduite ,
' Loi'edano,l.X,p.576.577 ; trad.frniiç. même que fjiûris , p;T); , fi/ri; , qui seniblenl
t. II, p. 173. — Etienne de Lusignan, llist. tous provenir (leptwxTi/p, nez. Ainsiles Grecs
(le Cijpre, fol. i56 v°. disaient, par un mot de forme tout à fait
' Lorcdano.i.X.p. 579. .58u;trad. franc. semblable. HOfif/oTroSaj, qui a les pieds cou-
(. II. p. 176, 177. p^s. (Du Gange. Ghssar. mcil. ethif. grœci-
^ Etienne de Lusignan. Hisl.dii nnjmuiic lalis . t. I, col. 700. 9-29.)
fie Ciiprc, fol. i5G; Chorograffia ilcW iso- ^ Cette date est tout à fait inadmissible,
la, etc. fol. 60 v'. surtout pour la naissance de Charlotte ,
' Etienne de Lusignan (Hisl. de Ct/pre, puisque sa mère ne fut mariée qu'en liia.
fol. i56 v°) l'appelle Comotimtene , et Loré- Quant au prince Jacques, puisqu'on le disait
dan (1. X, p. 577, 578; trad. franc, t. II. âgé de trente-trois ans lorsqu'il mourut en
p. 176, 175), Comomutenu , forme préfé- 1^73, il devait être né en 1Z160.
rable à celle que donne Du Gange. C'est, " Loredano. 1. X. p. 587 et suiv. trad.
en effet, une légère altération du grec «of/fxo- franc. 1. II, p. i85 et suiv. — Et. de Lusi-
fjiÛT);»'. qui a le nez coupé, substantif à lac- gnan, IlisUiire de Cypre , fol. i56 v°. — De
cusalif. composé de KO-alw et de ^vtijs. le .Mas-Latrie, t. III, p. 81 et note a.
LES ROIS DE CHYPRE. 95
les affections des Cypriotes, qui se lassoieut du gouvernement des
femmes. Mais, d'ailleurs, cela luy attira la haine de la reyne, qui. à
la persuasion de sa nourrice et de son fils , prit résolution de s'en del-
faire : ce qu'elle fit par le poison, que le chambellan luy donna. Ce
fut alors que ce faquin, devenu insolent par la mort de son ennemy,
commença à maltraiter la jeune princesse ^ laquelle eut recours , eu
cette occasion, à son frère naturel, qui, pour la venger, le tua de sa
main. Ce jeune prince commença dès lors à aspirer à la couronne . se
persuadant qu'elle ne pouvoit tomber entre les mains de sa sœur, par
les Assises du royaume, qui en excluoient les femmes-. La reyne, (jui
avoit préveu le dessein de Jaques, l'avoit engagé dans Testât ecclésias-
tique, et, l'archevesché de Nicossie estant venu à vacquer après la
mort du cardinal^, elle l'en avoit fait ])ourveoir, sans néantmoins que
le consentement du Saint-Siège y fust intervenu. Cette dernière action
confirma à la reyne la pensée qu'elle en avoit eue auparavant : c'est
pourquoy elle fit en sorte qu'd vidast le royaume. .Ia([ues se cacha
quelque temps chez le baile de Venise, puis se relira à Rhodes, où
il fut très-bien accueilly des chevaliers. En cet entre-temps, la reyne
vint à décéder, le 1 1*" jour d'avril, l'an t ^58 '\ D'autre part, Charlotte
estoit recherchée en mariage par divers princes. Le pape Alexandre VI ■'
luy offrit Baltliazar Borgia, son neveu; mais l'occasion se présenta d'une
autre plus illustre alliance, qui fut de Louys de Savoye, comte de Ge-
' Loredano, I. X, p. .Sg-S et suiv. trad.
franc, t. tl , [). igi el suiv.
" La loi, ou plutùt la coutume, n'était
pas formelle sur ce point en Chypre comme
en France. Hugues III étaitmonté sur le trône
(1267) en vertu des droits que semblait lui
avoir transmis sa mère Isalielle. Un siècle
après (1882), on en avait écarté Marie,
fille de Pierre 1", que son frère Pierre II
avait nommée son héritière, pour prendre
Jacques, son oncle, frère de Pierre I", sous
prétexte que les filles ne succédaient pas à
la couronne. Cependant Cliai-lotte succéda
à son père, sans opposition de la part du
clergé, des nobles et du peuple; et son
frère, qui la déposséda, fut (oujours re-
gardé , surtout par les anciennes familles
franco-cy[)riotcs, comme un usurpateur.
' De Mas-Latrie, I. III , p. 7'i. 78, notes.
' De Mas-Latrie, t. III, p. 7G, note 3.
' Inadvertance échappée à Du Gange.
Alexandre VI ne fut pape qu'en liga.
Il faut lire ici, d'après Lorédan (1. X,
p. 607; trad. l'r. l. II, ]). a 00), Calliste III
(Alfonse Borgia). (|ui fut pape de ihâi) h
ii58.
96 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
nève', second fils de Louys, duc de Savoye, et d'Anne de Cypre. [La
reine s y était vivement o|)|)osée; mais, après sa mort,] le traité de ce
mariage lut conclu à Turin, le i o'^ jour d'octobre de la mesme année,
par Janus de Montolil", mareschal de Gypre, et Odet Bossât, ou du Puy-
sel, gouverneur de la princesse, ambassadeurs du roy. Parce traité, il
fut convenu que Louys prendroit le titre de prince d'Antiocbe, et que,
après la consommation du mariage, les barons de Cypre luy feroienl
hommage , comme à l'héritier présomptif du royaume, qui luy appartien-
droil après le décez du roy. Durant ce temps-là-. Jaques, perdant l'es-
pérance de parvenir à la couronne, fit ses instances vers le pape Nicolas
pour avoir les provisions de l'archevesché de Nicossie, à quoy la reyne et
sa fille s'estoient opposées puissamment, l'ayant traitté non-seulement
de bastard, mais encore d'Iiomicide. Leurs lettres estant tombées entre
ses mahis, piqué de sentimens de vengeance , il vint, déguisé, en Cypre,
et, accompagné de plusieurs de ses amis, entra dans le palais, où il
passa au fil de l'espée tout ceux cpi'il croioit lui estre contraires, puis
alla loger en la maison archiépiscopale. [Lusignan^ et Lorédan* ra-
content le fait avec quehpie difi'érence, surtout dans les motifs qui
poussèrent Jacques à cet acte de violence. Il était indigné, disent-ils,
qu'on ne lui rendit point les revenus de son arclievêcbé, dont il était
privé depuis le meurtre du cbauibellan Tiiomas.] Les tendresses que
son père avoit pour luy firent qu'il ne vengea pas avec vigueur cette
action j)leine de présomption et de mépris. Au contraire, il le laissa
paisible tant qu'il vécut, et jusques à sa mort, arrivée le aG*" jour de
juillet de la mesme année i/i58. Quelques auteurs ont avancé qu'il
mourut de poison, qui luy fut donné par son fils. [Lorédan^ parle de
poison, mais ne dit pas qu'on eût soupçonné le prince Jacques. Pie 11
lui-même'*, quoique fort partial contre ce prince, n'en dit rien.] Il fut
inhumé en l'église de Saint-Dominique de Nicossie, près de son père.
' Giiichenon . Histoire généalogique, etc. '' Loredano, 1. X, p. 607 et suiv. Irait,
t. I , p. 5.37, 538; t. II, p. 38G. franc, t. II, p. 2o5 et suiv.
^ Pius II, De bcllo Qjprio , e. xcvii. ' L. V, p. ù-iS.
' Liisig-nan . Ili.1t de Ci/jirc . fol. i5f). ' Pius II. loc. cit.
LES ROIS DE CHYPRE. 97
Charlotte, fille unique de Jean II et crHélène Paléologue, fut, après
la mort de son père, reconnue reyne de Cypre par les barons \ et fut
couronnée solemnellement en l'église de Nicossie. Ce l'ut en cette qua-
lité qu'elle conféra l'ordre de Cypre, dit de l'Espée, à Martin Villain ,
seigneur de Rasseglieni en Flandres, au retour de son voyage de la
terre sainte ', comme on reconnoist par ses lettres données au palais
de la citadelle de Nicossie, le 23"= jour de juillet l'an lûBg, indict. vu,
auquel temps le prince Louys, son mary, n'estoit pas encore arrivé en
Cypre, n'y estant abordé qu'au mois d'octobre suivante II y fut reçu
avec joye par les barons, qui firent solenniiser son mariage avec la
reyne , en l'église de Sainte-Sophie de Nicossie , le 7 du mesme mois ,
où il fut ensuite couronné roy de Cypre, la reyne ayant desjà reçu la
couronne. Aucuns écrivent que ce mariage se fit sans la dispense du
pape*, et que, pour cela, les évesques ayant refusé de faire la béné-
diction, un chapelain de la reyne la fit; ajoutant qu'alors, en l'église
grecque, on n'admettoit pas les dispenses. Mais, si cela estoit véritable,
il faudroit inférer que les roys de Cypre eussent en ce temps-là re-
connu cette église, depuis le changement que la reyne Hélène Paléo-
logue y introduisit.
Cependant Jacques, bastard du roy delTunt, n'ayant pas osé attendre
l'arrivée du prince, alla trouver le sultan d'Egypte^; ce qu'il fit par le
conseil de Marc Cornaro, gentilhomme vénitien, qui mesme luy donna
son vaisseau à cet efî'et. Estant arrivé au Caire, il fit si bien, par ses
pratiques et son adresse, qu'il gagna l'esprit de ce prince infidèle,
qui luy donna une armée navale, avec laquelle il recouvra son royaume.
Louys et la reyne Cliarlolte ayant esté obligez de céder à la puissance
d un si grand ennemy. J'omets les circonstances et les événemens sin-
guliers de cette guerre, la chose ayant esté traitée à fond par le pape
' Etienne de Lusignan , ///*•;. de Cypre, ' Giiichenon. /fcï.rfe.S(«'Oi/c^ t. I,p.538.
fol. 1C2 v°. — De Mas-Latiie, t. III, p. 89. ' Loreilano, i. X, p. 6.'5f), 6/10; trad.
— Chron.de Georges Bustron. — Loredano. franc, t. 11, p. 938, 909.
I. X, p. 699; trad. franc, t. II, p. 227, '" Pius II, loc. cil. — Et. de Lusignan ,
998. Hist. de Cijpre, fol. 166 elsuiv. — Loredano,
" Hist. de Guines , au.x preuves, p. 691. i. X, p. 689. 6io.
i3
98 LES FAMILLES D'OUTRE-MER
Pie 11', au li'aiU' (ju'il eu a l'ail, et, [rappelée aussi] eu [uue de] ses
épistres; [racouiée eu détail] par le cavalier Loredau et Estienue de
Lusignaii eu leur Histoire de Gypre, et particulièrement par Guiclie-
noii - eu sou Histoire de la maisou de Savoye, où il a rapporté la trau-
sacliou que cette infortunée princesse fit avec Louys, duc de Savoye,
et la duchesse Aiuie de Gypre, sa femme, en labhaye de Saint-Maurice
de Ghablais, le 18*^ jour de juin, l'an 1^6-3, par laquelle il fut arresté
que, la reyne venant à décéder sans eufans du roy Louys, sou uiary,
le duc demeureroit seigneur et roy du pays de Gypre, et les siens,
aiusy qu'il a voit est('' accordé par leur contrat de mariage et au cou-
ronuenient du roy. Gette donation du royaume de Gypre fut ratifiée
par une auire que cette reyne fit à Ronu^ le 2 5" jour de février. Tau
) 685^, en faveur de Charles, duc de Savoye, sou neveu, par laquelle
elle hiy donne, en termes exprès, le royaume de Gypre, avec le titre
et la qualité de roy , ])our luy et ses successeurs ducs de Savoye. G'est
(Ui suite de ces donations que les ducs de Savoye prennent le titre de
roys de Gypre. Gette princesse, après avoir inutilement essayé d'en-
{jager les papes et les princes à sou restablissement [et refusé noble-
ment l'asile (puî Venise lui offi-ait sui' sou territoire, avec une pension
annuelle de 5, 000 ducats d'or*], mourut, sans eufans, à Rome, d'une
paralysie, le 16*^ jour de juillet, l'an 1 hS^ ^, et fut inhumée eu l'église
de Saint-Pierre, entre les chapelles de Saint-Thomas et de Nostre-
Dame, entrant à main gauche, avec cette épitaphe'^:
CAROLA, HIERUSALEM, CYPRI ET ARMENIJ) REGINA,
OBIIT XVI JUUI, ANNO DOM. M.CCCC.LXXXVII.
Le roy Louys, son mary, eu suite de ces disgrâces, se retira au prieuré
(le Ripaille, près de Thouou, et y mourut au mois d'aoust, l'an 1 /i8-j.
' Plus U, De bello Cyprio, Hislor. rciuiii ^ Guiclienoii, llixl. de. t. I, ji. o/i5:
ubique gcslarum : De Asia, c. xcvii, epist. l. II, p. /ioi-'io3. — De Mas-Latrie, t. III.
ioi , édit. de i5i8; epist. 887, édit. de p. i5i, i5-2 et notes. — Et. de Liisignaii ,
i,55i. -— VolaleiT. 1. IX. fol. 18G.
" Gaichenon, Histoire de la maison de " De Mas-Latrie, t. III, p. i48-i5o.
Savoye, t. I, p. 5ii, et t. II, p. 3g i ; Hist. '' De Mas-Latrie, t. Itl, p. 8y . note i.
des éoesques de Belky , p. yy. ' Roma suhictr. 1. H , c. i.x. S i 8.
LES ROIS DE CHYPRE. 99
.Iaques, s'estant ainsy rendu maistre du royaume de Cypre, tant |)ar
le secours du sultan d'Egypte que par sa valeur, commença à travailler
à régler les affaires de son Estât. Premièrement d assiégea, sur les Gé-
nois, quiavoient favorisé la reyne Charlotte, la ville de Famagouste',
et la leur enleva [par capitulation, le 20 janvier 1/16/1], après qu'ils
l'eurent possédée l'espace de quatre-vingt-dix ans; puis, sur la deffiance
qu'il eut que les Sarrazins, qu'il avoit appeliez à son secours, ne s'em-
parassent du royaume, d les fit tous tuer en une nuit 2. Cette action
luy eust attiré la guerre [de la part] du sultan, s'il n'en eust destourné
l'orage par ses adresses ordinaires et par ses pratiques vers ce prince.
Puis il appliqua ses soins à s'appuier de quelque alliance. Il avoit re-
cherché d'abord la fille d'André Paléologue, ou plustost de Thomas,
despote, qui estoit réfugié à Piome; mais le pape^ estimant qu'il de-
voit chercher un autre ap|)uy, luy offrit sa nièce, qu'il refusa, sur le
bruit de sa vie un peu licencieuse. Ce refus irrita tellement le pape
qu'il ne le traita plus que de tyran et d'apostat. Enfin André Cornaro*.
noble vénitien, qui avoil esté fait auditeur de Cypre, luy offrit Cathe-
rine, sa nièce, fille de Marc Cornaro, chevalier, son frère, avec cent
mille ducats de dot, et avec promesse de la faire reconnoistre par la
république de Venise fille de Saint-Marc ^
L'appuy et l'alliance des Vénitiens ^ qui s'engageoient par là à son
secours et à sa protection, luy firent accepter ces propositions, en suite
desquelles il envoya Plùlippes Pocodataro, son ambassadeur à Venise,
où les espousadles se firent, par paroles de présent, l'an 1 /169. Catlie-
rine, toutefois, n'arriva en Cypre que l'an 1/171 ^
' Et. de Lusignan, Hisloire de Cypre, ' Pnoio Morosini. Dell' histor. cU Venel.
toi. iy8. — Loredano, 1. XI, p. 681, 682 ; I. XXIV. — Paul. Crassus Patav. in pra^fal.
trad. franc, t. II, p. 281, 28a. — De Mas- ad Theoplid. protospalliarium.
Latrie, t. III, p. 170, note 1 , p. lyS. ' Et. de Lusignan, Histoire de Cypre,
- Et. de Lusignan, loc. cit. fol. 179. — fol. 181 v° et 182. — Loredano, 1. XI,
Loredano , foc. «V. p. 70a, 708; ti-ad. fi-anç. l. II, p. 3o5-
^ Et. deLusign. loc. cil. fol. 181. — Lored. 807.
t.XI,p.699, 700; trad.fr. t. II, p.3oi, 3o2. ' P. Bembo, Hist. Venei. 1. I.
— De Mas-Latrie, t. III, p. 176 , note 1. 'De Mas-Latrie, l. III , p. 3/i3 . note a.
t3.
100 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
[Les fiançailles avaient eu lieu en i /iG8 , et Catherine ne partit pour Chypre
qu'en 1/1712'. Dans rinl(>rva!le, .lai'([ues, comprenant que, par cette alliance,
il se mettait en (|uel(|u<' sorte à la discrétion de la république, avait hésité
longl('m|)s, et tenté de renouer l'afi'aire de son mariage avec la fille du despote
de Morée. Mais enfin il céda aux pressantes instances de Venise, qui le som-
mait presque avec menaces de remplir ses engagements.]
Le roy survécut pou de temps à ce mariage, et mourut le 5'^ jour de
juin [ou mieux le 6 juillet de] l'an 1678, âgé de trente-trois ans.
(Juelques-uns tiennent qu'il fut empoisonné par Cornaro et Bembo, ses
oncles, qui vouloient se rendre maistres du royaume. Il fit son testament
avant que de mourir, par lequel il institua la reyne et l'enfant dont elle
estoit grosse héritiers du royaume de Gypre, sous la protection de la ré-
]»ublique de Venise^. L'enfant qui naquit de cette alliance fut nommé
Jacques et succéda au royaume ^. Il laissa encore trois enfans naturels,
sçavoir : Janus, Jean et Charlotte, qu'il eut de quelques nobles concu-
bines, entre lescjuelles fut la sœur de Balian de Nores, qui furent
envoyez à Venise, où ils moururent sans postérité*. Quelques-uns
écrivent que leur père les substitua, par son testament, à l'enfant qui
devoit naistre de sa femme, et à ceux-ci, le plus proche de la maison de
Lusignan-'. Charlotte espousa Sor di Naves, prince d'Antioche. Mais je
doute que ce mariage ait esté accompli, si toutefois c'est cette Charlotte,
lille de Jacques, laquelle décéda à l'âge de douze ans, et dont l'épi-
taphe se voit à Padoue, en l'église de Saint-Augustin, en ces termes :
ZACHl, C\PR1 REGIS, CERLOTA F. H. SEPT. T. |hicsita est?|
ANNO SVM «TATIS XU, MENS. HI, M.CCCC.LXXX, JUMI XXIIIP.
Il y a encore, cians la mesme église, l'épitaphe de Marie de Patras.
' De Mas-Latrie, t. III, p. iS-a-iSû, * De Mas-Lalrie, f. \U. p. ;î'i(i , note .3:
3o7-3io, 3i2-3i5. |). 4o8-4i2.
' Ét.deLusignan,/fo(.f/eC'»;jor(!,fol.i8a. ' Voir le testament, Chron. de Georges
180. — Loredano,!. XI, p. 706-707; trad. Bustron. — De Mas-Latrie, t. III, p. SiS-Siy.
franc, t. II , p. 3o8-3 11. — De Mas-Latrie . " Schrader, Momim. liai. p. 1 5.— De Mas- ,
t. III, p. 3U-345, 345-347. Latrie, t. III, p. 34G, n. 3. — Jac. Salomo-
' Thuan. I. XLIX. nias, Inscript. in-h. Patavinœ , p. Sg.
LES ROIS DR CHYPRE. loi
mère du roy Jacques, qui fait voir qu elle survécut à son fils. Elle est
ainsy conçue :
MARIETA. MATER QUONDAM lACOBI, CYPRI REGIS,
VIVEINS SIBl FECIT M.CCCC.LXXXni, MENS. SEPT'.
[OBUT AUTEM M.D.IU DIE XII APRILIS '.
Kllc lut transportée à Venise en 1^76. par ordre du Conseil des Dix, avec
les enfanis naturels de Jacques IP.]
Quelques auteurs de ce temps-là écrivent que Ferdinand, roy de
Naples, envoya des ambassadeurs en Gypre, pour recherclier en ma-
riage la fille naturelle du roy Jacques, qui estoit alors décédé. Je ne
sçay si c'estoit cette Charlotte*.
I L;i (lliariotte promise à Sor de Naves mourut en 1 A6c) ^. [jm^ autre Char-
lotte survécut à .son père; c'est celle qui mourut, âgée de douze ans , le 2/1 juil-
let 1680, celle que le roi Ferdinand rechercha en mariage, non pour lui.
mais pour son fils naturel, en 1478, lor.-iqu'eile n'avait encore que cinq ou
six ans".
Lusignan , dont le bisaïeul Clarion avait été maltraité et dépouillé de ses
biens jiar Jacques II, a jugé ce prince sévèrement. Lorédan, après un récit
assez impartial de ses actes comme homme privé et comme roi, résume l'en-
sejiihle de sa conduite et les traits de son caractère par un éloge à peu près
complet, auquel il oppose le blâme et les reproches des partisans de Charlotte.
Sans vouloir atténuer ni excuser ses torts et ses actes nombreux de violence , on
ne saurait disconvenir i|u'il n'ait été un des rois de Chypre les plus remarquables
par la justesse autant que par l'élévation de son esprit. D'une activité qui lui fai-
sait tout entreprendre et nîussir partout, il conquit son royaume et reconstitua
l'unité du territoire; il eût peut-être réparé les malheurs des règnes précédents
s'il eût vécu''. On peut consulter, comme un monument de sa sagesse et de son
' Schrader, loc. cit. fol. i5 v°. ' De Mas-Latrie, t. III, \>. 3o8 et note a ;
' Jac. Salomon. loc. cit. p. 3i6 et note 3.
' De Mas-Lalrie, t. llï.p. hoS. ' Loredano , I. XI, |>. 817, 7-2/1; trad.
' Josaph. Barbar. Ilivnnriiim persiciim . Iranç. t. II, p. 3a2, 393-33o.
p. /160. ' De Mas-Latrie, t. III. p. i84-3o6.
102 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
habileté, iiin' Miilc d'urtos enregistrés à la secW'le royale de Nicosie, pour les
années i 668, i/i6(), ((ue M. de Mas-Latrie a publiés d'après un manuscrit du
Vatican. |
Jacques, 111" du nom, naquit après la mort de son père, en suite de
lacjuelie, ol suivant sa disposition, Catherine, sa mère, fut reconnue
reyne de Cypre. Jacques estant né, il fut aussytost couronné, pour em-
pescher les mouvemens des grands, qui sembloient favoriser la mère,
(pii tut obligée de se retirer à Hliodes.
I Les faits sont ici confondus et rappelés d'une manière inexacte'. Il y eut,
le t5 septembre 1/178 , une violente émeute des Cypriotes, non en faveur de
(Jatherine au détriment de son fils, mais contre l'influence déjà prépondérante
des partisans de Venise. Deux oncles de la reine, André Gornaro et Marc Bembo.
y perdirent la vie, ainsi que plusieurs notables personnages qui étaient attachés
à sa personne ^. Ce fut une occasion favorable pour Venise d'établir sa domi-
nation dans l'île, en plaçant des hommes à elle dans toutes les villes, les for-
teresses et les ports'. Mais la reine resta en Chypre, sous sa dépendance, et
continuellement surveillée par ses agents , jusqu'au moment oii la république
lui signifia l'ordre de quitter Chypre*. C'est alors seulement que, pour échap-
per à cette tyrannie, elle tenta de se réfugier à Rhodes; mais ce projet ne put
recevoir son exécution^.]
Mais le jeune prnice vécut peu de temps, estant décédé Tannée
suivante, ou l'an 1/17 5, non sans soupçon de poison. H fut inhumé à
Famagouste *'. [Jacques III, né le 27 ou le 28 août 1678, mourut le
26 août iZiyi^]
Catherine Cornaro, sa mère, comme héritière de son mary et de
son fils, gouverna le royaume paisiblement l'espace de quinze ans,
sous la protection de la république de Venise, qui dissipa à divers
' De Mas-Latrie, t. III, p. 353-369. ' De Mas-Latiie, t. III, p. /lag-iSi.
' De Mas-Latrie, hc. cit. p. 870, 871. ' Bembo, 1. I. — Sabell. Dec. III. 1. X.
' De Mas-Latrie, loc. cil. p. iii-ii6. — Doglioni.
' De Mas-Latrie, loc. cit. p. 620-625. • De Mas-Latrie, t. III. p. 3i8. note i.
LES ROIS DE CHYPRE. 103
temps les vains eflbris de la reyiic Charlotte, qui, après la mort du
bastard, avoil repris ses espérances de rentrer en ses Estais [par 1 en-
tremise de Rizzo de Marin, ancien chambellan de Jac([ues II, et de
Tristan de Giblet']. Ferdinand, roy de Naples, la l'echercha en maria[^;>'
pour son fds Frédéric, [ou plutôt pour son fils naturel Alfonse, selon
Marin Sanut le jeune, ou pour lui-même, selon Lusignan^; ce ([ui
paraît moins vraisemblable]; mais les Vénitiens, qui aspiroient à la
possession de ce royaume, craignant d'en estre frustrez si cette alliance
se faisoit, la firent persuader, par Geoi-ges Cornaro, son frère, d'en
faire la cession à la république, et de se décharger du soin du gouver-
nement en se retirant à Venise, où la république luy domieroit de quoy
subsister selon sa dignité : ce que la reyne, qui dépendoil des Véni-
tiens, fut obligée d'accepter, contre son inclination. Estant ensuite
partie de Cypre, elle ai-riva à Venise, où elle fut reçue, avec beancoiqi
de magnificence, l'an 1/489, et y résigna publiquement tout le droit
qu'elle avoit au royaume de Cypre. [Mais il n'y a point d'acte écrit de
la cession de ce royaume faite aux Vénitiens par la reine Catherine.]
La ré])ubli(pie luy donna la ville d'Ascoli [Asolo, dans la Mai-che tré-
visane] et 5o,ooo livres de ])ension tous les ans [8,000 ducats, dont
les revenus d'Asolo formeraient une partie^]. Il fut encore arresté que
la famille des Cornares, dont elle estoit issue, pourroit ajouter, à
l'avenir, à ses armes celles de Cypre.
Ainsy les Vénitiens [moyennant le tribut annuel de 8,000 ducais
qu'ds continuèrent de payer au sultan d'Egypte, comme au seigneur
suzerain des derniers princes de la maison de Lusignan] devinrent
possesseurs de l'isle de Cy[)re , qu'ils tinrent jusques en l'an 1670*.
qu'elle leur fut enlevée par Sélim [II], sultan des Turcs, qui se pré-
tendoit estre au droit des sultans et des' mamelucks d'Egypte, de ([ni
ce royaume dépendoit et estoit tributaire-'. [Nicosie fut enq)ortée d as-
' De Mas-Latiie. t.tll, I». /iiSet note 1. ' De Mas-Latrie, t. lit. p. /io->-/i54 . i-jM
p. iif). 435-5'i5. et note i.
" Etienne de Lusignan. ilist. de ('ijpve , " De Mas-I>atrie, t. lit. \i. k'jt) et note 1.
foi. 18.5. ' De Mns-Latrie, t. 111. y. 569. note 1!.
104 LES FAMILLES D'OIITRE-MER.
saiil par les Turcs le 9 septembre iS^o: Farnagouste, la place qui
résista le plus longtemps, capitula le 1" août 1671 '.]
La leyne Catlierine mourut à Venise le 1" [10*=] jour de juillet, l'an
I iBio], âgée de cinquante-quatre [ou plus vraisemblablement cin-
quante-six] ans [étant née en 1 656 ]'-^. Son corps fut inhumé en l'église
des Apostres, d'où il fut transpoi-té en celle de Saint-Sauveur, durant
que l'on rebastit cette église^. Georges Gornaro , son frère, luy fit élever
un superbe tombeau de marbre, avec une chapelle.
[Tous les niallieurs qui affligèrent Chypre depuis le meurtre de Pierre 1",
et même son assujettissement à la domination des infidèles, avaient été, si l'on
on croit Lusignan*, prédits clairement par sainte Brigitte, qui, à son retour
de Jérusalem, était venue à Famagouste peu après la mort de ce prince, t^ Il n'y
ta plus qu'une de ses prédictions à accomplir, ajoute Lusignan. qui écrivait en
"• 1678, celle qui annonce le retour de i'ile sous la puissance des chrétiens.'^
Or voici cette prédiction telle qu'elle se trouve au livre des Révélations de
sainte Brigitte, chap. xix ^:
K Peuple de Cypre, je te déclare que, si tu ne veux te corriger et amender,
«j'effaceray ta génération et race du royaume, et ne pardonneray ny au pauvre
«ny au riche, et t'effaceray en telle sorte qu'en hrief temps ta mémoire s'es-
ft coulera des cœurs des hommes, tout ainsi que si jamais n'eusses esté au monde.
"Vray est qu'après cela j'y planterai de nouvelles plantes qui accompliront mes
« commandemens et m'aimeront de tout leur cœur. «
Il faut avouer que cette prophétie ressemble parfaitement à celles du Mira-
hilis liber de Nostradamus, et, en un mot, à toutes les prophéties de ce genre,
qui deviennent claires après les événements. ]
' Ange Calepien, Disc, de la priiise de ' P. Berabo, Hist. Venel. I. X, p. siy.
Nicossie, p. q58 et suiv. — Disc, .sur la — Sansov. Nella Venel. l. Il et III.
prin.ic de Famagouste , p. 288 et suiv. " Lusignan, Ilist. de Cypre, fol. 1^7 v°
= De Mas-Latrie, t. III, p. 468 et note 9, et i48.
p. /i ltr)-^5 1 . ' Lusign. Hist. de Cypre, fol. aSS r° et v°.
LES ROYS D'ARMÉNIE.
Les géographes du moyen temps divisent l'Arménie en deux par-
ties, dont Tune, appelée la Grande Arménie, avoisine la mer Caspie.
du costé du septentrion, et est séparée par le fleuve dEuphrate de la
Petite Arménie, qui joint de l'autre costé à la Cilicie et à la mer Médi-
terranée. Mélitène estoit la capitale de cette seconde Arménie \ qui fut
autrefois le siège des peuples nommez Leuco-Syres ou Syriens blancs.
au rapport deProcope, ou plustost des Mélano-Syres, comme veut Héro-
dote^. Il y avoit encore, outre ces deux Arménies, Je Thème arméniaque^,
qui estoit une partie de la Cappadoce qui avoisine le Pont-Euxin. ainsy
' Procope, De liello Persicn, I. 1, p. 27;
édit. de Par. c. xvii. p. 6g.
* On ne trouve dans Hérodote aucune
mention des Mélano-Svres, ni môme des
Leuco-Syres. Cet historien dit seulement
(1. 1, c. Lxxii) que les Grecs donnent le nom
de Syriens aux Cappadociens. Les Leuco-
Syres sont nommés par Procope (loco citato),
Pline (Hist. natur. ]. VI, c. m). Strabon
(1. Xn, p. 564, a, et 1. XVI, p. 787,3;
édit. de Casaubon, Paris, 1620), etc. En ce
dernier passage , Strabon fait remarquer
cette dénomination de Leuco-Syres, ou Sy-
riens blancs, comme supposant, par con-
traste, des Syriens noirs, ûs àv Ôvtcijv rtvàiv
2tip«oi> liai (ieXâvuv ; mais il ne nomme point
les Mélano-Syres comme un peuple existant
dans ces parages. Constantin Porpbyrogé-
nète s'exprime ainsi dans son traité des
T/ièwftç de l'empire d'Oiiont. c. 11 ( Ban-
duri, t. I, p. G b, c) : rr Hérodote appelle
rr Leuco-Syres tous les Cappadociens qui ha-
rrbitent jusqu'à la mer Pontique, pour les
«distinguer des Syriens qui habitent au delà
crdu Taurus et de la Cilicie, et que l'on
rrnomme Mélano-Syres. » Nous avons vu
qu'Hérodote ne dit pas cela. Du reste, Cons-
tantin n'attribue pas à cet auteur la déno-
mination de Mélano-Syres. Nous ne sau-
rions dire d'où est provenue l'erreur de Du
Gange. Les auteurs de L'Art de vérifier les
dates, qui ont transcrit, mot pour mot, ce
début de Du Gange sur les rois d'Arménie , ne
font aucune remarque sur les Mélano-Syres
d'Hérodote.
' Constant. Porphyr. De Tlicmat. 1. 1 . c. 11
— De Adiiuiiisl. imper, c. 1,. (lîanduri. l. I
p. 5 . 1 .3.5. )
1/1
106 LES FAMILLES D'OIITRE-MER.
nommé, parce qu'il estoit joignant à l'Arménie. La principale ville de
(•»' canton estoit Amasée. Mais, dans les derniers siècles, le royaume
d \ rniénie comprenoit particulièrement les provinces qui sont aux envi-
rons (lu mont Taurus, du costé d(; la Cilicie'.
Sous les premiers empereurs de Constanlinople, l'Arménie estoit
gouvernée par des ducs et des comtes^, jusques sous l'empire de
Juslinien, qui en donna le gouvernement à Acacius^, puis à Sittas.
Persan de nation, à qui il avoit fait épouser Comito, sœur de sa
l'ciinne Theodora, qui la tint sous le titre de général d'armée. Ce Sittas
liil tué par les Arméniens. Dorothée* tint encore ce gouvernement sous
.liistinien, et JeanMustacon^ sous Maurice. Chosroès se rendit maistre de
I Arménie ° et de la Cappadoce, sous Phocas, durant les désordres de
ICmpire. Héraclius la reprit, lorsqu'il alla en Perse, et y fitmesme hi-
verner son armée''.
[C'est alors probablement ^'Jo-Jj <[ue David Saliarlioiini *, autrefois uuirz-
han ou gouverneur d'Arménie pour le roi de Perse, fut envoyé par l'empe-
rcnr Hérai'lins, pour administrer ce pays, avec le titre de curopalate.]
Pasagnatliès [Sempad, lils de Varazdirots, de la race des Pagra-
tides°], patrice des Arméniens, se révolta, quelque temps après'",
contre l'empereur Constans, à layde des Arabes. Deux ans après.
\bib, chef des Arabes, y fit une irruption et delTit Maurian, chef des
Grecs. Ensuite Saborius [Sapor], Persan de nation, gouverneur de
l'Arménie", se révolta contre l'empereur Constans, avec le secours de
Muavias [le calife Moavviah], sultan des Arabes, et fut déliait, l'an
de Nostre-Seigneur 658 [66(5].
' Voir plus loin l'addition, p. io8. Theophan. p. â55, -iSG.
' Theophan. p. lai, lig. — Cedrenus. * Saini-Marlin, Mcin. sur l'Arménie, l.\ .
p. ;i()7. — Anastas. Hisi. eccles. p. 55, Oo. p. 335, 336, 4i5.
' Novell. XXXI, c. 1. — Procope, De ' Sainl-Mavlin, Mcm. sur rAniiénie. t. \ .
Mlo Persico, I. 1, p. i8, ig, et 1. III; De p. ii(i.
.Edifie, c. 1. — Theophan. p. 169, 181. '° Theophan. p. 286. — Saint - Martin .
' Theophan. p. iCi. Mêm. .sur l'Arménie, t. I, p. SSy.
' Theophan. p. -2 14. " Theoplian. p. 990. — Anastas. Hist.
Theophan. p. a 48. • ecefes. p. 109.
LES ROIS D'ARMENIE. 107
[Il périt par un accident', et il n'y eut point de bataille livrée entre son
parti et l'armée impériale-. Yézid, fils du calife MoavviaL, envoyé par son père
pour soutenir le parti du rebelle, prit Amorium, en Galatie; mais cette ville
fut reprise, l'année suivante (6G7), par l'eunuque André, lidèie mini.stre du
jeune prince Constantin, lils de l'empereur Constant.
11 parait que les Arabes s'emparèrent d'une partie [de l'Arménie]
sur les Grecs, sous l'empire de Constantin le Barbu, et, sous son suc-
cesseur, qui fut Justinien Rhinotmète, il se fit un traité de paix entre
les Grecs et les Arabes dont Abimelech [Abdul-Malek] estoit le sul-
tan', par lequel il fut arresté cpie les uns et les autres partageroient
les revenus de l'Arménie, de Gypre et de l'Ibérie également. Mais, la
niesme année, Justinien, sans avoir égard à ce traité, envoya Leontius
avec une armée dans l'Arménie et la reprit, ensemble l'Ibérie, l'xAlba-
nie et la Médie. Enfin l'Arménie vint en la puissance des Arabes*,
l'an 687 [698, la 8^ année du règne de Justinien]. par la lascheté
de Sabb.\s ou Symb.\tius, patrice, qui en estoit gouverneur; lequel,
voiant que les Grecs avoient esté delTaits par ces peuples, leur aban-
donna cette province^.
L'année suivante [696 , la 10^ du règne de Justinien], Miiamed [Mo-
hammed], leur chef [fils du calife Abdul-Malek], passa jusques dans la
quatrième Arménie®, que Baanes, surnommé Heptademon, assujettit en-
tièrement aux Arabes ', l'an quatre d'Apsimare [702]. L'année suivante.
' Theophan. p. 290. — Lebeau, Hist.
du Bas-Empire , t. XIII, p. yi. 79.
' Ce Saporius ou Sapor paraît être , sinon
par la ressemblance du nom, du moins par
la coïncidence des temps et des événements ,
ie même que Hamazasb. (Saint -Martin,
Mém. l. I, p. 337, 338, il G.)
' Theophan. 3o2 , p. 3o3. — Const. Por-
phyrog. De Adinin. imper. c. xxii. Apud Ban-
duri. t. I, p. 7/1 , 75. — Anastas. p. 116.
' Theophan. p. 3o6 a. — Cedrenus.
p. 64o , hh\. — Anastas. p. 1 1 7.
° La ressemblance du nom peut faire
prencb'e Sabbas ou Symbatius pour Sembal
ou Sempad, de la race des Pagratides; mais
les faits ne s'accordent pas. D'abord général
des troupes de l'empereur, Seuq)ad , nommé
par Léonce curopalate, en (jgS, resta tou-
jours attaché au parti de l'empire contre les
Arabes. Celui dont la défaite livra l'Arménie
aux Arabes (ôgS) est le curopalate Nerseli.
(Saint-Martin, Mém. 1. 1, 339. 34i, 616.)
° Theophan. 307. — Anastas. p. 118.
' Theophan. p. 011. 3ûi. — Anastas.
p. 119. 1-2 0. — Saint-Martin. Mém. sur
rAniiéiiic, t. I. p. 339. 'àho.
là.
108 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
[les grands de l'Arménie se révoltèrent, massacrèrent les Sarrasins et se
remirent sous la domination des Romains; mais] Muhamed y vint en
personne, y deffit les rebelles et eu lil ])rusler les principaux [708].
De là. il j)assa en Cilicie, d'où il fui repoussé par Héraclius, frère de
rem])creur.
[(Il- n'est pas Mohamed, ce sont deux autres jjénéraux araljes, Azar, en
700, et Azil), en 70 A, f[ui attaquèrent la Cilicie, et qui furent repoussés par
Héraclius.]
Maivan (Merwàn), qui fut depuis calyplie', lils de Muhamed, suc-
céda à son père au gouvernement de l'Arménie [737]. Théophanes'-^
ajoute^ que l'empereur Philippicus [712] obligea les Arméniens qui
avoient esté chassez de leurs terres par les Arabes, et qui s'estoient
retirez dans celles de l'empire, daller habiter la quatrième Arménie
et Mélitène; laquelle place, ayant esté depuis enlevée par les Arabes,
fut reprise par l'empereur Constantin Copronyme*, qui établit, ]iour
gouverneur de la Petite Arménie, Paul, (pii fut défiait par les Arabes.
Cest cette quatrième Arménie qui a donné les roys et les princes
dont jenlreprens l'histoire.
I Du (lange aurait dû appeler ce pays la troisième Arménie. En effet, aux
deux Arménies de la Notice de l'empire, Justinien avait ajouté deux autres
provinces du même nom^, ce qui forma (piatre Arménies, ainsi distribuées : la
jjremière ou intérieure, comprenant plusieurs villes de la Grande Arménie, entre
autres Theodosiopolis, qui devint la capitale de cette nouvelle province; de
l'ancien Pontiis Polcmoniacus , sur le littoral du Pont-Euxin (Trébizonde et Cé-
rasonte), et de la province (|ui était anciennement la première Arménie (Sa-
lala et Nicopolis); la seconde Arménie, (jui avait été la première, ayant pour
' Theoplian. p. 35 1 b. — Saint-Martin, a inséré entre les deux celle qui a rajiport
Mcm. l. I, p. 417. ' à Mervan , el détruit ainsi la liaison des
' Theoplian. p. Sno, 368 d, SO-? , idées et l'ordre chronologique des faits qu'il
375 a. — Anastas. p. lai. indique.
' Dans la première rédaction de Du ' Anastas. p. i65, i4G.
(lange, cette phrase suivait imniédialenient '' Novell. XXXI, c. 1. — Gui Pancn-ol.
celle qui se termine par ces mots : Hcra- h Notit. imper. Orient. Qmwwntarium ,
ctiv.i , frère de l'empereur. Plus tard Du Gange toi. 99 v°.
LES ROIS D'ARMENIE. 109
ville principale Sébaste, aujourd'hui Siwas; la troisième, la seconde d'autrefois,
dont la ville principale était Mélitène, Malatliiali '; la quatrième, qui n'était pas
auparavant une province romaine, composée de différentes contrées barbares,
et surtout (h la Sophène, au delà de l'Euphrate; une de ses villes principales.
Amide, fut un des boulevards de l'empire grec-. Les trois premières Armé-
nies, dont la deuxième et la troisième représentaient ce qu'on avait appelé la
Petite Arménie, étaient distinctes, sauf quelques villes de la première, de
la Grande Arménie, située au nord de la Perse, et au sud de laquelle se
trouvait la Sophène. A ces diverses Arménies il faut joindre encore le Tlièmt
arménien qui, sous Constantin Porphyrogénète , occupait la partie occidentale
de l'ancien Pont Polémoniaque ; et la Comngène ou Euphratèse, ([ue les Ar-
méniens regardent comme ayant été une des grandes divisions de la Petite
Arménie.
Les divisions et les dénominations des quatre Arménies furent modifiées et
changées plusieurs fois^; cependant on ne voit pas que la province dont Méli-
tène était la capitale se soit jamais appelée la quatrième Arménie. C'est donc de
la troisième Arménie établie par Justinien, celle dont Mélitène était le capitale,
et non de la quatrième, que Du Cange se propose de donner l'histoire. Quoiqu'il
s'autorise de Théophane, Constantin Porphyrogénète, Anastase, Cedrenus.
pour l'appeler quatrième Arménie, les passages où ces auteurs (([ui d'ailleurs
n'ont guère fait que se copier successivement) parlent de la quatrième Armé-
nie, peuvent très-bien s'entendre de la Sophène et des autres paysan delà de
l'Euphrate.
Plus tard , les princes roupènes de la troisième Arménie et de l'Euphratèse
ayant conijuis sur les Grecs (i 1 56-i 1 85) la Cilicie, où s'étaient formés, depuis
un siècle des établissements d'Arméniens*, la dénomination d'Arménie franchit
avec eux le Taurus , s'étendit à l'ancienne Cilicie , et , durant les xiifel siv"^ siècles .
s'y appliqua presque exclusivement. Cette région est aujourd'hui nommée Ca-
ramanie; elle est, en partie, habitée par des Turcomans, en partie par des
Grecs, et surtout par des Arméniens^. L'arménien vulgaire y est encore en
' Hierocles, Si)nee(leiitus iwperii Orient. ' ^ami-MaTÛn , Mèmnins sur V Arménie .
(Banduri, t. I, p. '16). t. I. p. 20, 0-2.
- Banville, GcogTa;;/i. «HCie««e, col. 1 1 5. * Saint-Martin, Mém. t. I, p. 197.
118. — Saint-Mnrtin, Hisl. d'Arménie, du ' Saint-Martin, loc. eii. — Viet. Langlois.
patriarche Jçau \1, p. 1-2. \umi.imiit. etc. p. 7.
110 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
usage, sui'lout flans les moiilagnes du Taurus et clans les monastères. Les
Arméniens, aujourd'hui indépendants du Zéithoun, parlent un arménien vul-
gaire des plus corrompus, concurremment avec le turc]
[Quant à la troisième Arménie], nous ne lisons pas quand elle
s'est sousti-aile de l'obéissance des Grecs, quoytju'il y ayt lieu de croire
que ce l'ut avant l'empire de Basile le Macédonien ^ qui fit la guerre
aux Arméniens et assiégea la ville de Mélitène, qu'il ne put toutefois
emporter. Cette place estoit pour lors en la puissance des Arabes, et
l'ut enlevée, sous l'empire de Constantin Porphyrogénète, sur Apocaps,
neveu d'Amir, qui en estoit seigneur. Lliistoiie remarque qu'en
lan 916 il y avoit un prince, en Arménie, qui estoit indépendant de
leui' empire, qui tesraoigna au pape Jean X vouloir se réunir au Saint-
Siège"^. Scylitzès^ fait encore mention de
Phhabète Brachame, prince d'Arménie, qui. tenant fort dans les
places et les lieux qui sont enfermez de montagnes, refusa de recon-
noistre Michel Ducas; mais, après la mort de cet empereur, il se sou-
mit volontairement à Nicépbore Botoniate, duquel il obtint la dignité
de cui-opalate. Il vivoit vers Tan 1080. Après luy paroissent
Constantin, etTAPHROC, appelé par d'autres Taphnuz, frères, princes
d'Arménie, qui avoient leurs principales forteresses dans les détroits
du mont Taurus, qui estoient si puissans en biens et eu hommes qu'ils
estoient estimez comme les roys de ce pays-là*, ainsy qu'écrit Guillaume,
' Constantin Porphyr. In Basilio, c. xxvin.
wix, sxxiii, XXXIX, XL, XLvi, et i.I, De Them.
|). .34. (Banduri, t. I, p. la). — Léo
(Iraimuat. p. ^72, 5o4.
^ Léo Grammat. ibid. — Scylitz. 827,
post Cedrenum. — Cedrenus. t. II, p. 627.
— Theophan. continuât. I. VI. De Romuno
iinperiojp. 267. — Baronius,hocanno. t. XI,
p. 6o5; edit. Ven. ann. 917, t. XV; edit.
Liiciœ, 1766, p. 596. .595.
' Scylitzes. p. 8G6. post Cedren. t. II:
ëdit. de 1647. — Lebeaii. Histoire du Bus
Empire, t. XVII. p. ^126, 4 2 7.
' Tiieophan. p. 119. — Cette citation de
TliL'opliane renvoie au récit d'iuie expédition
qui eut lieu, sous l'empire d'Anastase (485,
480). contre les Isanres, retranchés dans
les jjorges du Taurus. Mais ce t'ait semble
avoir bien peu de rapport , même indirec- .
tement , avec les princes arméniens du
\r siècle, qui occupaient alors les mêmes
délilés.
LES ROIS D'ARMÉNIE. 111
archevesqiie de Tyr ^ Car l'Arménie esloit pour lors divisée eu plusieurs
principaulez, qui s'estoient formées par la loiblesse et limpuissaiice
des Grecs-. L'histoire de ces temps-là a nommé plusieurs de ces
petits princes arméniens, sçavoir Gabriel, seigneur de Mélétin (Méli-
tène), capitale de la quatrième Arménie\ qui donna sa fille en ma-
riage au roy Baudouin II*; Pancrace et Corvasil, frères*; Fer et
NicHiz, qui avoient leurs chasteaux du costé de Turbaissel (Tell-Bas-
clier)"; Ursin, cjui avoit les siens dans les montagnes voisines dAntio-
che; Antevel et Léon, son frère; Siméon et autres''. Abulpharage* fait
encore mention de Basile, seigneur des détroits d'Arménie, qui fut
suruonnné le Larron, à cause des chasteaux qu'il enlevoit de temps
en temps à ses voisins, qui mourut en l'an 1118. 11 sendjle le faire
fils de Léon.
[Il serait inutile de vouloir établir aucun ordre de succession entre ces ilit-
férents seigneurs, dont plusieurs dominaient en même temps sur divers cantons
de la Petite Arménie, de la Comagène et de la Cilicie. Nous nous contenteron^
d'indiquer les altérations que quelques-uns de ces noms ont subies dans le>
récits des Occidentaux. Ainsi Tapbnuz ou Tapbroc paraît être luie corruption
du mot Thoros ou Tbéodore; Corvasil est le Kogli-Vasil, ou Basile le Voleur
des écrivains arméniens °, désigné, cjuelques hgnes plus bas, sous le nom de
Basile, comme étant un personnage différent. Ursin est le même qu'Ose//»*, et
plus loin, le Turolt des montagnes est aussi un Thoros.]
Constantin et Taphnuz sont ordinairement surnommez, comme
aussy leurs successeurs, de la Montagne, ou de Montaiiis, par les au-
teurs, à cause du pays qu'ils habitoient et auquel ds commandoient .
qui estoit rempli de rochers et de montagnes'", ainsy qu'il est décrit
' WiU. Tyr. 1. X. c. 1. ' Alb. Aquensis, 1. III. c. wni: I. I\ .
- Robert. Monach. i. III, p. i/i. c. ix.— WiJI. Tyr. i. V, c. ix.
' C'était la troisième Arménie de Justi- ' Alb. Aquensis, 1. XI, c. iv, vl. —
nien, comme on vient de le voir. Guibert. ]. IV, c. i.
* Voir Les Rois de Jérusalem. ' P. 9^5.
* Albertus Aquensis , 1. III, c. xvii; 1. IV. ' Saint-Martin, Mévi. t. 1 , p. 387.
c. vi; 1. V, c. xin, xiv; I. XI, c. xl. — '" Alb. Aquensis, 1. III. e. xviii. \x\i:
Will. Tyr. I. IV. c. I. i. IV, c. VI ; I. V. c. xvni.
112 LES FAMILLES l) OUTIiE-MER.
|)iir saint Basile, en l'épislre 3Û2 , cl par Taijcnon de Passau ' el WiHe-
l)iaii(l (l'Oldciiboui'g-.
Ceux d'Edesse, désirant se donner à Baudouin, frère de Godefroy
do Bouillon, et se deffaire de leur duc, s'appuyèrent de Constantin,
])rince ])uissant, dit Albert d'Aix^; et Baudouin en ayant esté fait sei-
gneur, Ta|)linuz, frère de Constantin, luy donna sa fille en niai'iage,
et le déclara héritier de tous ses biens. 11 est probable que ces princes
portèrent le surnom de Rupins [Roupémens], comme on peut colliger
«rAiMio Comnène*, lorsqu'elle parle des deux frères Rupins^, Léon et
Théodore [Thoros], qui commandoient à l'Arménie sous l'empire
d'Alexis, ])eut-estre parce que ce nom estoit familier en leur famille,
comme nous verrons encore dans la suite, et qu'il fut pris par eux à
cause qu'ils estoient seigneurs de cette partie d'Arménie qui est rem-
plie de rochers. Ordéric'^ semble dire que ces deux frères estoient en-
fans de Taphnuz, écrivant qu'Alix, fille du roy Baudouin II, et femme
de Boémond II, prince d'Antioche, estoit nièce de Léon, qui estoit fils,
à ce qu'il dit, de Turoit ou de Théodore des Montagnes; ce (pie je ne
voudrois pas garantir pour véritalde, d'autant qu'il est bien peu vrai-
semblable que Taphnuz eust donné sa principauté à son gendre en
faveur de son mariage, ayant des enfans masles. Ce qui me porteroit
à réformer le moi Jilius dans Orderic, et à y substituer^«/er, en sorte
que Léon auroit esté frère et non fils de Toros. Tant y a que Léon et
Toros eurent encore Milon pour frère, et deux sœurs, dont l'une fut
mère de Thomas, qui posséda l'Arménie après ses oncles; et la seconde
espousa Jocelin le Grand, premier du nom, comte d'Edesse''.
[Tout cet article est |singulièrement confus. Mais il est facile d'y rétablir
' Tageno Pasav. p. ik. dans le traité de lîoémond avec Alexis. —
^ Iliner. terrœ sanclœ , \^. l'ih. Voir aussi Du Gange, /n j4nn. Cothm. yi/ea;Mi-
' Albertus Aquensis. \. III, c. xxxi. dem noUe, p. 899, 4oo. H y renvoie à ses
' Anna Conmen. 1. XIII, c. xxxi, p. iia ; Familles de Jérusalem ou d'outre-mer.
c. d; édit. de i65i. ' Ordericus, I. XI, p. 828, 83i ; édit. Le
' Le grec ne les appelle pas /Wre« : Aj'su Prévost, t. IV, p. 357. notes; p. 267.
hi]AovàTi T);s Tcôi' Povi!svi'j}v §iaKpaT)7<7£tos. notes.
Aéoi'TOs Ts Kai OeoSîôpoii TôJr kp(isviciiv... ' W illelmus Tyr. I. XIV. c. m.
LES ROIS D'ARMÉNIE. 113
l'ordre et d'identifier les personnages à l'aide des Tableaux gi^'néalogiques que
nous plaçons à la fin de cette Notice.
Le fondateur de la dynastie des Roupéniens fut un nommé Roupen (Ruben),
parent de Kakig II, dernier prince pagratide d'Arménie, dont il vengea la morl
sur les Grecs (1080). Il se jeta en partisan dans les gorges du Taurus cili-
cien; son fils Constantin fixa sa résidence à Pardzerpert, château très-fort, si-
tué au nord de Sis. Cette petite souveraineté se transmit aux descendants de ces
deux princes, et fut connue au moyen âge sous la dénomination de royaume de la
Petite Arménie , ou comme disent les auteurs arabes, les Etats du fils de Léon.
Le fils de Roupen, Constantin, lui succéda vers 1093 ou 10 9 5. Il vint
spontanément au secours des croisés pendant le siège d'Antioche. Ses deux
fils, Thoros et Léon I", le remplacèrent l'un après l'autre (1 10 0-1 129).
L'an 11/11^, Léon mourut à Constantinople , prisonnier de l'empereur Jean
Comnène. Son fils Théodore ou Tuoros II s'échappa de Constantinople, et fut
reconnu par les Arméniens pour leur chef (ii43 ou 11/11). 11 mourut
(1167 ou 1168), laissant pour successeur un jeune enfant sous la tutelle
de Thomas, son beau-père, qui prit le titre de baile. Cet enfant est nommé
Roupen dans la chronique arménienne du connétable Sempad.
L'année suivante, Mleh (Milon ou Meslier), frère de Thoros, usurpa la
souveraineté sur son neveu, et le fit périr; mais il se rendit insupportable par
sa tyrannie; ses officiers le massacrèrent (1 lyS), et proclamèrent à sa place
Roupen III. Ce dernier était neveu de Thoros II et de Mleh.
Roupen, après dix ans de règne, se retira dans un cloître, où il mourut
quelques jours après, sans laisser de fils. Son frère, Léon II, lui succéda en
1 185, d'abord sous le titre de baron, et ensuite, en 1 198, sous le titre de roi.
Léon (ou Livon), nommé par les Arméniens Levon, d'où les Grecs
ont formé le nom qu'ils luy donnent de Aeëovvi)?, eut à démesler avec
Boémond II, prince d'Antioche, son neveu \ qui luy porta la guerre dans
son pays; en laquelle Léon s'appuya des Turcs, qui deffîrent et tuèrent
dans une rencontre le prince Boémond; mais ceux d'Antioche eurent
leur revanche incontinent après-, l'ayant fait prisonnier en une autre
bataille, et ne le relaschèrent que lorsque l'empereur Jean Comnène,
' Ordericus, 1. II, p. 83i. ^ Cinnamiis, 1. L p. i5.
i5
il4 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
lils (lAlcxiy, vint ])Our fairo la guerre à Raymond de Poitiers, prince
d Aulinclie, ollensé de ce (jiie ce |)riiice avoit esté préféré à son fils
Manuel an mariage de Constance, fille et héritière de Boémond. Sur
le hrnit du dessein de l'empereur, ils le mirent en liberté et firent al-
liance avec Iny. En suite de quoy, Léon entra dans les terres de IVm-
|)ire et mit le siège devant Séleucie ' [Selencia ad Calycadimm, Selef.
anjuind Ijui SelefkéJ, ce qui attii'a rarmée de l'empereur en ces quar-
liei's-là, ((ni, après avoir fait lever ce siège, entra dans la Cilicie, prit
les villes d'Adana et de Tarse, jiuis passa jus(|ues dans l'Arménie, y
prit le fort cliasteau de Braca [Vahga]-, ijui fut vaillamment delfendn
par Constantin, l'un des grands seigneurs d'Arménie, et Anavarze (ou
Anazarbe). De là il vint à Antioclie, où il mit le prince à la raison. Je
ne scay si c'est ce Léon dont Albert d'Aix^ a entendu parler en son his-
toire [lorsqu'il nonnne deux frères, Antevel et Léon].
jDu (iuiigu a coni'oiulu Tlioros I", frère de Léon I". avec Thoros 11. fils et
successeur de ce ilernier; c'est à ce Tlioros II que se rapportent les (Hénements
(jui vont suivre.]
Ci'estoit m\ prince noble et puissant, au rapport de Guillaume de
Tyr'. (pn', [)ar son inconstance, s'attira plusieurs fois les armes de
lempereur Manuel Comnène, se fiant sur ce qu'il estoit éloigné de luy.
(le (pii luy donna l'envie d'entrer dans la Cilicie, qui appartenoit à
1 empire, depuis qu'elle fut enlevée au prince d'Antioche par lempe-
r<'ur Manuel, et d'en entreprendre la conqueste. Mais Manuel envoya
aussitost des troupes contre luy, sous le commandemeni d'Androni(pie
Comnène, son cousin, qui fut depuis empereur, que Toros deflit en
diverses rencontres, l'ayant obligé de se retirer avec honte à Gonstan-
tinople, et comme Toros ne cessoit pas de continuer ses entreprises
ordinaires. Manuel, (jui estoit occupé ailleurs'', donna charge à Re-
' Cinnamus. — Nicetas, In Joann. c. vi, " Willelmtis Tyr. I. XVIII, c. x. — Giii-
VII. nanius, I. III, p. i3i. — Nicet. In M<ni.
- Saint-Martin, Mém. t. 1, p. aoi, -joa. I. III, c. i.
■' Albertus Aquensis. I. II, c. \l. • ' Cinnamus. I. IV. ]>. i()i.
LES ROIS D'ARMÉNIE. 115
naud de Cliastillon, prince d'Antioclie, de l'aller combattre. Ce prince
le deflit entièrement et l'obligea par sa valeur de se i-etirer dans ses
Estais. Renaud, ayant eu quelque mescontentementde l'empereur pour
n'avoir pas eu la rescompense de cette action (|ui luy avoit esté pio-
mise, se souleva contre luy et fit alliance avec Toros', qui vint à An-
tioclie avec ses troupes pour les joindre à celles du roy Baudouin 111-
qui avoit résolu d'aller attaquer les Sarrazins, sur le bruit delà mort
de Noradin (Noureddin). Il se trouva avec luy au siège de Césarée.
sur le lleuve d'Oronte, vers l'an ii56. 11 prit encore occasion d'en-
trer derechef dans la Cilicie-, où il se rendit maistre des villes de
Tarse et d'Anavarze [Anazarbe], capitales de la première et seconde
Cilicie. et de celles de Mamistre (Mo])sueste) ^. d'Adane et de Sisiuni
[Sis. (jui l'ut plus tard la capitale du royaume]. Manuel, piqué evtra-
ordinairement contre Toros et contre ce prince*, descendit dans cette
province avec une puissante armée , et vint se présenter devant Ma-
mistre, où le roy Baudouin 111, ayant obtenu de l'emjiereur le jjardon
du prince Renaud, moyenna aussy l'accord de Toros, c|ui renilil la
pluspart des places qu'il avoit prises, puis fit hommage à l'empereur,
et le suivit mesme en ses guerres contre les Turcs; ce qui arriva vers
l'an 1 1 5 9 . . — -
Quelque temps après, INoradin estant venu assiéger Harenc, en
la principauté d'Antioche, Toros se trouva avec les nostres et avec
Calanian, cousin de l'empereur, qui l'avoit estably gouverneur de la
(jilicie, pour l'aller combattre; en laquelle occasion les chrestiens per-
dirent la bataille^ et furent delfaits, au mois d'aoust, l'an i i65, et Ca-
lanian fait prisonnier. Toros, qui n'avoit pas esté de sentiment d'aller
combattre les ennemis qui avoient levé le siège, se sauva avec une
partie de ses troupes, et depuis, s'estant soustrait de 1 obéissance de
' Willelnms Tyr. I. XVill, c. xxvii. — " NiceU.s, In Man. I. III, c i. — VVillel.
Gesia Dci, etc. p. 1 179. — Du Ghesne, Hist. Tyr. ). XVIII, c. xxiii,\.\iv. — Cinnani. I. IV.
fr. t. IV. p. GgS. p. 202. 216.
" Willelmus Tyr. I. XVIII, c. xxiii. ' Gesia Dei, etc. p. 1179. 118a. —
' Saint-Martin, t. I, p. 199, 200, 201. WiUel. Tyr. 1. XIX,c. ix.
116 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
Manuel ', il luy enleva plusieurs places dans la Gilicie, sur Andronique
Euphorbènes, cousin de lempereur, qui l'avoit estably gouverneur de
cette province durant la prison de Calaman. Ce qui donna sujet à
Toros de quitter le parti des Grecs, fut la mort d'Estienne [Sdé-
phanè], son frère, (ju'il imputoit à ce gouverneur. 11 décéda sans en-
fans, avant Tan i 170-. [En décembre 1 167 ou 1 168.]
Thomas, fds de la sœur de Toros ^ luy succéda* en la principauté
d'Arménie, à laquelle il fut appelé par les grands du pays. Gudlaume
de Tyr^ nous apprend qu'il estoit Latin, c'est-à-dire François de na-
tion, sans néantmoins désigner sa famille, et ajoute qu'il n'avoit pas
toute l'adresse pour gouverner que l'on auroit pu souhaiter de luy, et
qu'il avoit beaucoup manqué encore en ce point, en ce qu'd n'exerça
aucune libéralité à l'endroit de ceux à qui il avoit l'obligation de
sa promotion à une si haute dignité, ce qui luy causa son dernier
malheur, car
MiLON [Mleh, frère de Thoros II et de Sdéphanê], ou comme les
Arméniens le nommoient, Melicu ou Melier, ainsy qu'd est encore
appelé par Guillaume de Tyr*" (ce nom estoit fannlier aux Arméniens),
prenant l'occasion de la froideur des grands seigneurs du pays, s'allia
sous certaines conditions avec Noradin^ avec les troupes duquel il
entra dans l'Arménie et en chassa Thomas, ayant esté le premier qui,
contre la coutume de ses prédécesseurs, avoit introduit les infidèles
dans ses terres. C'est peut-estre la raison pourquoy Arnoul de Lubec '
' Cinnamus, 1. IV, p. aiy. " Cinnamus, 1. IV, p. 19.6.
" Il eut deux enfants, connue on peut le ' Willelraus Tyr. loc. cit.
voir dans le premier tableau généalogique de " Willehnus Tyr. I. XX , c. xxvin. — Li-
AI.Dulaurier. — Lignngcs d'oiiIre-merA.lll. gnages d'outre-mer. — Saint-Martin. Métn.
— Will. Tyr. 1. XX, c. xx\n, xxvni. — Con- t. I, p. 3ç)0, Sga.
tin. de Guill. de Tyr, 1. XXV,c.xix, p. iGi. ' Léo Gramniat. p. /19. — Constant. Por-
' La parenté de Thomas avec Roupen II, pliyr. De Tlicm. 1. I. p. 36. (Raiiduri. t. 1 .
son pupille, n'est pas clairement établie, et p. i3.)
les aufem's varient sur ce point. (Voir le ° Arnoldus Lubec. 1. U.c. i\.
premier tableau généalogique.)
LES ROIS D'ARMENIE. 117
le qualifie Sarrazin. Estant [devenu possesseur] paisible de sa princi-
pauté, il cliassa les chevaliers templiers de la Cilicie, et leur osta leurs
commanderies, quoyque dans les commencemens il eust porté l'habit de
cet ordre. Il conserva une telle amitié avec Noradin et les Turcs, ([u'il
se joignit presque en toutes rencontres avec eux contre les chrestiens,
dont il se déclara l'ennemy, pillant et volant ceux d'entre eux qui pre-
noient leur chemin par ses terres pour s'en retourner, et commettant
tous les excez imaginables contre eux. Ce qui obligea le prince d'An-
tioche de luy déclarer la guerre, à laquelle le roy Amaury, qui avoit
tasché inutilement d'adoucir cet esprit farouche, se joignit. L'un et
l'autre entrèrent dans la Cilicie, et y avoient commencé le ravage,
lorsque le roy en fut rap])elé pour aller secourir Crach, dans l'Arabie,
qui estoit assiégée par Noradin. Ce qui arriva en l'an 1171.
L'empereur Manuel ne fut pas plus heureux en la guerre qu'il en-
treprit contre luy vers ce mesme temps, Milon ayant delïait ses géné-
raux en diverses rencontres', sçavoir Michel Vranas, Andi'onique Eu-
phorbènes, cousin de l'empereur, et Calaman, gouverneur des places
que les Grecs tenoient en Cilicie. Ces désordres n'empeschèrent pas que
Manuel ne prist l'occasion d'attirer derechef les Arméniens à l'Eglise
grecque, et de les soumettre au patriarche de Constantinople, comme
ils avoient esté auparavant. A cet effet, il envoya, en l'an 1170, Théo-
rian^ à Norsesis [saint Nersès, surnommé Schnorhah , ou le Gracieux^].
catholique d'Arménie, c'est-à-dire chef de léglise de ce pays-là [ou pa-
triarche], et non prince, comme veut Baronius, et, si nous en croyons
la relation de cette ambassade, les Arméniens embrassèrent entière-
ment l'Eglise grecque.
Milon laissa pour fils Rupin*. Le Lignage d'outre-mer^ écrivant que
Dolet, qui espousa Bertrand de Giblet. fils puisné de Hugues I", sei-
' Cinnamus ,1. VI . p. 3 1 1 . 3 1 '1 . mois ; il aurait été plus exact de dire que ion
" Théorien, ieg-«;. Barou. ad. ann. 1 170. ig'nore eutièremeut si MIeli laissa des en-
' Saint-Martin, t. I. hh-i. fants;les historiens n'en mentionnent aucun.
' Du Gange avait d'abord ajouté r: et ' Lignages d'outre-mer. c. m. xn. —
'-Livon;^ mais il a ensuite rayé ces deux Hist. ms. d'outre-vier.
lis LES FAMILLES D OUTRE-MER.
<jiiciir lie l'cllc |)l;i((', lui iiircc du ro\ Léon mi Livoii, ji' me |)(;isii;i(le
qii elle esloil issm- de (|uel([U(' sd'iir de ci; l'oy.
Rl'pin [Roupen 111, (ils d'Estienne ou Sdeplianè, Irère de Mieh et de
Tlioros II], prince d'Arménie, tenoit celte principauté en lan i 180'.
Il lia fort différent, en sa façon d'agir, du prince Milon, son père
[lisez son oncle], ayant toujours esté amy des chrestiens et dun naturel
magnifique. Boémond 111-, prince d'Antioclie, voyant qu'il luy seroit
malaisé de conserver la ville de Tarse, capitale de la Cilicie, qui luy
«voit esté rendue pai' l'empereur, la vendil, en l'an 1182, poui' une
grande somme d'argent, au prince Rupin, en la bienséance de qui elle
estoit. Quelque temps après, ayant mandé Rupin à Antiociie sous pré-
texte d'entrevue, il le lit arrester prisoimier contre le droit des gens\
et, sur ce (|u'il ne voulut ])as luy faire hommage, il entra en sou
pays, y fit le dégast et prit plusieurs de ses places. 11 [c'est-à-diie
Rupin] favorisa l'entreprise d'Andronique Comnène, lorsqu'il s"einj)ara
de l'empire sur le jeune Alexis, fils de Manuel, et se joignit au sultan
de Coni [Iconium] contre les Grecs*. Il espousa IsABEAU^ fille d'Hum-
froy II, siie de Tlioron, et de sa femme Estiennelte, et en eut deux
filles. Alix et Philippes. Alix fut mariée avec Raymond, fils aisné de
Boémond 111, prince d'Antioche'', qui mourut du vivant de son père
et laissa un fils nommé Rupin, (jui prétendit à la principauté d'An-
tioche. Philippes fut alliée avec Théodore Lascaris, empereur des Grecs,
qui en eut un fils nommé Constans, puis la répudia. Brompton', par-
lant du retour de Philippe-Auguste, roy de FraJice, de la terre sainte,
dit qu'il passa par l'Arménie, en les terres de Rupin de la Montagne,
qui n'est autre que ce Rupin, quoyqu'alors il fust décédé, l'Arménie
estant possédée, au temps de ce retour, par Léon, conmie tuteur des
filles de Rupin.
' VVillelnias Tyr. I. XXII, c. m(. * Lifjiwgex d'outre-mer.
' Willelmus Tyr. I. XXII. c. xxiv. " Continuateur de CnùW. de Tyr. I. \XVI .
' Sanutus. I. III. part, i o , c. viii. c. xxv. ]i. -n'i.
' Cliron. Vosiense, I. II. c. xv. — Roger ' Rrniiipton . p. i-jiT).
de lldveiien. p. bij!^ . 65 1.
LES ROIS DARMÉNIE. 119
JJÉo^, OH LivoN [11], ainsy qu il fsl nommé pai' les arméniens',
succéda à Rupiii. Presque tous les auteurs écrivent (|u"il fut frère
puisné de ce prince; et luy-raesme, pariant du jeune Rupin, prince
d'Antioche, petit-fils de Rupin, prince d'Arménie, l'appelh" toujouis
son neveu. Mais une épistre du pape Innocent III'- semble former un
doute là-dessus, qualifiant Miion oncle de Léon, avunculus. Connue
encoiT un titre de Léon du mois d'aoust, lan 1210, dont l'original est
au trésor des chartes des chevaliers de Malte de Manos(jue^ souscrit
avec le cinnabre ou vermillon, et scellé d'un sceau d'or, où il se dit
fils d'Estienne, en ces termes : Léo, filins domiiii Slepliuni honœ mp/mo-
fuf, Dei et Romani impeni gvatia rex, etc. ce qui justifie qu'il estoit
fils d'Estienne, frère de Toros et de Milon, qui fut tué par Andronique
Eu])horbènes, gouverneur de la Cilicie sous l'empereur Manuel , comme
j'ay remarqué cy-devant*.
Rupin luy commit le gouvernement de l'Arménie^ et luy laissa la
tutelle de ses filles, ([ui en estoient héritières; mais il [c'est-à-dire
Léon] le retint par droit de bienséance. Nous ne lisons pas précisé-
ment quand il en prit possession , mais seulement (jue ce fut avant
lan 1 190'', en laquelle année il envoya ses ambassadeurs et des vivres
à l'empereur Frédéric I", qui devoit passer par ses Estats pour aller
en la lei-re sainte. L'année suivante ^ il accompagna Guy de Lusignan.
roy de Hiérusalem, lorsqu'il passa en lisle de Cypre pour y aller ren-
Vincenlius Bellov. Spéculum hisioriak ,
I. X\XII, c. xxi\. — Sanut. 1. III. part. 10.
c. Mil. — Lignages d'outre-mer, c. m. —
Hoveden. [i. (uji. — Jo. Broraplon , p. 1 198.
— Hist. ms. d'oulre-mer. — Cod. diplomal.
t. I, p. 95. 106. 107. — Continuât, de
Guill. de Tyr, 1. XXVI. c. xxv, p. 31 3;
I. XXXI, fi. III, p. .3i3.
" Innocent. III, Episi. I. II, p. 550.
^ Cartul. Manosc. — Codic. diplom. l. I .
p. 100, 101 .
' Voyez le 1" tableau généalogique de
M. Dulaurier, où sont établies la descen-
dance et la parenté dos princes arméniens
ici nommés.
^ Vincentius Bellov. I. XXXU, c. \.\i\.
'' Tageno Passav. — (jodetr. Mon. ann.
1190. — Cliron. Reichersperg. ji. 283. —
Saini-Martin, Mém. t. I, p. BgS. — Con-
tinuateur de Guillaume de Tyr. 1. XXIV.
c. vxv.
' Hoveden , part. post. p. Oij 1 . — Bronip-
ton, ann. 1191. — Benedict. Petroburg.
(Hist. de Fr. t. XVH, p. 5 18. etc.)
120 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
contrer Uicliard, roy d'Angleterre. Trois ans a])rès\ il eut un grand
différend avec Boémond III, prince d'Antioche, qui, l'ayant mandé sous
prétexte d'une entrevue, taschade l'arrester. Mais Léon, qui connoissoit
le peu de fidélité qu'il y avoit en ce prince, dont il avoit un exemple
tout récent en la persoime de Hupin, son prédécesseur, s'estant fait,
accompagner de deux cents chevaux qu'il avoit mis en ambuscade,
non-seulement échappa de ses mains, mais encore le fit prisonnier, et
le fit conduire en Arménie.
Boémond, voyant bien (pi'il luy seroit malaisé de s'accommoder avec
Léon, pria l'empereur Henry VI, qui estoit pour lors en la terre sainte,
de vouloir s'entremettre de leurs dilïérens. L'empereur vint en Ar-
ménie, où il fut très-bien reçu par Léon, qui lui remit toutes ses places
en son obéissance, et se soumit de tous les différens qu'il avoit avec
le prince. Par l'accord qui fut traité, il fut arresté que Boémond seroit
mis en liberté, et que la seigneurie d'Arménie seroit ([uitte pour l'avenir
de l'hommage qu'elle devoit à la principauté d'Antioche; et que le
prince Boémond eu seroit vassal et feroit hommage à Léon, auquel les
terres qu'il avoit prises dans le détroit de la principauté d'Antioche sur
le prince demeureroient; et enfin que, pour establir une parfaite con-
corde entre eux, Baymond, fils aisné du prince, espouseroit la fille
aisnée de Bupin, prince d'Arménie.
En suite de ces traitez, Léon pria l'empereur de lui vouloir accor-
der la couronne^, et de lui donner le titre de roy, attendu qu'il
estoit assez puissant en terres et en provinces pour en estre revestu;
ce que l'empereur luy accorda. Arnoul de Lubec^ semble thre que l'em-
pereur ne passa pas en Arménie, mais qu'il y envoya Conrad, arche-
vesque de Mayence et évesque de Sabine, au lieu de son chancelier,
(ju'il avoit commis à cet efTet, tant pour terminer les dilïérens d'en-
tre ces deux princes que pour couroimer Léon ; ce qu'il fit avec
grande solemuité [dans l'église de Sainte-Sophie, à Tarse, le 6 jan-
' Sanut. I. III, part. 10, c. VIII. — Con- ' Willebr, ab Olclenb. Ilincrar. t. V.
tiiiuat. de GuilJ. de ïyr, 1. XXVI, c. xxvi, p. i3/i.
XXVII, p. QiA . 3i5. ^ Arnoldus Liibec, 1. V, c. v.
LES ROIS D'ARMÉMK. 121
viei' 1 198 ']. A quoy est conforme co qui est porté sur ce sujel dans
les épistres du pape Innocent III-, qui semblent conlirmei' ce cpie
Baronius a avancé, que la couronne fut envoyée à Léon tant de la ])art
de l'Eglise romaine que de l'empereur. Néantmoins Léon en ses litres
ne parle point du Saint-Siège, mais se dit : Léo per Dei el Romani
imperii gratiam rex omnium Amieniormn^. Vincent de Beauvais* écrit
qu'H envoya depuis un andjassadeur au pape et à l'empereur Otiion IV .
pour les prier de trouver bon qu'il list lionnnage de son royaume à
l'un et à l'autre; ce que le pape et l'enqjereur luy accordèrent, sauf
le droit de l'héritier de cet Estât, qui esloit le jeune Rupin. Tant v
a qu'il est constant que Léon, à la j)ersuasion de l'archevesqne de
Mayence, se soumit à l'Eglise romaine dont il embrassa la créance;
comme fit encore le catliolique, ou jiatriaiclie, des Arméniens. Mais je
ne sçay d'où Gilles, moine d'Orval-', a puisé ce qu'il escrit, que l'em-
pereur Frédéric, en son voyage de la terre sainte, l'an 1 kjo. couronna
un roy d'Arménie qu'il nomme Gédéon, confondant asseuiément cd
empereur avec Henry.
.le jiasse en cet endroit les grands dilleiens (pie ce nouveau roy eut
avec Boémond IV, ])rince d'Antioclie, au sujet de cette principauté,
(pii appartenoit de droit au jeune Hupiii, petit-fds de Rupin, prince
d'Arménie, que ce roy appelle toujours son héritier léjjitime'^, tant
parce que j'en ay remarqué les principales circonstances dans la suite
des princes d'Antioche, que pour ce que l'histoire en a esté écrite au
long par les historiens \ et dans les épistres du pape Innocent, <pii
' Wiliobr. ab Oidenb. p. x'ij. — Sainl- " luiioceiil. 1. XIII, ep. i i<j el alibi s.-epe.
Marliii. l. r, p. .Sg-'i. ' Gcsla Innocent. III, p. 117 el secj. —
' Innocent. Ul, Epist.l [I, p.ôaS, SaG. Innoc. III, I. II. ep. 55i; I. XIII, ep. i2.3;
— Piaiiiald. 1199, "• ^^- — ^^•"^' f^'""- 1- ^'^ - T- Ci; I. XVI, ep. 2. — Rainald.
cent. p. iiyelseq. — Baron, ann. 1197. ann. 1-210, n. Zk; ann. 1211, n. a.5. —
' Innoc. III, I. II, p. 527; 1. Mil, epist. WiiJel)!-. al) Oidenb. p. i3/i, i38. — Con-
119. — Cod. diplom. t. I, p. 9,5, 98. 100. linuat. de Guill. de Tyr, 1. XXVIII, c. vi,
* Vincent. Betlov. foc. a(. — Sannt. 1. III. p. 267; 1. XXXI, c. m, p. ;]i3. — Vin-
part. 8. c. m. cent. Bellovac. S/jeciil. hisloi'mle. 1. XXXII,
* lEgid. Aureœ Vallis , £)ji«c Acorf. c. Lvi. c. wix.
t6
122 LES FWIII.LES DOUTRE-MEr..
iiiar(nieul encore ([uelqucs (léiiicslcz qii il ru( avec les chevaliers du
Temple, au siijel desquels il fut excommunié. La bonne intelligence
([uil (Mil avec le jeune liiijiin, qu'il avoil toujours considéré comme
son héritier, et qu'il lit coiiroinuM' rov par l'empereur Othon IV, ayant
obligé les barons du pays de luy prester lioininage, s'altéra j)eu avant
sa mort : ce qui fit bien juger que toute la guerre f[u'il avoit faite an
sujet de la principauté d'Antioche, au nom de Rupin, n'estoit qu'un
prétexte pour agrandir son Estât. De fait, il le chassa d'Antioche,
après qu'il s'en fut emparé; et, non content de cela, estant à l'extré-
mité de la maladie dont il mourul. il refusa de le voir'.
[Vers Tan iqi6, Léon avait été le principal agent de la révolutimi nui
avait i'(''tabH le prince Raimoiul Rupin dans Antioche. Il paraîtrait . d'après les in-
ductions (pii découlent des textes de Marin Sanut - et du Continuateur de Guil-
laume de Tyr^ que ce jeune prince, sans doute par défiance, s'était hâté de
congédier son oncle, et l'avait à peu près forc(' de quitter Antioche. Lorsrpi'en
121 g il fut chassé hii-mènie fie cette ville, il revint auprès do Léon pour
requérir son aide; il avait ouhH('', dit Sanut', l'injure qu'il lui avait faite, en
le chassant d'Antioche : iiiiniPinor uijunœ ijun ijisiiii) de Antioclnn expulit. Mais le
vieux roi s'en souvenait. « Li rois Livons, dit le Continuateur de Guillaume do
«Tyr^, estoit mal de lui por la lionlo que il ii avoit faite do lui faire chacer
« d'Antioche. v C'est pourcpioi il aijandonna entièrement les intérêts de son
petit-neveu, et laissa son royaunio à sa fille Isabelle.
Du Cange, on cet endroit et plus bas, aux princes d'Antioche. explique au-
trement ces deux textes, et suppose que c'est le roi Léon qui, par ses intrigues,
inquiet de voir son novou trop puissant, l'avait fait chasser d'Antioche. Mais
Léon était alors mourant , et probablement il était étranger à cette dernière
nWolution.
Le roi Léon avait éti' hion secondé on dilTérentes circonstances par les che-
valiers de l'Hôpital do Saint-Jean de Jérusalem. Lu reconnaissance'"', il confirma
lo don do la ville do Gibol. eu Gibolol. fait à cet ordre par son neveu Rai-
' Marin. ..Saillit. I. Itl, pari, i i. e. ix. ' Marin. Saiiiil. 1. lit, c. ix.
' Marin. Saïuit. I. lit, pari. 1 1, c. \i. ^ Continuât, etc. I. XXXII, c. xv, p. SAy.
^ Continuât. île Guill. de Tyr, I. \.\.\l, ' Sebast. Paoli, Cor/Ze. (//))/o7«. t. F. n" 91 ,
c. Mi,p. 3i8. p. 95, gO. 517. 5i8.
LES ROIS D'ARMÉNIE. !:>;;
inond Rupin, comme prince (rAntioche. don( il était le haile et le luteiii-
(22 mai 1207).
Il leur accorda (année incertaine)', en récompense des secours iju'ils lui
avaient donnés contre les Sarrasins, la cité de Salepli, le Cliâteau-Neul' (en
arménien Norpert) et Camunhmim. — En août 1210-, du consentement dr
son héritier, Raimond Rupin, il leur concéda la ville rie Laranda (karaman).
si elle venait jamais à tomber en son pouvoir.
Il donna à l'HôpilaP (121/1, ao avril) un casai, en nantissement d'un
prêt de 10,000 besants ipi'il en avait reçus, pour aider au mariaw de sa fille
Estel'enie* avec le roi de Jérusalem. Jean de Brienne. Par un acte du même
jour^, il consigna au même ordre la terre de Giguerium (en arménien DjëjjKcr]
avec toutes ses dépendances, en gage, pour 20,000 besants (pi'il lui avait
empruntés à la même occasion.
Ces deu.x derniers diplômes sont datés de Tarse. 1
Cependant Léon mourut l'an 1 2 i 9, durant (jue les clirestiens assié-
geoient la ville de Daniielle^ Il avoit espousé Isabelle [ou Sibylle] \ fdl
d'Alniéric, roy de Hiérusaleni et de Cypre, de laquelle il eut une fill
unique, nommée Isabelle [en Arménien Zahcl], comme sa mère. Il I;
donna en mariage au fils d'André, roy de Hongrie ^ (estant incertain si
ce fut Bêla IV, roy de Flongrie, ou Coloman, roy de Galicie), avec le
royaume en dol pour luy et ses héritiers; ce ((u'il fit du consentement des
barons du pays : et, à cet effet, le l'oy de Hongrie envoya son fils en
Arménie. Mais nous ne lisons pas que cette alliance ait esté effectuée,
quoyque le roy André, dans une épistre qu'il écrit au pa()e Honorius III ,
le dise formellement : estant toutefois probable (ju'on n'en vint (pi'aux
promesses, attendu le bas âge du jeune prince qui y est remarqué. Il
' Cod. diplomat. l. 1, n° 96, p. 9.5, 99. I. XXXI, c. xciu. — Jacolms de Vidiaco.
Cod. dipl. t. I. n" 96, p. 100, 101, I. m, p. n/i.j._ Oliver, llist. Damuitina .
519, 5ao. npud Eccard. t. II, col. l'iiy.
' Cod. diplomat. t. I, n° 99, p. loi. ' Lignnges d'outre-mer.— Saiiiil. I. III.
' Continuât, de Guiil. de Tyr, i. XXXI. part. u.c. iii. — Contin. de Guill. de Tyr.
c- i\. P- 3-30. I. XXX,c..\i, p. 3o5.
Cod. diplomnl. t. I, n° loo, p. io5. ' Gestn f)ei /jer Fraticos . apud Bongars.
'' Sanut. loc. cil. — Vincentiiis Bellovac. p. 119?!.
16.
12/j
F.ES FAMILLES DOUTRE-MER.
;i iiicsMic cliosc aii'ivji dti inai'injje (le cette piiiicesse
est probable (|ii(
avec Jean rie Bi'iciiiic, rov tie Hiérusalem, qui nCut poiiil ])ai"eHleiiient
son cHcl, aiiisv <|iie jav reiiiai(|ur' cy-devant'. Tant y a cjue Sanudo-
sembb^ (bre qu CHe a esloit pas niai'ire lorsque son père mourut, et
(piClIi' u'espousa qu'après sa niorl Pliilippe d'Antioclie, quoyque Vin-
cent de Beauvois dise le contraire, bayant laissée sous la tutelle et ie
jrouvernenient de (iouslans. son cousin, l'un des plus puissans barons
du loyaunie ^
I Avniil (Vinstaiis ((ionslaiitin ) . A<lain di^ Gastim, sénéchal d'Arménie',
iioinnié par les Arméniens Sire Adam, avait été désigné par Léon pour être le
baiii' du royaume et le tuteur de sa fille^. Mais ii fut tué neuf mois après par
les Batliéniens ou Assassins ])endant qu'il passait dans une ruelle de Sis; et
Constantin, connétable du royaume, resta seul chargé de la régence.]
l'nn.ipPK, fils puisné de Boémond IV'', prince d'Antiocbe, et de Plai-
sance de Giblet, sa preinièi'e feunne, ayant espousé, en l'an l'iai, la
princesse Isabelle, l'ut, à cause d'elle, roy d'Arménie.
L'bistoire remarque que plusieurs princes prétendirent à ce royaume
après le décez de Léon : sçavoir le prince Rupin, qui'', ayant esté
' La [irineessc. lille de I^éon, qui fut
mariée à Jean de Biienne. s'ajipelait Eslc-
fenie, comme on la vu piTcéJeiiinient. Sé-
bastien Paoli [Codic. diplom. t. I. p. riyS.
379) l'appelle par erreur Isabelle, peul-
êti'e d'après Etienne de Lusignan , qui ( Gc-
ncalogie des rois d'Arménie, fol. 3o) donne
deux fdies au loi Léon. Selon cet histo-
rien . Isabelle , l'ainée , à qui appartenait le
royaume, fut mariée au roi Jean de Brienne.
veuf alors de sa première femme. Marie,
reine de Jérusalem; mais elle mourut peu
après son père. Marie, la plus jeune, celle
que tous les autres historiens nomment Isa-
belle, épousa Héllioum, fils de Consiniiliii .
s^rand baron d'Arménie.'
" Sanul. I. 111, part. 1 1, e. ix.
' Continuât, etc. 1. \X\It, c. xv. ji. 3/17.
' Sebast. Paoli. Cod. dipl. l. I, n" (jG,
99, 100, 101, 10-2, p. 100, loi. )o5.
106, 107.
' Continuai, de Liuill. de Tyr, 1. \\.\11,
e. XV. p. 3 '17. — Biographie univers, t. \I\.
p. S'i/i; art. Iliii/hin . |inr Saint-Martin.
° Sanut. I. 111, [lart. 1 1 . c. x. — Olive-
rius, Hist. Damiiidiiit , apud Eccard. 1. H.
col. i45o.
' Sanul. I. ill, c. i\. — Honorius 111.
c. V, epist. 263 apud Rainald. la-io n°57.
— Oliverius , Histor. Dnmiatimi . apud Ec-
card. t. Il , col. \h-i'\. — Saint-Marlin . Mhi.
LES ROIS D'ARMENIE. 125
cliassé par son onclo, comme je viens de i'emar([iicr, vint Iroiivei' Pe-
lage, légal apostoli(|ue au siège de Damietle, pour tirer du secours
pour recouvrer le royaume d'Arménie et la principauté d'Antioclie;
duquel ayant obtenu des troupes, il descendit dans l'Arménie, et, ayant
esté receu en la ville de Tarse et reconnu i-oy, il y l'nl lait prisoiniiei'
par Constans, qui le laissa mourir en prison. Le Lijfnage doutre-mer
dit qu'il fut tué par les Arméniens.
D'autre part, Jean de Brienne ', qui estoit au siège de Damiette,
ayant appris la mort de Léon, abandonna le siège, dans l'espérance d'y
retourner, et vint à Acre, avec le dessein de passer en Arménie pour
y recueillir ce royaume au droit de la reyne Marie, sa femme, et mesme
écrivit au pape Honorius pour obtenir la confirmation de son droit.
Mais il ne se lit [)as ([u'il ait continué dans ce dessein'-.
Pliilippe de Montforl y eut aussy des prétentions mieux fondées ^ à
cause de Marie, sa femme, ijui estoit fille et héritière de Piayniond
Rupin, prince d'Antioclie, qui avoit esté emprisonné par Constans.
Mais Philippe [d'Antioclie] en demeura possesseur au droit de sa
femme, laquelle il espousa du consentement de Constans, et en jouit
peu de temps. Car, l'année suivante, c'est-à-dire l'an 1222', s'estant
attiré la haine et le mépris des peuples, Constans prit l'occasion de
s'emparer de ce royaume et de la personne de Philippe, qu'il fit mourir
en prison ^ faisant espouser sa veuve, malgré elle, à son fils Alton
(Héthoum). Il se deffit encore de soixante-deux barons d'Arménie'',
lesquels il fit moui'ir pour s'assurer davantage en son usurpation.
' Saïuil. hc. cit. — Honorius III, 1. IV, ' Vincentius Bellov. I. XXXII, c. \,\i.\. —
c. XXVI, j). GGa. Apud Raiiiiild. nii. i-'ao. Li/fiiiigcs d'oulre-mcr, c. m; Laljbe. t. I,
n" 55, 57. p. •iOa, à-26.
■ Voir Jean de Brienne, aux Rois de Je- " Sanut. 1. III, c. x.
nisidcm, et la note précédente. Du Gange '' Uipiages d'outre -mer, c. m et i\\
avait d'altord écrit /srtie/fe, et a remplacé Labije, t. I. p. 3(53. 3(J7, k-i() . à-ij,
ce nom par celui de Marie; il faut lire Es- et /laç).
tefciiie, fille aînée de Léon II, du chef de ' Saint-Martin, Mém. p. 376, 875. • —
laquelle Jean de Brienne prétendait au trône Continuât, de Gnill. de Tyr. 1. XWIl. c. xx,
d'Arménie. p. 3/i8.
1^6 LES FAMILLES D^OUTRE-MEli.
Viiicciil de Beauvais' (''crit que ce fui Léon (]ui tua j^liilippe après luy
avoir iloiiiié sa lille; ce (|ui est contraire à ce (pie les historiens plus
lidrlcs oui (lil de ce grince.
Constats-, auquel le Lignage d outre-mer^ donne la qualité de con-
nétable d'Arménie'', ne prit pas le titi'e de roy, mais seulement de baile
ou de régent d'Arménie, sous le roy Aithon, son fils, sous le nom du-
quel il gouverna le royaume tant cpi'il vécut. En ce temps-là les roys
d'Arménie estoient tributaires du sultan de Goni [Iconium], lequel
ils estoient tenus de servir tjuatre mois Tannée, dans ses guerres,
avec cpiatre cents lances ^. [Le texte de différentes éditions de Vin-
cent de Beauvais'^ porte trois cents lances.^ Mais Constans luy garda
mal la loy qu'il luy avoit jurée, car, sur lé bruit que les Tartares dé-
voient entrer dans la Turquie, le sultan Azatin [Iz-Eddin"] luy
ayant envoyé sa mèi-e et sa sœur pour les garantir de leurs ou-
trages, il les livra entre leurs mains et fit alliance avec eux; ce qui
irrita tellement le sultan qu'il entra avec une armée dans l'Arménie,
et vint mettre le siège devant la ville de Tarse, durant lequel il mou-
rut, l'an 1 2.^8.
[Dans la lutte des impériaux contre les Ibelins, Constantin paraît s'être dé-
claré pour les premiers, et lorsque, vaincus par les Cypriotes (laSa), près
d'Agridi, ils se réfugièrent en Arménie, Constauliu et le roi Héthoum, son fds.
les accueillirent avec de grands honneurs.
L'année suivante Constantin s'attira la liaine des Templiers par le supplice
d'un chevalier de cet ordre ^. Les Templiers étaient appuyés par le [irince d'An-
tioche, Boémond ^^ qui voulait venger la mort de son frère le roi Philippe.
' Vincentius Beltov. I. XXXll c. xix. ' Joinville, p. Sa; p. aG, édit. de Du
° Vincentius Bellov. lue. cil. Gange. — Mjilliieu l'aris, an i'i4G, p. iy.B.
Lignages d'outre- mer, c. ni. * Vincentius ttcliov. I. XXXI, c. xcLiv;
' Ce litre lui est donnd aussi par le Con- 1. XXXII, xix.
tinuateur de Guillaume de Tyr (I. XXXII, ' Abulfarage, p. 3-20.
c. XV, p. 3/17) et dans plusieurs actes (Codic. ' Continuât, de Guill. de Tyr, t. X.XXttl,
diplomat. t. I, p. 100. loi. io5. 106, c. .\xxvi. p. /102. — liist. lilt. delà France,
107). t. XXI. p. i '18.
LES P.OIS D'ARMENIE. 127
Mais un accord ménagé entre le roi d'Arménie et les Templiers prévint une
rupture, qui semblait imminente '. Dans ces deux circonstances, rpioicpie le roi
Héthoum soit nommé avec son père, on voit que c'est Constantin qui était
de par le fait le véritable souverain.]
L'histoire ne remarque pas ie len)j)s de la mort de Ci)iisiaiis. mais
seulement qu'il eut pour eufans, outre Aitlioii, Seinbat, SenibaJd ou
Remballi [Sempad]-, (piil établit connétable d'Arménie^, ])ar l'entremise
duquel il fit son traité avec les Tartares; Estiennette [ou Stéphanie |,
mariée en l'an 1288 à Henry, roy de Cypre*, et Marie^, fenune de Jean
d'Ibelin [comte de Jalïa, le l'édacteur des Assises].
[Sempad était l'aîné des fils de Constantin, conmii' on le voit paj- le passage
des Assises de Jérusalem '^^, où Jean d'Ibelin rappelle que le baile d'Arménie.
Constantin, le consulta pour savoir si la coutume et la loi du royaume de Jé-
rusalem lui peiinetlaient de disposer d'un fief de conquêt en faveur de celui
de ses fils (pùl voudrait. Sui- la réponse affirmative de Jean d'li)eliii, Cons-
tantin donna le château de Corc (Gorigos) à sou second fils t)issin (Oschin),
au préjudice et malgré les réclamations de son fils aîiui Sempad, conn('1al)li'
d'Arménie.
On peut ajouter ù Héthoum, Senqjad et Oissin, un quatrième frère, iiomnir
Basile, qui fut abbé-seigneur du couvent de Trazarg.]
AiTHON, 1'"' du nom [Héthoum], ou Othon, ainsy (ju'il est nonnué par
Sanudo et quelques auti-es, ou Al-Tacpliur Hatem [c'est-à-diri' le
Thakavoi' ou roi Halem], comme il es! nommé jiai' Abulfarage ', prit
' ('.oiiliuuat. (le (iuill. de Tyr, I. XXXllI. — Ahiilfjirnff. p. 3-2o. — Saiiil- [Martin.
c. M., p. hob, hoG. Mvin. t. I. p. SgS.
■ Celte forme Reiiibnth ou Picmhach, si ' Samil. ]. III, part. 1 1, c. xiv. — Coii-
altérée, el ([iii n'est probabienicitl qu'une tiiiual. de Guiil. dii Tyr, I. XXXIII, c. l.\i.
erreur de copiste , ou une faute d'impression , p. /i oS.
se trouve dans la lettre d'Eudes, évêque de '' Spicikg. t. VII, p. -iiy. — Miscdlunea
Tusculuni, à Innocent IV (an. i^hcj), sur cpislolanim.
les all'aires d'Orient. (D'Achery, Spkileg. ° Assises de Jmi.ial. i.l. c. c\i.v. [>. -iiu.
I. VIII, p. -Jiy.) —Uist. lia. de la France, t. XXI, p. i5o.
■' Vinr-onlius iM'llovac. 1. \XXII. c. xxi'i. ' Altulfai'ag. p. 3ao, ?>-ii. o-iS.
128 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
rt'iiticr poiivciiK'iiKMil (In rovaiime (rArménic, aïKiiiel ii ijarvint au
(lidit (le la piinci'ssc Isviîelle, sa femme, fille du roy Léon. Ayant ap-
i)i'is, en l'an i 26S, Tari-ivée de sainl Lonys, roy de France, en l'isle de
Cypre, il y envoya ses andtassadeurs avec plusieurs présens, pour hiy
ollVir ses services'. Non-seulement le roy le reçut honorablement, mais
encore travailla à accommoder les dillerens qu'il avoit avec le prince
d'Antioche, et nioyenna entre eux une trel've de deux ans. Le connestable
d'Arménie, son frère-, qui estoit allé en ambassade versMango, can et
empereur des Tartares, de laquelle [ambassade] nous avons quelque
relation en la Vie de sainl Louis \ ayant esté quatre ans entiers près
de ce prince*, en retourna 1 an ia53. Et, sur le récit cju'il iuy fit des
bons trailemens qu'il y avoit reçus, Aithon se résolut, en l'an ia52.
de l'aller trouver en personne : lequel, ayant esté traité avec de sem-
blables accueils de ce prince infidèle^, fit tant, par ses paroles, qu'il hiy
persuada dembrasser la religion clirestienne et de se faire baptizer. [Il
en obtint aussi que les églises arméniennes fussent exemptes du tribut.
Enfin] il retourna de la cour de ce prince en l'an 1 2 53 ''. Le sire de Join-
ville semble rapporter le voyage de ce roy vers le can des Tartares avant
l'ai'rivée de saint Lonys en l'isle de Cypre, qui fut en l'an 12/18, écri-
vant qu'd obtint alors de lui un grand secours, au moyen duquel il deffît
le sultan de Coni et des Turcs, et s'aflVancliit ainsy du servage et du
tribut auquel il lui estoit obligé, ajoutant que la renommée de cette vic-
toire entraisna beaucouj) de cliresliens en Arménie, dont on n'entendit
plus de nouvelles; mais cela se peut rapporter à la négociation du con-
' Nangis, Vila S. Ludovici, p. .SSa. — Gonliiuiat. île (juill. de Tyr, I. XXXIV, c. 11.
Vincentiiis Bollovac. I. XXXII, c. xcii. — p. hhi.
.loinville. p. aG. 27 ; ëdit.Du Gange. — Rai- '' Abulfarag. p. .3'38. — Sainl- Martin,
nalil. ann. 1209, n° 8a. — Spicilcg. t. MI, Mcm. t. I. 3f)5, 896.
p. 210. '' Abulfarag. p. o.'îo. — Voir la relation
' Aithon, c.\xni. — Saniit. l.III.part. i 3, du voyage du roi Héthouni à la cour de
c. M.
Mangor-Khan, dans le travail intitule Les
Mongols , d'après le;
par M. Dulaurier, ex
Vincentius Bellovac. 1. XXXII. c. xcu. — md asiatique, i865.
" Joinville. p. 97. — Abulfarag. p. 3ao. Mongols, d'après les historiens arméniens,
' .Xangis, \ita S. Liidovici, p. 3i8. — par M. Dulaurier, extrait de Guiragos. (Jo
Joui-
LES ROIS D'ARMENIE. 139
nestable. Le Tartare', ayant esté baptizé avec les piincipaiix seigneurs de
sa cour par un évesque d'Arménie qui estoit chancelier de ce royaume,
envoya Haolau (Houlagou), son frère, avec le roy Aitbon, pour faire
la guerre aux Sarrazins et aux Perses, et, les ayant subjuguez, il entra
dans le pays des Assassins [et] du sultan d'Halape, qu'il deflit pareille-
ment^; et luy fit pari de ses conquestes, qu'il eust poussées plus avant
si la mort de son frère ne l'eust rappelé en son pays^. Le moine
Aitlion*, qui rapporte cette mort à l'an i-jGo, et qui vivoit en ce
temps-là, comme il escrit luy-mesme, dit (ju'alors le royaume d'Ar-
ménie estoit si puissant qu'il pouvoit mettre en campagne douze mille
chevaux et quarante mille hommes de pied''.
[Eii consé([uence de ces rapports intimes avec les souverains mongols, l'Ar-
ménie se trouva, il est vrai, afTranchie (I(^ fout servage à l'égard des sultans
d'Iconium, mais elle n'y gagna ([ue de devenir bientôt vassale et presque su-
jette de ses nouveaux alliés, comme le prouve la suite des faits "^.j
De là, aprèsla prise de Césarée et d'Azot par les infidèles, l'an i aGS ".
il [c'est-à-dire Héllioum, roi d'Arménie] fut prié, par le pape Clé-
ment IV, de vouloir secourir la terre sainte; et, deux ans après, il envoya
des troupes à Antioche, qui estoit menacée de siège; et luy-mesme
n'échappa jias à leurs incursions^. Car le sultan d'Egypte, prenant l'oc-
casion de son absence, et durant qu'il estoit avec les forces du royaume
avec les Tartares, envoya une puissante armée dans l'Arménie sous la
conduite d'un de ses généraux. Les enfans du roy, sur cette nouvelle,
levèrent pronqitement des troupes pour les opposer à ces infidèles, et,
leur ayant livré combat, les Arméniens furent défaits [i;iG6]. Léon,
fils aisné du roy, fut fait prisonnier", et un autre [nommé Thoros],
' Aithon , fl/«(. on'eîi/. e. xxiv-xxviii. ' Rniriakl. ann. laCS , n° io; anii. i -'ôy.
" Aithon, c. XXIX. 11° 6().
' Aithon. c. XXXI. ' Aitliou, c. xxxiii. — AbuH'ainjT. p. ;1.^G.
" Voir, sur ce moine Aithon, les observa- — (lonliiiuat. de Giiill. de Tyr, I. XXXIV.
lions de Du Gange, plus bas. p. i38, 189. c. ix, {>. /i55. — Saint-Martin. Méiii. I. I,
' -Aithon. c. xxviii. p. 3gG.
° Aithon. c. xvviii. x\xvi, xwvii, xl. ' Continuât, de (iuill. de Tyr, 1. XXIV.
xLii, etc. c. IX. p. i56.
■ 17
130 . LES FAMILLES DOUTRE-MER.
Ui6 : ce qui donna facilité aux ciniemis de coui'ir et de i-avager l'Ar-
ménie. Cependant Ailhon, qui n'avoit pu ol)teiiir du secours des Tar-
tares.à cause qu'ils estoient occupez ailleurs, s'accommoda au temps,
et lit Iresve avec le sultan, qui luy rendit son fds [en échange de
Sangor', ou Soncor Alasclikar, émir égyptien, parent du sultan, qui
avait été pris par les Tartares], et lui, restiiua au sultan le chasteau de
Tempesak (Derbeçak), en fit démolir deux autres, et luy rendit encore
un de ses principaux chefs, qu'il tenoit prisonnier, i^bulfarage raconte
toute celle hisloire avec d'autres circonstances sous l'an i 268 - [l'année
même de la prise d'Antioche].
Ensuite Ailhon, après avoir régné quarante-cinq ans, et avoir tra-
vaillé beaucoup pour les clirestiens, se résolut, non-seulement de
quitter la couronne et de la donner à son fds Léon, mais encore de
s'enfermer dans un monastère, où il prit fliabit de moine, s'estant
fait a|)peler Macaire, et moui'ut incontinent après, l'an layo ^.
H cul plusieurs enfans de la reyne, sa femme, sçavoir : deux fds et
cinq filles*. Les fils furent Livon ou Léon 111, roi d'Arménie, et Toros,
([ui fut lue en la bataille par les Sarrazins. Les filles furent Sibylle,
qui espousa [en septembre-' i'j5/i] Boémond VI, ])rince d'Antioche;
Fémie ou Eufémie, mariée à Julian, sire de Sajetle [avec 26,000 be-
sants de dot°, par un acte du roi Héthoum, sans date, mais non anté-
rieur à l'année 12^3]; Ritta, femme du sire de Roche ^; Marie, alliée à
' Conlin. de Guill. de Tyr, 1. XXXIV, de Marg-uerite, se retrouve dans un état
c. Il, p. 657 '^' ""^^ *"• des soniincs réclamées au nom du roi d'Ar-
'" Abulfarag. ///4-toî'mfl///i«.s7/«r«/«,p. 35G, niénie (1007) pour dommages et frais oc-
?i[)n. casionnés ;i lui ou à ses sujets par les gens
^ Il ne serait mort qu'en 1273, selon Tau- des galères vénitiennes d'André Sanulo et
leur de lltistoire générale de l'ordre des de Paul Morosini, qui s'étaient emparés
Ermites de Saint-Augustin. (Luigi Torelli, du château de Lajazzo. (De Mas-Latrie, ///s-
Secoli Airostmiaui , de. 1. IV, p. 778.) Im'iv de Chijijre . t. 111, p. 685.) On y voit
' Lignages d'ouirc-mcr. c. ui. l'énuraération de divers objets d'babille-
* Continuât, de Guill. de Tyr, 1. XXXIV, ment enlevés à une femme nommée Rita,
c. n, p. /lia. uni iitiilicri noininc. Rita, mais qui n'a évi-
' Corf/c. r///>fo/n. t. l,n° 1 19, p. i34 , i35. demment rien de commun avec la lille du
' Ce nom de Rita, abréviation familière roi d'Arménie.
LES ROIS D'ARMENIE. 131
Guy dlbelin, fiis de Baudoin, séiieschal de Clivpro. qui en eut posté-
rité, et Isabeau, qui mourut sans alliance.
Léon ou Livon, II"^ [lisez 111'] du nom, ayant succédé à son père
au royaume d'Arménie ' [après avoir été couronné à la manière des
Arméniens-], continua de cultiver lalliance des Tartares, avec le se-
cours desquels il fit ses ellorts pour détruire les Sarrazins d'Egypte.
Abaga, roy des Tartares, après avoir conquis le royaume de Turquie
ou de Coni, l'oUrit à Léon ^■, mais il s'excusa de l'accepter, sur ce qu'il
luy seroit impossible de le conserver, à cause qu'il avoit toujours Ben-
decar ou Bendocbar [Bondokdar], sultan d'Egypte, sur les bras, qui
menaçoit à tous momens ses Estats, et qui, l'an 12^5, estoit entré
dans la plaine d'Arménie, où il avoit mis à mort |)lus de vingt nulle
hommes, et avoit fait plus de dix mille captifs*, et avoit emmené un
luitin sans prix; ce (|ui obligea le roy de se retirer dans les montagnes,
et les babitans de s'embar(pier sur mer, pour se sauver de la rage du
sultan; une partie tomba entre les mains des pirates, l'autre arriva
beureusement à Acre. Il pria seulement le Tartare de se vouloir
joindre avec lui pour chasser le sultan de la Syrie, ce qu'il accorda,
el l'un et l'autre le dédirent depuis en la plaine de la (Ihamelle.
[Gefto vicfoirc, l'emporlée en 1282 .^iur Kélaoun. succes.seiir des deux iif'^
de Bibars Bondokdar, mort en l'f^'y. fut .sans résnitat. par suite de finexpé-
rience de Mangou-Temour, frère d' Abaga, qui abandonna trop tôt le cliatn|i
de bataille^. En i285, un traité de paix et de commerce fut conclu fiitre
Léon III et Kélaoun f'.]
Le moine Aitlion ^ écrit (pi'il fut (le loi d'Arménie) doué de pru-
' Abiilfarog. p. 358. 36o. — Marin. tiiiuat. de Guiil. de Tyr, I. XXXIV. c. x.t.
Sanut. 1. III, part. i3.c. vin. — Aithon, p. /1C7.
c. .1XXIV. '- Continuât, etc. I. XXXIV. c. xxxn .
' Continuât, de Guill. de Tyr. I. XXXIV, p. ^179.
c. XVI. p. /i63. ' Reinaud. Extraites des Uistor. arabes
' Aithon. c. xx.\v, xxxvi. relatifs au.v ci-oisatks, p. 55.9. 557.
' Sanut. i. III. part. 12. c. xiv. — Con- ' Aithon, c. xxxiv.
'7-
i;i2 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
dence et de valeur, et qu'il fut aymé également des siens et des Tar-
tares. Pachymères ' escrit qu'il maltraita le patriarche d'Antioche, (ju il
liiil (juelijue temps prisonnier, et (pril l'eust fait mourir, s'il ne se fust
sauvé. Il ne dit pas le sujet de ce démeslé; mais il y a apparence que
ce fut pour cette action qu'il encourut l'excommunication, dans laquelle
il estoit encore en l'an 138^.
Il espousa Guiran-, (ille et héritière de Constantin, seigneur de
Lamhron [ou Lampron], qui estoit une forte place^ [au nord de Tarse],
entre rArménit' et la Turquie; duquel Constantin il est fait mention
dans ^ incent de Beauvais'', Brompton^, et ailleurs '^^. 11 eut d'elle sept
liis et tn»is hlles '' : Aiton, Toros, Semblât ou Sembat, Constantin,
successivement roys d'Arménie; Norses [Nersès]; Rupin, nommé en-
core Alinaii (Alinakh) ou Almach*; Oissini [ou Ochim], roy d'Arménie:
\sabeau, qui espousa Alméric, prince de Tyr, lils de Hugues, l'ov de
Cypre; Ricta, mariée à Michel, fils aisné d'Andronique le Vieil, empe-
reur de Constantinople ", nommée jiar les Grecs Marie et Xène [c'est-
à-dire l'étrangère^; et Téphanon ou Tliéophanô, comme elle est nom-
mée par Pachymères"', duquel nous appi-enons qu'elle espousa Jean
l'Ange, fils de Jean, sébastocrator et despote d'Epire; les Grecs luy
donnèrent le nom de Théodore. Le Lignage doutre-mer dit qu'elle
décéda en jeunesse.
AiTiioN', 1^ du nom. succéda à son père au royaume d'Arménie,
' Pachymer. I. VI, c. 1; i. VII, c. xix. * Roiipen dit Alinkli est mentionné dans
■ Ligiiiigcs d'mitre-mcr, c. m. le Lignnge doutre-mer; ce nom se trouve
' Saint-Martin, Mém.surrArmntie, l.t. ti-anscrit fautivement .4 //«acA dans Rainaldi
p. 5 02 . {Annal eccl. ann. 1 3o() , n° 1 3 ) , qui rapporte
' Vincentius Rellov. Spéculum historiale . une lettre du pape adressée au roi Léon IV.
I. XXXI, c. cxLiv; t. XXXII, c. XXVII, xxviii. ainsi qu'à frère Jean, de l'ordre des Mineurs.
^ Rrompton, p. 121.5. gouverneur du royaume, à Uxiani (Ocbin)
' Rainald. ann. 1277, n° 86. et Alniach, oncles du jeune roi.
' Lignages d'oulre-mer, cm. p. 'd(')f),li-2-j. ' Du Cangc, Familiœ Byzant. y. 286.
— Rain. i3o6. 11° i3. t. XVIII, p. iio. '° Pachymer,!. IX, c. v, vi. — Du Gange,
— Wadd. eodem anno, n° 26. Familiœ Bijzant. p. 210.
LES ROIS D'ARMENIE. 133
en raiméo 1289, ou la précédente'. Le pape loxliurla, par ses
lettres, à embrasser l'Eglise romaine, à quoy il avoit lesmoif|né beau-
coup crinclination. Il écrivit sur le même sujef^ à Marie, sœur de la
reyne, pour lors décéclée, à Toros, frère du roy, et à Léon, connes-
table d'Arménie, et mesme il luy envoya quelques frères mineurs, à
cet efl'et, en l'an 1290, pour instruire les Arméniens en la créance
ortbodoxe, et sur ce qu'après la prise d'Antiocbe par Bendocbar, ce
sultan estoit entré dans l'Arménie, où il avoit fait de ((jrandsdégasts, et,
y ayant esté tué, Nelpus', son fils et son successeur, pour venger la
mort de son père, la menaçoit d'une seconde irruption, il exliorta le
roy de France de donner une favorable audience aux ambassadeurs
d'Aitlion, et de le vouloir secourir en de si pressans besoins.
Quelque temps après, Aitlion, se lassant du gouvernement, à cause
des guerres continuelles des infidèles, résolut de prendre l'habit des
frères mineurs*, où il prit le nom de frère Jean, et quitta le com-
mandement à son frère Toros, si nous en croyons le Lignage d'outre-
mer, d'où nous apprenons que c'est ce roy d'Arménie qui estoit
à Constantinople, en la cour de l'empereur Andronique, au mois
de décembre, l'an 1296, Pachymères^ remarquant qu'il demeuroit
parmy des frères italiens, c'est-à-dire qu'il avoit l'Iiabit de frère
mineur.
Toros III espousa [du vivant de son père (1286)] Marguerite'',
fille de Hugues III, roy de Gypre [moyennant dispenses'' accordées
VVadd. aiin. 1 289, n°' 7, 8; ann. lago, noninn' par nos historiens Essaïd , soit son
n" 10. — Rainald. i289.n'"57,58. — Saint- frère Scùimesch.
Martin , Mém. sur l'Arménie, t. I , p. 398. ' Wadd. ann. 1296, n" 11. 12.
- Waddington, ann. 1992. — Rainald. ' Pacliym. 1. IX, c. x\.
ami. 1292. ' Lignages d'outre-mer, c. ni, p. itWj.
' Heroid {Contimwtio he.lli sacri , I. V, Selon Lorédan , cettfi fille du roi Hugues III
c. Il), continuateur de Guillaunie de Tyr, le s'appelait Clirn-hltc, et elle épousa Chaton
nomme Hcljjiii. Il est difficile de reconnaître (Ailhon ou Héthoum), roi d'Arménie,
dans ces deux formes le nom d'un des fds de ' De Mas-Latrie, Hist. fie Chypre, t. 11,
Bibars, soit Beréké-Uian-said i\ aser-eddin , p. 85, et note 2.
134 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
par Honorius IV, pour cause de parenté, parce (piAinaury, Irère de
Marguerite, espousa, vers le laesuie temps, Isabelle, sœur de Toros];
en faveur duquel mariage le roy de Cypre donna à Toros quelques
chasteaux du royaume de Hiéiusalem qui confinoienl à l'Arménie,
avec claus(> de ne les pouvoir aliéner sans le coiisentiiment des deux
cours.
Après deux ans de règne, Toros entra dans le cloistre, et Hé-
tlioum remonta sur le trosne. (Toros), estant allé avec son frère Aithon
à Constantinople ' soit pour y clierclier du secours [coiilie les infidèles,
et peut-être conireles menées de leur frère Sempad'-], soit pour y visi-
ter sa sœur, qui avoit espousé Michel Paléologue, fils de l'empereur
^ndronique le Meil,
Sehbat ou Sembald, son autre frère, prenant 1 occasion de son
absence, s'empara du royaume et se lit couronner roy, en lan 129^.
Cependant Aitlion et Toios estant retournez dans l'Arménie, ils en
furent chassez, ce qui les obligea de passer en lisle de Cypre; de ih
à Constantinople, d'où ils allèrent trouver le can des Tarlares, pour
se plaindre de l'usurpation de leur frère, et tirer du secours contre
luy. Mais Sembat les prévint, et, pour gagner l'amilié de ce prince,
espousa, à ce que l'on dit. une dame de Tartarie; et, ayant pris ses
deux frères au retour de leur voyage, il les fit conduire en Arménie,
où il fit ci'ever les yeux à Aithon, qui recouvra depuis la veue par
la permission de Dieu et par miracle, et fil étrangler Toros avec la
corde d'un arc. Sembat l'ut aussy travaillé par les irruptions des Sar-
razins, qui l'obligèrent, en l'an 1998, d'avoir recours au pape Boni-
face YIII, et aux roys de France et d'Angleterre, auxquels il dépesclia
ses ambassadeurs pour avoir du secours ^ Cependant Constans, son
frère, ne pouvant souffrir plus longtemps son usurpation, se souleva
contre luv et. l'ayant arresté, le mit en prison et en tira Aithon". Le
' Saniit. I. III, part. i3, c. ii. ' Rainakl. i-'gS. n" lO. — Wadd. n° B.
" Saint-Martin . Mém. sur l'Arménie. 1. 1 , — Bzovius , n° 7.
p. 3ç,8 ' Sanul. I. 111, part. 1 3 . c 11.
LES ROIS D'ARMÉNIE. 135
Li;>naoe d'oulre-nier ne convient pas que Senibat ait usurpé le royaume,
mais dit qu'il luy fut donné pai' son IVère, après qu'il l'eut osté à Toros.
[Selon un historien arménien', Hétlioum avait abdiqué une seconde t'ois
.(i 296) en laveur de son frère Senq)ad; et c'est alors (pù'l s'était rendu
à Constantinople avec son frère Tlioros.] Il y a aussi lieu de douter de
la circonstance, rapportée par Saniido, du mariage de Sembat avec
une dame tartare, veu que les épistres du pape Boniface VIII- nous
apprennent qu'il avoit espousé Isabelle, lille de Guy de Japlie, avec
laquelle, non-seulement il vivoit l'an i-jcjS, mais encoi'e dont il avoit
des enlans qui estoient chevaliers. Et d'autant que Send^at craignoit
<puî la dispense qu'il avoit obtenue du cathobipu-, ou patriarche
d'Arménie, ne fust pas valable [comme cette dame était sa parente
au troisième degré], il demanda, en cette année-là, celle du pape
Boniface, qui la luy accorda. Le Lignage d'outre-mer ajoute qu'Aithon,
estant sorty de piison, donna le ro\aume d'Arménie à son frère
CoivsTANs [ou (loNSTAiNTiN II], à qui il dcvoit sa liberté, mais que,
depuis, il le lu\ osta. Sanudo ne dit pas que Gonstans ait esté déclaré
ro\ par luy; mais il convient avec le Lignage d'outre-mer, en ce qu'il
escrit, qu'Aithon fit arrester Constans et l'envoya avec Sembat à l'em-
pereur de Constantinople, auquel il en recommanda la gardée II ne
faut pas douter ([u'il n'ait eu de puissans motifs pour en venir à cette
violence contre Constans, à qui il estoit redevable de sa délivrance.
[Ailhon remonta ainsi sur le trône pour la troisiènu; fois.] II fit en-
suite couronner Léon, son neveu [i3o5].
Léon, IIl" i\u nom, roy d'Arnu-uie ', estoit fils de Toros et de Mar-
guerite, fille de Hugues III, roy de Cypre. Et d'autant qu'il estoit
encore tout jeune, Aithon se chargea de la légence du royaume : ce
que nous apprenons d'une épistre (jue le pape Clément \ adressa, en
l'an i3o6, au roy Léon, à frère Jean, de l'ordre des frères mineurs,
' Le connétiiLile Sempad. ■ Saint-Martin, Mcm. t. I, p. .'{gy.
• Rainald. ann. i-i88, n°' 19, ao. " Lijjnwijcs d'outre-mer. — Aithon, c.xlvi.
136 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
«[ouvemeur d'Arménie, qui est le roy Aitlion, à Oissin et Almacli,
oncles de Léon, par laquelle il leur donne espérance d'un prompt
secoui's de la part des princes chrestiens, contre les Sarrazins qui atta-
quoient l'Arménie ^ Cassan ou Cassian, empereur des Tartares, qui
avoit succédé àBavdon, en cette principauté, continuant les erremens
de ses prédécesseurs, entreprit la guerre contre les Sarrazins d'Egypte,
ayant en sa compagnie les roys d'Arménie et de Géorgie, et les deflit
en un lieu nommé le Cannet, l'an i3oo'-. Ces roys le suivirent depuis
en cette guerre, jus(jues à ce qu'après le retour de Cassan, le sultan
d'Egypte reprist la pluspart de ses places par trahison. Cotulossa y ayant
esté envoyé, en l'an i3oi, pour en chasser derechef les Sarrazins,
le roy d'Arménie l'y accompagna, comme il fit encore Cassan, qui y
retourna en personne, l'an i3o3, où. les succez de la guerre furent
ditférens. Enfin, après la mort de Cassan, le roy estant retourné en
Aiménie, les Sarrazins, pour se venger de iuy, firent des irruptions
dans ses Estats.
Ce l'ut pour lors (ju Aithon rechercha le secours des princes chres-
tiens^, au défaut desquels il appela les Tartares. Balargan [Bilaighou-
Klian] y ayant esté envoyé avec des troupes par Carbaganda [Ald-
djaptou, dit Khodabcndeh^, frère et successeur de Cassan, Aithon ne
l'estant pas venu trouver avec la diligence et la promptitude qu'il eust
souliaitées, ce barbare, en estant irrité comme d'un mespris, arresta
Aithon et le jeune roy Léon, qui estoient arrivez en sa tente, et
les fit tuer tous deux avec leur suite, en sorle qu'il ne resta [qu'une
seule] personne qui en pust porter la nouvelle; ce (|ui arriva en
l'an i3o7*.
[En ce(t(! année i.Ho'y^, le -20 mai, Léon III a\ait accordé aux Vénitiens
un privilège commercial, où il s'intitule «Lyon en (irist feable, roy de tote
' Rainald. ami. i3oC, 11° i3. — Wadd. ^ Sanut. i. III, part. i3, c. 11. — Rai-
eod. anii. n° 26. nald. aiiD. 1007, 11° 5.
" Aithon. e. xli, xlvi. — Saniit. 1. III, ' Saint-Martin, Mém. t. I, p. 899, 4oo.
jjart. i3, c. vni, x. — Nangis, Citron. ^ De Mas-Latiie, Hist. de Chypre, t. II,
ann. 1299. p. loG, note 3; t. III, p. 687, C90.
LES ROIS D'ARMENIE. 137
KErmenie, lils dou Christ ainaiit el bien aorant roy de toute Hermenie, Lvon
«en Crist repose des puisans et haus Ropinaiis. . . n Nous avons de la même
année, 3o mai, une (piittance du connélaMe d'Arménie', donnée au nom du
roi, ])our toutes les indemnités dues par les Vénitiens, suivie d'un état des
sommes réclamées pour les dommages occasionnés par les galères vénitiennes
qui s'étaient emparées de Lajazzo'. Cet état est sans date, mais il paraît être
également de iSoy.
Clément V, dans une lettre ^ au grand maître et aux chevaliers de l'ordre
de Saint-Jean de Jérusalem, à Rhodes, déplore les ravages des Sarrasins en
Arménie et en Chypre; mais il ne parle pas de la mort récente d'un roi
d'Arménie; cette lettre est donc antérieure à la mort de Léon III. Or elle est
datée du 3 des ides d'août (i i août), 3' année du pontilicat. Cette année est
i3o7, si Clément V compte les années de son pontilicat du jour de son élec-
tion, 5 juin i3o5*, et i3o8, s'il compte seulement depuis son couronnement,
qui avait eu lieu le iA novembre i3o5. Dans tous les cas la mort du roi
Léon ne pourrait être que de peu antérieure au i i août iSo^, et peut-être
même iaut-il la différer jusqu'à l'année suivante.]
D'autres écrivent que Balargan commit cette action^ en haine de ce
qu'Aithon ne luy avoit pas voulu mettre entre les mains l'importante
forteresse de Navarzan [Anazarbe], et que, piqué de ce relus, il le
fit assassiner et son neveu, en un festin où il les avoit invitez.
Quelques écrivains ** assurent que Cassan, dont je viens do parler,
espousa la fille du roy d'Arménie, en Tan 1399, et qu'il se fit chrestien
par les persuasions de sa femme; ce qu'il y a sujet de révoquer en doute ,
veu que le moine Aithon, qui parle de luy avantageusement , n'auroit
pas oublié cette circonstance.
Nous ne lisons pas si le roy Aithon fut marié, n'est que nous ajou-
tions foy à ce que nous apprend Estienne de Lusignan, qui escrit qu'il
' De Mas-Latrie, t. III, p. 683, 686. ' Loredano, De' Re' Lnsignani , I. V,
' De Mas-Latrie, p. 68/1, 687. p. 9,33, a3/i; Irad. française, t. I. p. -258,
' Sebast. Paoii, Codice cUplonuit. t. II, a.5y.
n° 18, p. 17, -io. « Walsingh. Edward. I, p. 7G. 98. —
* Anmidire de la Soc. de l'Iiisl.de France, Bzoviiis, ann. 1299, n° i3. — Chron. ms.
année i85â, p. i38, iSg. franc, (inissanl en i32-2. ^ Nantis. Chron.
18
l;î8 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
espousa Marie, fille de Hugues III, roy de Cypre. Mais, outre (pi'il la
confond avec Marguerite, femme du roy Toros [et que le roi
Aithon, dont ])arle Lusignan' en cette circonstance, est Aitlion I", fils
(In hailc Constant, et non pas Aitlion II, son polit-fils], la circonstance
du tem|)s auquel il vivoit peut faire croire que c est luy qui espousa la
tille de Louys d'Acre [fils du roi Jean de Brienne'^, et devenu, par son
mariage], vicomte de Beaumont, qu'une ancienne généalogie^ qua-
lifie reyne d'Arménie. Au reste, Waddingue, en ses Annales des frères
mineurs, confond inqîrudemment les deux roys qui portèrent le nom
dAithon, tante d'avoir veu une généalogie exacte des roys d'Arménie.
Le cavalier Loredan ^ [comme Estienne Lusignan ^J a paredlement
confondu le roy Aithon avec Aithon, seigneur de Curco [Goi'igos],
(pii estoit une place forte sur la frontière d'Arménie*^ et le rivage de
la mer qui regarde la pointe de l'isle de Cypre. (lar cet Aithon,
le([uel ayant esté chassé de l'Arménie comme séditieux et brouillon, en
l'an i3o5, se retira en l'isle de Cypre, où il gagna les bonnes grâces
d'Alméric, prince de Tyr, qui gouvernoit ce royaume, après en avoir
chassé le roy Henry, son frère, estoit cet Aithon'' dont nous avons
l'histoire, qui s'y qualifie seigneur de Curcli (Gorigos), et escrit qu'en
cette mesnie année ^, après s'estre trouvé en toutes les expéditions mili-
taires des roys d'Arménie contre les Sarrazins, et avoir conversé avec
les Tartares qui estoient alliés de ces roys, [il] prit congé du roy
Léon III, et se retira en l'isle de Cypre, où il se fit religieux de l'ordre
de Prémonstré^, au monastère d Episcope [Piscopi], qu'Estienne de
Lusignan '" nomme de la Paix. 11 est sans doute qu'il estoit proche
' Etienne de Lusignan, Généalogie, des ' De' Re' Liisignnni , I. IV, c. v.
mis d' Arménie , fol. 3o v° et 3 1 . ' Et. Lusi!|nan , Généalogie des rois d'Ar-
' Moréii, Dictionnaire historirpie , art. même, fol. 3i et v°.
Brienne. " Froissart, vol. III, c. x\ii.
' Nous ne pouvons dire quelle est cette ' .4itIion . in prœl'at.
ancienne gAiéalogie que Du Gange ne dé- ' Aithon, c. xlvi.
signe par aucune indication précise, ni ' Lepaige, Biblioth. PrœmonMr. p. .î88.
quelle est celte lille de Louis d'Acre, mari(«e '" Etienne de Lusignan. Généal. des rois
:i un roi d'Arme'nie. d'Arménie . fol. 3 1 et v".
LES HOiS DAItMKNIK. 139
parent de ce roy, comme il escrit lui-inesme; mais ion ne peiil pas re-
marquer, de ses escrits, si ce ne fut de son cliel" ou par alliance; cai-
ceux qui ont avancé qu'il estoit neveu du roy d'Arménie l'ont lait sans
aucun l'ondement. Quelques-uns' le loni (ils d'une sœur du roy Ai-
thon l\ peut-estre que cet Aithon fut père d'Oissim, conîte et gou-
verneur de Ghurc ou de Curico, l'un des principaux barons d'Arménie,
qui vivoit sous le règne de Léon IV ^j
OissiM [OcHiN ou AucHiN' ]\ appelé par quelques-uns ("iinoYSSiN, ou
plutôt Chir Oyssin [Kvp Oit»'], succéda à son frère Aithon et à son
neveu Léon, au royaume d'Arménie, auquel il fut appelé par les ba-
rons. D'abord Balargan^, ensuite de la mort des deux roys, assiégea
la forteresse de Navarzan [Anazarbe]; mais, faute de vivres, il fut
contraint d'abandonner le siège et de se retirer en Tartarie. Il [Ochin]
favorisa le party d'Alméric, prince de Tyr, son beau-frère, durant
les divisions du royaume de Gypre, en faveur duquel il tint le rov
Henry [II], frère de ce prince, prisonnier dans le chasteau de Lam-
bron, après avoir esté chassé de ses Estais par son frère. [En i3io,
Ochin intervint pour ménager un nouvel accord entre Henri II et
Amauri ou Alniéric'^;] mais Alméric estant décédé, il se lit un échange
des personnes de Henry et d'Isabelle, veuve d'Alméric. Gela n'apaisa
pas toutefois la rancune et la division qui resta entre ces deux roys:
pour raison de laquelle Oyssim otTrit de se soumettre au jiape Glé-
ment V, en l'an 1 3 1 1 ^
' Labbe, Abrégé royal de l'alliance chron. du roi Héthoum I", par une cousine de ce
l. 1. p. .3(53. dernier, mariée à sire Adam de Gastim,
" Sut (\iie\ fondement L'Art de vérifier les baile d'Arménie.
dates {Rois d'Arménie, Léon II, net.) le ' /?eg-/,s?. Fa//c Clément. V, pp. ep. 771.
fait-il lils de Senibat, frère du roi Aithon I? 77/1, apud Wadding. aiin. i3i 1. n° 2, et
Voir aussi ce qu'en a dit Lepaige [Biblioth. in reg. p. h-i , n° 27.
Prœ/«o»js/»-. p. 3o0, 307, 588). ' Loredano, I. V, p. 235; trad. fran-
' Cf. sur l'historien Aithon, Ilaytoniis 7ho- çaise, (. I, p. a6o.
nac/i!«s(HethQum). le Tableau généalogique ° De Mas-Latrie. Hist. de Chypre, t. Il .
de la famille des Héthoumiens, princes de p. 1 1 1, 1 13, 1 15.
Lampron. On y voit qu'il était petit-cousin ' Rainald. ann. i3i 1, n° 77.
18.
liO LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
[Il semble que le roi d'Arménie' avait eu fjuelqiKîs clémêl(?s avec les che-
valiers de Rhodes, puisque le pape Jean XXII écrivit à ceux-ci (i3i8, 5 mai)
de vouloir bien proléger et assurer le retour d'une ambassade que le roi lui
avail envoyée, pour plusieurs motifs non spécifiés, et, eu particulier, pour
régler les intérêts de l'orfb'e, relativement à ses possessions en Arménie.]
\yaiit eu aussy à démesler, et estant entré en guerre avec le roy de
Sicile^, en l'an 1^19, le pape Jean XXII moyenna une tresve, et en-
joignit, l'année .suivante, aux aniba.ssadeurs de Gênes, de conclure
une ferme paix entre eux; en laquelle année [10 20], Oissim mourut.
Il l'ut encore attaqué par les Sarrazins^, (pii coururent son pays, ce qui
l'obligea, en Fan i3i7*, d'implorer le secours des princes chrestiens.
[Ocbin, avant d'être roi-', était connétable du royaume et prince de Gant-
chi. Dans une liste de grands personnages du royaume d'Arménie'', il est ap-
pelé Hoissinm de Alticovanta'' , génère Rnppinorum, Arménie rex.
Ochin montra un grand zèle pour la réunion de l'Eglise d'Arménie avec
l'Egli.se romaine. Ce fut par ses soins et en sa présence que se tint, en i3i6,
le concile d'Adana, où l'on confirma les décrets du concile de Sis, tenu
en 1807, pour le même objet ^.]
Il avoit espousé Jeanne^, appelée par quelques-uns Irène [ou Anne],
tille de Pliilippe de Sicile, prince de Tarente, de laquelle il eut deux
fils : Léon, roy d'Arménie, et un autre, lesquels il laissa en bas âge.
Léon ou Livon I\ , [comme roi, 1'] du nom, succéda à son père au
' Sebast. Paoli, Codkc diplomat. t. II. " Cf. iiir/iK'o stor/co î(«/mno, appendice.
|). 67, n° 48. 11° '^g; Firenze. i853, iii-8°. p. Syi, 11° h el
" Rainald. ann. 1819, n° 17; iSao, note.
n°' 47, 48. 'L'Art de vérifier les dates : Conciles;
' Rainald. ann. i3i9,n"i7. Rois d'Arménie. — Ciemens Galanus, Conci-
* Rainald. ann. 1317. u" 35; i320, liulio ccclesiœ Ann.enie citm Romima , c. xwiii ,
n° -îi. .XXIX, p. /ia2, l>-jçf.
' Saint-Martin, Mém. 1. 1, p. 4 00. ' Rainald. ann. i3i8, n° 17. — Giov.
" De Mas-Latrie. Hist. de Chypre, l. III, Villani, 1. IX, c. cxLvni. — Wadding. ann.
p. 692. i3i7, n° 49; 1 3a2 , n° 70.
LES ROIS D'ARMÉNIE. lil
royaume d'Arménie'. Et daiitant qu'il estoil fort jeune lorsqu'il mou-
rut, sa mère prit le gouvernement en main 2, el, pour s'appuyer de
quelque personne puissante, elle espousa le seigneur de Layco ou de
Layasso [Lajazzo, Laïas ou Aïas], oncle du roy, sans aucune dispense
du pape. [Ce seigneur était Oclnn\ comte de Gorigos.] Les barons
du royaume furent mal satisfaits de ce mariage, contracté contre les
formes et entre des personnes si proches, dont la reyne n'en fit qu'une
raillerie, disant que la jn'emière fennne qui pécha en fut quitte pour
demander pardon.
Ce discours les irrita encore davantage et causa de la division dans
l'Estat; laquelle donna occasion au sultan de Babylone* de faire une
iriuption dans l'Arménie avec plus de trente mille chevaux, où il lit
un grand nombre d'esclaves, dont il en fit mourir plusieuis. Il y prit
encore presque toutes les places, à la réserve de celles qui estoient
situées dans les montagnes, près desquelles s'estant approché, il fut
déliait dans les détroits par les Arméniens, qui estoient en petit nombre;
ce qui arriva au commencement de l'an 1022 \ Henry, roy de Cypre,
quoique d'ailleurs mal satisfait des Arméniens, envoya en cette occa-
sion du secours au roy Léon, et s'attira par ce moyen les troupes de
ces infidèles dans ses terres. D'autre part, Boyssethan [Abousaïd], em-
pereur des Tartares, à la suscitation du pape Jean XXII, envoya vingt
mille chevaux au secours de Léon, et obligea le sultan d'abandonnei'
l'Arménie comme un pays qui relevoit des Tartares et leur estoit tri-
butaire •'; ayant moyenne un accord et un traité en l'an i323, pai'
lequel la paix fut conclue entre eux pour quinze ans, moyennant que
le roy d'Arménie s'obligeroit de payer chaque année 5o,ooo florins au
sultan. La paix fut aussy arrestée en la mesme année entre Léon et le
roy de Cypre. Mais celle qui avoit esté faite avec le sultan subsista peu
' Rainald. ann. i3a.3, n" i.3; iSao, " Michas Mail, de Barbazanis. /7w/. c. x\.
n° 48. — De Mas-Latrie, Hist. de Chypre, * Rainald. ann. i.Saa, n" 33 et seq.
1. 111. p. ■J9.C). 737. " Rainald. ann. iSaS, n" 6,7, lo. —
' \ iWani. lococittilo. Wadd. ann. iSaa. n" 70; ann. i^-i'à.
' Saint-Martin, Mém. t. 1, p. 2o4, ioo. n"' 18, 20.
l'i:! LES FAMILLES 1) OUTHE-MEIi.
(le temps, comme on peut assez reconnoistre des extrémitez où Léon
se trouva depuis l'an iSa/i jusques en l'an iSùi'; pendant lequel
temps l'histoire remarque (ju'il se donna une sanglante bataille en
Arménie, en la plaine de Lyas ou de Layasso^, le jour de Sainte-Ca-
therine, l'an i33o, entre les chrestiens et les infidèles, où Cassan, roy
de Tarse, demeura sur la place avec cinquante-huit mille des siens,
les clirestiens en ayant perdu sept mille.
[En même temps des divisions agitaient l'intérieur de la famille royale, el
ajoutaient aux maux du pays. En i33o^, Léon V se brouilla avec Ocliin, son
tuteur. Soutenu par les Lusignans, il le vainquit, le mit à mort, ainsi que
beaucoup d'autres grands du royaume d'Arménie, et donna leurs biens à des
Latins qui l'avaient secouru; ce qui augmenta le mécontentement et la haine
de ses compatriotes. Il avait même, dans un accès de fureur, fait mourir sa
femme, si l'on en croit les bruits qui coururent alors et que les chroniqueurs
ont enregistrés.]
Toutes ces grandes secousses firent que Léon ne cessa pas d'impor-
tuner les princes chrestiens par ses ambassadeurs, pour avoir du se-
cdurs. Et ce fut alors que le roy Philippes de Valois lui donna une
somme de 10,000 florins d'or de Florence, pour servir à la garde de
ses chasteaux, par des lettres dont voicy la coppie, tirée d'un registre
de la Chambre des comptes de Paris \
ff Philippes, par la grâce de Dieu, roy de France, à nos amés et
rcteaus les gens de nos comptes et nos trésoriers à Paris, salut et di-
fflection.
trPour ce que nostre tres-chier cousin, le roy de Arménie, Nous a
ff segnefié que les Sarasins de par de là le guerroient elTorciement, nous
' Sanut. ep. 1, h, 5, 8. — Rainald. ^ Saint-Martin, ./l/e'm. «ur /'/trwc'Hîe, 1. 1.
ann. 1826, n" 49, 43; ann. i33o, n° 43; p. 2o4, 4oo, 4oi.
ann. i33i , n° 3o; ann. iSSa, n" 19, 24. ' Mémorial de la Chambre des comptes,
25; ann. i334. n° 12. — Wadding. ann. coté B. fol. 17; communiqué par M. d'Hé-
i34i , n"' 1, 2. rouval. — L'Ait de vérifier les dates: Rois
- H. Knighton. p. 2659. d'Annénie, Livon IV.
LES ROIS D'ARMÉNIE. ittS
tt volans li faire aide pour ce qu'il puisse miex garder ses chatiaux et
crson pays et résister aux dis Sarasins, si que le dit pays d" Arménie.
fcqui est pays convenable, si comme Ion dit, à recevoir nous et nos
ttgens, se nous nous y transporterons pour le saint voiage d'outre-nier
ftdou (piel faire. Dieu aidans, nous avons grant dévotion et désir, soit
ff retenu et ne puisse estre prins ou grevé par les Sarasins mescreans,
ff avons donné au dit i"oy et donnons de grâce especiale par ces lettres
rtdiz mille florins d'or de Florence, pour estre convertis en la garde
ftdes dis cliatiaus et pays; les quels nous volons qui li soient paies, ou
ffà son certain mandement, en trois ans: si vous mandons que les diz
tt mille florins dessus dis, vous li assenés sur aucunes de nos receptes;
ff et mandés à noz receveurs sur les qués vous les assenerés , qui les
tt paient au certain mandement dou dit roy, en trois ans prochains ve-
ttnans, à deus termes en l'an, c'est assavoir à Noël et à la Saint-Jehan,
ttie premier terme en commençant à Noël prochain venant; et nous
tt volons et vous mandons que iceus diz mille florins ainsi paies, vous
tt aloés cz compte des diz receveurs qui les paieront en vous raportant
ttles lettres par quoi vous les y aurés assenés, et quittance de ceuls qui
ttles recevront pour le dit roy, qui auront de li pouvoir de recevoir,
tt Donné à Paris, le i r jour de juign, l'an de grâce mil ccc trente
tt deux.
ttCollatio hujus transcripti facta fuit in caméra conqwtorum, tertia
ttdie julii, anno Doniini m° ccc xxx u°, cum originali signato sic :
ttPar le Roy, à la relation de Vous, de Martin de Essars, de nions.
ttGuy Chevrier, et des trésoriers, Ja. de Boulay, per me J. de Noeriis.
ttet me J. Aquila>. -n
Ensuite de ces grandes secousses \ le pape publia en faveur de ce
roy une croisade pour la delfence du royaume d'Arménie contre les
infidèles. Le roy de France, qu'il vint visiter à cet effet, prit la croix, et
les autres princes luy donnèrent espérance de secours; mais il ne s'effec-
' (îiov. Villnni, I. XII. c. xl.
l'.'i LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
Iiia rien de ces beaux projets, de sorte que Léon fui obligé de retourner
en Arménie, où il fut a(ta(|ué derechef par les Sarrazins; ce qui ré-
veilla la haine de ses peuples contre luy, aigris d'ailleurs de ce qu'il
senibloil les négliger, s'aitachant par trop aux coutumes et aux mœurs
des Latins, ayant toute sa maison conq30sée de gentilsliommes de cette
nation, à cause de sa femme. Et cette liaine alla si avant qu'ils l'assas-
sinèrent en l'an idkli, selon Villani].
[Ce prince, en iSSa \ avait cédé à l'orcke des chevaliers de Rlïodes deux
châteaux ou places fortes ([u'il ne pouvait plus défendre contre les Turcs. En
i333^, 10 novembre, il accorda aux Vénitiens un j)rivilége commercial, où
il se dit fils d'Oissin , y^otofs et subltmis de Rubinis. L'acte est signé de son chan-
celier Jean, et le nom du roi, Léo, rex ommitin Hevmenorum^
11 avoil espousé, dès l'an loag^, Eléonore, nommée encore Cons-
tance, fille de Frédéric, roy de Sicile, pour lors veuve de Henry H,
roy de Gypre. Pierre, comte de Ribagorce, frère du roy d'Aragon,
lavoit recherchée en mariage en mesme temps, mais il ne put obtenir
la (bspense du pape. 11 est probable qu'il n'en eut point d'enfans. Vil-
lani dit qu'il avoit pour femme, lorsqu'il fut assassiné, la fille du prince
de Tarente et de la Morée, nièce de Robert, roy de Naples, et que, par
cette alliance et l'amitié qu'il tesmoigna pour sa femme, il se conforma
aux mœurs et aux coutumes des Latins, laissant celles des Arméniens,
et retenant à sa solde de la cavalerie et de l'infanterie latine, ce qui
augmenta la haine de ses peuples et causa en quelque façon le dessein
qu'ds prirent de s'en défaire.
[Depuis le règne d'Héthoum I" jusqu'à la mort de Léon V, Du Cange .s'ac-
corde avec les auteurs modernes de l'histoire d'Arménie pour la succession et
la généalogie des rois; mais à partir de l'avènement des rois Lusignans jusqu'à
la mort du dernier roi Léon VI, l'histoire redevient incertaine, et les auteurs
varient pour l'ordre cl la parenté de ces souverains. Sans rappeler ici, pour
les discuter, les systèmes divers proposés par Labbe * dans ses tableaux du
Lignage d'oulre-mer, par Etienne de Lusignan. tpii en présente deux différents
' Codice diplom. t. II. p. 8i, 82, n° 6i. ^ Rainakl. ann. iSag, n"" 88. 91.
' De Mas-Lati-ie , t. III, p. 7-26, 727. ' Labbe, Abrégé, etc. t. I. p. 36i.
LES ROIS DARMÉNIE. Ii5
dans ses Généalogies ' et dans son Hisloiro de Cli\[)re ^, par le père Anselme ^, etc.
nous renverrons le lecteur au 3' tableau généalogique de M. Dulaurier, inti-
tulé : Souverains de la Petite Arménie, 3' Immche, Lusignans. Ce tableau contieni
tout ce que l'on peut savoir par l'étude et la comparaison dos divers docu-
ments que l'on a obtenus jusqu'à présent.
Alméric ou Amauri, frère de Henri 11, roi de Chypre, connétable du
royaume, prince de Tyr, avait épousé Isabelle d'Arménie, sœur des rois Hé-
thoum II, Thoros III, Sempad, Constantin 11 et Ochin. Il en eut trois fils.
Henri, Jean et Guy, dont les deux derniers, après la réconciliation de leur
oncle Henri II avec leur mère Isabelle et le baile Ochin ( 1 3 f2 2 ), passèrent en
Grèce, où ils se firent remarcjuer par leur bravoure.
A la mort de Léon V (i342), les barons d'Arménie confièrent la régence
à Jean de Lusignan, et, quelque temps après, l'élurent pour roi. Jean, en
montant sur le trône, prit le nom de Constantin III, et fut couronné dans la
ville de Sis. Ce prince régna à peine un an, et fut tué par les barons irrités,
qui lui reprochaient ses préférences et sa partialité pour les Latins. Son frère
Gui, élu à sa place (i3Zi3), périt lui-même, deux ans après, victime d'une
pareille révolution ( 1 3/i5).
Les barons placèrent ensuite sur le trône un |)rince nommé Coixstantin IV,
fils de Baudouin, maréchal d'Arménie. On ne sait à quel degré il appartenait
à la famille des Lusignans. Il mourut en 1 3(J3 , après avoir repoussé en plu-
sieurs rencontres les Egyptiens. 11 avait eu deux fils, Léon et Ochin. Il n'est
pas prouvé que Léon VI ne soit pas le premier des deux.
Suivirent plusieurs années d'anarchie. En i368 , Pierre I", roi de Chypre\
fut élu roi d'Arménie; il mourut en 1369. Alors la couronne fut donnée à
Léon VI, ou Livonet, prince de la famille des Lusignans, mais dont on ignore
la filiation. Son avènement peut être rapporté avec assez de probabilité à
l'année i365. Ce prince mourut en iSgS, ayant été le cinquième roi latin et
le dernier souverain de la Petite Arménie.
Maintenant reprenons en détail, dans le texte de Du Gange, les règnes des
cinq derniers rois, selon l'ordre où il les a placés.]
' Généalogie (les iwjs d'Arménie, {u\. '6-2 y°, ' Hist. généalog. des maisons de France.
Ur. t. II. p. 606.
" Histoire générale de Visle de Ci/pre , ' Voir plus loin . aux articles de Draco ef
fol. i53. de PiERBE I".
"9
lûÔ LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
Guy DE LusiGNA\ lut a))pcl(" à la couronne d'Arménie pai' les [)cii])les '.
Il estoit^ alors en la cour d'Anilroniqne Paléologue le Jeune, empe-
reur (le Conslanlinople^, sous lequel il eut plusieurs beaux emplois
dans les conimandemens d'armées et les gouvernemens des places, et
sous Jean^, son fds. Cantacuzène, qui parle de luv en divers endroits
de son histoire, le nomme ^ Sùp Vris Te As'^îavo \^^vpyi)? NTsAs^jâro-
ou Nrsk£vov(TÎa.v^, c'est-à-dire rrsire Guy de Lusignan, n et dit formel-
lenienl (|u il estoit lils du roy rie Cypre '', c'est-à-dire d'Alméric de
Lusignan, prince de T\r, qui s'enq^ara du gouvernement du royaume
de Cypre sur le roy Henry II, son Crère, [et] qui avoit espousé Isabelle,
lille de Léon II [lisez III], roy d Arménie. Ce ([ue (Jantacuzène fait assez
connoistre, écrivant que le sire Guy de Lusignan estoit cousin germain
d'Andronique le Vieil [lisez le Jeune], par la mère de cet euqjereur
[Ricta, Marie ou Xène], qui estoit pareHIement fille de Léon IP. Il est
probable que les enlans dAlméric. après sa mort et le restablissement
(\u loy Henry, furent oblijjés de se retirer de Cypre, et cpu' ce fut pour
cela (]ue Guy alla en la cour de Constantinople.
Nicéphore Gregoras^ en la seconde partie de son histoire, escrit
((u'au temps (]ue l'empereur Andronique le Jeune mourut [ann. i36i],
il estoit gouverneur de la ville de Serres et des autres petites places
jusques à Cliristopoli, estant en la cour de Constantinople depuis vingt-
quatre ans, où il avoit esté appelé d'Arménie ])ar la sœur de son père,
sçavoir par l'impératrice [Ricta], mère du jeune Andronique, enq)e-
reur, où il espousa la cousine germaine de Jean Cantacuzène, depuis
empereur, avec laquelle il vécut longtemps sans en avoir eu d'enfans,
et, après son décez, il se remaria avec la fille de Sigianès'', ([ui estoit
fils dun autre Sirgianès, originaire de Comanie, qui se i-etira en la
' Cantacuz. 1. 111, c. \li\. " Du Gange, Famil. Bytant. |). aSIi.
* Canlacuz. 1. III. c. \lviii, \i,i\. ' Gregoras. I. I. c. x\i; ou Itien I. XII,
" Gantaciiz. 1. I. c. lvi; 1. III, c. wxi. c, \v.
' Gantacuz. 1. III, c, wwii, xxxviii. \r,i. ' Go nom devrail êlic ëcrit ici comme
' Gantacuz. I. I, c. lvi; I. III, c. xwi. dans la ligne suivante. Il semble être une al-
' Gantacuz, I, 111. c, xwi, tératinn des/;- Qinn (Jean).
LES ROIS DAHMÉNIE. U7
cour de Conslantinople, [et] dont il eut des enl'ans. Il ajoute qu'estant
à la cour de Gonstantinople il vécut toujours à la nianière des Armé-
niens, lui donnant le nom de Grii.
Tant y a qu'il fut appelé à la succession de la coui'onne d" Arménie,
comme l'iiérilier le plus apparent à cause de sa mère. [On vient de
voir que Gui fut le successeur et non le prédécesseur du roi Constant
ou Constantin 111.]
Je ne lis rien de particulier de ce qui s'est passé sous son règne,
sinon que, d'abord qu'il fut parvenu au royaume \ il envoya les arche-
vesques de Mascare et de Trebesonce [Trébizonde], Daniel, frère mi-
neur, et Grégoire de Sargen, chevalier, ses ambassadeurs, au pape
Clément \1, pour luy prester obéissance, et l'assurer qu'il feroit tous
ses efforts pour arracher et extirper les opinions erronées ([ui s'estoient
glissées de longtemps parmy les Arméniens; à quoy le pape l'invita
particuhèrement par la lettre qu'il luy écrivit en l'an i3/»/i. Le pape
y envoya mesme deux ans après, à cet effet, les évesques de Caiche et
deCorone, de l'ordre des frères mineurs. Mais il mourut incontinent
après. Car, en l'an 13/17, Constans, que je crois avoir esté son fils,
tenoit le royaume d'Arménie. [Ce Constans, qui régnait en 1067, était
Constantin IV.] Il eut encore une fille, qu'il accorda à Manuel Canta-
cuzène, fils de Jean Cantacuzène ^, grand domestique et depuis empe-
reur, durant ([u'il estoit à la cour de l'empereur Andronique.
CoNSTAss [ou Constantin IV], estant parvenu au royaume d'Arménie,
envoya, en l'an i3/i7^, Constans, chevalier, son ambassadeur, au pape
Clément VI, à Pliilippes de Valois, roy de France, et à Edouard III,
roy d'Angleterre, pour leur demander du secours contre les infidèles.
Nous ne lisons rien des actions de ce prince, mais seulement qu'il eut
pour successeur Constantin, sans ([ue nous sçachions s'il estoit son fils
ou son frère.
' Wadding. ann. idlili. u" i. 2; ann. - Du Cange. Finiiil. Byzant. p. i&o.
i3i(j, n" 1. 2.3. ^ Wailding. ann. 1367, n" 3
l/i8 LES FAMILLES D'OUTHE-MEH.
Constautiu esloit roy d" Arménie eu Tan iB/ig ', en la(|uelle année
Jean Scherlat fut éleu archevesque de Pise, l'histoire remarquant que
n'ayant que le titre de diacre et déleu de Gorone, il fut envoie avec
Antoine, évescjue de Caiche, en (jualité d'and)assadeur, vers ce roy.
En l'an i35i -, le pape Clément VI l'invita, par une lettre (|u'il luy
écrivit, de joindre ses soins à extirper les erreurs des Arméniens, et,
pour l'y porter davantage, il luy promit du secours contre ses en-
nemis, et lui fil teiiii" à cet eiîet r),ooo (lorins.
Ce fui de son temps que les Arméniens, se voyant pressez par les
infidèles, eurent recours à Pierre, roy de Cypre, lequel leur envoya
Robert de Tolose, chevalier anglois ; puis, avec une armée navale de
cinquante galères, assisté encore des chevaliers de Rhodes et des Ca-
talans, vint mettre le siège devant Satalie et l'enleva; et enfin obligea
les petits seigneurs de la Cilicie de luy payer tribut; ce que le cavalier
Loredan^ ra])porte à l'an i36ç> [et au règne de Lionnet en Arménie].
Quelque temps après, les Tui'cs de Caramanie estant venus assiéger
Curcho, le mesme roy de Cypre y envoya le prince son frère, le sei-
gneur de Tyr, le séneschal de Cypre, et Philippes, duc de Brunswic,
avec dix galères et quati-e vaisseaux de guerre, qui obligèrent les Turcs
de se retirer avec perte. Ce ([ue le mesme auteur rapporte àl'an i 366*.
11 avoit espousé Marie, laquelle estoil veuve de luy en l'an iSya^.
Les épistres'' du pape Grégoire XI [d'après les dates, il paraît qu'il s'agit
plutôt, dans les lettres de Grégoire XI, de Marie, femme de Léon VI;
on la croyait veuve depuis la dispai'ition de son niai'i] la qualifient
nièce de Philippes, empereur de Constantinople ^ et de Jeanne, reyne
de Sicile, ce qui pourroit faire présumer qu'elle estoit fille de la reyne
' Ughelii, Arcli. pisau. n" ô8. «ju'il tiuit sons-en tendre dans tout ce (jui va
" Wadding. ann. i35i,n° -i. suivre.
' Loredano, 1. VII, |). 353, 353; trad. " Wadding. ann. iSya, ii°' aS. a(), 37.
fi-anç. t. I, p. ^87-489. ' Fils de Catherine de Valois et de Phi-
* Loredano, 1. Vil, p. 07^, 370; trad. lippe, prince de Tarcnle, empereur titulaire
franc, t. I, p. 'iii-ii3. de Conslantinopic. (Du Gange, Histoire de
' L'auteur confond ici Constantin I\ Comlaiiliimitlc soux les empereurs français ,
avec Léon VI; c'est ce derniei' snnvci'nin p. 3oS.'i
LES ROIS D'ARMÉNIE. l/,y
Irène, sœur de l'empereur Phiiippes, qui fut mariée deux fois, comme
j"ay remarqué ^ et peut-estre de son second mariage, ou bien du roy
Léon JV. Quoi qu'il en soit, cette princesse, estant veuve et se voyant
attaquée de tous costez par les Turcs, eut recours au pape pour luv
demandt'i- du secours, et pour emploier son entremise envers les
princes cil restiens. Elle lui envoia, à cet efiet, Jean, de l'ordre des
frères mineurs, archevesque de Sitie [Sis, capitale de l'Arménie], son
ambassadeur. Le pape, ayant appris par sa bouche le péril où estoit le
royaume d'Arménie, esci-ivit aussytosl à l'empereur Phiiippes, à la reyne
de Naples, au prince dAntioche, gouverneur de Cy])re, aux ducs de
Venise et de Gènes, et au grand maistre de l'Hospital, et les conjura
de se joindre ensemble pour se bander contre l-'ennemy commun de la
chrestienté; et sur les propositions que l'archevesque luy fil qu'il seroit
à pi-opos que la reyne s'alliast à quelque prince puissant de l'Occident,
il jeta la veue sur Otlion de Brunswich, cousin de Jean, marquis de
Montferrat, dont il avoit conduit les armées, et qui, d'ailleurs, estoit
allié au roy de Cy])re, lequel, quoyqu'il portast le titre de duc, ne
jouissoit pas toutefois de ce duché, qui a|)parlenoii à son aisné, et
n'avoit aucuns biens, estant au reste en réputation de valeur et de
conduite "^ Mais ces propositions n'eurent point d'eiTet, et Othon espousa
depuis Jeanne, reyne de Naples.
L'histoire est fort incertaine en cet endroit, car, (pioyqu'il soit indu-
bitable qu'il y eut un autre roy d'Arménie entre Constantin et Léon,
qui mourut à Paris, son nom ne paroist pas avec certitude dans les
auteurs. Ce dernier roy estant ipialifié quint, roy latin dans son épi-
taphe, il faut qu'il y ait eu quatre roys qui n'(!stoient pas originaires
d'Arménie, mais issus de familles latines, ([ui l'aient précédé, dont le
premier fut Guy de Lusignan, le second, Constans, le troisième, Cons-
tantin, et le quatrième fut le prédécesseur de Léon V; car tous les
autres furent de race arménienne.
Du Gange, Uisl. de Constaulinoplc sous - Vka Grcgorii XI .pupœ, p.
/«.« empereurs franc'ix , p. 9.5ç)..3o8.
150 LES FAMILLES 1) OUTRE-MER.
N. . . roy (f Arménie après Constantin, est nommé LÉoiv ou Livon
parEstienne de Lirsijjnan' et Loredan^, ([ui le confond imprudemment
avec Léon, (|ui moui'ut à Paris. L'un cl l'autre semblent convenir que
Léon, prédécesseur du dernier, ayant perdu tous ses Estats , qui luy
avoient esté enlevez par les Turcs, tomba en la puissance de ces infi-
dèles , qui le firent mourir avec sa femme et son frère. Loredan ajoute
que ces barbares le firent empoisonner, n'ayant pu le persuader d'em-
brasser leur religion. D'autres disent qu'ils le firent mourir, sur l'avis
qu ils eurent qu'il avoit traité avec quelques marchands sarrazins pour
se sauver de leurs mains ^.
Quoy qu'il en soit, il y a peu de certitude quant au nom de Léon,
qu'ils donnent à ce prince. Je me persuaderois plustost ([u'il se nommoit
Dbago , duquel nom quelques monnoyes d'argent de la grandeur d'un
teston, et un peu ])lus pesantes, nous représentent un roy d'Arménie
chrestien ([ui ne peut estre que le prédécesseur de Léon V [VI]. 11 y en
a deux dans le cabinet du loy, dont la première a d'un costé une sainte
à demy-corps , les bras étendus , le chef diadème à la façon des saints ,
et pour inscription, en lettres gothiques, DRAGO REX ARMEN. Le rond
de l'autre costé est party ; au premier est un dauphin en pal ; au second
est une femme de profil, à demy-corps, échevellée, regardant le dau-
phin ; et pour devise ces mots : MONE[T]A MACRl CHIO*. L'autre
monnoye a , d'un costé , une teste d'homme sans barbe , en forme de
buze , avec un manteau , et une main qui tient un globe ; et pour lé-
gende : DRAG. REX ARM. AGaPI. Le revers est semblable à l'autre,
' Et. deLusignan, Généal. des rois d'Ar- tes empereurs franc, p. 2 89, d'après Giov.
ménic , fol. 33 et v°; — Hisl. de Chypre, Villaiii , Islor. 1. IX, c. cxLviii. Mais Villani
loi. i53 et v°. a coiiibiidii ces deux princes, en supposant
^ Loredano. 1. IX, p. 5i(), 520; trad. qu'ils ont existé, avec Léon V, et son oncle
franc, t. II, p. 1 13 , 1 14. et tuteur Odiin, (jui épousa sa mère. (Voir
Lusignau place ici deux rois du nom plus haut, p. lii.)
lie LivoN, le neveu et l'oncle. Ce dernier, * Cette médaille, qui existe au cabinet
eu succédant à son neveu, aurait épousé de la Bibliollièque impériale, n'a absolu-
Irène, sa veuve. Du Cange lui-même en ment aucun rapport avec les pièces armé-
parle dans son Hist. de Constuntiuople sous niennes.
LES ROIS D'ARMENIE. ir.l
tant par les fi<i[ures (jue pour rinscriplioii, saul que la teste du dauphin
ressendjle à la teste d'une l'eninie. Ce nom deDrajjo estoit tort coniumn
en ce siècle-là, et particulièi-ement parmi les Dalmates'.
[A la ])lace de ce prétendu roi Draco, des autorités plus certaines pré-
sentent PiERBE 1", roi de Chypre. Ce prince , appelé au trône d'Arménie ])ar
les barons du royaume^, fatigués de l'anarchie (jui .suivit la mort de (Constan-
tin IV, prit possession, au moins par le titre, en septembre i368, connue
nous l'ajjprend Guillaume de Machaut; et le ti'moijjnarje de cet écrivam est
confirmé par une médaille de «Pierre, roi de tous les Arméniens. 75 J
Léo!N de Lusignan y [comme roi, Vl"] du nom [, était, selon des rap-
poi'ts dignes de foi^, fils d'un roi et d'une impératrice grecque. Il] estoit
roy d'Arménie lorstpie les Tartares ou les Turcs se rendirent maistres
de ce royaume *, en ayant enlevé toutes les places , à la réserve de celle
de Gurcho , que les Génois, qui la gardoient, deftendireiit longtemps
contre ces infidèles. Dorronville^ semble dire que son royaume luy lui
enlevé par le sultan d'Egypte.
[11 serait inutile de répéter ici ce (jue Saint-Martin'' a dit sommairement des
('véneinents de son règne, et de son impuissante résistance aux attaques ui-
cessantes des sultans d'Egypte. Nous rappellerons seulement que sa capitale,
Sis, l'ut prise et brûlée en 1871; ijue lui-même se réfugia dans des monlaguies
inaccessibles, et qu'en 1 873 , au moment où, sur le bruit de sa mort, sa femme.
Marie, allait épouser Othon, duc de Brunswick'', il reparut tout à couj). Mais
les ravages continuèrent : ses villes, ses châteaux furent tous pris et brûlés; et
lui-même, renfermé dans la forteresse de Caban avec sa femme, sa fille fl
Sclialian, prince de Gorigos, son gendre, après avoir soutenu un siège de
tiful mois, se rendit prisonnier en 1875. Léon fut conduit, avec sa f'annlle.
à Jérusalem, |niis au Caire, où il resta captif six ans. En 1 38o (8 septendjre),
Pierre IV. roi d'Aragon^, écrivit en sa l'aveui' au sultan d'Egypte, et, en même
' Jo. Lucius, De rcgiio Dalmat. passiiii. " Saint-Martin, Mém. sur l'Avmémc, t. f .
■ De Mas-Latrio, /oc.c/f. t.lf, p. 3oç)-3i I. ji. Aoi-'io."!. — Biographie univers, t. XXiV.
' CJiroii. (le CImrles VI, t. f, p. 3ao, 3ai. p. ii6, liy.
' Froissart, vol. tll, c. \xi . xxn. ' De Mas-I^alrie, Hist. de Unjjire, t. ili.
' DoiTonville, Vie de Louys IJI, duc de \>. 769 et note 1 ; p. 760; copies fxirailes
Hnurhoii , c. i.\xxv. des arcfiives de IJnrceioiie.
J52 l,ES FAMILLES DOlITRE-MEil.
Ii'iii|)s, à l'aiiiirnl du siillau , pour l'intéresser à la délivrance du roi. En i .'58 i ,
Léon ol)tiiil .sa iiher((' par la uiédialum de Jean I", roi de (jastille. Mais il
avait perdu son royaume sans retour.]
Tant y a qu'en estant chassé' il vint premièrement en Cypre, puis
passa en Italie [ensuite en Espagne, où il confirma aux habitants de
Madrid- (i 389 , 19 octobi'e) , dont le roy Jean l" lui avait concédé la
souveraineté (1889, 2 octobre), leurs privilèges, droits et coutumes]
el de là en France, en la cour du roy Charles V, duquel il fut fort bien
reçu. Le temps de son arrivée est rapporté par plusieurs à l'an i385;
mais l'Histoire de Charles VI semble dire que ce fut deux ans aupara-
vant [ou seulement en i384^].
Durant son séjour en France , il fit ses etïorts pour obtenir du secours
etpour engager les princes chrestiens à son restablissement ; et d'autant
que la guerre estoit entre les Fi-ançois et les Anglois, qui pouvoit
causer quelque refroidissement de leur part*, il travailla à moyenner
une paix entre les deux princes , et vint, à cet efl'et, en Angleterre, l'an
1 386 , tiouver le roy Richard II, qui tcnoit sa cour à Eltham ; mais ce
lut sans effet. Le roy ne laissa pas de luy faire grand accueil; et, outre
plusieurs présens qu'il luy fit, il le {(ratifia d'une pension de mille livres
par an, ce (pi'il fil à l'exemple du roy de France, qui luy en accorda
une de six mille, (|ui estoit à raison de cinq cens francs par mois : ce qui
est tesmoigné par Froissart^ et quelques comptes de l'an i385. Il luy
accorda encore, pouj" sa demeure, l'hostei de Saint-Ouyn, près de
Saint-Denys. Il eut aussy plusieurs pensions des autres princes chres-
tiens; en sorte que Thomas de Walsingham dit ([u'il posséda plus de
biens que lorsqu'il estoit roy, et qu'il fut plus heureux en sa fuite et
en son exil qu'il ne fut en son royaume. Enfin, après avoir demeuré en
cette coui' l'espace de dix ans, il finit ses jours à Paris, l'an 1393^', et
' Et. de Lusignan, p. i5a li. ' Walsingh. an. i38G. p. Sai-S-i.S.
■ OonzaièsDavila, Teatro delas grandezns ' Froissart, vol. lil, c. xxiii.
di Madrid, p. i59-i56. " Hisl. 7iis. Caroli VI, an. iSgS. t. Il,
' Chronique du religieux de Saint^Denis . i. .\IV, c. xiv, p. 112. — Dubreuil. Antiq.
t. I, i. IV, c. V, p. 320-827. '^'^ Paris, p. gi3.
LES ROIS D'ARMÉNIE. 15:5
fut inhumé en l'église des Céiestins, à costé du grand autel, où il est re-
présenté en marbre blanc, vestu d'un manteau royal, la couronne non
fermée en teste , le sceptre en la main, couché tout de son long sui' un
tombeau de marbre noir, enchâssé dans le mur sous une arcade, avec
ces deux inscriptions; la première, qui est en peinture, a ces mots :
et gts! Igoti'rot) ïiartncnxe'pncr titcn ponr hv-
Et plus bas , en lettres gravées :
n gtsi trcs noble excellent prince Igon ïc hïxnguen
qnint rog lafm ïin ronanme ïiarmcme
qni renïii lame a îiien a pans
le XXIX jonr îe noncmbre lan ïe grâce mil trois cens qnatre mngts treiïe-
Ses armes y sont représentées d'Arménie, parues de Hiérumlem , ri
tiercées de Lusignan. L'Arménie est d'or, au lyon couronné de gueules,
brisé sur Vespaule d'une croiselte d'or.
[Ce tombeau, (juc l'on a vu pendant vingt ans au musée des Monuments
français , est maintenant dans l'église de Saint-Denis. Il a été représenté dans
la Statistique monumentale de Paris, par M. Alliert Lenoir'.]
L'Histoire de Charles VP remarque qu'il mourut fort chrestienne-
' Statistique monument, de Paris, -nf li- inscription peinte n'existe plus. Elle est
vraison, Céiestins, \k' planche. — Hurtaut. remplacée par une table de marbre, gravée
Dictionnaire de Paris, t. II, p. io3. — - au xvni' siècle, où on lit, en capitales ro-
Dans la planche de M. Lenoir. la première maines :
LEO • LVSIGNANE^ ARMENORV -REX-NOVIS
SIM-? • AB • OTOM ANNIS ■ SOLIO • DETVRBATVS
ET ■ A • C AROLO ■ VI ■ FRANC • REGE . BENI
GNISSIMEEXCEPT'' -IPSI-' •SVPTIB'' -HOC
IN-LOCO-REGALITER-SEPVLT^FVIT AND1393-
' Hisl. ms. Caroli VI , ann. \?>q^ . etc. — Les Gr. Cliron. de France.
If)/! LES FAMILLES DOUTRE-MER.
nient, el que, par son lestamenl, il dislrihua tous les grands biens
(|u il avoit amassez des lihéralitez des princes; sçavoir, une partie aux
pauvres et aux. religieux mendians; la seconde à Guy, archidiacre de
Hrie , son lils naturel ; la troisième à ses domestiques , et la quatrième
aux intendans de sa maison. Elle ajoute que son corps fut porlé aux
(ïélestins, revestu d'ornemens royaux blancs, sur un lit de parade blanc,
ayant près de sa teste la couronne d'or. Ses domestiques assistèrent à
ses obsèques, en habits pareillement blancs, suivant la coutume d'Ar-
ménie, ceux qui portèrent les torches et les flambeaux estant revestus
d'habits de mesnie couleur.
[L'historien Tchamitch ' dit ([ue Léon VI laissa au couvent des Céiestins
•i.ooo sick's (s»f) pour dire des messes.]
Ce roy estant décédé sans entans [mâles], Jacques, roy de Cypre ,
se pi'éleudant son héritier au tiers degré, se fit couronner roy d'Armé-
nie; ce qui donna sujet à plusieurs de s'étonner qu'il prist le titre de
roy de trois royaumes, luy qui à peine en possédoit un.
Calcondyle-, Phranzes^ et les Annales des Turcs*, écrivent que Ba-
jazeth, sultan des Turcs, se rendit maistre de l'Arménie, au comnience-
ment de son règne , avant la bataille de Nicopoli, qui se donna l'an 1896.
Mais il semble cpie cette Arménie est autre (jue celle où les Lusignans
commandoient , (pii esloit proprement la (lilicie, Calcondyle taisant
assez connoistre que cette province, qui lut conquise par les Turcs,
estoit voisine de l'Euplirate, et que la capitale fut Ertzique, et la prin-
cipale forteresse Lamaque.
[ Chalcondvle dit seulement que Scander, alors roi d'Arménie, étendait sa
domination jusqu'à l'Euplu-ate; ce qui n'emjiêclie pas que l'Arménie dont il
était souverain ne soit, en grande partie, l'Arménie des Roupènes et des
Lusignans. ]
Vchamed, fils.de Guerapec, en l'Histoire de Tamberlan^, fait men-
' llisf. d'Arméme^ t. III. '' Annnl. turc.
' Lnoiiic Cliaicoiifl. 1. II, p. 4i. ia. ' Hist. de Tumhcrl. 1. VI, n° 5.
' Plirnnzf's. 1. I. e. \\i\.
LES ROIS D'ARMÉNIK. I55
tion de ces deux places, nommant la première Avzangène , et la se-
conde, fpii en est à une demi-journée, Camaque ou CamacJie ; la-
quelle , suivant cet auteur, est située sur l'EupIirate. Du temps de Ba-
jazeth, ScENDER [ou Iskander, appelé le Grand Karaman] estoit ro\
de cette Arménie, et estoit le plus puissant prince des Barbares (ce
sont les termes de Laonic) , c'est-à-dire Turcs, qui régnoient en l'Asie,
et avoit rendu des preuves de sa valeur conti-e ses voisins.
Sa fennne le fit tuer et prit le gouvernement avec son fils . et ce fut
sur eux que Bajazelli s'empara de cette Arménie. Il la restitua inconti-
nent après à ce prince, que les annales des Turcs' nomment Tech«i.\
Beg , et Achamed Taharkan , ayant retenu ses enfans pour otages. Tam-
berlan [Ling-Timour] enleva celte province aux uns et aux autres, el
particulièrement les deux places que j'av nommées.
[Les provinces qui formaient le royaume de la Grande et de lu Petite Ar-
ménie retombèrent bientôt au pouvoir des Turcs, et constituent aujourd'iuii
les pachaliks d'Adana et de Marascli.]
Annal, liirc. un. logG. — Le miel . n'Ou. — Acliameil. 1. V[, c. xii: I. Vil. c. i.
Les Tableaux généalogiques des rois de la Petite Arménie, ({ue nous ddu-
nons ci-après , sont extraits du mémoire intitulé : Étude sur l'orgamsatwn poli-
tique, religmise et adminislratwe de la Petite Arménie à l'époque des Croisades, jiar
M. Edouard Dulaurier, membre de l'Institut de France. Nous sommes encore
redevables à son obligeance de plusieurs des notes qui sont jointes à cette
partie de notre travail.
1 50
LES FAMILLES D OUTRE-MER.
LEGENDE EXPLICATIVE.
' SempntI , Chronique, ad anti. 56i et Big.
■■ Guillaume df Tyr, X, i; Albert tl'Aix .
Hist. llieros. III, m.
' St-mpad , ad ann. 5ig et 578.
* JUst. flicros. XI , XL.
^ Vahram, Chronique rimêe.
5 Aboulfaradj , Chron. «>/r. p. 3i5 ; Matthieu
«rÉdesso et (Jr«'(joiri-' U' Prêtre, ad ann. 585
.( 586.
" Si^mpad , ad ann. 678 , 585 et 588.
** Guillaume do Tyr, XIV, ni.
^ /(/. X. i; Orderic Vital, 1. V, p. 676;
I. VIII. p. GSo-
'" Guillaume d-' Tyr, .M, i.
" Inscription de la chapelle du château d'A-
iiazarbe. [Inscriptions de la Cilicie, recueillies
par Victor Lanpiois, p. 10-1 5.)
'- \'ahrain , CVirow. rimcV, et Samuel d'Ani,
Chron. ad ann. 57/i ; Tchamitch , t. III, p. iSg.
■> Aboulfaradj, p. 365.
'^ Sempad , ad ann. 617.
'* Id. ad nnn. 6i3.
'■^ Sëmpad , ad aiin. 585 ; Tchamitch , l. UI,
p. 5..
" Héthoum . Table chronolog. ad onn. 685.
'^ Guill.de Tyr, XX,xs¥; Cionam.VI, xi-\ii.
'^ Michel le Syrien, Chronique.
'^° Sëmpad, ad ann. 6ai.
21 Guillaume de Tyr, XX , xxviii. ,
'■'^ Aboulfaradj, p. 393 ; Matthieu d'fcldfsse,
ad. ann. £65.
-^ Sëmpad . ad nnn. 6ii).
^* Id. ad ann. 600.
35 Id. ad ann. Gai.
=" Id. ad ann. 636.
^' Id. ad ann. 63o, 638 et GSg.
-'' Du Gange . Histoire ms. des Prinnpautés de
HiérusaUm, de Cypre et d'Annénie, fol. i3 v°;
Lignages d'outre-mer, p. 343, et Etienne de
Lusignan , Histoire de Chypre, c. xsii.
-^ Paoli , Codice dîplomatico , t. I , p. 517. —
Dans les Lignages d'outre~mer, c. 1, p. i65,
<^dil. Beugnot, elle est appelée Douce, niesse
don ruy Livon d'Ermmie. — De Guignes, t. I ,
p. i6o, d'après Tëdition des X-ig'nflg'es donnée
par le P. Labbe, l'appelle Clolet, leçon vi-
cieuse , mais qui se rapproclie davantage de la
vëritable forme Doletn.
^■^ Guillaume de Tyr. XX , xxvni.
■^' Vahram , C/iro7i. rtmi'f.
^■^ Sëmpad , ad ann. 6/i3 -, Tchamitch , llis
toire d'Arsncnie, t. III, p. lii ; Continuai. (U
Guill. de Tyr, p. 308 et 31a.
^' Charte de IU07.
'* Sëmpad et Tchamitch, loc. cit.
^^ Valiram, Chron. rimée : Lignages d'outrt-
mer, p. iiS et 462.
^^ Bongars, t. I , p. 1 197.
^' Lignages d'outrc-mer, p. hUZ et ii5 ; lu-
nocentii lU , Epistoîœ, t. II , p. 555 , édit. Ba-
luze; Etienne de Lusignan , c. sxu , et Du
Gange, Hisl. des Principautez, etc. fol. 21 r°.
De Mas-Latrie , Hist. de Chypre, l. I , p. 167.
^* Vincent de Beauvais, bpec. hist. XXXI,
xiix ; Lignages d'outre-mei\ c. iv : Ci-dit des rois
d'Ermenie.
III.— THOROSl".
baron en 1 lOo ;
-|- 1 139^;
Anievellus "d'Albert
d^Ais\
(kcHIN ". (^.OSSTAMTN ,
mort
t-nipoisonné
en 1 j 16 '3.
RoiipÈ.v ,
mort en captivité
Conslantinople.
I
V. — (fl)THOF,OS I
Pausébaste ,
-\- décembre 1 167 '
ou 1168'*.
Sdépu'a:(Ê épouse Rïtha .
fiilede Sëmpad .
seigneur de Babar'ou .
-I- 116/1 '5.
VI. — ROLîPKMI.
sous la tutelle
de Thomas ,
son cousin ,
mort tout jeune .
à Hr'om-gia ,
en 1 170 ^'.
1
X. liHe.
mariée
à Héthoum II ,
iils d'Oschin II.
prince
de Lanipron 3*.
1 — ; —
Mil. -(c)ROUPÉN m,
baron en 1 175 -^j
épouse Isabeau ,
fille de Honfroy.
seigneur de Thoron
et de Krak, en 1181 ;
-|-ii87^«.
IX. — ((i) LEON II.
baron en 11S7, épouse: t" Zabét
(Isabeau) d'Antioche , en 1189;
2° Sibylle, fille (du second Ut) d'Ami
roi fie Chypre, et d'Isabeau de Planlaj
reine de Jérusalem , en 13 10". ''
— Sibylle était née après 1189,
puisque son père se maria h. cette époqi
(e) Alice ( Aalis) ,
mariée en ii8q, à Héthoum, fils de Tchordonanèl .
prince de Saçoun (Hayston de Sasoigne) ^^.
et en 1 if)i, à Boémond ,
Iils cadet de Boémond le Bambe , prince d'Antioche .
et frère de Boémond le Borgne ^'.
I
[g] Ratmo.vd Rcpin (RocpêN) ,
pruice d'Antioche, épouse Helvis ou Héloise,
deuxième fille d'Amaury,
roi de Jérusalem et de Chypre ,
«l'Eschive d'ibelin, sa première femme.
Helvis était déjà mariée légitimement
à Eudes de Dampierre .
à qui Raymond Rupin l'enleva en 19 10'".
RiTHA.
(/) Plilippa
épouse, en nSg, Schahenschah
fils de Tchordonanèl '^S
puis Théodore Lascaris,
empereur à Piicée'^.
(A) CONSTAM,
mort en bas ilge.
X. fille,
épouse André, fils iPAndré II.
Hongrie ".
I , 1
(1) EscBivE. ( j ) Marie , dame de Thoron .
épouse Philippe de Montfort .
seigneur de Tyr^\
LES ROIS D'ARMENIE.
157
i\" TABLEAU. 1
SOUVERAINS DE LA PETITE ABMENIE.
PHEMIKHE BRANCHE: HOUPÉNIENS.
BARONS.
1. —ROtJPÉN 1", i\H leGraud,
parent du dernier roi bagratide , Kakig II , vers i o8o .
M. — CONSTANTIN V.
En iOya , ii sVmpare de la forteresse de Vahga ,
et établit définitivement la domination arménienne
dans la Cilicie; -}- iioo '.
IV. -LÉON I"
: 1° la tille d'Uaac , frère de l'empereur Jean Coninène' ;
la sœur de Baudouin , du Bourg, comte d'Kdesse^;
1 190 , fait prisonnier et conduit à Constanlinople , 1 136 ;
N. Ulle,
mariée à Josselin de Gourtenay,
dit le Vieux \
Tafrik. ou Tapiimiz -
Ahoa, iiianee, eu iioo, àBiiuduuin,
fi'ère de Godefroy de Bouillon, \euf de Godtwile *
répudiée et forcée d'entrer au couvent de Sainte-
Anne, Ji Jérusalem '°.
t
, fils naturel .
eus crevés
?s, eu uSg '^.
VII. -(6)MLEH,
autrement appelé Mleb Khodoiou '^
(Milo, Melier, Meslier, Mf\i':tî '^),
marié à une tille du cathoUcos Grégoire IV Degh a '".
règne sept ans ; tué en 1 1 7 5 ^^ .
n avait d'abord été templier et avait apostasie^'.
N. mie
(Id.-
N. U
Thomas ^" , fi s de la tante
maternelle de Thorns II , suivant
Aboulfaradj(C/tron.si/r.p.365);
son beau-père .
d'après Tchakedj'an ;
ambassadeur d'Arménie
à Anlioche".
N. fille,
épouse le prince Vasil
Degh'a^-'.
ir,8
LES FAMILLES DOUTRE-VIE
LKfil'NDK EXIM.ICATIVI
' Abultaimlj . Clnou. syr. p. 658.
• Coiitinunlrur (Ipriuiliaume (le Tjr, \\\(,
IX , p. 3ao ; et Chartes des Roupouieiis, Padi .
[. I, p. 3o/i-3o5, 379-380.
3 Conlitiual. de GÙiil. de Tyr, \.\.\I1 . xvi .
p. 3/19; SamUn , p. aoq; Olivier le Sclioias-
ti(iue, apud Ecrard . t. II. col. i.'i3.'i: de Mas-
I.alrie , liist. dr Cht/pir . t. I . p. tH)'».
" Sempad , ad nnii. G7 1 .
^ /(/. tid anit. nig el 730.
* Id. ad ann. b-jô.
' Trhamilch , t. III , p. 370 et 382 ; Con/é-
ronce du docleur Mekliitliar de Daschir avec le
légat du pape à Saiiit-Jcan-^I'Acre, manuscrit
do la Bibliothèque impériale de Paris, n" la ;
Lifrnagcs d'mitrc-mcr. p. ii5.
^ Sémpad , ad ann. 719 et 720.
■■ Continuateur de Sempad. nd ann. 703;
Lignages d'outrc-tner, p. /i/i5.
'*• Continuât, de Sempad. ad ann. 7i5;
Ahulfaradj . p. ''i f|
" V.'dir;i[ii, Citron, rimce.
'2 Continuai, de Guill. de Tvr, X.\.\iV, 11;
cf. Leliris, ihid. note 11 ; Sanuto , p. aao.
'* Aboulfaradj , p. 570 ; D'Ohsson , Hist. dex
MongoU, l. in , p. U']i'>.
^* Lignages d'outve-mer, ch. xviii. Ci-dit des
Jtiers de Smette.-
'^ ('oulinual. de Sempad, ad ann. 756:
Kt. de Lusigiian, c. \%\i.
'* Continuai, de Sempad, «d hhh. 7-^18; Li~
gnages d'ontre-mer, p. iîi ; Et. de Lusignan ,
c. SX et XXII. (Cet historien appelle Chehis la
femn)e de Thoros.)
'' Buchon . Becherclies et matéria7i.T, l'^'part.
tableau géni^alogîque des rois chrétiens d'Ar-
ménie.
"* Spondanus, Annal, ecdesiast. t. I, 199S,
viii ; Conlin. de Samuel d'Ani/fi^i ann. -jftG.
'^ Conlin. de Sémpad . ad ann. -^kH.
-° Id. ad ann. "j^^-
■' /(/. ad ann. 7^7.
•^ Continuât, de Sémpad, ad ann. 769.
^' Ktal nominatif des seigneurs etfeudalair';
de la Petite Arménie, n° :i.
'^» Tchamitch, t. III , p. 379.
^^ Étal nominatif, etc. n" 5.
-^ Continuât, de Sémpad , ad ann. 758.
"^' Lignages d^outte-mer. p. ttùà.
2» TLdiauûtch, t. II! , p. 270 et 379,
-' Nicéphore Grégoras, VI, ix.
^'^ Aboulfaradj . p. 576 et 584-585.
^' Continuât, de Sémpad. ad anu. 7'iS:
Et.de Lusignan , c. xxii , fol. soi v°.
3^ Conlin. de Sémpad, ad ann. 766.
^3 État nominatif, etc. n* 3.
3» Villani, VIII, 35.
^^ Continuai, de Sémpad. ad ann. 780.
■ « ïd. ad ann. k-^o ; Villani . XIl . 39.
*' Tchamitch. t. Ul, p. 34i.
2* El de Lusignan . c. xxii.
^' Burhon . liecherches et matériaux. i"[>.it.
p. 395
\I1.- (»)LEON in-
( 0} Tboros .
RnLPB% .
né (Il 1326^,
tué en 126G .
mort
épouse Guér'an , ou Kvra Anna .
leaâ août'"
en bas âge
fille du grand baron d'Arménie,
Constantin de Lampron;
é en 1371 ', veuf le 99 août ii85^;
+ 12890.
XIII. — (ti) HÉTHOUM M,
sacré en 1289 .
épouse Marie .
fille de Hugues III
de Lusignan . roy de Chypre,
lue en i3o7 "^
(p) Sibylle
épouse Boémond VI , prince d'AntincIr
|u)BokmondVII. ( r) Is.\BE.Ai. (.r) JMaiuf,. I
I
XIV. — (i/) THOROS 111,
épouse; 1* une fille de Gazan ,
Ivhan des Mongols;
2" Helvis ,
autre lille de Hugues III ;
d'abord seigneur de Babar'on ;
roi en 1296 ;
tué par son frère Sempad
en 139g ^^.
WIl. — (s5)LÉ0MV
épouse .4gnès ,
fille d'Amaury
de Lusignan .
prince de Tyr.
sa cousine;
roi après 1299 ^' ;
lue en i8f»7 3"-.
XVni. — OSCHIIN,
seigneur
de Oazan ^'\
\V.— (A-A-) SEMPAD,
roi en 1297,
épouse : 1*" Isabeaii ,
fille de Guy,
comle do JaQa ^' :
2" une princesse
tarlare'*-
N. fille
devient la femme
de Gazan ,
khan des Tarlares**.
^\VI.— (//)CONSTAiSTm II
seigneur de Gaban en 1277.
roi en 1299 '".
XVIII. — (mm)OSCl
seigneur de Gaban , épouse :
sœur d'Amaury de Lusi
prince de Tyr;
2°en i3i7, Anne (Jeannedan
ad ann. i3i8 , S 17;
fille de Philippe de SSt
prince de Tareule, morte ei
roi en i3o8-'; -|- i3î
XIX.- LEON V,
né en i3io , dWnne; succède k son père
à l'âge de dix ou douze ans^^; sacré en iSai;
épouse : i" la fille d'Oschm , comte de Gor'igos .
baile du royaume, qui est tuée par lui;
a" Constance . fille de Frédéric II , roi de Sicile,
et veuve de Henri H . loi de Chypre, en i33i ^'':
mort sans enfants.
LES ROIS D'ARMENIE.
SOUVERAINS DE LA PETITE ARMÉNIE.
PREMIÈRE BRANCHE : ROUPÉNIENS.
(SlllTIÎ.)
I :V,)
\i' TABLK/Vl]
HiTHA ,
m-e d'Isabenu ,
jjrt^niière feriimc tle Léon-
ROIS.
, b
!\. _ (/;) I.EON, <Iit i.' (Irautl,
sacré le G janvier ikjS; -f 1219.
AprL'ss;i mort, sire Adam de Cîaslim exerce les fondions
tlebaiie du rovaurae ou régent pendant deux ans,
au bout desquels il est tué par les Ismaéliens,
et remplacé par le grand baron Cunslantin ' .
ESTÉPUÉUIE
épouse Jean de Brienne, roi titulaire de Jérusalem,
ivant le mois de maiiaii-; + laao ^ ayant eu un fils
4- îi Vàg*} de h ans , cette même année *.
(0 Isabkm:
épouse : 1" X. Pliilippe (/ dis) .
(Ils de lïoéniond le Borgne,
prince d'Anlioche , en isas*
DEUXIÈME BliANCHE : HÉTHOUMIENS.
^-Xl. — {m) HÉTHOLIM l'\
fils du grand baron Constantin ; -f- 1268^.
(q) FÉMiE
épouse Julien ,
fils de Balian I".
sire de Saiette;
Julien -j- 1 959 ''^
l
(r)lUTU,\
épouse le sire
de la Roche.
I
( .t) IsiBEAK.
(/) Mahif.
épouse Guy d'itielin ,
fils de Baudouin .
sénéchal de Chypre.
IV. fille.
fiancée au Sabih-Pervané Moni-eddii
Soieyman ,
principal ministre de Hokn-edihn .
snllan d'Iconium ;
4- avant le mariage, en ia(J7 '^,
(2) BAL1A^
épouse Marie,
du sieur de Cibelet
i
(an) Jehan.
1
(bb) MAltGUEUlTli ,
mariée à Cuy,
seigneur de Gibelet.
(ce) Ttioros (ild) Isabe\u
épouse Sibylle, épouse Hélhoum ,
d'Oissin de la Hoche, (llaytonus) l'historien.
ÉMIE (^ IsiBEAL'
um {cc() . épous^
iréchal !\lancel de
Inie. Bouillon 'V
(/;;/) Lko\. U'h) HiTn\
(Hn)NEnsÈs, (vo) Uoiipî.x , dit Alitini-k .
■j- i?78"''' seigneur de Tarse,
puis de Lampron ,
de Mauléon ,
■ h- Cogclaquus (Gongîag)
>-l de Roisso^' ;
+ »3o9^^
T
{pp) IsIVBEAll ,
ioîur aiuée de Héthoum l! .
épouse le ]irince deTjr,
Aaïaury de Lnsignan .
connétable de Chypre ,
haiio du royaume
de Jérusalem ■'.
I
Tkschkho
( reine) ;
+ ..78-^^
(qq) RlTIlA ou MiElB-' (rr) TuÉOPIIAm')
épouse ,
le fi janvier 1296 ,
Michel ,
fils d'Andronic le Vieux.
empereur
de Constantinople.
fiancée
il Jean l'Ange .
fils de Jean
S'-Iiaslocralûr ;
+ ijyfi.
.ivant le mariage
N. fille.
née
(I uuecouculiuif.
ntai'iéc au liN
du
S.ililb-P^Tvaiir
Mo in-etldiii
Solevman '".
(un) Hemii , \X. — ( vr ) JEAN , BoEMoxn^'
en prison ,
à Sis ,
avec sa mèr'-.
(lit
Conslanlin II '
Wi.
-(XX) CU\.
i yy jMakie
(appelée
A^nès
par Etienne
de Lnsignan ,
C. X\Iï).
Aisne
épouse : 1" Thomas ,
comte de Céphalonie;
2" le neveu
de ce dernier, Thomas ,
despote dWcarnanie
etd'ÉtoHe".
160
|3« TAISr.KAIi.l
LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
SOUVERAINS DE LA PETITE ARMENIE.
TROISIÈME BRANCHE : LUSIGNANS.
XX. - JRAN (Djc-van), ilil r.ONSTAMlN 111,
roi en i3/i2 .
tup par sps troiipps après un an de règne '.
XXI. —GUY (Kouidon),
irabord princ! d'Achaie , épouse ia cousine de Jean Cantaciizéiie
puis la fille de sire Jean , ZvpYixyurt . »
commandant des troupes d'Occident ^:
roi en i343 ; tué par les grands , après deuï années de règn»-
N. fille,
fiancée à Manuel , fils de l'empereur Jean Cantacuxène ^.
XXll. — CONSTANTIN IV,
fils du maréchal Baudouin ,
épouse une fille de l'empereur d'Orient ;
roi en i3i5 ; -f- i362 *.
liÉOS.
OsfiHIS ^
INTERREGNE.
PMiSIKURS r.OMPÉTITECRS, PARMI LESQUELS PIERRE I". RO! DE (IHYPRE ^1-268^
XXIIl. — LEON VI.
roi en i365; Cis de Constantin IV (de Léon , suivant Et. de Lusignan ), et Arménien par sa mère '
épouse Marie , appelée par les Arméniens la reine Marouu , nièce de Philippe de ïarente ,
empereur titulaire de Constantinople , et parent de Louis, roi de Hongrie;
fair captif par les Égyptiens, eu 1875; -(-à Paris, le 1" dimanche de PAvent (39 novembre) iSgS.-
Marie; -j- à Jérusalem, iio5.
P!N^A
épouse Schahan .
ronite de Gor iços.
PlUSIEI BS ENFANTS LEGITIMES *
Philippe ,
fils naturel , archidiacre de Brîe
en i'éghse de Paris ^.
Guy ou Gvïot-
fils naturel .
capitaine de la tour d'Amldeux '
LEGENDE EXPLICATIVE.
' Tchamitch, I. III. p. 36i.
' fd. ibid. p. 2i5; Nicéphore Grégoras. XII , xv.
* Cantacuzène, III , xx\i.
■' Juvénal des Ursïns, Charles VI, IV, v.
^ Mémorial d'un évangile manuscrit du couvent de Sis. (Victor
Langlois, Voyage à Sis , Jount. asiat. février-mars i855 , p. 287.)
'' Guillaume de Mâchant, apud M. Dp Mas-Latrie. Hist. de
t'hiijni'. t. II, Dnctiments. p, 3ii-.'îi3.
"' Tchamitch , t. III , p. 355 , Et. de Lusiguan . ■
^ Juvénal des Ursins, loc. laud.
^ Testament de Léon VI. ( Cf. Becueil d'épitapbes
Tombeau de Léon VI de Lusignan . manuscrit de
impériale, supplément français, n" 5o2i.)
'" Même recueil d'épilaphes. Ibià.
, t. ll,p. 127.)
la Bibliothèqnf
LES ROIS D'ARMENIE.
ifyl
[II' TABLEAU. I
TRANSMISSION DE LA COURONNE DE LA PETITE ARMENIE
DANS LA MAISON DE SAVOIE,
P.iVR LES BOIS DE CHYPRE DE L.\ FAMILLE DES LUSIGNANS.
PIERRE I",
élu par les Arméniens pour leur souverain '
(1359-1369.)
PIERRE II.
(i3G9-i.'(S2.t
.lAcnu
ES I".
(i384-i398.)
JANl'S.
(i398-iïi32.)
JE.AN II,
roi de Cliypre ( i/i32-ii58).
Jacqics .
tib naturel ,
épouse Catherine Cornari
Anne
t-'pouse, en liSa , Louis I"^ , duc lie Savoie,
fiisd'Amédée VIU.
Charlotte
t'pouse , en i6i8 , son cousiq , Louis II ,
prince de Savoie ; -f- à Rome , en 1/187 ^
transnii't ses droits à son neveu .
r.liarles 1'^', duc de Savoie, dit le Guerrier,
iils d'AinM.V' IX.
LOUIS II.
iik puiot^. priiirr de Savoie.
' Suivdiit ie témoignage lU' Guillaume de Mâchant {apud de
Mas-Latrie. Hist. de Chypre, t. II, Documents, p. 3ii), ce fut
vers i368 que les Armi^-niens, ou plutôt une partie de la nation
arménienne, appelèrent, pour les gouverner, Pierre !'% roi de
Chypre. Le trône de la Petite Arménie, qui appartenait alors à
Léon V! . cousin de Pierre, était ébranlé et presque ruiné par les
désordres intérieurs et les attaques des ennemis du dehors. Le titre
de souverain de la Petite Arménie ne devint définitif et officiel dans
la famille des Lusijjnans di- Chypre qu^^p^^s que Léon VI, le
dernier des Lusignans d'Arménie, fut mort Ji Paris, le 29 no-
vembre iSgS. Nous savons que Jacques I" le portait déjà au com-
mencement de Tannée suivante, i3gi, par un mémorial qui se
trouve h la suite d'un recueil de chants arméniens , ^utntunuiii ^
provenant de la hibliothètjue de feu M^'' Garabed, d'abord arclu'-
vèque d'Erzeroum , et ensuite- dp Tillis. {Cf. Haïasdan , Journal
arménien de Constantinople, numéro du 3i janvier (12 février)
i85a.)
ir>2
LES FAMILLES D'OUTRE-MEU.
' Alexiatlc , Hv. XII. Cf. Trhamitch . t. 111 .
p. 10.
^ Matliirn d'IvUsse, ad ann. 5/i6. (if. Sa-
muel irAni. ad ann. 533.
■' Àlcxiade > Ivr. liiud.
' TrhaiTiitrli , t. 111, p. lo.
■' Sompad , ad niin. (hjo,
'' Id. ibid.
' Id. ihid.
•* Id. ad a»u. 6/17.
^ Id. ad ann. fioo.
i"' /(/. ihld.
" AbouH'aru<lj . Chron. syr. p. i85.
'- SémpatI . ad ann. 6^7 ; el mon extrait de
Cuiragos , Journal asiatique, i858 , c. xst.
'' Gniragos. ifcifL Si-rapad . ad ann. 665.
LEGENDE EXPLICATIVE.
'* Mémorial d'iiue Biliie de la bibliothèque
d'Edcliniiadzm ; Brossct . Itapports sur un voyage
en (léorgie cl en Ai^mènic, iiv. i, p. 28-39.
'^ Sémpad , ad ann. 761.
'^ Abouifaradj , p. hSh; Sempad , passim.
" Conliiiuateur de Sempad , ad ann. 7/;!.
'^ Sérapnd, ad ami. 665.
'* Id. ad ann. 667; Abouifaradj, p. 58o ;
Assises de Jérusalem , Haute cour, 1. 1, c. cxlv,
p. 230.
^'^ Mémorial de la traduction arménienne
(le Michel le Syrien , Journal asiatique, i8i8 ,
cahier d'octobre; Rubruquis, Mémoires de la
Société de Gcof^raphie , t. IV, p. Saa-SgS-, Sém-
pad , ad ann. 7 i 4.
^' Mémorial d'un évangile de la bibliothèque
du couvent de Venise, collection de Zohrab,
Ms. Bibi. impér. supp. arni, n^ 97.
'^" Mémorial cité ci-dessus, noleao.
^* Rainaldi , .flnnfl/. eccles. ad ann. 1389,
S 58 ; Sémpad . Liste des connétables.
^* Collection précitée de Zohrab.
^^ Continuât, de Sémpad, ad ann. 778, et
Liste des connétables.
'^ Le chroniqueur Antonin dit ([u'Oschin de
Lanipron était oncle du roi Oschin. Rainaldi ,
ad (iH)i. iSaa, S i6; i333, SS /i et 6 ; Sém-
pad , «ri ann. 767.
■-' Continuât, de Sémpad, ad ann. 778.
^^ /(/. ad ann. 770 et 776.
OSCHÏN H, Sébasie,
seigneur de Lampron, épouse Schahanloukhd , fille o
frère de saint Nersès Scbnorhali; fait prisonnier par'
en 1 i5i , il donne eu otage sim jeune fils nétbi)
HETHOUM II, Sébasie,
seigneur de Lampron .
grand chambellan d'Arménie ,
épouse, en ii5i, N. bile de Thorus II ' ;
assiste au couronnement de Léon II . en 1 19
Ce prince lui enlève Lampron,
et lui donne Trazarg*.
I
Seupad ,
nommé ensuite
Wersès de Lampron ;
archevêque de Tarse;
né en 1 153 ;
•j- lA juillet j 198.
I
OSCHÏ.N II,
bis aîné '^.
I
Co^sTASTL^",
seigneur de Lampron ,
thakatir^K
I
ScHAnENSCIUfl ,
seigneur
de Loulva,
assiste au sacre
de Léon II ,
en iiq8.
— \ n
Geoffkoï '*. ÎN. fille,
épouse le grand baron Constantin,
baile d'Arménie.
OsCHlN .
maréchal .
seigneur d'Asgour'îi
f I de ftlar'niach ; -f 1 392 '
Sémpad ,
maréchal ,
seigneur d'Asgour'a ,
succède ^ son père
en 1295.
icCC) HÉTUOltBI
épouse Fémie ,
fille de Balian ,
sieur de Gibelel.
I
OSCHIJV ,
créé seigneur de Gautclii
et sénéchal en 1277.
puis connétable ,
par Léon III.
IS. bile,
mariée
sire Adam de Gaslim ,
baile d'Arménie **.
Le baron Seupad, fiisaî'
connétable d'Arménie , seigneur di
auteur de la Chronique dur»
de la Petite Arménie,'
né en laoS; -j- le vendredi 6 m*
Le baron Léon , connétali!
GitKnomE, (ddd) Héthoum (Hajtonus) l'historien,
créé connétable ;
!>eigueur de Gor'igos remplace Grégoire comme soigneur de Gor'igos;
et baile en 1377, é])ouse Isabeau d'ibelin;
par Léon 111, -f- en France en i3io.
(eee) Constamin ,
seigneur de Lampron ,
connétable ^^.
(Jff) Oschin, comte de Gor'igos,
baile, Gubemator, regiœ procurator^^ ;
tué en i3ag.
HÉTHOIM ,
mort tout jeune, en iSas^
N. fille,
épouse le roi Léon V, en '
LES ROIS D'ARMENIE.
163
\y TABLEAU.)
HÉTHOUMIENS.
PRINCES DE LAMl'RON.
OSCHIN 1"
émigré en 107a de la province d'Artsakh avec ses frères ilalgani
sa mère , sa femme et sa noblesse.
11 enlève aux musulmans la forteresse de Lampron ,
dont la possession lui est confirmée par Abêlgharib , prince ardzrouni
qui tenait Tarse en fief de l'Empire; -|- 1110. —
Appelé ActiîiÉttïs par Anne Comnéne'; née par l'empereur Alexis prince .le T,
en remplacement d'Isaac , gendre de ce dernier, décédé".
HKTHOUiM I". Sébasie.
t Pazouni*.
Halgoim '
et Pazouxi".
frères d'Osclnu.
io85,
1
Semi'au .
seigneur de Barbnr'ou ,
lui5 pn 1 liji •*.
N. fiii
mariée à Vasil ,
frère île salut Nersès
Schriorhali.
Marie.
SiCHOUSCUi>
( Susanna ).
Dalitha
ou DOLBTA
le Sl-
i3oa''
Li(ios ■',
marié
à (liime Agatlie,
\
Sire LÉON
^l trois fille?'"'.
(fl(l«) MâltlE ,
mariée à Jean d'ibeiin ,
seigneur d'Arsour,
oonnélable du royaume
lie JénisRleni ; -f- i958.
I
Pagoi:i!an
succède à sou père ,
comme seigneur
de Baba r on ^;
asiste au sacre
de Léon II, en 1 198.
1
Va(;a(; ,
seigneur
d'Asgour'a
et de Lamos "^
Sire Geoffroy,
seigneur
de
Sarvanlik'ar".
(22) CoNSTA>TI\ ,
grand baron, connétable, baile d'Arménie,
épouse sa cousine ÎN. fille de Hélliouin II "
1
RiTUi
épouse le prince
roupénieii
Sdéph .-nié.
I
HETHOUM I",
roi d'Arménie.
I
Basile ,
îigneur du couvent
de Trazarg'^.
Léoi
Jean Rapoun,
archevêque de Sis,
ensuite catboHcos
sous le nom de Jean
le Magnanime ;
+ laar,.
I
Stéphajiie .
mariée
au roi de Chypre,
Hcnn ,
fils dt- Hugues V' .
(m) Dif
FAMILLES ARMENIENNES
ET LEURS ALLIANCES AVEC LES FAMILLES FRAÎNÇAISES.
D'APRÈS LE LIVRE DES LIGNAGES ll'OVTHE-MEII ,
A PARTIR DU RÈGNE DE TIIOROS II (IIU). .USOirA LÉON V ( 1321 i.
(Les minuscules entre parenibèses indiquent les renvois aux talileanv Rériéalo.piiues ci-dessus.)
CHAPITRE II. — Cl PARLE DES LIGiNAl.ES DES ROIS DE CHIPRE.
Marguerite [l'une des filles de Hugues 111. roi de Chypre] esposa Tiiouros {jj } . le fils
au roi Livon de Ermenie Amaury [fils de Hugues HF] esposa Ysabeau (pp), la fille
au roi Livon d'Ermenie, et oreiit quatre fils et une fille: Hugue («) , Henry («»). Gui (,ra-)
et Jehan (vv) et Marie (yy).
CHAPITRE IV. — CI DIT DES ROIS D'ERMEME.
Thoros de la Montaigne («) fu sire d'Ermenie, et raoru sans heir, et escheul Ermenie aii
.Melih son frère (t), lequel Mclih ol deus fis, Rupin (c) et Sanoii '. P.upin esposa Isaheau.
la fille Hanflroy don Thoron, et orent deus filles, Aalis (e) et Phelippe (/). Aalis esposa le
prince Beimont et orent un lis (pii ot nom Piupin . que Ton appelait le prince liupin (g).
et esposa Helvis, la fille dou roy Eincri de Chipro. si coin est dit, et orent deus filles.
Eschive(i) et Marie (_/'). Eschive moru; Marie esjiosa Phelippe de Monllbrt, sire de Sur.
Phelippe (/) , l'autre fille P.upin de la Montaigne, esposa Pacre', et orent un fils Coiislans (Vil.
qui moru. Puis la mort de Ilupin de la Montaigne. Livon son fi-ère ((0 se saisit de la tcriv
et se fil coroner à roy, et fu le premier roy d'Ermenie, et esposa Sehille, la fille dou ro\
Eiraeri de Chipre et de la royne Isaheau, et orent une fille qui ot nom Isaheau (/). Après
la mort dou roy Livon, la dite Isaheau espousa Phelippe, le fis dou jinnce Boi'gue, lequel
valut moul poi, et le tuèrent li haron d'Arménie; puis esposa la royne Ysaheau d'Ermenie
Heilou (m), le fis Gonstans {;:), qui esloit conestahle et haill d'Ermenie', et orent deux fis
' Lisez Livott ou Léon (rf). Le cominlateur commet sire Philippe de Naples, on lit de plus : «Et les filii'N
ici une grave erreur en attribuant à Melih ou Mleb, dou baiil si lurent mariées, l'une [hbb) au roi de
les deux fils du frère de ce dernier, Sdépb'anè. Chipre, et l'autre (aaa) à Johan de Ybelin , qui lu
■ Lisez Lascre (Lascaris). conte de Japhe.r
■ Au chapitre xv. Ci dit des filles qui Jurent de mes-
'16fi LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
ol cinq filles : Livon («). Tlioros (o), Sehille (}i). Femie (t/). Ritta (r), Isaheaii (s). Marie {t).
Seliille esposa le prince Beimont d'Antioehe, Femie esposa Julien le sire de Saictte, Rilta
esposa le sire de la Roche , Marie esposa Gui de Ibelin , Ysabeau nioru , Thoros fu occis de
Sarrasins. Livon fu roy après la mort de son père, et esposa Guiran, la fille nu seignoui'
dou Lambron, et orent sept fis et trois filles : Hcïton {ii), Tlioros (ji}'), Semblât (hic), Cons-
tans (//), Horses ', Rupin que ils nomerent Aiinah (oo) , Oïsim (mm), Ysabeau (pp),
Ritta (77) et Jefanon (rr). Puis la mort du roy Livon. Ileïton son fis (ii) ot la seignorie et
ne se vost coroner, eins vesti nbit de nienours, et dona la seignorie a Thoros son frère (jj):
puis li toli et la dona a Semblant, son autre frère {kk) et fu eoroné dou royaume d'Ermenie.
Thoros esposa Marguerite, la fille dou roi Hugue de Chipre, et ot un fis, Livon (ss); Isa-
beau esposa Amauri, le fils dou roy Hugue de Chipre. si com vous avez oy; Ritta esposa
le fis de l'emperem- de Constantinople ; Jefanon morut. Le dessusdit Semblât fit tuer Thoros
son frère, puis Heïton le fit prendre, et dona la seignorie h Constans. son frère (//); puis
fit il prendre Constans, et manda Semblât et Constans en Constantinople; là morut Cons-
tans, et il dona la seignorie a Livon son neveu {ss). qui fu fis Thoros et de Marguerite, la
lille dou roy Hugue de Chypre, come a esté dessus dit.
CHAPITRE V. — CI PARLE DES PRINCES D'AN TIOCHE.
Beimont fut prince puis la mort de son père, et esposa Sebiile (p). la fille au roi Heiton
d'Ermenie, et orent un fis et trois tilles : Beimont (m). Isabeau {v), Marie (x) et Lucie (y).
Ysabeau moru damoiselle; Marie esposa Nicole de Sainct Orner, et nioru sans heir: Lucie
psjiosa Nerio de Toussi . et nioru sans heirs.
CHAPITRE VI. — CI DIT DES HOIRS QUI DESCENDIRENT DOU PRINCE BORGNE
Le prince Borgne si ot a feme Plaisence . qui estoit fille de Hue de Gibelet et de Este-
fenie, le segonde fille de Henri le Buffle, et orent quatre fiz et deux filles : Reimont et Bue-
mont et Phelippe (/ bis) et Henri et Orgueilleuse et Marie Marie fu feme de Thoros ^
et ot un fiz Bueniont , et morut Phelippe fut baron de la royne Isabiau d'Ermenie ( /) ,
et les Ermins le tuèrent.
CHAPITRE VHI. — CI DIT ET PARLE DE CEAUS DE YBELIN.
Gui. le fis Baudouin de Ibelin. seneschal de Chipre. esposa Marie ((). la fille au roy
Heiton d'Ermenie, come a esté dit. et orent un fis et une fille, Thoros (ce) et Isabeau (dd).
Thoros esposa Sebiile, la fille Oissin de la Roche, et orent un fis et une fille, Livon (gg) et
Riffa (Ritta) (hh); Isabeau esposa Heiton le sire dou Coure (ddd), et orent quatre fis et une
fille. Oïssm(Jff), Constans {eee). Livon (ggg) et Baudouin (lilili) et DilTa (iii).
' Lisez A'ersM l^nn). — - Ce Thoros, qui m'csl inconnu, ne ti[;nre pas dans mes Tableaux généalogiques.
LES ROIS D'ARMENIE. 167
CHAPITRE XVIII. — CI DIT DES HIERS DE SAÏETTE.
Julien (lils de Raliaii d'Ibeiin) fut sire de Saïette, et esposa Feniie (r/), la liiie au roy
Heïton d'Ennenie, etorent deux fils et une lille : Balian (: ), Jolian {na) et Marguerite (ii),
qui esposa Gui, le seignor de Gibelet. Johan noia en Ermenie; Baliau esposa Marie, la lille
au seignor de Giblet, et orent deus filles, Femie (ee) et Isabeau (Jf). Femie esposa Heïton.
le fils dou maraschal d'Ennenie [ccc] , et orent deux fis et une fille. Isabel esposa Manse
de Buillon. et orent une fille.
LES PRINCIPAUX SEIGNEURS
DES ROYALMES DE HIÉRLSALEM ET DE CYPRE.
LES SEIGNEURS D'ADELON.
Adam est le premier que Ton remarque avoir esté seigneur d'Adeion'.
[Il était fils de Hugues de Giblet, seigneur de Besmediu, et d'Agnès
de Ham, si l'on en croit un nouveau chapitre du Lignage d'outre-
mer-.] Il ne laissa qu'une fille unique, qui suit :
Agnès, dame d'Adeion, fille d'Adam, espouse Thierry de Tenre-
MONDE [ou Terremonde], qui estoit fils puisné de Gautier, II"' du nom,
seigneur de Tenremonde, en Flandres ^ Il se voit au cartulane de
Manosque un titre d'Aymery, roy de Hiérusalem, de l'an 1 198, où il
souscrit avec plusieurs autres barons.
[Cet acte est celui qui se Ut à la date d'octobre 1 iy3, dans le recued de
Sébastien Paoli*. Tbierri de Tenremonde a souscrit aussi deux actes du
comte Henri de Champagne, roi de Jérusalem^ (janvier 1198, et 5 janvier
i 1 9 4 ), un acte du roi Amauri ° ( août 1 1 9 8 ), et le diplôme , suspecté de faux ,
du même roi" (octobre 1 1 98), en faveur de la commune de Marseille.]
' Lignages d'outre -mer, c. xxiu; édition ' Cod. diplomat. 1. 1, giiinta n" 8, p. 287.
Fîeiignot, e. xxxv. ' Cod. diplomat. t. I, p. 87, 216, 5i 1 el
' Lignages d'outre-mer, c. xwi. 5 12.
' Du Chesne, Hist. de Guines, 1. IV. en. ' Cod. diplomat. t. I. i\° i8(j, p. 235.
p. lia . et preuves, p. 287. — Lindan. 1. 1. 'De Mas-Latrie. Hist. de Chypre, t. Il,
c. VI p. 2 5.
170 LES FAMILLES DOIITRE-MER.
Ayant quitté la terre sainte, il vint au service de Baudouin I",
empereur de Constantinople, qui luy donna la charge de connestable,
de Ronianie, et l'ut tu»' en un combat contre les Bulgares, comme Vil-
Iciiardouin raconte plus au long'. 11 fut père de Daniel, qui lui suc-
céda [et d'Isabelle, nommée seulement par le Lignage d'outre-mer -.
sans autre indication ; elle est appelée ailleurs Marguerite].
Daniel de Tenremonde, seigneur d'Adelon, espousa Agnès de Franc-
ien, qui pouvoit estre (ille de Gérard de Franco hco, qui souscrit le
titre dont je viens de parler; laquelle, après la mort de son mary.
s'allia, en secondes noces, à Garnier Aleman le Jeune ^ ainsy que
sendjle dire le Lignage d'outre-mer, quoyque ses termes ambigus
peuvent faire attribuer le mariage à Agnès, fdle de Daniel.
[Le Lignage" dit qu'Agnès de Francien épousa Garnier Aleman le Jeune.
S'il .s'agissait de la mère, le texte devrait indicpier un mariage en secondes
noces, après la mort de son premier mari, Daniel de Tenremonde D'un autre
côté, s'il s'agit de la fdle, celle-ci devrait s'appeler de Tenremonde on d'Ade-
lon, comme son père, et non de Francien, (pii iHait le nom de Famille de la
mère. André Du Cllesne^ ijui s'appuie uniquement sur le texte du Lignage.
|)ense que cette Agnès de Frandeu, qui épousa Garnier Aleman, était la fdle:
La Thaumassière ^ suppose (pie c'est la mère qui se remaria. Labbe '' reste dans
le vague du texte du Lignage.
Un des nouveaux chapitres du Lignage* présente ces alliances d'une manière
plus claire, mais toute difTérente. Suivant ce texte,
Thierri be Tenremonde, époux d'Agnès d'Adelon, eut deux enfants, Daniel.
(|ui lui succéda, et une fdle, nommée Marguerite, au lieu d'Isabelle, première
femme de Philippe de Maugasteau, et morte sans enfants.
' Villelianl. n" i ()8 , 210 . -il i, -JiS, et ' A. Uu Ctiesne , loc. cil.
p. 334, édition Du Gange. ' As.<!ises de Jérusalem, noies et ubscrm-
- Lignages d'oui re-iiœr. c. \vm. éflition liriits, p. 288.
Beuffnot. ' Abrégé roijal de l'alliance ckromhg.
Voir La Famille Aleman. - t. I, p. hof).
" Lignages d'outi-e-mer, Labbc. c. wni. ' Lignages d'outre-mer, c. \\\i. édition
p. ?io6, &/17; édition Beugnot. c. vwv. Bengnot.
LES SEIGNEURS DADELON. . 171
Daniel épousa Isabelle, sœur de ce même Philippe, sou heau-frère, et eu
eut deux fdles, Agnès et Isabelle. Ce texte ne mentionne pas sou (ils, Da-
niel II, mort sans héritiers.
Isabelle eut le titre de daine d'Adelon, et n'eut point d'enfants.
Agnès de Tenremonde, sa sœur, épousa Garnier l'Aleman, qui était lils
d'Aimé l'Aleman et d'Agnès de Frandeu ^ etc.
Dans ce texte on ne voit qu'une personne qui porte le nom d'Agnès de
Frandeu , et qui n'a d'autre rapport d'alliance avec Daniel que par le mariage
de leurs deux enfants, par conséquent il n'y a plus de didicullé à résoudre:
reste à savoir de quel côté est la vérité.
Ce Daniel de Tenremonde, époux d'Agnès de Frandeu, ou d'Isabelle de
Maugasteau, paraît être, par les dates, celui qui est nommé, dans la Continua-
tion de Guillaume de Tyr^, parmi les dievaliers qui, eu 1220, accompa-
gnèrent la reine Isabelle, fdle de Jean de Brienne, lorsqu'elle se rendit de
Tyr à Brindes pour épouser l'empereur Frédéric II.]
Il laissa trois enfans, Daniel, Agnès, femme de Garnier le Jeune,
suivant A. Du Chesne, et Isabeau.
[C'est probablement cette Isabelle à laquelle Jean Aleman ou l'Aleman,
seigneur de Césarée, s'engage, par acte du 1" mai 1 2-55 ^, à payer une rente
annuelle de 600 besants, conmie faisait le seigneur de Césarée, Jean, son
beau- père. I
Daniel [II] de Tenremonde, seigneur d'Adelon, décéda sans enfans.
[En lao/i, on voit un Pierre d'Avalon, qualifié de seigneur d'Adelon*.'
vassal de Julien, seigneur de Sajette , dont il souscrit un acte (août laBà).
Nous ne pouvons dire s'il succéda immédiatement à Daniel II de Tenremonde ,
ni à (piel titre il possédait la seigneurie d'Adelon. Il y avait bien quelque alli-
nité entre les familles d'Avalon et d'Adelon, puisque Gilles Aleman, fils de
Garnier Aleman le Jeune et d'Agnès de Francien, épousa une nièce de Pierre
' Voir la suite Je cette généalogie à Lu ' Cod. diplomat. t. 1, 11° i8i, p. -22 3,
Famille Aleman. 5Ai et 56-2.
' Continuât, de Guill. de Tyr, 1. XXXH, ' Cod. diplomat. t. 1, n" laS, p. i43.
c. \x, p. 358, et note e.
172 LES FAMILLES DOIJTRE-MER.
(l'Avalonle Jeune '. Ce Pierre d'Avalon est-il le même que le neveu d'Eudes de
Montbëliard, nommé par Joinvilie^; son cousin, par le Continuateur de Guil-
laume de Tyr '. et par le Lignajje d'outre-mer' ? Est-il aussi le même que
Pierre d'Avalon, seigneur d'Adelon ? Enfin, quand toutes ces identités seraient
prouvées et bien établies, nous n'y verrions pas encore comment un sire d'A-
valon se trouvait l'héritier de la seigneurie d'Adelon.]
Les Assises de Hiérusaieni parlent de Jourdain de Tenremonde ^
qui devoit un chevalier de service à cause du fief qu'il possédoit en la
baronnie d'Acre; il estnit probablement, issu de la mesme famille.
' Lignages d'outri'-mcj', Labbe. c. .\xiii. ' Lignnges d'outre -mer, Labbe. c. vu.
p. /io6 , 667; édition Beugnot, c. XXXI. p. 876. 633. — €nd. diplomatie. I. I.
- Joinviile, (klition Du Gange, p. 37, 89. p. 527.
el observations, p. 70. * Assises de Jérusalem, Labbe, p. 5,17:
^ Continuât, de Giiill. de Tyr, L XXXIIl . édition Beugnot, t. I, p. 4-25 : Assises de la
c. xxxviii, p. 4o3 et lioU. haute cour, c. cclxxi.
LES DUCS D•A^TIOGHE. i73
LES DUCS D'ANTIOCHE.
La ville d'Antioche, assise sur la rivière d'Oronto ', niétropolitaiiii'
de la Cœlésyrie, lut autrefois la capitale des roys de cette contrée, et
depuis, le siège d'un patriarche. Elle vint, comme les autres villes de
l'Asie, en la puissance des Romains, qui se la conservèrent jusques au
temps de l'empire de Justinien^, que Cosroes, roy de Perse, sen em-
para, et la ruina presque de fond en comble. L'empereur Justin^ le
Thracien la rétablit incontinent après, et iuy donna le nom de Tluo-
polis ; ce que Théoplianes* attribue à Justinien. Omar, roy des Arabes.
l'enleva derechef aux empereurs d'Orient, sous la conduite de Mua-
vias, l'an 21 d'Héraclius, ou, comnu' escrit Cedrenus^, après Tlieo-
phanes, le 28. Elle demeura ensuite sous la domination des Sarrazins.
jusques à l'empire de Nicéphore Phocas •', sous lequel Michel Burzès.
patrice, l'un de ses généraux, s'en rendit le maistre, vers l'an 966.
Depuis lequel temps elle obéit aux empereurs de Gonstantinople, qui
y envoyoient de temps en temps des gouverneurs'' avec le titre de
ducs, jusques à ce que les Turcs s'en emparèrent.
L'histoire nous ayant marqué les noms et les familles de la plusparl
' Wiilelnius Tyren. I. IV, c. ix. — Joan. I. XVIII, p. 58a. — Niceph.Constantinojiu-
Phoeas, Descn'pt. terrce sanctœ , n° t2 ; apiid litanus, p. 69. — Sigebert. ann. 6io. —
Allatium, Sufif^iiXTa. Aithon, c. w.
^ Hisloria. miscell. 1. XVI . p. 1x6. — Pro- ' Zonar. p. 161, 1 G3. — Manass. p. 228.
cop. De Bello Persico, 1. II. — Evagrius, — Scyiiizes. — Abiilfaragius, p. 207.
I.IV.c. xsiv. — (îregoi'iusTur. 1. IV, c. XXIII ; ' Zonar. p. i8i. — Balsam. ad cari. K
1. X.c. XXIV. synodi Eplios. — Niceph. Callist. ). \
' Evagr. I. II. c. XII; I. IV. c. v, vi. c. xi; I. XII, c. iv. — Anna Cmnn. I. XIII
* Theophan. p. i.5i. ]). /ii3. — Sebast. Paoli, Cod. dijAninnl. t. I .
' Cedrenus, p. 629. — Histonn miscell. p. /ii5.
174 LES FAMILLES l)OUTRE-MER.
«le ces ducs, il lu; sera pas hors de propos d'en donner la suite avant
que de parler des princes d'Antioche.
Ki,iiiii:\T ', patrice ou duc d'Antioche, sous l'empire d'Arcadius.
Michel BiRZÈs^, fils, si je ne nie trompe, du premier, qui senipara
d'Antioche sur les Arabes, tenoit cette qualité sous l'empire de Ba-
sih' et de Constantin.
Damianus ^ et
NicKi'HORUS LJRANUS ' la tinrent sous Basile Porphyrogénète . comme
MiciiAEL SpoNDYLAs^ euuuque, sous Constantin, frère de Basile, et
CoNSTAiNTiNUS Carantenus '^, SOUS Boiuain Argyre, dont il avoit es-
pousé la sœur. Celuy-cy eut poui' successeurs :
SpOM)VLAS "". et
NicÉTAS de Mysthée\ qui turent suivis par un autre
NicÉT^s'^, et par
Co^sTANTiNus, frères de lerapereur Michel Paphlagon, sous son em-
pire.
MAtROCATACALON'" et
MicHAEL [surnommé] Vranls Magistère' tinrent ensuite cette dignité
sous 1 empire de Michel Stratiotique''^.
' Coclinus, Origin.Constimtinop.f.bd. ' Zouar. 188. — Cedrenus. p. j'ii')
' Georg-. Cedrenus. p. 68/=i . 685. '" Gedreiuis (p. 798) et Zoiiare (p. -jog)
^ Cedi-enus, p. 701. ne l'appellent que Catucalon, surnommé k
' Cedrenus, p. 706. Brûlé, ^exavfiévos.
' Cedrenus, p. 790-726. " Ce mot. dans le grec, indique sa fonc-
' Cedrenus, p. 72.5. tien: Uiynlpos ktnioxei^s.
' Glycas, p. 689. '■ Cedrenus, p. 798. — Micli. Cérulaire
' Cedrenus, p. 7-27. patr. Constantinop. Epist. n° 1 1 .
LES DUCS D'ANTIOCHE. ' 175
ScLÈRE ', sous celuy de Constantin Monnmaque. el
Catatirius-, Arnif'nien de nation, sous celuy do Romain Diogèni'.
Après eux.
NlCEl•HoRITZÈs^ eunuque, fut duc d'Anlioclie sous Michel Ducas [Vil.
surnonnné Parapinace], et eut pour successeur
Joseph Trachaniote *, protoproèdre , et, celuy-cy estant mort.
IsAAc CoMNEINus^ IVère aisné d'Alexius, qui fut depuis empereur.
iuy succéda. 11 obtint le gouvernement de Michel Ducas, lequel il iif
tint pas longtemps, car Phylarète, Arménien, que rempereur Diogèue
avoit élevé à la dignité de domestique, ayant porté impatiemment la
disgrâce de son maistre et de son bienfaiteur ^ et le mauvais traite-
ment qui Iuy avoit esté fait par ses ennemis, qui lui avoient fait crever
les yeux, se souleva en sa faveur, et se saisit de la ville d'Antioche.
Mais conune il n'estoit pas assez puissant pour la conserver contre les
incursions et les attaques continuelles des Turcs voisins, il prit réso-
lution de s'allier étroitement avec eux, en embrassant leur religion, el
se faisant circoncire. Son fils eut horreur d'une action si impie el si
extraordinaire \ et, voyant qu'il ne pou voit rien gagiun- sur son es-
prit, pour le démouvoir de cette résolution, traita avec Soliman, sul-
tan de Nicée, fils de Ptolomée, et Iuy persuada de s'emparer de la
ville d'Antioche; ce qui fut exécuté sous le caliphat de Muquetadibellc
[Moctadi-Bamrillah]. Ce sultan ne la [)osséda pas lonj;temps. car.
ayant esté vaincu en bataille par Ragroldule, nonnné jjar les Grecs
Tumsès [Toutousch], sultan [seldjoucide] de la ville de Hiérusalem
et de Damas, il se retira par désespoir, et laissa par ce moyen An-
' Baronius, Annal, ami. 1054, ifscj. ' Anna Gomnena. I. Il, p. li'A.
■ Zonar. p. 222, aaô. — Scylitz.p.839. ' Anna Gomnena i. VI. p. itib. iG<i
S'ili. — ^'icf■ph. Bryemie. 1. I , n" aa. — Zonar.
' Scylitz. p. 845. ' Georg.Eïmacin. Hisioiic ilr.'i '.nliiplus.
' Bryenn. 1. II. n' 28. p. 289, 29.8. 296.
J76 ■ LES FAMILLES I) OLTRE-MER.
tioche à son eiuioiuy. Cela ai'i-iva vers I an 108/1, sous 1 empire d'A-
lexis Comiiène ', coninie 011 peut colliger de ce que Raymond d'Agiles^,
Orderic Vital ', Guillaume de Tyr', et les autres auteurs escrivent que,
lorsque Antioclie vint au pouvoir des François, (jui lut le 3" jour de
juin, lan de Nostre-Seigneur 1098, elle avoit esté sous la domination
des Turcs et des Sarrazins de la Syrie l'espace de quatorze années.
\iiss\ Georges Elmacin rapporte la mort de Soliman à l'an de l'hé-
gii'e /178, qui revient à l'an de Nostre-Seigneur io85. Les nostres la
leur enlevèrent après neuf mois de siège ^ ou, comme veut un autre
auteur'^, huit mois et un jour.
' Willelmiis Tyr. I. I, c. i\. — Aitlion. ' Wiiielmus Tyr. I. V. c. 11.
<:. \i\. \\. — Matli. Paris, anri. 1 176. Alberlus Aquensis, I. IV, c. \\\. —
" Raym. d'Agiles, p. i'jH. Hiiym. «l'Agiles.p. 169. — Guiberlus. i.I\.
^ Onlericus Vital. I. \. p. 796: I. XIII . r. \i. — Wiiielmus Tyr. I. V. r. xmii.
p. ()i V . " Roberl. Monaclius. 1. VIII. p. 68.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. 177
LES PRINCES D'ANTIOCHE.
BoÉMOND ' fut choisy par ies chefs de l'armée pour prendre le gou-
vernement et la seigneurie de la ville d'Antioclie, après sa prise, à cause
qu'il s'estoit signalé plus que les autres au siège qui y fui dressé, et
de ce qu'après sa reddition il la défendit vigoureusement contre les
forces et les efforts de Corbaham, sultan des Sarrazins, qui l'estoit
venu assiéger incontinent après (pie les nostres s'en furent rendus
maistres; encore que par le traité qui avoit esté arresté entre l'empe-
reur Alexis Comnène et les François, lorsqu'ils passèrent à Constanti-
nople, il eust esté convenu (ju'au cas ([u'ils vinssent à la prendre ils
seroient tenus de la remettre au pouvoir de cet empereur-.
H estoit fils aisné de Robert Guichard •'' [Guiscard], prince de la
Pouille, et de sa première femme, Alberade, quoyque Anne Com-
nène, qui vivoit de son temps, ait escrit (ju'il estoit frère pnisné de
Roger. Orderic * nous apprend qu'il eut pour son nom de baptesme
celuy de Marc, et que son père, ayant ouy raconter en un festin fami-
lier la fable du géant Boémond pu Buamond, luy en donna le surnom
par forme de raillerie, probablement pour la hauteur de sa taille, pas-
sant le commun des hommes d'une coudée, comme escrit Aime Com-
nène ^ qui l'avoit veu, et qui nous l'a dépeint au naturel dans son
Alexiade. Elle ajoute"^ (|n'il fut surnommé Sanisque, sans (pie j'en aye
' Albertus Aquensis, I. V, c. ii. —Tu- 1. lll, c. m. — Anna Comnena, I. XL
,lel,od. — Willelmus Tyr. et alii. — Abul- p. 333.
faragius, p. 2/4-2. ' Malaterra.
' Albert. Aqiiensis,l.V,c. 11. — Tudebocl. " Ordericus, 1. IX, p. yai ; 1. XI. p. 817.
p. ygg. — Willelmus Tyren. I. V, e. xvi. — ' Anna Comn. 1. XIII, p. ioA.
P.aklrir. I. II. p. 108. 109. — Guiberlus. ' Anna Cnnin. I. IV, p. 11. "j.
a3
17R LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
pu deviner la raison. Luy-mesnie se qualifie ainsi en quelques litres ' :
FJgo Maucvs, qui et Abbamomte, Rubberd regisjilius : c'est-à-dire BaemoiH.
Il tut (jualifié ])rince d'Antioclie à cause qu'avant qu'il entrasten pos-
session de celle ville, il esloit et se qualifioil prince, au rapport de
Guillaume de Tyr-, sçavoir de Tarente en Italie, comme on recueille
du Lignage d'outre-mer ^ et de Jean Villani *. Car entre les places qui
luy furent laissées en son partage par son frère Roger *, furent celles
de Bari el de Tarente.
[Dans lin acte où le roi Foulques'', coinmo haile d'Antioclie, confirme les
concessions faites par Boémond I" et H" en faveur de l'église du Saint-Sé-
pulcre de Jérusalem, ces deux princes sont appelés «seigneurs d'Antioclie,?;
(lomiin Antiocheni.]
Je ne prétens pas rapporter icy tous ses combats, ni comme il fut
l'ait pi'isonnier par les Sarrazins, puisque cela seroit de trop longue
haleine, et que tous les auteurs de son temps en ont escril amplement.
Il suffit de remarijuer qu'il mourut en la ville de Bari, en la Fouille,
non sans quelque sou])çon de poison, comme il se prcparoist pour
passer à Antioclie^ et qu il fut inhumé en l'église de Saint-Nicolas*.
Les auteurs ne s'accordent pas ])0ur l'année de son décez. Anne Com-
nène ^ et Gudlaume de Tyr '" disent qu'il mourut six mois après la levée
du siège qu'il avoit mis devant la ville de Duras en Albanie, (jui fui
en l'an 1 109. Albert d'Aix'^ escrit qu'il mourut au temps que l'empe-
reur Henry IV esloit à Rome, oîi il se vengea de ses ennemys par le
fer et par le glaive. Pierre diacre'-, dit la mesme chose, et (jue Boé-
mond et Roger, duc de la Fouille, son frère, finirent leurs jours du-
rant ces mouvemens; d'oiî il faut conclure que Boémond mourut en
' Angel. a Nuce. ail lilj. IV Chr. Cnxsin. ' Gniberlus, 1. VII, c. \\\iv — Math,
c. \. Paris, ann. 1109, p. hh.
' Willelmiis Tyr. I. VI, c. \xiii. ' Alberlus Aquensis, I. XI, c. \lviii.
' Lig-iwgcg d'otiUe-mer, c. iv. ' .\nna Gomnena, 1. XIV, p. 4 19.
'' J. Villani, I. IV, c. xvHi. '" Willelnius Tyr. I. XI, c. vi.
^ Ordericus Vital. 1. VIII. p. 077. " Albertus Aquensis, 1. XI, c. xlmii.
'' Cartuhiriinn Sar.cii Septilchri , n' 8(1, '' Petriis diac. C/ir. C«.Mm. I. IV, c. \Lii.
p. 167. — VÀron. Foss/r Novœ , ami. 1 1 1 ] .
LES PRINCES D'ANTIOCHE. ' 179
l'année 1 1 lo, comme escrit Mathieu Paris, ou la suivaiik-, ausf[uelles
les auteurs rapportent le voyage d'Italie de l'empereur Henry. Ho-
muald, archevesque de Salerne, dit qu'il mourut l'an 1 1 1 1, quatorze
jours après la mort de sou frère, et qu'il fut inhumé près de l'église
de Saint-Sabin, en la ville de Canusio. La Ghroni(pie de Maillezais',
celle de Fosse-Neuve'- et Orderic Vital ^ cotent aussi cette mort en
l'an 1111. Mais le dernier se méprend lorsqu'il escrit qu'elle arriva à
Antioche. Enfin le Nécrologe de l'abbaye de Molesmes* la rapporte au
8'' jour d'octobre. Un auteur ancien^ dit (ju'il mourut au mois de fé-
vrier; un autre ^ au mois de mars. Le cardinal Baronius '^ a rapporté
diverses épitaphes qui luy furent dressées à Canusio eu la Pouilie, en
l'église de Saint-Sabin, où il fut inhumé.
Il espousa ^ Constance, fille de Philippe I'', roy de France, l'an i i o/i.
Les noces s'en firent en la vdle de Chartres, avec grand appareil, iu-
continent après la feste de Pasques. Elle estoit pour lors veuve de
Hugues, comte de Champagne. Il eu procréa deux fils ", dont l'aisné.
nommé Jemi, mourut jeune dans la Pouilie; l'autre, nommé Bor-
moiid, fut prince d'Antioche. Constance demeura dans la Pouilie avec
son fils^", et l'histoire remarque" qu'elle lit plusieurs bienfaits à l'église
de Jyvenazzo en l'an i i i3, au monastère des religieuses de Brindes,
en l'an 1 1 1 6, et qu'elle fit bastir le monastère des religieuses de Saint-
Bartliélemy de Tarente. Elle vivoit encore l'an 1120, en laquelle
année l'histoire remarque que le pape Calixte, estant venu à Béné-
' Chron. Malleac. aiiii. 1111. Suger, in Lud. VI, c. i\. — (Jrdericiis. 1. V.
■ Citron. Fossœ Novœ, anii. 1111. VIII, XI. — Fragm. Iiistor. [Hislorieiis de
' Uideiicus Vital. 1. XI, p. 82/1. et not. France, t. IV, p. 9/1, 98.1 -Anna CiOmnena,
ad Annam. I. XII, p. 3/i(3. — Citron. Marcum. I. III
* Necrol. Molism. c. iv. — Conin. Aimoini. I. V, c. \lviii.
'■ Necrol. Ctissiu. — -Falco Denevenl. ' Fulcherius Carnot. I. II, c. wviii. —
" Anonyni. Barensis. Guibert. I. VII, c. \\\iv. — Roinunld. ami.
' Baronius, Annal, ann. iiii. iio5. — Suger, in Ludonic. VI, p. û88.
' Chron. Cnssùi. I. IV, c. l. — Fulcherius '° Chron. Fossœ Novœ, ann. 1 1!20.
Carnot. I. Il, c. wvni. — Guibert. I. VII. " Uglielii, Arch. Benev.if 17; Arch. Tti-
c. x.wiv. — Willelmus Tyren. 1. XI. e. 1. — rcnl. n° ai ; Arch. Juvenaccitsi , epist. n" It.
23.
180 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
vcnl, y reçut les hommages du duc Guillaume et des grands de la
Pouille; et, de là, estant allé à Bari, il mit eu liberté la femme de
Hoémoud, à la(|uellc elle donne le nom de reyne, parce qu'elle estoit
fille de roy. [Elle était morte, en 1 12G '.]
. Tancrède [prince de Galilée] fut clioisy - pour prendre le gouver-
ueuieiit de la seigneurie d'Antioche, durant la prison de Boémond.
(|ui avoit esté [tris en une rencontre par les Sarrazius, l'an 1100.
comme son principal héritier, et jusques à ce quil auroit recouvré la
liberté. Il estoit fils d'Eudes* Bon-Marchis, ou, comme quelques an-
leurs le nomment, Marchis ou Marquis, et d'une des filles de Robert
Guichard, dont le nom a esté supprimé par l'histoire. [Elle est nommée
Ennna dans IHistoire de la guerre sacrée, publiée par Mabillon *.]
D'où vient cpi'Eudes est nommé par Orderic^ sororius de Guillaume
de Grantmesnil, c'est-à-dire beau-frère de par sa femme, 1 un et l'autre
ayant espousé deux sœurs, filles de Robert, dont l'une, femme de Guil-
laume, fut Mabile. Ainsy Tancrède'' estoit neveu de Boémond, qu'Al-
bert d'Aix '' et quelques autres qualifient oncle, avunculus, de Tan-
crède^. Boémond fut deux ans prisonnier, au rapport d'Albert d'Aix'-'
et de Foucher de Chartres '", ou, selon Guillaume de Tyr^' et Mathieu
' Voir plus bas . ;i i'niticle dp son lils Boé-
mond IL
^ Albertus Aquensis, I. VU, c. \xvir,
\Lv. — Fulclier. Carnotens. 1. Il , c. vi.
— Willel. Tyr. I. X . c. v. — Gesta Fran-
cor. exp. Hier. 1. I, c. xxxviii. — Abb. Us-
perg. ann. 1102. — Mathieu Paris, ami.
1101.
' Ordencus Vital. 1. Vlil , p. 717; 1. i\.
p. -j-ih. — Romuaid. ami. iiii. — Tu-
dpbod. I. I et IL — Anna Comnena, I. XI,
p. 34i.
' Voir la note ci-après.
' Ordericus Vital. I. VII, p. 6i5.
" Anna Comnena. I. XIII. n. iio.
' Albertus Aquensis, I. Il, c. xix. — Wil-
lelmus Malmesb. 1. IV, p. i5i.
■' Du Gange , dans ses Familles Normandes .
fait la mère de Tancrède sœur et non pas
lille de Robert Guiscard, de sorte que, dans
ce cas, Marc Roémond et Tancrède auraient
été cousins. C'est aussi l'opinion de Sébas-
tien Paoli {Cod. dtplomat. t. I, p. 38(î); il
cite, entre autres preuves, l'Histoire de la
guerre sacrée, publiée par Mabillon {Mu-
sœuiH halicum, t. I, p. i36).
" Albertus Aquensis, I. IX, c. xxxvi.
'" Fulcber. Carnot. I. II, c. xxi.
" Willelmus Tyr. 1. X , c. xxv ; i. XI . c. iv.
V, VI.
LES PRINCES D'AINTIOCHE. ^ ' 181
Paris ', quatre ans. La chronique du Vigeois^ dit qu'il lut délivré pai-
l'intercession de saint Léonard. Estant retourné à Atitioche, il entre-
prit incontinent après son voyage d'Italie, d'où il passa en France ^
durant lequel il donna la garde de sa principauté à Tancrède, son
neveu, et ayant espousé, durant son voyage de France, Constance,
fille du roy Philippe \", il obtint" en mesme temps, pour Tancrède.
Cécile, fille naturelle du mesme roy, et qu'il avoit eue de Bertrade
de Montfort. Enfin, Boémond estant décédé en Italie, Tancrède retinl
la principauté d'Antioche tant qu'il vécut, c'est-à-dire jusques en
l'an 1 1 1 -i ^, qu'il décéda au mois de décembre. Il lut inhumé en la
ville d'Antioche, en l'église de Saint-Pierre. La princesse Cécile",
après la mort de son mary, duquel elle n'eut point d'enfans, es-
pousa, en secondes noces, Pons, comte de Tripoli.
Roger, très-illustre et jeune chevalier, dit Albert d'Aix\ fut cli<)is\
par Tancrède ^ et par sa dernière disposition, pour lui succéder en la
princi]iauté d'Antioche, à condition de la restituer au jeune Boémond,
fils du prince Boémond, et à ses iiéritiers, lorsqu'ils en feroient la
demande. Guillaume de Tyr^ Foucher de Chartres^», et quelques
autres ", luy donnent pour père Richard, qu'Orderic Vital '^ qualifie du
titre de prince, parce qu'il estoit prince de Salerne , en Italie. C'est ce
Richard qui fut fait prisonnier par les Sarrazins avec Boémond, et qui
estoit fils de Guillaume, comte du Principat au royaume de Naples.
' Mathieu Paris, p. 42. " Alberlus Aquensis, I. XII, c. \i\. —
^ Chroii. Vasiense, part, i, c. xv, xxxiii. Willelmus Malmesb. 1. IV. p. i53.
' Alberlus Aquensis, 1. IX, c. xlvii. — ' Alberlus Aquensis, I. XII, e. a.
Fulcher. Carnol. 1. II. c. xxv. * Willelmus Tyrens. I. il, e. x; I. \I.
' Willelmus Tyr.l. XI, Cl. — AnnaComn. c. xvni.
I. XII, p. 346. ' Willelmus Tyr. 1. XI, c. xvin, xxii.
' Albertus Aquensis, I. XII, c. viii. — " Fulcber. Carnot. I. II, c. xlvu.
Fulcher. Carnol. 1. II, c. xlv. — Hisi. Hier. " Mathieu Paris. — ,Egidius de Roya. —
p. 609. — Willelmus Tyr. 1. XI, c. xviii. — Willelmus Malmesb. I. IV, p. i5o. — Ro-
Robert. de Monte, ann. 1112. — yEgidius 'muald. ann. 1119.
de Roya, ann. 1119. '" Order. Vilal. I. X . ]>. 802.
182 LRS FAMILLES DOUTRE-MRR.
IVère de Robert Guicliard, d'où vieiil, qu'/\lbert d'Aix' dit qu'il estoit
Norman de nation, et proclie parent de Tancrède -. Le nicsnie auteur^
nous apprend que Hoger estoit neveu de Tancrède par sa sœur; d'où
il faut conclure que le prince Richard avoit espousé la sœur de Tan-
crède, (jui estoit sa proche parente. Les escrivains du temps* louent
le prince Roger pour sa valeur, mais ils le blasment tous pour ses dé-
fauts et ses vices, racontant qu'il fut dans le dernier abaiidonnement,
dans la dissolution et l'avarice; que c'estoit un adultère public, et qui
ne gardoit ny foy ni parole^, ayant refusé tout le temps de sa vie de
leslituer la principauté d'Aiitioche au jeune Boémond, qui estoit dans
la Pouille, et à qui elle appartenoit de droit. Le Cartulaire de Ma-
nosque nous représente quelques titres de luy, avec la qualité de
prince d'Antioche, de l'an 1 1 18.
I Par un de ces actes, du h juin'', il confirme à l'hôpital de Jérusalem les
donations (|ui lui ont (''té faites dans toute l'étendue de la principauté d'An-
tioche.]
II mourut l'année suivante, ayant esté tué en une bataille contre les
Sarrazins, vers Arcas\ 11 espousa, selon les auteurs du temps ^ la
sœur de Baudouin II, roy de Hiérusalem; mais, si ce qu'Orderic^ a
escritde Melaz, fdle du sultan Daliman, est véritable, sçavoir que cette
dame ayant embrassé le christianisme à la persuasion du prince Boé-
mond , durant sa prison , et ce prince en estant échappé par son adresse ,
la maria à Roger, fils de Richard, qui estoit tenu captif avec luy. il
' Albertus Aquensis, 1. III. c. xv; 1. VII .
C. WMII.
" Anna Comnena, I. XIII. p. ioa.
Albeilus Aquensis, i. XII, c. ix, xii.
' Wilk'lmus Tyr. 1. XII, c. x. — Willel-
rans Maimesb. i. IV.
' Willelmus Tyr. I. XII, c. ^. — Fulcher.
Carnot. 1. III, c. m. — Ganter. BellaAntioch.
— Historia Hierosolym. ann. 1119.
'■ Cod. diplom. t. I, n" 6. p. 6, 389,89(1,
40/..
' Fulcher. Carnot. \. III . c. iir. — Ganter.
]). i53. — Ilisi. Hieros. ann. 1119. — ^Wil-
ielmus Tyr. I. XII, c. i\. x. — Ordericus
Vital. 1. XI, p. 8-3i.— Robert, de Monte —
.Egidius de Roya. — Willelmus Mnlniesb.
1. IV, p. i5i. — ^elnaad , Extraits des hist.
iirahes , p. Sg-ZiS.
* Fulclier. Carnot. 1. Ill, cm. — Ganter,
p. i6 1 . — -Willelnius Tyr. 1. \l. c. \xn; I. \II.
c. vni, xn.
' Ordericus Vital. I. X. p. 802.
LES PRINCES D'ANTIOGHE. 183
faut inférer que Roger espousa cette dame en preniièn^s noces, quo\-
que, pour dire le vray, ceia ressente un peu le roman, et vu d'ailleurs
que les escrivains qui demeuroient outre-mer n'ont rien laissé par escril
de cette circonstance. 11 ajoute ' encore que l'empereur Alexis Coin-
nène rechercha la fille de Roger pour Jean Comnène, son fils aisné.
qui fut depuis empereur, ce qui ne peut estre, d'autant que Jean estoit
marié'-; et Irène, sa femme, ne décéda qu'en l'an i 126.
Raudouin, 1^ du nom^, ro\ de Hiérusalem, ensuite de la défaite et
de la mort de Roger, vint avec Pons, comte de Tri])oly, et une armée
considérable en la ville d'Antioclie, après avoir combattu les Sarra-
zins, et les avoir vaincus en bataille, et y fut reconnu [)rince et sei-
gneur de cette principauté par le clergé et le peuple, à condition*
(}ue, pour le bien public, il donneroit sa fille en mariage au jeune
Boémond. à qui la principauté d'Antioche appartenoit, si ce prince \
donnoit son consentement, et qu'il vinst à Antiocbe. pour gouverner
cet Estât par ses conseils et par ses secours.
Boémond, IP du nom ^ surnommé le Jonne, prince de Tarente, ayant
terminé les différens qu'il avoit avec Guillaume, duc de la Fouille,
son oncle, pour les Estats d'Italie qu'ils disputoient respectivement,
avec cette clause que, l'un d'eux venant à décéder, le survivant lui
succéderoit en tous ses biens, passa de la Fouille, où il fut élevée
dans la Syrie, après l'an 1 ia6; car en cette année il estoit encore en
la Fouille, comme on recueille d'une de ses patentes'', datée du mois
' Ortiericus Vital. I. II, p. 83o. clicr. Caiiiot. !. 111, r. lvii. lxi. — Orderic.
- DuCangc, Familles By tant. \^. 179. Vital. I. XI, p. 8-i5, 83i. — Math. Paris.
' Gauter. p. i58. — //w(. Hkrol. ann. p. 48. /ig. — Uglielli. Italia sacra, t. Vil,
1119, p. 61.5. — Willelmus Tyrens. 1. XII. p. 1 1 'j ; t. IX, p. 173. — Romuaid
ann.
c. XII.— Orderic. Vital. 1. XI. p. 8o5. — Ro- 1127.
bertus de Monte, ann. iiio- — Willelmus " Chron. Cassin. 1. IV. c. l.
Malinesb. 1. IV, p. i5i. ' Paulus yEmilius Sanctorius. Hist. (An-
' Gauter. p. i58. bon. motitisl.
' Willelmus Tyr. 1. XIIl, c. xxi. — Fiil-
18A LES FAMILLES DOUTRE-MER.
(If janvior fie l'an du monde, selon les Grecs, 6636, indiction 6, qui
revient à l'an de Nostre-Seigneur 1126, par laquelle il donne le mo-
nastère de Saint-Bartliéiemy de Tarente, que Constance, sa mère,
alors décédée, avoit fait bastir pour des religieuses, à Nilus, abbé de
Saint-Anastase de Carbon; et ce, du consentement des archevesques
de Rari, d'Otrante et de Brindes. 11 passa donc dans la terre sainte,
dans la persuasion qu'il avoit que le roy Baudouin luy restitueroit
la principauté d'Antioche, qui luy appartenoit légitimement de la
succession du prince Boémond ^% son père. En quoy il ne fut pas
déceu, car le roy, sur l'avis de son arrivée, luy alla au-devant, et
luy rendit la ville et toute la principauté, qu'il avoit conservée avec
beaucoup de soin et de peines contre les attaques des Sarrazins; et
ensuite il luy donna en mariage la princesse Alix, sa seconde fdle. Ce
prince estoit alors, au rapport de Guillaume de Tyr', un jeune sei-
gneur, bien fait de sa personne et d'environ dix-buit ans, baut de
taille, ayant la teste blonde et un visage affable et courtois, (pii mar-
quoit la grandeur de sa naissance, mesine à ceux qui ne la coiuiois-
soient point, libéral et magnifique comme son père; et qui enfin eust
esté un des plus grands princes de son temps, si la mort prématurée
ne luy eust trancbé le fil de ses jours. Car, après avoir repris Ca-
pliarda, au siège de laquelle place il signala sa valeur, il fut tué en
un combat ■•^, qu'il entreprit inconsidérément avec Rodoan ^ [Zengbi,
nommé par les Occidentaux Sanguin], sultan d'Halape [Alep], où il fut
abandonné lascbemenl des siens, l'an ii3i, laissant de son mariage
ime fille unique, nommée Constanco^. Son corps fut trouvé sans teste ^,
et fut iniiumé, au mois de février, au monastère de Nostre-Danie, qui
' Willelmus Tyr. 1. XIII, c. \\i. en 1 1 1 h. Le sultan actuel était Emacl-eddin-
" Willclnnis Tyr. I. XIII, c. .xxi, xxvi, Zonfflii I", ou Sanguin, comme le nomme
wvii. — Matli. Paris, j). luy — Ordericus ()rdericVital.SelonGuillaumedeTyr(l. .XIII,
Vital. I. XI , [). 83 1 . — RomualJ. ann. 1 1 çi- e. xxvii). Sanguin était un autre chef des
1 .1 1
Turcs, dont Alix rechercha l'alliance,
kl (Jaugea suivi ici Guillaume de Tyr. '' Willelnuis Tyr. 1. XXI. c. \xvii.
r|ui nomme Rodoan le sultan d'Alep régnant ' Roniuald. nnn. 1 1 3 1 . — Muratori, t. VU,
alors; mais Rodoan ou Rodonan était mort col, 187 d.
LES PRINCES DANTIOCHE. ' 185
estoit près du sépulchre de Nostre-Seigneur, à costo du niosme sépid-
chre ' [sur la droite].
Après la mort de Boémond, le roy Baudouin, son beau-père, prit
derechef le soin et le gouvernement de la principauté d'Antioclie, d'où
il chassa sa fdle Alix, veuve de Boémond', qui vouloit s'en rendre la
maistresse. Estant mort incontinent après, la princesse fit ses efforts
pour y rentrer, et, à cet effet, fit alliance avec Pons, comte de Tri-
poly, et Joscelin le Jeune, comte d'Édesse^ Mais Fouques, roy de Hié-
rusalem, ayant esté appelé par ceux d'Antioche, défit le comte de Tri-
poly, et prit possession de la place et de la principauté, dont d donna
le gouvernement à Renaud Mansuer, seigneur de Margat, personnage
de naissance et vaillant.
[En l'année 1 134, le roi Foulques confirma, comme haile d'Antioche, une
donation faite au Saint-Sépulcre de Jérusalem ^ L'acte est daté de son palais
d'Antioche. ]
11 est probable ^ que ce fut après la mort de Baudouin que ceux
d'Antioche envoyèrent offrir la fille de Boémond à l'empereur Jean
Comnène, pour son jeune fils. Manuel, qui luy succéda depuis à l'em-
pire; ce que cet empereur ayant négligé, il se forma entre les François
et les Grecs une inimitié mortelle, ijui donna depuis matière à de
grands démeslez entre eux. Cependant
Raymond de Poitiers, ou le Poitevin ^ comme d est nommé par les
Grecs et par le juif Benjamin", fut mandé à Antioche \mxv le roy Fou-
' La phrase latine de Romuald semble ' CartuL S. Sepiilc. n" 8.1, ji. iG.5, iGti.
plus claii-e que celle de Du Gange : «... et ' Cinnamus, 1. I, p. i4. i5, 1" édit.
rrsepultus in inonasterio Sancta; Maria?. ° Nicetas.
fquod estjuxtasepulclirum nostri Redeiup- ' Le mot Pitibin, pr&édé de l'article
fftoris, in dextera parte ejusdem sepulcliri." l''3il2''Dn, qu'on lit dans le texte de Benja-
- .-Eoid. deRoya, ann. 1128. min, immédiatement avant le mot papa.
' Willelmus Tyr. i. XIV, c. v, ix. — Or- également précédé de l'article, NCDH (édi-
dericus Vital. I. XII. p. 88((. — Mathieu tion Constantin Lempereur. p. 3i), ne pa
Paris, p. .TO. ann. 11 33. raît pas devoir s'appliquer au prince Ray-
ai
186 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
([ues', à qui il estoil parent, pour ospouser la princesse Constance. Il
esloil pour lors en la cour d'Henry, 1" du nom, roy d'Angleterre, du-
(juel il avoit receu l'ordre de chevaltu'ie. Ce seigneur- estoit [comme il
il le dit lui-même, de l'illustre iamille des Poitevins, c'est-à-dire des
comtes de Poitiers], (ils puisné de Guillaume, IX^ du nom, duc de
Guyenne (et non d'Austriche, comme veut un auteur aleman^), et de
Philippe, dite Malhildc, de Tolose, et frère de Guillaume X, dernier
duc de Guyenne. 11 prit naissance en la ville de Tolose, comme nous
a])prenons de la Chronique de Maillezais *, et estoit, au rapport de
Guillaume de Tyr\ un personnage d'une riche taille et d'une helle
prestance, alTahle et courtois à tout le monde, qui surmonta ceux qui
le précédèrent en valeur et en expérience, au fait des armes, grand
amateur des gens de lettres, sobre dans son vivre, magnifique et libé-
ral à l'excez; et, pour achever son éloge par celuy que luy donne Guil-
laume de Neubourg^ il fut le bouclier et le défenseur des chrestiens
dans l'Orient, et se transmit en quelque façon par le nombre de ses
iiiond (le laitiers. I^a phruse tie lauleur
sernljle signifier : it Cette ville (Anlioclie) est
rr lapins f'orlo de tout l'empire de ceshniiiiiies
'fiers qui suivent la foi du pape l^ilivin."
Est toi lus imperiiferociuii! Piliviiii piijnr Jidi'iii
(impleclcntiinn munili-tsiiiKi. Telle est la tra-
duction de Constantin Lempereur. L'autre
Iraducteur, Arias Montanus, s'est conlenlé
(le dire (p. 3i) : Esicjiic miiiiilissima m-bs di-
lionis diJpdcHtiiiin a fidr uostrii. (ionslantin
l>eni])ereur. dans ses notes, pense que jinpiv
signifie ici le patriarche d' Anlioclic , et il cher-
che vainement dans Pitivini un nom propre
(le palriarclie. Mais il faut plul(')t regarder ce
mot comme un adjectif, et l'expliquer par
le patriarche poitevin , soit parce que ce pa-
triarche d'Aiitioelie, quel qu'il fût en ce mo-
ment, était le patriarche d'une ville soumise
à un seigneur poitevin d'origine , soit parce
que le patriarche vivant au moment où écri-
vait Benjamin était Aimeri, natif de Limo-
ges, élevé à la dignité patriarcale par la fa-
veur du prince Raymond le Poitevin , et que
Limoges, alors vicomte mouvant des comtes
de Poitiers, était eu qnelque sorte mie dé-
pendance du Poitou. Dans tous les cas, ce
ne peut être à la personne mt'me de Ray-
mond, mort en i lit), que s'applique cette
qualification . de la part d'un auteur qui écri-
vait en 1 17;! et qui parlait de ce qu'il avait
vu trois ans auparavant. (Voir plus loin Lex
Seigneurs de Gihlet.)
' ^Villelnu^s Tyrcns. I. XI\ , c. ix, \\. —
Willehims Genietic. I. MI, c. \lhi. — Math.
Paris, ann. 1 lo-?. — Rohert. de Monte, ann.
1 i3o.
'" Cliron. Vosiense , 1. I, c. xxxiii , xxxix.
— Ph. Mouskes. — Cartiil. S.Sepiilc.\i. 178.
' Jac. Wimpheling. Ejjit. rerum Genn.
' Citron. Malleac. ann. 1099.
"' Willelmus Tyr. 1. XIV, c. xxi.
" Willelmus Neuhriff. I. I, c. xxi.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. 187
belles actions et de ses victoires la gloire de l'ancien Machabée. Enfin,
Cinnamus ' dit qu'il estoit un autre Hercules. Mais tous ces avantages
furent ternis, ou plutost obscurcis par quelques défauts ^ car il estoit
d'un naturel prompt, se laissoit emporter par l'impétuosité de son es-
prit dans les occasions ; il n'estoit pas niaistre de luy-mesme quand
d estoit en colère, raisonnoit peu, n'estoit pas beureux, avoit peu
de prévoyance, et enfin il estoit adonné extraordinairement aux jeux
de dez.
11 commença à entrer en possession de la principauté d'Antioche
vers l'an ii36, comme on peut recueillir d'un titre ^ de luy et de
Constance, sa femme, du mois d'avrd [19], l'an 11/10, indiction 3.
qui est marqué estre le quatrième an de sa principauté [extrait du
Cartulaire du Saint-Sépulcre, d'un autre acte du même joui', môme
année, tiré du même cartulaire*]; et d'un autre qui est au Cartulaire
de Manosque^ en Provence, du 1" février, l'an 1 1/18, indiction 12.
qui est marqué estre le treizième °. Or, en cette année 1186, Constance
n'avoit pas encore atteint i'age nubile, son père n'ayant contracté son
mariage qu'en l'an 1126, ce qui est aussi remarqué ])ar Guillaumi-
de Tvr \
D'abord que Jean Comnène, empereur de Gonstantinople, eut ap-
pris (jue la ville d'Antiocbe avoit esté mise entre les mains de Ray-
mond, et que Constance luy avoit esté accordée en mariage, oiïensé
de ce que cela s'estoit fait sans sa participation, prétendant estre sei-
gneur direct de cet Estât, [il] leva une puissante armée, avec laquelle il
s'acbemina vers Antiocbe; enleva d'abord au prince les villes de Tarse.
' Cinnamus, 1. III. p. i35 de la 1" éJi- '' Cartul. Manosc. — Cnd. dqilom. t. I
tiiin. "° 2S' P- a?-
- Willelnms Tyr. 1. \IV, c. xxi; i. XVI. " Nous pensons que l'acte donné dans le
Gei-ta Ludovici VU, régis Franco- Codlce diplomatko est celui que Du Cange
c. IV
rmn, c. xxv. avait vu dans le Cartulaire de Manosque .
'' Aux Preuves de XHisl. des Chasteign. et qu'il est de l'an 11 49 (nouveau style), cj
p 3_ qui s'accorde avec les autres indications
" Cartul. S. Sepulc. n" 88, 89, p. 169- chroiiolog-iques de l'acte.
,j.2-i^S. ' Willelmus Tyr. I. XIV, c..\v.
24. '
188 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
(lAdaïui, (le Maniistre et d'Aiiavnrse [Anazarbo], dans la Cilicie, qui
avoienl, esté possédées parles |)riiires d'AiiUoche depuis quarante ans;
mit le siège devant la place, et la pressa de si près que Raymond , voyant
[lien ([u'il nepouvoit espérer aucun secours duroy de Hiérusalem, traita
avec l'empereur, et consentit de luy l'aire hommage lige de sa princi-
pauté et de luy accorder l'entrée de ses places à grande et petite force ',
c'est-à-dire aux conditions ordinaires des fiefs jurables et rendables '■^.
11 semble qu'en conséquence de cet accord lempereur laissa dans An-
tioche un gouverncui' de sa part, avec le titre de duc de la mesme
ville, comme ses prédécesseurs avoient fait au])aravant, et que celuy
(pii eut pour lors cette qualité fut Léo MaiopoJns, dux Antiochiœ. qui
souscrivit avec les barons de cette principauté le titre de l'an i lio,
dont je viens de parler.
[Ainsi (jue le second acfe^ du iikmik- jour, et un autre, également du prince
Raymond, du i" lévrier 1 1 Acj \
Mais si Léon fut duc d'Antioclie pour l'enipereur, il avait ('té établi dans
celte dignité par Jean Conniène, avant le mariage arrêté de Raymond et de
Constance, puisqu'on le voit, en i i3/i et 1 135, souscrire comme témoin deux
actes du roi Foulques °. Dans ces difl'érentes souscriptions, il est nommé Léo
Maiopolus, (lux Antiochiœ; Léo Maiopoli , (lii.v; Léo, dux MeopoJis, ou Mngnopo-
lis: ou enfin seulement Lco (hcr.
Léon eut, dans sa dignité de duc d'Anlioclie, des successeurs dont nous
donnons la suite un peu plus bas, à l'article de Roémond III.]
Guillaume de Tyr '\ pai'le du dessein que l'empereur, estant entré
dans la place, eut d'y laisser des trouppes, et qu'il en fut détourné par
une sédition qui s'émut parmy le peuple sur ce sujet.
Raymond se repentit incontinent après de ce traité, du(juel il se
' Willelmus Tyr. 1. XIV, c. sxiv, xxx. — ' Cni-iul. S. Scpuk. )>. 171, 177.
Nicetas,./o(7«îi.c.vii.— Orderic. Vital. 1. XIII. '' Codic. diplomat. t. I,i)° a. 5, p. 27.
p. (ji4. — Cinnamus, I. I, p. 17, 18, )35, ' Girtul. S. Sepulc. n" 85, 86, p. 166,
1'" édition. 167. — Assi.sci deJérus. (-dit.Beugnot J. II,
' Voir Du Gange, 3o' dissertai imi sur p. igi, 11° i,"5.
Jninville, p. Sig et suiv. '' VVilletnius Tyr. I. XV, c. ni, i\.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. ' 189
rétracta, par les persuasions de Hugues, cvesque de Gibei ou Zebol'.
L'empereur, irrité de celte infraction de paix, retourna en la province
d'Antioche et ravagea la campagne. Mais, comme il estoit dans la CÀ-
licie, la mort le surprit en l'an nlx'd. Manuel, ayant succédé à son
père, envoya une armée navale et une autre de terre, pour achever
de réduire ce prince, qui se trouva à de si grandes extrémitez qu'il
l'ut obligé de venir à Constantinople et de faire hommage lige à l'em-
pereur'-. Estant de retour à Antioche, il y reçut Louys, VIP du nom.
roy de France, lorsqu'il passa dans la terre sainte, et le traita magni-
fiquement, dans l'espérance qu'il obtiendroit de lui un secours consi-
dérable pour recouvrer ses places , qui luy avoient esté enlevées par
les payeuse Mais, s'estant vu frustré de ses pensées, il en conçut un si
grand dépit qu'il résolut de s'en venger : ce qu'il fit en persuadant à
sa nièce, Aliénor de Guyenne, femme du roy, et qui estoit une de ces
femmes folles, connue écrit Guillaume de Tyr, de se sépai'er d'avec
son mary. Enfin, il fut tué dans une bataille contre Noradin, qui estoit
venu ravager ses terres, s'estant avancé trop avant dans les troupes
ennemies, desquelles il se trouva accablé, et finit ainsy ses jours, le
27- jour de juin, l'an 1168*, après avoir tenu la principauté l'espace
de treize années.
[il faut reculer la mort de Raymond au mouis jusqu'en l'année iiAy.
puisqu'on a de lui un diplôme ^ en faveur de l'hôpital de Saint-Jean de Jéru-
salem , daté du 1" février 1 1 ig , indiction 1 -2 , la treizième année de son priii-
cipat. Mais il est très-probable qu'il ne vécut pas au delà de cette année.
' Willeimus Tyrensis, I. XV, c. i, 11 et mus Tyr. 1. XVI. c. xxvii. — Willelmus
seq. XIX, XX, xxi, xxii. — Ollio Frising. Nanguis. Cliroii. ann. iiig.
I. Vn , e. xxvni. xxxin. — Nicel. Joann. " Willeimus Tyr. 1. XVH, c. i\, — Wil-
c. n. _ Jo. Tzetzes. Episl. ad Mclrophav. ielmus Neubrig. i. I, c. xxi. ~ Math. Paris.
patriarcli. [). afiy. — Gimiamus. 1. III. ann. iikS. — Chron. Normann. ann. iii6
p. ,3i. et 11 53. — Robert, de Monte, ann. 11 40.
- Cinnamus. I. II, p. 33, 34, 36; — Ginnamus, 1. III, p. i3i. — Mog-. C/iron.
I. m, p. i35. --iNicetas, Manuel, i. I. Belg. — Peu. Ven.].\l, ef. 18 , içf. — Wic.
c. II.
Trivett. ann. 1 i5o.
Gesta Ludorici VU, c. xv. — Willel- ' Cod. dlpIomaH. I. n° 25, p. 27.
190 I.ES FAMILLES IVOUTRE-MElî.
puisque, on i i So, la princesse Constance conlirme une donation en laveur du
inèine ordre, par des lettres' où il n'est pas lait mention du prince Raymond.]
Son corps fut poi-t*'" i\ Aiitioche, où il l'ut iuhuiné au vestibule de.
l'église (le Sainl-Pierre, au tombeau de ses pi'édécesseurs.
[Dans ses diplômes 2, Raymond se dit prince d'Antioclie, et a|)pelle son do-
maine royaume. Dans l'un de ces actes, il remarque que, depuis la troisième
anm^e qu'il a obtenu le trône du roijaiime d'Antioche, il s'est rendu à Jérusa-
lem pour y adorer les lieux saints.]
Il laissa , de sa femme Constance *, deux fils et deux filles : sçavoir,
Boémoiid, qui fut prince d'Antioche; Baudouin, qui suivit la cour et
les armées de l'empereur Manuel, et mourut à son service, vers l'an
117/i''; Pbilippie, qui espousa Andronique Comnène, qui fut depuis
empereur ^ et, en ayant esté répudiée, se remaria avec Humfroy de
Toron, connestable de Hiérusalem, vers l'an 1176; et Marie, mal
nommée Marguerite dans le Lignage d'outre - mer '^, et Constance par
le Continuateur de Sigeberf. Cette seconde lille fut mariée à Manuel
Comnène, empereur de Constantinople, et fut nommée par les Grecs
Xène, c'est-à-dire et estrangère*. n La princesse Constance , après la mort
de son mary, mit ses Estats en ia protection de l'empereur Manuel °,
qui voulut luy faire espouser Jean Roger'", qui estoit revestu de la di-
gnité de césar de l'empire, et qui s'estoit allié en premières noces avec
Marie Comnène, fdie aisnée de l'empereur Jean"; mais l'ayant rebuté
' Cod. diplomat. t. I, n° ay, p. 29, 3o. ' Chron. Nonn. ann. 1 1 40. — Robert, de
' Cart. S. Sepulc. n"' 88, 89, p. 170. Monte, ann. iiGi.
171, 178, 177. ' Ginnaraus. — Nicetas. — Hoveden. —
' Willelmus Tyr. I. XVII, c. x. — Rain. Chron. Vosiense, c. xxxui. - - ^Egidiiis de
Epist. [Historiens de France, t. IV, p. 580.") Roya, ann. 1 166. — Du Gange, Famil. Btj-
— Cod. diplomat. t. I, n° 76, p. 76. lunt. p. 186.
* Nicetas. Manuel. I. V. c. viii; 1. VI . ' Ginnanius, I. IV, p. ig.S.
c, 11. " Ginnanius. I. III, p. i3i, i3-j; I. IV.
' Willelmus Tyr. I. XXI, c. xiii. — Du p. 198.
Gange, Famil. Bij~ant. [>. 190, 191. " Voir la famille des Goninènes, dans Du
' Lignriffes d'outre-mer^ c. iv. Gange, Famil. Aug. Bijzanl. p. 180.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. 191
n cause fie son âge, elle se remaria, sans en donner avis à Manuel,
avec
Renaud', de Chastillon sur Loire, seigneur de Gien sur Loire ^ qui
avoit pour sœur ia mère de Renaud, seigneur de Montiaucon en Rrie.
et d'Aveline, femme d'Ursion, seigneur de Nemours et de Tracy. Ce
mariage se fit sur la tin de Tan 1 15;:!, ou sur le commencement de
l'an 1 1 53 , durant le siège d'Ascalon [comme on peut le conclure d'un
diplôme de Renaud et de Constance ', en faveur de l'hôpital de Jéru-
'salera, daté de l'an 1 155, et de la troisième année du principat de
Renaud, c'est-à-dire la troisième depuis son mariage]; car Gdles de
Roye* le rapporte mal à l'an ii6o. 11 s'est pareillement mépris au
surnom de Neeïle, qu'il donne à ce prince contre la vérité. H estoit
pour lors à la suite et dans les troupes de Baudouin 111, roy de Hié-
rusalem, du consentement duquel il parvint à cette illustre alliance ^
la princesse l'avant préféré, quoyque simple chevalier, au frère (hi
prince de Capoue, qui estoit en la cour de ManueP, et à plusieurs
autres seigneurs de haute condition qui la recherchoient. Cinnamus'
dit qu'elle fit ce mariage à la persuasion de la noblesse d'Antioclie.
qui appréhendoit que, si elle se laissoit marier par l'empereur, tout
son Estât ne devinst tributaire de l'empire.
Incontinent après estre parvenu à cette dignité, il [Renaud] se con-
cilia les Pisans, qui estoient en ce temps-là puissans sur la mer. et.
avec la princesse Constance, sa femme, il leur donna une portion de
terre près le port de Laodicée, pour y construire une maison au-des-
sous de l'église de Saint-Hélie. vis-à-vis de la maison du Temple ^ Il
leur donna encore une maison en la ville d'Antioche, qui avoit appar-
' Alhericus, ann. 1167. laoi. 1. XVIII. c. i,.\, xvii.xviii. — Sanutus, 1. III .
' Histoire manuscrite d'outre- mer. part. 6, c. xx.
^ Cod. diphmiil. t. I, n" 3i , p. 36. " Cinnamus, I. III, p. i3i.
399. ' Cinnamus, 1. IV. p. 19a, 198 etsecj.
* yEgidius de Rop. ' UghelJi , Italia sacra . t. III . p. 663 , Ar-
^ Willelmus Tyr. 1. XVII, c. xxi, xxvi; clàep. Pisanico.
192 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
tenu h une dame nommée Odette de Tyr, et leur donna l'exemption
de la moitié des péages dans toutes ses terres. Ces lettres furent expé-
diées au palais d'Antioche, le lo'' jour de may, l'an i i5Zi.
lienaud se concilia aussy l'amitié de Manuel, <jui l'employa contre
Toi'os, prince de Cilicie et d'Arménie, lequel il défit. Mais comme il
vit que l'empereur diiïéroit de hiy donner la récompense qu'il luy avoil
promise, il se jeta sur l'isle de Cypre, la ravagea, et défit une partie
des trouppes impériales '. Cette action donna sujet à Manuel de faire
marclier l'armée qu'il avoit levée contre Toros dans l'Estat d'Antioche
contre Renaud, lequel voyant bien qu'il n'avoil point de forces pour
résister contre un prince si puissant, (ju'il avoit grièvement offensé, le
vint trouver en Cilicie, en liabil de coupable, la teste nue, les mains
découvertes jusques au coude, les pieds nus et la corde au col, suivy
du peuple d'Antioche, et obtint par ce moyen son pardon. Le mesme
auteur semble dire que ce ])rince se trouva nécessité à cette bassesse
])ar la considération du patriarche, qu'il avoit autrefois maltraité et
mesme emprisoiuié, <pii avoit promis à l'empereur de le livrer entre
ses mains avec la place. Manuel entra ensuite à Antioche et y fut reçu
avec grand appareil, comme il est amplement rapporté par Gudlaume
de Tyr^ et Nicétas. Le dernier donne mal en cet endroit le nom de
Gérard au prince, s'estant probableuient mépris par la rencontre du
nom de Gérard, évesque de Laodicée, par le conseil et en la compa-
gnie duquel Renaud vint trouver l'empereur en CiHcie. Estant ainsy
rentré en la paisible possession de ses Estats, sous l'hommage de l'em-
pire, il fit diverses entreprises contre les Sarrazins, dans l'une des-
quelles^ il fut fait prisonnier, près de Marésie, par Magedin, gou-
verneur d'Halape, et conduit en cette ville, le 28 de novembre,
' Cinnauius, i. IV. — Nicetas, Manuel, ' WillelQuis Tyr. I. XVIII, c. xwiii. —
I. m. c. m. — VVillcInius Tyr. 1. XVIII. Epist. inincip.in Gest. Dci , p. 1176, 1178,
c. xxiii, .\sv. et Historiens de France, t. IV, p. 689. 692 .
" VVilielnius Tyr. 1. XVIII, c. 1. — Ciiina- Ggi. — Sanutus, 1. III, part. 6, c. xx. —
mus, 1. IV, p. 196. — Du Gange, .3o' rf/i- Robert, de Monte, ann. 116',. — Nicol.Tri-
sertntion sur Joinville, p. 857. vct. ann. 1 1O2.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. 193
l'ail 1 1 Go ' ; où il fut en captivité l'espace de seize années, après lequel
temps il fut élargi par Tentremise de ses amis et au moyen d'une
grande rançon qu'il paya'^.
La princesse Constance estant décédée durant ce temps-là, Boi'--
mond, son fils aisné, qu'elle avoit eu de Raymond de Poitiers, son
premier mary, devint prince d'Antioche, et le prince Renaud, après
avoir recouvré sa liberté, se remaria avec Estiennette, au droit de
laquelle il devint prince de Montréal, et mourut l'an i 187, comme
nous dirons ailleurs. Albéric * dit que Renaud eut trois filles de son
mariage avec Constance, dont la première espousa Manuel, empereur
de Constantinople, qui en eut le jeune Alexis; la seconde, Agnès, fut
alliée avec Bêla, roy de Hongrie, qui en procréa Aiinery et André,
successivement roys de Hongrie, et deux reynes, sçavoir, Constance,
reyne de Bohesme, et Marguerite, reyne de la Grèce. La troisième,
nommée Alix, fut mariée au marquis d'Esté, en Italie. Quant à la pre-
mière, il est constant (ju'il s'est mépris, et ([ue la fille de Constance
qui espousa Manuel estoit du mariage avec le prince Raymond, comme
Nicétas=^ et les autres auteurs escrivent formellement, car Manuel l'es-
pousa vers l'an 116/1, auquel temps Renaud ne pouvoit avoir des filles
en âge nubile, ne s'estant marié qu'en l'an 1162. D'ailleurs, Guillaume
de Tyr'> dit qu'elle fut la dernière fille de Constance, et sœur ger-
maine de Boémond 111, prince d'Antioebe. Nicétas'Tait mention du ma-
riage d'Agnès avec Bêla, roy de Hongrie. Quant à la troisième, qu'es-
pousa le marquis d'Esté, Jean-Baptiste Pigna et Hiérome Falet, qui
' Au mois de mai-s précddent, 1160 ami. 1162. — %iclius de Roya. ann.
{more roniano), de concert avec sa femme 1 176.
Constance, Renaud avait confirmé la vente ' Voir Les Princes de Montréal.
d'une gastine, ou terre inculte, faite aux ' Alljeric. ann. 1167.
Templiers par Rainald ou Renaud, seigneur ' Nicetas, Manuel, 1. UI, c. v.
de Margal. {Codke diphmat. t. 1, n" i63. ' Willelmus Tyr. 1. XVIII, c. xxx, xxxi :
p. 206.) 1. XIX, CXI.
■ Willelmus Tyr.l. II, CXI, siv.—Monac. ' Nicetas, Mnnwe/, 1. V, c. viu; Alei.
S. Mariani, p. 89. — Roger de Hoveden. Manuel, filitis, c. xvi:. — Cinnamus, 1. VI
ann. 1187. p. 635. — Robert, de Monte. p. 3 19.
â5
19'. LES FAMILLES DOUTRE-MER.
oui écrit l'histoire et la généalogie ilc la famille d'Esté, ont ignoré cette
alliance.
BoÉMOND, 11^ du nom', surnommé le Bègue, ou k Banbe, comme
(III ])arloit alors, qui est un terme qni vient du latin halbm, fils aisné
di" Raymond de Poitiers et de la princesse Constance, prit possession
de la principauté d'Antioche après le décez de sa mère, et durant la
captivité du prince Renaud, son beau-père, en l'an 1 164, comme écrit
Gilles do Roye -, ce qui s'accorde avec un titre de ce prince, de l'an
I 170, <ju'il dit estre la septième année de sa principauté. Ainsy la
|)rincesse Constance mourut en cette année 1 166.
[Constance serait morte dès l'année précédente, s'il n'y a pas erreur dans
la date (ii63) d'un dijilônie de ce seigneur^ par lequel il confirme toutes
les donations faites à l'hôpital de Jérusalem par son pore, et les autres sei-
gneurs et harons de la principauté d'Antioche.
L'Art de vérifer les dates'' place aussi à l'année 1 163 l' avènement de Boé-
mond III au principat d'Antioche; mais il se fonde sur un acte ^ de ce prince
et (le sa femme Orgueilleuse , par lequel ils accordent à l'hôpital de Jérusalem
90 hesants, en échange de plusieurs maisons. Or l'acte étant daté de sep-
temhre 1 1 72 , la neuvième année de son principat, la première année du prin-
cipat de Boémoud III semble appartenir naturellement à l'an 1 i(î4. Il n'en
est pas de même d'un autre diplôme de Boémond '', également en faveur de
l'Hôpital, daté de janvier 11G7, la quatrième année de son principat. Cette
date permet de supposer que le principat de Boémond a commencé dans le
cours de l'année 1 163.]
Far ce titre [de 1 170], il confirme avec la princesse Orgueilleuse
(Urgolosa), sa femme, les donations et les privilèges que le prince
Renaud, son beau-père, avoit accordez à ceux de Pise.
H fut fait prisonnier en la bataille qui fut livrée par les François
' Lignages d'outre-mer. ' Princes latins ou francs d'Antioche.
^ /Egidiusde Roya, arm. 1 i6i. — Ughell. ^ Cad. diplomat.t.l, n° i98,p. aûa.
//«?!« «ncm, t. III. p. Û76. ' Cad. diplomat. t. I. n" i3. p. i3.
■ Cnd. diplomat. t. I, n° 87, p. .38, 89. hk.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. 195
du royaume de Hiérusalem contre Noradin, près d'Harenc', piace as-
sise dans les limites de son Estât, et emmené à Hala|)o, le i o*^^ jour
d'aoust, l'an ii65, où il demeura l'espace d'un an, et jusques à ce
qu'avec beaucoup de peine et une grande rançon , il recouvrast sa
liberté-. Gilles de Roye^ dit qu'il passa, au sortir de sa prison, à
Constantinople, pour y visiter l'empereur Manuel, qui avoit espousé
sa sœur.
Il est probable que ce fut durant sa minorité, et après la prise du
prince Renaud, que ceux d'Antiocbe secouèrent le joug des Grecs,
qui s'estoient réservez la souveraineté sur cette principauté, pour se
mettre en la protection de Baudouin III, roy de Hiérusalem, ce qui
donna quelque chagrin à Manuel. Mais A mairie, successeur de Bau-
douin, ayant fait alliance avec luy, il relascha ce droit, au rapport de
Ginnamus *.
[Nous ne pourrions dire si les personnages qu'on voit revêtus de la dignité
de ducs d'Antioclie, après Léon Maiopule, étaient des officiers établis par les
empereurs de Constantinople pour les représenter et constater leurs droits
comme seigneurs suzerains de cette ville, ou des dignitaires nommés par les
princes d'Antiocbe. On en voit encore après l'époque où les empereurs grecs
semblent avoir renoncé à cette suzeraineté, même après la mort de Manuel:
et les noms des personnes indiquent des Latins plutôt que des Grecs. Voici la
liste de ceux que nous avons remarqués :
GeolTroi Fahard, ou Falzard, souscrit des actes de Renaud de Chatillon et
de Boémond III, aux années ii55, 1160, 1167^.
Simon, Simon de Diiritwis, Simon de Burgevin, si toutefois ces trois déno-
minations désignent un même personnage, paraît comme duc d'Antiocbe
parmi les témoins de plusieurs actes de Boémond III, en 1175, 1179, ii8i*^.
' WiUelmus Tyr. 1. XIX , c. ix. — Episf. ^ yEgidius de Roya, ann. 1 176. — Cod.
regum, in Gesl. Dei, p. 1 179, 1180, elHis- diplomat. t. I, n° 3o, p. Sog.
toriens de France, t. IV. — Sanut. i. III. ' Cinnarnus.p. a58.
part. 9, c. II. — Cinnamus, 1. V, c. xvu. — '" Cod. diplomat. t. I, n" 3i, 43, i63,
Niç. Trivet. ann. ii64. . p. 3/i, hh, 207.
- VVillelmus Tyr. 1. XIX, c. xi. ° Cod. diplomat. 1. 1 , n" 58 , Cr], p. 59, 68.
lOfi LES FAMILLES D^OUTRE-MER.
Il signe encore un acte du même, (Je septembre i igS '; mais il n'a plus le
titrc! de duc d'Antioclic, qui appartient à un autre.
Guillaume de Saint-Paul signe des actes de Boémond III, de i i8() et
1 1 ()0 -.
I^aoul de la Rivière, d'abord châtelain d'Antioche, dans le titre de i içjo,
est duc d'Antioche dans celui de septembre i ic)3 '.]
Cependant Noradin, après la défaite des nostres, prit Harenc et
assiégea la ville rrAntioche, s'estant rendu maistre du reste de la prin-
cipauté *. De son temps encore, Saladin, sultan, après la défaite des
clirestiens en la bataille [de Huttin] où le roy Guy fut pris, l'an i 187,
s empara de toutes les places en l'espace de ti'ois mois, excepté le ciias-
teau imprenable de Cursat, qui estoit du domaine du patriarche d'An-
tioche, et la ville mesme d'Antioche, dont il abandonna le siège moyen-
nant une grande somme d'argent que le patriarche luy donna''.
[Quoique Boémond III eût accueilli avec empressement, en 1 186, Bau-
douin do Rames et les chevaliers c[ui avaient refusé l'hommage au roi Gui de
Lusignan '', cependant il envoya au secours de ce prince, en 1 187, avant la
bataille de Huttin, son iils aîné, Raymond, avec cinquante chevaliers.]
L'histoire remarque" qu'en l'an 1191 il vint avec BoémomI, comté
de Tripoiy, son fils, trouver Richard, roy d'Angleterre, en l'isle de
Cypre, lorsqu'il faisoit la ;;uerre à Isaac Gomnène, qui s'en disoit em-
pereur, estant alors à la suite de Guy, roy de Hiérusalem, et cjuil luy
olTrit son service; et que, lorsque le roy Pliilijipes-Auguste s'en re-
tourna de la terre sainte en France, laissant la conduite de ses troupes
au duc de Bourgogne, il donna à ce prince cent chevaliers et cinq cens
escuiers, pour la défense et la garde de ses terres, le roy Richard lu\
' Cod. diplomal. n" 80, p. 86. ' Continuât, de Guill. de Tvr. I. Wlii.
' Cod. diplomat.if 'j'j, 210, p. 81, aôi. c. xxu. p. 3i; c. xxix, p. i6.
' Cod. diplomal. n" 80, p. 86. ' Hoveden, part. post. p. (Jai. — Be-
' Episl. regum, [). iijij. ned. Petroburg. (HistorieiK de France,
Jacobus de Vitriaco, i. I, c. xcv. — Sa- t. XVII, p. 5 18 a.) — Rrompton, p. 1 198.
nutuô, 1. III, part. 9, c. ix. — /Eg-idins de laoq.
Roya. ani). 1 165.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. 197
ayant fourny un pareil nom])re de clievaliers et cinq cens seigeaiis.
avec cinq grands navires équipés de toutes choses nécessaires ; mais
Hoveden et Brompton, qui l'ont ce récit, se sont mépris lorsqu'ils l'ont
nommé Raymond. Il vendit, en l'an i 182, la ville de Tarse à Rupin,
prince d'Arménie', lequel il fit depuis arrester prisonnier contre la toi
publique. Ce prince porta une si particulière affection aux chevaliers
hospitaliers, qu'il fit un traité de société avec eux, au mois de sep-
tembre, l'an 1 193, indiction 1 1-, par lequel il entra en confraternité
avec eux, sous cette condition qu'au cas qu'il voulust entrer en religion,
il ne le pourroit faire en autre maison que celle de l'Hospital, et
que, lorsqu'il viendroit à décéder, si son corps n'estoit pas inhumé en
l'esglise de Saint-Pierre d'Antioche, il ne pourroit eslre inliumé ail-
leurs qu'en la mesme maison de l'Hospital, à laquelle il donne après
sa mort son haubert, son heaume, sa lance, le meilleur de ses chevaux
sans selle, s'a mule, qui portoit son haubert, et tous ses somniiers; et,
en outre, pour reconnoissance de cette fraternité, il luy donne tous
les ans cinq cens anguilles. L'année suivante, il eut quelque démeslé
avec Léon, prince d'Arménie, qui le fit prisonnier^; mais l'empereur
Henry apaisa ce différend.
[Le fait est raconté avec plus de détails dans Les Roys d'Arménie, page 1 -30:
mais, dans les deux passages. Du Gange omet de dire que Léon avait attiré
Boémond, avec sa femme Sibylle, dans une embuscade, sous prétexte d'une
partie de plaisir ^, et qu'en apprenant cet acte de violence et de perfidii' le
comte de Champagne Henri, roi de Jérusalem, et non l'empereur Henri VI.
s'entremit activement auprès de Léon pour la délivrance de Boémond, lequel ne
recouvra sa liberté qu'en tenant Léon quitte de l'hommage qu'il lui devait.]
Il survécut peu d'années après ce traité, estant décédé, au récit de
Sanudo^ l'an 1201. Les auteurs parlent diversement de ses mariages
' VVilleimus Tyr. 1. XXII. c. xxn. — Sa- ' Sanut. ). III. iiart. 10, c, viii.
iiutus, I. III, part. 10. e. viii. — Voir Les ' Continuât, de Guill. de Tyr, \. XXVI,
Rois d'Arménie , p. 1 1 8. c. xxvi . p. 216. a 1 5.
" Cartul. Manosc. — Cod. diplomai. t. 1. Sanut. I. III. part, m , c. 1.
n°8o.p. 86.
198 LES FAMILLES DOUTRE-MEP..
et de ses femmes; car Guillaume de Tyr ' dit qu'il espousa Tliéodora,
nièce de l'empereur Manuel, et que, l'ayant renvoyée vers le temps de
la moi't de cet empereur, qui arriva en l'an 1 180, il s'allia, au mépris
des censures ecclésiasti([ues, avec une dame nommée Sibylle, qui pas-
soit pour une sorcière, et qu'à l'occasion de cette conjonction illégitime,
tout l'Estat des chrestiens d'Orient, et particulièrement la principauté
d'Antioclie, fut en de grands troubles. Le Lignage d'outre-mer ^ ne s'ac-
corde point avec Guillaume de Tyr, escrivant que Boémond espousa
Irèue [celle que Guillaume de Tyr appelle Théodorn^, nièce de l'em-
pei-eur Manuel [on ne sait par quel frère ou par quelle sœur]'; après
la mort duquel il la renvoya à Constantinople, avec la fdle nommée
Couslance, qu'il avoit eue d'elle, et qu'aussitost il espousa une noble
dame de la principauté d'Antioche, fille du seigneur d'Hareiic ou
d'Harène, comme porte l'imprimé, nommée Orgueilleuse, et qu'il en
procréa Raymond et Boémond; l'ayant encore répudiée, il prit pour
femme cette Sibylle, de laquelle il eut une fille nommée Alix, mariée
depuis à Guy, seigneur de Giblet [et à laquelle son frère, Boémond IV,
constitua 10,000 besants de rente, en décembre 1206, à l'occasion
de ce mariage*]. Enfin il se défit pareillement de cette dame, et s'allia
avec une autre, nommée Isabeau, dont le mary vivoit encore; lequel
il confina aux Meseaux, c'est-à-dire en la maison de Saint-Lazare ou
des lépreux, et, de cette conjonction illégitime, il en eut deux fils,
sçavoir, Guillaume, qui mourut sans enfans, et Boémond, qui fut
seigneur du Boutran [Botron]^, au droit de sa femme.
Comme je ne fais pas de doute que ce que cet auteur anonyme ra-
conte des femmes du prince Boémond ne soit pour la pluspart véri-
table, il est cependant constant, par le titre de 1 170 dont je viens de
parler, qu'il estoit, dès cette année-là, marié avec Orgueilleuse, et
qu'ainsy il n'espousa Tliéodora ou Irène qu'après avoir répudié cette
première femme, de laquelle il eut Raymond et Boémond, qui u'au-
' VVillelmus Tyr. 1. XXII, c. vu. * Cod. diplomat. t. I, n" 98, p. io3.
' Lignages d'outre-mer, c. iv. ' Voir Les Seigneurs du Boutran.
' Du Gange, Fainil. Bijmnt. p. i85.
LES PRINCES D'ANTIOGHE. 199
roient pas pu estre issus de ce mariage s'ii ne l'avoit espousée (ju'aprèï^
la mort de Manuel, arrivée en l'an 1 180; car Raymond, fils aisné de
Boémond, estoit âgé en ce temps-là, puisqu'en l'an 1 196 il esponsa
Alix, fille de Rupin', prince d'Arménie, et qu'il mourut avant l'an
1 1 99-, ayant laissé son fils Rupin, qu'il avoit eu de sa femme, en la-
quelle année Boémond, frère de Raymond, prétendoit à la princi-
pauté d'Antioche, son père estant encore vivant; n'estant pas probable
que, si Raymond eust pris naissance après l'an 1 1 80, il eust esté marie
et eust eu un enfant avant l'an 1 199, et que Boémond, frère de Ray-
mond, eust esté en âge assez avancé pour disputer la principauté à son
père et à son neveu, s'il estoit né après l'an 1 180.
[Ce qui est une preuve sans réplique, c'est que, dans deux actes ^ de
l'année 1 186, par le second desquels Boémond III cède aux Hospitaliers la
cité de Valenie et le château de Margat; ce prince déclare agir avec l'assen-
timent de sa femme. Sibylle, et de ses fds, Raymond et Boémond, déjà che-
valiers; ce qui suppose environ quinze ans au moins pour le plus jeune des
deux. (Voir Boémond F/.)]
D'autre part [il existe] un titre de ce prince*, de l'an 1 176, par
lequel il fait quelques donations aux Hospitaliers de Manosque. en
Provence, du consentement de sa femme. Orgueilleuse, et de ses eu-
fans, ce c[ui fait voir qu'il avoit alors plusieurs enfans d'elle, et que le
mariage de Boémond avec Théodora ou Irène, ne se fit qu'après la
dissolution de celui qu'il avoit fait avec Orgueilleuse. Il est parlé d'Isa-
belle, dernière femme du mesme ])rince, dans les épistres d'Inno-
cent III ^, en l'an 1 199.
Boémond, IV'- du nom, surnommé le Borgne, pour avoir perdu un
œil en une rencontre près du mont Liban ^ comte de Tripoly, succéda
' Saillit. 1. III, part. 10, c. vi. " Cariul. Manosc. — Cod. diplomat l. I
- Innoc. III, Epist. 1. II, p. 55o. — Vin- n° 58, p. 58, .59, 5 19.
cent. Bellov. 1. XXXII, c. xxix. ' Innoc. III, Epist. 1. II, p. 55a.
' Cod. diplomat. t. I, n"' 76. 77, p. 76, ' Continuateur de Giiill. de Tyr. l.XXXI.
77. «1
81. . c. IV. i). 3i h.
200 LES FA MILICES 0 OUTRE-MER.
à son père en la principauté d'Anlioche, maigre les efforts de Livori.
roy d'Arménie, qui tasclia de s'en em[)arer pour Hayniond Puipin, son
petit-neveu, qui en estoit l'héritier légitime; ce qui donna matière à
une longue et fascheuse guerre. Raymond Rupin estoit fils unique de
Raymond, fds aisné de Roémond IIP, lequel Raymond avoit espousé
\li\. lille de Rupin, prince d'Arménie, et nièce du roy Livon; et, en
ayant engendré ce prince, estoit tombé en frénésie, laquelle l'emporta
en la Heur de son âge [longtemps avant son père^]; mais estant à l'ex-
trémité, dans les bons intervalles qu'il eut, il pria son père de con-
server sa succession, qui luy appartenoit de droit \ à son fds Rupin,
ce que Boémond III promit et exécuta ensuite, après la mort de son
fils, avant déclaré son héritier et son successeur en la principauté
d'Antioche son petit-fds.
RAYMOiND-RuriN reçut, en qualité d'héritier apparent de la princi-
pauté d'Antioche*, les hommages liges de ceux d'Antioche, sauf la
iéauté, qui estoit due à son ayeul, qui luy donna en outre le nom de
son père, qu'il ajouta à celuy de Rupin, et se réserva la seigneurie
de la principauté dui'ant sa vie; mais Boémond, comte de Tripoly, ne
pouvant digérer qu'il eust esté privé de la succession de son père,
s'éleva contre luy, et . assisté des forces des chevaliers de l'Hospital
Ht du Temple, et mesme de ceux d'Antioche, le ciiassa de la ville,
et cassant ou annulant l'hommage qui avoit esté fait au prince Rupin,
reçut celuy (jui luy fut fait par ceux d'Antioche. Toutefois, il n'en
fut pas longtemps possesseur; car le prince Roémond, son père, fut
rétably incontinent après par le secours de Livon, roy d'Arménie.
Roémond estant décédé , le comte de Tripoly, son fils , fut derechef
reçu par ceux d'Antioche, et reconnu en qualité de prince^, ce qui
' Continuateur de Guill. (le Tyr. 1. XXIV. ' RainalJ. ann. i aoS. n. 87. — Manriq.
c. xxv, p. iSy. Annal. Cislerc. ann. i2o5, c. iv, n° fi. —
' Continuateur de Guill. de Tyr. 1. XXXI. Innoc. IIl.£);/s(. ].ll,p.55i ;1.XVI, epist. 7.
c. in. p. 3i3. ' Sanut. i. III, part. 1 1 c. 1. — Contin.
' Odor. Rain. ann. 1 iriç). n° 67. de Guill. de Tyr. 1. XXXI, c. ni. p. Sio.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. ' 201
alluma une grande guerre entre luy elle roy d'Arménie, et le prince
Rupin, son neveu ', aiisquels les chevaliers de THospital et le patriarche
mesme d'Anlioche se joignirent, les chevaliers du Temple et le [)eii-
ple d'Antioche prenant le party du comte; et mesme le roy d'Armé-
nie entra dans la ville du costé du chasteau, et se saisit de toute
la partie qui est jusques à l'église de Saint-Pierre, et y campa trois
jours entiers; mais le comte, estant sorty du chasteau avec des troujt-
pes, chassa le roy de la place, défit son armée et emprisonna le pa-
triarche, ([ui lavoil favorisé; ce qui arriva en l'an i2o3. 11 y eut
ensuite plusieurs pourparlers daccomodemens et de soumission au
jugement du pape Innocent III, qui ordonna des juges, mais sans
aucun effets
Enfin Rupin, par le moyen du patriarche, rentra derechef dans la
place avec le roy, son oncle ^, et y fut reçu par tous les hahitaiis et toute
la nohlesse, ([ui luy fil hommage, et fut investy solemnellement [)ar
l'étendart, en l'église de Saint-Pierre, de la principauté d'Antioche,
par le patriarche, aucjuel il fit de sa part l'hommage accoutumé. Cecy
se passa sans effusion de sang, en l'an i2o5''. Mais ([uel([ue tem])s
après, sçavoir l'an 1208, ceux d'Antioche, à la persuasion du mesme
patriarche, se révoltèrent contre le prince, et firent retourner les sol-
dats qu'il avoit chassez ^ Ensuite de quoy le comte, prenant occasion
de cette division, descendit du chasteau, qu'il tenoit toujours, et, es-
tant venu à bout des bourgeois, arresta le patriarche et le mit eu pii-
son. où il lui fit soufirir plusieurs tourniens. Le comte tint Aiitioche.
jusques en l'an 12 iG, qu'elle fut rendue au prince Rupin par la tra-
hison du séneschal d'Antioche''. Mais, troi'^ ans après [1219]''. le
' [niioc. lit, apud Rainalil. ann. lao.i, ' Samil. I. III. [larl. 11, c. m. — liinoc.
n' 38. — Continuateur de Guill. du Tyr, 111,1. XVI. epist. 7.
I. XXVIII, c. VI, p. 257. ° Sanutus. j. 111. pail. 1 1 . c. vi. i\. —
'' Innoc. m. I. XllI, epist. i23; I. XVI. Gont.deOiiill.deTyr. I. XX\I. c.\ii . p. 3iS.
epist. ' Oliverius, Hist. Damial'ma , apud Ec-
' Rianald. aiiii. 1 -205 , n' 37. chard. t. II, col. 1617. 1 ii8. — Contiu.
' Rainald. ann. 1 '20.5 , n" ;)5 et suiv.ann. de Guill. de Tyr. I. XWl. c. \ii. p. 3i8:
laio. n" 8. I. XXXII. c. \v, p. i'-i-j.
26 ■
i)()-2 LES FAMILLES I)-OUTRE-Mi:P..
coiule la re])ri( sur Puipiii, pni' riiilclli<n'n(c ([ii il eut avec Guillaume
,1e Faral.el.
I \inis lie croyons pas (iii'oii piilssr (Irteniiinei- les années où Rayniond-
l'iiiiiiM resla niaîtii' d'Antioclir, ni crllrs où il en lut exclu, d'après les dates
(le piiisii'urs de ses diplômes, donm's par lui connne prince d'Antioche, en
l'aNciir des chevaliers de l'Hôpital de Jérusalem. Peut-être ces concessions n'é-
laicii(-(dles pour lui (ju'un moyen de les attirer ou de les retenir dans son
harli. lors(pril clicrcliait à recouvrer ci' (pi'il ajipelait l'hêntnge de son père.
(ii's diplômes, d'ailleurs, ne portent pas le nom du lieu où ils ont été donnés,
cl plusieurs ont été expédiés par le cliancelier ou pai' le |)roto-notaire du roi
d'ArnK'nie; ce (lui fait supposer (pie Haymond-Rupin les a donnés lorsqu'il
é'Iait réfugié auprès du roi L(''on, son grand-onde maternel.
Tels sont : un acte du 29 mai 1207 '. par leipnd il donne à rilôj)ital de
.li'rusalem la ville de (iihel, avi'c toutes ses tlépendances, du consentement de
son oncle etbaile, Léon, roi d'Arménie; concession qu'il se propose de con-
firmer (piand il sera parvenu à l'âge convenable ; et un acte de se|)teml)re 1 2 i o'''.
par lequel il confirme celte donation et y ajoute le château de la Vieille [ats-
h'Ihiij) Vctulœ). dans la principauté' d'Aulioche.
Deux autres actes, du 1" avril 1 2 1 5 ^, par lesquels il conlirme aux Hospi-
laliers toutes les donations l't l'oncessions de ses prédécesseurs, les princes
d'Antioche, sont expédiés par son chancelier, Jourdain. Ce Jourdain était-il
chancelier de la principauté d'Antioche, ou seulement du prince Raymoiid-
ISupin en particulier?
Mais on voit qu'en 121^ Raymond-Rupin était hors de la principauté d'An-
tioche, puisqu'il signe, comme témoin, un ai-te du roi Léon, donné' à Tarse,
le 2 3 avril de cette même année*.
De même, une lettre d'Honorius 111 , aux Ilo.spilaliers ', du 2.") juillet 1 2 1 (J.
par laipielle il leur recommande instamment les ind'rèls de ce |jrince, prou-
verait assez qu'en ce moment Raymond-Rupin n'élail |)as encore rentié dans
Aiilioche. I
' ','o(/. diploiiKit. 1. 1, II' 91 . p. ()."), i)ti . ' Cud. dii)lumuH. 1 , 11 ' 1 0 1 . 1 o-! . p. lull.
■ M 7. 107, 5--Î0, 5:!1.
' (h(l. fiijiloi/iiil. I. 1, II" f)5. p. Ç)(). 100. ' <mI. iliiiloiiKit. (. 1. 11° 100. p. io5.
.)!((. ' Cuil. (liplomat. t. I, n' .'lo, p. o-io.
LES PRINCES DANTIOCHE, ' "iO-'i
Il est probable que la division qui arriva, en l'an 1208, on la villi-
d'Antioche, se fit en faveur du roy d'Arménie, qui désiroit se rendre
maistre de la place. Ce que Ton peut induire de Sanudo, qui écrit qu.-
Rupin, (pioyqu'il eut esté chassé d'Antioclie par le comte, ne laissa pas
d'aller trouver Livon, roy d'Arménie, oncle de sa mère, dissimulani
et oubliant l'injure que ce roy lui avoit faite lorsqu'd le chassa d'An-
tioche ^ Tant y a qu'il trouva le roy à l'extrémité, et tout mourant.
qui ne le voulut pas voir. Ce qui obligea Rupin d'aller trouvei' le légal
du pape, ([ui estoit à Damiette, et de hiy demander du secours |)onr
recouvrer la principauté d'Antioche et le royaume d'Arménie, qui lin
estoit échu par la mort de Livon, décédé depuis ce temps-là. Ce (|u'auuit
obtenu, il vint en Arménie, et fut reçu en la ville de Tharse par les
habitans. Mais Constans, qui avoit esté laissé, par Livon, gouverneur
d'Arménie, vint avec une puissante ai-mée, le prit, et le coidina dans
une prison, où il mourut api'ès 1 an 1922.
[Après la mort de Raymond-Rupin, loiil ce (pfil avnit donné aux Hos|iil;i-
iiers fut rendu aux princes d'Antioche, excepté Gilx'l et Civila-VerHiia, rommr
on le verra plus bas -.]
Ruphi avoit espousé Helvis, lilic d'Aimery, roy de Cypre, veis
l'an 1210, laipelle d enleva à Eudes de Dampierre, qui l'avoit esfteuséi"
en légitime mariage ^ et, sur h ditférend qui survint à ce sujet, le pape
Innocent* en commit le jugement au juitriarche d'Antioche. Il en eut
Eschive, décédée sans alliance, et Marie, dame de Toron, femme di-
Pliilippes de MontforL, seigneur de Sur ou de Tyr.
Quant à Boémond IV, prince d'Antioche et comte de Tripoly, i\ se
gouverna avec tant de rage et de violence à l'égard des habitans et des
Hospitaliers, ausquels la garde du chasteau avoit esté commise par le
' Voir Les Bois d'Arménie, p. i-2(J, où ^ Rainakl. ann. 1-5 10, 11 ' 17. — Couti-
nous avons proposé une antre interprétation nuateur fie Guill, de Tyr. 1. XXVI. c. xvi.
du texte de Sanudo, combiné avec celui du .xxv, p. 908, aiS.
Continuateur de Guillaume de Tyr. " Innoc. III. 1. XI\ , epist. io5. — Coil.
' Cod. diphinit. t. I. n° 1 1-2. p. iQO. etc. diphmul. t, 1 . n° g.5, p. 99. 100.
à(i.
20i LES FAMILLES DOUTRE-MER.
légat du pape, qu'il s'attira les censures ecclésiasti(|ues, dont il ne fui
absous qu'en l'an latiG. Il mourut l'an i233.
I Voici (|ucl(|ncs actions (]« sa vie . coiniiic prince d'Anlioclic :
Kn 1 2 1 7 ', invite par in roi de Hongrie, Andr('', et le duc d'Autriche, Léo-
luild. aji|)el(' aussi Berlol , à ])rendre part à une expédition contre les Sarra-
sins, il se rendit à l'année des Croisés, amenant avec lui plusieurs seigneurs
de distinction; mais celte campagne se borna à quelques chevauchées, et à la
Chandeleur de l'année 1218, Boémond était de retour à Tripoli, où il épousa
.M('lissende.
En 1228'^, il était du jiarti de Frédéric II contre Jean d'Ihelin, seigneur
de Baruth, baile du royaume de Jérusalem.
PJn vertu d'un accord du 2 y octobre 1 2 3 1 avec les Hospitaliers ^, ménagé
par Giraud, patriarche de Jérusalem et légat du Saint-Siéjje, Boémond IV
recouvra tout ce que Raymond-Rupin avait donné aux Hosj)ilaliers, comme
prince d'Antioche, excepté Gibel et chastel Velulœ; mais, par un acte du même
jour*, il leur assigna 878 besants de revenu annuel, assis sur la commune
d'Antioche, en dédommagement de cette restitution. Par un autre acte, éga-
lement du même jour"', il leur accorda aussi 3i6 besants de rente annuelle
sur Tripoli, en échange de certains droits que l'Hôpital lui cédait. Ces deux
derniers actes sont en français et datés de la ville d'Acre, comme la lettre du
|)alriarche.
Ce prince fut un habile jurisconsulte , au jugement de Philippe de Navarre ^
qui résume en ce peu tle mots toutes les vicissitudes de son règne : «Le viel
■prince Bemonl, qui premier fut conte de Triple, après la mort dou conte
•' Raumont, et après fu prince d'Antioche, dont il fu moult traveillié , aucunes
"i'eiz la perdi et après la recevra, et vigoureusement tint puis les deus sei-
-fgnories jusqu'à la mort. (M moult fu sages et soutil de science en court et
■' dehors. "]
II fut marié deux fois", la première avec Plaisance, lille de Hugues,
' (Jonliiuiat. Je Giiill. de Tyr, I. XXXI , * Cod. diplomai. t. I, 11° 1 1 ^i , p. la-J.
c. \, p. 022, 323; c. xni , p. 3a5. laS.
' Continuât, de Guili. de Tyr, 1. XXXIll. " Assises de la haute cour, livre de Pln-
c. ni, p. 368. lippe de Navarre, t. I, c. xciv, p. Syo.
' Cod. diplomai. t. I. n° 112. p. 120. ' Sanut. I. 111, part. ii,c. xin. — Alberic.
' Cod. difihmat. (. 1, n° ii3. (). 121. ann. ia33. — Ligiwges d'outre-mer.
LES PRINCES D'ANTIOCHE. 205
seigneur de Giblet; puis avec Mélisende', fille d'Ainiery, roy de Cypre,
et de la reyue Isabelle. Du preuiiei- mariage vinrent HaymoiuF, cpii
lut tué en la ville de Tortose par les Assassins, priant Dieu dans Tes-
glise de Nostre-Dame . devant l'autel , vers l'an 1219; Boéniond, prince
(l'AntiocIie; Philippe, roy d'Arménie; Henry, surnommé prince pai- Sa-
nudo ^ (jui, au droit de sa femme, Isabelle, fille de Hugues II, roy df
Cypre , obtint le bad et la régence du royaume de Hiérusalem , l'an
ia63, et fut noyé dans la mer, comme il passoit en Cypre, son vais-
seau ayant esté brisé contre un rocher, le 27'' jour de juin, l'an 137(1.
II fut père de Hugues III, roy de Cypre, et de Marguerite ^ Boémond
eut encore de ce mariage, outre ces deux fils, deux filles, Orgueil-
leuse et Marie, décédées en enfance; et, de son second, deux autres
filles, sçavoir, Helvis et Marie, qui transporta ses droits sur le royaume
de Hiérusalem à Charles I", roy de Sicile ^.
BoÉMOND, V^ du nom, prince d'Antioche*^ et comte de Tripoly, lut
menacé d'irruption \ dès l'an 1 -jUk, par le roy des Tartares, qui, après
s'estre reifdu maistre de plusieurs provinces, l'obligea, et le roy d'Ar-
ménie, à luy rendre tribut. II eut aussy de fasclieuses guerres contre
le mesme roy [d'Arménie, Hélhoum I'^"'], que saint Louys*, allant en
la terre sainte, en l'an 12^8, tasclia de pacifier, ayant moyenne une
tresve de deux ans entre ces deux princes.
[Au commencement de cette guerre (i 233), Boémond V avait pour aliii's les
Templiers^, qui bientôt s'accommodèrent avec le roi d'Arménii-, et |)iu- là t'or-
' Continuateur de Cuitlaunie de Tyr. — Vigner. -- Rainald. ann. i-j-j-j. n" 16 .
1. XXX, c. XI, p. .3o.5, et I. XXXI, c. .\iu. ly.
p. 80,5. ' Continuât, de Guill. de Tyi, I. XXXIII,
" Jacobus de Vitriaco. i. III, p. itia. — c. xxxvni. p. io3.
Vincent. Bellov. I. XXXI. c. xciu. ' Matli. Paris, ann. i-ilitt. laûO, p. i38.
' Sanut. 1. III, part. 1 1 , c. vu; part, is, àj'è. — Vincent. Bell. I. XXXII, c. xcvi.
c. VII, XIV. ' Willelnuis Nangiiis. fiesta S. Liidovici,
' Lignages d'oidre-mer, c. H. ann. 1268. p. 35-2. — Vincent. Bellov.
' Lignages d'oxUre-mer. — Assis.de Jérus. 1. XXXII, c. xcvi.
— VVillelmus Nangius. Cliron. ann. 1278. ' Voir Les Rois d'Arménie, p. i3i.
206 LES FAMILLES 1) OITKE-MER.
ccruiil Boéiiuiiul (k' resk'i' t|uel(jiR' tem()s cii paix. l'(ni après, il fu( engage''
dans un débat d'un autre genre avec les Hospitaliers. Cet ordre réclamait le
domaine de Maraclée, dans le comté de Tripoli; Boémond, comme comte de
Tripoli, le leur contestait. Barthélémy, administrateur de l'église deValénie,
délégué par le Sainf-Siége pour terminer ce différend, adjugea aux Hospita-
lier.s le domaine en litige (22 novembre 128/1)'. Mais, Boémond ayant pro-
testé, les débats se renouvelèrent, jusqu'à ce qu'enfin, par une décision
d'Alberl, palriarclie d'Antioche -, Boémond gardât Maraclée, et, en dédom-
magement, concédât aux Hospitaliers une renie annuelle de i,3oo besants.
(1 8 novend»re 1 2 4i.)j
H mourut l'an i25i ^. Il espousa en premières noces*, vers l'an
12-22, Alix, liile d Henry, comte de Champagne, et d'Isabelle, reyne
de Hiérusalem, pour lors veuve de Hugues, roy de Cypre ; mais ce
mariage ayant esté dissous par l'autorité de l'église, à cause de la pa-
renté, qui estoit entre eux du troisième au quatrième degré, vers
l'an 12-38, il s'allia avec une dame nommée Lucie [ou Lucienne], fille
du comte Paul de Rome ^, et sœur de Paul, évesque de Tripoly , de
laquelle il eut Boémond M, prince d'Antioche, et Plaisance^, mariée
premièrement à Henry, loy de Cypre, puis à Balian d'Ibelin, seigneur
dArsuf. Il est parlé de cette princesse Lucie en l'assignat de douaire '
qui l'ut fait par Hugues, roy de Cypre, à Marie de Valois [lise: de
Bourbon], femme de Guy de Cypre, son lils, de Tan i3'38, par lequel
il luy assigne la maison (pii est à Nicosie, lacjuelle fut de la princesse
Lucie, que le roy avoit achetée de sa tante, la princesse.
[Cet acte original, tiré de la Chambre des comptes de Paris, a déjà été
' Cad. diphmat. t. l. n" 117. p. it^y- I. XXXII, c. \si, p. .36 1; I. XXXIII. c. xli.
1-2CJ. p. 608.
^ Cod. diplomnl. t. I. 11° iiS. p. lat)- * Lignages d' outre-mer. — Continuat.de
i33. (iuill. de Tyr. /oc. cîV. — Saiiut. 1. III, part. 19.
' Continuât, de Guill. de Tyr, I. XXXIV. c. xn. — Rainald. ann. 1279. n° /19.
c II. p. hho. — Sanut. 1. III, part. 1 1, c. .\. " Continuât, de Guill. de Tyr. \. XXXIV.
■ Sanut. I. 111, part. 11. c. x, xiv. — ci, p. h'it^.
Rainald. ann. 12'j5, n° 9; aiin. laaO. " Original de la Chambre des comptes de
n' 58. — Continuât, de Guill. de Tyr, l'aris.
]AiS PniNCES D'AMIOCIIE. ' 207
iiiontioniK'. p. 72. dans l'IIistoiri^ dos roys de (Jliypre; c'csl le inèiiic aclo. ou
une expédition de ce même acte, qui se trouve aux Arcliives de l'Empire, sec-
lion domaniale, et rpie M. de Mas-Latrie a publié sous ce litre ' : Expéditinu
notariée de l'assise de la liante cour de CInjpre, qui assigne à Mûrir de Bourbon un
domaine de 5, 000 florins sttr le secrète roijalc. Fait à Nicosie, le 3i junner iS:ii).
Dans co document, dont les dispositions primitives, faites par le roi, sont en
français, et la confirmation ofllcielle en latin, le roi Hnjrues IV dit en ellcl
avoir acheté de sa tante Lucie une maison sise h Nicosie. Mais comment niic
tante de Hugues IV, qui réj;na de iSa/i à i36i, pourrait-elle avoir été la
femme de Boémond V, en 1228, un siècle avant le mariajn' du [irmce (iiii
avec Marie de Bourbon-? Lucie, femme de Boémond, fut la tante par alliance
de Hugues 111, aïeul de Hugues IV. Quant à la tante Lucie, mentionnée dans
l'acte de i33o, il faut croire que c'est une sœur inconnue <le fini, père de
Hugues IV, d'Amauri et du roi Henri II de Chypre.]
Boémond, VP du nom, prince d'Antioche et comte de Tripoly ^ [ayant
succédé à sou père], reçut Tordre de chevalerie par les mains de saint
Louys. roy de France, estant à Japhe, vers l'an i^5^î, et comme à
peine il avoit atteint l'âge de seize ans, il obtint de sa mère, à la prière
du roy, que, nonobstant qu'il n'eust pas encore l'âge de majorité, (pii
estoit d(! vingt et un ans, suivant les usages du royaume de Hiérusalem.
il auroit l'administration et le gouvernement de la principauté. En mé-
moire et reconnoissance duquel bienfait, le sire de Joinville dit (|ue.
rrdès lors, pour l'Iionneur du roy, il escarteila ses armes, ijui sont \ei-
frmeilles, avec les armes de France,^ d'où il semble ([ue les armes
de ces princes estoient de gueuUes simplement, comme Albert d Ai\ '
représente en quelque endroit l'étcndart de Boémond I". Néantmoins.
un titre original de Boémond VP, de l'an i^J)-2, an 9 de son prince
(s('f), porte en l'escu de son sceau une croix fichée.
' Ue Mas-Latrie, Hist. ilc Clviprc , t. II. Observai, p. 9.8. — Continuai, do fliiill. 'le
|,. i(j:!-i6/i. Tyr. I. XXXIV, c. ii, p. Vio.
^ llist. de Clii/ptr. t. Il, p. t(j;i, note 2. ' Albertus Aquensis, I. IV, c. wvi.
' Sanut. 1. III. paît. 11 . c. iv, v. —Join- * Carlulaire de Manosipœ. — Du flange .
Vllll>
p. aot): édition Du (lange, p. 98. et Observai, sur Joinvilli' , p. ()'■'>.
208 LES FAMIIJJ:s D'OlITIiE-MER.
Ce prince ne possikla pas lon|;loinps depuis cette principauté; car
Bendocbai-, sultan d'Egypte, après avoir ravagé T Arménie, prit la ville
dAnliochc, sans presque aucun siège, le ag'^jour de may, l'an 1267,
selon Stéron', ou le suivant, selon quelques auteurs, et particulière-
riiciil Sanudo-, (jui ajoute qu'en cette prise il y eut 17,000 hommes de
tuez, el plus do 100,000 faits captifs et prisonniers; et que cette belle
ville, fameuse par son antiquité et pour la magnificence de ses basti-
mens, fut réduite en une espèce de solitude.
I Des débats, suivis d'injures et de voies de fait de part et d'autre, eurent
lieu entre ce prince et les Hospitaliers, comme sous son père et ses autres
prédécesseurs, il fut convenu par un accord^, d'avril 1266, que les deux par-
ties se tiendraient quittes réciproquement de tous les torts mutuels qu'elles
s'étaient faits pendant leurs différends antérieurs; et, par un second accord,
du 1" mai 1 26-3 \ cpie les débats qui pourraient s'élever entre elles seraient
jugés par trois arbitres que nommeraient les deux parties. Ces deux actes,
dont le second est peut-être le titre du cartulaire de Manosque, cité précé-
demment, sont en français, et sont signés par plusieurs des vassaux de Boé-
niond, parmi lescpiels les nus sont les grands odiciers de la cour d'Antioche.
If bailli, le connétable, le sénéchal, le maréchal d'Antioche; et les autres, des
seigneurs, vassaux, pour la pliqiart. du comté de Tripoli, les seigneurs do
(iibelet. du Boutron, de Maracl/'o, do la Gibrouille, du Puy, de Flamecourl,
dp Montolive, deCamerdais, otc]
Le prince Boémond mourut le 1 i^' jour de may, l'an 1276^ [le
mars 127^, selon le Continuateur de Guillaume de Tyr**]. 11 avoit
q)ousé, dès l'an laS^i, Sibylle, fille d'Aithon l", roy d'Arménie, de
laquelle il eut Boémond VII, comte de Tripoly, décédé sans enfans,
' Stero, ann. isliT. ' (''xl. ili/ilumal. 1. I. ii" i-ig, [). i53.
- Sanul. I. III, [)art. la, c. ix. — \ithoii. i5/i.
c, xxxii. — .lo. Villani, 1. Vil, c. xviii. — " Cml. iliplomnt. (. I. ii° o-'i , p. aGa ,
Monach. l'adiiens. I. Ill.ann. 1267. — Risli- -iGS.
nnger. — Rainald. aun. i2.56, n° /<5; ann. ^ Saiiiit. 1. III, [lait. i-3,c. xiv. — \i(lion.
î 967, n Gg. — Nie. de Trivetto. ann. 1967. c. xxix.
— Continuât, de Guill. de Tyr. I. XXXIV. " Continuât, de Guiil. de Tyr. I. XXXI\ .
c. Il, p. 65G, 457. c. n, p. lili-i; c. xix. p. /i()6.
I
es
LES PRINCES D'ANTIOCHE. 20!)
l'an 1 287 ; Isabelle, morte à marier; Marie , femme de Nicolas de Saint-
Omer, et Lucie, alliée à Narjot de Toucy '.
[A la mort de Boémond VII, Lucie, sa sœur, lut la véritabio princesse
d'Antioche; son fils, Philippe de Toucy ou Tocy, seigneur de la Terza, prit,
du chef de sa mère, le titre de prince d'Antioche, et mourut, dit-on, san>
postérité ^.
Cependant, si nous en croyons Etienne de Lusignan ^ dans ses Tableaux
généalogiques, Hugues, (ils d'Amauri, prince de Tyr, frère du roi Henri II.
épousa la fille du prince d'Antioche, Ugo, cou lafiglimla del principe de Antio-
chia. Quel était ce prince? Narjot de Touci, ou Philippe, son fils?
Toujours est-il certain qu'on voit, en i3io, un prince d'Antioche, nommé
HuGiES, figurer parmi les chefs du parti dévoué au prince Amauri. Lorsque
le retour du roi fut résolu *, Hugues d'Antioche prêta serment au roi Henri II .
entre les mains de la reine mère, avec les principaux chefs du parti qui avail
soutenu Amauri; et, peu après, ils s'en remirent à la clémence du roi ^
Ce Hugues était-il le fils aîné d'Amauri? Ce n'est guère probable. En effet,
par l'article li^ du traité (jui rendait la liberté à Henri II il est dit que le roi
cédera à son neveu le château de Crusocho, et l'on ne le (jualifie pas, en cet
endroit, de prince d'Antioche. En 1011, il est dif que Henri II ne montra
aucune mauvaise disposition contre le fils aîné du prince Amauri , à cause de
son jeune âge; et, en iSi/i ^ que le roi, après la mort de ses frères, était
tranquille , parce que ses neveux étaient dans un âge à ne lui donner encore
aucune inquiétude.
Ce jeune prince, presque enfant en 1 3 1 '1 , pouvait-il avoir joué un rôh'
politique en 1 3 1 o, comme chef de parti ?
A l'avénement de Hugues IV, fils du connétable Cui ( 1 3'^ 'i). personne n'osa
' Voir Les Comtes de Tripoli. ' Loredano. I. V, p. -i 70-271 ; traducl
• Du Gange. Hisl. de Constantinopk sous t'ianç. t. i, p. •297-'29g.
les Français, \>. 126. — Anselme. Hist. des " I.oredano. I. V. p. -aCi ; Iradiict. ti-anc
grands ojjiciers , t. II, p. Sgi. — Moréri , t. l. j). -jSS.
Dict. hislor. t. VI, p. 536. ' Loredano. I. V, \) -381 ; traduct. franr
' Chorograffia delV isola di Cipro , ■?.' ta- t. I. |). 3io.
hleau, à la lin du volume. " Loredano, I. V. p. 285; traduct. fra
' Loredano , I. V . p. a58 ; traduct. franc. t. 1 , p. 3 1 5.
l. I. p. a86.
raiic
^10 LES FAMILLES D'OUTRE-MEU.
parler en laveur des enfants d'Amauri ', prince de Tyr, (jui était l'aîné de Gui,
à cause du crime de leur père; et, d'ailleurs, leur mère n'était plus là pour
l'aire valoir leurs droits. Ce rpii suppose Hugues, le fds aîné d'Amauri , encore
bien jeune, puisqu'il ne |)ouvait les revendiquer lui-même.
IMus de cinquante ans après la mort de son père, ce même Hugues, lils
d'Amauri, appelé aussi Hugues d'Antioclie, réclama ses droits au trône, et dis-
puta la couronne à Pierre I" (1369)^. 11 abandonna bientôt ses prétentions,
moyennant une pension de .t,ooo ducats '; puis il épousa la fdle du comte de
Rohas, ce qui déplut au roi '.
Il y eut donc très-probablement deux personnages du nom de Hugues d'Aii-
tioche; mais d'où venait le premier? De qui, et comment avait-il reçu son
titre à une époque où le véritable titulaire, Philippe de Toucy, vivait encore?
En quelle année mourut-il, et quand Hugues, fds d'Amauri, lut-il investi de
son titre ? Enfin quand mourut ce deuxième Hugues ? N'est-ce qu'après sa
mort que Jean, frère de Pierre I", fut appelé prince d'Antiocbe^
Du Gange '^ a placé le premier Hugues d'Antiocbe parmi les membres de la
famille du surnom d'Antioche, sans dire aucunement qu'il ait été prince. Quant
à Jean, Thomas, Pierre d'Antioche, nommés dans les histoires du temps, de
1299 à 1 383 , ils étaient très-probablement membres de cette famille, comme
l'a pensé Du Gange.]
' Loredano,!. VI.p. 296;lraduct. tranç. ' Voir Les Comtes titulaires d'Édease ou de
t. I, p. 826. Rohas.
- Loredano, 1. VU. p. 35i ; traducf. ' Voir farticie suivant,
tranç. t. I, p. 386. ' Voir plus bas la généalogie de la la-
' Loredano. 1. VII, p. 35-i ; trad. p. 087. mille surnommée d'Antioche.
LES PRINCES TITULAIRES DANTIOCHE. 211
LES PRINCES TITULAIRES D'ANTIOCHE.
Les roys de Cypre, ayant perdu le royaume de Hiérusaiem, conser-
vèrent les titres et les noms des principales dignitez de ce royaume,
qu'ils affectèrent à quelques terres ou fiefs, dont ils revestoient les
plus grands seigneurs de leur cour. Entre ces titres, le premier fut
celui de prince d'Antioclie ', lequel ils donnoient ordinairement aux
premiers princes du sang. Le premier que je trouve en avoir esté re-
vestu - est
Jean de Luzignan, fils puisné de Hugues IV, roy de Cypre, qui fut
créé prince d'Antioche (et non de Galilée, comme escrit le chevalier
Loredan '), par le roy Pierre, son frère, incontinent après son avène-
ment à la couronne ; lequel luy confia encore le gouvernement de ses
Estats durant ses expéditions contre les Turcs de la terre sainte".
[Selon Amadi ^ Jean fut fait prince d'Antioche et connétable de Chypre,
par son père, le roi Hugues IV, au moment où celui-ci fit couronner roi de
Chypre Pierre son fils aîné, h ak novembre i358. D'après ce qui vient d'être
dit dans l'article précédent, Hugues d'Antioche, fils du prince de Tyr, Amaun,
vivait encore. Ces titres de j)rincipauté n'auraient donc pas été à vie? Quant
au titre de prince de GaUlée, il serait possible alors qu'on l'eût aussi accordé
à Jean, quoirp'il appartînt au prince Hugues, fils de Gui, fils aîné de
Hugues IV , lequel ne mourut cju'en i386.]
' Hist. de Chypre, c. xviii, p. 79. " Loredano, l. VI. p. 345; trad. franc
^ Cette assertion paraît devoir être modi- t. I, p. 38 1.
fiée par ce que nous venons de dire sur les ' De Mas-Latrie. Ilisl. Je Chypre, t. Il
héritiers et les successeurs des derniers p. 9 5o,3o8.
princes d'Antioche. ^ De Mas-Latrie, t. II, p. 325.
212 LES FAMILLES D OUTRE-MER.
Mais, depuis, il conspira contre liiy ' avec les barons qui deman-
doient l'observation des anciens usages, et se joignit avec eux pour
l'assassiner. Après le décez de Pierre -, il fut étably par la haute cour
baile et régent du royaume, durant la minorité du jeune roy Pierre II,
son neveu, le i (3 de janvier i 368. Il fut tué par le commandement du
roy^, à la persuasion de la reyne, sa mère, en vengeance de l'assas-
sinat du roy Pierre I", l'an iSyS., et fut inhumé en l'église des frères
prescheurs de Nicosie. Il avoit espousé la fille de Jean du Morf, comte
de Rohas\ de laquelle il eut, entre autres enfans, Hugues, qui mou-
rut en otage en la ville de Gênes, et Jaques de Lusignan, qui fut
comte de Tripoli. Il eut encore un fils naturel ^ d'Alix de Gibelet,
femme de Philippes de Costa, nommé Jean de Luzignan, qui estoit à
la cour du roy Pierre II, en l'an iS-jli.
[Ce prince Jean, fils naturel de Jean d'Antioche '^, épousa, en i385, une
autre fille du comte de Rohas, par les soins de son oncle, Jacques I", qui l'avait
ramené de Gênes, et qui le fit baron ou seigneur de Baruth.
Plus tard, de iSg.^ à i3()8\ le prince Jean fut employé par Jacques I",
comme ambassadeur, à des négociations avec les princes d'Occident, et con-
clut une alliance entre Cbarles VI et le roi de Chypre, le 7 janvier iSgS.
En i38o, Jacques I" nomma prince d'Antioche Jean de Brie ^ pour le ré-
compenser de ses fidèles services. Ce seigneur, devenu lieutenant général du
royaume à la mort de Pierre II, avait puissamment contribué à la décision du
conseil qui donna la couronne au prince Jacques, alors retenu prisonnier à
' Loredano. i. VIL — Et. de Lusignan. ^ Loredann, 1. VIII, p. 679; trad. franc.
Hist. de Chypre, foi. là-j. t. Il, p. 69.
^ Assises de Jérusalem, p. Ii5&, 563 -,1.1, '' CAron. de Strambaldi. — De Mas-Latrie ,
p. /*. — Hist. de Chypre , j). \k']. — Wad- lUst. de Chypre , t. U, p. 896. — Loredano,
ding-, ann. iSyi, n° 9; ann. iSya, n° 26; I. IX, p. 5iG; trad. franc, t. II, p. 110.
ann. iSyS, n° 3. (Voir Les Seigneurs titulaires de Baruth.)
' Loredano, 1. VIII, p. 690; trad. franc. ' De Mas-Latrie, t. II, p. /lo/i, 698.
t. II, p. 82. — De Mas -Latrie, Hist. de ^99, 438-6^1.
Chypre, t. II, p. 365 et note 3. ' Loredano, I. IX, p. 5ii, 5i6; trad.
' Loredano, 1. VIII. p. 455, 661 ; trad. franc, l. II, p. loli- 109, iio. — De Mas-
Cranç. t. II, p. 'n . /19. Latrie, t. II. p. 891 , 893-394.
LES PRINCES TITULAIRES D'ANTIOCHE. in
Gênes. Il eut aussi le titre de prince de Galilée', et fut pourvu de la dignité
de turcoplier de Chypre.]
Jean de Luzignan, fils aisné du roi Janus, porta la qualité de prince
d'Antioche^ du vivant de son père, avec laquelle il paroist au contrai
de maria|Te de sa sœur avec Louys, duc de Savoye, l'an 1682.
Charlotte de Luzignan, fille unique et héritière du roy Jean 11',
['ut créée par son père princesse d'Antioche; lequel titre elle commu-
niqua à Jean de Portugal, duc de Coymbre*, petit-fils de Jean, I" du
nom, roy de Portugal, que son père luy fit espouser en l'an ii56 .
en laquelle année il fut associé à l'ordre des chevaliers de la Toison
d'or, par Philippes le Bon, duc de Bourgogne, au chapitre tenu à la
Haye, en Hollande, prenant alors la qualité de prince dAntioche et
de régent du royaume de Cypre. Mais il jouit peu de temps de ce titre,
ayant esté empoisonné incontinent après par le chambellan de la
reyne, et par l'ordre de cette princesse. 11 fut inhumé en l'église de
Saint-François de Nicosie. Charlotte fut depuis reyne de Cypre.
SoR Di Naves ayant esté laissé par la reyne Charlotte ' pour com-
mander dans Cerines durant la guerre qu'elle eut avec Jaques, son
frère naturel, fut gagné par ce roy, et luy remit la place entre les
mains, aux conditions de le faire prince d'Antioche et de luy donner
Charlotte, sa fille naturelle, en mariage; ce qui s'çxécuta en l'an 1 /16/1.
' De Mas-Latrie, Hist. de Chypre, t. II, fol. 79 v°. — Loredano, I. X, p. 687; tratl.
p. 396-600. franc, t. II, p. i85. — De Mas-Latrie, Hist.
' Guichenon, Hist. de Savoye. de Chypre, t. III, p. 8i, note 2.
^ Généalog. de Lusignan, p. 91 v'. ' Loredano, 1. II, p. 680, (J8i ; trail.
' Et. de Lusignan, Histoire de Chypre, franc, t. II, p. a8o, 281.
■2\>i LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
DE LA FAMILLE QUI PORTA LE SURNOM D'ANTIOCHE,
ISSUE DE L'EMPEREIR FRÉDÉRIC II.
La taïuille qui porta le surnom d'Antioche est fort célèbre dans l'his-
loire d'Italie. Gomme il est constant qu'elle est issue de l'empereur Fré-
déric 11, il n'est pas bien certain pourquoy elle a pris ce surnom. Cet
eaqjereur eut plusieurs bastards, dont l'un mourut en prison en la
Pouille, l'an i235, suivant Alberic'; un autre mourut aussy en la
Fouille, l'an 1269, au rapport de Mathieu Paris ^, qui fait encore men-
tion de Henry, que l'empereur Frédéric avoit coutume, dit cet auteur,
d appeler son fds naturel. Cet Henry n'est autre que celuy qu'il appelle^
indifféremment de ce nom ou de celuy d'Encius'', qui fut roy de Sar-
daigne au droit de sa femme, Adelasie, qu'il espousa en Sardaigne
fan 1238, au rapport d'un auteur^ de son temps. Ptolémée de Lu-
ques s'est asseurément mépris lorsqu'il a avancé que cet Encius estoit
légitime, et qu'il estoit issu du mariage de Frédéric avec la fdle de
Jean de Brienne, roy de Hiérusalem, contre l'autorité des meilleurs
écrivains. Un auteur du temps de Frédéric ^ dit qu'il vint du mariage
de cet empereur avec une dame de la famille Anglienne. Outre ces
bastards, il en eut encore deux autres", fameux dans l'histoire, sça-
\n\]\ Mainfroy, qui fut roy de Sicile, et
Frédéric, qui fut surnommé d'Antioche, que Ricordano dit avoir
' .Alberic. ann. ii235. ' Ricard, de S. Gerniano, Chron. ann.
' Matb. Paris, p. 5i3. 1289, laio.
' Math. Paris, p. 38o. ' knonymus. De Gestis Frederid, p. jB!i.
' Matli. Paris, p. 376. 679, dS-], 5i3. ' Monach. Paduaii. C/o-. 1. 1. ann. 1967.
FAMILLE QUI PORTA LE SURNOM D'ANTIOCHE. l>I5
esté le premier de ses fils naturels'. Il est parlé de ce dernier dans une
lettre qui est insérée dans Mathieu Paris ^, de laquelle nous appre-
nons que, non-seulement il estoit son fils, mais encore qu'il Tavoil
estably son lieutenant général dans la Toscane, d'où quelques-uns^
luy ont donné le titre de roy de celte province. Il est qualifié frère dp
Mainfi'oy, roi de Sicile, en l'histoire de ce prince*. Hicordano Males-
pini^, qui vivoit en l'an 1281, en laquelle année il a fini son Histoire
de Florence, écrit qu'outre les enfans légitimes que Frédéric eut di-
ses femmes, il eut encore, d'une autre dame, Frédéric, duquel soiil
issus ceux qui furent surnommez d'Antioche, Mainfroy et le roy Enzo.
Ptoiémée de Luques convient aussy que Mainfroy estoit fils de Fré-
déric, ajoutant c[u'il l'eut de la fille du prince d'Antioche, que cet em-
pereur espousa publiquement, luy ayant fait croire que sa femme es-
toit morte. Mathieu Paris'' parle en quelque endroit de la mère de
Mainfroy, et dit qu'estant près de sa mort elle pria l'empereur de
l'espouser, tant pour mettre son ame dans le repos de conscience, que
pour légitimer, par ce moyen, les enfans qu'elle avoit eus de luy, ce
qu'il fit; d'oii Mainfroy prit sujet depuis de prétendre aux Estais de
son père. Il est constant, néanlmoins, que Mainfroy ne vint pas de la
fille d'Anlioclie, et que la mère de Mainfroy esloil Italienne, et se nom-
mait Bianca Lama, et qu'elle estoit de la noble famille des marquis de
Lanza, en Lombardie'. De fait, d est nommé en son contrat de ma-
riage avec Béatrix de Savoye, Manfredus Lancea. Elle estoit sœur de
Cauvain et de Frédéric Lanza, qui eurent plusieurs dignilez dans le
royaume de Naples sous le règne de Mainfroy, leur neveu. S'il est
véritable' que cette dame, mère de Frédéric, qu'Anmiirato ' et Cos-
' Ricordano, c. cxxiii. ' Ricordano, c. cxlviii. — Anonyniiis,!»!
^ Matli. Paris, p. 679, ann. la/iG. relms gestis Frederici et Maiifredi, p. ySi .
' Cuspinian. Freder. II. — Zurila.l.IIL 76/1, 8o5, 81 1, 845. — Gostanzo, i"parl.
c. Lxvii. Dell' islor. Sicil. 1. VU , p. 958. — Preuves du
' Anonynius . De Gestis Frederici et Man- l'histoire de Savoye, p. 7 1 .
fredi, p. 789. ' Cuspinian. loc. cit.
' Ricord. c. cxn, p. 77. ' \mm'u alo. Nella famigl. Gesnalda ,l-U.
' Matli. Paiis. ann. 1256. p. 62G. p. 5.
2ir> LES FAMILLES DOUTRE-MER.
(aiizo ' nomment Béalrix, ail esté fille du prince d'Antioche, comme
veulent encore ces derniers auteurs , ce fjiie j'estime fort incertain, il
faut qu'elle ait esté fille de Boémond III, comme Coslanzo escrit for-
mellement, et qu'elle soit issue de l'un de ses mariages, dont la plu-
jiarl furent illégitimes. D'autres'^ tiennent que Frédéric eut le surnom
d'Antioche, pour ce qu'il y fut élevé durant le voyage de son père en
la terre sainte. Mais Ricordano Malespini^ semble dire que, lorsque
Frédéric II se banda contre le pape Honorius III {su), U revestit ses
iMifans légitimes et naturels de divers titres; qu'il fit élire Henry roy
d' \iemagne; qu'il fit Conrad duc de Savoye; Frédéric, le premier de ses
enfans naturels, duc d'Antioche; Enzo, roy de Sardaigne, et Mainfroy,
duc de Tarente; d'où il est à présumer que c'est de là qu'il fut sur-
nommé d'Antioche. L'histoire remarque que Frédéric acconq)agna son
frère Mainfroy en toutes ses expéditions, et dans les soulèvemens qu'il
entreprit contre l'Église; ce qui attira à l'un et à l'autre* les censures et
les excommunications de l'Eglise.
Costanzo dit que Frédéric, qu'il qualifie mal prince d'Antioche,
aussy bien qu'Estienne de Lusignan^ en ses Généalogies, espousa une
dame romaine qu'il nomme Marguerite, et qu'il eut d'elle Conrad et
Marguerite d'Antioche, laquelle eut une fille nommée Béatrix, mariée
avec Opicin Spinola, gentilhomme génois, et mère d'Argentine, qui
espousa Théodore Paléologue, marquis de Montferrat. Filadelfe Mu-
gnos parle autrement des enfans de Frédéric, écrivant qu'il eut, outre
Conrad, deux filles, dont l'une, nommée Isolde, espousa Berthold.
marquis d'Hérembourg[Hokenbourg], en Allemagne, et Béatrix, femme
d'Opicin Spinola. Quelques-uns'' tiennent, sans beaucoup de fonde-
ment, que Frédéric fut allié avec Marie, fille de Boémond IV, prince
d'Antioche, et de Mélissende de Cypre, sa femme; laquelle céda ses
droits sur le royaume de Hiérusalem à Ciiarles \", roy de Sicile.
' Oostanzo, toc. cil. aiin. 1382, 11° 26; ann. laSi, n° i5; ami.
' Filadelfe Mugnos. 1 285 , n" 9.
' Ricordano, c. cxxiii. ' Et. de Lusignan. c. xxv. foi. 35.
* Oderic. Rainald. ann. i-2i>li. n" 5a; " iil. de Lusignan.
FAMILLE QUI PORTA LE SURNOM DANTIOGIIE. "217
Conrad d'Antioche est vulgairement surnommé par les auteurs ^ Ca-
/)itlo ou Cajmtio, à cause de la terre de Capici, en Sicile, (|iril eut du
chef de son père. Il posséda aussy les comtez d'Alba et de Gclauo, eu
Calabre, et les terres d'Albaïde et de Catribil, en la Catalogne, (\u\
luy furent données par Constance, reyne d'Aragon, sa cousine. 11 fut
pris- par les troupes de Charles I", roy de Naples, après la bataille
de Bénévent, dans la Sicile, où il avoit esté envoyé par Conradin pour
s'en rendre maistre. Ricordano escrit <[ue Guy de Montfort, chef des
troupes de Charles, qui le prit^, luy ht crever les yeux, et Fazel'
ajoute qu'il le fit pendre ensuite; mais ces auteurs se sont mépris, car
d vécut longtemps depuis et fut un de ceux qui, en 1 an ia8i, por-
tèrent le roY Pierre d'Aragon à embrasser l'entreprise du recouvrement
de la Sicile, proposée par Prochyte^; ce que nous apprenons de Su-
ritaS et d'une épistre du [jape Martin IV ^ qui ajoute qu'il fut pris
avec Conradin, en la bataille que le roy Charles renqiorta, et qu'il
eust esté décapité conmic luy, si le pape Clément IV n'eust intercédé en
sa faveur, Charles luy ayant accordé sa grâce sous les sermens qu'il
luy fit de luy estre fidèle; ce qu'il ne tint point. Il est probable que
Conrad d'Antioche, qui, en l'an 1012, vint, avec la noblesse romaine
f.t cinquante chevaliers de sa suite, au-devant de l'empereur Henry VII
loi'squ'il arriva à Piome, estoit quelqu'un de ses enfans^ Car on ne
peut pas dire que ce soit le premier Conrad. Tant y a que Fazel , et
après luy Vignier', se méprennent quand ils luy donnent le titre de
prince d'Antioche; et le dernier encore plus, lorsqu'il dit que ce fut
sur luy que Bendocbar s'euqjara de la ville d'Antioche.
[Le récit de Du Gange, l'ii eu qui concerne Frédéric et Conrad tl Anliothe,
' Ricordano. e. clxxx. — Rainald. ann. ' J. Villani.
1267, n" 9, 19; ann. 1268, n°' i5. 34. " Surita, I. II, imiic. |). 1 iG.
■" Anoiiymus, De Rébus gcslis Frederici, ' Rainald. ann. 1282. n"2(J; ann. 128/1 .
p. 859,883. n° i5; ann. 1286, n° 9.
' Vignier, /)/W(oî/(. ann. 1268. ' Albertin. Mussal. De G'cs/w //f/»7V/ 177 .
" VaicW.UeRehmsicul. poster. decA.WW I. \III.[). U'i.ho.
I-. m, p. /1.58. '■' Fazt'li. l'I Vignier. locis citai is.
218 LES FAMILLKS DOUTRE-MER.
est (rès-confiis. Nous résumons ici, d'après les renseignements qui nous sont
ronnnuni(|U('s |)ar M. Huillard-Bréiiolies, ce que l'on sait de plus certain sur
ces deux persoiuiages. Frédéric d'Anliocbe était le second des fds naturels de
l'emijereur Frédéric 11. Au connnencement de l'année i aie, il était déjà marié
el investi d'un apanage dans l'Abrazze. Il ne porte pas encore à cette date le
surnom d' AutiorJic , (pii lui lui donné plus lard , probablement parce qu'il avait
sur la j)rincipauti' (rAnlio( be des pré'Ienlions doni la cause nous est inconnue.
De juillet la/iT) ius(prà la mort de Fiédéric 11 en i25o, il fut vicaire général
de l'Fmpire en Toscane; il porta même, en iq/iS. le titre de roi de Toscane
et di^ prince d'Anfioclie; mais la \\wv\ de l'empereur fit évanouir ces belles
espérances. Frédéric d'Anliocbe lui créé ou confirmé comte d'Alba, de Celano
et de Loieto, parle roi Conrad; il mourut sid)itemenl peu après le couronne-
ment de Mainl'roi, vers la fin d'août ifjôS.
Sa femme Marguerite, d'une noble famille r(jmaine, bii avait apporté en
(loi le cbàteau de Saracinesco. situé aux environs de Tivoli. File lui donna,
comme le dit Du Gange, deux enfants, Conrad et Marguerite d'Antiocbe. Mais
ce Conrad ne fut jamais surnounné Caputo ni ne fut seigm-ur de Capici. Notre
auteur le confond avec Conrad Capece, un des derniers ])artisans en Sicile de
l'infortuné Conradin. Ce qui a pu causer cette méprise, c'est (pie tous deux
eurent une fin lragi(pie et à peu près semblable. Conrad d'Antiocbe, étant alb^
rejoindre Conradin, (pii le créa prince des Abruzzes, fut fait prisonnier à la
bataille de Scurcola (août i •2i\S). F|(argné par Charles d'Anjou, il fut échangé
contre les frères du cardinal Gaétan, que Béatri.x, sa femme, gardait en otage
dans le cbàteau de Saracinesco. Ayant ensuite réussi à gagner la Sicile, il y
lui pris deux ans après |)ar Guj de Monlfort, (pii le lil aveugler, châtrer et
pendre à un gibet.]
CoiinuP espousa Béatrix, fille de Gaivano Laiiza, second comte de
Fundi, et en eut trois lils, Frédéric, Henry, Gaivano, Bartliéleniy, ar-
chevesqiie de Palernie en l'an lagB, et François, (jui luy succéda en
cette dignité, en l'an i 3 1 i '. llocchus Pirriis nous ^ a donné les épitaphes
de ces deux archevesques, qui les disent issus du sang impérial;
' Costanzo. — \uinnra(o. — \lugnos. ' Roccluis Pirrus, l. 1. p. i5.5, i5G.
■ Siirita, tnd. aiin. i ;i i S. .'iSo. — Cnahcrus. T(diul.i<ic>ills,n°'6'j,()>'>.
FAMILL1-: OUI PORTA LE SURNOM D'AMIOCHE. 219
comme aussy celle de Frédéric, qui y est qualifié chevalier et frère
de Barthélémy, archevesque de Panorme, et ra])|iorle sa mort au
22*= jour de juillet, l'an i3o5. Ce dernier fut inhumé en la mesmc
église cathédrale, en une chapelle qui est sous terre.
Fkédéiuc d'Antioche, II^ du nom, paroist après ccux-cy. Il fut créé
comte de Capizzi par Frédéric, roy de Sicile, en l'an i 336 '. Mais, deux
ans après, il se révolta- contre le rov Pierre, qui avoit succédé à Fré-
déric, et se rangea du costé de Robei't, roy de Naples; et enfin mou-
rut en combattanl ' poui' luy, au siège de Melazzo, au mois d'aoust,
l'an iSia.
11 fut inhumé honorahleinent en l'église du cliasteau de Sainte-
Lucie, près de cette ville, par le roy Pierre, dont il estoit parent. Ses
biens, qui estoient grands dans la Sicile, au rapport de Fazel et de
Costanzo, furent donnez à Rémond Pei'alto, sous le titre de comté de
Calatabilleta. Il avoit espousé Marguerite, comtesse d'Escolo, dont il
eut un fils, nommé Pelruccio, et quelques filles, sçavoir, .leauue .
mariée en l'an i3i5 à Francesco Gesualdi, avec 1,200 onces d'or de
dot, Antonella et Caternella *.
Fazel dit que ce Frédéric estoit lils de Pierre d'Axtiociie, lequel,
quoyque noble d'extraction, avoit peu de biens, et fut enrichy par le
roy Frédéric, qui luy donna divers emplois , et le lit son grand chan-
celier, laquelle dignité il possédoit en l'an i325. Costanzo parle de ce
Pierre d'Antioche en divei's endroits, de sorte qu'il seroit piobable que
Pierre fust fils de Conrad. Filibert[Filadelfe] Mugnos escrit, plus proba-
blement, que son père se nommoit pareillement Frédéric, et (|iril décéda
l'an i3o5; et ainsi ce Frédéric 111 estoit fils de Frédéric, lils de Con-
rad. Ces deux auteurs font encore mention de François et de Simon
' Fnzell. De Rehus skul. poster, dcc. 1. IX. — Surita. ind. I. III. p. 18a. — (iostafizu.
c. m, p. 48a ; c. iv. p. 48.5, 48G, /187. — i. X, p. .3/ii et seq.
Costanzo, Dell' istor Sicil. part. 1", i. IX. ' Fazell. — Surita, p. 187. -Costanzo.
p. 436 a, 437 c. p. 346.
" Fazell. De llelnis firnl. poster, ilee. 1. IX. ' .Aiiiiiiirato. 1. II. p. h. — Fazell.
28.
'2-2Ù LES FAMILLES DOllTRE-MER.
I) Antioche, cousins germains de Frédéric. Simon fut père de Bauthé-
i.KMV d'Antiociif. ', ([ui eut du roy Pierre I" le gouvernement de la
ville (le Randazzo, et espousa la iille de Nicolas Gesareo, chevalier.
iialilMe Messine. Ce Rartliéleiny eut aussy, du roy Pierre II, la confis-
cation des biens de Lujx) Gai'diola. Enfin le duc Délia Guardia, en la
Généalogie des lliilli de Naples -, dit cpie (Conrad d'Antioche, comte
de Gapizzi, espousa Govella [fdle] de Giordano Rufli , comte de Montalto.
et (le Margueiilc. comtesse de Cleiinont, sa seconde femme, et le qua-
lilic ai'rière-petit-fils de I'em])ereur Frédéric. De sorte qu'il faut qu'il
ail esté (ils et successeur de Frédéric d Antioche, comte de Capizzi.
.Te ne veux |)as oublier en cet endroit que j'ay remarqué un Geokoks
I) Amiochk, (pii s(niscrlt. avec li' litre d'amiral de Sicile, quelques titres
du roy Hogei', des années i i •>') el i i 'i>, sans (pie je s(;ache d'où ce
stniiitm hiv esl ddiinc \
' Mufjiios. ' Roccbiis PiiTiis. Archiepisc. Messnn,
' l'ciffc :^)'>i. |). '^o-2\ Arrhippisc. C.iiUin. |). 20.
LES SEIGNEURS IVAP.SUR. -l-Il
LES SEIGNEURS D'ARSUH.
La ville d'Arsur, dite par quelques auteuis Arsul' cl Aisutli [on
même Assur], place maritime assise j)iez du comté de Japlic, l'ut au-
trefois appelée i4Ma))a«n's, du nom d'Aiitipater, père d'Hérodos'. Gode-
froy de Boudlon, l'ayant assiégée, fut contraint de lever le siège par le
défaut de vaisseaux qui coupassent les vivres du costé de la mer; la
gloire de la prise de cette place ayant esté réservée à sou frère Bau-
douin, qui s'en rendit maistro incontinent après, par le secours des
Génois et des Pisans". L'histoire ne remarque pas à qui elle liil donnée
alors, ny qui en fut eslabli gouverneur; mais il est probable que
.Iean, surnommé d'Amir par Guillaume de Tyr^, et qui accouq)agna
le roy Amaury au voyage ({u'il fit à Gonstantinople, Tan i 170, en
estoit seigneur [])uisqu'en cette qualité il signa, connue témoin, un
acte du roi Amauri, 18 avril 1 17^ \ et un autre de Baudouin I\ , en
1 1 77 ■']. et que Mélissende, qui espousa
Jean d'Ibelin, fils de Balian, H'' du nom, seigneur d'ibelin [appeb'
communément le vieux sire de BarulJi\, estoit sa fille; au droit de la-
quelle son mary devint seigneur d'Ai'sur, ainsy que nous apprenons
' \lbr!rtus Aquensis, 1. Vil, c. i et seq. Willelmus Tyr. I. X. c. \iv. — Ecknnl.
— Willelmus Tyr. 1. I\, c. ix. — Cliron. a[uifl Marlène. Ampliss. Coll. (. V. cnl. 5-25
oWcH/.p.Si. — Samit. I. II , part. /i , c. x.w ; e. .5a() e.
I. ni. part. 1/1, c. 11. — Fiileher. Carnot. ^ Willelmus Tyr. 1. XX, r. \\i\.
I. Il, c. vu. — Cod. diplomnl. t. l, p. hho. ' Coi. diphmat. t. I. ii' -.^oi, |). -ihh.
— Cartul. S. Sepulc. p. doi^. '' Cartularliirii Simcti Sepiilc. n" i(i().
' .Ali)ertus .Aqiiensis. I. \lt. c. i.iv. — p. 3o8.
^22 MvS FAMIM.KS I) OLiTIîE-MKIt.
tlii lJ[iiia{;o froiitre-nicr ', où loiildnis rinipriiiu' poi'lo mal lo siffiiof
(If Sin; au lieu d'Arstir.
I Un (li's (liaiiilies du liijjiiajje (rouirc-iiior (|iie n'ont publiés ni Labbe, ni
i-a Tliauniassiùre'-, nous a]i[iren(l (juo le picMnicr Jean, seij;ncur d'Arsur,
ilonl le ])('■!■(■ n'est pas nommé, mais (■lait avant lui seigneur d'Arsur, épousa
Helvis, lille d'Aiiseau de Brie, et mourut avant elle sans postérité '.
Sa sœur Méi.isse^de, héritière de la seigneurie d'Arsur, épousa en premières
iiores Tlieri d'Orguenes, doiil elle n'eut que des filles, mortes jeunes.
(le Thehi ou TiiiERRi fut donc, par sa femme, un seigneur d'Arsur, ipii doit
se placer entre le premier Jean et Jean d'Ibelin, le Vieux Sire de Barutb. On
voit en efl'et un Thicrri d'Orgue, ou de (hra. figurer j)armi les témoins de
deu\ actes, l'un de Henri de (Ibampagne, roi de Jérusalem (5 janvier t igi)''-
l'autre du roi Aimeri (août i 198)^, et un Thierri de Asca, avec le titre de
seig'ueur d'Arsur. souscrire un acte du roi Aimeri (octobre i 1 98)''. Les témoins
sont à peu près les mêmes dans les trois actes.
il n'est guère douteux (pie ce Thierri de Asca, seigneur d'Arsur, ne soit le
même ([ue Tliiei'ri de Orcn, d'Orgue, d'Orgueiies. |)remier mari de Mélissende,
et, comme tel, seigneur d'Arsur.
OuanI à la femme du \ ieu\ Sire de Baiiitli. l'ancien texte du Lignage
d'outre-mcr " la nomme Mélissende: la (lontinualion de (iuillaunie de Tyr *
(lit ipi'il était marié à la suair de Henouart de Népliin, contre lequel, non-
obstant cette alliance, il prit parti en faveur de Boémond IV, le Borgne, vers
l'an 1 9 0 6 .
Le nouveau chapitre, déjà cité'-*, du Lignage d'outre-mer. acçord(» les deux
passages. Cette sœur de Benouart, fille de Baimond, seigneur de Néphin,
nommée Heln's. fut In iiremière femme de Jean d'Ibelin. sire de Barutli: elle
' Lignages â'oulrc-mer. c. vi, p. 43o; " Coil. diploinal. t. I, n" 8. p. 287.
«lit. lîeugriot, t. 11, c. viii, p. /|/i8. ' Lignages d'oulre-iner, é(\il.Lahhf.c\i:
^ Lignages d'oulre-mer. édil. Beiignot. édil. Beugiiot. c. mil
t. II. c. XI, p. /i5i. ' Coiitinuiil. (le (iuill. de Tyr. I. \\\l .
' Lignages d'oulrc-mer,éà\i.Lix\)he. cm; e. i\. ji. 3i5.
f^flit. Beugnot. c. vin. " Lignages d'oulre-mer, c. xi. éiJit. Beu-
Cod. diplomal. I. I. 11° 81, p. 87.
(ïod. diplomal. I. 1, n" 189. p. 235.
LKS SEIGNEURS DARSIJR.
22H
eut do lui nni\ fils, qui moururent jeunes, et elle nidurut peu aprrs. Jean d'I-
belin. en secondes noces, épousa Mélissende. Ainsi il n'était pas encore sei-
gneur d'Arsur en 1206.
Voici, pour plus de clarté, le tableau de la ;;énéalogie et des alliances des
seigneurs d'Arsur, tel (]u'il résulte du Lignage d'outre-nier " :
}ÎAi,nx 11 . d'Ibelin.
seigneur
(l'A
rsur.
—
"jEAN^r
seign''iir <-
JEAN ,
seigneur d'Arsur.
épouse Helvis,
aiio
d'Anseau de Brie ,
mort sans postérité
a. Mélissende,
veuv.- ,h- TIkmI
d'Urguenes ,
dont sept lilles
niorf es jeunes.
'Ibelin ,
ni.r ,
0 Barulh.
1 1
Ci^'i FILS 1. Isabelle,
morts nonnaJD.
jeunes.
3
LE
1 1
Hue a. Baiidouin ,
Fort. st^ni.'<-hai.
2
co
de
.GlI, a. B
inélablo s
Chypre, de 1
ALU.N , 2. JEAN
eur d'Ibelin .
iirulb. seigneur
d'Ai-snr.
Raiuo.nd,
Sf'igneurde Néplnn.
1 . ÏIkLOïS KcLANTlNE, KESOUAnT.
OU Hblïis. épouse stig;neui
Rohart de N.i|ilii]].
seigneur
deCayphas.
IltLvi^, Agnès.
épousi' épouse
Geoiïroi Bovere! .
Pinilniti. à Gènes.
BALIAN,
seigneur d'Arsur
actuel.
Gilles Polilaix
seigneur
deCayidias.
Jean d'Ibelin, seigneur de Baruth, et d'Arsur par sa l'enune Mélissende
mourut après le 7 août 12 3.6, date d'une lettre adressée à lui probablement
par le pape Grégoire IX '^; ce qu'il y a de certain, c'est que, dans le courant
d'août, même année, il figure encore comme téinoin d'un acte du roi de
Chypre, Henri V' \]
Je crois que ce fut de son temps que Saladin prit Arsur*, que le
vaillant Hugues de Tabarie, fds du prince Gautier, reprit depuis sui'
luy; car, après la délaite du roy Guy, l'an 1 187, par ce sultan, Hugues
sortit de Tyr avec quelques troupes, prit d'assaut cette place, tua
tous les Sarrazins qui se rencontrèrent à sa défense, et fit prisonnier le
gouverneur, ce qui étonna lellemenl Saladin qu'd n'osa hazarder en-
' Lignages d'outre-mev, édit. Lai)l)e, r. \ 1 ;
édit. Beugnot, c. viii, xi.
' De Mas-Latrie, llist. de Cln/pre . t. II.
]). Tm); l. III , |). 0/10.
■' De Mas-Latrie. Hisi. de Chypre. [.
p. (JSg.
' Expcdil. iisint. Frcder. 1 , p. ôo.
03'i
T. ES PA MILLES l)()I THE-MEP,.
coir une lois k" siéjjc <1 Arsur, ([iioujuil se lusl rnidii iiiaislre de
|)i('S(|U(' toutes les autres places fie la terre sainte.
\)u rnariafTc de Jean avec Milesende ou Mélissende, vinrent entre
autres eid'ans, Balian, seigneur de Barut, Baudouin, séneschal de
(i\pre, et
Jkan n'IisKLi.N, III'' du nom, connestable du royaume de Hiérusalem '
[vers laai], (|ui eut en partage la seigneurie d'Arsur-, du consente-
ment de ses trères. Il fut encore clioisy baile ou régent de ce royaume^
pour [Henri l", en 1260, puis pour] Hugues II, roys de Cypre [di-
gmtr «|u'il céda à son cousin, Jean d'ILelin*, comte de Japlie et d'As-
calon, et qu'il recouvra trois fois. Il en était investi] en l'an 1268; en
laquelle année il mourut. Il espousa Alix, lîlle de Rohart, seigneur de
<lavplias^, de laquelle il eut un lils qui suil.
B\LiA.\ d'Ibelin, fds de Jean, succéda à son père, en la seigneurie
d'Arsur, et en la dignité de connestable de Hiérusalem [dont il ne fut
revestu qu'en 1 968*']. Le roy saint Louys, estant à Acre, en Fan 1 •2.'")6".
le fil chevalier le jour de Pasques, auquel temps Balian esj)ousa Plai-
sance, fille de Boémond V, prince d'AntiocIie, pour lors veuve d'Henry,
roy de C-ypre. Mais le mariage ayant esté dissous* d'un mutuel consen-
tement [et par linjonction expresse d'Alexandre IV ^], quatre ans après
[1268], il s'allia avec Lucie'", fille de Jean Gauvain, de laquelle il eut
Jean; Ermelliue, qui l'ut mariée dans la Pouille; Jeanne, fenune de
' Joiiiville. [). âi8; édition Du (iange,
j). 102, et Oljserv. [I. yo.
" Cad. diploinat. t. 1. n' lai. p. ikh:
Il iSa. p. 107-161, 528. — Lignages
d'nvtre-mer. c. vi.
Saillit. I. III, part. 12. c. iv, \, \i. —
Ai-sises du royaume de Jrnis. apud Lalibe.
t. I, p. 50 1.
' \ oir les Bois de Cliypre, [1. ()3.
' Lignages d'oulrc-mer. c. vi.
' Goiiliiiuat. de (niill. de Tyr, I. .\XXI\ .
c. \i. p. ho"].
' Saiiut. 1. m, part. la.c. iv. — •Contiii.
ileGuili. de Tyr. \. XXXIV, c. 11, p. 44 1.
' Siinut. I. III. part. la. c. \. — Conti-
nuât, de Gnill. de Tyr, 1. XXXIV. r. m.
p. hh'i.
° De Mas-Latrie, t. II. p. 68. 6(|.
"'Lignages d'outre- mer. c. vi. |i. ?)-j!i.
édit. Labbe.
LES SEIGNEURS DARSUR. 225
Baudouin du Morl', seigneur de Stambole; et Nicole, mariée à Tliibaul.
de Bessan. Balian ' vendit la ville d'Arsur avec ses dépendances, eu
l'an i25i, aux chevaliers de i'Hospital de Hiérusalem, à la charge de
luy payer tous les ans i,ooo bezans sarrazinois-, qu'il (|uilta depuis à
Hugues Revel, grand niaistre de I'Hospital en l'an laOy, à cause
que le sultan Bendocbar s'estoit enijjaré d'\rsur sur luy, dès lan
[Dans un acte du i" mai 1261 ', Balian d'Iljclin énumère les vassaux di-
la seigneurie d'Arsur qui , en vertu de cette vente , devaient être payés par
l'Hôpital, et réciproquement lui devaient service.]
Enlin ayant esté fait bade ou régent du royaume de Hiérusalem ■'
[en 1268, et laissé avec cette quahté dans Acre, en octobre i-jyti.
lorsque le roi Hugues III abandonna cette ville], il mourut peu de
temps après*^, sçavoir l'an 1277. Sanudo'' dit (|ue les chevaliers hos-
pitaliers ne laissèrent pas de payer au seigneur d'Arsur, après sa ])erte\
la somme de 28,000 bezans, tous les ans, ce qui se doit entendre
ius(|ues au quittement qu'il en fit.
Jean d'Ibelln, fds de Balian, qualifié seigneur d'Arsur", s'allia avec
Isabelle, fdle de Balian d'Ibelin, séneschal du royaume de Cypre, et
eut d'elle Balian, Guy, Alix, Marguerite et Lucie.
[Jean d'Ibelin fut nommé connélahle du royaume de Jérusalem'" (hi vivant
' Saillit. 1. III, part. 12. c. vi, vu. —
— Continuât, de Guill. de Tyr, I. \XX1V,
c. IV, p. 6/iG.
" Caiiiil. de Manosqiie. — Cad. diplomal.
t. 1, n" 1/49, p. 189-191.
' Rainald. 11° h\. aiin. ii>G5. — Contin.
Inc. cit. p. hbo.
' Cod. dijtlomnt. t. 1, 11° 1 /to, p. 1 7 ! -1 7,].
-—Assises de Jerusnlern, édit. Beufjnot, t. I.
p. 355 , note.
" Saniit. I. III , c. XIV. - Contin. de Ciiili.
de Tyr, 1. XXXIV. c. .\i.. p. ôk'j: c. xwiii.
p. h^h.
" Saiiul. I. tu, c. \u. — Continuât, de
(iuill. de Tyr, I. XXXIV, c. m. p. '.78.
'' Sanut. 1. III, part. 1^1. c. 11.
' (>'est-à-dire après la [lerle d'Arsur : [ins
cjus amissioueiii , comme dit Saiiudo.
'■' Ligiiagcs d'oulrc-incr, édit. Labbe, cm .
p. i39;édit. Beugnot. c. vin, p. hUiy
"• Continuât, de Guill. de Tyr. 1. \X\ \ I .
c. \VI . p. /l()3.
39
-22(1 LES FAMILLES DOIITRE-MER.
même de son père, en 127a. Il vivait encore en i3ofi. puisqu'il est nommé
comme témoin d'un traité deconnnerce ' du prince Amauri, régent du royaume
de Chypre, avec Venise, à la date du 3 juin de cette année.
11 (uit pour successeur, au titre de seigneur d'Arsur. ^Al.IA^, son fils. (pu.
eu cette (pialilé, souscrivit un acte- du roi Hugues IV, de (Ihypre, le ^j sep-
lend)r(^ 1 0'i(S.|
Piiii.ii'PK i)"li!ELi\. lieutenant de Jaques de Luzignan, séneschal du
ro^jaunie de Cypre, est (jualilié seigneur d'Arsur, en l'an i368 [ou
plutôt i;5G()]. aux Assises du royaume de Hiérusaleni^ [lors de la
réunion des seigneurs qui suivit immédiatement la mort du roi
Pierre l' [
[Le -30 mai précédent, i3()8, ilu vivant de Pierre 1", il avait été témoni
d'un acte * relatif au payement du douaire de Marie de Bourbon.
Le l'y janvier i3(k), il lut un des assassins de Pierre I" ^ et Guillaume de
Machaui lui impute d'avoir porté les premiers coups.
Le 16 novembre i36(), il fut un des seize notables désignés pour la révi-
sion du livre des Assises ".
On ne sait s'il était lils ou pelil-liis de Halian d'Ibeiin, ou de Gui. son
frère.]
Le seigneur d'Arsur avoit droit de haute cour, c'est-à-dire coin-,
coin ou monnoye, et justice, et avoit. à Saint-George de Sébaste, coin-
de bourgeoisie et justice''.
' De Mas-Lalrie, t. II, p. io3.
' De Mas-Latrie, t. Il, p. i43.
Assises de Jérusalem, p. 456. 660,
édit. Beugnol, t. I, préf. p. 111. vi. — ^Voir
Les Rois de Chjpre , p. 76.)
' De Mas-Latrie, t. II. p. 391.
■^ De Mas-Lali-ie. t. II. p. 335. 34 1.
* Assises de Jérusalew , édil. Beugnol .
l. I, C. VI.
' Assises de Jérusalem , édition Labbe .
p. 559; édit. Bengnnt , t. 1. p. 4->.o.
Les Comtes d'Ascalon, voyez Lus Comtes de Japhe.
LES SEIGNEURS DE 1! ARUT.
227
LES SEIGNEURS DE BARllT.
Baudouin, I" du nom, roi de Hiérusalem, après la prise de Tn-
poly, entreprit le siège de Barut\ ville de la terre sainte, appelée par
les géographes Berylus, célèbre pour son université, dans laquelle on
enseignoit le droit, et où Ton venoit de tous costez pour y étudier la
science des loix-; et, s'en estant rendu inaistre à l'aide de Bertrand,
comte de Tripoly, et des Pisans, le 23*^ jour de février, l'an iiio.
ou, selon Gudlaume de Tyr, le 27"= jour d'avril de l'année suivante,
il la donna, au rapport de Lambert d'Ardres^ et de Meier\ qui l'a
suivy, à
FouQUES DE GuiPiES, secoud fds de Baudouin, I" du nom. comte di'
Guines, et d'Adèle, sa femme. Ce seigneur paroist avec son père et ses
frères en quelques titres de l'an io84, et obtint, au récit de ces au-
teurs, le comté et la ville de Barut, en la terre sainte, où il fut in-
humé ^ Après luy, ce titre est donné, j)ar le Lignage d'outre-mer"
[qui ne fait pas mention de Foulques], à un autre seigneur, nonuné
' Albertus Aqiiensis , 1. XI , c. xv,xvi,xvii.
— VVillelmus Tyr. i. XI, c. xiii.— Pulcher.
Garnot. I. Il, c. xl. — Arnold. Lubec. 1. V,
c. m.
■ Digest. proœm. \ii : Hœc autem tria.
— Cad. lib. X, tit. 69 : Qui icUtle. —
Gregor. Tliaumat. p. 18G. 187, 188. —
Liban, or-at. 2O, p. 5g5 b. — Agathias.
I. II, c. XV. ^ Nonn. 1. IV, c. v, p. i/i.3,
.3c)i. — Alypius Anliocb. — Jo. Phocas,
n° 5. — Willebr. ab Oldeiiboi'g . \\. 127.
— Bayle , Dictiuiinniic cnlifjiic , au iiiol
Bérijte.
■' Lambert. Ard. |i. 17.
'' Meier, I. IV, anii. luçi;). — Versus rie
illustribus viris diœc. Tarvnneiis. apud Mar-
tène, Ampliss. Collecl. t. V. col. 5io a.
^ Lambert. Ard. p. 25, 27. — Meier,
ann. 1099. — D'Acliery, S/«'c//. I.IX. p. 8/17.
° Lignages d'outre -mer, édition Labbc.
c. XVII, p. 891; c. XXI ; édition Reugnol,
c. XX.
ag-
22« LES FAMILLES DOUTnE-MER
Pierre [le premier que le Lijjriage présente comme seigneur de Ba-
rutli], (le la famille duquel il ne spécifie rien, se contentanl de dn'e
(pi'il Inl sire de Baiiil. de sorte que l'incertitudti reste toujours s'il
cstoit fils de Fouques ou de la même famille que lu\. [L'époque où il
vivait est à |)eu prés détei-minée i)ai- ce l'ail ', que le roi (Baudouin 111)
lui donna Damas, qu'il assiéoait alors (i i 68), et le mit en possession
d'une partie de la terre et du jardin (jui sont devant la ville.] Ouoy
<pi"il en soil, de la l'ennnc (pi'H espousa il laissa quatre fils et deux
filles, sçavoir, Gantier, prince ou seijpieur de Barut; Guy, surnommé
de Barut, par Gudlaume de Tyr-, dans les années i 167 et iii8 [et
1102, lors du siège d'Ascalon], lequel espousa Julianne, princesse
de Césarée; Bernard et Hugues, décédés sans ent'ans; Marie, qui s'allia
(Ml premièi'es noces avec Guillaume de Tabarie, fils de Gudlaume de
Bures, prince de Tabarie, et en secondes, avec Girard de Ham, con-
nestable de Tripoly^ et Béatrix, fenune de Jean le Tor, seigneur de
Ma n net.
[Cette généalogie est inadmissible \n\v son invraisemblance; Sébastien
Piioli* en donne une autre, où il suppose (pie Gui de Barutb, qui devint sei-
eneur de Césarée par son mariage avec Julienne, est le lils de Pierre, et le
|)ère de Gantier, d'un second Gui de Barutb, de Bernard, etc. Mais il n'ap-
porte pas à l'appui de son opinion des preuves snllisantes, et la principale
dillicullé, résultant de la dilTérence des temps, subsiste toujours. D'ailleurs
les chapitres ix et xvn du Lignage d'outre-mer (xi\ et xxi de l'édition de Beu-
gnol), et les nouveaux clia|)itres ix et xx de la même ('dition, s'accordent
tous les (juatre ])our donner |)our fils à Pierre : Gautier, qui tut après lui sei-
gneur de Barutb; Gui, mari de Julienne; Bernard, etc. Cependant, lorsqu'on
songe à l'intervalle qui sépare les divers documents où il est (juestion de (iaii-
tier et de Gui de Barutli. de 1 i2() à 1 182, l't même 1 i()a environ, on est
forcé de reconnaître qu'il doit \ avoir eu des intermédiaires entre Foul(|ues
et Pierre, et (pie Gautier et Gui de Barutli. mentionnés dans des actes de
' Lignages d'outre -mer, c. x\, édition ' Marie Ae Bjii'iilii liil wmwq trois fois.
Beiiiynot. • {\ .n-a\ms LesSeignem-sdeluBlaiicliegiink.)
- Willelmiis Tvr. I. Wll. c. 1 . \v. \\i. " Cod. diphnwt. I. L p. '-icf?^ . 't^'t-
LES SEIGNEUHS DE RAllUT. :2'iO
1 125, ii9(J, 1 i36, 1 i38, 1 i-'io, 1 i/iA, I 1 '17, et même des amiées 1 liVi.
11 55, iioT), ne peuvent pas être les mêmes que Gautier et Gui, qui liguicnt
dans des actes de 1 iSy, 1 i(Jo. 1 178, 1 182 '. Dans ce système, Pierre occu-
perait un espace assez restreint entre 1 i5(j et 1 157; et après Un vicndrau-ut
ses fds, Gautier, qui échangea Barutli contre Blancliegarde, et Gui, mari de
Julienne de Gêsarée. Quant aux deux frères, Gautier et Gui, cpii auraient pn-
cédé, nous ne pouvons dire s'ils étaient (Ils de Foulques, ni si l'un des deu\
fut le |)ère de Pierre, ni s'ils furent successivement ou conjoinlemeiil seigneurs
de Barutli. Gette dernière supposition néanmoins paraîtrait la plus vraisem-
blable, et la seule capable d'accorder des faits ([ui semblent coiilradictoire^.
Un acte du roi Baudouin II, du 2 mai ii95"\ est souscrit par Gautier.
seigneur de Barutb, surnomiin'' Briseb'irrc.
Un acte de 1 126, 28 juin ■\ nomme (iaulier ilf Bnriilh . puis son frère Gui.
sans aucune qualiticatioii.
Un acte de 1 i34 * est souscrit par Gautier de Baruth.
Un acte du roi Foulques ^ 5 février i i38, est souscrit par Gui, seigneur
de Barutb.
Gui de Barutb, souscrit un acte de Baimond, comte de Tri|)oli " (1 lio.
décembre).
Gautier de Baruth souscrit un acte du roi Baudouin III ( 1 1 A/i )''.
En 11/17, ^' juillet ^ Gui de Baruth est témoin d'un acte du même roi.
Gui de Baruth souscrit encore des actes du 3 0 juillet 1 i 5 6 ^ 1 3 juillet t 5 '^ 5 '".
7 juin 1 1 56"; et il est nommé aussi, par Guillaume de Tyr, dans les aiini'es
11. '17, 1 1/18, 11 5a, ainsi qu'on l'a vu, comme s'il était le seul seigneur de
Baruth, sans qu'il y soit fait mention de son frère Gautier, qui. prohahle-
ment, était mort depuis plusieurs années.
Mais les frères Gautier et Gui, nommés dans l'acte de 1 1 57 '-, sont évidem-
ment les fils de Pierre, et nécessairement distincts des précédents , leurs liomo-
nynies.
' Cod. iliplomiit. t. I. iV'7-!, |). 7-.!. ' Corlul. S. Sepiilc. n" ;Ui, p. (jH.
• Fontes reniiii Avslrliiciinnii . \. \II . ' Co/l. diplomal. l. \. n' -2!* . [t. ai'>.
n° lit , p. 0/4. " Cod. dijAomat. t. 1, 11' 3o, p. 33.
' Cod. diploiiwl. l. 1. 11° 10, p. 10. '" Cni-liiliiriiiiii Saticti SrpnJehn . n"
" Cod. diphmat. t. 1. 11' 1.58, p. 9oa. p. 101.
' Cnrtd. S. Sepuk. if 33 , p. 63. " Cod. diplonmi. t, I , u" 3-. . p. 35.
" Cnrtiil. S. Septilc. n" g'i. p. 187. " Cod. diphmut. t. I. n" 3i , |i. 3(i.
.).5 .
r.iO I.ES FAMILLES D'OLTRE-MER.
(it'peiuliuit toutes les dinirult(''s ne sont j)as encore levées. D'abord, Pierre,
au moment où il reçoit le don de Damas en expectative ( i ii8), est indiqué
(lar le Lignage ' comme seigneur de Barutli; et cependant, par les actes, Gui
en l'sf encore seigneur en 1106. Ensuite, comment et à quel titre le roi Amauri
donna-t-il, vers 1 ifiy, la seigneurie de Barutli à Andronic Comnène, puiscjue
Gautier en était alors légitime seigneur, et (ju'il vendit Barulh à la reine Isa-
belle'' et au roi (Conrad, Henri, Aimeri?) pour avoir les moyens de racheter
sa mère, (|ui était restée en otage chez les inlidèles, après avoir payé une partie
ili' la rançon de ses trois fils, prisonniers comme elle, sans doute après les dé-
sastres de 1 187 ?
On peut sup])oser (|ue Pierre, en 1 ihS, n'était pas encore seigneur de Ba-
ruth, et (pi'il est désigné ainsi dans le Lignage par anticipation; qu'après la
mort de Gui, vers 1 i56, il aura reçu du roi la seigneurie de Baruth en dé-
dommagement de celle de Damas, (|u'on ne prit jamais; à moins que Pierre
ne soit le même personnage que ce premier Gui , tous deux étant qualifiés sei-
gneurs de Baruth dans le même temps, Pierre par le Lignage. Gui par les
actes où il souscrivit comme témoin.
Quant au don de la seigneurie de Baruth l'ait à Andronic, on peut dire que
ce l'ut une espèce de titre honorifique assez semblable à ceux du même genre
que l'on accorda plus tard à des personnages notables, après la perte de toutes
les places de la terre sainte: ou une jouis.sance leMq)oraire, à titre d'hospita-
lité, qui ne préjudicialt point au\ droits du véritalde seigneur. |
Gautier, sire de Barut [souscrivit en cette cjualité plusieurs actes
des rois Baudouin III et Baudouin IV, dans les années 1160 (26 juil-
let ^ et 29 novembre^), et 1178 (17 novembre), puis il] céda cette
seigneurie au roi de Hiérusaleiu*, qui luy donna en échange la l'orte-
resse de la Blanchegarde, (jui avoit esté bastie par le roy Fouclues^
l'an 1 1 38, sur une colline distante de la ville d'Ascalon de liuit milles.
' Lignages d'outre-mcr, c. \x, édit. Ben- ' Coil. âiphmal. t. 1. 11° 30. p. 87 ; n' 65.
yiuil. p. 60.
• Lignages d'tmlre-mer, loc. cil. ' Lignages d'oulre-iiier, iklilion l.alilie.
■ Caiiulariuiit Snncti Sepidchri , n fih . c. wii; édit. Beiij;not. c. i\,x\. \m.
p. iny. ' Wilieiniiis Tvr. I. X\. c. \\\.
LES SEIGNEURS DE I5ARUT. i>31
[Gautier de Baruth était le seigneur suzerain tlu château de Banins, (|ue
Humfroi de Tlioron , connétable du royaume de Jérusalem , tenait de lui en lie!'.
Par un acte du h octobre i 167 ', il permet à Humfroi d'en donner lu moitié
à l'Hôpital de Jérusalem, avec l'approbation de ses frères. Gui et Bernard.]
Sa postérité, qui sera représentée après les seigneurs d<' BariiL.
prit de là le surnom de la Blanchegarde. Ensuite le roy Amanry, que je
crois estre celuy qui fit cet échange, donna la seigneui'ie de Bai'ut,
vers l'an 1 167, à
Andronique Gomnène-, qui l'ut depuis empereur de (lonstantinople,
lorsque ce prince vint en la terre sainte sous prétexte d'y visiter le
roy, mais, en effet, à dessein d'enlever et d'espouser Théodora Gom-
nène, sa parente, veuve du roy Baudouin III. Ce qu'ayant exécuté il
se retira furtivement en Grèce, et abandonna par ce moyen la ville de
Barut, que le sultan Saladin prit depuis sur les noslres en l'an 1 187,
après la malheureuse défaite de Guy de Lnzignan^ Gette prise n'em-
pescha pas que, par l'accord qui fut moyenne par les roys de France
et d'Angleterre, en l'an 1191, entre Guy de Luzignan et Goni-ad, mar-
quis de Montferrat, cette place n'ait esté comprise entre celles (|ui
furent laissées au marquis ". Mais elle ne ftd reprise par les chrestiens
qu'en l'an 1 197, aidez du secours des Alemans^ Quelque temps après.
Henry, comte de Champagne, qui avoit espousé Isabelle, reyne de
Hiérusalem, veuve du marquis [ou plutôt Aimeri, roi de Chypre el
de Jérusalem, quatrième mari d'Isabelle, qui avait repris la ville de
Baruth], la transporta à
Jean, seigneur d'Ibelin. tils de Balian, IP du nom, seigneur d Ibe-
' Cod. diplomat. f. I, n' 3à , p. 3G. ' Pioger de Hoveden. 697. — Bromijfon .
- Willelnius Tyr. 1. XX, c. n. ami. 1908.
^ Jacobus de Vitriaco, 1. I. c. xcv,c. — ' Innocoiit. III, I. I, Epist. p. ii-j. —
Sanut. i. III, part. 9, c. V. — Roger deHo- GodelVidus mon. et Mon. Altissiod. anii.
veden, p. ().36. — Radulph. Goggeshal. 1197. — Mngu. Chruii. Bclg. p. -ao!. —
Martène, .l»i/)//M. CoH. t. V, col. 5(53, e. Will. ali Oldenborg. limer, p. ia(i. —
232 l-ES FAMILLES 1) OLÎTI'.E-MKR.
lin, qui, euécliaiige, liiy rciuil la comiesUiblie ilii rujaiimc de Hiéru-
salem '. Ce seiffneur cslaril devenu par ce moyeu propriétaire de cette
place, il en rostablil les tours et les murs, qui avoicnt esté ruinez par
les sié<>es, et la icndil incomparablement plus lorte cpi elle n cstoit
aiq)iii'a\anl.
I C'est l'r Jean d Ibelin ipii est si connu sous le nom de Vieux Sur de Barntli ,
l'I (|U(' inrntionnciil souvent avec éloges Jean d'ibelin, son neveu, rédacteur
di's Assises, et l'hilippe de Navarre-, comme un homme sn|)érieur par ses
talents militaires, riiabiicté de son administration, et son protond savoir en
jurisprudence.]
II survint ensuite un grand démeslé, en l'an luaS et 1229', entre
reni])ereur Frédéric II et Jean d'ibelin, à l'occasion de la ville de Ba-
rut et de la régence du royaume de Hiérusalem, qui avoit esté doimée
à ce prince*, après la mori du roy Amaury de Luzignan, dès 1 an
1 -iof), l'empereur luy contestant l'une et l'autre; et, sur ces différends,
il se tit plusieurs traitez, qui sont rapportez par les historiens^; et
iiiesme [après des succès variés], il délit en bataille le niareschal de
lempereur, au mois de may, l'an laSs. [Cette affaire eut lieu le
) T) juin i!20'j ^, à la Gride de Cérines.]
Quelques-uns estiment (jiiil lui encore comte de Japhe, se persua-
dant que c'est ce Jean d'ibelin ", comte de Japhe , cpii mourui 1 an 1 -266**.
Sanut. I. m, part. 10. c. \iti. — Continuât.
iIp Giiill. de Tyr, I. XXVII, c. vi, vn, p. aai,
■.•>5.
Sanut. 1. III , pari. 1 1 , c. ni , xi , xiri. —
Ldiedano. De' re Lusigmini, i. I,p.52 ; trad.
franc t. 1, p. 60. — WiH. ab Oldenborg.
Iliiicr. p. 12O.
" Assises de Jerus. l. I. [).xxx, io3, loç).
I 12, 11;!. 327. 383. 5 1 5,. 525, 539, 559,
."170 . etc. édit. Beugnof. (Voir Les Seignem-s
d'Arsur. \
' Sanut. loc. eh. — Goleirid. Mon. ann.
1232. — .'Uberic. ann. i233. — Oderic.
hainald. ann. 1229, n° 29. — .Math. Paris.
ann. 1 129, p. 267. — Contin. de Guill. de
Tyr, I. XXXIII. c. n. m. iv, p. 367-369;
c. X, p. 376. 377.
' Il faudrait dire plutôt à ee seigneur; car
il est question ici de Jean d'ibelin . et non
de l'empereur Fri'déric II.
^ Sanut. 1. III, part. 11, c. m. n, xi. —
Richard, de S. Geriu. ann. 1232.— Contin.
detiuill. de Tyr. I. XXXIll, c. \i . p. 377;
c. XX. x\i, p. 38('), 387.
" Voir Les Bois de Clii/pie . p. 61.
' Sanul. I. III. part. 12. c. \ni.
" Voir plus bas, Jeim d'ibelin , coiule de
Japhe.
LES SEIGNEURS DE B.VRUT. 233
Ce qui uesl pas probable, (rautant que Balian, fils de Jean, se disoit
seigneur de Barut, dès Tan 12^0', joint (pi'Albéric- dit en termes
formels qu'il mourut Tan laSS. [Nous avons vu, dans l'article des sei-
gneurs d'Arsur, qu'il mourut au plus tôt en l'année 128/1.] D'où il ré-
sulte encore que le chevalier Lorédan ^ rapporte mal son décez à l'an
1286, écrivant qu'il mourut de la chute de son cheval, au retour de
la chasse. Les Annales de Marseille* racontent qu'en l'an 1222 il fit
un traité avec les marchans de cette ville, par lequel il leur donna
plusieurs immunitez et exemptions pour le trafic qu'ils feroient dans
ses places.
[En 19 33 ^, choisi pour médiateur entre Marseille et les frères du Temple
et de l'Hôpital, qui réclamaient des privilèges exorbitants, il amena ces der-
niers à restreindre leurs exigences.]
Il espousa Mélissende , fille du seigneur d'Arsur, au droit de laquelle
il devint seigneur d'Arsur ^ et laissa de cette alliance Balian, seigneur
de Barut; Baudouin, séneschal de Cypre; Hugues, décédé sans en-
fans; Jean, seigneur d'Arsur; Guy, connestable de Cypre; et Isabelle,
qui fut religieuse.
Balian d'Ibelin, seigneur de Barut [autrefois donné en otage par son
père'' à Frédéric II (1228)], paroist avec ce titre en l'an 1260^
[Il l'avait déjà en octobre 1937^, et même plus anciennement, depuis la
mort de son père.]
11 espousa Eschive, fille de Gautier de Montbéliard "^, et de Bour-
' Sanut. i. III, part. u.c. xvi. ' Continuât, fie rmill. de Tjr, 1. WXIII .
" Alberic. loc cit. c. 11, p. SGy.
^ Loredano, De re Liisigmni , I. II. " Sanut. 1. Ht, part, ii.c.xvi.
p. 1 2 1 ; liaduct. franc, t. I , p. 1 4o. ' Cod. diplomal. 1. 1 . n° 1 1 o, p. 1 1 7. 1 1 <S,
' Guesiiaius, Annal. Massil. p. 355. 523.
* Codic. diplomat. t. I, n° iiG. p. i-ik- '" Lignages d'outre-mer, c.yi\ édit. Beu-
197. gnot, c. viii. — Continuât, etc. 1. XXXIII.
" \'oir Les Seigneurs d'Arsur. et plus bas. c. x, p. 320; c. Xixiii, p. 899 . — Loredano,
le tableau généalogique des Ibelin. I. II. p. 96: trad. franc, t. I, p. 11 t.
3o
^34 LES FAMILLES nOIlTIiE-MER,
ootnie, nilc (lu roy Aimory, qui est appelée cousine du comie de Moiit-
béliard par le sire de Juiiiville^ Elle estoit veuve de Girard [de Moul-
ainu], neveu d'Eusloroe, arclievesque de Nicosie. Ce mariage fut
dissous par sentence de l'archevesque de Nicosie, à cause de la pa-
renté qui estoit entre eux.
fEscliive do Montbélianl - était la petito-lillo d'Esrliive d'Ibelin, première
foiimie du roi Ainicri, laquelle était cousine germaine de Jean d'Ibelin, sei-
jrrieur de RariiUi, père do Balian III.]
Mais depuis, le })ape Grégoire IX leur accorda la dispense. De cette
alliance vinrent Jean, seigneur de Barut; Hugues, qui fut conjoint par
mariage avec Marie de Tabarie, et mourut sans enfans; Balian, dé-
cédé jeune; et Isabelle, femme de Henry, seigneur de Giblet.
[Balian III d'Ibelin, seigneur de BaruUi, lut, au rapport de Pbilippe de
Navarre^, un habile jurisconsulte, ^personnage moult courtois, aimable et
«gracieux, qui chassa de Tyr les Lombards, îi c'est-à-dire les troupes de Fré-
déric II. En effet, en la/io, réuni à d'autres seigneurs, il reprit la ville et le
château de Tyr*, sur Ytier, frère de Bichard Filangieri, et fut préposé à la
garde de cette ville \ Dès l'an i 207, il était connétable du royaume de Chypre.
En cette qualité^ il donna à l'Hôpital de Jérusalem, de concert avec sa femme
Eschive, deux casaux qu'il avait reçus du roi Henri I", de Chypre (i-aSy. oc-
tobre). On no dit pas quelle l'ut l'année de sa mort.]
Jean d'Ibelin, seigneur de Barut, qu'il y a lieu de croire estr(^ le
mesme qui fut comte de Japhe, et qui décéda l'an i266\
' Joiuville. |). 07. — Du Gange, p. 28, p. 3i(j.— Coiitiii. ilctuiill. ileTyr, I. XXXiii .
ag, et Ohscrv. p. Go. — Hisloi: de France, c. 1,11, lui, lv, p. 'la-i , h-ià . iaG, /127.
t. XX, p. ai'i, 1). 11. ' Siiccessibililc au trône et à h régence,
' Voir plus bas la généalogie des Ibelin. c. u.— .issises de Jérus. t. II, p. ioo, 4oi.
— Math. I\iris. ann. ia3f), p. 0/11. — De " Cwl. diphmat. t.l.ii" 100, p. 117. ti8.
Mas-Latrie, Ulsl. de Chmire , t. II. p. tia et
,;>•!.'..
notes G, 7. 10; t. Ill , p. 629. G3o. ' Le comte de Japhe. .lean dlhelin, uiori
' Phili[)|)e de Navarre , c \h\\. — Assises m 1 aGG , était le neveu de Jean d'Ibelin , le
de Jérus. t. 1 , p. 670 , édit. Ikugnot. Vieux Sire de iiaruth. ( Voir plus bas les ia-
' Marin. Sanut. 1. III, part. 11, c. xvi, l.leaux généalogirpies de la famille dlbeliii. >
LES SEIGNEURS DE RARUT. 235
[Ne fut pas comte de Japlie et mourut en laGi '. Dans un acte du roi
Hugues III (octobre 1270)-, où ce prince fonde un service pour le repos des
âmes des membres de la famille royale, il est appelé rJean d'Ibelin le Jeune.
jadis seigneur de Barulh; " et, dans le discours de Jaccpies d'Ibelin, vers 1 37 i^
pour maintenir les droits des barons contre le roi Hugues III, on mentionne
le K Jeune seigneur de Baruth, petit-fils du sire de Baruth le Vieux, moil
il n'y a pas encore longtemps. 55 En 1260, Jean d'Ibelin avait été vaincu ('\
pris par les Turcomans \ et s'était racbeté pour la somme de '>o,ooo be-
sants. Il]
Espousa Alix^ fille du duc d'Athènes, de la maison de la Roche, et
eu procréa deux filles, dont l'aisnée fut
Isabelle, dame de Barut, qui eut qualre maris et décéda sans en-
fans. Le premier fut Hugues, fils de Henry, roy de Cypre, (pii mourut
à i'age de quatorze ans; le second [quelle épousa en 1272], Aymon
[ou Heimont] le Strange [l'Estrange], seigneur ang^ois^ qui pouvoit
eslre issu de Bernard, surnommé Extraneus par AJlbert d'Aix '. Le docte
Spelman ^ a donné la généalogie de cette famille , qui subsiste encore
au comté de Norfolc, et ses armes", qui sont de gueules à deux hjons pas-
sans d'argent. Je ne scay si elle n'estoit jjas issue dune autre du mesme
nom, en France, de laquelle estoit Claude, baron de l'Estrange^", de
Hautefort, vicomte de l'Eslrange, et de Glieyiane, baron de Boulogne
et de Privas, qui, de dame Marie de Chambaud, laissa Marie de l'Es-
trange, qui espousa Charles, seigneur de Seneterre, manjuis de Chas-
teauneuf, dont le fils aisné porte le titre de vicomte de l'Estrange. Le
troisième mary d'Isabelle fut Nicolas Alemaii, ])i'ince de Césarée [tué
' Coiitiriuîil. «le, Guill. de Tjr. 1. \XX1V. '' Lignages d'mitn'-mer, c. vi.
c. IV, (). i/17, /44.S. ' Continuât, de Guill. de Tyr. !. XXXI\
- De Mas-Latrie. Hist. de Chi/pre. t. III, c. xv, p. 46-2.
p. 660. ' Albertus Aquensis, I. VIII, e. \l, xlii.
' Assises de Jeriis. i. Il, p. h'ii. * Spelman, Aspilogia, p. ih\.
' Marin. Saiiul. I. III, part. 1-2, c. VI. — ' Monaslic. anglican. ]>. SSO. — Gai/.
Continuât, de Guill. de Tyr. I. XXXIV. c. m. clirist. t. I, p. 696.
j). /a/i.'î. '° Béjard. Eslats de Langtiedoc.
■.iu.
2;i6 LES FAMILLES D OUTRE-MEIi.
peu i\[)vès son mariage \ qui eut lieu en 1277]; et le (juatrième, Guil-
laume Barlais.
EsoiiivK, seconde fille de Jean, seigneur de Barut, fut dame de Ba-
vut. Elle fut alliée en premières noces avec Humkroy de Montfort, fils
puisné de Philippes de Montfort, seigneur de Tyr ou de Sur; et de ce
mariage naquirent Almaric et Bupin de Montfort, et une fille décédée
en jeunesse.
I Amauri et Rupiii portèrent peut-être l'un a[)rès l'autre le titre de sei-
i^neur de Baruth. Amauri mourut sans enfants -. Rupin de Montfort épousa
Marie d'Ibelin, fille de Balian d'Ibelin ', sénéchal de Chypre, et en eul
deux enfants, une fille, nommée Jeanne, et un fils, Humfroy de Montfort, sei-
gneur de Baruth et connétable de Chypre. Ce seigneur est mentionné, comme
neveu du roi Hugues IV, dans une lettre du roi d'Aragon'', Jaynie II, au
roi de Sicile, Frédéric II, son frère (iSaS, k mai), relative aux divers pré-
tendants à la main de la reine Constance, veuve du roi de Chypre, Henri II,
parmi lesquels on voit figurer Humfroy de Montfort: mais il mourut peu
après, le 2 A juin iSaG.]
Puis, ajirès le décez de son raary, elle espousa Guy, fils de Hugues 111,
roy de Gypre^ et en eut un fils et une lille, Hugues IV, roy de Cypre,
et Isabelle [qui épousa Eudes de Dampierre'*, connétable du royaume
de Jérusalem]. Ce fut du temps de Guy et de cette princesse'' que la
ville de Barut vint au pouvoir des Sarrazins, avec le reste des places
de la terre sainte, vers l'an 1291. \ucuns* cotent sa mort [celle du
prince Gui] en l'an i3o3.
' Continuât, de Guill. de Tyr, \. XXXIV, ^ Lignages d' oulrc-mcv , c. ii.
c. xxxiv, p. iyg. ° Voir Les Rois de Clnjpre.
- Lignages d'outre-mer, c. xii. ' Sanut. 1. III, part, la, c. xxii. — Rai-
' Voir les généalogies d'Ibelin , r'tableau nald. ann. 1291, n° iG. — Ptol. Luc. Hisl.
et tableau C. ceci. I. XXIV, c. xxiv.
■' De Mas-Latrie, Hisl. de Chypre, t. 111, ' Loredano, 1. IV, p. 9o5; trad. franc,
p. 7i3 et note 1. t- I, p. saj-
LES SEIGINEURS DE BARUT. ■ 237
Anioul de Lubec' escrit que coinnie les roys de Hiéiusaieiii avoieiil
coutume de recevoir en la ville de Barut la courmine royale, ainsy
Saladin, rayant prise, s'y fit pareillement couronner, et fut reconnu
ensuite roy de Hiérusalem par les siens.
' Arnold. l-ul)ec. I. V, c m. i\.
238 MÎS Fy\MILM;s D OIJTiiE-MEli.
LES SEIGNEURS TITILAIUES DE BARl T.
Entre ies dignitez lionoraires du l'oyauiue de Hiérusaieni que les
rn\s de Cypre conservèrent dans leur cour, lut celle de la seigneurie
de Barut, à la(|uelle on annexa, comme aux autres, certains fiefs situez
dans le royaume de Cypre. Entre ceux qui se sont qualifiez seigneurs
de Barut après sa prise, je remarque les suivans :
Guy [ou Balian] d'Ibelin', séneschal de Cypre, père de Loyse ou Alix
d'Ibelin, l'emme de Hugues IV, roy de Cypre, tenoit cette dignité en
lan 1 33o.
.ll•:v^ DE LuziGNAN, neveu du loy Jaques, n estant âgé que de quatorze
ans, l'ut fait clievalier par ce prince, et seigneur de Barut, l'an i38i'-:
en laquelle année Jacques hiy fit espouser la fille de Jean du Morf,
comte de Rohas. Ce loy l'envoya en qualité d'ambassadeur en France'',
poui' traiter d'alliance avec le roy Charles VI, dont le traité se fit en
la maison du chancelier de Corbie, à Paris, le 7'' jour de janvier, l'an
i3()7, more gallicano [c'est-à-dire iSgSJ, où il est qualifié neveu
du i-oy Jaques; la procuration duquel, passée à Nicossie \ est du 16*=
jour d'aoust, l'an 1895. 11 presta au duc de Bourgogne, avec Branca-
léon Grille et Nicolas Matharas , bourgeois de Péra, 172,000 ducas,
|)onr la délivrance du comle de Nevei's, détenu prisonnier par Bajazel
' Etienne de Lusiguan , Hist. de Chypre . ' Titres du trésor des chartes , Archives
p. il\li. — Loredano, i. V. p. -288; trad. de TEnipire, sect. hist. J. /i33, n° 9. — De
franc, t. I. p. 018. Mas-Latrie, t. Il, p. Sig-Ziii.
■ liOieduno, De'rcLusign(iiii,\AX. \i.BiC). " DeMas-Lalvie. Hi-it. de Cliium . t. II.
\oir Les Prhiri's liliil/iiri'^ d'Aiilioclii'. n. iaS. It9.
y-
LES SEIGNEURS TITULAIRES DE BARUT. ' 239
après la bataille de Nicopoli, sous la raulion du seigneur de Mellieliii
et de quelques Génois, le ai de juin 1897 '.
Je crois que c'est le mesme que cehiy ([ui csl iioniinr iiiessiie .Icau
de Leaigimn, seigneur de Barut, chevaUer, chambellan dn roij, dans un
auti'e titre du Trésor des chartes du roy, de Tan liio, qui [)oitt' qu il
estoit venu en France pour les affaires de la cliresticnté. Nous ne lisons
pas qui fut son pèi'e; aucuns le nomment Jean et le qualifient [la-
reillement seigneur de Barut. Mais, si cela est vray, il faut cph' ce
Jean ait esté le mesme que Jean, prince d'Antioclie, (ils puisné de
Hugues IV. Loredan^ le qualifie/ifs du frère du roy Jacipies {' ' ; ce <|iii
est conforme au titre dont je viens de ])arler, qui le (jualifii' neveu de
Jacques. L'auteur de l'Histoire de Dalmatie^, dit qu'il estoit oncle de
Marie de Cypre, femme de Vladislas, roy de Hongrie; d'où il sensui-
vroit qu'il auroit esté frère de Jacques I". père de cette princesse; ce
qui est contre la vérité, d'autant qu'il estoit cousin germain, et non
pas oncle de cette reyne. Le mesme auteur remai-que (pi'il estoit, en
l'an i6o5, au service de Vladislas, roy de Hongrie, qui avoit esjHuisé
sa nièce, et que ce roy luy donna le gouvernement de Zara, sous le
titre de duc de Trau; de sorte que, s'il m'est permis di; c(injectui'('i-.
je crois ipi'il estoit pctit-rds du prince d'Antioche, et iils de Hn<;iie^.
son fds. (pii mourut en otage à Gènes.
[On a vu, dans Les princes titnhiires d'Aiitioclic, (jue ce Jean (!i,' LusigiiHii.
dont il est ici longuement question, était le fils nnîurel de Jean, \mnci- d An-
tioclie, tué en iSyB, et par conséquent frère de Hugues, mort en otage à
Gènes, et de Jacques, comte de Tripoli.]
' Histoire des durs de Ikiiirgojpie . t. II. ' Lcii-cd;iiio, I. I\. |i. .nC).
). 3fli. ■ .fonii. I.ni'ins. Ilisl. D'ihunl. 1. \. c. iv .
■2'il)
LES FAMILLES DOUTRE-MER.
LES SEIGNEURS DE LA HLANCHEGARDE.
GENEALOGIE DE LA MAISON DE LA BLANCHEGARDE,
ISSUE DES PREMIERS SEIGNEURS DE RARUT.
PIERRE ',
seigneur de Baru(.
1
Gai;t[eb de Babit,
Gdt de Barlt,
1
Bebnabd
Marie Béatrii
seigneur
(!e ia BUnchegarde ,
espouse Juliane,
dame deCésarée.
Hugues
espouse ;
i" Guillaume de
espouse A^nès .
(Voir Les Princes
[morts jeunes].
Tabarie ;
nièce
d'Eschive ,
»/f Césart^e.)
i" Girard de Ham .
(lame
de Taliarie.
connestable
de Tripoli.
Voir plus loin A.]
!
Gilles ,
Kaimonde,
Maugueritb
ESCBIVE
Ob
1
àBLE
seigneur
de la Bianchegarde
femme
do Bertrand. Gui
espouse
laumePorcellet.
espouse de la B!
Joscelin de Gibiet . [épouse
anchegardê
Eustache-
«poust
deLi
Agnès
éron.
S'*!gneur de
[Voir pins
Margat.
loin. 1
seigneur d'Anegore de
[ou Avegore].
Neuville].
Rao
L'L .
1
Renaud.
Marie Porcellet.
Renier de Giblbt.
seigneur
de ia Blancliegarde
Bertrand.
Hugues ,
espouse
1° Léonard
seigneur d'Anegore .
espouse Isabelle .
e5;pouse Isabelle .
sans enfans.
de Baphe ;
ij" Hugues de Gibiet
tille de Renaud
lili'^ du seigneur
de Mimars^.
de Caviihas.
[Voir plus loin B.]
[Voir plus loin G. ]
1
Gautier II .
1
Thomas
1
1
EsTÉFÉ-ME
Agnès Marie ,
1
Alii .
seigneur
delà
espouse Agnès
fille de Jean
Nicolas.
espouse
Gautier
espouse femme
Thomas, deBalian
femnit
de
Blanchegarde.
de Fleun-.
Julien.
prince de Lanclée.
Uerlheiot
espouse Agnès.
maréchal
de Césarée.
lie Garuiei .
fille de Gilles
de Tabarie.
noble pisan.
Aleman.
1
■ fille.
Raoul.
l^vEELLB .
I (^e tableau est incomplet, et ne reproduit [)as même toutes les indications
données par l'ancien texte du Lignage d'outre-raer. d'où il a été tiré. Nous
avons cru devoir les y ajouter, comme complément indispensable du travail de
Du Gange, en y joignant celles que nous ont fournies les nouveaux chapitres
du Lignage, publiés |)ar M. Beugnot . et quelques autres documents contem-
|)i)rains.
Ligiuifjcs d'outre -mer j édition Labbe. " LiB^)ingesd'outre-»ier.c.\x.éàit.\ieugn.
c. vvii : ôdilinn Rpunnot. c. wi. Ligiingex fVojitre-mer. c.w . éilit. Bfug'n.
LES SEIGNEURS DE LA BLANCHEGARDE. 2i1
A. Marie, fill(? fie Pierre de Baruth', eut (rois maris ; Baiuloiiiii d'ibeliii-,
(ils (lu premier Baliau ifHjeliu, dont elle fut la troisièuie i'euuiie; Guillaume
de Tabarie^; Gérard de Ham, connétable de Tripoli. De ce dernier elle eut
deu\ enfants : Thomas, connétable de Tripoli, lequel épousa N. lille de Julien
de Ravendel de Méradée, et mourut sans postérité: Agnès, mariée à Hugues
de Giblet, seigneur de Besmedin.
p RAIMONDK',
fille (le Gautier ili.' Barulh .
épouse Bertrand, seigneur tle Marjjat.
r
Rt\.VL'D.
I
Bkatrix ,
sans h^irs
Agnès
épouse HeyiiuTi Barhiis.
ClNn flLS.
N. (Philippe).
épouse Gui J'ibeiin ,
coQuelable de Chypre^.
C. Marie Porcellet*^', fille de Marguerite et de Guillaume Porcellet, eut de
son premier mari, Liénard ou Léonard de r>a[)Iie. une fille, Marguerite, ma-
riée à Guillaume, vicomte de Tripoli, etc.
(îette généalogie compliquée sera mieux représentée par un tableau :
épouse
Mafie Pobcellet
: 1° Léonard de Baplie; 3" Hugues de (iiblel.
I. Mahgueuite
épousL' Guiliauine , vicomte de Tripoli.
1
vicomte de Tripoli , épouse Eschive .
liiledeJean deFarabel , seigneur du Pin.
i
liuGliES ,
seigneur du fief Saint-Jt
éjiouse Esléfénie , fille de Jean
an ,
du Four.
épou.'ie N.
Alk
seigneur de Mimkt-.
B*[,ia\, Marie Maugueuite
tué épouse épouse
;i la prise Benand JeaoBeduiu.
de Tripoli Beduiu. fils
{1288). de Renaud.
Je\>
épouse Isabeau
fille d'Anseau,
mnrécbal
do Chypre.
Sans poslérilé.
Marc
épo
Bal
Maug
Esté
épo
Jean d'^
Sans pc
1
DEBITE
use
ian
eriiy.
FÉME
use
ntiocbe.
stérile.
épouse Je
Mi
m du
nui
'lass.
ou Plessis.
Jeax.
1
Baiooi'is.
Esté
épo
Geo
iel
lÎME
use
iïroi
ror.
1 1
MAIIGUEniTE AnSELLE
épouse Jean
de Giblel.
' Lignages d'oiilrc-tner, éd. Labbe , c. xvii ,
p. oÇ)i, Ai-!; éilil. La Thaumassière, c. xxi
et XXXI, p. n3i. 9.8/1 ; édit. Beugnot. l. II.
p. iSg, IxGC).
' Voirci-apres, GcncaLdcs Ibclln , 1" tabl.
' Voir ci-dessus Les Seigneurs de Baru th.
" Lignages d'outre-mer, édit. Beiig. c. xx.
' Voir La Famille de Barlais et Généa-
logie des Ibelin, tableau C.
' Lignages d'otitre-mer, c. xvu. '
3i
2/i2 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
l). Hciiicr (le (ilhlcl, siM;;i:ciir d'Aiionoro', ctiL, tris;il)rllt>, (illo do Renaud
de Mlmars, deux iils cl (lrii\ lillcs : l'uMiiiiid: I'lilli|i|)c, lin' ii'uiio; N. inari(5e
à Oltc ou ()>!(> Potier; N. Icuiiiie de Simon de Navelles.
Vers le temps oi'i Gautier de Barutli éclumgea sa seigneurie de Barutii pour
celle de Blanchegarde, ou voit un Arnoul de Blanchcgarde signer connue
témoin deux actes, l'un du roi Amauri I", 7 avril 1 165 ^; l'autre de Constance
de France^, comtesse de Saint-Gilles, eu 1170. Mais il n'était pas le sei-
giuHir, il u'é'Iait (pie le cliàlciain de Blancliegarde, soit pour Gautier, devenu
seigneur de ce lief. soit pour li- roi de Jérusalem, avant rechange.]
Ro.i^er (l<> Hovedeii '' cscrit que la forteresse de la Blancliegarde'*
\iiit an pouvoir de Saladiii, avec plusieurs autres places de la terre
sainte, après la défaite de Guy de l^usignan, Tan 1 1 87.
L'auteur des Assises de Hiérusaleui '' fait mention de niessire Haoul
de Baruf, ([ui vivoit du temps d'Aimery de Lusignan, roy de Hiéru-
salem, lequel contribua beaucoup à compiler et à rédiger les Assises,
c'est-à-diie les loix et les statuts du royaume, avec ce roy, cpii estoit
aussy très-liabde et sçavant en ces matières; et ce, avant qu'il survins!
quelque démeslé entre eux, (pii fit esloigner ce seigneur. Le temps
auquel il vivoit, c'est-à-dire l'an 1 200, me fait croire que cela se doit
rapporter à Raoul, seigneur de la Blancliegarde, dont il est parlé en
la généalogie précédente. .Je doute que ce soit le mesme qui se trouva
à une assemblée générale des barons de Hiérusalem, l'an 1 â5o ^ pour
la rédaction de ces mesmes Assises.
[Nous sommes persuadé au contraire que le Raoul de i aSo est Raoul de
la Blancliegarde. et (jue Gilles ou Gilon de Baruth, qui assista au couronne-
ment de Jean de Brienne', en laio, et ([ui est nommé comme témoin dans
' Lignages d'otilix-wci; c. wii. " Assises de J crus. édit. Labljc, p. hijfi;
■ Cod. diplomiit. t. I, n° 197, p. ail. wlit. Boiignot. t. I. [i. /i3o.
■■' Cod. diploiiKtt. t. I, 11° 5-j. p. 5.3. ^ Assises de Jénis. édit. Labbe, p. 5(i-j ;
' Hoveden. p. G36. <^dit. Beuonol, t. II, p. a/16.
' Aujourd'luii 7V// e5-S(/y^/(/c/(, misérable ' Le texte de ràlitioii de M. Beugnot
village arabe, à 35 kilomètces a \'0. S. 0. (t. I, p. lido) l'appelle Raoul de Taharie.
de Jérusalem; on y voit encore quelques ' Continuât, de Gnill. de Tyr, 1. XXXF,
restes du château construit par les croisés. c. i, p. 3ia.
LES SEir.NEURS DE LA BLANCHEGARDE. 24:5
un acte du roi Jean do Brienne ' (janvier i'!i7), est Gilles de la Blamlie-
fjarde, père de ce Raoul. Quant au premier Baoul de Barulli, qui vivait en
1200, c'était ou un membre de cette faniill(>, non nientionn('' dans le Li{;na<;'e,
ou un chevalier de cette seigneurie, ou enlin, s"d faut s'en rapporti'r au texte
de l'édition de La Thaumassière^ et de M. Beuynot, c'était Raoul de Tabarii'.
<[ui pouvait en effet vivre à la même épocpie. Cette variante est peut-(Hre la
v('rital)le leçon.
Raoul, seigneur de la Blauchegarde, souscrivit deux titres de ii>5/i': el ,
par un acte du 3 mars 12G0 *. passé en présence de la liante cour de .Jéru-
salem, il vendit à son cousin, Amauri Barlais, pour 6,000 hesants, une renie
de /ioo Lésants, assise sur l'Hôpital de Jérusalem. Amauri ou Heymeri Bar-
lais était son cousin par alliance, ayant épousé Agnès ^, fdle de sa tante Rai-
monde.]
Un autre [auteur]" a parlé de Baliaii, archevesquc de Rhodes, et,
depuis, de Spalato, en Dahnacie, qui nioiirut en l'an iSsS, qui estoit
originaire de Baruth, ce qui me fait croire qu'il estoit issu de ia famille
des seigneurs de cette place.
[Enfin on voit, en i3/i(j'', Agnès et Helvis de la Blancliegarde sceller un
acte, seulement indiqué, de la haute cour du royaume de Chypre. Ces deux
personnes, signant un même acte, ne pouvaient être tontes deux souveraines
ou titulaires de la Blancliegarde. Ce titre doit indiquer ici seulement leur nais-
sance, et être comme un nom de famille. On pourrait croire (|ue ces deux
dames sont Agnès et Aalis ou Helvis, toutes deux filles de Raoul, seigneur de
la Rlanchegarde; mais les dates s'y opposent. On a vu que Raoul vivait en
i'î54 et 1265, c'est-à-dire près d'un siècle auparavant. R faut donc (pie cotte
Agnès et cette Helvis soient des descendantes, peut-être les filles de Raoul,
petit-fils du jjrécédent, le dernier seigneur de IMaiichegarde nommé dans le
Lignage.]
' Cnd. (llploiiHit. t. I.n° -3 1-2. p. -20?). ^ Ligiiiiges d'oiitre-iiicr. c. \x . édil. Beii-
" La Tliaumassière. Assises de Jériisal. gnol.
c. (XLXxxr, p. 187. " Miclios Mod. de Barhnzanis. Ilinl. Spu-
' Cod. (liploiiiiit. t. I, 11" lai. [I. i44; lut. c. xvv, wvi.
11° 17. ji. -njô. ' Assises de Jénisnl. l'oimulo •.',9'. t. II.
' Cod. diploiiuil. l.[.n° ilik .[). iSo-ii'i'i. p. ^89.
;ii.
•Ihh LES FAMILLES D'OLTP,E-MER.
LES SEIGNEURS DE BELINAS.
Pancas', ville très-ancienne, assise au bas du mont Liban, fut pre-
mièrement nommée Lcseï), et, depuis, Cœsarea Pltilippi, parce que Phi-
lippes, tétrarque, fils de Hérodes le Vieil, l'ayant agrandie et restablie
(le nouveau, luy donna ce nom en liionneur de lempereur Tibère
(César); ayant pris dans les derniers siècles celuy de Belinas.
[Baiiias, ville située au sud de Djebel esch-Scheik, Anti-Liban. Son nom
de Paneas venait du Paneion, grotte consacrée à Pan, et oii le Jourdain prend
sa source. Dans l'antiquité, elle porta aussi le nom de Nerouias, que lui donna
le roi Agrippa le Jeuno.]
Emir Alid^, l'un des eliels des peuples nommez Assassins, qui l'a-
voient possédée longtenqjs, la mit entre les mains de Fouques, roy de
Hiérusalem, moyennant rescompense. Ensuite de quoy.
Renier, surnommé Brus^, l'obtint en fief de ce roy, tant pour luy
que pour ses héritiers. A peine fut-il entré en possession de la place,
(jue Tefjelmelnch* [Tadge el-Monlouk Bonri, fils de Toghteghin] ou
Doldequin, roy on sultan de Damas, l'assiégea et la prit durant que
Pienier faisoit la guerre d'un autre costé avec le roy. Le sultan la re-
mit entre les mains d'Emir Ali, qui en avoit esté seijfueni' auparavant;
mais, sur le bruit que le sultan Sanguin^ venoit attaquer le sultan de
' Eusèbe, llist. eccl. 1. MI, c wii. — Sobasticii Paoli. Cod. diploiimt. c. i.p. 'i33,
Cedrenus, p. i8i,3o5. — - W illelmus Tyr. 43/i.
I. XV, c. ix; 1. XIX, c. X. — Jacobus de Vi- = Will. Tyr. 1. XIV, c. xix.
niaco,!. I, c.xxv. — Joinville,p. io6, 228; ' Will. Tyr. 1. XIV, c. xix.
l'dil. Du Cang-o, p. 276. — Hishiriciis de '' Will. Tyr. L XIV, c. x\ii. xxvi; 1. XV,
France, Bongars , t. XX, p, 1179. — D'An- c. viii.
ville, Gèograph. une. col. i3G, 137. — ^ Will. Tyr. 1. XV, c. vu, viii, ix, x, xi.
LES SEIGNEURS DE BELINAS. 245
Damas, Aiiiard [Moïn-Eddin-Auar], son s;viu'ral d'arméç, fil alliance
avec les chrestiens et leur promit de les ayder à reprendre Belinas,
qui cstoit entre les mains d'Emir Ali, qui avoit pris le ])aity de San-
guin, et de leur restituer la femme de Renier et tous les prisoimiers
qui avoient esté faits à la prise de cette place par son maistre; ce qui
ayant esté exécuté, Belinas vint au pouvoir des nostres, après un
fasclieux sié{i;e, et fut remise entre les mains de Renier. Ce seigneur
estoit issu probablement de l'dlustre famille de Brus, en Angleterre',
qui estoit originaire de Normandie, où le village de Brus se rencontre -
au diocèse de Constantin''. L'histoire fait mention \ vers ce mesine
temps, de Robert Brus, vaillant chevalier <pii suivit Guillaume le Bas-
tard en Angleterre, et de Robert, son fils, qui se trouva avec les sei-
gneurs anglois en la bataille apelée r/e VEtendarl, contre les Escossois,
l'an 1 i3S. Son fils Adam fut aussy de la partie^ et mourut depuis, en
l'an lihh. De luy est issu Robert Brus'', surnommé le Noble, baron
d'Anandal ou de Cleveland, en Angleterre, qui espousa Isabelle, fille
de David d'Escosse, comte d'Huntington, et mourut en l'an 13G7. De
ce mariage vint Robert Brus, comte de Caritt [Carrickj, à cause de
sa femme, père de Robert Brus, roy d'Escosse [en i3o6], et de Ber-
nard Brus, qui eut postérité.
Renier, seigneur de Belinas ^ fut marié deux fois. L'histoire n'a re-
marqué ny le nom ny la famille de sa première femme, mais seule-
ment qu'ayant esté faite prisonnière à la prise de Belinas, et, depuis,
renvoyée à son mary après deux ans de captivité, il la i-eçut d'abord;
mais sur ce qu'il apprit qu'elle s'estoit mal gouvernée durant qu'elle
estoit avec les ennemis, ce qu'elle avoua, il l'cmferma dans un monas-
' Brouipton, p. <)<34. * Elbelred. De hello Stand, p. 338.
- Malli. Paris, p. ia3. — Rad. de Diccto, ^ Siineon Dunelm. p. 278.
p. 673. — Mon. Angl. l.l, p. 58 i ;l.II,p. ii8. " Buclian. 1. VIII. — Rougecroix, c. vu.
' Constantiensis diœcesis, le Gotentin. Le — Monast. Aiigl. t. I, p. 557, 58 1 ; t. II,
village de /?/■«« est probablement ZJ/'«f/ie('(/fe p. liS.
(Manebe, arr. Valognes, caiit. Saiute-Mère- ' Willeliiiiis Tyr. 1. XIV, c. xix.
Église.)
•2'iC> LES FAMILLES DOUTRE-MEll.
lèiM^, et, après son clôcez, il ospousa Agnès, nièce de Guillaume de
Mures, prince de Taharie; laquelle, après la mort de son mary, se
remaria avec Girard, prince de Sidon ou de Sajelle.
[C'est ce Renier, vraisemblablement, ipii a souscrit, comme tt-moiii. plu-
sieurs actes (les rois Baudouin 11, en i 126, et Foul([ues, en 1 106 et 1 1 38.
sous le nom de Renier Brusco, de Bruso, Bruns ou Brusdi '.]
HuMFROY, seigneur de Tlioron, I" [ou ])lus probablement I^] du
nom, connestable de Iliérusalem, succéda à Reniei' en la seigneurie
de Belinas, connue son héritier, au rapport de Guillaume de Tyr'-.
Ce qui me donne sujet de croire qu'il avoit espousé queicjue fille de
Renier^. Tant v a que ce seigneur, ne se croyant ])as assez puissant
pour la défendre contre les Sarrazins, estant assise sur les frontières
du royaume de Hiérusalem, associa par forme de pariage* [en 1 107],
du consentement du roy Baudouin III [et de Gautier, seigneur de Ba-
ruth, dont il la tenait en lief], les chevaliers de IHospital en la sei-
gneurie de cette place; lesquels, y ayant reçu quelque échec, rési-
lièrent au traité incontinent après, et se retirèrent. Ce cjue INoradin
ayant appris, il y mit le siège, et s'en fusl rendu maistre, si la vigou-
reuse résistance qu'Humfroy et son fils y apportèrent, jointe au bruit
de l'arrivée du roy et d'un puissant secours, ne leust obligé de se re-
tirer. Mais après la défaite des nostres près d'Harenc, en la principauté
d'Antioche, il la réassiégea, et enfin la prit, durant (pie le connestable
estoit en Egypte, le 18'^ jour d octobre, lan 1 1G7, et la ruina de foiul
en comble ^ Gautier de Quesnoy, qui en avoit esté laissé gouverneur
par Humfroy, fut soupçonné de négligence et de lascheté en la con-
servation et en la défence de cette place, qui estoit une des plus fortes
de toutes celles qui estoient dans le royaume de Hiérusalem.
' Fontes renim Anstriuc. I. XII. n" i 1 . ' Cnd. diploiiuit. I. I, 11° 36, p. 36.
p. i)i. — Cod. (Uplomat. t. 1, n° 17. p. 18. Wiliclniiis Tyr. I. XIX. c. x. — Epist.
— Carlvl. S. Sepiilc. n" Sa , 33 , p. 5g , 63. principiau , apucl Boiigars , p. 1178, 1180.
- Willelraus Tyr. 1. X^III. c. xii. \iii. el Du Ctiesne. Hislorlciis de France. I. t\ .
^ Voir Les Seigneurs de Tlioron. p. Cgi. 695. Cg6.
LES SEIGNEURS DE BELINAS.
247
Le sire de Joinville ' raconte que les François qui estoieut avec
saint Louys jjrirent d'emblée la ville, mais non pas le chasteau [nonmié
Subeibe, situé sur la montagne, à une demi-licue de la viJh;).
Le seigneur de Thoron -, de Belinas, de la Sebelc [ou la Sebelie.
ou Subeibe], et de Gbasteauneuf, avoit droit de liante cour, c'est-à-
dire cour, coin ou nionnoye, et justice; et il y avoit en ces ti'ois lieux
cours de bourgeoisie et justices'.
' Joinville, j). 007, édit. Du Cniige. —
Historiens de France, t. X\ , |i. ■).']']. et
note 1.
" Assises de Jérusol. édit. L;\l)be, t. I.
p. 553; édit. Beugnol, t. I, p. 4a 1.
' Le texte de Labbe {M Abrégé royal de
l'alliance chronol. t. I,p. 553), qu'a suivi
notre auteur, porte «-le seignor don Tjioron
tret de Belinas et de la Sebele [Sehehe, dit
rclitalieii) et de Chasteaunoul', a court et
rrcoins et justice; et au Thoron, et à Beli-
rrnas et à Gbasteauneuf, a court de bour-
ftgosie et justice. « Le texte de l'édition de
M. Beugnot (t. I, p. 621 ) divise toutes ces
seigneuries, et s'exprime ainsi pour la sei-
gneurie de Belinas: rrLa seignorie de B(;li-
trnas a court et coins et justice, et Belinas
tra court de borgesie et justice, n
2Ù8 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
LES SEIGNEURS DE IJETHSAN
ou DE BESSAN.
La ville (le Bethsan ou Bessan, dite anciennemeiil SculliopoUs\ poiii'
avoir esté bastio par Tlioas, roy des Scythes, assise entre les montagnes
(le Gelljoë et ic Jourdain-, dans une belle campagne arros('e de ri-
vières, fut autrefois la capitale de la Palestine. Ses vieilles masures et
les restes de ses beaux (''difices de marbre estoient la marque de sa
grandeur^*; mais, ayant estij ruinée par les guerres et Tinjure du temps,
elle fut pres(jue réduite au néant, au rapport de Guillaume de Tyr, et
habitée de peu de personnes, n'en estant resté qu'une petite bour-
gade , dont la prérogative et le titre archiépiscopal fut ti'ansféré à la
vdle de Nazareth, à cause de la dignité du lieu et du respect deu h la
naissance de Nostre-Seigneuv.
Adam de Bétliune" [(|ui prit part à la jiremière croisade], fils puisné
de Robert, 111= du nom, seigneur de Réthune, surnommé le Chaiwc,
et frère de Robert IV, dit k Gros, fut le ])remier (pii en posséda la sei-
gneurie. 11 fut père de
' Cedrenus, p. i35. baslien Paoli. Coil. diploiiKit. t. 1. p. li-'>r\.
■ Willelmns Tyr. i. VIII, c. iv; 1. XIII, iio.
c. xviii; I. XXII. c. \vi. xwi. — Fulcher. '' Les niiiies nommées aujourd'hui Kltar-
Carnoleiis. 1. III . c. \xx . l. — Flavius het Beijsan conservent encore de nombreux
.losephus. Aiiii<i<iiUil. jmliiiciv. 1. V. e. ni; vesliges dos mominients de l'anliqiie 5n//Ao-
!. XII. c. \n. — Marinus Sanulus. 1. III, jxjUs.
part. li. c I. — Jacobus do \iliiaco, ' Lignages d'uiitrc-mcr, c. w. *\\\u. —
i. 1 . c. i.M. — Eugesipp. De distant. A. Du Cliesne. Ilixt. de Béthune . \. Mil.
locpium terne sanctœ , part. 3. — .Se- c. r et suiv.
LES SEIGNEURS DE BETHSAN. ' 249'
Adam, IP du nom, soigiiour de Bossan, qui eut deux onfans, Gi'é-
inout, seigneur de Bessan, et Hugues, qui souscrit un titre du ro\
Baudouin IV, de l'an ii55\
Gremoînt ou Guermond [Guarmond, Guormond, Gormond] (nom fami-
lier à la famille de Piquigny) succéda à son père en la seigneurie de
Bessan. 11 espousa Agnès de Giblef-, iille de Hugues do Lembriac,
prince ou seigneur de Giblet, et de Sanclie, sa femme; et [il] laissa
de cette alliance, Adam, 11^ du nom, seigneur de Bessan ; Gautier, qui
eut postérité; Amaury et Pbilippes, qui décédèrent jeunes ^; Riclient,
femme de Baudouin d'ibelin, seigneur de Rame [dont on peut voir la
postérité dans Du Chesne*]; Isabelle, mariée au connestable de Ta-
barie, et Estéphénie, qui espousa Piiilippes de Pioux, qui en procréa
Isabelle, mère d'Aimery Barlais.
[D'après ie texte ancien du Lignage^, au commencement du chapitre xv,
Grémont I" eut tous ses enfants d'une seule et même femme. Agnès de Gi-
blet. laquelle, selon le chapitre des seigneurs de Giblet, était lillc de Hugues
de Lembriac et de Sanche, Provençale de nalion. Puis à la fin de ce même
chapitre xv, Gautier, le second fds de Grémont de Bessan, est dit être le lils
de Marguerite, la sœur de Gautier de Baruth, comme si cette Marguerite eiil
été une seconde femme de Grémont. Mais d'aljord nous ne voyons aucune Mar-
guerite, sœur de Gautier de Baruth''. D'un autre côté, la généalogie des
r Hoirs de Giblet '' -n nomme Marguerite comme l'unirpie épouse de Grémont I".
et la mère de tous ses enfants, André ou Adam III. Gautier, Amauri, Phi-
lipjie, etc. Elle est fdle de Hugues de Giblet et d'Agnès, lillc de Marie de Ba-
ruth et de Gérard de Ham, son troisième mari. Ainsi, dans les anciens cha-
' Cai-tul. S. Sepidc. — Beiignot. Assises. plus jeunes alors. Amauri surtout, qui peul
t. II, p. 5-20; édit. de Rozière, p. iia. avoir vécu jusqu'en laSo et au delà.
" Lignages d'outre-mer, édition Labbe. ' Uisl. de la maison de Drthune, 1. Mil.
c. .xv, xix; édit. Beugnot, c. xxvii , xxx et ]). 5/i8, ôig.
XXXI. ^ Lignages d'ouire-mer, édi\..Lahhe,c.\\ .
' Le Lignage dit seulement qu'ils mou- xix; édit. Beugnot, c. xxvu, xxx.
1-urent: ce qiii veut dire qu'ils moururent ' Lignages d'outre-mer, c. \x, éd. Bewgn.
sans postérité; mais peut-être nétaient-ils " Lignagesd'outre-mer, c.wxi, éd. lieugn.
39
'250
LES FAMILLES DOllTHE-MEIt.
nlliTS \v et \i\. A|jnès, i'einiiie (le (iiv-nioiil I", esl la fillo de HiiyiR's de Lciii-
bi'iac, nrumior seigneur de (illjleU diiiis le nouveau cliaj)itrc wxi, iMaijjucrile,
l'eninie du même Grémont, es! la pelile-lille de Guillaume, (|uatriènie (ils de
llujfiies de Lenilniac (ies deux personnes sonl donc séparées par deux g('n(''-
ralions, c'esl-à-dire par un intervalle d'environ quaranle ans au moins. La
coni'ordance des dates peut seule nous décider entre ces deux monuments
d'iuie ('".«'aie aulorit('. Hugues de Lembriac ' fut établi seigneur de Gd)li'l eu
I I 08, lors de la inùse de cette ville jiar les croisés. Sa fille Agnès l'orme, avec
ses (puitrc lils-, la seconde génération; elle a donc dû vivre prim'i[)alenii'nt
dans la première moitié du xii°siècle. Grémonl I", petit-fils du premier seigneur
de Hessan, le(pud était contemporain du premier seigneur de Giblet, forme la
Inu'sième génération de sa famille, il a donc pu être le mari de Marguerite
plutôt (|uc d'Agnès, qui devait être de vingt ou trente ans plus âgée que lui.
Mais comment le chapitre \v nomme-t-il celt(^ dame, d'abord Agnès puis Mar-
guerite^? C'est par suite d'une confusion que nous ne prétendons pas expli-
(Hier. Ceci prouve que ces chapitres ne sont ni tous, ni tout entiers l'ouvrage
d'une même main, et qu'ils ne méritent notre confiance que dans une certaine
mesure. Cette considération nous semble un motif sullisant pour adopter de
préférence la généalogie du nouveau chapitre xxxi, où la filiation se suit, du
moins sans contradiction apparente.
\]n extrait des deux généalogies l'(;ra mieux apprécier la vraisendilance de
iu)li'e opinion :
SKICXEI'RS DE r.ESSAJi.
A[>\M OE IjLTIil \E.
Adam II.
CtliÉMOM r'. r'ir.
SEICNEUns DE CIBLKT,
Hl'GUES de LhUBltlAL.
Agnès,
iiiariéL- i'i Grt'inonL i". (?)
CilULULMt
(ou lîuMo^n) .
/i" lils.
HlGLES l»E G1IILKT.
seigneur do licsniedin ,
'-'pouse Aguès de Haui-
Maiicueiute,
épouse Grémont I".
' Voir ci-api'ôs Les Seigneurs de Gibkt.
'" Au comnieucement Je l'article des Gi-
lilrl.. nous reci liions la généalogie donnée
par le Lignage d'oiitre-mer, et adoptée par
Du Gange; mais cette i-eclilication laisse
au même intervalle et au même degré de
parenté les deux Agnès , ou .Ignès et Mar-
guerite.
' Labbe, L'Abrégé royal de rulliance ehm-
nohgiqne, etc. t. l, p. Sgo, 'iSg.
LES SEI^.^EURS DE BETHSAN. 251
Du Canf^e sest annuvé siii- riinlorilL' de Du Cliesne, dons son Histoire do
la maison de Béthune; mais Du Cliesne lui-même renvoie, pour ses preuves,
à des exlrails du Lignage d'outre-mer. ]
(jiiaiil à Gautier, second fils de Giéiiioiit, il soiisci'ivit, en l'an i :'. lo
j an mois de novembre], la charte que Hugues, 1'='' du nom. ro\ de
Cvpre', octroya à l'église du Saint-Sépulcre.
[La même année, en septembre'-, il souscrit des lettres du même roi en la-
veur des Hospitaliers. Il avait contribué plus qu'aucun autre ^ à la vicloire d'Ar-
sur. remportée sur Saladin. en i 192. Profitant de son influence et de celle de
sa famille'', il s'entremit ellicacement, vers 1 ig5, pour rétablir la bonne intel-
ligence entre les rois Henri de Jérusalem et Aimeri de Cbypre. En 11117, ''
se rendit^ avec Grémont II, son neveu, seigneur de Bessan, à la réunion con-
voquée pour une croisade par André, roi de Hongrie, et Boémond IV le
Borgne, prince d'Antioclie. La même année, on le voit souscrire deux actes,
l'un de Bertrand ^ seigneur de Alargat, l'autre du roi de Cbypre ^ Hugues 1"':
en 1-320*, il souscrit un acte de la reine Alix. Nous ne savons si ce person-
nage, un des plus remarquables de son temps, prolongea sa carrière long-
temps an delà de cette année.]
Il fui marié deux fois" : la première avec Douce Porcelet, fille de
Renaiit Porcelet, chevalier provençal, pour lors veuve du seigneur de
Nefin, (|ue je crois avoii- esté nommé Renouard, et dont parle Guil-
laume de Tyr'"; ij eut de cette alliance Amauri de Bessan, qui passa
dans la Poudle, où il posséda la seigneurie de Tricari ou Tricarico;
Eschive, mariée à Jean irAnlioclie, marcschal de Cypre, el Estéphénie,
' (Àirtiil. de Mmwsqne. — (jiiiiil. S. Se- '" Conlinuat. de Guili. <le Tyr. I. XXXI.
;)!(/(•. n° 176. p. 3i4,3i5. c. X, p. 322.
- Cod. diphmnt. t. I. 11° 97. p. io-3. " Cod. dqtlomat. i. \ , n' loO.p. 110.
.5.J0. ' De Mas-Latrie, Hisl. de Chypre, t. 111.
' Continuât, de Guill. de Tyr, I. XXVI, p. Gog.
c. Vil, p. i-S/i. ' Dl' Mas-Latrie , t. III, p. Gi4.
" Continuai, de Guili. de Tyj'. variante ' Ligntijresd'oulre-mer, éàxi.Lahhe .ti.\\\
ilu nis. de Fittrence, p. qi3, col. 1. — De édit. Beugnot, c. xxvii et \x\i. — Voir Les
Mas-La(i-ie, t. III. p. 697. — Voii' Les Cntntes Seigneurs de Nephiti.
lie .Iiijiheel d'Ascaloii. '" Willeimus Tyr. I. XX . c. xxiv.
252 I-ES FAMILLES D'OUTRE-MER.
l'ciiimc de Guy (\e Soissons, fils de Renaut de Soissons, niaresclial do
Gypre. En second lit, Gantier esponsa nne dame de Romanie appelée
Tliéodora Lalhoumena\ on plnstost Comnena, ainsy que je présume, et
en procréa deux filles, sçavoir, Alix, femme de Baudouin dlbelin,
sénesclial de Gypre; et Femie, mariée à Guy du iVIoi'i', fils de Jean. Il
est probable que Baudouin de Bessan, qui souscrit un titre du roy
Aimery, de Tan i 198 -, (pii est au cartulaire de Manosque [et d'antres
encore \ dans l'un desipiels ' (-29 septembre 1195) il est qualifié de
coiniélable]. estoil pareillement fils de Grémont on d'Adam 11.
[Nous lo croirions plutôt fds de Grémont. En 1 1 9/1, 5 janvier », il souscrit,
avec son frère Amauri, un titre de Henri de Champagne, roi de Jérusalem.
Or, si cet Amauri est celui qui est mentionné parmi les iils de Grémont, il est
clair que Baudouin sera éj;alement Ids de ce seijjneur. 11 est toutefois étonnant
i|ue, dans la j;énéalogie de la famille, le Lignage d'outre-mer ait omis 1111 per-
sonnage revêtu d'une dignité si importante.]
L'bistoire de Gypre fait encore mention d"nn Amalric de Bessan,
(pii fut un des cinq barons qui furent choisis par l'empereur Frédé-
ric 11, pour gouverner le royaume de Gypre, sous la minorité du jeune
l'oy Henry ^ vers l'an 1280; lequel est peut-estre le inesme [fils de
Gautier] (jue l'on dit s'esti'e retiré en la Fouille.
- [A moins que ce ne soit Amauri, frère de Baudouin, que nous présumons
être le fils de Grémont, et par conséquent l'oncle d'Amauri, fds de Gautier.
(les clcu\ o|)iin'(>ns sont l'galement probables.]
Vdam, 111' du nom [Adrs ou Adon, nommé aussi Vndué dans un des
nouveaux cbapitres du Lignage d'ontre-mei- '], seigneur de Bessan,
' Dh Gange, F(i»i//. Bi/imit. p. i85, i8(5. ' (M. diplomal. t. I, n' 81 . [>. 87.
' CoJ. iJiplonmi. t. t . 11°' 1 89 , 8 , p. 3.35 . " Lorcdano , De rc' Lusignani , \. I , p. (53 ;
.jgy. Irnd. l'ianr. t. I, p. yS. — Conlinuat. do
■' Cod. diplomui. t. I, II" 17.3, p. -jiG. Guill.deTyr, LXXXIll.e. m, p. 368; c. i\,
* De Mas-Lnliie. Ilist. de Chi/pre . I. III, p. 876; C. x, p. 877; c. xxvii, p. 3<)3.
,). 5nn. ' G. XVI, XXXI. édil. Beugnot.
LES SEIGNEURS DE BETHSAN. ' 253
lils (le Grémont, s'allia avec Helvis, fille de Henry de Milly, dit le Bufjle,
et d'Agnès de Césarée; duquel mariage procéda un fds unique, qui fut
Grémont, 11'= du nom, seigneur de Bessan, qui souscrit la charte
de Hugues I", roy de Cypre, de l'an i'mo', de laquelle je viens de
parler.
[Il îivait succédé à sou père dès i uj.S, puisqu'en cette année ^ il souscrivit
un des actes du roi Ainieri, ci-dessus mentionnés. Ce seigneur, comme on l'a
vu, se rendit avec son oncle Gautier^ à l'assemblée des croisés tenue en 1217.
Avec lui aussi il souscrivit les actes de Hugues, roi de Chypre *, octohre 1217,
et de la reine Alix ^, octohre 1220.]
11 s'allia en premières noces avec Juliane de Soissons, fille de Ue-
jiaud de Soissons, mareschal de Cypre; de laquelle il eut Baudouin,
seigneur de Bessan; Thibaut, qui mourut à Tripoly, que je crois estre
ce Thibaut de Bessan qui se trouva à une assemblée des barons '"' en
la ville d'Acre, l'an laBo [qui assista comme témoin'' à un acte de
Jean d'ibelin, seigneur d'Arsur, du 10 août laBy], et (jui esponsa
Isabelle de la Mandelée «; et [probableunnit encore] Gautier de Bes-
san ^ qui espousa Alix d'ibelin, fille de Pliilippes d'ibelin, connestable
de Cypre, et eut d'elle une fille nonunée Marie.
[Ce Gautier qui embarrassait Labbe'", et dont La Thaumassière '^ n'a rien
dit dans ses Tableaux généalogiciues , n'est pas nommé d'abord dans le Lignage
avec les lils de Grémont II. Mais, par la place qu'il occupe ensuite dans ce
' Caiiidiiriiiiii Saiicti Sepulcri . 11° i^li. p. ôGa; édition Beugnot, I. II. c. xiii.
p. 3i5. P- aCi.
■' Cocl. diplumat. t.I.n' 189, p. -35. ' Cod.d{plomat.l.\,n' io-?.,\). 157,161.
' Continuât, de Guill. de Tyr, 1. XXXI. ' Lignages d'outrc-mcr. c. xii, xvi. édit.
c. X, p. 32 3. Beugnot.
' De Mas-Latrie, Hisl. de Cliijprc, t. III. ' Lignages d'outrc-mcr, édit.Lahhe ,c.\\ .
p. 609. édit. Beugnot , c. xxvii.
' De Mas-Latrie, Hist. de Chypre, t. III , '° Labbe, t. I, p. Syo.
p 6,/,. " LaTliaumassière, /l.ssise«(/eJe;'i/-s«/em,
' Assises de Jérus. editinn Labbe. 1. I. [). -383.
OiV, LES FAMILLES DOIITUE- MEP..
même cliaiiili'c. apn^'s Uniulouin d Tliil)nii(l. on voit ([u'il devait rirr leur
frère. ]
Juliiiiic cstaiil déft'd ('■(.'', Girnioiit csjioiisa une autre dame dont le
nom est inconnu, do laquelle il procréa Helvis, alliée avec Rolland de
Luques, qui en eut Baudouin, Thomas, et Esléfénie, religieuse.
B.UDOLiN, seigneur de Bessan, fut conjoint par mariage avec Macée.
tille de Guillaume Vicomte, dont il eut Gautier, seigneur de Bes-
san; Pliilippes et Amaury, décédez en jeunesse; Philippe, mariée à
.lean Bahin, fds de Raymond, dont issit Raymond Bahin; et Eschive
de Bessan. femme de Nicolas Boule, qui en eut Thomas Gautier; Mar-
guerite, alliée avec Pliilippes de Cafran; et Philippe, conjointe avec
Thomas de Verny.
Gautier, seigneur de Bessan. espousa Marguerite, fdle de Raymond
Babni; de laquelle alliance naquirent Thibaut, seigneur de Bessan,
et Agne [Ague ou AygueJ de Bessan, lieutenant du royaume de Cypre
et gouverneur de Famagouste- sous Henry, roy de Cypre, Pan 1013:
(jui espousa Alix de la Mandelée, fille de Guillaume de la Mandelée,
pour lors veuve de Guillaume Barlais.
f Aguc est nommé avec sou père, romiiie téiiunn d'uri Irnitr de pai\ cl de
commerce 3 conclu à Nicosie, le 3 juin i3o(), entre Amanri de Lusignan.
prince de Tyr, gouverneur du royaume, el riiudiassndeiir de Pierre (irade-
nigo, doge de Venise.
Après la mort du régenl Amauri, il dirigea les aflaires, de concert avec la
reine mère, jusqu'au retour du roi Henri II: on le voit, en conséquence,
donner des instructions à une ambassade' rpie le gouvernement envoyait à
Venise (qo août 1010). Dans cet acte, et ailleurs-', il a le litre de capitaine
lies barons de Chypre. Ague était mort en i338. puisipie ses héritiers .sont
' Lignages d'outre-mer, c.w-.édH.hahhe. ' De Mns-Liilrie. llisl. <le Chiipre, t. Il,
- Lovedano,Dc'rcLusignant_,\.\'.[t.i5li, p. io;i.
a66: traducl. frmir. I. 1. p. -tSo. 9.81. '' De I\ins-Latrie, I. II. [). 117. n^-
3„g_ ' De Mns-Latrie. I. II. p. i36.
LES SEIGNEURS DE BETHSA.N. 255
mentionnés' dans un traité du roi Hugues I\ avec la républùjue de Gènes,
(lu 2 1 lévrier de cette même année.
Quant à Gautier, son père, il paraît avoir été partisan du régent Amauri.
Après la mort de ce dernier (i3io), il fut forcé de prêter serment au roi
Henri H"^ entre les mains de la reine mère; et, après le retour de ce prince
en ses Ktats, il vint avec d'autres seigneurs du même parti ^ lui demander
liumblement pardon. Nous ne savons s'il vécut longtemps encore, mais il est
clair ijuo son fils Thibaut ne lui succéda pas avant cette époque , et qu'une
partie de ce que Du Gange rapporte de Tbii)aut appartient à Gautier.]
Thibaut, seigneur de Bessan, fut conjoint en premières noces avec
Nicole cVIbelin, fiiie de Balian, seigneur de Sur, et, en secondes noces,
avec Alix de Montolif, fille de Simon, qui mourut au siège d'Acre,
l'an 1 -jgG. Je crois que ce fut de son tem|)s (ju'Olivier de Termes, chef
des troupes françoises, estant arrivé à Acre, le 20'' jour de septembre,
l'an l'iGk, en sortit le r>'' du mois de novembre *, avec les chevaliei's du
Temple el de FHospital pour aller faire des courses sur les Sarrazins.
et prit sur eux la ville de Bethsan, qu'il ruina entièrement, estant
probable qu'elle avoit esté ])rise par les infidèles quelque temps aupa-
ravant.
[Nous avons vu que Thibaut n'avait pu succéder à son père en la seigneurie
de Bessan, avant l'année i3io; l'expédition d'Olivier de Termes, antérieure
de quarante-six ans à cette époque, doit avoir eu lieu au tenq)s de Baudouin,
aïeul de Thibaut, ou dans les premières années de Gautier, son père.]
Ce seigneur se retira comme les autres barons du royaume de
Hiériisalem en celuy <le Cypre, où il maria l'une de ses filles^ à
.lean de Brie, favory d'Amalric, jtrince de Tyr, qui s'empara du gou-
vernement du rovaume sur le roy Hemy, son frèi-e. Il vivoit encore
l'an 1 3o().
' De Mas-Lalrio. Hist. de Chypre, t. Il, ' LorcJanu, I. V, |i. ■iyu; tiad. fi-aiK;.
]). 171!. t. I, p. 298.
■ Lorcdano, 1. V. p. 2.35: tiad. Iranç. ' Saiiut. 1. III, part. i2,c. vu.
1. ] , p. 285. ' Loredano, 1. V, p. aiS-ayo.
256 LES FAMILLES D'OUTRE-MEK.
[Tout ceci convient beaucouj) mieux à Giiutier. C'est de son temps qu'arrive
la prise d'Acre (lagi); c'est lui ([ui était le beau-père de Jean de Brie, el
([ui, quoique du même parti, l'empêclia de parler trop insolemment au roi
Henri II , déjà prisonnier de son frère ' (1807). Dans les passages de Lorédau
indiqués par Du Gange, mais suj)j)rimés il est vrai lors d'une seconde révision,
il est ipiestion de Gautier de Bessan, et nullement de Thibaut. Enfin. Gautier
vivait encore en 1809, et même en i3io, comme on vient de le voir. OuanI
à Thibaut, nous ne connaissons de lui que ce que nous en apprend le Lignage
d'outre-mer.
Vers la fin du siècle, nous trouvons un Baimer de Scolare, sire de Betll^all.
parmi les douze conseillers nommés pour gouverner le royaume en l'absence
de Jacques I"- (octobre iSSa). Dans cet extrait de l'historien Strumbaldi, il
est nommé Erine Collar. On le voit, l'année suivante ^, capitaine de la secrète:
puis en 1386-1887, 'iiubassadeur du roi Jac(pies 1", auprès de la républi'quc
de Gênes". Etait-ce un fils ou un petit-fils, soit de Thibaut, le dernier sei-
gneur connu de Bessan, soit d'Ague, son frère? C'est cfe que l'histoire ne
nous apprend pas.]
Le seigneur de Bessan avoit droit de haute cour^ c'est-à-dire cour,
coin ou monnoye et justice, et il y avoit à Bessan cour de bourgeoisie
et justice.
' Loredano, 1. V, p. 262, 268; trad. ' De Mas-Latrie, Hisl. de Chi/jin . I. 11.
franc, t. I, p. 268. p. 4o6. ii2.
" De Mas-Latrie, t. II.p. 3(|i. ' AssiscsdeJérus. édiLLahhc A. \.\1.nb9.;
' Loredano, L IX. p. 01 1 ; Irad. frniif. édil. Beugiiot, t. I. p. 620.
t. II. |i. )o/|.
/
LES SEIGNEURS DU BOUTRON.
257
LES SEIGNEURS DU BOUTRON.
Raymond dWgout ou Agot, ainsi ([uil est escrit au Lijjiia^e d outre-
mer, probablement originaire de Provence', où la tamille d'Agout a
esté fort illustre, et où elle a possédé la vallée de Saut, aujourd'liu\
érigée en comté, fut le premier seigneur de Boutron-, <[ui est uw
ville maritime de la Syrie, dite des Grecs BoTpvs^, entre Tripoly et
Baruth.
(Il eut de ^. w rpriiMic'l "
1
ROSTASG OU RoSTàlfi d'AcoT,
seigneur du Boutron
[épouse N.].
M
de H
1 , 1
IRGUERITE d'AgOT, IsàBEAU ,
femme femme de Meilleur,
igues de Monlclar. seigneur de Maraclée.
N. fille,
IIIH
riée à Plival\ . genlillioniiue Pisaii,
qui devint seigneur du Boulron .
au droit de sa femme.
N. fille,
mariée à Boémond d'Antiocue .
lils piiisné de Boémond III .
prince d'Antioche .
et d'Isabelle.
1
1
JbA« d'AnTIOCBE, GlILLàUSIE
ourut en la prison seigneur di
de Tours ^ espousc
tiiie de Balian , p
d'Axtiochk,
Boutron ,
Aguès ,
rince do Sajette.
1
Jacques d'A-ntiochi:.
espouse Clarence , 1
lille de Guillaume HazarL,
connestable d'Antioche.
1
1
Isabelle,
■mine de Meilleur
seigneur
de Maracléf.
Jeas d'A
seigneur d
espoQst
fille de Bertra
NTIOCHK ,
i Boutron .
Lucie,
nd de Giblet.
1 1
RosTAi?( Alix,
et Guillaume. femme de Ouillauiu''
moururent Farabel ,
en la Pouille. seigneur du Puv.
Gfill
AUME.
Deux filsel une liil.-.
' Nostradainus , Hist. de Provence , part. 3 ,
p. 290; De Dom. lit. 26, n" 7.
^ Sanutus, 1. III, p. ik, c. 11. — Jacobus
de Vitriaco, I. I. — Willebr. ab Oldcnborg.
p. 1 9K.
' Tbeophan. Justin, p. nji. — Sur la
prise de Boutron par les Sarrasins, voy. Rai-
nald. ann. 1291 , n° 17.
' Lignages d' outre-mer, c. x\ii , 'x\s.i\ .
'' .^linsi porte l'ancien texte du Lig;nage
33
->58 LES FAMILLES D'OUTRE-MEIV
I Malgrô la (liffi'rence des noms, il semble dillicilc de ne pas admettre i'i-
ili'iilll('' (le RnsTAiMG d'AcouT et de Guillaume Dorel, nommés, l'un par le
Li;;na<fe, l'antre par le Continuateur de Guillaume de Tyr ', comme seigneur
du Boutron. En effet, la fille de Guillaume Dorel, comme celle de Rostaing,
iii'i' d'une prcuurre feinme inconnue, épouse Plivain . gentilhomme pisaii, et
lui a|)|)orte des droits à la seigneurie du Boutron.
(iuillaume Dorel épousa en secondes noces Stéphanie . tille de Henri le
Bnlllc-, laipielii', devenue veuve, épousa Hugues de Gtbiel ; mais il ne paraît
pas en avoir ru d'enraiifs. Il avait l'-lé témoin d'un acte de Raimond 11, comte
de Tripoli^ (décembre i lyi). Il mourut ipu:'l<|ues années avant ce prince.
puis(jue ce lut RaiuKuid 11 ipii dis|)osa de sa fille el la maria de la manière
ipi'il jugea la plus avantageuse pour ses intérêts.
Plivain l'acheta, à la lettre, son pesant d'or '. ipioiqu'elle eut été promise
à (i('Tard de Ridelort, plus tard grand maître du Temple, cpii devint, dès ce
moment, ri'nnemi irréconciliable du comte de Tri])oli. Nous avons vu (jue ce
dernier mourut l'U i i<'^7.
Plivain. Pleven, Plehninis. souscrivit, dès 1181. comme seigneur du Bou-
Iron, des actes de Raimond 11, comte de Tripoli^; en 1 198, -j 1 août, il sous-
crivit, avec un sien neveu nommé Henri'^, un acte de Roémond IV, comte de
Tripoli l't jirince d'Anlioche: un acte du même'', décembre 120/1. el un acte
de GeofTroi le Ratb. grand maître de l'Hôpital '*, en jqoCi.
Son gendre et successeur, Boémond d'Antioche, était seigneur du Boutron
dans les années 1281, 1 2/1 1 ^, où il souscrivit des actes de Boémond IV, prince
d'Anlioche, et d'Albert, patriarche de cette ville. Il l'était encore en iikk.
1 8 octobre, lors de la défaite de Gaza '". où s(^s dfuix fils, .lean et Guillaume,
iloiiiié par I^nlibe, p. '167. Mais dans ses ' Cad. (lijjhiiiut. n" '>'t . [>. ^^h.
Tableaux généalogiques qui précèdeni, ce ' Continuât, de (luill. de T\r. I. Wiil.
même éditeur a dit (p. ioS). tmiort en la c. axxiv.
frprison des Turcs. " Conjecture justifiée de- ^ Cod.diploiiiid. I. 1, n' 70. p. 70; n' 'i ,
puis par le nouveau texte de M. Beugnot : p. -jH;!.
ren la [)nson des Turs.-^ {As.flses, I. II. ' Cud. dijiloiiHit. u° -n i , \>. -jS-!.
p. A68.) ' Cod. diphmat. n" 98, p. 1 o.3.
' Continuai, de Cuill. de Tyr, I. XXIII. ' CW. diidomat. n° 175. p. -218.
c. xxxiv, p. 5 1 et noie a. ' (lud. diplomat. u" 1 1 3 . 1 1 '1 . p. 1 -i 1 .
' Continuât, de (iuill. de Tyr. I. Will. i-ia;n" 1 iS p. i3.">.
c. \xxiv et note ''. — Liomigos d'riHlro-wfv. '" Continuât, de Cuill. di' i'yi'. I. WXIII .
C. \\1. Pllit. RpllPIMlt. C. LVII. p. 'i3o.
LES SEIGNEURS DU BOUTRON. 259
lureiil laiL-. |)nsoiinier.s. Jean avait souscrit avec lui racle du jialriarclic Albert,
de 1 24i '.
Guu.L\i]ME l'ut, après son père, seigneur du Boulron. Il élail, coiiinu^ Ions
ses prédécesseurs, vassal du comte de Tripoli; et, en cette qualité, il signa,
comme témoin, plusieurs actes de Boémond VI, mars ia55'^ avril i256\
i" mai 1262 *. En cette même année, 1 262 , il lut un des arbitres choisis par
le légat pour terminer à l'amiable certains dilTérends survenus entre le Temph-
et l'Hôpital. Dans l'acte dressé pour cet objet (19 décembre)-', il esl (pialilii'^
connétable du royaume de Jérusalem.
On voit un RosTAn'G, seigneur du Boutron, parmi les signataires de I acte
d'accusation dressé contre Gui de Giblet (1282, 18 février)'', qui avait voulu,
à l'instigation du Temple, enlever la ville de Trijioli au prince d'Antioche. Ce
ne peut être que Roslaing, lils de Jacques d'Antioche, et, par conséquent,
neveu de Guillaume. Mais à (juel titre était-il seigneur du Boulron. puis(|ue
Guillaume avait un héritier direct en la personne de Jean, son lils, du moins
selon le Lignage d'outre-mer? Uostaing a-l-il été chargé de la seigneurie comme
tuteur, par exemple, de Guillaume, petit-lils du premier Guillaume, qui aurait
succédé à son père, Jean, dans an âge encore tendre? Nous n'avons point
trouvé d'autres renseignements sur les derniers seigneurs du Boutron.]
' Cod. diijlmiml. t. I. 11" 1 i.S, p. i.'JS. ' (ùod. diplviiial. t. I, 11° q-m, [). ■i6'^.
'- Cod. diplomnt. t. l. n iqG, p. i48. ' Cod. diplomat. t. \. ii° lûa. p. 177.
• (lod. diploiii/it. t. I. ié" io(). [}. 1.S/4. " l>p Mas-Latrie, t. ill. p. Ii()7.
.33.
■260 l,KS FAMILLES D'OUTRE-MER.
LES SEIGNEURS DE CVIMONT.
Les Assises de Hi/rusalem ' parlent du seigneur de Gaimont et disent
(|uil avoit cour, coing et justice, cest-à-dire haute cour, et qu'il avoit
à Caimont cour de bourgeoisie et justice. Sanudo'- l'ait mention de cette
|)iace de Cainiout, et dit que ce fut en ce lieu où Lamecli tua Gain
d'une llèche. Mais il ne me souvient pas avoir remarqué le nom d'au-
cuii seigneur jtarticulier de cette place.
[Le (iayini)iil l'^t iiiciilioniié dmix lois par le Coiilimiateur de Guillaume
de Tyr^ comme un lieu voisin de la ville d'Acre, et paraît s'identifier parfaite-
ment avec la localité moderne iiommi'c Tell-Kiiimàn , située au ])ied des inon-
tafjfnes qui iniiilent à l'ouest la |)laine d'Esdrelfiii.]
' .4.m/sm (/p ./(TUS. édit. Labbe. p. .55-3 ; ^ (luiilinuatinir de Giiiilaiime de Tyr.
édit. Reugnot. l. 1, p. h-io. I. WVl. c. \xvii, p. iS3: I. XXXll. c. n.
' SanuUis, I. III, part. 1 4 , c. m, p. î^f). p. 3'iii.
LES COMTES DE GARPASSO. 261
LES COMTES DE CARPASSO
AU ROYAUME DE CYPRE.
Jaques leBastard, roy de Cypre, érigea Caipasso', ville mantiiiie
et fort ancienne, située sur le promontoire de Saint- \ii(lré, en litre de
comté en faveur de
Jean Ferez Fabrice, qu'U avoit fait p(Mi auparavant comte titulaire
de Japlle^ et voulut ([uen cette qualité [de comte de darpasso] il
précédast tous les autres comtes. Il le fit aussy capitaine général de ses
galères, et, par sou testament [l673]^ il le nomma l'un des gouver-
neurs du royaume, et lun des tuteurs du ji'une roy Jaques, son (ils.
[Jean Ferez Fabrice fut l'aïeul mati'rncl du [>ère d'Etienne de Lusignan \
Isabelle, sa fille, ayant ('pousé Fiiilippe, (]ui fut le grand-pèr(> de notn- liislo-
rien. comme ce dernier nous l'apprend lui-même.]
LouYS Ferez Fabrice, son fils, luy succéda en ces deux dignitez.
[Mais peu après (i 47^1, 1 0 lévrier), la reine Catherine ', lui retira, moyen-
nant un échange, le titre de comte de Jaffa et d'Ascalon, et le donna à son
cousin, Georges Contarini. en le nommant premier comti' du royaume de
Chypre.]
' llisl.(leClii/pre.M.\!t]h. — Lorednno, I. II. p. 3iu. — De iMas-Liilrie, Hisi. de
I. XI, p. G7/1; Irnd. IVanç. t. II. p. 27,3, Clti/pre. t. III, p. 3/iG.
■37/1. ' llist. de Chijpre , fol. ■!() //. — Clioio-
- Voir Les Comtes de Japlie. — De Mas- gniffi" • c(c. Tableaux généalogiques, à la lin;
Latrie, Hisl. de Chypre, t. III, p. 3 1 0, 3i 1. ^ Et. de Lusignan , Gcnéatogie des comtes
note 1 . de Curpatie , loi. Go I). — De Mas-Iyatiie . Hist.
' Loredano, I. XI, p. 707; liad. franc. deClnjpre, l. III, p. 366-36f),
.2rr2 l-KS l'A MILLES D OLTRE-MER.
I.oiiys l'(M'('z cslaiit drcrdi'' sans |ios|('m ih'.
Nicolas .Iistimw ', lils du |)rciiii('r ((iii lui eslabh lieiileiiaiil pour la
rénublmiic de NCiiise au royauuu' de C)pre, dcvinl comte de Cai-
nasso. au dioil de sa l'euime, Charlotte, fille aisnée de Jeau Pei'ez, et
MiMU- de L()u\s. Il laissa d'elle un Ids .■! nne lille , allii'c en la maison
de Gradoiucd.
LKo^ .hsTiMAN, lils de Nicolas el de Charlotte, sa ienime, succéda
au comté de Carpasso. Il eut procès devant le sénat de Venise pour la
préséance avec le comte de Japhe, (pu l'ut adjugée à celuy des deux
launlles (pii seroit le |)lus ancien. Il vivoit en Tan i566, et laissa,
enlie autres enfans, Nicolas, qui ln\ succéda, et Ursat, cjui lut pris
des Turcs à Nicossie, l'an 1^70, et (pu lut depuis mis en liberté.
Nicolas .h:sTiNr\N, lils de Léon, l'ut comte de (iai'()asso après son
père. Il espousa la lille de Nicoiao Benetti, dont il eut des enl'ans. 11
vivoit [à Venise], l'an 1^79- [avec sa femme et ses deux enfants].
' Et. de Lusigiiaii. Généalogie des comlen ' Et. de Lusignan. (iénéologic iks aiinles
h Cnrp/itie, fol. (mi /'. — Lnredano . i. \1. '''' C.nrpdiie . fol. fii v".
[). (lyi: trad. IVaiir. I. II, p. -l'/k.
LES SEIGNEURS DE CAVl'llAS.
263
LES SElGNELliS DE CAYPHAS.
Cayphas [CaïlTa] est uii»^ ville de la Priéaicie niaiiliiiic ', au pied du
mont Garmel, du costé du septentrion, qui fut premièi'enient nonnuée
Porpliyria et Ella. Elle prit ensuite le nom de Cayplias, de celii\ du
prince des prêtres dont il (>sl parlé dans rÉvangile, si nous en cioioiis
Albert d'Aix^, et vint en la puissance des François, (pii l'inent secondez
en cette occasion par les Vénitiens, l'an iioo. Le duc Godel'rox de
Bouillon l'avoit promise, estant au lil malade, au cas qu'on la pi-isl. à
Geldemar Garpeîsel ou Gharpenel, 1 un des plus vaillants clievaliers
de l'armée ^ et qui estoil des troupes et de la suite du comte de Sanil-
Gilles. Mais, après la prise de celte place, Tancrède, *\m avoit en avis
de la mort du duc, s'y jeta et en chassa Geldemai', (|ui se letii'a au
chasteau de Saint-Abraham, qui avoit esté pris peu auparavant pai' les
chrestiens. De sorte que
Tancrède lut (juelque temps en possession de Ga}])has\ Guillaume
de Tyr'' escrit qu'elle luy lut accordée par le duc. contre la \érile ih'
l'histoire. Car Albert d'Vix*^ nous ajiprend (pie Baudouin, I" du noni.
a\ant succédé à son Irèi'e au rovaume de lliéiusalem, Geldemar lil
' Willehims Tyr. 1. \I11, c. ii. - Saniit.
I. lit, part. (), c. m; ])art. li. c. ii. — Ja-
eobus de Vitriaco. I. 1, c. lu. — Willeljr.
al) Oldenbojg. Iliiierarimn, p ihli. — Bur-
chard. Descriptio Icrrip saiicla', c. ii, .^ -î. —
SpI). Paoli, CoJ. diplnmat. 1. 1, p. 438, iSg.
' Albertus AqiK'iisis. 1. V, C XLi;i.VIl.
c. \x et seq. xxii , xxvi.
■ Tiidf'liod. I. V. {I. (Skj. - liayiiioiiil
d'Agiles. [). 17Ô. - Willelmus T\è-. I. \ III.
c. i\. — Albertus Aquensis. I. Ml. r, wvi.
— Historin llifrosoli/ii/iliiiiii . seounda pars,
p. 598.
" Fulelier. Carnol. 1. U.c. 11.
\\ iilelniiis Tyr. I. I\ , c. \iii.
Mberliis Aqneiisis. I. VII. ( . i.\i\.
-2C!i LES FAMIIJ,i:s DOllTRK-MER.
cil (M- TniicnVle en l'asscinlrlée j[('nc'i'ak' (|U(' ce roy tint an palais fie
Saloiaon, en la ville de Iliérnsalem, et hiy deinanila la festitution de
celte jdac(î. Tancrède en lit d'abord refns, ce qui excita une grande
ijuerelle entre le roy et luy; mais à la fin, sur ce que Tancrède tut
mandé par ceux dAntioche pour jjicndi'e le gouvernement de la place,
durant la captivité du prince Boémond, dont il estoit Tliéritier appa-
rent, il consentit à la restitution de Cayphas et de Tabarie, qui luy
esloient disputés, à condition que, s'U retournoit dans quinze mois,
elles luy seroient remises de bonne foy. Ensuite de quoy le roy rendit
(layphas à Geldemar, après avoir tii'é de luy la promesse d'accomplir
cette condition ^ Mais il ne survécut pas longtemps, ayant esté tué in-
continent api'ès en une rencontre contre les Sarrazins de Babylone.
RoRGius ou UoHART obtiul Cette place en fief du roy Baudouin !"%
après la niurt de Geldemar. Il décéda en l'an 1 107, et fut inhumé au
ceuietière du [)ortiche (.s/c) de l'église du Saint-Sépulcre de Hiérusa-
lem^ Il [parait qu'il] tut aussy seigneur de Saint-Abraham* [après la
mort de Hugues; mais après luy Gautier Mahomet fut investi de ce
tief par Baudouin 1"].
Païen, son fils^ luy succéda en la seigneuiie de Cayphas. Mais, Tan-
crède estant retourné d'Antioche ", cette place avec Tabarie et Nazaret
luy furent restituées par le roy Baudouin, auquel il •■n lit hommage.
[D'après le récit d'AlItert d'Ai\^ ce fut en 1 109. pendant le siège de Tri-
poli j)ar Bertrand, fds de Raimond de Sainl-fiilles. (|uc Tancrède, s'étant ré-
\LV.
AUjertiisAqucnsis. tVIl.c. \liii , xliv, ou de ciinoiière. (Voir (, argentier, Glossm:
nov. t. l, voce Airivm. n° i, col. 36 1;
Aibertiis Aquensis. i. IX, c. \, xlviii; ot l. III, voce Slillicidium , n° 5. col. 87:^.
I. \,c. XVI. «74.)
' Le texte porte : Stillicidio potilciis eccle- ' Ailiertus Aquejisis . 1. X . c. \xxii. — Voir
■siœ . elc. Le Slillicidium ou impliiriiim était un Les Sciiinciirs de Saint- Abraham.
espace en avant de lYglise, et couvert, pour ' Albertus Aqnensis, 1. XI, c. x.
mettre à l'abri de la pluie. Ce porclie ex- ' Albertus Aquensis. I. XI, c. xii.
lérieiu- servait ordinairement de charnier ' Albertus .\quensis. I. XI , c. ix-xii.
LES SEIGNEURS DE CAYPIIAS. 265
concilié avec ce seigneur, reçut du roi Cayplias le Temple du Seijjneur, Ta-
harie et Nazareth, avec tous les revenus de ces places. Que devint alors Payen?
11 est probable qu'il conserva au moins le titre de seigneur de (Jayplias. et
même la possession du territoire, sous la suzeraineté de Tancrède , puisqu'on
le voit, en i i lo, donner à l'Hôpital de Jérusalem' un villain avec des mai-
sons et des terres, situées à Caypbas et à Gapbarnaûm -. Comme nous ne con-
naissons pas d'autre acte de Payen , nous ne savons si , après la mort de Tan-
crède ( 1 1 1 q), le roi Baudouin I" lui rendit la seigneurie de Cayphas.]
Albert d'Aix ^ écrit ([uc, après la mort de ce roy, Baudouin II, son
successeur, retira et réunit au domaine du royaume plusieurs places,
entre lesquelles fut celle de Cayphas, laissant néantmoins les revenus
de quelques-unes aux principaux de sa cour. 11 est probable que Cay-
phas en fut une, puisqu'il se trouve qu'elle a eu, depuis ce temps-là.
des seiorneurs particuliers. Car, en Tan i 190, un autre
Païen '' en estoit seigneur.
[Nous n'oserions affirmer (jue, depuis le |)remiiM- Payen, il y ail eu conti-
nuité dans la suite des seigneurs de Cayphas. Nous voyons en 1 1 qo, 1 1 20 .
11-38, des diplômes du roi Baudouin II en faveur du Saint-Sépulcre^, signés
par Payen, chancelier du roi. Ce Payen était-il l'ancien seigneur de Cayphas.
à qui le roi aurait accordé, en dédommagement de son fief, une charge à la
cour? Quant au second Payen, il ne succéda pas immédiatement au premier,
car il était fds de Vivien, comme nous le démontrerons un peu |ilus bas.]
Il fut un de ceux qui déposèrent en faveur de Conrad, marquis de
Montferrat^ pour la dissolution du mariage d'Isabelle, qui fut depuis
femme de ce marquis, avec Humfroy de Toron. Le grand intervalle
' Cod. (liplomat. t. I. n° 2 , p. -2. Beugnot, t. 1, p. 4-i5. — Lignages d'outre-
- Ce Capliarnaûm semble devoir être situé mer, c. xxv, xxxvn.
près de Cayphas (Guill. Tyr. 1. X, e. xxvi) ' Cartid. S. Sepidc. n" 3o, M, 45 . p. 56.
et paraît pouvoir être identifie avec le lieu 82 , 84.
nommé de nos jours Tell el-h'eiiiseh. (Seb. " Hist. Hicrosol p. 1 171. — Radulpluis
Paoli, Cod. diphmmt. t. I, p. 454.) . de Dicelo. ann. 1 1 90 . p. 657.-- N. Trivett.
Aibcrtus Aquensis. i. XII, c. xxx. ann. 1191.
' Assises de Jérus. I. II, c. XLVin; édil. '
3^
•2M, LES FAMILLES DOLITUE-MEI!.
(le temps ([u'il y a entre ces deux Payeii peut persuader fpie ie dernier
pouvoit estre lils de l'autre, ou fils de \ iviau de Cayplias, qui sousci'il
lui litre du roi Baudouin 111, de Tan i iSo ', en qualité de vassal, et
iiM'c les autres vassaux de ce roy. Ce (pii me fait croire que Cayjthas
ayant esté annexé au domaine particulier des l'oys, Vivian (n'est que
ce soit le mesm(^ que Payen) en fut seigneur.
I II l'sl bien icioiuiii (juc Vivien n'est pas le même (pie le second Payen.
Vivien esl le père de Payen 11, et pent-iUrc le lils de Paven 1". On li^ voit
souscrire dill'érenls tilres, connne seigneur de Cayplias, d(;s l'année ii38^
où il est témoin d'un acte du roi Fouhpies en faveur du Saint-Sépulcr(\ Kn
1 I .ôiS ^. il souscrit des actes d'Aniauri, comte de Japiin, du roi Baudonui 111.
(I(^ Hiijjues (l'ihelin. connne lionune, baron ou vassal du loi. En iiU'i '. li
lionne une (erre au Sainl-Sé|)ulcre; et, de m('nie, en i iCô"'; ce dernier acte
esl improuv('' et confirmé, au niomenl même, par son lils Payen, sa femme
Béatrix, et sa bru Hodierne, dont le nom était resté inconnu à l'auteur du
LiiTiiaiTC d'oulre-mer. Parmi les l('moins de cet acte on voit un autrt^ Vivien,
vicomte de (laypbas.
(le même Vivien, vicomte, souscrit aussi un acte, postérieur à i i65". de
Roger de Cayplias, leipiel était un des hommes du seigneur Vivien, et avait
signé, comme témoin, ainsi ipie son frère Jean, l'acte de 1 165.
Pioger et .Ican ('talent peut-être des parents de Vivien et de Payen, son fils:
c'étaient du moins, à ce ([u'il paraît, des personnages considérables. Par l'acte
dont nous venons de parler, Roger et Jean accordent au Saint-Sépulcre six
charmées de terre, libres et franches de tout impiM. L'acte est signé par l'ar-
chevêque de (lésarée, le maréchal du roi, le chapelain de Cayphas, Guillaume
de Monigisart, Henri de Giblet, etc. et un nommé Humbert, (pialifié miles P<i-
)(ani, c'est-à-dire «homme ou vassal de Payen, d qui était alors seigneur de
C.ajphas. Plus tard, en i 201 ^, la fille de Roger de Cayphas, nommée Chris-
' CarluL S. Scjiulc. aux Preuves dcŒist. ' Carliil. S. Sepiilc. n° \hk. p. 226.
(/f i5e;/)HH(', p.3.">8. — Beugnot. l.ll, j)..520. ' Qniiil. S. Sepidc. 11° 127, p. a3i .
— De Itozière, ]). 112, 11° 56. 23-3.
^ Ca7-tul. S. Scpiilc. n° 33, p. 63. ' Carlul. S. Sepulc. n° 126, p. 229.
- ' (^'flrtu/.S.5e/jM/c. n°'56. 59. 62.p. 1 la. ' Co(/. r;/())/o»!(((. t. I. 11° 86, p. 91.
119, 127.
LES SElGiNEURS DE GAVPHAS. 267
tiane, faisait à l'Hôpital do Jérusalem uik' concession, conlirniée par son sei-
gneur Roard.
On voit un André de Cayphas signer un acte de Baudouin dr Saint-fiiUes '
en laveur du Saint-Sépulcre (18 décembre 1175). C'était un clievalier, si.il
allié à la maison de Cayphas, soit attaché à son service.
Enfin on lit les noms de plusieurs autres chevaliers de la seigneurie de Cay-
phas, Miles. Eustache, Jean. Etienne, Thomas, etc. parmi les signataires de
l'acte de Christiane (mai 1^01) -.]
Hovedeu^ écrit que Cayplias lui pris par Saladiii avec plusieur.s
autres places après la prise du roy Guy, i'aii 1187. Tant y a ((ue
Payen eut deux fils, Rohart, seigneur de Cayphas, et Uenaut, (jui eut
la postérité (|ui sera déduite cy-après. 11 est probable aussy (pi Isa-
belle. qualifiée fiHe du seigneur de Cayphas, ([ui espousa Uaoïd, sei-
gneur de la Blanchegarde, estoit filie de Payen.
Rohart, II"^ du nom, seigneur de Cayphas, espousa Eglaiiliiie ', fille
de Rayniouil, seigneur de Nelin, dont il eut trois filles: Helvis, dame
de Cayphas; Alix, femme de Jean d'Ibelin, seigneur d'Arsur; et Agnès.
mariée à Bouveret Grimaldi ou de Griuuiut, noble génois. Il n'est j)as
bien constant si c'est ce seigneur de Cayphas ^ ([ui perdit la vie en une
bataille contre les infidèles, l'an 12^/1, ou (piebprun de ses succes-
seurs, l'histoire ne maiMpiant pas jirécisément le temps auipiel ds vi-
voient, et, par la racsme raison, il est incertain si ce l'ut de son temps
que Conradin, sultan de Damas'', détruisit cette place ^ laquelle le roy
saint Louys^ estant eu la terre sainte, répara et fortifia de nou\eaii ,
' Cniitil. S. Seinilc. n" lii, p. a58. " Saïuitiis. i. 111, part, i 1 . c. \.
' CdiI. diplomai. t. I , n° 86 , p. 9-2. ' Cayphas n'est pas noniun' dans ce clia-
' Roger de tloveden. p. 60G, G/i3. — [)iti-e de Marin Saniido. PeiU-êlie Du Caiige
liadulpluis Coggeslial. Chron. terne sancUe . aura-t-il ciiiilonilu avi'c t'M-sIniin Cœsareœ .
apud Mart. Ampliss. Collecl. t. V, col. 56o d. mentionné à la lin du cliapitir eoninie ayant
' Lignngen d'oulre-mer. c. xxv, p. 607, été déti'iiit par (Jonradin.
/,/i8. — Assises de Jériis. ras. c. ccvi; édit. " Willeini.Nangius, Siiiic!. Liidoe.[).di)(j.
Beugnot. t. 1. c. tcin. p. 325, 326. {Historiens de France, t. \\ . ji. 38/i .
' Math. Paris, ann. laii. p. iig. 385.)
268 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
vors rail i!'.r)ti; t'iifiii si ce fut sur Iiiy <|in' Bendocbar la prit en l'an
1 ■'A'iîy ', cl (|n il la iiiiiia.
[Nous |ioiivoiis, |i:ir les dales (li> cprlaiiis actes, (l/'lomiiiicr à jicu |)rùs la
piiiodi' (II' t(iii|is pciidaiil hujuelie Roliarl II l'ut sciifnciir de Cayphas.
En 1 1 ()cS , août ol octobre, il souscrit deux actes du roi Aimeri ^ ; en i ao i ,
mai^ il couliruie le don d'un casai fait à l'Hôpital de Jérusalem par Chris-
liane de (layplias; on le voit, en 1210, assister au couronnement de Jean de
Brienne^; au 1" juillel 1 -i 1 1 . il souscrit un acte de ce roi^; en I9i3, 18 oc-
tobre, il si|;iie im acte d'Adéuiar di> désarée''; en 1217, janvier, un acte du
roi Jean de Brienne ''. Ayant été dessaisi de son fief' par Balian, sire de
Saj<>tte, Laile de l'empereur Frédéric II, roi de Jérusalem, il en fut investi
de nouveau au temps où Fri'déric fut lui-même baile du royaume pour son
iils Conrad. F>n laSa, lors des débats pour la bailie du idyaunie de Chypre
entre Fréih'-ric et les Ibelin, il fut d'avis de se joindre au roi d(> Chypre et à
Jean d'Ibelin'', contre Richard Filangieri. Au 3 mai de cette année'", il.se
trouvait dans Acre lors de la bataille de Gasal-Imbert. Eniin il ligure parmi
les signataires d'un accord conclu avec les Génois'' (i-joo, ai octobre). A
partir de celle époque, nous le perdons de vue, et rien ne .s'oppose à ce (pie
le seigneur de Cayphas. (pii |)i''rit en laAi, ne soit en elïet Robart II.
En laSo, f-t mai'-, on voit un Garsias Alvarez, sire de Cayphas, mari
(I'Helvis, dame de Cayphas, donner, du con.sentement de sa femme, une terre
à l'abbé et à l'église du Montliabor. Ce personnage, qui n'est pas nommé par
le Lignage d'outre-mer, était peut-être un second mari d'IIelvis, qui piil le
titre de seigneur de Cayphas lant (pie V(''cut sa femme, et (pii n'aura pas laiss('
(le posiérih''.]
' Rainald. nnn. i iCS, 11° 'i3. ' Assises de Jrriis. Itaule cour. l.\,v.(.r,u\.
' Cnd. illjilowat. t. I, 11° 189, |). -l'ib. — p. 3^5.
De Mas-Latrie, llist. de Chi/iirc . l. II, p. -25. ' Continuât, de (juill. deTyr. I. XXXIIi.
' Cod. dlplomal. t. I. n° 8G. p. ()i . (j-3, c. xxvni. p. 3gi.
5i/,. " '» Conlinual.de Guill.de Tyr.l. XXXIII.
' Continuât, de Cuill. de Tyr. I. XXXI. c. xxxi, p. 898.
c. I, p. 3 1-2. " De Mas-Latrie, llist. de Chjpre . I. Il,
^ Cari. S. Seimic. n" l'if), p. atig. p. 58, note 1.
" Cod. diiihimitl. t. I, n" 11, p. -igo. " Cad. diploiiiiil. t. I , n° 1 -23 . p.l'io. (^1
' Cod. dipiowdt. t I , n° 2 1-2, p. -253. Scenu.v, n° 58. pi. VI.
LES SEIGNEURS DE GAYl'HAS. 269
Helvis, dame de Cayplias, l'ut conjointe |)ai' inaiiajic avec Jofi'iio^
Poulain, duquel elle eut Gilles et Hoberl.
GiLLKS [d'EstbainJ, I''' (lii uoin , seijjuciir de Gayplias', s'allia avec
Marguerite, fdle de Jean de Brie et d'Alix de Cjhappes, et laissa d'elle
Joffroy, seigneur de Cayphas; Roliart et Helvis, leninie de Hugues Ka-
douf. Roliart, second fds de Gilles, fui marié deux lois, et première-
ment avec Alix, fille de Pierre de Gloire, noble Pisan; ])uis avec Béa-
trix, fille de Guillaume de Piquigny et de Marie des Baux. De la
première alliance, vinrent Gilles, Pliilippes et Marguerite de Cayphas,
femme de Réniond de Montolil'.
[Gilles d'Estraiii avait signé un acte d(^ Philippe de Montierf-, seigneur de
Tyr, avec la qualité de fds du seigneur de Cayplias. L'acte est de juillet i -îlif):
mais il y a ici erreur dans la date, puisque Philippe de Montfort était mort
en I 260^. Peut-être faut-il lire 1209. De là, ou peut inférer qu'à cette époque
Garsias Alvarez, beau-père de Gilles, vivait encore, ainsi qu'Helvis, et que
l'héritier du premier mari d'Ilelvis se contentait d'un titre (pu rappelait son
origine et son droit. C'est peut-être ce même Gilli^s ipii avait souscrit un acte
de Jean d'Ibelin, seigneur d'Arsur* (12.^7, 10 août), avec la (pialité de che-
valier de Cayphas.
Ainsi Geoft'roi Poulain, premier mari d'Ilelvis, aurait été seigneur de Cay-
phas de 12/iA à i25o tout au plus; Garsias Alvarez, de 1260 au moins à
1269; et Gilles d'Estrain. depuis 1260, au plus tôt. Mais voici une autre
dilliculté : cet acte de Jean (rib(din, de 12 ."j'y, souscrit j)ar Gilles, chevaliei-
de Cayphas ^, est fait du consentement et en présence de Jeaiv he Valenciemves,
seigneur de Cayphas; et deux lettres d'Urbain IV, du 29 mars 1268 et du
26 janvier i9(34*', chargent Gilles, arcbevè(|ue de Tyr, et Jean de Valea-
ciennes, seigneur de Cayphas, de recevoir les produits de toutes les quêtes
faites pour la terre sainte. Jean de Valenciennes était-il un troisième mari
d'Helvis, et Gilles d'Estrain n'a-t-il été seigneur en son nom (pi'après 126/1?
' Ligii. d'witrc-mcr, c. xw, |). 4o8, 4/18. * <m/. iliplumal. [t. Ljy, 161. 5-28, h-2{).
- Cod. diplomal. l. I, n" -ifli, p. 267. " Marlène, Anecdol. t. II. col. iy. — ■ De
' Voir Les St'igiiems de Tijr. Mas-Lalrie, Hist. de Cliijpre, L II, p. 70.
' Cod. diplomat. t. 1, n° 182, p. ilii. 71. — Trésor des chartes, J. /445. n° 3.
•lli) LES FAMILLES D'OUTHE-MER.
Du icslf, ce Jean de Valciicirinii's pi'ul trrs-liicii l'irc celui diiiil parle Joinville
(voir j)lus bas), mais imii pas l<' luèiiic i|ni' ccliii (jui est nifiilioiiné en i3io
couiine scifjneur de (iavplias; car alors il laudrail sii|)primer les Irois g('néra-
lioiis (le scijjiuMU's, (lllles I", GeoH'roi , Gilles II, ijui remplissent l'intervalle (le
1 ami(''(^ 1 •)() A à I '^ 1 o.l
.i()rKiU)\ nu (lEoi-i-iiov, seigneur de Cayplias', Mis aisné fie Gilles.
es|)()usa Bediiine, tille de Jean Beduin, de laquelle il eut Gilles, sei-
gneur de Gayphas. et Mai'guerite, femme do Tlmmas de Gihlet.
Gilles. W^ du nom, seigneur deGaypIias, eut pour lemme Philippes,
lille de .lean d \ntioche, maresclial du royaume de Cypre. Après luy
paroisl
Jean »e V\lenciennes, seigneur de Cayplias, sous le pape Clément V^,
cest-à-dire vers l'an i3io. Oi'deric ' semide faire cette famille Nor-
mande.
[On voit un Jean de Yalentina, de Vidanàim'^ si toutefois c'est le même
personnage, souscrire plusieurs actes de rois et de seigneurs, en faveur du
Saint-Sépulcre ou de f Hôpital de Jérusalem, de i i A.'i à i 17 i . ]
Le sire de JoinvHle^ fait mention d un Jean de Valenciemies, che-
valier, (|ui se tiouva avec le roy saint Lou^s en son pi'emier voyage
ddulre-mer, ([ui peut estre le raesme que celuy (pii lut seigneur de
Cayj)has ^ [Nous venons de montrer que cette identité est très-peu pro-
bable.] En un registre de la Chambre des com])tes de Paris, je trouve
Estiennot de Valenciennes, escuier, fils de feu Jaipies de Valenciennes,
pannetier du roy ''.
' Lignages d'oiUrc-mei-, c. \\\. ' Joiiiville. p 108. a3i ; édil. t)u Gange.
' Trésor des chartes du roy. p. 96 et Observât, p. 277. c. ( Hisloviens ilr
' Ordorie. Vital. 1. VI, p. 6o('); édit. Le France, t. XX.)
Prévost, t. III, e. VIII, p. 7^6. ' Rainald. ami. 126a. n° 17. — Wad-
" Cart. S. Sepulc. n" 48 . Sa . 1 1 2 , 1 86. ding. Reg. t. I . p. lij.
— Coll. illphmal. t. I. Il" 171. p. 21 4. ' Le Livre rouge, p. 36 1.
LES SEIGNEURS DE CAYPHAS. -271
L'iiistoii'c fait mention de Miles de (jayplias' (|iii vivoit sons le un
saint Loiiys, vers lan i'2'jo, sans que jaye |)u décoiivrii' ilc ({iii il
estoit issu. [En 1277, il succéda à Guillauuii' de Rnussilioii -, coinnic
chef (les liduimes d'armes du l'oi de Fi'aiice, dans la vdic d \(i('. Il esl
diflicdc de lin Irouver une place parmi les seigneurs de Cavplias. a
inciius (juil ne soit le nuMue que (iilles II.J
Le seigneui' de (layphas a voit coin-, coin ou moiMHi\e. d justice;
c'est-à-dire haute coui': et il y avoil à (]a\plias coui' de liourgcoisie el
justice^.
' VA. Meiiard. Observai, sur le sire de ' Coiil. ilr- (iuill. de Tm \\\1\ . \.\\iii.
Joiiwille, yt. '^ih ; ét\ii.]'>n Cauf^p , I Ih.'ifriiil . Assises de .lériis. «lit. I,alil»f. p. ôô:» :
p. 3Sl. l'dil. lipug-nol. t. 1. [I. /4>n.
■)73
1,1'S l'AMILLES DOliTRE-MER.
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LES SEIGNEURS DE CEREP. 273
LES SEIGNEURS DE CEKEP.
Le chasteau cleCerep' estoil assis dans I cstendue de la priiicipaulV:
d'Antioche. Al-Gazi, amiral dos Turcoinans, y vint mettre le siège en
lan 1 1 15, et l'enleva sur les nostres; auquel temps
Alain en estoit seigneur^, qui la défendit généreusement, et rendit
toutes les preuves imaginables de valeur dans le cours de cette guerre.
Je remarque qu'il y a eu trois ou quatre seigneurs de ce nom qui vinienl
en la terre sainte avec nos premiers conquérans, scavoir^ Alain, sé-
nesclial de l'archevesque de Dol, en Bretagne: Alain de Guaer, fils (l(^
Raoul de Guaer, qui se trouva en la mesme expédition, et Alain Fer-
gand, duc de Bretagne. Te crois qu'Alain de Guaer est celuy qui lui
seigneur de Cerep, Gautier'' le représentant comme un jeune seigneui-
plein de feu, celuy-ci devant avoir esté paieillement jeune, puisqu il
accompagna son père en ce voyage. Les écrivains de ce temps-là^ l'ont
assés voir (piil estoit Breton, le mettant avec les seigneurs de cette
nation qui vim'ent en la terre sainte avec leur duc Alain. Il estoit de la
l'amille de Kaër, en Bretagne, qui fondit en celle de Malestroit, qui a
possédé ensuite la seigneurie de Kaër. Augustin du Pas^ a parlé de
cette maison entre celles de Bretagne. Foucher de Chartres'' tesmoigne
que Gère]» esoit encore au pouvoir des François lan i irîB. si toute-
fois Cerep est la mesme place cpiil nomme ('.(ireph.
t.
' Gautec. De Bello Autioch. apuil l'on- " Page 4/i3.
pars. p. hàh , /io8. " Raidric. i. II, p. 97, apud Roiigars. —
■ Gauter. Do Bello Antioch. a[iuil lion- Urderic. Vital, p. 729.
gars, 448, /i5i , iSg. ' Du Pas, p. 199 , 6-22 , 628, 820.
' Raldr.l.II,p.97.— Oïder.Vilal.l.lX. ' Fulch. Carnot. 1. III. c. xxxu.
p.729;édit.LePiévost. t. III. c. viii .p. 007.
35
27/1 LES FAMILLES DOUTRE-MEH.
lh:s seigneurs de cesaree.
Elstaciie. siiiiiomiiK' (h-ananua. par Albert dAix^ Garnier, par lei<
Lignages d'outre-mer -. Grener'i'i Gramcrs , par Guillaume deTyr^,
après la prise de Césarée, dite de PaJcsiine, en Tan iioi*. en fut
estably seigneur par les cliiestiens, (jui luy donnèrent encore la prui-
cipauté de Sidon ^ on de Sajette, en suite de la prise de cette place,
arrivée an mois de décembre lan i i i i. Il lut anssy connestable '' du
ro\anme de Hiérusaleni.
[On m- le voil lias cyiiciidant avec ce tilie ilaiis les (liplùiiics (juil a (loiiiiés
('11 sou nom. on signés seuleinenf coiiinic léiiiom ". iiio, a8 septembre:
1 1 I () . h mai ; I 1 -M).!
Le ro\ Baiiiliiiiin 11 a\iinl esté lait piisouiiier |iar les Sarraziiis^ il
lui éleu par les barons pour gouverner le royaume en (pialité de
liaile ou de régent, en lan i i-jo. Mais il jouit [leii de temps de cette
dignité'', estant décédé le i 5"^ jour de juin de la mesme année, il av(ul
espousé Enielote ou Hermeline '"[on Emma], nièce d AiikhiI. jtatiiarclie
' Alliei-I. A(]ii('iis. I. M, c. \; I. XII. c. VI. ' FulcliiT. Cnriiof. i. If. c. \i.ii.
" Lignages d'outve-im'r. pilitinii Labbe. " Willelinus Tyr. i. XII, '■. \\i.
<•. i\; édition Beujjiiot, c. \i\. ' Codic. diplomat. t. I. ii" -2 p. -i et 453:
' \\ illeliiiiis T\i'. I. XI. c w : I. XII. Il ;î(i, |). 3a. — Ciirliil. S. Sepiilc. ii" /i.S.
c. Mil.
5.^, 11 g, p. 85. y8, (jg, -i-.i-j.
• Fulchcr. CiuiKil. I. Il, c. MU. — Albert. " Fiilclipr. Caniot. I. III. c. \vi. — Hisl.
.Aquensis, I. V. c. \i.i; I. VII. c. i.v. lvi. — //î'eroso/. p. (i 17. Hongnrs. — WilIpiiiiiisTyr.
(îiiibert. iXovig. I. \II. p. ôIJo. — Inccrti. i. XII. c. wii.
apiul lîongars. — Ecchar(\. De Sitmi cxpedil. ' Fulcher. Carnot. I. III. c. wii. — Wii-
hnisùhjm. {Ampli'is. cvllect. I. V.col. 5-i5e.) iclmiis Tyr. 1. XII, c. \\i.
— ]'ersiis de r<, ,,. jlliislrihiis dioces. Tarne- '° Willelnins Tvr. I. \1. r. \\ : I. Xl\
iicnK. etc. {Amplis-s. Cnllrci. I. V. col. 5 '10 a.) c. \v.
LES- SEKINEURS DE CÉSARÉE. 275
(le Hiériisalem, laquelle, après la mori tle son inary, se remaria avec
Hugues de Puiset, II" du nom. comte de Japhe.
[Elle élail déjà remariée mii S avril i i a 'i . ainsi (|ue l'atlesle un acte de ce
jour'. |)ar le(jue] Emma, du coiiseiilemeiil de ses fds, Eiistaclic el (iaului'.
confirme et au;;menli'. parla main de son mari. Hufjues, comte de Ja|dii'. Ii-
don qu'elle avait fait, avec son premier mari, d'une terre d'un moulin l'I d un
cours d'eau, à l'église île la Sainle-(Juarantaine.|
il [Euslaclie Graniei] eut d'elle deux tilz et une fille-, scavoir, Gi-
rard. ))riiice do Sajette [nonuné aussi Eustaclie dans l'acte précédent,
et par Guillaume de Tyr']. Gautier, prince de Gésarée, et Aonès.
femnie^de Henry de Milly, dit /c /^»///c, l'rère du pi'ince de Naples. Je
trouve plusieurs familles de ce nom de Granier ou Grenier en France.
Besiy\ en son Histoire des comtes de Poitou, ra])]iorte un titre ex-
pédié du temps du roy Hobert. en l'Aquitaine, de Ganlernia, roi>ii(i-
inenU) Granerius, et de sa lennne Auiid . sui inunmée Blanche. Il est fait
mention île lîertrand Garners. clievaliei'\ en im autie d'un abbé de
Tulles, en Limosin, de fan f^- 19. In titre de Thierry", évesque
d'Annens, de l'an 1 1 67, parle (Wilehiius, (■(fpmminc Graimrim. che-
valier, qui estoil seigneur du lieu nounné Le Grenier, jjrès de la
chaussée de Piipiigiiy. H estoit lilz de Pierre (îrenier, qui lit ijuebjnes
biens à l'abbaye de Saint- \(dunil, au diocèse d'Amiens, et qui, oulre
cet Aleaume, eut un fils nommé Simon, et deux filles, Agnès et Emnie.
comme ou recueille d'un autre titre de fan i i85, qui l'ait encore men-
tion de Gautier et de Guy, b'ères de Pierre. Il est malaisé de deviner
si Eustache estoit originaire d'AqmIaine ou de Picardie, ou mesme
de Flandres, comme veut Meier '. qui luy donne le surnom de lieccam,
sans que j'en sache la raison.
[Il l'appelle Bi'camensis. r'est-à-dire natif de Brccaiii. lieu qui devait être en
' (JirHil. S. Sipulc. 11° 1 Kj. p. -i-M. ■2-2'à. ■ lîesly. p. 363.
' Lignages (V oulre- mer, c. vui. i\; P>eu- ' insip\.PreuresdeFliist.ilrTi'rrmn'.[>.ho.
o-not. c. wiii, M\. " ('Mrhd. (k Saint-Achetil.
'■ Willplinus Tyr. 1. XIV. c. xv. ' Meier, ami. 1099.
.35 .
,('
27f. LES FAMILLES DOUTRE-MER.
Fhuulro 011 (liHis (|iicl(|iMin dos pays voisins, |)uisque l'aulcur remarque (\iir
Godefroi de Bouillon, dans la distril)ution des places ron(|uises faite aux ba-
rons croisés, n'oublia |)as ses conipatrioles. Mais nous ne trouvons pas de villr
ou de boure du nom de Beccam.
Des vers latins en l'Iionnein- des personnages originaires du diocèse de
Thérouanue ' <pii se sont illustrés dans la première croisade nous apprennent
(pi'Eustache, surnonuiK* (lernirs, qui devint prince ou seigneur de Césarée.
était Hnrhcl Rrimcnsis. Cet adjectif, qui dans l'imprimé est divisé en deux mots,
est pinit-('tre une forme altérée pour Hnrbelhmensis , ou quelque chose d'ap-
prochant, et peut signifier natif à' Harbel ou HerbeUes, village situé près d
l'ancienne Tliérouanne (Pas-de-Calais, arrondissement de Saint-Omer, canton
d'Aire-sur-la-Lys). Y a-t-il quelque rapport entre Harhcl Ramensis et Becai-
metisà? Sont-ce deux altérations différentes d'un même nom?]
Gautier- succéda à son père Eustache en la seigneurie de Césarée.
et, en celte (jualité, il se trouva avec les autres barons du royaume de
Hiérusalem à une assemblée générale, qui fut tenue à Acre, l'an i i 67.
en présence de l'empereur Conrad.
[En l'année 1 i3i il avait pour femme Julienne; par un acte du -21 sep-
tendîre de cette même année-', il déclare confirmer, de concert avec elle, tout
ce qui a été coiu-édé par son père et d'autres barons à l'Hôpital de Saint-Jean
de Jérusalem, sur le territoire de Césarée et en d'autres lieux.
En 1 i/iq, il consentit, avec sou fils Eustache*, à la cession d'un casai don!
ils étaient les seigneurs, faite aux Hospitaliers parla reine i\Iélissende.|
Guillaume de Tyr^ luy donne l'éloge d'avoir esté bien l'ait de corps
et vaillant de sa personne. Il eut un fds nommé Hugues [peut-être le
même (lue celui qui est nommé Evslache dans le diplôme de i 1^9]-
surnommé ordinairement de Cémrcc, par le mesme auteui ^ «|uy luy
' Martèiie, Ampliss. Coll. t. V,coi. 34oa. '■ VVillelmus Tyr. 1. XIV. c. \vi. — Li-
- WillelniusTyr. l.XIV.c. xv.xvi; L VII. jrnages (VouUe-mer, Lalibe, c. ix; Beiignol .
c. 1. — CarUil. S. Sejjulc. n" hh , p. 8-2. — c. Mx.
Cesta Lmlov. VU, <■. xviii. ° Wiilelmus Tyr. I. XIX, c. xvi. xviii .
^ Cod. iliplowal. t. I, 11° i3, p. i4. \xiv, xxvHi, XXX. — Preuves de l'histoire de
" Cod. diplumal. 1. 1, n° aC. p. ag. Bèlhune, p. 358.
LES SEIGNEURS DE CÉSARÉE. ' 277
donne aussy l'éloge d'avoir esté un personnage d'une piMidciice el (rniie
circonspection admirable, lorsqu'd raconte comme, en I an 11(17, il
fut envoyé en ambassade par le roy Amaury vers le calyplie d'Egypte.
Un titre du Gartulaire de Manosque' [probablement l'acte de Gautier,
seigneur de Tibériade, en faveur des Hospitaliers (avii! 11 68), H
qu'il a signé comme témoin] le fait encore vivant Tannée suivante.
[Dès l'an ii5/i il avait succédé à sou père, pulsip'il souscril , eu qualité
de seigneur de Césarée, un acte du roi Baudouin 111-, du 3o juillet de celte
même année.]
il espousa Isabelle, lille île Jean de Gomas ou de Gothman \ comme
il est nommé dans un titre du roy Baudouin, de l'an 11 55, l'un des
principaux barons de Hiérnsalem , (b^ laipieile il eut Gautier (d Juliane.
[Nous trouvons aux anui'cs 1 17/1, 11 75, un Asi.ubi di; (Iésaiiiîi:. ipti sous-
crit quelques diplômes des rois Aniauri et Baudouin IV '. Le dernier de ces
actes est souscrit aussi par s(ui lils Gehvais. Deux ibis cet Ainauri signe immé-
diatement après Rourd de Joppé, comme étant un personnage du même rang.
Fut-il réellement seigneur de Césarée? A quel titre? Il n'est poiul mentionné
dans le Lignage d'outre-mer. On ne voil pas ikui plus ce que devint son lils
Gervais. N'était-ce ([u'un chevalier sans lief nltai-ln- au service des seigneurs de
Césarée, ou l'ut-d un frère aîné de Gautier II, mort avant lui, ou bien un
oncle, tuteur de ce jeune seigneur durant sa minorité? C'est ce que f absence
des monuments nous empêche de décider.]
Gaiitieiî, Ib" du nom, fut seigneur de Gésarée. II se trouva, en l'an
1182'', avec les autres barons, en l'armée qui fut levée pour s'o[)-
poser à Saladin. ([ui estoit entré dans les Estats dn royaume de Hié-
rusalem.
[La même année °, il vendit aux Hospitaliers le casai de Galilée, pour le
' (Àirlul.dc Manoncjue. — Coilir. (/Ijiltiinnl. 100, iS,5. \). i()5. i()(). 197- a7<>.
l. I, n° 46, p. 1*8. -^78, etc.
■^ Cofl. (liplmnal. t. 1, 11° 3u . ]i. 'Xi. " Cod. diploiutit. 1. 1. ii" !îoi, -jo-i, -jo^.
' Lignages d'outre-mer, c. i\. — Prcii-^ \). -ihh , 245 , a/i(5.
ces de l'histoire de Béllnine, Reiinnot , I. II. * Willelmus Tyr. I. XXII. <•. xxvir.
p. 5-Jo. — Carlulurium S. Sepulc. n" 1)9 '' Cod. diplomat. (. I, 11° 7:?. p. 72.
278 I.RS FAMll.LRS DOlITliE-MER
iirix (le f),ooo lipsants. avoc la permission du roi Baudouin l\. du conscnlc-
iiienl lie sa somit .liilicnni' l'I de son licaii-lrèrc. Gui de I5arulli.|
L(,' Lij'iiaj;c (rdiili'c-iiKM' ' dit (ju'il l'iii liiô. sans spocilier en f|ii('li('
occasion; ce (|iii ne peul cslrc airivo (|u"a|i!ns l'an i i<)H, en laquelle
année il souscrit un lilre d'Ayinery-, roy de Hiérnsalein el de <lv|)re.
avec les antres liaroiis du rovaniiie.
[Du (ianin' a ninl'ondii ici Gantier II. fils t\r Mumui's. a\i'c Gautier III. lils
(le Julienne el de Gui de Barulli. Gantier II était mort entre les années i iSd
ei I iSn, !ors(|ue Giii de liUsijjiian était roi de Jérusalem, ou du moins en
avait enrore le litre. Julienne sa sœur, par nn acte du an octobre i i 97^. con-
lirme le don d'un casai iine ce seigneur, an uioiiienl de sa mort, m e.rtri'min
jionitu>i. avait l'ait aux Hospitaliers, en présence de (ini, roi de Jérusalem, et
de .Monaco, à celle épocpie arclie\è(]ue de Gé'sarée. et au moineiii de cet acte
( 1 I ()7 ), palriarclie de J(''rusaleni '.]
L'IiistoM'e rcinarrjue ■ (|ue. (i.antiei- estant seignenr de Césarée, cette
ville lut prise après la défaite dn roy Guy par Saladin, l'an iiSy,
et ipien I an 1 1 9 i'' il se lit nn accord par Philippe-Auguste, ion de
Pi'ance. et liicliaid. lov (rAnoleterre , entre (\u) de Lnsignan et Con-
rad. iiiaiNjuis (le Monlleriat . loiicliant le royaunie de Hiérusaleni.
pai' leipud il l'nl conveiui. entre autres (dioses. ((ue Guy tiendroit le
roYaunie de Hiérusaleiii durant sa \ie, et (|ue Geoll'roy de Liisignan.
son frère, aiiroit le comté de Japlie et Gésarée. à la cliarge de l'iioni-
inage et du service ordinaire. Ils ajoutent (pie, lîicliard ayant rebasl\
Gésarée, il la mit entre les mains de (JeoIVroy. Mais il semble ([ue cela
se doit, entendre de la seigneurie directe.
JiLiAM'. "^ snccéda à son frère en la seigneurie de Gésar('"e. Elle
' limiu'i-p-'! (Vdiilrc-mo-. c. i\. l'Iii' mif excellente ilisscrl;ilion inlilulée :
' Cartul. lie Maiiosiliic. — Cari, iliiilimiat. Ilinjmiirl Mniinchi de r.rjniipmla Arconr lilm-
t. 1. \i' X. p. -287. IclriisticliKS . Liigduiii . l'errin. 1866.
Cnil. (liploimil. t. I. 11° 83. |). 8(). '' Hojjcr de hnvedeii . p. (536, 6Zi3.
' Voir Les raliiarvlies de .h'rusdkm et ' l{n;;er de Hovcden, p. (J97. 71 i- —
/,p*.4>T/(«'c7»p.sr/(;Cc««w. Sur Ityiiinr Moine Jo, l')ioiii|)ton , p. i-2o8, 1-21/1.
ou Monaco en particulier. M. 1*. Riant n pu- Liinmges d'mitri'-mer, c. w.
LKs siiiCiNKLiP.s i)i; (;i<;s\[!i:k. ->7;i
espousa preiiiièreiiieut Gcv de Baiut. (luqiH'l (luilhiiiinc d»- Tyr' p.uic
eu divery endroits de son liistoire, depuis l'an i i /17 jus(pies en 1 1 5-2.
qui estoit tilz puisué de Pierre, seigneur de Bai-ui.
[Nous avons vu Gui laeutioiuié couuue uiari de Julienne (i;ni> lui ;ii-U' dr
Gautier, son beau-frère, de l'année 1189^. 11 l'i'taii déjà en 1 17(1. si tdu-
tet'ois c'est lui i[ui souscrit un acte de Bandonin di' Raim-s. de rrltc tnèine
année ^ sous le nom de Gui de Césarée. Avait-il donc di''j;\ je droit de
prendre le titre dp fJsnréc. comme étnnt marié m j'iKM-itière |ir('S(iii]|)tive de l;i
seigneurie?]
Elle en eut Gautier, seigneur de Césarée, Bernard, Isabelle etBerte.
Isabelle fut uiai'iée à Benaud, chandiellaii de Hiérusaleni, fi'ère de
Boliard, seigneur de Cayplias, et Beile espousa Benaud de Soissons,
luareschal du royaume (b' Gypie.
La princesse Juliane, a[)rès la uioi't de Guy, lepril niu" seconde
alliance avec un seigneur noniuié Ai/mir ou Adliémar \(li' Ijuran. et
non bu'oii, cnunue il est dit dans le Lignage d'outre-iuer ': leipiel
sousci'it déjà, connue seigneur de Gésai'ée, en janvier 1 iç)?) \ un acte
du comte Henri, l'oi de Jérusalem J, avec lequel elle paroist [dans des
actes du -i-J octobre 1197. février i-joo", et] au cartnlaire de Ma-
nosipie, dans deux titres du mois de février, fan 1-207 '; dont le sceau
représente ini cavalier avec cette inscription alentoiu' : .S. Adhemur. dei
Eron.
[Le sceau dont parle Du Gange a|)jiartienl au |ireuiier de ces deux di|ilônie>.
H est n'présenté dans le recui'il de Sé])aslien Paoli^: il porte d'un côté' ini ca-
valier, la lance en arrêt, avec cette légende alenienr : S. Adt-miir. dr Lron , et
au revers, des l'orliticatiiuis de \ille. et alenioiir: .luhini'i dowuia G'cwnw.j
' Wilieiinus Tvr. I. XVII, c. r. xv xxt. ' ^W. diplonwt. t. I. ri° 8.S , |i. Sy ; n° <) .
■ Coll. diplomut. t. I, if -]■! , p. 73. p. -J^H , -389.
' Cod. (liplomnt. t. I. ii° (i i . |i. (Ji. ' (M. diphiimt. l. I. n" 90. |i. 9'-!. 9.",:
' LigHOi'e.'i d'imire-wrr. I. II. c. x\. n" 10, p. 089.
p. UM. éflit. Beugnot. ' Oxl. diphwnl. I. I. pi. n. a' 'i.5. à la
' (lod. diplfimnl. I. I. il" \ -]'■'< . p. -iid. lin (lu volume.
280 LRS FAMILLES DOUTRE-MEH.
Saiiudo ' l'ail iiuMilioit (l(^ luy avec la qualité de prince de (lésarée,
qu'il possédoit dn clioi' de sa l'enune, et nous ap[)rend qu'en l'année
suivante il l'ut choisy par les barons avec Tévesque d'Acre, pour passer
eu France vers le roy Philippe-Auguste, à dessein de luy demander un
cspoux |)iiiir Marie de Montferrat, héritière du royaume de Hiéru-
salem, qui |insl [{ouverner cet Estât et le défendre contre les infidèles,
qui ratta(|Moient de tous costez.
rAdhéniar souscril lui aric du roi Jean de Briennc-, i -n i. i" juillet; ot
|i;ir un acii' en son nom. (In 18 octobre iai;3''. il concède aux Hospitaliers,
de concert avec sa femme Julienne, les fruits de trois casaux, jusqu'à ce (pi'il
leur ait remboursé 1 ,000 besanis. qu'il leur avait empruntés dans un moment
de pressante nécessité.
Depuis cette époque nous ne voyons plus paraître ni Adhémar ni JiiHenne.
(iette dernière était morte en 1219, puis(pn' l'on remanpie'', au sujet d'un
Avniar de Lairon, envoyé au secours de Raymond Rupin, qu'il était le neveu
d'Aymar de Lairon qui avait été seigneur de tiésarée; ce (pii peut faire su])-
noser qu'Adliémar vivait encore, mais que, par la mort de sa fennue , il avait
perdu son titre de seigneur de Césarée, (pii avait passé dès lors au fils de Ju-
lienne.J
Gaitu'H [111], seigneur de Césarée, fds de Guy de Barut et de Jii-
liane, fut connestable de Cypre\ avec laquelle qualité il souscrit un
titre de Hugues de Cypre, de Tan 1210.
[Du vivant de .sa mère, on le voit souscrire plusieurs actes, avec le simple
titre de Gautier de Césarée, dans les années 1 1 98 ^ 1 aoc ^ 1 12 1 0 ^ et même
1 ^! 1 7 '. Cependant à cette dernière année, où il prit part à la croisade d'An-
' Marin. Saimt. I. III. part. 11. c. m, ' Preuves de l'hist. de Béthmie,^. Mo.
p.,, o5. — Coiitin. de Guiil. de Tyr, 1. XXX , ' Cod. diphmat. l. I . n° 8 , p. 287.
c. XIII. p. 3o(). ' (^od. diplomal. l. I, n" 9. p. a88.
- Carlul. S Scpiilc. 11° i45. p. aGç). — ° Cod. diphmat. t. I, n° 97, p. 102. —
Assis, de Jérusal. t. II. p. 536, 11° 5o. (Àirtiil. S.Scptilc. n° 176, p. 3 10.
' Cod. diplomat. t. I . n" 11. p. •y.()0. " Cod. diplomat. 1. 1 , 11" 1 oO , 2 1 a , p. 1 1 3,
' Contimial. de Guiil. dcTyc. I WXII. 953. — De Mas-Lntiie. Ilist. de Chiiprr,
c. XV. p. 367. l. m. p- <'09.
LES SEIGNEURS DE CÉSAHÉE. 281
dré, roi de Hongrie, et de Boémond IV. le Borgne, l'histoire' le nomme sei-
gnetir de Césarée, et en même temps connétable dn royaume de Chypre. Il
souscrit, en cette double ([ualité. un acte de la reine Ali\ - (octobre 1920).
En 1219, il se rendit au siège de Damiette avec cent chevaliers de Chypre^:
en 1225, il assista au couronnement de la reine Isabelle, fille de Jean de
Brienne *. Il fut tué le 2/1 juin 1229^ devant Nicosie, en conibatlnnl pour
Jean d'Ibelin, seigneur de Barutb , contre les partisans de l'empereur Frédéric. |
H espousa Marguerite'^', fille de Baliaii (ribelin et de Marie Com-
iiène, veuve du roy A mairie, et laissa de cette alliance Jean, prince
de Césarée; Isabelle, décédée à marier; Alix', femme de Ja([ues de
la Mandelée, et Eupiiémie, alliée à Jean de Giblet, marescbal du
royaume de Cypre'.
[Une lettre où Frédéric II se plaint de Grégoire IX ( 1 aSg, 20 avril )' non,--
apprend que ce pape avait accordé une dispense à Jacques de la Mandelée pour
son mariage avec Alix, parce que Jacques avait précédennnent épousé sa sœur '".j
' Continuât, de Guill. de Tyr. I. XXXI.
C. X, p. 322.
- De Mas-Latrie, Hist. de Chypre, I. III.
p. 6ià.
^ Coiitiniiflt. de Guill. de Tyr, I. XXXII.
c. s., p. 339, 3'40.
' Continuât, de Guill. de Tyr, 1. XXXII.
0. .\x, p. 358.
'■" Continuât, de Guill. de Tyr. I. XXXIII,
c. X, p. 376.
° Du Gange, Famil. Bij:mil. généal. des
Coninènes, p. 182. — Assisen de Jénisal.
t. I . c. Lxv. p. lor).
Math. Paris, ann.
I2.jr), |).
' Le Lignage d'oulre-mer dit seulement
du royumne ; nous verrons plus bas. aux 5e/-
gneurs de Giblet. que ce Jean tiil maréchal
du royaume de Jérusalem.
'' De Masd>atrie, Hisl, de Chypre, l. II.
p. 6-2 , 63. — \ oie plus bas le tableau gé-
néalogique des Seigneurs de la Mandelée , à
la suite des Comtes d'Edesse.
" M de Mas-Latrie (lli-st. de Chijjjn' .
t. 11. p. 63, note 1) suppose que cesl
Jean de Césarée qui avait épousé la sœur
de Jacques de la Mandelée; mais le moly//v".v
seuible indiquer un premier mariage; et qui ,
placé inunédialement après Jacol/o. se ra[;-
porte beaucoup mieux à ce mot qu à Joan-
iiisde Cesaria, qui précède Jacobo. La phrase
est ainsi conçue: Dispensutiones... per ijiias...
Aalidem sororem Joannis de CesariaJucobn de
Ainendolia, qui prius sororem ipsias despoii-
sarerat. . . concessit uxorem, etc. Cette [ihrase
peut s'ex])liquer aussi en ce sens que Jacques
de la Mandelée . après avoir promis d'épou-
ser une autre sœur de Jean Césai'éo. mode
avant la célébration du mariage, aurait en-
suite demandé la main d'.Alix et obtenu dis-
pense pour épouser la sœui' de sa première
fiancée. Du Gange s'est figuré tpi'il s'agissait
d'une sieur de Grégoire IX {sororem ipsius).
que l'histoire ne nomme pas et que Jacques
aurait épousé en Fouille. (Voir ci-après.
3C
2S2 LES FAMIM.F.S DOIITHE-MEP,.
(1(! l'ut peut-estro du temps de ce prince [niaintenant on peut l'at-
lii'uicr,] (pie le roy .Tenu de Brienne et le duc d'Autriche, avec les che-
\aliers de rilospital [(jautier d'Avesnes et plusieurs autres pèlerins'],
iortilièrent le chasteavi de Césarée, ce que Vincent de Beauvais -, Go-
ddroy ■', moine de Saint-Pantalénn, et Mathieu Paris ra])portent à
r.in 1-117.
I Dapivs le (lonliiiualeur do Guiljauiiic de Tyr, ce .serait l'ii lévrier ou mars
I •> 18: ce <|ai |>('ut s'accoriicr avec la (la(o doniiéi' par les autours précédents.
i|iii ont |ii'oljalil('ment compté more l'alhanio. \)ims W'-lv de la même année,
I •! I (S ", la ville de Césarée, quoi([U(' vaillamment détendue par les Génois,
iiiiiis de Gautier, l'ut prise par Conradin, (pii en détruisit les fortifications. En
II' moment le roi Jean de Brienne r(>tenait la |)lace et refusait de la rendre ;i
(iautier, jusipi'à ce (pie celui-ci lui oui remboursé les dépenses faites quelques
mois auparavant pour en r('parer les fortificatious.]
Jean, seigneur de (Césarée, l'ut conjoint^ par mariage avec Alix.
nièce d'Eustorge, archevesque de Nicosie, et en eut un fils, décédé en
has âge; ^!arguerite, princesse de Césarée; Isahelle, Alix, mariée à
Richard de Dampierre, de la(pielle alliance vint Eudes de Dampierre,
(pii espousa \lix, fille de (iuv d'Ibelin, comiestable de Cypre.
|.lean de (iésarée fut un des plus zélés partisans de son oncle Jean d'Ibelin,
seigneur de Barulli. En ia3-i '' il vendit un casai aux Hos|)italiers, au prix de
I (i.ooo besants, tpi'il prêta à Jean d'Ibelin pour lui donner les moyens de ré-
coutorliT l'armé'c l'vpriole. décoiiraj[ée par la (b-iailc de (lasal-Imberl. On le
p. 3u:! , liote li.) Miiis. outre que le sens de
In phrase se priMc mnl à une telle interpréta-
lion, il faut se rappeler que le pape Gré-
g^oire IX . mort presque centenaire .en 1 a 4 1 ,
]\i' ])Ouvail pas avoir, selon toute vraiseni-
Idance, une sœur assez jeune pour être ma
riée , vers 1 -îSo , au seigneur de la Mandelée.
' Continuât, .le r.uill. de Tyr. I. XXXi .
C. XIII . p. .'')!î.5.
Vincent. Bellovac. I. XXXI. c i,xx\i .
Lwvu; apud Iteinecciuin . lolio i lnj verso.
' Godefrid. Mon. ann. i-2i'
Mathieu
Paris, ann. 1217.
' Continuât, de Guill. de Tyr, I. XXXll.
c. V, p. 33/1.
^ Lignages d'outre-mcr, Joc. cil.
" Assis. dnJerus. t. I, e. cciii, p. 3 a S. —
Continuât, de Guill. de Tyr. I. XXXIII.
e. XXV. xxviii. XXXI. xxxii. p. 390. 3()3 .
39/1. 398.
LES SEIGNEU.KS DE CESAIiEE. 283
voit figurer parmi les témoins de [ilusieiirs actes de laSa et i2 33 '. Mais il
vécut plusieurs années au delà, ijuoi([ue nous ne connaissions pas, connue pour
son père, l'époque |)récise de sa mort. Deux lois il refusa la licutenance de la
bailie du royaume de Jérusalem^, d'abord aj)rès la mort de l'impératrice Isa-
belle; ce ([ui dut avoir lieu dès les |)remiers lemj)s de son avènement à la
seigneurie de Césarée, puis(pie la princesse Isabelle était morte en 1298: la
seconde fois, vers l'an i20(), lorsque les barons di'clarèrent l'empereur Fn--
déric II décbu de l;i bailie, depuis ipie son fils Conrad était l'econnu èlre en
âge de régner par lui-même.]
Marguerite, dame du Césarée', s'allia avec Jeain l'Aleman, du([ii('l
elle eut trois fils, sçavoir Hugues, qui mourut de la chute d'un cheval
[qui tomba sur lui et lui brisa le cou]; Nicolas, seigneur de Césarée,
qui espousa Isabelle, dame de Harut, et Thomas, (|ui d'Agnès, fille
de Raoul de Barut, surnommé de la Bhmchegarde, ne laissa aucune
postérité.
[Jean Aleman ou l'Aleman, seigneur de Césarée [)ar sa fennne, fut en celle
qualité et comme Iionmie lige du roi, conv(j(pié par .leaii d'Ibelin. seigm'ur
d'Arsur*, à une assemblée générale (pii se tint dans la \ille d'Acre, en février
laSo.
Par un acte du i" mai laSô, il donne aux Hospitaliers, sans iaire men-
tion de sa femme, tout ce qu'il possédait dans Acre, moyennant (pielques messes
perpétuelles et d'autres conditions, par exemple la charge d'une renie perpé-
tuelle de 600 besants à Isabelle d'Adelon Par un autre acte du mois de juin
suivant, il se déclare, ainsi que sa femme Marguerite, confrère de l'ordre de
IHôpital, avec promesse de l'aider et de le secourir en toute circonstance.
Dans cet acte sont nommés plusieurs liommes ou vassaux de la seigneurie île
Césarée, Guillaume de Picquigny, Simon de Tro\es, Amauri de Saint-Bertin,
Gautier de Châtillon, Hélie Charles.
Jean Aleman. ou Marguerite, ou tous deux peut-être vivaient encore en
' Cod. cliplom. l. I , Il ' ih . 1 1 0 ,p. SQ'i , 4ou. Sncccsailiilili' un tiviic on à In réyeiivc .
1-jG — De iMiis-Lati'io, ilist. de (Ihi/pre, c. 11.
t. Il, p. 55, 50, 58; t. m, p. (536. ' Lignages d'ouU-c -nier. lue. cil.
' Assises (le Jérusuleiu , t. 11, p. oyy, ' Assises de Ji'rus. 1. ll,c. viii. p. ■>![(■>.
36.
•2M
LES FAMILLES D"OUTRE-MER.
196^1, lorsque péril Hugues, leur fils aîin' '. (jul [("('liiil ((^iiendaiil alors que
l'héritier de la seigneurie de (Jésarée.
Nicolas, leur second fils, était seigneur de Césarée, on ne peut dire depuis
quand, li>rs(|u'en 1277. pi'ii après son maruige avec Lsabelle de Barulli-, d
lui liK' pai' Beaudouin d'Ibtdin, qui vengeait ainsi la mort de son Irère Jean,
tué par ce même Nicolas, pour qui>l(pies nmu\ aises paroles qu'ils avaient eues
à Nicosie. Ces deux frères, Jean et Baudouin, étaient vraisemblablement fils
de Gui d'Ibelin ^, coiniétable de Chypre, quatrième fils de Jean, le vieux sire
de Baruth.
Avec Nicolas linil la lamille et s'arrête la succession des seigneurs de Césarée. J
La ville de Césai'ée reçut plusieurs secousses durant les guerres
d'iiutre-mer, ce qui paroist assez par les soins que l'on prit de la Ibr-
lilier de temps en temps et de réparer ses brèches; car, outie ceu\ de
Hicliard, roy d'Angleterre, et de Jean de Brienne, roy de Hiérusalem,
dont j'ay parlé, les auteurs* remarquent que, l'an 1 '^27 [ou 1 228], les
|)èlerins y refermèrent et restablirent le cliasteau, qui avoit esté détruit
par Coni'adin, sultan de Damas; et qu'en l'an 1 2 53 "\ saint Louys, roy
de France, estant en la terre sainte, fortifia la place de nouvelles mu-
railles et de nouvelles tours, au lieu de celles qui avoient esté abattues
par les Sarrazins, sans néaiitmoins ([ue l'iiisloire ait coté les temps
ausquels les ruines arrivèrent. Enfin nous apprenons de Sanudo*^ et
des épistres du pajie Clément l\ , (pie le sultan Bendocbar'' se rendit
' CoiilimiiU. de Guill. de Tyr, 1. XXIV.
c. IV, p. 4i8. — Ligiui'rrs d'niitir-iiifr, c. ix .
p. 3So, /i34 , édit. Labbe.
" Continuât, de Guill. de Tyr, L XXXIV.
c. wxiv. p. iyg. — Lignages d'oiitre-mer,
I". VI et i\, p. ."iya. 38o, 43o, h?th . édil.
I^abbe.
■ Voir phis bas la g'énéalogie des Ibehii.
tableau C.
' Marin. Sanul. I. 111. part. 1 1 , c. \. —
Gontin. de (luill. de Tyr, I. XXXIl. c. \x\,
p. 365.
'' Join ville, ji. 89, édit.Dn CangQ(Hislor.
de France, t. XX.) — Willenius Nangius.
S. Lud. ann. 1 aSS [Hislor. de France , t. XX .
p. 38/i , 38.J.) — Malh. Paris, p. 852.
" Marin. Sanut. I 111, part. 1 a , c. vu.
— démentis IV, papœ, I. Il, episl. iy, I18 .
apud Rainald. ann. 1266, n" Sg, ho, h'S.
— Martène , Thcsaur. anecdot. l. 11 , col. 699.
— (Ind. diplomal. t. I, n" i5, p. 395.
' On a vu que c'est ainsi que l'appelle
ordiiiairenienl Du Gange, quoique Marin
Sanudd le nuirune Rendocdar.
LES SEIGNEURS DE GÉSARÉE. 285
maistre de Césarée par intelligence, le 2 G'' jour de janvier, l'an ladh.
c'est-à-dire laCS, à la l'açon de compter d'à présent.
[La leLlre de Clément IV est datée du -jô octobre, un 2" de son [xmliliçul .
c'est-à-dire ia66. Il dit que Césarée avait été prise peu de jours aupara\aiil.
Mais il ne faut pas prendre trop à la lettre cette expression figurée et bil)li(pie.|
Le seigneur de Césarée' avoit sa liante cour, c'est-à-dire coui', coin
ou monnoye et justice; et il y avoit à Césarée cour de bourgeoisie el
justice.
[Certains actes nous ont conservé les noms de quelques officiers de la cour
de Césarée, vicomtes, qui présidaient la cour des bourgeois 2, et sénéchaux, ou
maîtres de l'hôlel ^ chargés de l'aire exécuter les ordres du seigneur et de
veiller à l'administration de ses revenus.
Parnn les vicomtes nous voyons Gautieii de Cihco '. ipu doinie à l'Hôpital dr
Jérusalem un courtil, du consentement du seigneur Gautier Granier, 1 toi .
21 septembre. Ce même acte est signé par Richard, (pu s'inlitnie également
vicomte de Césarée. Comment y en avait-il deux à la l'ois? Ganli(!r de Cbaco
est nommé dans le corps de l'acte dressé au nom de Gautier Granier, G. mceaimes
weiis. Pdchard signe l'acte, Riclnmlus, ricecomen CV.synw.et sa signalnre pn'-cède
celle de Gautier de Chaco, qui signe ainsi, Gimllerius, cwcconies Cluiro. L'un
était-il le vicomte du seigneur, l'autre celui de la seigneurie? ou comme Gan-
tier Granier était seigneur à la fois de Césarée et de Sidon, les deux vicomte^
se jiartageaient-ils ces deux villes dans l'exercice de leurs fonctions ?
Un acte de Hugues de Césarée, de 1160^. est souscrit par Gervais. nrnnili .
On peut croire que c'était un vicomte de Césarée.
En 1 iSa, SiBO-', vicomte de Césarée, signe un acte de son seigneur Gau-
tier IL
Les sénéchaux de Césarée connus sont : Uichaiu), (jui lut ténioni d\nu: do-
nation faite au Saint-Sépulcre'' par Ebremar, archevêque de Césarée; el Bai-
DoiiN, ipii signe en cetlf qualité l'acte du 21 septend^re 1 i3i.|
' Assises; livre rie Jean crihelin, t. L ' Cod. (h'plomiil. i. l, 11' i.3, |i. i4.
c. ccLW , ]). h-20. ' Cod. diploiiiitl. (. I. 11' liy-î . p. -jott.
^ Assises de .lérn<:. t. H, c xxxv, p. 'ih~ ' Cod. diplomal. t. 1. n" j-?. . |>. 7-1.
et note «. ' Ctnluhirinm S. Sepiih-, 11° 711. p. 1^3.
^ Assises de .lériis. t. Le. cclvi, p. 407.
28(; LES FAMILI^ES DOUTRE-MER.
I.t's comtes de Mercenasco , en Piémont, du surnom de Gi-anen,i^e
(iisciil issus (les princes de Césarée et de Sajette'; iis portent, pour
aimes, r: d'azur à la fasce d'or, accompagnée en pointe de trois espics
de l)led d"or sur une mesnie tige qui sort de la pointe, et en cliel,
diin chasteau sommé de trois tours, aussy d'or. i^ On dit que ces
armes se voiiwit dépeintes en l'église de Saint-Georges, à deux milles
(le liâmes, où l'on croit que l'ut l'ancienne ville de ce nom, qui est
ilcsservie par des caloiers grecs, au-dessus de cette épitaphe : rr Ambrosio
rrde Turre Mediolanensi, nobilitate ac virtutibus insigni, hic deposito;
frcpiem ut egregia ejus opéra, dum viveret, gesta, eternum liominibus
crconnnendant, sic eum immortaiem cœlicis civibus Deus aggregare
'•dignetur. Julius Pusterla et Celsus de Graneriis, ejus vices gerens,
crcum fletu ac mœrore magno in tanti viri patrii gloria hoc merenti me-
rr mores, inscripserunt monumentum septimo idus julii Mcxx.n Au-
dessus sont les armes de cet Ambroise de Turre, qui sont ft d'argent à
une tour de gueules, r et au-dessous, Ambrosius de Turre. Elles sont
accompagnées de deux écussons, le premier trd'or à un puits de
gueuhîs au chef d'or chargé de trois girons en pal d'azur, n Au-dessous
est escrit : Julius Puslerla. Le second est rr d'azur à trois espics de bled
d'or, avec leurs feuilles sur une terrasse de mesme,ii et au-dessous
est escrit : Celsus de (h-aneriis. Au-dessus de cliacun île ces écus sont les
croix potencées de Hiérusalem avec leurs croisettes. Il esl ])robable
(jue les Graneri de Piémont sortirent avec la reyne Charlotte du
royaume de Cypre. où la maison des Greneri a subsisté longtemps,
et y a possédé le titi'e de comtes de Holias, et vinreiit avec elle en
Piémont.
' Mémoires qui m uiit mlr communique/, pur M. ImMjc' d iùilreiiionts, de celle tamiilc
LES SEIGNEURS TITULAIRES DE CESAREE. 287
LES SEIGNEURS TITULAIRES DE GÉSARÉE.
h\s DE Nevilles [(jui t'iaii vicomte de Nicosie ', el (jiii avjiit éli-
nommé un des douze membres du conseil ou gouvernement |n-ovisoire
formé à la mort de Pierre II, en iSSa], lut ciéé seigneur de Césarée
par le roy Jaques-, l'an i88i [en récompense de ses services et de
son dévouement envers ce prince lorsqu'il s'était agi de le faire noanner
roi]. Je crois qu'il estoit père de ce seigneur de Césarée ^ (|ui recher-
cha en mariage, vers l'an lùSa, Amie de Luzignan, sœur du roy
Janus, laquelle espousa depuis Louys, duc de Savoye.
[Depuis i38i nous perdons de vue Jean de JNeviile. Un accord di' (iliypre
avec Venise*, 1889, a octobre, mentionne Jean Goi\ai' ou (ioiiAB, comnn^ spi-
gneur de (lésarée. Jean Gora|), ini des meurtriers de Pierre l"^ avait l'Ié aussi
un des douze membres du gouvernement provisoire de 1 3(85 '', et le roi Jacques
avait récompensé son zèle et son dévouement en le nommant, en iScS'i''. au-
flitcur du royaume de Chypre, il est très-probable que le seigneur de Césarée
qui, en l432^ recherchait l'alliance d'Anne ou Agnès, fdie et non pas sœur
du roi Janus, n'était plus Jean Gorap; mais nous ne pouvons dire si c'était son
fds, ou un de ses parents, ou un personnage (pu lui fût tout à lail étranger.)
' Loredano, I. IX, p. 5ii ; IraH. fi-anc. ' t> Mas-Latrie, Hisi. de Chijpi-i' . t. II.
t. II, p. loi. — StramlialJi. — De Mas- p. 373 et note 3.
Latrie, liisl. de Chypre, t. II. p. 3()i. " Loredano, 1. IX. p. .31 1 ; Irad. traiiç.
' Loredano. I. IX. p ô 1 Ci ; Irad. fiam;. t II, p. io4. — De Mas-Lalrie. Ilisl. dr
t. II, p. 109. Chypre, t. Il, p. 391.
' Loredano. I. X, p. .^76; trad. t'ranç. ' Loredano, I. IX, p. 5i<k Irad. lran<-.
t. II, p. 170. t II- P- 109.
' De Mas-Latrie. Hist. de Chypre, t. II. ' Loredano, I. X. [i. 576; Irad. tranç.
[). '117 et note 3. t- IL p- 17"-
288 LES FAMILLES DOITRE-MEP..
F.ES SEIGNEURS DE LA CILIGiE.
La Cilicie, (jui est bornée, à l'orient, de la Gélésyrie; à l'occident,
(l(^ llsaurie; au septentrion, du mont Taurus, et au midy, de la
inei' (le Gypre, tut presque la première des provinces que les fa-
meux paladins de la terre sainte conquirent sui' les iididcMes, au sortii'
(les Icries du sultan de Coni [Iconlum, aujourd'hui KoniehY- Elle
avoil l'ail auti'elois partie de l'empire d'Orient-, et avoit esté envaliie
avec les autres provinces de l'Asie par les Arabes et les Sarrazins, au
lemjis qu'ils vinreni fondre en cette partie du monde, sous l'empire de
(Constantin le Barbu, d'Apsimar et de Justinian Iiliinotmète. L'histoire^
fait mention d'Esman, sultan ou seigneur de Tarse, et d' Vpafdèle, sei-
gneur d'Anavarze, sous Basile le Macédonien, contre lesquels cet em-
pereur eut diverses guerres par ses généraux avec dilïérents succès.
Nicéphore Phocas ** ayant entrepris, l'an 96^, <pii estoit le deuxième
de son empire, et l'année suivante, d'en chasser les Sarrazins, prit les
villes d(> Tarse, d Anavarze [Anazarbe], d'Adane [Adana], et les
autres, et rendit les sultans de Tripoly et de Damas tributaires. Pour
mémoire d'une si mémorable victoire, il fit apporter à Conslantinople
les portes de Tarse et d'Anavarze, qu'il revestit tout d'or, et fit mettie
l'une dans la citadelle et l'autre sur la porte Dorée de la ville.
La Cilicie demeura en la puissance des Grecs jusques à l'empire de
Romain Diogène et de Michel Ducas, sous lesquels les Turcs s'en eni-
paièrenl ^ De sorte que, lorsque les nostres entreprii-ent ce fameux
' Willelmiis Tyr. I. lit, c. ix. t;iii(iii. Poipliyrog. Basilio, c. \\\m. wwn
- Tlicnpluiii. .Iiisliii. p. lifi, -lOfk. .3i i. \lii . \liii.
■.U[>. " Scylilzès, p. Go4, G65. 65G.
(jcdrenus. p. 570. SyS, 58o. — Cons- '" Scylilzès, p. 82/1, 820, 8ii.
LES SEIGNEURS DE LA CILICIE. 389
voyage, elle estoit en leur |)Ouvoii' et sous la domination de Soliman,
sultan de Nicée^
Tancrède lut le premier qui l'attaqua; lequel, estant entré en cette
province, y assiégea la ville de Tarse, et ayant obligé les Turcs d'en
sortir, les habitans le reconnurent pour seigneur, et élevèrent son
étendard sur la principale tour, jiour marque de seigneurie-. Ce-
pendant
BviDOdiiv, frère de Godelroy, duc de Boudlon, estant survenu in-
continent après, la luy enleva, ayant persuadé aux liabitans, partie
par belles paroles, partie par menaces, d'abattre l'étendard de Tan-
ci'ède et d'élever le sien^ et ainsy devint niaistre de la ville de Tarse,
qu'il se conserva malgré les efforts de Boémond, (|ui avoit pris la
querelle de Tancrède, et y mit une foi'te garnison. Au mesme temps*,
un seigneur aleman, nommé Guelfe, prit sur les Turcs la ville d'Azara,
que Gudlaume de Tyr semble confondre avec la ville d'Adane, et Tan-
crède, poursuivant son chemin, prit aussy Mamistre, dite des Grecs
Mopsuestie, l'une des principales places de Gilicie^ Ensuite Bau-
douin et Tancrède s'estant rencontrez avec leurs troupes, il se livra
combat entre eux, où Tancrède, qui n'avoit pas des forces égales, lut
obligé de céder et de prendre la fuite '^. Mais cela n'empesclia pas
qu'il ne prist sur les Turcs Alexandrete et la pluspart des autres places
de la Gilicie, tandis que Baudouin faisoit d'autres conquestes du costé
de l'Arménie et vers le fleuve d'Euphrate''. Ce fut en ce temps-là que
' All)prlus Aquensis, I. III. c. v. Rnli. Mon. 1. III. p. liB. lil>, apud Bou,cfars.
^ Tucleboil. I. II. p. 784. — Alljcrtus ' Atbertus Aquensis, I. III, c. \, xiv. —
Aquensis, t. III, c. v, vi. — lîaldric. I. II. WitlelniusTyr. I. III, c. xx. wii. — Tiidelioil.
p. 100, apud Bongars. — Guibei't. Novig. I. Il, p. 78/1.
1. III, c. XII. — Witielmus Tyr. 1. III, c. xix, '" lialdric. I. II, p. i 00. - Allicrt. Aqueii-
XX. — Fulchor. Garnot. 1. I, c. vi. — Belli sis, I. III, c. xv. — Willplmus Tyr. 1. III.
sacri histor. c. xxxi, apud Matjillon, Muséum c. xxi. — Guibert. .\ovig. I. lit, c. xii.
Italiciim, t. i, p. 107, 108. ^ Atbertus Aquensis, t. III, c. xvi.
' Alb. Aqueiis, 1. III. c. ix, x, xi, xiv. — ' Willetmus Tyr. I. III. cap. utt.
37
300 LES FAMILLES D^OUTRE-MER.
BoÉiVKiND, qui lui depuis prince d'Anlioclie, prit sou temps pour
reprendre les vilhîs de ia (lilicie, lesquelles il enleva à Baudouin et à
ceux ([ui les lenoicnt', el se l'endiL niaislre de celles de Tarse, d Adane.
de Maniistre, d'Anavarze, de Longinias et autres, où il estahlil des
gouverneurs. [*our s'en assurer davantage la possession^, il en obtint
l(! (Ion de Talie, gV'néral de l'empereur Alexis. Cet empereur, piqin'
de ce (pie Bo(''moii(l ne luy avoit pas remis la ville d'Antioche entre
les mains, comme il avoit esté convenu, envoya Monastras avec une
armi'e de terre, et Cantaeuzène avec une arnn^e navale, pour enlever
aux François les places (|ui luy dévoient demeurer suivant les traitez
(]u"il avoit faits avec eux loisqu'ils passèrent par Conslantinople^. (lan-
tacuz(''ne prit Laodicée, et Monastras se i-endit maistre des villes de
Longinias, de Tarse. d'Adane, de Mamistre et de toutes les places de
la (^jilicie. Mais les Grecs ne les possédèrent pas longtemps; car durant
(|ue Boénioiid. piqué contre I empereur de celte invasion, passa dans
la Dalmatie pour lui faire la guerre, Tancrède, à qui il avoit laissé le
gouvernement d'Antioche, ])r(^nant l'occasion du rappel de Monastras
et de ses troupes poui" les ojiposer à Boémond, en sortit avec dix mille
hommes, prit Mamistre et tout le reste de la Cilicie, sans que Aspiétès.
qui en avoit esté laissé gouverneur a])i'ès le départ de Monastras, eusl
apporté beaucoup de résistance*. Gecy ari'iva vers l'an iio4. Il est
probable que
Bebinard^, surnommé Leslrange ou Extmneus, de la famille duquel
jay parlé ailleurs, qui est qualifié gouverneur de Longinias en Cilicie.
par Albert d'Aix '^, et
Guy, surnommé Capreolus ]n\v le mesme auteur', ([ue je crois avoir
esté de la maison de Chevreuse, qualilié prince des villes de Tai'se el
' Willdraus Tyr. 1. Vil, c. il. * Anna Comm. i. XII, p. oig.
' Raiiiioncl. de Agiliis, p. i4(3. ' M oW Les Seigneurs de Banith.
' Anna Comm. 1, II, p. 389. .Sin. — " Albertus Aquensis, I. VIII, c. xl, \lii.
Gesin Frnncor. p.rpiigiianl . HieriisnI. c. i,m. ' Albertus Aquensis, I. XI. c. xi,.
LES SEIGNEURS DE LA CILIGIE. 291
de Mamistre, qui vivoit ou Tau i i lo et i i i5 \ eurent ces places en
CTOuvernemeut ou en fief, sous llionmiage des princes d'Anlioche. Du
moins il est constant que Tenipereur Jean Gomuène, fils d'Alexis, les prit
toutes sur Raymond de Poitiers, prince d'Antioche, lorsque ulcéré du
refus qu'on luy fit de donner en mariage l'héritière de cette piinci-
pauté à son fils Manuel, et de ce que Raymond luy avoit esté préféré,
il vint, l'an i lia, avec une puissante armée pour l'obliger à luy res-
tituer, suivant les anciennes conventions, cette place et let, autres de
l'empire grec qu'il tenoit -. D'abord l'empereur se rendit maistre des
villes de Tarse, d'Anavarze, d'Adane, de Mamistre et du reste de la
Cilicie, après cpi'elles eurent demeuré en la puissance des princes
d'Antioche l'espace de tfuarante ans, ainsy qu'escrit Guillaume, arche-
vesque de Tyr; puis il vint mettre le siège devant la ville d'Antioche,
et ayant obligé le prince à luy faire hommage, il luy restitua, par le
traité qui se fit entre eux, toutes les places qu'il luy avoit enlevées, et
luy en accorda l'investiture, à condition de les relever de l'empire^.
L'année suivante, le prince s'estant repenti de ces traitez, obligea
l'empereur, qui avoit hyverné à Tarse, de retourner vers Antioclie:
mais d décéda en chemin, dans la Gilicie, l'an ii/iS*. Manuel, son
successeur, continua cette gueri'e, et envoya deux généraux avec une
armée dans la Gilicie, où ils prirent les places et les chasteaux que
le prince y tenoit, qui demeurèrent depuis ce temps-là aux Grecs,
quovi[ue Raymond eust fait sa paix avec Manuel^. Mais
ToRos'', prince d'Arménie, voyant (jue l'empereur estoit occupé en
d'autres guerres, et se fiant d'ailleurs sur ce (pi'il estoit éloigné de luy.
entreprit la conqueste de la Gilicie, de laquelle il se rendit maistre.
Vlannel, ([ui ne pouvoit venir en personne jiour réduire cet insolent.
' Gauler. De Bello Anlioclieno , \-). Il hj. ' S mv Les Princes d'Anlioche.
- Wilielnms Tyr. 1. XIV, c. x.\i\. — Gin- ' Cinnamus, I. It , c. m . p. 19. 3/!. —
naiiius, 1. I. c. VII, .\. p. 8. 9. 19. li). — Odo deDiogilo. I. IV. p. liu.
Nicet. in Joann. c. \i. " Voir Les Rois d'Arménie.
' Willelmus Tyr. 1. XIV, c. .vx.
292 LES FAMILLES D'OUTP.E-MER.
donna charge ;\ Renaud, prince d'Aiilioclie, de le chasser de cette
piovince; ce qu'il fit. Mais ce prince, offensé de- ce que l'empereur ne
luy avoit pas donné la rescompense qu'il luy avoit promise pour un ser-
vice si signalé, quitta son |tarty et se joignit à Toros, qui entra dere-
chef dans la Cilicie, où il juit les villes de Tarse, d'Anavarze, et les
autres de cette province. Cette seconde irruption de Toi'os ' attira Ma-
ruiel et son armée dans la Cilicie, où il reprit Longinias, Tarse et les
autres plac(>s qui lui avoient esté enlevées, et y établit pour gou-
verneur
Calaman -, auquel les Grecs donnèrent le nom de Constantin^, filz
de Borilz, bastai'd de Calaman, roy de Hongrie, et ainsy proche pa-
rent de renq)ereur'', (jui estoit filz de la sœur du roy Calaman, outre
<{ue Boritz avoit espousé une parente de l'empereur Jean Comnène, de
laquelle ce Calaman na(|uit^ Ce gouverneur est reconnu dans nos
histoires sous le titre de duc de Mamistre". Elles racontent comme il
tut l'ait prisonnier en une bataille que les nostres perdirent au mois
d'aoust, l'an j i(U. Durant la prison de Calaman, Manuel envoya
Andromque Euphorbène, son cousin, pour gouverner la Cilicie, sur
le(|uel Toios prit plusieurs places de la Cilicie, piqué de ce que ce
gouvei'iieui' avoit fait mourir son iVère Estienue''.
ANDRONiyLË CoiiisÈNE y fut euvoyé ensuite avec la mesme qualité et
fut défait plusieurs fois par Toros**.
MiLos ou MILAS^ qui succéda à Toros, fit la guerre à Calaman, (|ui
' Ginnamus, I. IV, p. 195. ' Epist. pnnci[).iii Ge.s(. De/,e/f.[j. 1 1 79,
^ Ciiinaïuus, p. 3i2. 1182.
' Thwiocz, part. 2, c. lxi. ' Cinnamus, p. aiy.
' Willelinus Tyr. I. XIX, c. ix. " Cinnamus, p. 27 1 . — Nicet. in Manuel.
' Cinnamus, 1. III, p. 126.— Ollio Fri- \. IV, c. iv.
sing. Annal. I. Vit, c. xxi. ' Cinn.p. ?, 1-2. —Voir Les Rois d'Arménie.
LES SEIGNEURS DE LA CILIGIE. 293
estoit sorty de prison, le défit et luy enleva plusieurs places, il vain-
quit encore Michel Brauas et Andronique Eupliorbène, qui furent en-
voyez contre iuy. Il est probable ((ue ce fut en ce temps-là cpie I l'in-
pereur (juitta la ville de Tarse (laquelle il pouvoit malaisément garder
à cause des Arméniens qui s'estoient joints aux Sarrazins) k Boé-
mond III, prince d'Antioche; lequel voyant qu'elle estoit trop esloignée
de ses Estats pour la conserver, la vendit à Rupin, prince d'Arménie,
fds et successeur de Milon, l'an i 182 '. Depuis ce temps-là les princes
et les roys d'Ai-ménie furent possesseurs de la Cilicie, et y firent leur
principal séjour; à cause de quoy cette province fut reconnue depuis
sous le nom d'Arménie , comme nous apprenons des auteurs de ce
temps-là ^.
' Willeimus Tyr. 1. XXll . c. \xi\. tara. c. ixiv, p. 2/11. — Mann. Sanut. I. I .
' Tageno Palav. p. i3. — Geog. grœc. part. 5, f. i.
apud Allatiiim. notée in Georg. Acropoli-
^>!)'i LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
LES COMTES D'EDESSE
ou DE ROHAS.
Ëdesse, ville très-célèbre des peuples nommez Osroènes et de la
Vlésojjotamie, fut appelée JuslinopoUs, du nom de lempereur Justin
le Tliiacien, ipi la fil rebastir après qu'un tremblement de terre leul
ruinée'. Ensuite elle prit le nom de Roclias ou de Rohas'^, qui luy fut
donné par les Arabes. [On a cru aussi ^ que c'était l'ancienne Rages
on Ragnu des Mèdes.] Elle est assise sur le fleuve de Scyrte *, et lut
autrefois la capitale du royaume d'Abgare ^. Elle vint au pouvoir des
Perses sous le fds et le successeur de ce roy, qui se rendit volontaire-
ment à eux. Les habitans se soulevèrent' ensuite contre les Perses et
se donnèrent aux Romains, qui la conservèrent jusques en lainiée
iju'Héraclius, après avoir fait mourir le tyran Phocas, fut fait empe-
reur, Cosroès l'ayant inutdement assiégée auparavant, sous 1 empire
de .lustinian''. Héraclius la reprit incontinent après sur eux, lan 19''
de sou empire; mais il ne la garda pas longtemps, cai' dix ans après.
Jad ayant esté envoyé en Mésopotamie par Umar, roy des Arabes, ré-
duisit Edesse et toute cette province en sa puissance*. Ensuite l'empe-
reur Romain Lécapène, y ayant mis le siège, le leva à la prière des
' Evagrius, \. IV c. viii. — Procojj. 1. 1. ' Cedrenus. p. 365.
!)f Bello Persico , edit. Paris, c.xvii, p. 27. ' Procop. De jEdif.jmtA.U, c.\u,]). -n.
'19. — Anastas. Hisl. eccl. p. yS, 86.
" Constant. Porphjrog. De Imag. Edess. " Cedrenus, p. 607. — Anastas. p. 88.
|). g/i. ' Piocop. De Bello Persico, 1. II.
' Ecchard. De Sncra cxpeit. lerosoli/m. — ' Thooplian. — (Jir. Ak\va7id. p. 8'jli. —
.Mai'tène, Ampliss. coUect. t. V. coi. Saô h. Anastas. p. loC). — Paul. Diiic. Hist. miscell.
— Cod. diphm. (. I . p. 493 . I>i'i. \. XVIIL
LKS COMTES D EDESSE. 295
liabitans. qui pour reconiioissaiice de ce bienfait luy firent piésent de
l'image de Nostre-Seigneur, imprimée dans un mouchoir, qu(> nous
appelons vulgairement veVonùyMe, quasi vera icon Christi d'où quelques-
uns ont Formé le nom d'une sainte'.
Enfin, sous l'empire de Romain Argyre, Georges Maniacès, prolo-
spatliaire ou grand escuier, l'ayant reprise, elle demeura en l'obéis-
sance des empereurs de Constantinojile -, qui y envoièrent des gou-
verneurs de temps en temps, dont le premier fut Maniacès \ auquel
succéda Léon Lependrène, qui défendit généreusement la ])lace contre
les attaques des Arabes; puis Parasuatzas *, Ibérien de nation, (jui
défit ces mesmes peuples qui avoient tasclié de s en emparer par eiii-
Ijusches et par fraudes. Après luy l'histoire fait mention de Paul,
proèdre-' (c'est une dignité), gouverneur et capitaine d'Édesse, sous
Diogènes, sous l'empire duquel la Palestine et les provinces voisines
ayant esté envahies et occupées par les Turcs ^ la seule ville d'Edesse
demeura exempte de leurs attaipies; et, quoyque environnée de toutes
parts de peuples infidèles, elle ne reconnut pas tant les empereurs de
Constantinople (ju'elle se vit assujettie à ses gouverneurs, qui se trou-
vèrent presque indépendans d'eux, à cause qu'ils n'en recevoient au-
cun secours. Car il semble qu'Orderic Vital '' s'est mépris (piand il ;:
escrit (jue la ville d'Edesse estoit en la puissance des Turcs lors([ue
Baudouin, frère de Godefroy de Bouillon, y fut appelé par le gouver-
neur, quoyque Aithon^dise de mesme, et qu'elle fut assiégée et prise
par Artot, général de Dogrissa ou Tegralbe, second sultan des Turcs,
avec toute la Mésopotamie ; ce qui semble se rapportera c(; que Geoiges
Elmacin a écrit, que les villes d'Antioche et de Rohas vinrent en la
puissance des Turcs au mesme temps, sous le caliphat d'Abulcasem.
Mais Foucher de Chartres ^ qui accompagna Baudouin en cette expé-
' Cedrenus. ]>. 63 1. — Léo (irammat " Wiilelmus Tyr. 1. 1\ . c. ii.
p. 5o8. ' Ortleric. Vital. 1. !X. p. 7/1/1; édil. Lt-
' Gedi-eniis. p. y-Si. prevost, c. u.
' Cedrenus, p. 787, 709. * Aitlion. c. .\\. p. l'i.
Cedrenus, p. 787. ' Kuicher. Carnol. 1. 1 ,1;. \i. - Willeltiiiis
' Cedrenus. p. 843. Tyr. I. IV, c.
11.
±H-> LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
(litioii et estoit son cliappellaiii, nous apprend formellement que celuy
(jui commandoit alors en la ville dEdesse estoit Grec de nation. Con-
rad, aljl)é d'L'sperge', le qualifie très-chrestien ; lequel y ayant esté en-
voyé, par l'empereur de Constantinople,pour la gouverner en son nom,
et se voiant environné de toutes parts des Turcs, (jui avoient occupé
les provinces voisines, en sorte qu'il ne pouvoit avoir aucun commerce
avec les Grecs d'Orient, ny tirer aucun secours d'eux, commandoit à
la place et aux pays voisins avec indépendance, et en quelque manière
.'Il souveraineté. Mais, comme il n'estoit pas assez puissant pour re-
pousser les continuelles courses et les attaques des Turcs, il manda,
du consentement des liabitans, Baudouin, dont la réputation en t'ait
de guerre avoit remply de terreur toutes les provinces occupées pai-
les nifidèles, pour le sccouiir contre eux, et l'adopter et le faire son
successeur au duché et au gouvernement d'Edesse, ce duc grec n'ayant
aucuns enfans '. Cai- Orderic^ s'est encore mépris en cecy, quand il a
esci'il que le duc donna sa fille en mariage à Baudouin.
Baudouin donc, attiré par ces belles promesses, [)rit quelques troupes
avec lesquelles ayant passé, non sans beaucoup de péril, jusques dans
Edesse, il v fut receu par le duc. qui non-seulement le fit gouverneui
de la place conjointement avec luy, mais encore l'adopta en fils \ sui-
vant la coutume du pays.
J'av remarqué ailleurs les cérémonies qui s'observèrent en cette
adoption. Le duc ayant esté tué par les habitans quinze jours après",
-;ur l'avis qu'ils eurent qu'd machinoit la mort de Baudouin; ce prince
fut reconnu et estably par eux duc d'Edesse, vers l'an 1097. Depuis,
ayant esté esleu roy de Hiérusalem, après le décez de Godetroy sou
frère, en Fan i 100. il céda le comté d'Edesse à
' Gonrnd. Usperg. ann. 1 100. berl. I. III. c. xiii. — -i-i' Dissert. siir.loiri-
' Fulrliei". Cnniotens. — Willplimis Ty- ville, p. 270.
i-eiibis. * Fulcher. Cariiot. 1. 1, c. vi. — AUjertus
• Ofderic. Vilul. t. III. \. IX. 0.11. p. 508. Aquensis, 1. HI. c. xxii. wiii. xxiv. — \\\\-
-jhïi. lelnnis Tyr. I. IV. c. iv. v. — Ecchard. apiid
' \ll)Prliis Aquensis. I. IH. c.x\i. — Gui- Martèiie. Ampliss. collect. t. V. col. oao b.c.
LES COMTES D'EDESSE. 297
Baudouin, seigneur de Bourg en Retlielois, son cousin, fils puisiK' de
Hugues, comte de Retliel en Champagne '. Ce comte ayant esté tail
prisonnier en une course contre les Turcs,
Tainciiède fut choisy par ceux d'Edesse pour gouverner la |)lace d
l'Estat d'Édesse^; ce ([u'il fil jusques à ce que Baudouin, estant de
retour après cinq ans de captivité, rentra en sa principauté. Enlin
Baudouin de Bourg avant succédé au royaume de Hiérusalem à Bau-
douin 1'% il donna le comté dEdesse à
.loscKLl^ DE CoLRTENAï, SOU cousiii, auquel, n'estant encore (pu-
comte d'Edesse, il avoit l'ait don à son arrivée en la terie sainte, vers
1 an 1101, de la partie de son comté qui est vers le fleuve d'Euplirate '.
en laquelle estoient les villes archiépiscopales de Coritium et de Tn-
lupe, et les villes et les chasteaux de Turbessel, de Haitab, de Ra-
vendel et quelques autres, pour tenir le tout en fief de luy ; d oii il
est souvent surnommé de Turbessel dans les auteurs \ Joscelin estoit
issu diuii' très-illustre famille, ainsy qu'écrit Albert d'Aix ^ et estoit
fils de .foscelin, seigneur de Gourtenay, et petit-fils d'Athon. fils d'un
chastellain de Ghasteau-Renard, qui le premier l'oitilia le chasteau
de Courleuay ^ Ce Joscelin n'eut de son |)]'eniier mariage avec
Férole, lille de Geofroy, comte de Joigny, qu'une fille, qui fut mère
de Guy et de Renaud, comtes de Joigny. De sa seconde femme, Eli-
zabeth, fille de Miles de Montlhéry, il laissa Miles, seigneui' de Gour-
' AllieitiisAqiiensis. I.Vll.c. \\xi;l. tX. Ordeiic. Vil.il. I X, p. yMç); I. \l. |i. 8a5.
c. xxxix, XI,; I. XI. c. vu; 1. XII. c. xi\. — S26.
Fuleher. I. II. c. xx\i. — W ilielnuis T\ r — ' Albeilus Aquensis. 1. VII . c. xwvi ; 1. 1\.
Math. Paris. c. xxxix; I. X. c. xxxvi: I. XI. c. x. xii,
- Aibertus Aquensis. I. IX, c. xli; I. X, xxxviii.xl.
e. xxxvi. — Marin. Sanut. 1. III. p. l^.'k — ^ Alberlus Aquensis. I. XII. c. xxxi.
WillelmusTyr. 1. X.c. xxx; I. XI.c. vmi. " Gnniinuat. Aimonii. I. \. c. xlvi. —
' AlbcrUis Aquensis. I. IX. c. xxxix;I.X. Ilist. de CliaslUlon . I. II. c.
\i .
c. xxxvi; 1. XI. c. xxxviii; 1. XII, c. xxxi. — Labbe. Lignages d'otilre-mer, 1:. \\\ . \i. 090.
Willelmus Tvr. 1. X. c. xxiv. xxix. xxx. — — Cad. dqdoimt. t. 1. p. '110.
38
298 LES FAMILLES DOUTRE-MER.
lenay; Joscelin II [coinriK! ineinbre de la famille de Courtenai, el 1"',
coinnie] conite d'Édesse, (;l GeollVoy de Courtenay, surnoiniué Char-
palii par Giullaunie de Tyr \ qui mourut aux guerres saintes. Cette
Élizahetli estoil sœur de Mélissende, mère de Baudouin [de Bourg],
ce (jui a l'ait dire au mesiiie auteur [Albert d'Aix-] (jue Joscelin II [1]
estoit Iils de la tante de ce roy. Miles, seigneur de Courtenay, espousa
Agnès, sœur de Guillaume, comte de Nevers, et eut d'elle Benaud ou
Renard, seigneur de Courtenay ^ qui, de la sœur de Guy du Donjon,
eut Élizahetli, dame de Courtenay, mariée à Pierre de France, lils
puisné de Louys le Gros, roy de France, dont la postérité prit le sur-
nom de Ç.ourlenajj.
[On voil lin Joscelin de Courtenai souscrire, comme baron du royaume,
un acte du roi Baudouin III*, en i i/iA. Nous ne pensons pas que ce soit Jos-
celin II, comte d'Kdcsse, qui alors n'avait pas encore [)erdu sa principauté.
Rtail-ce un frère ou un fils de Renaud, seigneur de Courtenai?]
Joscelin, comte d'Édesse, se fit tellement signalei- dans les guerres
saintes (pi'il en acquit \o surnom de Grande qui luy est donné ])ar les
auteurs et par son fils mesme, (pii, dans des lettres de [mai] ii3i,
où souscrit Tramon [Francon], arclievesque de Tulu[)e, j»rend ce
litre: Goscelimis, magni Goscelini flim, cornes Edessanus. Guillaume
de Tyr'' parle avantageusement de ses rares qualitez, aussy bien que
les autres escrivains des gueri'es d'outre-mei' \ (pii racontent au long
toutes ses belles actions. II mourut l'an i i3i ^ laissant de sa femme,
qui estoit sœui' de Levon ou Léon, princ<> d'\rm(''m'(> ou dans 1 \r-
nnînie, Joscidin, qui luy succéda.
' VVilielrmi.s Tyr. I. \[V. c. vw. — f)u " Willelimis Tyr. I. \. r. \xiv.
Tillet, [). 8(i. ' I*'iilctier. 1. 111, c. \ii. \\\u . \\\\ . \i.ii.
- Albeiliis Aquensis. I. Xll, c. \xm. — — (ieiiiler. De hello Aiiliochem , p. 'i(i(). —
Ciid. diploiiiiil. t. 1, p. /iio, 'ii->. Hist. Hierosol. ann. iifla; apud Bongars,
Uist. de Courtenay, p. ii. -18. ]). (Ji<). — Willelimis Tyr. 1. X. c. .wiv.
' (lartul. S. Sepiik. n" S'i , |). OS. \xix, \\x; 1. \11, c. iv, xvn et seq. 1. XIII,
' jEgidiiis (le Itoyn , ann. iiOT). — dar- c. xi, \vi, xxii.
lui. de Manosfjue. — Cod. diphmal. 1 . 1 , n° 1 .^, ' Wiilelmus Tyr. 1. XIV. c. m. — f'yid.
p. 1 6 . 4 I ] . lie Roya , ann. 1 1 ."i 1 .
LES COMTES DÉDESSE. 299
JoscELiN, II' du nom, comte d'Édesse, suriioiiiiiR' le Jeuiic\ lut tiiV-
iibéral et vaillant de sa personne, mais adonné extraordinairemenl
aux femmes, à l'ivrognerie et autres vices, ((ui le plongèrent avec le
temps dans le mallieui-, et luy firent perdre en un nu)ment ce que
son |)èie avoit acquis avec beaucoup de gloire et de réputation, et
conservé avec beaucoup de jieine. Car Sanguin % sultan de Musule
[c'est Emad Eddin Zenglii 1"', sultan de Mossoul et d'Ale|)], ayant mis
le siège devant Édesse, la prit en l'an 11^2, ou selon d'autres^ en
l'an 11 45 \i\hh, selon L'Art de vérifier les dates]. Guillaume de
Neuboiii'g" dit qu'un habitant de la ville. Arménien de nation, piqué
sensil)lement de ce que le comte avoit abusé de sa t'einine. iniroduisil
les ennemis dans la place, le propre jour de Noël, durani les matines.
Mais le comte, fayaiil recouvrée et reprise^ incontineni après, par
l'intelligence des liabitans, Noradin, fils de Sanguin, la leprit encore
une lois sur lui.
La nouvelle de celte disgrâce, arrivée ù la terre sainle", excita les
princes chrestiens, particulièrement l'empereur Conrad et Louys le
Jeune, roy de France, à prendre la croix pour arrester les progrez
des infidèles. Enfin le comte lut tait prisonnier par eux dans des em-
buscades ((u'ils lui di-essèrent comme il alloit à Antioclie, vers 1 an
1168, et l'ut conduit à llalape [Alep], où il mourut misérablemenl '.
Sa femme, voyant que son mary avoit esté pris, transporta et céda.
' Willelmus Tyi-. 1. XIV, c. m. xxvi ;
i. XV, Cl. Il, III, IV, \iv. wiii; I. XVII.
c. XI.
- L'Art (le ocrificr les dates: Si(ltiiiis (F Alep
et de Damas. — Nicet. in/onnn. c. mi,\iii. —
Willcliniis Tyr. 1. XVI. c. iv. v. — .lacob.
de Vilr. I. I , c. xcii. — Chr. Usperg. — CItr.
Mnuriii. [Histor. de France, t. IV, p. 388 ).
■ — Gcsla Lnd. Vil, c. m. — Chr. Novmnnn.
anii. 1 i()A. — Otho Frisiiig. De Gest. Frider.
I. I. c. xxw. — /Egid. de Roya, ann. 1 i3i.
' Malh. Paris, ann. ii4-j. — Robert,
de Monte, ann. iiiS. — Cliron. lîeiclicr-
sperg. aijii. 1 ikb. — Nic.Trivet. ann. 1 lATi.
" VVill. Neubr. I. I , c. xviii. — CItr. Vo-
sieme , c. \\x. — Reinaud, Extraits des Ht.':-
toriois avales, etc. p. 71-78, 9(1-9.3.
' Willelnuis Tyr. I. XVI. e. xiv, xv, xvi.
— Saniit. I. III, part. y. c. n. — Alberir.
Aquensis. — Magn. chr. Bcigk.
° Willeinuis Neubrig. loc. cil. — Willel-
mus Tyr. I. XVI, e. xviii. — Otbo Frising.
De Gest. Frid. i. I, c. xwv, x\x\i. — Rn-
bert. de Monte, ann. 1 i/i5.
' W ilieimus Tyr. I. XVII. <•. xi— Jacob,
de Vitriaco, I. I, c. xcii.
.38.
.■iOn LES FAMILLES IVOUTRE-MEP,.
(In (-(1118611161116111 de Baiidoiiiii 111, roy de llii'riiyalcin, à reniperoiir
(le (loiisliiiiliiioplc, l(^s villes de Tiubasscl, de Saiiiosale, de Ravendel.
et les autres places cjuelle possedoit encore au comté d'Edesse, à la
cliai'fje de cpielque pension annuelle; mais Noradin les prit toutes en
l'espace d'un an'. Cette dame se nommoit Béatrix, et estoit, au rap-
piiil (le (iuillaume de Tyr-, autant recoinmandable pour ses belles
(Mialilez (pie pour la noblesse de son extraction. Elle avoit espousé en
pi('un(''res noces Guillaume, seigneur de Sehuna, ou, comme porte le
[.ij;na<;e doutni-iner, de Saône; d'où (piel(]ues-uns ont estinn^ , contre
la vi'rilé, (pi'il estoit comte d'Outre-Saone en France; car il estoit
de la mesme l'amille (pi'un autre Guillaume de Sehuna, si ce nest le
mesme dont parle encore cet auteur '\ H esl parlé, en un registre des
comtes de Tolose*. de Sicai'd de Saomi, (pii souscrit un titre du comte
i'ijnmond, de Fan ni/id. Mais le Lignage d'outre-mer'' l'ail de ce nom
une seigneui'ie en hi teiic sainte ".
.loscelin eul de ce maiiage Josceiin III et deux tilles". La [uemière.
nommée A<>iirs, espoiisa prenn(''rement Uenaud de \lar(''s, ipn lut tué
en la bataille où Haymond, prince d'Antioclie, |)erdil aussi la vie.
l'an 1 1/18: ])r()bablenieiit fils de Baudouin, seigneur de Marès\ que
Guillaume de Tvr" (pialilie noble et pnisHunt; puis, en secondes noces,
elle fut conidinle avec Abnaiic, comte de Japbe '^ (pii lui depuis roy
iéiiisalem. Ge uianage ayant esté dissous à cause de la parenté
[ui estiiit entre eux. elle prit pour lioisiènie mary Hugues, seigneur
l'ibelin el de liâmes. L'autre fille de Josceiin " l'ut Isabelle | (pi'il donna
en otage, en j i'i->, à l'empei'eur Jean G(unn(''ue].
' ,lac(il)Ms lie Vili'iaoo, I. I, c. xc.ii. — ' \inv \)\u^hM Les Seigncuis de Suuiied.
Willeliiius Tvr. I. Wll, c. \\i. WilIflniLis Tvr. I. XIV. c. m; I. XVII ,
' Willoiiiius Tyr. 1 XIV. c. m; I. Wll. r. i\, \i.
c. \i. — Lignages d'oiili-e-iiier. c \vi . xwiii. " \ dir Les Seigneurs de Mares.
\\ illelmiis Tyr. 1. XIV, r. iv. \Viiit?lmiis Tyr. !. X\l. c. \iv. \\i. —
' lleg. lie Tolosc , (le la chaïKlMv des (iiunaiiius, 1. I, p. lO.
i'iiiii|iU's (If Paris. '' Lignages d'outre-mer, c. 1.
Lignages d'anlre-mor, c. \\\\ . |i. 'iio. " W'iliel. Tyr, I. XV, c. xix. — Lebeau .
<:,|il. l,nl(hc. Ilisl.da Bas-Empire,] lAXXVI, I.XIX. p. S
I,KS COMTES DÉDKSSE. 301
JosoELiN, 11b' du nom, qualifié comte par Guillauiiic de Tyr', voyant
qu'il ne lui restoit plus rien au comté d'Edesse, se retira au royaume
de Hiérusalem, où la charjJie de séneschal du royaume luy lui
donnée.
III siiiiscril l'ii celte (|ii;iiit<'' jiliisiour.s acti's, de i i 77 à i iS-','-; en 1 17(1.
il signe un acte aver la seule qualification de inmte Joscelin ^. et nu antir
comme sén(''clial '.|
11 l'ut lail [irisfunucr eu une rencontre par les Tuics ', a\ec iiciiaiid
de Chastillon et autres, (;! de|niis l'ut uns en lilierté. lau 1 17(1.
[Joscelin prit une part active aux affaires du royaume. Oncle de Sil)\ile.
comtesse de Japlie, fille d'Agnès de Courtenai et du roi Amanri. il lut chargé
de la tutelle et de la garde du petit roi Baudouin V (i i8,5), et enuneiia l'en-
iant dans la ville d'Acre". A la mort de Baudouin V (1 18 G), il persuada à
Baimond, comte de Tripoli, de se rendre à Tabarie et de laisser aux Templiers
le soin de porter le corps du roi défunt à .lérusalem''. Le comte de Tripoli crut
son conseil, et Joscelin, prolilant de sou absence, fit proclamer reine à Jéru-
salem .sa nièce Sibyll''. l'ris l'anm-e suivante à Tibériade**, il lut relâché pro-
bablement en même temps ijue le roi (nii el les autres seigneurs hiits prison-
niers avec lui ( i 188)^.]
H vivoit encore Tan i ii)o"' [puisqu'il a souscrit un diplôme de Gui
en laveur de Marseille, daté du siège d'Acre, eu celte même année).
11 espousa Agnès", fille de Henry de Milly, surnomini' le HiiJJIe, tVèie
de Pliilippes, prince de Naples, au droit de laijuelle il posséda le Ciias-
teau du Roy el Montfoi't. De ce maiiage vinrent deux lilles, Héatrix,
' WillelniusTyr. I.XIX.c. IV. i\;l. \\l. '' Cmilimuil. de Ciiill. il.- T\i'. I. Wll
c. wii; 1. XXII, c. i\, xxvii. r. V, XVII. p. -jo, -jç).
■ Corf. rfî)>/ow(rt(. 1. 1, n"' (53, tiô. liC». 71. ' (Continuât, (le Giiill. de Tyi'. I. Wtl
■H17. p. Go. ()<J, (>■]. 71, i'.'k). c. \liv. |). 0(3.
' Cod. diplomat. \\° (Ji,p. 61. " (lonliniial. de ("iiiill. de Tyr. I. XMV.
■' (lod. diiihmal. n" Go, p. (il. c. xn. p. i->, 1.
' E"i(liiis di' liov;i . iinii. 117G. '" (juesiiay. Proniic. ]l(i>.silinis. nniinl.
' (Jontiiiual. de (Jiiill. i\r Tvr. I. Will . n. 33G.
c. V. XVII , p. 10, o.r>.
f.ii'iiiiiiex d'oiilrc'iiwr, c. \\i.
.)():; I.KS FAMILi-ES D'OUTRE-MER.
iiiariôe à un conilo îilciuaii [ (''est-à-dire Allemand do nation, nommé
Ollon, comto de Ilinncbci';, comme on le voit j)ar nn acte de ce sei-
j'neur' (octobre 19,08), en raveiii" des Hospitaliers de Jérusalem], (jui
vendit ces deux places aux chevaliers Thciilons, n'ayant laissé aucuns
cnfans de lu y.
[Un acic (le janvier 1 -2 1 7 -, pa)' lequel Bi'.ilnv cède ù l'Hôpital de .léru-
salem ses droits sur un casai contesté, sendile nKli(|ner (pie le coinle son mari,
ipn lui avait remis l'administration de tous leurs biens communs. l'Iail mort à
cette é[)0fpie. ]
L'autre, nommée Agnès, .s'allia avec Guillaume de la Mandelée^
(pii en (Mil la postéi'ité (|ui suit :
TABLEAU GÉNÉALOGIQUE DES SEIGNEURS DE LA MANDELÉE.
(ililLLAHME PE LA MAINDELKK ■',
espousc Agnès ,
fille (le Joscclin 111.
Jacques dk i.\ Masdelkb,
espouse :
1" utin clame native de la PuuiMe;
•2" Alix , fille (le Gautici-,
prince de Césarée *.
liL] (ItlI.I.AL'ME DE LA MwDBLEE,
ps|)nuse Agnès .
lillo (le Pierre,
seigneur de Scniulelidn.
"1
[ù' Irl.J UABELLt t)t LA Ma%DELFE ,
fi'fnim- (le Tliibniil de Bossan ,
ijis puisnô lie Crémont II .
spijfneiir de Bessan.
.lOfiCELIN PB I.A MaNDBLKE
^e relira en la Pouille,
nii il s'habitua.
Cillï et PlEnRE DE LA MaNDBLRE
furent ohevaliers de Tordre Theutniiique.
Alix
espousa :
1" Guillaume Barlais;
n" Agne de Bessan ,
lils puisné de Gautier,
seijjneur di- Bessan.
' Cofl. lUpkimut. t. I , 11" 93 , p. 96 .
'113.
" Cod. (liptoiiiiit. l. 1, n" -1 1 a , p. a 53.
^ J^ignngcs d'oiilre-mer, c. \vi; I,abiie,
p. 391, /i/io; La Thauuiassière. p. a3o.
?,86; lîeugiiol, c. \ii , xwm. — Livre do
Pliiiippc de Navari'e, c. lxxii. — Asxises de
Jénisnl. l. 1. p. 5/1 3.
' tril est parle de eeUe seconde aliianoe
en une l'pisti'c de reni[)erenr Ffédt'i'ic II.
dans Malhieu l'at'is, en l'an 1 3,39 (p. oh 1).
où il est noniiiK' .laques de Amendnba, et où
il est remarque^ que re seigneur espousa eu
premières noces la sœur du papcGiégoite IX.
qui, en celle considération, donna des dis-
penses pour son second mariage avec Alix.
quoyque eslans parens au troisième degt é. -
[Nous avons montré comhien celle opinion
I,KS COMTES DÉDESSE. ' 303
I Ces seigneurs sont appelés indifféremment de La Mandei.ée, dk l^v Mamik-
LiÉ. de Amemhilia. de Amigdalen , de Amaiidoleto. Ils paraissent être orl;;inain's
tl'ltalie.
Le premier, Guillaume de la Mandelée, mari frA;;nès, fille de Joscelin, était
un chevalier natif de Calabre'. Il combattit dans l'armée du roi Aimeri, en
I ^o3 et 1 2o4, contre les Sarrasins, qui faisaient des courses jusqu'aux portes
d'Acre.
Son fils Jacques, témoin d'un acte en i aS i -, fut . en i 933 , l'un des signa-
taires d'un traité d'alliance avec les Génois^. En i 207, il approuva et scella,
avec d'autres hommes liges du royaume de Jérusalem, un acte de Jean d'ibe-
lin, seigneur d'Arsur ', baile du royaume, accordant des franchises et des
exemptions aux maicliands d Ancùni'.]
de Durante était peu \rais(niil)lal)le. l't reste la parenté entre les ileu.v époii.x était
comment il l'ullail interpréter la phrase à bien plus éloignée, à en juger par le tableau
laquelle il lait allusion. (Voir jjIiis haut Les généalogique suivant extrait des Lignages.
Seigneiiis ih fjsnri'p , ]). -'.Si, note 10.) \u c. \vi et xwui . édition lîengnot :
IClsTICIIE (llii.MEir. , riK CtSARKIi.
tiVlïiKil i^'. m: r.t,suiv:K. \g>ês.
I «pousi: H'-nri le llulllf
tluCLBS.
I
Jl'LIENMir.
ê|j0.t^c Jns-.lui m. d.- Holu
(itLTiGn 11. é[ioiisc (.luillaumc de ia Mariiicifi
Alix. Jacjik'; de m M(\Dti.KE.J
' Contuiiuil. de Guill. de Tyr. I. WVIU, De Mas-Latne, Him. <lf Clii/jnf, I.
\i , p. •?(>•.'. p. 58, note 1.
' CoJ. diploma!. n° -M '1 . p. ^55. ' ('ixl. (liptoiiint. n° i3o.p. 1.17. 1 () 1 .
;50/i LES FAMIU.KS D OLTIiC-MEH.
DE LA iMAISOrS UE GOllUTENAY
i;.\ A.\(;LETEiiP,i;.
ISSLE, SELUA (HELQLKS AITEIUS, DES COMTES D'ÉDESSE.
<iiit'l(|iies iiK'iuoiix's iiuimiscrils dAiigleterie, (|ia' j ai \('uy, et qui
m ont esté coiiiiiiiiiiiijiiez |)ai' M. dHérouval, Idiil desociidre la mai-
son de Coiu'teiiav, (|iii v sidjsisle encore à préseiil, d nu lils ])Misné de
.losceiiii I'^^', comte d'Edesse, sans donner la pi'oiive de cette descente,
(|iii est incei'taine. (Hioy(|irii soit probable que les sei}jneurs de cette
iamille, en Angleterre, sont sortis de la niesme ti'je, c'est-à-dire de
la maison ancienne de Gourtenay, dont ils ont porté les armes avec le
lambel pour brisure.
Le jircmici' cpii a [lassé en Anf'leterre a esté Renaud de (jOtrtenw',
chevalier, (pu l'ut ('uq)lové en 1 an i lo-i pour la conclusion du mariage
d'Aliénor d'A(piitaiiie, <|ni avoit esté répudiée par le roy Louys \ll.
avec Henry, comte d'Anjou et depuis roy d"An(;leterre, et vint a\ec
elle en ce royaume, estant jjour lors âgé de cpiarante ans, avec (uiil-
laume, son fils du premier lit, où il obtint divers biens, et \ prit une
seconde i'enune. Roger de Hoveden ^ escrit qu'il fnt présent au traité
ipii se lit entre le roy Henry et Roderic, roy de (lonact en li'lande,
l'an 1 176. D'autres ont estimé avec peu de l'ondemenl (pie ce seigneur
estoit fils de Pierre, fils de Louys le Gros, ro\ de France, qui espousa
l'héritière de Courtenav. Car, posé (pie Renaud ait eu ([uarante ans
en l'an 1 iBa, il ne peut pas estre issu de ce prince. L'histoire de la
rondation de l'abbave de Forde, en Angleterre^, a avancé cette opi-
' Mém. de Camden. '' Monust. niigl. I. 1. |>. ySG.
" Hoveden, p. bl>-j.
MAISON DK COUMTENAY KiN ANGLETEHUK. ' 305
iiioii, t'I iiéanlinoiiis elle se truiiipi' an iium de Picnr. s('i;;iifMi «k-
Courteiiay, luy doniianl le nom de FIciiin, ([ui fui cidin d'un des en-
faiis du roy Pliili])|)es l'"' ft de Berti'ade de Montlort. (Idininc doiir il
est plus probable (|uc la uiaisoii de (louileuay eu Antjleli'iie esl
descendue de l'aneienne maison de (loiirleiiay en Franc.', en ayani
déjà tracé les commencemens et l'origine, j'ay jugé à j)ro|jos de douriei
la table généalogi([ue de celle de ce nom (|ui subsiste encore en \n-
glelerre, estant d'ailleurs peu connue eu France.
39
306
LKS F\iVIIIJJ<;S IVOUTRE-MER.
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308
LES FAMILLES DOliTRE-MKR.
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310 LES FAMILLES D OUTRE-MER.
Li:S COMTES ÏITILAIUES D'EDESSE
01 DE ROHAS.
Les roys de ('ypi'f liront revivre clans leur coui' les (lijjiiitez (jiii
avoienl eslé les jtlus relevées dans le royaume de Hiérusalem, et cori-
servèreiit les titres de comtes et de princes qui y a\ oient eu cours,
comme si les places dont les noms y estoient annexez eussent encore
esté dans leni' [)uissance. Entre les titres imaginaires, alTectez néant-
moins à (pi('l([ues seigneui'ies du royaume de Cypre, fut celuy de
comtes de llolias ou de Ruchas. Le premier que je lis en avoir esté
revestu l'ut
JEA^ DE MoNTFORT, maresclial de Cy[)re, l'rère de Pliilippes de Mont-
tort, seigneur de Tyr ou de Sur, et fds de Pliilippes de Monlfori et
de sa première l'ennne. [Jean de Montl'ort était lils de la seconde femme
de Pliili[)pe d(^ Montl'ort '. Voir pour plus de détails Les Princes et sei-
gneurs (le Tijr.\ Il mourui sans postérité, avec grande opinion de sain-
teté, veis Fan i3oo'-, et fui inhumé eu l'église de Nostre-Dame-des-
Cliainps (le Nicossie, au lombeau du(iuel il s'est fait grand nombre
de miracles, (pii ont fait changer de nom à celte église, qui fut de-
puis appelée de Sainl-Jean de Montfort. Sa feste se solenmise au mois
de may.
Jean du Monr [[)eul-ètre le même (pii avait été témoin d'un acte de
Hugues IV, en i338j paroist ensuite avec cette qualité de comte de
' Lignages (Vontrc-mer, c.\\\. 89. — Gallnnil, Du Fraric-dllcu, j). ido.
' Et. deLusigmm, Ilist. de Chypre, \K6'i, t6i.
LES COMTHS TITULAIRES D'ÉDESSE. 311
Rolias', et de mareschal du royaume de <-^ypre [eu Taïuiée io6u'-.
comme tesmoiu d'une confirmation de privilèges en faveur des Véni-
tiens (16 août); eu i36i^, comme ambassadeur du roi l^ieri-e 1"
au])rès du doge de Venise; et] eu l'an 1303 [ou i3fi9]; eu laquelle
année ' il fut envoie par le roy Pierre eu qualité d'ambassadeur, avec
Thomas de Montolif, auditeur de Cypre, vers le pape Innocent VI.
au sujet du démeslé que ce roy eut avec Hugues, prince d'Autioche '.
son oncle, pour la succession du royaume. II l'establit encore gouver-
neur du royaume*^ dui'aut le voyage ([u'il fit en Italie et à Avignou.
[Pendant l'absence du roi, sa conduit; à l'égard de la iciiu^ Kb-onon- '
ne fut pas exempte de reproches.]
Après la mort du roy Pierre \ il fut un de cfu\ ([ui élurent .leaii
de Luzignau, ])riuce dAntioche, baile ou régent de (jyju'e, durant la
minorité du jeune roy Pierre II, l'an ]3G8. L'aimée suivante '^ il coui-
mauda six vaisseaux de guei-re contre les Turcs. [Lors du niassacie
des Génois dans Nicosie"^, à la suite du couronnement de Pierre H,
il contribua plus qu'aucun autre à arrètei- le désoidic.] Il uioiirut de
mort subite, non sans sou|)i;on d'avoir esté empoisonné", estant à la
table du roy, l'an 1379. Il eut entre autres enfans deux filles [ou
plutôt trois ], dont l'une es])ousa [Hugues d'Antioche'-, couq)étiteur de
Pierre 1" au trône de Ghypi'e; une seconde,] Jean de Luzignau , prince
d'Vntioche '^; l'autre fut donnée en mariage après la mort île son père
' De Mas-Latrie. Hist. do dli/uji-e. L It. ^ Assises de Jérus. édil. I>alj]je , |j. /i.^7.
p. 179. '((jo, 563; édit. Beugnot, I. I, ji. (J.
- De Mas-l^alrie. Hist. de Clwjpn' , t. II. ' Loredano, I. VtlI. p. h\<.h ; li-a(L tiaiiç.
p. 3.30. t. 11. J). ■>.
' De Mas-Lalrie, Hist. dr Chijirc , t. 11. '" Loredano, I. Vtll.i). 43i , 633; trad.
[I. 233. franc, t. II, p. 10. i3. — De Mas-Lalric
' hoïtàann. De reLmifrii. I. Vil , p. 3.5 1 ; t. II. p. 35(j.
Irad. franc, t. 1, p. 386. . " Loiedano, 1. Vill . p. 5oG; Irai!. tVani;.
■ Voir Les Princes d'Antiuche. I. Il . p. 99.
'' Etienne de Liisignan, Hist. de Chypre, '' Loredano, I. VII. p. 35i ; li'ad. Iiarn;.
p. i'i5, i46. I. I. p. 386.
' Loredano. I. Vil. p. 391 ; Irad. franc. ' Loredano. I.VIll. p. /i55. '461 ; liad.
[. l,p. 428. l'ranç. t. Il, p. '41 . iy
;512 LES FAMILLES DOliTHE-MEK.
j en i385j, par If roy Ja(|iit's', à .(eau de l.iizij;iiaii. lils [aalurelj
(le son frère, pour lors a};é de i|uai()i'ze ans. | I.e(|uel épousa ainsi la
sœnr de sa lielle-nièie, si lonlefois il laiil s'en tenii' an l'éril de Lo-
ii'dan. I
MoKK i)i: (iiiiMKii un iiK (]i!ENn;ii [on Gin\n:K de Morpho ] fnl fait
comte de lîdlias -. par le roy .Ia(pn\s leHaslard, I an 1/170.
111 l'i'hul déjà depuis |iliisieurs iinnées. puis(prii est iioihuk' avec ce titre
jijinni les témoins de l'acte du G janvier i/ifi/i ^, pnr le(|uel Jacques II coiilir-
mait dans le sein de la haute cour, à Nicosie, les conditions proposées par
les Génois pour la reddition de Famagouste.
Il fut toujours un des seigneurs les plus dévoués au parti et à la personne
de Jaccines 11, et un de ceux auxquels ce ])rince témoigna le plus d'attache-
ment et (le conliance. Il en recul à différentes reprises, surtout en 1 A68'', des
casaiix, des sommes d'argent, des produits en nature, elc. |
(le fut nu des seigneurs (|ui furent eslablis [par le testament de
.lac(|nes II ] gonvei-neuis du jeune roy .laf[ues, son fils, fan 1 A73.
[Ap|)elé à Venise, en 1A7/1, par ordre du conseil des Dix'', connue sn>-
pect de trop de dévouement à la reine Catherine, ou à la cause de la natm-
nalité cypriote, (Irinier de Morpho ne put rentrer en (ihypre ipi'en i/uSb.]
Il mourut [à Nicosie, le 26 juin i5oi ', âgé de soixaule-cjualre
ans,] sans postérité. Je crois que ce comte estoit issu de la mesme
famille ([ue les seigneurs de Césarée et de Sagetle.
' EomlaïKi. I. I\. [). 5i0: trad. fianç. ' ÉudcLmigiian. Hisl.(leCtjjirc,\^. 18,-2.
!. 11. p. 110. — De Mas-Lalrie. ///W. tic — Lomlaiio . 1. XI, [>. 707; trad. franc.
Clifipi-e. 1. 11,11. 3f)G. ^- ''' I^' '^*'^'' ~ ^'^ Mas-Latrie, Hi.1l. de
' Et. de Lusijrnan. Géiicaloijic des comU\i Chiprc , t. lil. [1. 366.
il'Édesse, fol. '11 Ij. ' De Mas-Lalrie, Hist. de Chypre, 1. 111.
' De Mas-Lalrie. llisi. de CInjpre, t. 111. [>. 366 et noie a, 377 el note 1 , 896 . noie a.
p. i-z.2, 395. 396 el noie 2.
" De Mas-Lalrie. Ilist. de Chiipre, t. 111. ' De Mas-Lalrie, Hisi. de Clitjpic . t. IK.
p. a6c> el noie li. cl p. a6t. p. 397, 896 note a.
LES COMTES TITULAIRES D'ÉDESSE. 313
Eugène Synclitique, gentilliomme de l'isle de Pdiodes ' [mais issu
d'une noble famille de Chypre 2, dont on voil plusieurs membres^
Thomas, Nicolas, Philippe, figurer dans les actes du loi Jacques H],
estant passé de l'isle de Cypre à Venise, vers l'an i^gS, acheta de la
république le titre de comte de Uohas, avec le fiel' <pii y estoit an-
nexé. 11 laissa, entre autres enfans. Jaques, ([ui luy succéda au comté,
Marc, qui espousa Marguerite, fille de Mulio Costanzo, admirai de
Cypre; et deux autres filles.
Jaques Synclitique succéda à Eugène, son père, au comté de
Hoas, et espousa la fille de Pierre Podocator, et sa:'ur d'Hercules, de
la(pielle il eut* Eugène II, comte de Roha.s; Tiiomas, qui fut allié
avec Hélène, fille de Diomèdes Strambali; Hiérosme; Micolas Marie;
Mathieu, qui fut conjoint avec Magdelène, fille de Jean Muscorno;
Marie, femme d'Augustin Barbarigo, qui mourut proviseur de l'armée
contre les Turcs, l'an 1.^71 ; Marie, femme de Scipion Carall'a; Flo-
rence, femme d'Anloine d'Avila, connestable de Cypre; Cécile, mariée
à Mutio de Zimblet; et Catherine, femme, en premières noces, de Ja-
zon de Nores, et, eu secondes, du fils de Telagridia.
Eugène Sïnclitique, 1I*= du nom ^ comte de Rohas, fils de Jaques,
espousa la fille unique d'Onufre de Requesens, séneschal de Cypre, en
lacjuelle dignité il succéda à son beau-père. Mais, après la mort de sa
femme et de son filz unique, estant allé à Venise pour en obtenir la
confirmation, la républi(pie, qui voulait supprimer cette charge et
cette dignité, luy accorda au lieu, sa vie durant, celle de collatéral de
l'Estat des Vénitiens. Il mourut en Cypre, capitaine général de la ca-
' Et. de Lusignan, Géncnlogie des comtes " Et. de Lusignan, Généalogie des comtes
d'jidesse, [i. /ii b et ia a. - d'Édesse, p. ia. — Ange Calepien, De ta
' Éliennc de Liisigiian, Jlist. de Cijprc, prise de Nicossie.
p. i83 b. = El. de Lusignan. Généalogie des comtes
' De Mas-Lalrie, Hist. de Chypre, t. III. d'Edesse, p. ia b.
p. 1-37, i()i. aiS. 268, ayS, 281.
31/1 I.KS FAMILLES D OUTP.E-MER.
vale,ii(^ (lu io;yaiime coiilic les Turcs', à la prise de la ville de Nicossie,
avec [pres<iue] tous ses iVères [et beaux-frères], l'an 1670. li eut, de
sa première lenime, Ja(|ues et Cornille, décédez (wifans: et, de sa
seconde, (|ui estoit Bressane, Jaques Synclitique, qui vivoit en l'an
iSyq-, à Tarvisio. Elle s(' uonimoit Cara, et estoit fille de Deiphobc
Betegen, de Bresse, et de Lama, native de Tarvisio.
' Fr. Aiijff^ Caippien. p. jGf) 1). — ' Hist. Tamsina. I. IV. p. (Ui-j.
LES SEIGNEURS DE FEMIE. Ml
LES SEIGNEURS DE FEMIE
01 D'APAMIE.
Tanciîkdk, neveu de Boémoiid, l'ut le piciiiie)' ' (|ui. iuec ses gens,
alla mettre le siège devant la ville d'Apaniie, capitale et métropole de
la (lélésyrie, et l'enleva aux Sarrazins vei's Tan 11117. 1''^'' iain'i'*"-
\lhert d"\i\ iinmine eette ])lace Ff'mie'^.
hjNGi!;u(.i;ii, seigneui- ou guuvenieui' de Féinie", se trouva avec les
liaions du conilé d'Edesse et de la principauté d'Antioche, avec le roy
Baudouin 1'', lorsqu'il vint à Antioclie. Tan 1 1 1 •< . à dessein de faii'e
une (■oui'S(* sur les Sariazins.
I Nous 111' vovoii.s plus de seigneurs d'Aj)auiii'; on 11e peul uiihiic dire (jue
Taucrèdc et Rngeljjpr l'aient possédée en fu'l'. dette ville devint une dépen-
ilanrc ilc la |)riiK-ipaul(' d'Anlioclie ".]
( Les PuiNCKs DE (jai.ii.i;i:, voyez Les Seigneurs de Tabaiue. j
' WilleliiiusTyr. l.X, c. xxiii. ' AlberUis Aquensis, 1. XI. c. \l.
' Ail). Aq. 1. X , c. xvii et seq. I. Xll , c. w. ' Cod. diidom. t. 1 , p. ia 1 .
ko.
.116 LES FAMIM.ES nOlJTRE-MER.
LES SEIGNEURS DE GIBLET
ou DE GIBELET.
Hugues, surnomme de FEmbriac dans le Lignage d"oulre-mer '.
Ehriaais dans les histoires des guerres saintes-, et Ansald, nobles
génois ^ estant arrivez en la Palestine avec une armée de soixante-dix
vodes, assiégèrent la ville de Giblet ou de Gibelet. comme elle est
nommée par Jaques de Vitry, vHle maritime de la Pliénicie [garnie de
hauts murs et de fortes tours ', située entre Tripoli et Béryte], dite
en latin BibUiim, et la prirent en Tan 1 108 [ou plutôt 1 109, d'après
le texte même de Gudlaume de Tyr^]. L'un d'eux, sçavoir, Hugues
de l'Emhriac, en obtint la seigneurie pour un certain temps, ta cnndi-
lion de payer à la république de Gènes un cens animel.
[Tel est 1(> réch de Gtiillaunio de Tyr. Selon Albert d'Ai\ *. au mois de
mars, la quatrième année du règne de Baudouin (en 1 100, si l'auteur compte
Ips années de ce roi du commencement de l'année commune, a 5 mars; 1 1 oA .
s'il les compte seulement de l'avènement et du couronnement de Baudouin,
le jour de Noël, 1 100), les Pisans et les Génois s'emparèrent de Giblet, et
remirent cette villfi à Raymond de Saint-Gilles, comme devant en élre le soi-
gneur naturel. Si l'on ado|)tc de préférence ce récit d'un contemporain. 01
01-
1
' Lignages d' outre-mer, c. .\ix, xw. sale mhtli ili Gemva, j)!. iv.) D'après lagra-
- Allïei-liis Aquensis.l.V, c.xxxviii; i.lX- viire. l'écu est d'argent à trois lions de
c. XXVI. — Roljerl. Monaeli. l.VIll.j). 71. jj-ueules.
apud Bongars. — Jacoljus de \ itriaco ,1.1. ' Scliast. Paoli , (M. diplomal. 1. 1 . p. /i3o.
p ^Liv. — lo. Pliocas, n' 5. 'i3i. — Gontin. de Guill. de Tyr, 1. XXXVII,
' Emhriachi de Gênes, selon VArmorial c. vni. p. aatj.
de Gênes du Fransoncî, rror à trois lions de ' Willclmus Tyr. 1. XI, c. ix.
sable, -2, 1." (Ag. Franzone, AriM délie ca- '' Alberlus Aquensis, I. IX. c. xxvi.
LES SEIGNEUliS DE GIlîLET. .'ilT
pourra, sans trop forcer les textes el les claies, admettre la possii)ililé d'im
diplôme de Raymond de Saint-Gilles, du 17 janvier 1 100 ' ( 1 io4".')- pai-
lecniel le chef de la croisade, Princeps militiœ cltristianœ in Jerosolimitano itnwrc.
donne à l'abbaye de Sainl-Victor-lez-Marseille, la moitié de la ville de Giblel
et de tout ce qui en dépend, églises, villœ. châteaux, casaux, terres incultes
et cultivées. Si l'acte n'est pas supposé, et personne jusqu'ici n'en a contesté
l'authenticité, quoirpie aucun autre document, dans le Carlulaire de Saint-
Victor, ne rappelle cette donation, peut-être Raymond donnait-il ce qu'il ne
possédait pas encore (c'est l'opinion de dom Vaissete), comme ont fait f[uelques
rois de Jérusalem, ainsi qu'on l'a vu précédemment. Mais ce diplôme n'indi([ue
aucune condition d'éventualité. Raymond y parle comme étant à ce moment
seigneur de Giblet sans opposition.]
" Les François en avoieiil tenté le siéj'je auparavant ', mais sans aucun
eiïet. Hugues espousa une dauie provençale, nommée Sanchc, et en
eut Hugues II, seigneui' de Giblet-; Bertrand, Raymond, Guillaume,
qui eurent postérité; et Agnès, femme de Garmond ou Grémond, sei-
gneur de Bessan ^ L'histoire fait encore mention* d'un Guillaume de
l'Embriac ou Ehriacus, noble génois, qui se trouva à la prise de la
ville de Hiérusalem, ((ui possédoit quelques biens en la ville de Lao-
dicée, en l'an ii5û-', comme on recueille d'un titre d(! Renaud,
prince d'Antioclie, de celte année-là. 11 eut pour fils Hugues Embriac,
qui possédoit les mesmes biens et vivoit en l'an 1170 [ainsi que le
prouve un acte de Boémoiid III, prince d'Antioche'\ confirmant celui
de Renaud.] Mais il n'est ])as constant en quel degré de parenté il
atlouchoit le prince ^ de Gddet.
' llist. gciwi: de Langtied. t. Il, p. SSy. clans rarlicle concernant Les Seigneurs de
et Preuves, col. r>6o. 36 1. — Beng-not. Bessan, p. •2hç).
Assises de Jériis. t. Il, p. '179.— Cm-tul. ms. " Raymond d'Agiles, |). 1 77. — Tudeb.
deSaint-Viclor-let-Marseille , fol. iS.'i. Cnrt. p. 808. — Willelnuis Tyr. 1. VIll, c. x.
imprimé, t. 11, p. i5i. ' Llghelli, Itidia sacra, t. 111, col. hdlt.
- Raymond d'Agiles, p. iliô. — Belli " Vi^lieWi, Itniia sacra, co\. h-jo , h']6.
«icn /i/iwr. Mabilloii,il/«s. //»//V. l.l,p.-3o/i. ' H fanl lire ici seigneur de Giblel; par-
— Lignages d'outre-mer, loc. cil. tout ailleurs, dans cet article. Du Cange a
' Voir, sur cette alliance d'Agnès avec suhstituéleraot dese/g-HCKr à celui dey^ciHce,
Gre'mond, ce que nous avons dit plus haut, qu'il avait éeiit d'abord.
.318 m;s familles d uutp.l-mei;.
I L'iiiccr(i(ii(lc (Ir Dm (laii|;t; à I égard de (iiiillauiiic de LciiiLriac l'I de
Hugues, sou lils. |)r(i\ienl de re (|ue le Liguage d'outre-mer a évidemmenl
omis une gén(''rali()ii au lomuieuceujeul di' sa géuéalogie des Giblel, comnu'
le |)r(iii\eii( plusieurs actes et d'autres documents hisloritjues; et d'abord le
(ïiii.LAtMi; i)K LKMiiniAC (|ui Se Irouva à la [)rise de Jérusalem, en )0()C), est
distinct de celui (|ui vivait eu l'an i i5A. On peut croire, et c'est l'avis de Sé-
bastien Paoli '. ipie le premier est le père de Hdgues de Lembriac; mais nous
nr trouvons aucune indication ipu nous autorise à supposer, avec cet auteui-.
(]ue Hugues de Lembriac et Ansald aient été frères.
Hugues de Lembriac , resté seigneur de Giblet sous la suzeraineté des princes
de la maison de Toulouse qui furent depuis les comtes de Tripoli, vivait en-
core en l'an i 197, année où il souscrivit un acte de Pons-, comte de Tripoli.
Il ne vivait |)lus en 1 i35. comme l'atteste un acte de sa veuve, Adalaxu' ou
Adélaïde ^, ijui, d'accord avec son fds Guillaume, donne au Saint-Sépulcre une
rente annuelle de douze besants et de cent vingt litres d'buile, pour l'âme de
son mari, Hugues Ebriac; pour son propre salut, et pour celui de ses lils et
de ses filles. Dès cette épocjue, et même auj)aravant, Guillaume Edhiac, ou de
Lembriac. était donc le seigneur de Giblet, d'abord peut-être sous la tutelle de
sa mère. Il est nommé GuiUaume Ebriac. dans un acte de Raymond I", comte
de Tripoli ' (1 iH(j, i3 décembre), comme étant un de ses barons. Il souscrit
un autre act<' du même seigneur^ (1 1 65), sous Iç même nom, sans autre fjua-
lilication. Il est témoin d'un acte d'Armesende de Château-Neuf" ( 1 i.5i ). où
il est nonnué Guillaume Embriac. Enfin, dans un acte" dressé en son nom
( t i5c)). Guillaume Ebriacus prend le titre de seigneur de Giblet, ce tpii ne
veut pas dire cependant (ju'il n'ait pas joui de ce titre avant cette époque, car.
déjà vingt-deux ans au moins s'étaient écoulés depuis la mort de son père. Par
let acte, (niillaume Lembriac vend une maison à lui appartenant dans la ville
de Tripoli, du consentement de sa femme Sansa et de son fils Hugues. On lui
voit aussi un autre fils iinnnué Raymonfl . mentionné dans les actes de ce même
' Cod. diplomal. l. 1, p. '177, /i7(S. '' Cod. dlplomnt. l. 1 . 11' :>.'.>. [i. -'.L.
' Cod. diplomal. I. 1 . lï' 1 1 . ]>. it>. " (^od. diploimil. l. I. 11" 19A, p. yiit).
■ Cniiiil. S. Scpiilr. n"' f)('), 97. |). iSf). ' (Àid. diplomal. t. I. 11° 31), p. 35.
i()i. ^ Coll. diplotiiulA.\ .n" ^i'\ . \).^.}: n' ii')'].
Cod. diplomal. I. I. 11" i<S. p. u). p. -.mu.
LES SEIGNEURS DE GIHLET. 319
Ainsi c'est Guillaume de Lembriac. et non son père Hugues, (jui eut |)oiu'
l'einme Sansa, ou Sancbe, et pour fils Hugues H et Raymond. Quant aux trois
autres, Bertrand, Guillaume appelé aussi Raymond^, et Agnès, mentionnés
par le Lignage d'outre-mer, ils peuvent avoir été en effet les enfants de Hugues
de Lembriac et d'Adélaïde, et, par conséquent, frères et sœur de Guillaume.
Voici donc comment on pourrait établir le commencement de cette généa-
logie :
tiuiLUlME DE LeMBRUC ,
au sit'ge d** Jérusalpni.
1
Hugues de LEMonuc ,
premier seigneur de Gibiet,
épouse Adiilaide,
\. Ac\tS. (ilItLilME DE LeMBBUC GviLLALME DERTRANC,
fille inconnue. tipoust? Sanclie. ou Raïuomj.
1170-1186. ' lÎAlllONP.
Hugues II. j
1184-1196. Jean DE filBLET,
Hugues UI , le Boiteux, maréchal du royaume , etc.
épouse
Estéfémie.
Gui . Hcgdes ,
seigneur de Giblet, etc. tué vers 1306.
Nous développerons plus tard les motifs qui peuvent faire supposer deux
seigneurs du nom de Hugues entre Guillaume de Lembriac et Gui. |
Hugues, H*^ du nom, seigneur de Giblet, surnommé le Boueux-, es-
pousa Estiennette, fiUe de Henry de Milly, dit le Buffle, frère de Phi-
lippes, seigneur de Naples [laquelle était veuve eu premières noces
de Gudlaume Dorel ou Rostain, seigneur de Boutron']. Il eut de cette
alliance Guy, seigneur de Giblet; Hugues, décédé sans enfans; Plai-
sance, femme de Boémond, dit le Borgne, prince d'Antioche; et Pavie.
mariée à Garnier Aleman.
' Lignages d'outre-mer, c. xavi. édition ' Continuai, de Guill. tle Tyr. I. XXI II .
Labbe. c. xxxiv, p. 5i. — Assises de Jerusal. l. I.
^ Lignages d'oiitre-mer, loc. cit. p. 5i3, note a.
320 F,KS F\MILI>i;s I) OUTRE-MER.
Guy, sei|{(i('iir de Gil)l('l, osl iioinnH' Hlglks par (jiiillaume de Tyr',
du teiii[)s du(|iiel il vivoil, eesl-à-dirc sons l'ompire de Manuel, escri-
\aiil (jiril esloit pctit-lils (\u ])remier de celte famdle (jiii posséda Gi-
blet. Mais il \ a lieu de cioii'e (iu'il s'est mépris, d'autant (pu; le Juil'
Benjamin eu son ltinéiaii'e'% (pii vivoit au mesme tem^iJS (pH3 Guillaume
de Tyi'. nous ajtprend (ju'il s'appeloit Guy, nous ayant mesme marqué
quelques vestiges de son surnom et de sa nation, que les deux inter-
pi'ètes de cet auteur ont mal conceuz et et expliquez.
I Le texte liébreu porte -v-i^^iW DiiN'^'?''^, Gillmms Ainhmmi, ce (jui rapj)elle
Guillname Eiiibriac, et se rapporte à ce seigneur beaucoup mieux qu'à Gui,
sou petit-lils. En elïel , lors([ue Benjamin arrivait à Giblet, peu de jours aupa-
ravant. Tri|ioli avait éli' alllijjé d'un violent IremJjiement de terre. Or cette
catastrophe eut lieu en i 170. selon L'Arl (k vrnjier lesd/ites, on, selon Guil-
laume de Tjr '^ '^^ septième année du règne d'Anuuu-i, au mois de juin, c'est-
à-dire en 1 I Gf). Guillaume Embriac aurait donc vécu au moins jusqu'en cette
année ou la suivante, mais pas au delà, puis(pie nous avons vu, en 1170,
Hupues en possession des liiens de son père '. |
D'ailleurs VVillebrand d'Oldenbourg \ descnvant le \oyage qu'il lit
en la teiTe sainte, l'an 1 •>. 1 1 , dit que le seigneur de Gibiet qui vivoit
alors se noiumoit 6»//.
I Du Gange connnencc Iroj) tel et ne prolonge pas assez la vie de Hugues II.
On a vu (ju'il succéda à son père en 1170, et divers actes prouvent qu'd a
vécu au moins juscpi'en 1 18/1, l'année même où s'arrête le récit de Guillaume
de Tyr. Gonune seigneur de Giblet et va.ssal dn comte de Tripoli, Hugues
souscrit*, avec Ravmond, son frère, un acte de Raymond 11. comte de Tripoli
(1 17/1, décembre): la même année, du consentement du comte de Tripoli,
de concert avec Raymond, son frèn;, et Hugues, son fils ', il accorde une terre
à l'Hôpital de Jérusalem. Parmi les témoins de l'acli', on remar((ue Henri et
■ Willelimis Tyr. I. XI, c. ix. " Ujflirlli. Ilali'i ■■<iicni . i. Itl, col. /lyo,
- Benjarii. Itiiirr. l'dition Arias Monlani. 'lyCi.
p. 35; édition Const. L'Empereur, p. 33. ' \Viliel)r. Olclenlj. ]>. i-jy. 1-38.
' Willelnius Tyr. 1. XX, c. xu . p. 38G. " CW. (Ilploinrii. L 1 . 11° 5/i, p. 55.
édit. Boiijjars. ' <mI. diphiimt. l. 1. n" 1G7, p. a 10.
LES SEIGNEURS DE G1I5LET. ' 321
Rainaud de Giblct; mais nous ne pouvons dire s'ils appartenaient à la l'ainille.
ou si c'étaient, seulement dos chevaliers habitants de la ville. Henri de Gihiet
avait déjà souscrit deux actes', de Roger de Cayphas, et de Vivien, seigneur
de ce fiel': le dernier de ces actes est de 1 165.
Hugues II, seigneur de Giblet, souscrivit encore un acte de Baudouin
de Rames'- (iiyG), et trois titres de Raymond H, cmnte de Tripoli ■
(1177. octobre; 1181, mars; 1186. juin); ces trois derniers avec son fils
Hugues. Ici s'arrêtent les documents c[ue nous possédons relativement à ce
seigneur.
Son frère Raymond souscrit avec lui plusieurs des mêmes actes; dans celui
de mars 1181, il a le titre de connétable de Tripoli^; seul, il en signe en-
core d'autres, avril 1 i85 '; 1" février 1 186'^^. Au même mois de la même
année ^, il vend un casai à l'Hôpital de Jérusalem. Dans cet acte, il s'intitule
Raymond de Giblet, fils de Guillaume Embriac, et déclare agir avec l'assenti-
ment de son seigneur, Boémond (III), prince il'Antioche. Depuis cette époque
nous le perdons de vue, aussi bien que son frère. Sa postérité est rapportée
par le Lignage d'outre-mer, et donnée ci-après dans le premier tableau généa-
logique de la famille des Giblet.
Quant à Hugues, fils de Hugues II, que nous voyons souscrire des actes
de son père entre les années 1 177 et 1 1 84, il y a tout, lieu de croire que
ce fut Hugues le Clopin ou le Boiteux, mort avant 1 kj'^. De son vivant, la
forteresse de Giblet était tomb('e au pouvoir de Salali ed-Din, après la bataille
de Hatlin. Sa femme Estéfénie, restée tutrice de ses enfants, parvint à re-
prendre la seigneurie de Giblet en 1 197^. grâce aux intelligences qu'elle avait
su se créer dans la garnison nmsuimane.
De son mariage avec Estéfénie, Hugues III paraît avoir eu deux fils, dont
l'aîné. Gui, lui succéda comme seigneur de Giblet-', étant encore mineur, et le
second fut, selon toute apparence. Hugues, tué en 1906 '". durant la guerre
' Cininlarhnii Sanrti Sepulcri . n°' laS. ' f^od. diphimat. (.1. n' 77. p. «^i.
197, p.asg, aSfl. — Voir Les Seigneurs de ' Cod. diplomot. t. I. n" 76. p. 7G, 77.
Cayphas. ' Continunt. île (niill. de Tyr, 1. XXVIl,
' Cod. diplomnl. I. [, 11° Gi. ji. (h . C- '- P- 217. a 18.
' Cod. diplomat. t. I. 11° 170. p. 21 3 : ' Continuât, de Guiil. de Tyi. 1. XX III,
n° 70, p. 70; n° 75, p. 7G. c- xxsiv, p. 5i.
* Cod. diplomat. t. I, n° 70. p. 70. '" Continuai, de Guill. de Tyr, i. XX Xi ,
^ Cod. diplomat. t. 1. n" 7, p, 287. c. iv. p. ?>ili. 3i.'i.
Al
;!-22 I.HS FAMILLES i)OUÏRE-MER.
ijui eut lieu entre lioénioiul l\'. (rAntioclu". et Renaurl. seiptKMir de Méphin.
Telle est (lu moins l'opinion de Paoli '.
De ce (]ue nous venons de dire, on peut conclure qu'en i i8A, iiu monienl
où (iuillauine de Tyr arrêtait la composition de son Histoire, Hugues H était
encore le seigneur de Giblet, et que par conséquent cet historien ne s'est pas
trompé. Rien n'empêche, sans doute, qu'en 1211 le seigneur de Giblet n'ail
été Gui, son fils ou son petit-lils. Et, s'il n'y a point eu deux seigneurs du
même nom (|ui se soient succédé de père en fils. Gui a pu hériter du titre
son père dès l'année 1187. comme le pensait Du (lange; mais rien ne le
iirouve.
Ainsi [ou ne peut «lire avec certitude si] ce t'ul de son temps [, ou
du vivant de son père, Hueues II'-,] que Saladdin se rendit niaistre
(le la ville de Giblet, l"an 1 187. Mais après la mort de ce suitan, les
Sarrazins qui la gardoient ayant esté gagnez par argent par celui à
qui elle appartenoit'\ la luy livrèrent sans que le sultan qui gouvei-
noit alors eust avis de cette trahison. Ce qui arriva vers l'an 1 199.
I Ou 1197. Nous avons vu (pie c'est l'ancienne dame de Giblet ', Estélénie,
veuve de Hugues le Boiteux, qui ménagea cette affaire et l'amena à un heu-
reux r(5sultat. Les héritiers dont parlent Jacques de Vitry et Marin Sanudo, sans
mentionner cette dame, étaient les enfants de Hugues et d'Estéfénie , desquels
Philippe de Navarre^ ne nomme (pie Gui, et Pavie, l'emme de GarnierLaleman.
Gui peut donc être considéré comme étant, à cette époque, le seigneur de
Giblet, mais peut-être encore mineur et sous la tutelle de sa mère.]
II espousa Alix", sœur de Boémond, dit le Borgne, prince d'Antioche
[qui lui apporta en dot i.ooo besants de rente], de laquelle i\ eut
Henry, seigneur de Giblet; Raimond [dit le Jeune], chambellan du
prince d'AntiocIie, qui souscrit un titre d'Aimery, roy de Hiérusalem ■.
' Cod. diplomal. t. 1 , p. /178. " Cmitiiiual. de GuilL de Tyr. I. XXVll,
- Jac. de Vitiiaco, L 1, c. m;v. — Saiiut. c 1. \i- -217- 218.
i. III , part, (j, c. V. — I\a(L de Diceto . p. (J4 1 . ' As.iises de Jérus. l. I , p. o43.
— Hovedeii . p. (130. — Rad. Coggesli. apiid Lignages d'oiitre-tnei: — Cod. diptomat.
Martèrie, Ampllss. collect. l. V, col. 564 a. t. I, n" 98, p. 10a , 108.
■ Jacobus de Vitriaco. i. I. c c— Sanut. ' Cartul. de Manosque. — Cod. diplomal.
\. 111. part. 10, c. i\. t. i, n-S. p. aSy.
LES SEIGNEL'IÎS DE GIT.F.ET. ' 323
de Tau 1 198 [octobre, ol un aiUie litre' de Boéiuoud 111 d'Aiitioche,
comte de Tripoli (91 août, même année), avec son l'rère]; Bertrand,
décédé sans enfans [le môme, peut-être, (jui souscrivit, en itaoG'^
un acte de Geolîroi le Rath, grand maître de rHopital]; et Agnès,
femme de Barthélémy du Sacliin, ou Donssacliin, seigneur du Soudin ■
(Seleucie, aujourd'iiui Souedieli), ([ui est une place assise à l'embou-
chure du fleuve d'Oronte.
[Gui, en janvier 1 2 1 ■>, concéda à rHôpilul de Jérusalem les 1,000 besanls
de rente qu'il avait reais de Boémond IV pour la dot de sa femme *. Eni 2 1 7,
il prit une part active à la croisade^ avec Bertrand de Giblet, petit-fds du
ureniier Bertrand, Irère de Guillaume Endiriac, et Guillaume de Giblet, fds
de Hugues de Giblet, seigneur de Besmedin. Dans le cours de cette expédi-
dition. au mois de septembre de la même année'', il |)rêla au duc d'Autriche
00,0 0 0 besants pour l'engager à rester au siège de Dannette, et ce prince ne
se retira qu'à Pâques 1218.
En 1928'. il prit parti pour l'empereur Frédéric II contre les Ibelin, el
Aia à ce prince, lors de son arrivée en Chypre. 3 0.000 besants sarrasinois.]
on
Henry, seigneur de Giblet, s'allia avec Isabelle ^ fille de Balian
dlbelin, seigneur de Barut, et eut d'elle Balian, décédé en enfance;
Guy II, seigneur de Giblet; Jean, (|ui eut deux enfans morts en jeu-
nesse, de la fille de Hugues Salaman ou Alaman; Baudouin^, décédé,
sans enfans; et Marie, femme de Balian le Jeune, ])rince de Sagelte.
|i\ous ne pouvons dire en ([uel temps Henri succéda à son père. Il signe,
comme vassal'", un acte de Boémond VI, prince d'Antioche et comte de Tri-
' Cod. diplomat. 1. I. n' 211. p. a5a. ' Coiiti}inat. de (!uill. d(? Tyr, t. XXXIII,
^ Cod. diplomat. (. 1. n° 1 70 . p. ai8. ci, p. 366; c. m. p. 368.
' Voir iV^of. ad Aiiii. Coin. p. Sig. 368. ° Lignages d'outic-mer.
" Cod. diplomat. 1. 1. n" 98, p. loj-io'i. » Du Gange a mis dans son toxle Ber-
^ Continuât, de Guill. do Tyr, 1. XXXI . trand, mais le Lignage d'outre-mer, seul
c. X. p. 332. monument sur lequel il s'appuie en cet en-
" tvontinual. de Guill. de Tyr, 1. XXXll. droit, dit Baudouin.
I-. Ml. p. 332. " Cod. diplomat. t. 1, n° 221, p. 203.
il.
30/, |,ES FAMIM.es D'OUTRE-MER.
poli (i" mai i aGti). Dans un acle de Hugues do Revel, {jiaud maître de l'Hô-
iiilal ' (i -171 , s juin), il est rappelé eomme défunt, et nommé père de Gui II.
alors seigneur de Giblet.]
(ji:\. II" (lu nom, seigneur de Giblol, succéda à son père; mais l'his-
loiie ne marijnaiit pas pi'écisémcnt le temps auquel il vécut, il est
incertain si c'est lu\ ([ui eut a démesler avec Boémond VU-, comte
de Tripoli, en l'an 1275, ou quelqu'un de ses descendans, encore que
le mariage <pi'il contracta avec Marguerite, fille de Julian, seigneur
de Sagclte^, qui vivoit vers ce temps-là, le doive faire présumer. Il en
eut deux fils et deux filles; sçavoir, Pierre, décédé sans eni'aus; Sauve,
Marie, femme de Piiilippe d'ibelin, séuesclial de Gypre: et Catlierine.
n)ariée à Jean d'Antioclie.
I Quelques-unes des époques où vécut Gui H" sont marquées par des actes
ou par les récits de l'histoire. Ainsi le diplôme du -2 juin 1271, que nous
venons de mentionner, nous apj)rend que ce seigneur avait redemandé et re-
• •ouvré quarante -quatre chartes de privilèges qui avaient été déposées chez
les Hospitaliers par son père, Henri, seigneur de Giblet; ce qui peut faire sup-
poser que ce dernier était mort depuis peu de temps. L'histoire ^ nous ap-
prend aussi (pie c'est Gui H, (pii, en 1275, ayant pris parti pour l'évéque de
Tripoli, Paul, et pour le Temple, contre l'évéque de Tortose, que soutenait
Roémond VIL s'attira ainsi la haine de ce prince. Par suite des démêlés qui
s'élevèrent entre eux, il essaya trois fois, à l'instigation du Temple, d'enlever
Tripoli au prince d'Antioclie. G'est ce qu'atteste une relation '' dressée sur les
aveu.v du seigneur de Giblet, et faite à Néphin, le 26 février 1282, jiar-devant
notaire, en présence du prince d'Anlioche et de nombreux témoins. La ville
de Giblet avait été enlevée aux chrétiens peu de temps auparavant. Gui II fut
donc le dernier seigneur réellement possesseur de Giblet.]
■ Cod.dijdowal.l. I . il" ili-a,}). 196,195. ' Continuât, de Guill. fie 'fyr, I. \X\1V.
' Sanut. I. lit. part. 12, c. xiv, xvn. c. .x\i, p. '168, iOg.
' Lignages d'uiiii-c-mci: " De Mas-Latrie. Hisi. di' Chypre . t. 111.
' Cof/. f///;/»»»»/. I. l.n" 1 .12 , p. ifl'i, 195. p. (5 ((•■>-(■)(■) S.
I.KS SEIGNEURS DE GIBLET.
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32fi IJ'S F<AMIMJ:s T)OI!TP.E-MEli.
[Hu(,ii,b DK (iiiiLET. lils cl(j Bertrand cl petil-lils du premier Hugues de Lein-
briar csl-il celui doiil parlent lo Gontinualeur de Guillaume de Tyr el le cava-
lier Lorédan. dans les années i 927-1 •>.'.] 1 ? On peul en douter; car il se trou-
verait à cette époque séparé de son aïeul par un espace de plus de cent vingt
ans. Si l'on admet (pie Bertrand, son père, soit iils et non frère de Guillaume
de Leinbriac (voir plus jiaut, p. 3i8), on aura une génération de plus pour
remplir cet intervalle. Quoi qu'il en soit, le Hugues de Giblet du xiii' siècle ne
se présente pas sous les rapports les plus honorables. On le voit, en 1227 ^
prendre part, avec quatre seigneurs de ses amis, à un infâme guet-apens
contre un chevalier toscan, cousin de Philippe d'Ibelin. En 1229, de concert
avec ces (piatre mêmes seigneurs-, il acheta de Frédéric H la bailie du royaume
de Jérusalem pour trois ans, moyennant, la somme de 10,000 marcs d'argent.
Après la défaite de l'armée des bailes à Nicosie ^ (2 4 juin 1 2 2 9 ) . par Jean d'Ibe-
lin le \ieu\, sire de Barulh, il se retira dans le château de Dieu-d'Amour, où
il entraîna le roi de force. Plus tard (i23i), persistant dans son animosité
contre les Ibelin '', il .se joignit à Richard Filangieri , sous prétexte que le roi
Henri I"' était trop jeune , et que son véritable chef était i'empereur. Après la
défaite de Richard à Cérines. et l'expulsion des Impériaux hors de l'île de
Chypre (1202), Hugues, sur la plainte du roi, fut déclaré rebelle par la haute
cour du royaume ^, et ses biens furent confis(|ués. Dejiuis ce moment, nous ne
voyons plus qu'il soit fait mention de lui dans Thistoire.]
' LoredaïKi. I. I, p. Sy-AM; ti;i(l. franc. c. \, ]>. 377. — Loredano. 1. 11. p. 71 bis.
I. 1. p. ii-/i(). — Assixcs lie .lenisiil. t. I. 7^ : trad. franc, t. I, p. 83. 84.
|). /1/18. note a. ' (iontiniiat. de Guill. de Tyr, i. XXXIU,
- Continuai, de Guill. de Tvr. I. XXXlll. c. xxvn, ]). 31)3.
c. IX, p. 37.'). — Loredano. 1. 1. |). 63-(ii: ' Loredano. \. II, p. ni. 1 1 .t: tind.
trad. franc. 1. 1. p. 73-7^. franc, t. I. p. i33. i34.
' Continuât, de Guill. do Tvr, 1. XXXlll.
LES SEIGNEURS DE GIDLET.
:i-21
AUTRE SUITE DE LA MESME GENEALOGIE.
fTABLEAli AI
GUILIALME DE (îlELET .
liis pui^né (le Hugues, seigueur de liesmedin .
espouse Anue de Mnnlifjnac.
El- DES ,
GininD,
morts
JeaS de r.IBLET,
seigneur de Sainl-Foucv,
espousL- Giietk' ,
1
KSTÉFÉME.
feniinr-
'le'Ainauri le lîeniier.
Marie de GielKt,
femme d'Amalric le Fiameiic.
ans pnJ'niis.
lillc (lu spi^m^ur il'Aiigillcr,
1
Fémif..
AC«KS.
1
ClILLAIME
ItE
ÎIBELET. MaBIR.
ESCHIVI., EcKBMlE
ft'ninie
.le
[A
1
i,E Flamem: .
d'Aiigelier
r.ibk-t.
1
MaRGIEIU'I]. ,
;lllié.'
il Riijmond dAiiliin-l
opouse Heivis,
de (ïibiet- de Fleurv.
[Guillaume de Giblet, lils \minô de Hugues, seigneur de Besiuediii, es(-i!
le même qui souscrit, en décembre i aoi ', un acte de Boémond IV d'Antioche;
le même qui, en février i 207 ', souscrit un acte de Julienne de Césarée, sous
le nom de Guillaume Embriac ? Il est probable que c'est lui qui prit part à la
croisade de 1917 •' avec Boémond IV, d'Antioche, et André, roi de Hongrie ;
et qui. en i-iiq, fut envoyé par les chrétiens réunis devant Damiette vers Ir
sultan iMalek el-kamel, pour traiter de la paix; mais le légat enqxVliH d"a(-
cepter les conditions raisonnables proposées par le sultan.
Relativement aux Aivcelier de Giblet, voir au tableau des Seigiteum <lr Muni-
cli'e. p. 38 7. note •j..\
' Lignages d'outre-mer, édition Labbe.
I-. \i\ , p. 098. h!ifi\ édit. Bpugnot. c. x\\.
• Gihkl n'est (jii'uiie faute (rimpression
dans les lableaux généalogiques de Labbe
[Ligiuigen.c. vix . p. 398): il faut lire Gis-
Jebert , comme le porte le texte même du cha-
pitre XIX. dans I^abbe. p. ^l'i^i; ceux de La
Thaumassière , p. -i'i-i , et de M. Beuguot.
Assises, t. II, c. XXX, p. 466.
'■ Cod. diplomiU. t. I . n° 98, p. lu-").
' Cod. diplomiil. t. I . n" 91) ..p. 90 ; n" 1 o.
p. 989.
' Continuât, de Guill. de Tyr. I. XXXI.
c. X, p. 3'2-2; 1. XXXII. c. i\, p. 339.
328
LES FAMILLES DOLTIiK-MER.
LES SEIGNEURS DE PILES
DE LA MAISON DE GIBLET.
JEA^ DB GlBLET,
seigneur ilc Piles '.
espousp Tortcrelle .
lllle (rÂiiiaury le CtlamlR'rlan
et (le Marie de Tor.
(itlLLArUE DB ItlBLBT,
espouee :
1° Douce .
tille de Jean de Brie;
2° Isabelle .
fille de Gautier Ijambert.
Suio\E ,
es pou se
Philippe le Petit.
Léoaor , Jei>ne, Catheri^ie.
fut aveugle. espouse religieuse '".
Baudouin de Mimars.
seigneur d'Aquie.
Amai^hï pe Giblet.
[épouse N.
lille de Jean Babin^I
ToRTEl.LE DE GlBLBT.
rfHfOHS r>fi (ilRI.ET ^
\Ullf.l tItITE .
éiiôuse
Raymond d'Antioclie?
' Lignages d'outre-wer, édition Labhe,
c. xviii. p. .'>9^- àli'7: (•ilition Beugnot.
c. xm, xxix.
^ A la place de Catherine . Du Gange avait
mis ffHelvis. l'enimede riaulier le Norman,^
qui se retrouvera dans la généalogie de la
famille de Tor. Nous avons rectilié cette er-
reur d'après le Lignage doutre-iner.
^ Voir La Famille de Babin.
' Voir L(( Famille du surnom d'Anhnchf.
AUTRES SEIGNEURS DU SURNOM DE GIBLET. 329
AUTRES SEIGNEURS DU SURNOM DE GIBLET.
[Nous avons déjà vu, parmi les sires tic Giblel dont on ne peut établir la
généalogie, Henri et Rainaud, témoins d"un acte de Hugues II. seigneur de
Giblet. en 1176.]
Renier de Giblet' fut envoyé en l'an 1 196, par Guy de Luzignan,
roy de Hiérusaleni, vers l'empereur Frédéiic II, pour obtenir de luy
ie titre de roy de Gypre.
Arnaud [de] Giblet"^ estoit en la cour du roy de Gypre Tau i23a.
[Renier ou Rainier de Giblet, dit le Vieux, homme sage, subtil et bon plai-
deur', au témoignage de Philippe de Navarre, est peut-être celui qui avait
été témoin d'un acte de Hugues de Césarée en i 1 (3 1 ". En 1 1 C) 1 , 3 1 janvier^,
il souscrivit un acte du roi de Jérusalem, Gui de Lusignan. En 1 1 gi ou 1 1 95.
il fut envoyé, non par Gui de Lusignan '', vers l'empereur Frédéric 11, mai.s
par Aimeri, successeur de Gui, vers l'empereur Henri VI, pour obtenir de lui
le titre de roi de Chypre. Il souscrivit encore deux actes du même Aimeri^
( 1 ig5, 2g septembre; 1 1 97, i'" novembre). Nous ne savons s'il prolongea sa
carrière beaucoup au delà. Mais il mourut avant le roi Aimeri. En mourant il
partagea ses fiefs entre ses tjuatre fils'*, Amauri, Arnéis, Rainier le Jeune et
Josselin.
' Loredano, I. 1. p. 17. c. x.xn , j). 209. — Loredano, I. I. |i. 17:
* Loredano, I. II, p. 119. trad. fianç. t. I, p. 19.
' Assises de Jcrus. t. 1, c. lxxiv, p. 6/i5; ' De Mas-Latrie, Hisl. de Chypre, t. III,
c. \civ, p. 070. ■ p. 599,607.
' Cod. dqilomiil. t. I.n° 196, p. -2/11. * Assises de Jénts. t. I, p. fi/iS; c. lixiv
* Cod. diphimni. f. I, 11° 79, p. 8G. de Philippe de Navare.
' Continuât, de Guill. de Tyr, I. XXVI,
no MvS FAMII-LES D'()IJT1\E-MER.
Amauih, rpii «'tail l'aiiii", avait reçu de soa père, soit tie son vivant, soit
après sa mort . lont ic fief de Piles; mais il prélendit avoir seul tout l'Iiéritage
paternel, et réclama auprès du roi Aimeri, qui mainlinl le parlaj;e entre les
quatre livres. V a-l-il (pu^hpie rappori entre cet Amauri, possesseur du fief
de Piles, et Anuuiri de (iiblel , (ju'on a vu mentionné dans le tai)leau généa-
lo;ji(pie des seigneurs de Piles de la maison de Giblet ? L'ascendance n'est pas
la mênu'; et les dates ne concordent pas; car, d'après le nombre des généra-
tions de la famille de Piles, depuis Pierre de Barutli, bisaïeul de Torterelle,
jusqu'à cet Amauri de (iiblet, (pii eu est le dernier représentant, il a du s'é-
couler environ un siècle et demi. Pierre de Bnrufli vivait en i i.56. Amauri
devait vivre à la fin du siècle suivant.
AuNÉis, Heisnois ou Arnacd de Giblet, le second (ils de Rainier le Vieux, eut
une part des liei's de son père, mais on ne dit pas laquelle, (le fut aussi un
bon plaideur, c'est-à-dire un habile jurisconsulte '. dont Philijipe de Navarre
fait l'éloge en plusieurs endroits de son livre. En 1282, laissé capitaine de la
terre de Chypre par Jean d'Ibelin le Vieux , sire de Baruth "^, il défendit le
château de Dieu-d'Anio(n', qu'assiégeait Richard Filangieri. En i233, il était
membre de la haute cour du roi de Chypre, Henri I" ^. Nous voyons des actes
sionés de lui, en mars i2!U): laoS, 2 décembre; i234, juillet et aoiit:
1289, décembre''. On a pensé qu'il était l'auteur de la première partie des
Continuations de Guillaume de Tyr^.
.Iean de Giblet, signe comme homme lige ou vassal de Boémond V, prince
d'Antioche ", un acte d'Albert , patriarche de cette ville ( 1 a A 1 , 18 novembre).
C'est peut-être le même qui, maréchal du royaume de Jérusalem ^ fut vaincu
et pris par les Turcomans, en 1 260, puis racheté peu après; et qui .signa,
avec la qualité de maréchal, un accord entre l'Hôpital et le Temple'* (1262.
I c) décembre). Mais il est bien difficile d'admettre que ce personnage, maré-
chal du royaume en 1 2(10. si>it le même f[ue celui qui. dans le premier ta-
' Assiseii(leJériis.l.[.i-.\\\\\\i.]).î>i[i: t. Il, [>■ âG; I. III, p. lin, (138, tJSg,
c.\Lix, p. 5-25; c. \civ, p. 570. ()5?>.
' Continuât, de (niill. de Tyr. 1. XXXIll. ' De Mas-Latrie, Hist. do Chypre, t. II.
1;. xxxiu, p. 3()r). ]). .î(), note 7.
' Assises (le .lenis. l. I . p. 08!) ; c. cc\\m\ " Cod. tliplotniil. t. 1 , n ' 1 1 8 , p. 1 33.
lie .lean d'Ibelin. — Loredano, I. I p. i 1 9 ; ' Continuât. île Guili. <li' Tyr, 1. XXXIV,
had. franc, t. I, p. i38. c. m, p. i45.
' De Mas-Latrie. Histoiie de Clii/prr. '' Coil. diplomul. t. 1, n" l'i-j. p. 179.
s
AUTRES SEIGNEURS DU SUliNOM DE (.llil.l'/r. 331
bleau jjénéalogi([ue des Giblet, est présenté oomiue petit-lils de HiiPues de
Lembriac, établi premier seigneur de Gililet plus de cent cimpiante ans au|)a-
ravant. D'après la rectification que nous avons faite du commencement de
cette généalogie, Jean de Giblet, maréchal du royaume, n'est plus, il est
\Tai, que l'arrière petit-fds de Hugues de Lembriac. Trois générations, sans
doute, suilisent à grand'peine pour remplir cet intervalle. Cependant, on en
trouve des exemples. Nous remarquerons aussi cpie l'alliance de Jean de Giblet
avec la fdle de Gautier 111. seigneur de Césarée, nommée Fémie ou Euphémie
dans la généalogie des seigneurs de Gésai'ée, concorde, pour le temps où
vivaient Gautier III et Fémie, avec l'époque où Jean de Giblet fut maréchal
du royaume de Jérusalem. Ainsi nous nous en tiendrons, jusqu'à de plus
jn-écis renseignements, à ce tableau généalogique et au Lignage d'outre-mer
rectifiés; car nous n'avons point de données suffisantes pour attribuer le titre
de maréchal du royaume, et les deux mariages mentionnés dans la généa-
logie, d'après le Lignage d'oulre-mer, à tel ou tel autre Jean de Giblet, que
nous voyons dans ce tableau généalogique ou dans le suivant.
Philippe ue Giblet est mentionné comme un des seigneurs de la cour du
roi de Chypre '. Henri I", dans un traité d'alliance offensive conclu pour cinq
ans, le a décembre laSS, entre les Cypriotes et les Génois. C'est lui qui
refusa formellement le service à ce même roi '-. s'il n'était payé de ce qui lui
était dû, l'ait dont fut témoin Jean d'Ibelin, le rédacteur des Assises.
RaimoiX'd de Giblet, qui avait été fait sénéchal du royaume de Jérusalem par
l'empereur Frédéric H, et baile du royaume, au nom de son fils Conrad, lut,
selon la coutume du royaume, dépossédé de cette charge^ quand Alix, reine
de Chypre, fut reconnue reine de Jérusalem en 1289 ou 12/10.
Nous ne pouvons dire si ce Raimond est Raimond de Giblet, seigneur de
Besmedin, ou Raimond, chambellan d'Antioche, fds de Gui L', seigneur de
Giblet.]
Henry de Giblet, chancelier de Cypre sous le roy Hugues \\ , i an
i33o, el archidiacre de Nicossie*, ayant esté éleu arclievesque de la
' De Mas-Latrie. Hisl. de Clii/pre, t. II. ' Assines de Jériis. t. II, p. 4oo.
p. 5y. * \Vadding. t. II, In regestro, p 182.
^ Assises de Jérns. 1. 1. p. SiGrc. cciii de iNicolaslV. A. i. ep. aSy.
Jean d'Ibelin.
332 MvS FAMILLES DOUTRE-MER.
mesme ville a|)ri's le déccz de l'archevesque Ranuire, Tau 1298, se
(léinit (le sou élection eiilre les mains du pape Nicolas IV, c{ui pourvut
de celte di<;uité Jean, de l'ordre des frères Mineurs.
[Mais il |;ar(la son ancien lilrc d'arcliidiacre de Nicosie. En conséquence.
l'est avec la double (|uali(ica(ion de chancelier et d'archidiacre, qu'il est men-
lionni'-' coinuie témoin du Irailé de paix et de commerce (1 828 , h septembre)
(•oiulu eulre le roi Hugues IV et Jean Soranzo, doge de Venise; de la rali-
(icatiou du contrat de mariage- eulre Gui, le fds aîné du roi, et Marie de
Bourbon ( i33o, 1 /i janvier); el de la constitution du douaire de celte priu-
îsse ■\ 3 ) janvier, même année.]
ce
PiERiiK Di: GuîLET suivil la fortune de Henry, ro\ de Cypre *, et l'ac-
compagna [dans son exil à Strovilo, proche Nicosie; mais non peut-
être en Ai'niénie,] lorscpril fut [dépouillé de la royauté, puis] chassé
du royainne par son frèi'e Alméric, l'an i3o5.
I Ou mieux 1807. Il hit un de ceux qui signèrent l'accord fait en mai
i3o6'\ par lequel le roi abandonnait l'autorité à son frère, lequel s'enga-
geait en retour à lui payer une pension annuelle de 1/18,000 besants.]
Je crois (pie c'est celuy qui est (jualilié tils de Guy, 11'' du nom.
seigneur de Giblet, dans le Lignage d'outre-mer.
Henry de Giblet fui un des barons de Cypre [précédemment par-
tisans du prince Almericj ([iii allèrent au-devanl du roy Henry [pour
faire leui' soumission '', el lui preslèrent serment de fidélité entre les
mains de la reine mère.] lorsqu'il rentra en ses Estais, l'an iSog [ou
plutôt 1010].
[(iuiLLAUME DE (jiBLET siguc , coiume témoin, uii traité ihi roi Hugues IV
' De Mas-Lalrio. Ilisi. de Chypre. I. 11. * Loredano. 1. IV, j). -jiS. 319; trad.
n. i/i3. franc, t. I, p. aii, aifl.
' De Mas-L;iliie, Hint. de Cliijpre , t. II. ' De Mas-Latrie, Hist. de Chypre , t. Il,
p. 1G3. p. 101, 102.
' De Mas-Latrie, Hisl. de Chypre, t. 11. " Loredano, 1. V, p. ^58; trad, franc,
j). iCylx. t. 1, p. -iSô.
AUTRES SEIGNEURS DU SUIt.NOM J)E GIRLET. ' 333
avec Gènes', du i (j levriei- lo-jy. Il e>l |ieiil-r(re le père Av Jean de (iililel.
nommé en i 3 6 c) et i 3 7 :i . ]
Jean dk Giblet [est nommé comme témoin (l'un traité (h; commerce -
conclu avec Venise ])ar Amauri, prince de Tyr, gouverneur de Cypce.
H] se trouva présent au traité de maria|;c de Fernand de Majorcpie.
prince de la Morée, et d'Isabelle d'Ibelin, conclu eu la présence An
roy Hugues ^ Tan i3i5. Il souscrivit encon; lassinat du douaire de
Marie de Bourbon, femme de Guy de Cy|>i-e -, fils aisné du mesnu^ ro\.
avec les autres barons de ce royaume, l'an i33o |3i janvier. Dans
cet acte, il est nommé sireJolian de Giblet d'Araizon]. Je ci'ois (pie c esl
ce Jean de Giblet cpie Cantacuzène^ (pialiiie baron et noble de (apie.
([ui altouclioit de parenté aux roys de ce royaume, et ([ni, eu I an
iSâS, estant dans les armées d'Andronique le Jeune, empereur de
Gonstantiuople, lut clioisy par luy avec Andronique Tornices, grand
cliambellan de cet empire, pour aller faire la recbercbe, au nom de
l'empereur Andronique le Jeune, d'Anne ou de Jeanne de Savoye.
fille d'Ame, V*" du nom, comte de Savoye.
I C'est probablement aussi le même Jean de (iiblel ipii écril, le ad mai'.
année inc(n'taine, au roi d'Aragon, Ja(-(pies 11, une lettre où il se félicite de
ce (jue le roi de Chypre, Henri H, dont il est l'homme lige, l'a admis au
nombre de ses conseillers, et où il se promet de lui conserver une lidélité à
toute épreuve. M. de Mas-Latrie'' pense (pi'il pourrait bien être le fils de cet
Henri de (iiblet, partisan d'Amauri, d'abord exilé par le roi Henri 11, malgré
' De Mas-Latrie, llist. de Chiipii' . I. II. les einpeiriirs/ruiiçiiis, de Dii (loiiije. -i' éd.
1). i58. (loiiiiiV; |)ar Diiclion . (. 11. |i. 371-370.
■ De Mas-Latrie, llisl. de (Jnjiire, t. 11, xuiii' pièce, a la ilale du .') ocluhre i3iâ.
p. ,o3. ' Titres originaux. — l'i' Ma---Latrif.
' Du Gange n'indique [las ici ses aiUo- lUst. de Unjpre , t. H, )i. iG'i.
rites. Mais comme ce mariage l'ut réellement ' (ialilaciizène, !. I, c. xi..
conclu en i3i.5 [llist. de Cotislanliuople, " \h Mas-Lalfia. llist. de Cliiijir( . l. {[[.
I. VII, n' 18, p. -(.îo), il faut lire lleitri au p. 700. 701.
iitu de Unîmes. Ge traiti' ou coniral, se ' De Mas-Latrie. /7w;. de Chijpre , i. II.
trouve dans ïllistoiie de ('.onstuntinople sous p. i-'i; I. 111. p. 700. note 'i.
.33'r LKS KAMILLKS l) 0 llTUK-MHIi.
sa soumission ; mais (|iii rentra plus tard en grâce, el recou\ra ses biens coii-
lis(jLiés. C'est ce (jiii e.\|)li(|iienut la reconnaissance el le dévouement de son
fils.
En 135^. on voit un (lu de GnsLET, seigneur de Anisio (tu d'AraisoiiK
évèciue de iNémosie (Limassol), com'onner, dans Sainte-Sophie de Nicosie.
Pierre I", du vivant et par la volonté de son père, Hugues IV. 11 est nommé,
dans la (Jlironiipie do Diomèdes Strambaldi, rpii nous apprend ce fait, Gîte
Iniijoli. i-f i|iii jKiiivait signifier aussi Gui dlbelin ; et. en effet, un acte de
Pierre 1" ( i o6o , i 3 août) le nomme expressément Gui d'Ibelin. Mais le titre
de seiîTueur de Arasio , que nous avons vu appartenir incontesiahlemenf à un Jean
de Giblet. nous l'ait incliner pour la première interprétation. On pourrait in-
férer de celle circonstance que l'évêque de Némosie était son lils. et avait
hérité de son titre.]
Carion de Giblet. vicomte de Nicossic. Tan 1867 '^ fut tué par les
Génois, ioi'squils semparèreiit de Famaj-ouste, Fan 13-3.
[Carion, Charin ou Henri de Giblet, était le père de cette dame Marie ^
nui, outragée par le roi Pierre I ". provo(|ua le complot des seigneurs qui mit
fin aux jours de ce prince. Il y prit une part active. Le 1 6 novembre suivant
( i36()), il fut choi.si avec quinze autres seigneurs* pour la réunion des assises
du rovaume. 11 fut mis à mort, avec quelques autres nobles personnages^, par
les Génois, en 137/1. jieu après qu'ils se furent emparés de Famagouste.]
Jean de Giblet vivoii en la cour du roy de Gypre. 1 an 1372''.
[C'est lui sans doute (|ui est nommé //.s de sire Guillaume' parmi le,s
seize .seigneui-s chargés, en 1369, de i-éviser les Assises du royaume
de Cxpre.]
' De Mns-lAdvu: . HisL lie Cliijiiir, I. U. ' Assms ik .li'nisa/nii, Préface, t. 1.
\i. aai et note 3, aaS. [>■ •>•
' Loi-eilaiio. 1. VII. S. ' Lorediuio. 1. \ lit. y. '171 : trad. t'raiu;.
■ Loredaiio. 1. VII. [i. ioli-icuS, /118. l. II. p. IJo.
iig; Irad. IVaiiç. f. I. p. 44i-ii6. 455, ' Loredano. i. \lli. |i. 'jOo; trad. franr.
'450.— De Mas-Lalrie . Ilisi. r/c Cliiipre . t. II . t. Il . p. 48.
ij. 336. 338. 36i. ' Assises de Jvrns. I. I . |). ti.
AUTUES SEIGNEURS DU SURNOM DE GIHLET. 335
[Jacques DE GiBLET,riiPvali('r. signe coiiinif lénioin un acti> du rdi .la((iui'> I"'
( i3q5, 16 août). Il est inoiilioiiné, dans h traité de paix <■! de coiiiiiifrci-
(in roi .lacipiPs aver la r(>|iulili(|nf de (iènos- I 1 'lo.'î. 7 jnillcl). coiiinic /•lanl
nn des ministres (pii i'avaieni négocié. |
Cario^ [du HE^^.l I m: (jiiiLKT^ vivoil en l'an i/iaf). [!! lui nuinnié à
cette époque gouverneur «le Nicosie, après la désaslreusc journée de
Chierocbitia.]
Hemu i)k GuiLiiT, uiaistre iriioslel Au roy .îauus', se trouva préseiil
au traité de uiaria'je d'Aune, tille de ce ro\, avec LoiijjS, comte de
Genève, et depuis duc de Savoye [1" janvier] Tau 1 ioa. | Ce person-
uage est très-probablement ie uiême (jue le |)récédent. |
[Une dame de Giblet, Eschive, demanda an mi .lacques 11 -' et obtint de ce
prince (1/168, 19 mars), pour elle et ses entants, un secours annuel de
36 muids de froment, 36 mesures de vin, et 3oo besanls en argent. Cette
libéralité du roi est d'autant pins remanpiahle (|ne la famille des (iiblet se
distingua en général par son attachement au parti de la reine Charlotte.
Nous pensons c[ue c'est la même dame qui, dans un autre article du re-
gistre de la secrète'' (i468, ?!7 janvier), est nommée Cleiia de Ciblet, par
altération du nom de Cliivn, ou Eschive; la même qui, dans une liste des ca-
saux de l'île de Chypre est appelée", par suite d'une altération encore pluN
forte, Vera Zumbet, pour Cira Zinihlet. forme italienne de Chive on Eschive de
(nblet.
Enlin nous voyons un Tbistan de (iiBLET\ nommé dans la Cluoniipir grecque
de Georges Bustron, comme un adversaire di'clari'' de .lacqni's II. lorsque ce
' De Mns-r>atrie, Hist. île Cliiiprc . I. II. ' De Mns-Eatrie , Hisi. de Clii/jne. t. III.
p. lio.t). )). i()/i et note h. 195.
' De Mas-Eatric. Ilist. de Cliijprc . l. 11. " De Mas-t.atrie. Hisi. de Idnipir . i. III.
j). '167. [>■ -y^^i-
' Lovcdano. I. IX, p. ôtii); ti-ad. IVanç. ' De Mas-Latrie, Hkt. de Chi/pre. I. III.
t. II. p. i6i.--De Mas-Lalric, I. Il, p. .'162 p. ôt?> et note 2.
et note 1. ' De Was-Latrie . Hist. de Chypre , t. III.
' Hist. de Saroije, de (jiiiclienoii . l. II. p. 85 et note 3. — Et. de Ijisigiian. Hist.
Preuves, p. 3G5. de Cypre, fol. iGS a.
;J3C I.KS FAVIUJ.ES I) OliTI'.K-MEli.
|irincc' n'était ciicorc (|ir;ircli('V('''(|iio noniiii(' de Nicosie (i^i^cSj. En ili-jli, il
l'tail siisppff au iTOUvoriiPiiu'iil vénitien', eonnne [lartisan de la reine Oliar-
Idtle. Quand (ont espoir fut pi'rdu |)(>iii' lliéritière légitime des Lusignans. il
naraît im'll --e rallarlia à la reine (Catherine pnur sauver du moins la natio-
nalité du pays. En octobre i'i.S8'-. une entpnlle lut ordonnée par le conseil
des Dix, sur les menées faites |)ar Tristan, de concert avec Rizzo de Marin.
|)onr marier Catlierine à un lils du roi de Naples. Pris par les agents de la
Répul)li(pns et conduit de Chypre à Venise ( i /i8S). Tristan de (iiblet se donna
la mort' pendant la travers(''e. en avainni une liiepie de brillants (pi'il avait au
doigl, I
' De Mas-b.itnr. /7^^■/. ilc Clujinf . I. !ll. ' l->c Mas-l.atne. Hisl. ili- Chyinc . t. il! .
p. HyS et noie i. i'- 'i'"' <"* ""''' '•
'" ])(> AIas-F,ali'ii'. /. c. p. ?)iW-'i9().
LES SEIGNEURS DE HARICH. ' 337
LES SEIGNEURS DE flARICH.
Glido Fkwims, seigneur de Haricli, en la [)iincipaulé d "Aniioclie.
est nommé par Albert d"Ai\ ' entre les seigneurs voisins de la princi-
pauté d'Antioclie, ou qui esloient de cette niesme principauté, qui se
trouvèrent à Antioche avec le roy Baudouin l", lorsqu'il entre})rit
d'aller faire une course sur les Sarrazins, l'an iiia. Il semble (jue
(•est le mesiue (|ui se nomiiu^ GuiDO Fiiemel [et VVido Traimel, dans le
texte de Sébastien Paoli,] en un titre de Roger, prince d'Antioclie, du
/i'= jour de juin, l'an i 1 1 8 , au Cartulaire de Manosque ^; et encore le
mesnie que ce Glido Frenellcs, dont Gautier^, chancelier, et Guil-
laume *, arclievesque de Tyr, racontent les actions dans cette princi-
pauté, dans les années i i i5 et 1119.
GriLEAUME Fremel OU Fn.vis\EL luy succéda, comme je crois, eu cette
seigneurie, et fut probablement son fds. Tant y a qu'il se trouve nommé
dans un titre de Raymond, prince d'Antioche, de l'an 1 1 60 [1 9 avril ■.
et dans un second titre du même piince, daté du menu.' jourj, au Car-
tulaire du Saint-Sépulchre. Au reste, je ne scay si Haricli est la mesme
place qui est nommée Harenc, qui estoit le plus fort chasteau de la
principauté d'Antioche, et qui appartint depuis en domaine au pa-
ti'iarcbe d'Antioche'', de laipielle ville il estoit distant d'environ qua-
torze milles. Orderic Vital " parle de la maison de Fresnel en divers
endroits de son histoire, et fait voir qu'elle estoit Normande.
' Albeitiis Aquensis, XI. I. c. xl: I. XII. ' Willelni. Tyi-. I. \II. c. ix.
e. \x. ■ ' Oirt. S. Sep. n" 8(S. 89, p. 171. 177.
" Ccirliil. (le Manosque. — Coil. diphmat. " Willelni. Tvr. 1. V. c. vi. mi.
I. I. n° 6. j). G. Orderic. 1. \. p. C). l'i; p. 687. bgti,
' Gauler. Anlioch. p. i68. 453. _ 625. 85o.
h:>,
338 LES FAMILLES D'OL'TliE-MER.
LES COMTES DE J4PHE ET D'ASCALON.
Gorldroy. <Uu- de Bouillon, ayant tronvr la ville de Japhe', dite en
latin Joppc, démolie et ruinée, se résolut, après la prise d'Arsur, de
la rebaslir et de la l'ernuM- de murs, afin d'y faire un poii où les vais-
seaux des chrestiens pussent aborder et y estre en seureté. Ce qu'ayant
l'ait, il en donna la {jaide à
Roger, seigneur de Rosay [ou Rosoy], en Tierasse"-; mais il ne jouit
pas seul des revenus de la place, car Gérard, chevalier de la maison
et de la suite de Baudouin 1". roy de Hiérusalem. en eut une partie
pour récompense des services qu'il avoit rendus dans les guerres.
Après eux.
HiGiES Dr PuisET^, filsd'Everard, vicomte de Chartres, qui se trouva
pareillement en la première entreprise des guerres saintes, et d'Adèh;
de Montlhéry, du diocèse d'Orléans [sœur de Mélissende, mère du roi
Raudouin 11 J, seigneui- d'illustre extraction et puissant en biens, estant
arrivé par dévotion en la teri'e sainte avec sa femme, Mabile ou Ma-
milié, fille de Hugues, surnonnné Chokt, comte de Roucy, obtint du
rov Baudouin II soi cousin germain, le comté de Ja|)lie avec ses dé-
pendances, pour en jouir par luy et ses héritiers.
' Albert. Aquens. 1. Vit. I-. \ii. — Ilayni. " VVillelmus Tyreiisis. I. XIV, c. \v.
de Agiliis, p. 17.1. — Georg. Elmacin, — Ivo. Carnotens epist. 168, et ibi Sou-
ann. Iieg. /i()û. — Chron. orient, p. 81. — cliet. Histoire de Chistilhn . 1. II, c. xi.
Ecchard. Aiiipliss. collect. t. V, col. oo.ln-. — — Henrir. Huntindon. I. \ll, p. Syi. ■ —
Sebast.Paoli, Cod. diploniA. I, p. Vio, 4'i->. L'Art de vérifier les dates : Sires de Mont-
' Albert. Aquens. 1. III, c. wviii; I. \, llieri.
c. IX, X, XI.
LES COMTES DE JAIMIE ET DASGALON. ' 339
|0n voil un acte de Baiulouin I" ', du -H) septembre i i lo. confirmant le
don fait aux Hospitaliers par Hugues, dit Picilli. ou du Pitixel . d'un casai situé
dans le territoire d'Ascalon; et ce même Hugues est le premier des témoins
(pii signent ce diplôme. Paoli conclut di- la date (jue ce ne peut être le sei-
gneur de Japhe, et pense (pi'il était seiilemeul un de ses [)arents; mais, avant
d'être investi du comté de Japlie [lar Baudouin 11, Hugues du Puiset a pu
recevoir de Baudouin I" (piehpies domaines dans ces parages. ]
L'histoire reiiiarqiuï (|u"il accoiiipagiia le |)riiice Boéiiioiid lorsque.
après son mariage avec Constance de France, il reprit le clieinin d Ita-
lie, d'où Hupues passa dans la terre sainte. Estant décédé inconti-
nent après, le niesme roy fit espouser sa veuve à
Albkrt, fils d'Albert et frère de Godefroy, comte de Namur-. L'un
et l'anti'e estaiil pareillenn^nt morts peu do temps après leur mariage,
HiGUKs DU Pliset\ fils de Hugues T' et de Mabile de Fioucy, de-
manda au roy le comté de Ja|)he, qui lui appartenoit du chef de son
père, (le qu'avant obtenu [avant i i 22. ])iiis(pie eu cette année*, sous le
titre de consul de Joppé, il permet à Baliaii, son connétable, de faire
un don à l'hospice des pauvres de l'église de Saint-Jean, à INaploiise],
il espousa Émelote [Emma ou Ermeline ), nièce d'Arnoul, patriarche
de Hiérusaleni, pour lors veuve d'Eustache Graner,' prince de Gé-
saree ■
[Ce mariage semble avoir eu lieu [leu avant le 8 avril de l'année ii-ilx.
époque où Emma*^ confirma le don d'un moulin (pi'elle avait fait, d'accord
avec son premier mari, à l'église de Sainte-Quarantaine. On voit encore cette
dame mentionnée dans des actes de Hugues 11 du Puiset. du -28 juin 1 ia6,
et de l'anné-e 1 1 33".] .
' Coilic. diplomat. t. I. 11" ■>. . {). y , 65a, " Cuil. diploimil. l. 1, ii' 191 , [J. aSG.
'i.'')3, et 11° 3o. 1). 3a. ^ Voir Les Seigneurs de Césmée.
' Willelmus Tyr. I. XIV, c. xv. " Ciirtiil. S. Sepiilcr. 11° 119, p. aaS.
' Willelmus Tyr. 1. \IV. c. xv, wi.xvii. ' Cod. diplomat. t. 1. n" 10 , p. 10. 1 1 ;
\vin. — %icl. deRoya, ann. ii33. n° lôy, p. aoi.
43.
;V,0 LES l'WlILI.ES DOUTHE-MKR.
Jl eut ensuite nu jjrand déiiieslé avec le roy FoiujMes, (kniiiel il es-
toit cousin jjcrniain, («slans cnfans des deux sœurs.
|(iuillaiMiic (l(> T\r ' (lil scidiMiieul ([iio Hn;jues H du Puiscl était |)aren(
de la roiuc Mélissendi'. al tendu ([uc leurs |)ères étaient cousins germains,
comme on vient de le xoir dans l'article de Hu;',ues 1" du Puisel. |
Le sujet iiCn est pas hieu constant, sinon que Guiihuune de Tyr
dit (lue le coniti', estant ])lein de cœur et orné de tontes les qnalitez
(ini relèvent un seigneur, avoit peine à se soumettre an ro\ [ Guillaume
de Tyr- dit aussi que le roi était animé par un violent sentiment de
jalousie]; lequel suborna Gautier, prince de Gésarée, fils de la com-
tesse Émelotte. pour l'appeler en duel, s'oH'rant de prouver le crinn-
de ti-ahison dont il Faccnsoit. D'abord le comte se trouva en la cour
des barons, on le duel l'ut arresté; mais, soit qu'eireclivement il se
sentist coupable, ou qu'il appi'éhendast la puissance du roy, il alla cher-
cher du secours à Ascalon, qui estoit alors tenue par les Sarrazins, à
dessein de Iny l'aire la guerre. Enfin les bai'ons s'entremirent d'accom-
modement, et firent un traité par le(jn(d le comte seroil tenu de .s'ab-
senter du royaume l'esjjace de trois ans, pendant lesquels ses revenus
du comt('' de Japlie seroient enqjloiez au payement de ses dettes. Le
comte, irrité de ce ipi'il avoit esté maltraité en la ville de Hiérusalem
par un soldat breton, comme il estoit prest d'en partir, et, d'ailleurs,
ne pouvant souffrir de se voir dépouillé de ses biens dans des pays
inconnus, quitta la terre sainte et vint im la Fouille, en la cour de
Roger, qui Iny donna le comté de Gargano. d'où il ne l'elourna plus
ontre-mer, ayant esté ])ré\enu d'une mort prématurée.
I Les actes (pi'on voit donnés eu son nom ou signés j)ar lui. et ijui suji-
|)i)senl sa |irésence dans la terre sainte, sont des années i i-j-î. i i -î/i, i i '2(3.
1 I 38, 11 39 et 1 I 33 ^. Ce doit donc être peu après cette dernière année (ju'il
aliandonna le ])ays pour toujours. Dans ce diplôme de 11 33, il concède un
' Wiilelmiis Tyi'. I. \1\ . c. \\ 1. 11° hh . \). 8-.! ; n' O7, )>. 1 .'îg. — f.W. diploni.
- Wijieimus Tjr. loc. cit. I. I. 11' m, la, 107. i()i : ]). ui. 11. i.3.
^ Cartul. S. SeptiIcT. n" iii), |). i-io; -.'.o 1 , aoO.
LES COMTES DE .lAl'HE ET DASCAEON. ' .l'i I
casai aux IIospitalicM's, sur la rccoiiiiiiandalioii de sa rcininc Kinnia ( jurovc ii.ninx
mee Emme). (H coiiliriiic le don. l'ail lii Irnr la\riir par un de ses vassaux, de
plusieurs (tMTCs ot de f[uel(iues moulins. Kn rclour, il reçoit comnie cadeau.
|)res(|ue comme aumône [caritalwc), loo besanls et une nulle. On pourrait
induire de ce fait qu'il était déjà dépouillé d'une partie de ses biens, on du
moins d(> ses revenus.
Il en résulte (|ue Hupues de Joppé. (pii . pai' un aile du •>.) mars i ilto '.
reçoit du Saint-Sépulcre une place pour bàlii' el <les concessions de terres,
n'est pas le seigneur Hujfues, mort depuis longtemps, mais un personnage
considérable. Iiabitaut de Joppé, peul-ètre un lils de Hugues II du Pniset. |
Gioxeiiazzo- nous appieiid (lUc la l'aniillc du Pui.s('t, ([u'il iKunincf/f
Puleaco, subsistott eiicort:" au royaume de Naples sous le l'oy Charles I'".
et niesme je crois qu'elle s'habitua pareilleuient en Cypre, si toutefois
c'est la inesnie qui porta le surnom de Pinani , aiiisy que les escrivaiiis
des guerres saintes nomment toujours la maison du Puiset, l'hisloiie
de ce royaume faisant mention de Scirro de Puisât ^ chevalier, (pii fut
envové en ambassade en Savoye, l'an ià58, pour le mariage de Louys
de Savoye avec la fdle du roy de Gypre (que je crois esti-e celuy
qn'Estienne deLuzignan" nomme Thétore ou Théodore Pansât); et
d'Augustin de Puisât, l'avory de la reyne Ghailolte.
[Il parait (pie Hugues il du Puiset n'eut pas de successeur innnédial au
comté de Joppé, et ipu' ce iief resta entre les mains des rois Foul([ues et Bau-
douin lll . jusipi'à c(> (jue|
Alméric [Amaliuc, ou AiiAURij, IVère de Baudouin lll, roy de Hiéru-
salem ^, estant en l'agc de pouvoir estre chevalier et de porter les
armes, fut fait [on ne sait en quelle année] comte di' Japhe, ]jar le
' (larUd. S. Sepukr.n" t'^6. p. aai. '' Loredano, De' re Liisign. I. X, p. (i-j^i;
' Ammirato ndla famigl . Caracc. \>. loS. I. XI, p. 71 i.
\IatteodiGiovenazzo,S ig^.pariebiend'anc ' Etienne de Lusip,'nan . Hi.tt. de C.inire ,
raniillc napolitaine C|u"il nomme c««r( di Pu- p. idi 1).
'/jco/o, ceqiii |)euls'er]tendref/ePoMî;o/c«; en ' VVillelmus Tyr. I. Wlil. c. \i\ ;I.X1X,
tout cas il n'y a pas de Puleaco dans son texte. c. 1.
3i2 LES FAMILLES DOLTRE-MEi;.
rov son frèrf, (|iii Inv donna encore (le])iiis la \illc dAscalon'. quil
a\oil enl('V(''(' ;m\ inlidrles le i'?/' jonr daoïisl. lan i i5/i, dont il se
(|naldioil coiiilc des Ijih i luB.
I Ihins ili'iix :i(li'>. (lu 'i jiiillcl 1 l'i'^ cl di' I lôo. Ainaiin ik^I (|Ui' (Us de
hi iciiii' cl Iri'i'i' (lu roi ". i-c plus ancien aclc (pic ikhis jnons de lui. c(innne
(■(iiillc (le .IdlilK'. esl (le I 1 . > I ■*, et le ])|-einler (lù il se (|lilllllie (le (■(inile d'As-
( aldii esl (lu 1 'l |;iii\ ICI' 1 I .).i. I
Le ro\ lîaudoMin II avoit fait don aupai'avant an\ ViMiitiens de la
li'oisi('Mne [larlic d \sralnn\ au cas (|n"elle vins! an ponvoir des ehres-
liens.
Aniaur\, n'eslani encore que conile d \scalon el de .laplie '. donna
à\illain. arclievesque de Pise, el à la coiuiniinanh' des Pisans, du
consentenienl du rov Baudouin, son Irère, la uioiti('' des droits d'en-
li'ée et de sortie (juils luy pourroient devoir dans .la])lie ])our leurs
niarcliaadises, et encore une rue dans la mesnie \ille, pour y bastir
des maisons à leur usajje, avec une place jiour y (d(>ver une église,
par lettres doinn-es à .\scalon au mois de jnni, 1 an iiby. [Sans
compte)- plusieurs autres concessions faites au Saint -Sépulcre''' et ta
Tordie des IIos|)itaiiers '.J II succéda de[)uis à s(ui lièic au royaume
de Hiérusaleiii.
Guillaume \ marquis de Montferrat , suriiounné Longue Espée, fds
de Guillaume, dil le McU, et frère de Conrad, ayant esté mandé par
le rov Baudouin IV. ai-riva à Sidon vers Tan i lyB. au commencement
du mois dOctobre, et. ayant espousé Sibylle, sœur de ce roy, il fut
' Willenuis Tvrpiis. 1. WII, c. xxi-xx\: ' \A'illclimis Tyr. I. MI. c. \\v, p. S3i.
I. XVIII. c. xxiv. xxi\. — Cliroii. 'Sormann. ' Ugliell. luilla nacra . t. III. p. h*ih.
nnn. i lôs . i 1.51). — ("laiifr. IV^; .S. Bei- "■ Cartul. S. Scptiki: n" 'ig. 58. Ô9. 60.
lundi. I. 1, \il. .'). c. n.- — Malli. Paris, ann. Gi.
t i.Vi. — Prctiics do r Histoire de liélliune , Cod. di/doiiiiit. 1.1. 11"' -'./j , -28. p. -iG.
p. 358. — ('od. diphniwt. l. I, p. hhh. 00. etc.
■' Cod.diidiiiiiiiiA I. p. aG-3o. ' VVillelinus Tyr. I. WI.c. xiu. — Abl).
' Cartul. S. Si'i)alcr. n" '13. p. 91 ;n°59. Uspoig. ann. 1 187. — Alberic. ann. 1 191 .
p. 1 17-iao.
190-!. — Hovedeii. [i. 5i5. G3i. 635.
LES COMTES DE JAPHE ET DASCAI.ON. ' 3/i3
ci'i'é coiulc dt' Japlie cl d'Ascaloii. H niouiiil iiicontiiiciil apirs. sravoir
au mois dt; juin de laniu'c suivante, a\ant laissé sa feniuic ;;i()ssi' d lui
lils, (|ui lut Baudouin, V'' du nom, roy de Hiérusalcm.
|(iiiilhuiiiir sei-ail iiKHi en i 17G, d'après co |)assa!;c de Du (Ijiumv. (,(_>|icii-
(lajil nous voyons (|u'il visiiil encore en 1 177. |iiiis(|H"il ^oiiscrll un acto du
roi Baudouin IV, et esl nicutiouné dans un autriMle sa fcninii' Sili\llr. iiclcs i|ui
tous (leu\ sohI de I 177. sans date du mois'.]
Giv DK LizHiNw- succéda au marquis au comté de Japlie et d'Asca-
lon, par le mariaoe (pi'il contracta avec sa veuve, au droit de laquelle
il lut aussy depuis roy de Hiérusalem, en ayant esté l'ait réjfent au|)a-
ravant, durant l'indisposition du roy, son beau-frère. [Dès le i'' mars
Il8l^ il si.cne un diplônu" du roy Baudouin IV, avec la (pialité de
comte do .loppé et d'Ascalon.] Au tenqis de son rèone ', les Sarrazins
prirent la ville d'Ascalon sur les clirestiens, le k de seplend)re, l'an
1187, en laquelle année ce roy fut pris et déliait en bataille, avec
toutes les forces du rovamiie, par Saladin, à cpii les cliicstiens furent
obligez de rendie pour sa délivrance plusieurs places, et entre autres
celle de Japlie.
I II y a ici inoxaclilndc et coufusion dans l'ordre des l':iils. V|irès la bataille
de Tibériade^, livrée le samedi '(juillet, où (iin l'ut lail |alM>nuirr. .Sapliadin,
frère de Saladin, soumit |iluslnirs villes, mais ne put jinMidir d abord Asca-
lon, parce tpi'elle était soliilement fortifiée. Saladui'^ en forma cusiute le si('f;-e
et le poussa vigoureusement; [)rès de s'en rendre maître par la force, il olirit
aux habitants de les recevoir à composition \ et, en échange, il mettrait en
' Cartul. S. Sepiilcr. 11° 1O9, p. .3o8. —
(Jod. (liplomat. t. I, n" 63. p. 63.
- Willel. Tyr. 1. XXII, c. i, \\v, xxvii,
wvin; I. WIII, c. I. — Wiith. Paris, ann.
118/1, ]). 68.
■ (jiid. (liplotiuil. I. I. 1]° .') . |). a83.
* Monach. S. Mariani . p. 90. — i'Àron.
orient, p. 100.
' Piadulph. Ciigijeshal. Chr. lerrœ sanctte.
AiiipUsR. collect. t. V, col. o5f), 5 60. —
Benofliet. Petrolmrg. Viln Hrniki II. His-
tmioHS (le France, t. XVII. p. /176, iyy. —
Conlin. ileGuiii. de Tyr, I. \\\1II, c. xlv,
p. 68; c. XLMI, ]). 71; c. LI, p. 78.
' liadulpli. VjOgg(i%\\i\\.(^hr. lerrœ sanclœ.
A iiipliss. collect. t. V, coi. 564, 565.
' Conlinuateur de Guill. de Tyr, i. XXIII .
c. Li, p. 78, 79; 1. XXIV, c. XI, ]j. 121.
.•î'i-'i LES FAMILLES D OLTME-MEU.
Iil)('rl('' le l'di :i\('c dix aiilrcs m'isoniiicrs dv iiiar(|iie, au clioiv de ce pniicii:
ce (iiii lui arci'pli'. Selon (iojfjjcslialc . rc liirciil les habitants d'Ascalon eux-
mêmes (lin iiniiKisèi'ciil ci's ruiidilKiiis r'ii laxeiir du l'oi. tie s(in Irère Aimeri .
de l'évêiiiie de Saiiil-tieorjjes ou de Raines, l't di' douze aiili'es nobles person-
iia;jes. La reddition de la place eut Heu le 'i septembre i iSy. Aussitôt rpie
ia ville d'Acre eut été reprise par les chrétiens. i3 juillel i i y i ', et même
a\aiit sa d(''laile du ■>■> août suivant. Saladin lil abattre les lortilications d'As-
calon afin ipie l'ette ville ne |iùl ofïrir auciiiie ressource aii\ cliri'tiens. Le roi
I\ic!iard en lit relever les murs'-; mais il fut obli;[('' de les ({l'Iruire en \ertu de
sa Iréve avec Saladin '(q septembre i H)->.). tpii assurait aii\ cliréliens la jxis-
session de Jojipé, Arsur, (lésarée, Gayplias. Acre et ïyr.
.lapbe ou Jojipé ' fut prise par Saladin . immédiatement après la bataine de
Tibériade: mais Saladin la di'iiiantela en nn'nie temps cprAscalon, et pour le
ini'me motif. La trêve de i icp) la rendit à Richard, (pu en lit réparer les
forlilications. |
Depuis, par i accord ([ui se fil le •^7'' jour de juillel ou le suivant,
laii 1191 ■'. par Pliilippes-Auguste, ro\ de France, et Richard, roy
(lAngleterre, entre le roy Guv et Conrad de Montferrat. touchant le
royaume de Hiérusalem. il fut convenu ipie Guv tiendroit le royaume"
sa vie dui'ant, et que
GEOFi-nov iJE Llzignan, sou frère, aiiroit pour lii\ cl ses hoirs le
comté de Japlie et Césarée, sous rhomiiiaoc el le service ordinaire
deus aux l'ovs de Hiérusalem.
I (le seijjneiir. C(Uinu sous le nom de denffroi à hi jn-mulc ilnit '. était célèbre
' Benedicl. l'elrolmrg. lilu Uenviii II. — Loiiliiiiial. de Giiill. de T\r. I. WXill,
p. 53o e. — (lonlinuat. de Guili. de Tyr. c. li. p. 78; I. XWI. c. m, p. 17M; c. vu.
I. WVI. c. m. |). 178; c. vu. p. 182. p. 18a; c. wii. p. iy8. 199.
■ Continuai, de Guili. de Tyr. 1. XWI. ^ Hoveden, p. G97. — Jo. Brompton.
c. i\. p. 187; c. X. p. 188, 189. C(jl. i-ioH. — Benedict. l'etrobuig. Histor.
' Continuât, de Guili. de Tvr. I. WVI. ilc France . I. XMI , p. 5aG. a. b.
c. \\n. p. 198, 1 (19. ' (i Vsl-ii-dir(^ le titre de co; . eoninie il a
* Radulpli. Coggeshal. Clir.lerrwsanclœ . été dit ji. 18. à l'nriicle des Rois de Jêni-
col. 559 d. — Benedict. Petroburg. Hktnr. salem.
de Frrince. t. XVII. p; ^76. .53oe. 53o L. ' De Mas-Latrie, llist. de Chypre, t. 11.
LES COMTES DE JAPHE ET D'ASC ALON. 345
par sa vaillance et s'était notamment dislinjjué an siège crAcre. Il était allé
ensuite se joindre à Richard, en Chypre, avec son frère (lui. et plusieurs
antres jjrands |)ersonnages. |
La ville de Japhe esloit |)nii]' lors en la puissance des Turcs et de
Saladin', lequel, après la perte de la ville d'Acre, ayaiil esté dell'ail en
bataille par le roy Richard, le 23'= jour d'aoust de la mesiiie année, sur
l'avis qu'il-eut qu'il avoil dessein d'attaquer Japhe, donna ordie de la
démanteler en diligence, el en fit enlever tout ce qu'il y avoit de ])lus
précieux. Cependant, Richard y estant ari'ivé avec trois galères et dix
clie\aliers de sa suite, el s'en estant emparé, il la lit leleiiner et y
ajouta de nouvelles t'ortifications. Raoul de Dieet' semble attribuer la
prise de Japhe à Margarit, amiral de Sicile, (]ui avoit esté envoyé ]»ar
le loy Guillaume au secours de la terre sainte avec quatre-vingts ga-
lères, escrivant, en Tan 1 189, (pi'il s'en rendit le maistre, et y tua tous
les Turcs qui s'y rencontrèrent. Tant y a que Richard ^ ayant rebasly
Japlie et Césarée, mit ces deux places entre les mains du comte GeolTroy,
à qui elles appartenoient. Mais à [leine il fut entré en possession*, ijue
l'année suivante, 1 icj-î, Saladin vint assiéger Japhe. Albéric de Rains,
(itii V avoit esté laissé gouverneur j)ar Richard, se delliant de la pou-
voii- garder, lui rendit la ville sous quelques conditions, le ciiasteau
tenant toujours bon. La garnison ayant donné avis à Richard de l'ex-
trémité en la(pielle elle estoit, le roy s'y rendit en diligence pai- nier,
avec sept galères, tandis que Henry, comte de Champagne, venoit par
terre avec la cavalerie; et fit si bien, qu'il arriva devant Japhe le sa-
niedv devant la leste de Saint-Pierre-aux-Liens [aS juillet], et estant
entré dans le chasteau. il fit une sortie sur les assiégeans. (ju'il delTit,
prit la ville, et esloigna ainsy les <;nnemis^ Elle demeura depuis ce
p. aa , a 3. — Çoiitinufit. de (iuill. de Tvr. ilen, p. iu)-j. — Jac. deVilriaco. I. 1 . r. xcix.
I. XXIV. c. XVIII, |). 129; c. MX, p. i3o. — ' Rad. de Diceto , hnagines liistnrmrum ,
Benedicl. Petrobur;;. Historiens de France:, col. 6'ii. — Jac. de Vitriaco, I. J. c. xcv.
t. XVII. p. 5i8 a. ' Hoveden, p. 716.
' Jîriimplon. ]i. i". 1/1. — Sanut. 1. III. * Hoveden, p. 717.
part. 10, c. V. — Malli. Paris, ann. 1191. ' Remaud, Extraits des Hislorieiis iirabe-: ,
— Rad. de Diceto . [k (IO-j . 6G7. — Hove- p. 3/i8-.3.5i .
Uli
346 LES FAMILLES D'OUTRE-MER.
temps-là en la {juissaïu'c des chreslieiis jnsques en Tan i 197 ', que les
Turcs, irritez fie ce que les Ailemans, qui estoient arrivez nouvellemenl
dans la terre sainte, avoient rompu les tresves par la prise de Barutii,
mirent le sié<Tc devant la ville de Japhe, (|ui avoit esti' l'ortiflée peu
auparavanl", ] tuèrenl Idus ceux qui se irouvèreni dedans, el rui-
nèrent de fond en comhie toutes les i'ortifications.
Uieollroi iiV-lail pas rest('> ioiijjliMiips iiosscsscnr du ('(iinlé et de la ville de
.loppé. il souscrivit , avec ce titre, un acte du loi (lui de Lusifjnan, son frère,
(lu 01 janvier 1 1 9 1 " ( 1 1 ()•> h mais il paraît qu'il rclouriia en France au
mois d'octobre 1 19Q '; et ([u'après son d(^|)art
AniERi . son frère, ipn déjà avait été investi du comté de Jojipé par dui et
Sibylle ', c'est-à-dire a\ani 1 njo. épocpie de la mort de cette reine, recouvra
la possession de ce comté, puisque, en 1 1 ()'i, au moment où il fut appelé à Ja
souveraineté de Chypre, il fut obligé de le céder au comte Henri de Cham-
pagne, roi de Jérusalem. Vers l'an 1 j gS , le roi Henri . réconcilié avec Aimeri .
lui vendit le comté de .loppé ". à condition (pie ce comté formerait le douaire
de sa fille Alix, qui devait épouser, el qui épousa en efTet Hugues 1", (ils
d'Aimeri. En i 197, le roi H(>iiri, vovani Joppi' menacé par les Sarrasins, d(^-
inaiida du secours à Aimeri'. Celui-ci exigea, jiour pouvoir mieux défeufh'e la
place, qu'elle fût remise entre ses mains, conformément aux conditions du
traité précédent, qui, en rj; point, n'avait jias encore reçu son exécution. Il
l'obtint en etTel . et y établit pour la défendre un riche personnage de Chypre.
Renaud Barlais, (pii agit niolieinent, et ne |)ut empêcher les Sarrasins de
prendre te château aussi bien (pie la ville\|
Elle fut toutefois répai'ée depuis; car
' Innocent. 111. Episl. I. I, p. ■> 1 -^ . îiq. (Jontimiaf. de Guill. de Tyr, t \XVI.
— Monncli. S. Mariani , p 9^1. p. ■>. 1 ?> . grande variante. — De Mas-Latrie.
■ Jac. de Vilriaco. I. 1, <:. c. — Sanul. Ilim. de Chypre , l, li!. p. .igy, extrait du
I. 111, part. 10, r. viii. ins. de Florence. — Lignages d'outre-mer.
■ Cod. diplo/iiiit. t. 1, n° 79, p. 8(). c. 111, l'dit. Reiignol.
' De Mas-Latrie, Hist. de Chypre, t. 11, " Continuât, de Gnill. de Tyr, 1, XXVH,
p. -39, -20. 1;. ii-iv. p. a 18-29 1.
' Continuât, de Onill. de Tyi'. I. XXVl, * De Mas-Laliie. Illsl. de Chypre, t. 11.
c. XVI, p. 908. p. -iô.
LES COMTES DE JAPHE ET D ASCALON.
Ul
Gautikr [ÎIl'' ou 1\"' ', Je Grand], comle de Brienne. en Clianipagne,
et de Japhe, la tint [probablement du roi Jean de Brienne , son oncle '^
sous la tutelle duquel il avait été élevé] et la conserva tant ([tiil vécut,
ayant delTait les Sarrazins en plusieurs rencontres, au rapport i\u siie
de Joiuville^ et des antres auteurs '.
[De son t(:'iii|is. lenipcreur Frédéric 11 ■'. .sur la riemande de (ieoliVoi Ba-
iian. l'rèrp de rHôpital de Jérusalcin, confia aux Hospitaliers la !;arde d'As-
calon (la-jS). Cette disposilnm Inl conlirmce jiar un acte de son lils (iom'ad
du 3o novembre i9 43''.|
Enlin il l'ut lait prisonnier au siéjje de la Cliamelle " par Barba-
ipiau, sultan de Perse, (pii l'envoya au sultan de Babylone, et liiy eu
fit présent, ensemble du maistre de THospital et de plusieurs autres
chevaliers, en l'an 126/1; où, après avoir souffert tous les tourmens
imaginables durant sa captivité, le sultan n'ayant pu obtenir de luy la
reddition de Japlie, qui estoit gardée par ses gens, ou plus probable-
ment, comme escrit le sire de Joinville, ayant esté livié aux marchands
de Babylone, (piil avoit destroussez plusieurs fois, il lut mis à mort,
ce que Mathieu Paris** semble rapporter à fan laSi''; mais il y a
lieu de croire ((u'il mourut avant ce temps-là. L'année suivante "*,
le rov saint Louys estant venu à Japhe, le 1 5" jour d'avril, il fit re-
t'ortifier la place, comme il avoit l'ait auparavant Césarée; et, vers
ce niesme temps '\ Marguej'ite de Brienne, princesse de Sidon ou de
' Du (langp. Histoire de ('.unslunluwjile ,
[). 317.
' Continuai, de Guili. de Tyr. 1. XWII ,
c. XVI. p. a.38; I. XXX. c. xiv, p. 3o8.
' Joinville. p. ().S-ioi . édit. Du Cange;
et Ohscmitioits . p. gS-gi.
' Alberic. anii. 1 aSy.
Co<l. {lijiIoiiKii. 1. 1 . n' 1 1 1, p. 1 1<|.
" Cod. diploiiHit. iiiênie charte.
■ Math. Paris, ann. i-ihh , p. 619, h-n.
iaS. — Sanut. I. III, part. l'î. c. 1.
Malli. Paris, ann. i-ih\ , p. ïjUk.
' Cod. dijilomal. t. I . n° 43 , p. 3a3. —
Conlin. de Guill. de Tyr. I. XXXIU. c. lvii,
(I. h'io. — Sauut. I. III , part, i ■>. , c. iv.
'" Joinville. édit. Ménard. p. -207, aai;
édit. Du Cange, p. gy, io5. — Xangis, in
S. Liidov. ann. it>5fl. Ilistoriois de France,
I. W.p. 3,S/i. — (jaufrid. de lîello Loto,
c. .\vv!. Ilisivr. de France, t. XX, p. iG.
" Joinville, édit. Ménard, p. 189; édit.
Du Cange. p. 88, 89.
hli.
.ViS LES FAMILLES DOUTRE-MEU.
Sagetlo. cousine {jerinaiiie de Gautier, lit rapjioiter ses os. et les lil
iiiluiinei' hniioi-aWcîiiieiit en l'église de lllospital d'Acre. Ce comte
Gautier esl mal nommé Walleran par Jean Viliani '• | Il avait épousé,
en 1 933-. Marie, lllle du l'oi Hugues 1'', de Chypre, et d'Alix, de Jéru-
salem, j
Jkan n'IiîiaiN ' luy succéda au comté de Japhe, jiour la conservation
(hnpiel il fit <le grandes dépenses.
I Innoiciil IV, j)ar une lettre du â6 mars laSa \ lui confirme la donation
qui lui a éti' taile du comté do Joppé par le roi de (ihypre. Ce qui suppose
la donation du roi autérunn-e de peu à la lettre du pape. |
H est nommé avec ce titre en l'an l 'ib'], dans Sanudo, qui rapporte
sa mort au mois de décembre 1266.
I Jean d'ibelin avait éti' baile du royaume de Jérusalem en t-jïih^; il rcm-
plarait dans cette dignité Jean d'ibelin. seigneur d'Arsur, sou cousin, en
faveur duquel il se déuut en ta56. On a plusieurs actes de ce seigneur
en tàvenr des Hospitaliers, et d'autres aux années lûSa, m'Oi, t-yJi'j.
1 -î.^t) ", etc. I
II semble ijue c'est le nn'sme (pii tut seigneur de Barntli', car le
sire de Joinville^ dit ipu- le comte de Ja])he qui se ti(niva a\ec le ro\
sain! Louys en son voyage d'Egypte, l'an it^iS, et (jui estoil à Japbe
lorsque ce roy entreprit de la fo.rtifier, estoit cousin {jermain du comte
de Montbéliard, et du lignage de la maison de Joinville, c'est-à-dire
allié de celte l'amille, pintant, pour armes, d'or aune croix patlée de
' .1. Villaiii, I. IV, .,■. xu.
' Continuât, do (hiill. de Tyr, I. XWJI.
r. \\i , |). .'Uin; i. XXXIll , i: xswiii .
f). /io3.
' Sanut. I. m. part. 1-2. c. v. vin. —
liainaid. anii. ia56,n" '46.
' De Mas-Latrie. Hisi. ilr (llii/jirr. 1. il,
p. ()G; t. III, |). 6A(), G.5o.
' Voir Le« Seiirneurs d'Arsur. - Conti-
nuateur lie (lui!!, lie Tyr, 1. XXM\. c. m.
p. 64 1, 44-2.
" (jod. diploiimt. l. 1. p. \'Mt, i.35, i.5o.
1.55, -'.ga. — De Mas-Laliie, Histoire de
Chfipre, t. III, p. 636, G/17. 648.
' Voir Les Princes de Raruth et l'addition
ci-après.
' Joinville. édit. Ménard, p. Tig, 207,
édit. du Gange, p. -19, 97.
LES COMTES DE .lAl'IlE ET D ASGAF.ON. ' 349
(Tueules. Or la iim'Iv de Jean (lllx'liii , l'ciiiiiio do Baliaii . s.m|;ii("ui-
de Barutii, se noniiiKjil Esclave, el esloit (ille de Gaiilier de Moiil-
béliard, frère du coiiili' de Monlbéliai'd. Ji' ciois encore que cesl le
niesnu' (jui mit les Slaluls et les \ssises du royaume di' îliôrusalcin
en ordi'e '.
IJean d'Ibelin. coiuîe de ,ln])lie ou de J(>|ii)i'. don! d l'sl ici i|iii'sIi(Mi. piirail
être le même (jue le comte de Jnp